Blablabla : paroles télépathiques entre les jumeaux

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Dîner

Pétunia, aidée par Hermione, préparait l'apéritif. La grande blonde regardait avec indulgence sa fille verser les chips dans un bol en en mettant partout. De son côté, elle coupait le saucisson en fines tranches.

« J'ai fini maman ! »

« C'est bien ma puce. Va mettre le bol sur la table et demande à ton père de venir. »

La petite aux cheveux broussailleux partit accomplir sa mission en sautillant.

Ce soir, la famille Granger recevait un invité. Pétunia, après important nombre de lettres avait enfin réussi à inviter Snape à venir dîner. Si quelqu'un lui avait dit qu'un jour, elle inviterait de son propre chef un sorcier dans sa demeure, elle aurait conseillé à l'importun d'aller consulter au plus vite.

Il y a quelques années, elle aurait pu tuer un sorcier sans sourciller… ou à peine. Ce n'était plus le cas aujourd'hui.

Lily était morte à cause de la « molduphobie » de sorciers étroits d'esprit. Des sorciers aussi stupides qu'elle. Pétunia était consciente d'avoir été particulièrement stupide dans son adolescence. Mais elle avait grandi. Elle s'était assagie. Elle avait mûri. Elle était devenue adulte et responsable. L'AUTRE avait déjà bien modifié sa façon de penser, de voir le monde, mais la mort de Lily avait la poussière faisant s'écrouler l'édifice.

Les sorciers n'étaient pas des monstres. Ils y avaient des bons et des méchants, comme partout. Leurs capacités de destruction étaient justes plus importantes de celles des humains lambda. Elle avait rejeté sa sœur par peur et ignorance et Lily en avait fait de même par orgueil. Le « C'est stupide, un simple sort de Babel permet de faire la même chose » que lui avait lancé Lily en apprenant que Pétunia prenait des cours de français et d'espagnol, lui restait toujours coincé au travers de la gorge.

Pétunia ne laisserait jamais une chose pareille déchirer ses enfants. Elle était plus informée sur la Magie que ses parents, connaissait la médaille et son revers. La société sorcière était coincée au Moyen Âge et pourtant les magiciens prenaient toujours les moldus pour des arriérés profonds.

« Tu m'as appelé Honey ? »

Pétunia sursauta. Elle s'était complètement perdue dans ses pensées.

« Marc, tu m'as fait peur ! »

« J'ai vu ça », rit le brun. « Promis, la prochaine fois, je frappe avant d'enter dans la cuisine. »

« Adorable andouille. Peux-tu vérifier que Dudley a bien rangé ses crayons de couleurs, que les jumeaux n'ont besoin de rien et que Hermione n'a pas remis le bazar dans la chambre. Snape ne devrait pas tarder. »

Marc sortit de la cuisine en souriant. Sa moitié était tendue. Il ne devait pas être facile de passer sur quasiment quinze ans de haine contre la Magie, même si c'était pour le bien des jumeaux.

Dans le salon, le dentiste s'assura que les deux fils de Lily étaient bien installés dans leur parc à jeu. Il observa un instant Harry empiler les cubes de bois dans une grande tour instable tandis que Léo faisait changer sa peluche citrouille de couleur.

Les deux petits diables en faisaient voir de toutes les couleurs à Marc et Pétunia depuis leur arrivée début novembre. Ils utilisaient la magie pour faire voler leurs jouets, ou pour les changer de couleur. Pétunia avait été surprise. Elle ne pensait pas que les sorciers pouvaient faire de la magie si tôt. Marc lui avait gentiment fait remarqué que c'était peut-être normal chez les Sang-Purs comme feu son beau-frère.

Évidement Hermione et Dudley avaient découvert les capacités de leurs cousins. Leurs parents leur avaient alors expliqué que Léo et Harry étaient des magiciens, comme Merlin mais que c'était un secret et qu'il ne fallait le dire à personne, pas même à Grand Ma. Les deux gamins, loin d'être effrayés avaient trouvé ça trop cool et voulaient savoir s'ils pourraient faire la même chose.

Pétunia leur avait expliqué que non. Harry et Léo pouvaient faire de la magie que parce que Tata Lily et Oncle James étaient eux aussi des magiciens. Que c'était comme la peau noire de Abigaëlle, ils ne pouvaient pas avoir la même, car sa couleur venait de ses parents. Hermione avait hoché la tête en disant qu'elle comprenait tandis que Dudley demandait à sa mère si les jumeaux pourraient transformer les grenouilles en joueurs de foot, parce que les princesses, c'est nul et que le foot c'est mieux !

Les jumeaux avaient donc continué leurs tours de passe-passe sous les applaudissements de leurs cousins. Et malgré les craintes de Pétunia, ils n'utilisaient jamais leurs dons lorsqu'elle devait les amener dans un magasin, chez le médecin, au pub ou lorsqu'une voisine passait. À croire qu'ils étaient parfaitement conscients de leurs gestes.

Marc s'arracha à la vision hypnotique de la citrouille peluche qui changeait de couleur pour aller voir ce que faisaient Dudley et Hermione. Les deux enfants étaient dans leur chambre. La pièce était coupée en deux. Hermione, de son côté jouait avec sa poupée Bella tandis que Dudley, couché sur le ventre, dessinait un chevalier.

Pas de morts, pas de chambre dérangée et deux enfants calmes. Parfait. La sonnette retentit et les deux enfants bondirent sur leurs pieds et commencèrent à se battre pour passer la porte en premier sans même enregistrer la présence de leur père.

Mouais… Deux enfants sages… Ça restait à voir…

Marc parvint à calmer les deux terreurs, les attrapa chacun par la main et rejoints le salon où Pétunia avait fait s'installer leur invité.

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Severus, pour l'occasion avait enfilé un jean et un pull noir à la place de ses robes de sorcier. Il fallait dire que Pétunia l'avait menacé de lapidation s'il mettait ses « horribles frusques sorcières ». Le potionniste avait donc fouillé dans son placard jusqu'à ressortir d'anciens vêtements moldus. Il avait ensuite converti quelques galions et été allé faire un tour du côté non magique de Londres. Il avait acheté des vêtements plus modernes que les anciens pantalons en velours et les vestons de son père.

Il avait aussi acheté des présents pour les enfants de Pétunia et une bouteille de bordeaux pour les adultes. La sœur de son ancienne meilleure amie avait eut la drôle d'idée de l'inviter pour le réveillon de la Saint-Sylvestre et il ne voulait surtout pas se présenter les mains vides.

« Severus. »

« Pétunia. »

« Entre donc sorcier. »

Le potionniste entra dans l'appartement. Pétunia le fit s'installer dans le salon et lui présenta ses enfants et son mari quand ceux-ci entrèrent dans la pièce.

Severus n'était pas très à l'aise avec des jeunes enfants. Mais le babillage excité des deux enfants et les cadeaux brisèrent la glace. Dudley était ravi avoir un nouveau playmobile dans sa collection et Hermione s'était empressée de faire se rencontrer Bella et Karol, sa nouvelle poupée. Pour les jumeaux, Snape avait acheté deux peluches, un loup gris et un poisson orange. Les peluches avaient été adoptées immédiatement avec grands renforts de cris de joie et de gazouillis.

Severus scruta les deux jumeaux. Potter n'aurait jamais pu douter de sa paternité. La tignasse déjà rebelle du petit avec la cicatrise promettait d'être encore pire que celle de James. L'autre semblait mieux s'en tirer. La génétique était une telle loterie…

La seule chose certaine était que les deux jumeaux auraient les yeux de leur mère. De magnifiques iris émeraude qui retourneraient des cœurs dans une quinzaine d'années. Voyant les deux bambins se battre à grands coups de peluche, Severus sentis sa peine s'alléger. Lily était morte, mais elle avait laissé un héritage et grâce à Pétunia, il allait pouvoir veiller sur cet héritage.

« Léo trouve votre peluche très bien ! » déclara Marc tout en sortant les coupes de champagne du bahut.

« Vous pouvez me tutoyer. Je ne pensais pas qu'il s'en servirait pour taper son frère. »

« Rends-moi la pareil ! De toute façon, Harry va répliquer dans pas longtemps. »

Amusé, le potionniste regarda les jumeaux se battre à grands coups de peluche. Celui ayant adopté le poisson était Léo et celui à la cicatrice Harry. Le grand brun nota l'information dans un coin de sa tête avant d'accepter la coupe de champagne proposée par Marc.

« Comment ça se passe maintenant dans le monde magique ? » demanda le dentiste curieux.

« C'est un capharnaüm sans nom. On sort d'une période terrible où les enlèvements, la torture et les assassinats étaient courant. La société sorcière vivait dans la peur. Avec la mort du Seigneur des Ténèbres, c'est tout une communauté qui recommence à vivre. Le ministère tente de se redresser, on traque les partisans, on organise des procès, on règle ses comptes… »

« J'imagine que ça doit un peu ressembler à ce qui s'est passé après la Seconde Guerre Mondiale… »

« C'est une bonne comparaison », approuva Snape. « Mon procès s'est passé quelques jours à peine après la lecture du testament des Potter. Des aurors, des policiers sorciers, me sont tombés dessus et m'ont emprisonné dans les geôles du Ministère. »

Marc sursauta en entendant cela, se rappela brusquement que Pétunia lui avait dit que Severus Snape avait été un mangemort.

« Que s'est-il passé ? »

« Je suis un maître de potion, Le Seigneur des Ténèbres me demandait donc d'en fabriquer, je ne suis allé que très rarement sur le « front » et de plus j'étais depuis le début un espion pour Dumbledore. »

« Pétunia ne l'apprécie pas. »

« Je ne l'aime guère, il joue au échec avec des vies humaines et planifie tout ce qu'il est possible de planifier et même ce qui ne l'est pas. Mais c'est néanmoins un homme d'honneur. Il m'a sorti du pétrin en témoignant en ma faveur. »

« Donc tu n'as rien eu ? »

« Un blâme pour avoir créé des potions pour le Seigneur des Ténèbres et une forte invitation à travailler avec l'Hôpital de Sainte Mangouste pour une durée de trois ans. Autant dire que je n'ai rien. »

« Tant mieux ! J'ai installé Hermione et Dudley dans la cuisine », déclara Pétunia en arrivant avec un plateau de petites verrines.

La femme avait entendu toute la discussion des deux hommes et elle était réellement soulagée que Snape n'ait rien. Elle ne faisait nullement confiance à la justice magique. Vu comme leur monde était étrange, les sorciers seraient bien capables de blâmer l'innocent et d'acclamer le coupable.

« Et ton travail, le procès ne t'a pas causé de problème ? »

« Mon patron a râlé que j'avais raté des heures et c'est tout. Je le suspecte de beaucoup s'amuser de la situation actuelle. »

Pétunia acquiesça puis la discussion partit sur des sujets plus légers.

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« C'est mon parrain ! »

« C'était ton parrain. »

« Harry, s'il te plaît, va t'étouffer avec ton stupide loup en peluche ! »

« Tu as un poisson orange ! »

« Et alors, il est très beau Bob ! Pas vrai Bob que t'es le plus beau ?! »

Harry se demanda un bref instant si Léo-anciennement-Malfoy avait encore toute sa tête. Puis il se souvint de sa propre réaction devant son nouveau doudou… À croire que la jeunesse du corps impactait leurs réactions…

« Tu connais Severus avant de venir à Poudlard ? »

« Non. C'est quelque chose de changer… Je suis content de le revoir. On avait tant de chose à mettre à plat, il est mort avant qu'on s'explique et c'est l'un de mes plus grands regrets. »

« Il a toujours été gentil avec moi. C'était un bon parrain. »

« Étrangement je n'ai aucun mal à te croire. »

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« De la magie ? » Répéta Snape incrédule.

« Oui, de la magie », confirma sans se démonter Pétunia pour la troisième fois.

« Mais ils sont bien trop jeunes ! »

« Peut-être, mais leurs cubes en bois ne s'envolent pas tout seuls », fit Marc goguenard.

« Par Morgane, de la magie… et volontaire en plus… C'est incroyable et totalement surréaliste… »

Pétunia laissa échapper un rire clair.

« Et c'est toi qui dis ça ! Imagine donc pour nous à quel point la situation est surréaliste! »

Severus grogna dans sa barbe avant de répondre.

« Puisque je dois travailler avec Sainte Mangouste, je me renseignerais sur des cas de magie infantile forte. »

« C'est gentil. »

« Demande aussi pour la surdité de Léo », ajouta Marc.

Le potionniste acquiesça tout en réfléchissant à la magie des jumeaux. Peut-être que l'attaque du Mage Noir avait débloqué leurs noyaux magiques plutôt…

Le silence retomba dans le petit salon où les adultes étaient venus boire un petit digestif après un repas de roi. Hermione et Dudley jouaient dans leur chambre et parfois les exclamations de la Princesse Bella enlevée par l'armée de Playmobile parvenaient jusqu'à eux.

« Connais-tu une certaine Augusta Longdubas ? »

« Malheureusement oui. Pourquoi ? » Demanda Severus en frissonnant au souvenir de ce dragon de femme si effrayant.

Pétunia allât chercher une enveloppe dans le buffet avant de se rasseoir dans le canapé.

« Cette dame nous a envoyé une lettre nous demandant si nous accepterions de la rencontrer. »

« Augusta est la matriarche de la Maison Longdubas. C'est une femme forte avec du caractère. Son fils et sa belle-fille ont été torturés par les Lestrange. J'ai vaguement été au courant de cette affaire, car elle était jugée au même moment que la mienne, mais je ne saurais t'en dire plus. Pourquoi vous a-t-elle contacté ? »

« Apparemment son fils et sa belle-fille étaient le parrain et la marraine de Harry. Et de bons amis des Potter. Elle souhaite que les enfants gardent contact. »

« Écoutez, j'envoie une lettre à des amis pour savoir si elle dit vrai et si c'est le cas, recontactez là. Madame Longdubas est une femme intègre, elle ne fera rien qui puisse vous nuire et nuire aux jumeaux. »

« D'accord. Si elle dit vrai, qui sont les parrain et marraine de Léo ? »

« Je demanderai en même temps. »

Un bruit de cavale les prévint de l'arrivée des deux enfants. Dudley poursuivit par sa sœur tenait Princesse Bella en otage et Hermione aidée par sa nouvelle copine Karol faisait tout son possible pour la sauver.

Marc songea un bref instant que donner de la tarte au sucre aux enfants n'était pas une bonne idée puis la vielle horloge des Evans se mit à sonner.

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

Dong…

« Bonne année 1982. »