Blablabla : paroles télépathiques entre les jumeaux

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Les Vacances

La famille Granger s'était très vite habituée au nouvel appartement rue Spelberg. Dudley et Hermione avaient été surpris d'être dans des chambres séparées, mais les avantages de leur nouvelle condition leur étaient apparus très rapidement. Et désormais, les enlèvements de Princesse Bella par l'armée de Playmobiles cannibales étaient réduits à un par semaine, au lieu d'une attaque quotidienne. Très reposant pour tout la famille.

La famille avait repris une routine bien huilée où travail et activités se succédaient. Piscine, handball, gymnastique, piano, solfège, judo et ballade en vélo pour toute la famille le samedi. Et on recommençait la semaine d'après. À vrai dire, le train-train familial n'était rompu que par les quelques personnes invitées par les Granger comme la mère de Marc, Severus ou Lady Longdubas.

Augusta Longdubas avait été invitée à venir boire le thé un samedi de mars. Sachant, après plusieurs lettres que les tuteurs du filleul de son fils étaient des moldus, la vieille dame fit des efforts vestimentaires et abandonna pour l'occasion son grand chapeau surmonté d'un vautour empaillé tout en gardant son manteau vert émeraude et son sac à main rouge pétard.

Elle était accompagnée de son frère, Algie qui avait insisté pour venir et du petit Neville.

La première rencontre entre Pétunia Ariella Granger née Evans et Augusta Lysandra Longdubas née Fawley fut… tendue.

Les deux femmes se fixèrent en chien de faïence sous le regard blasé d'Algie et celui étonné de Marc. Puis la tension retomba d'un coup, lorsque Lady Longdubas tendit une main à Pétunia qui la serra. À partir de là, elles interagirent comme si elles se connaissaient depuis des lustres.

Les deux hommes ne cherchèrent pas longtemps la logique de cette action.

Il n'y en avait aucune !

Le petit Neville, un an plus âgé que les jumeaux, fut accueilli par les deux Potter avec des cris de joie. Les trois enfants, séparés depuis un long moment, jouèrent tranquillement avec une grande complicité. Il fait comprendre par là que l'empilement bancal de cubes dégénéra très vite en grande bataille de peluches où chacun combattait pour sa peau avec des éclats de rires.

Lorsque finalement, Neville et Harry s'allièrent contre Léo, le petit utilisa sa magie pour se protéger des projectiles duveteux à la grande surprise d'Augusta. La conversation des deux femmes dériva alors des couches et biberons au monde magique et notamment à la magie infantile. Algie fut envoyé surveiller les petits et que Marc, voyant que sa femme gérait, alla faire un peu de rangement dans les dossiers de ses clients.

Durant cette journée mémorable, Pétunia apprit que le fils et la belle-fille d'Augusta étaient en Soins Intensifs à l'Hôpital de Sainte Mangouste. Ils étaient actuellement dans le coma et les Médicomages étaient plus qu'incertains voire carrément négatifs sur leur chance de réveil.

D'autre part, la moldue blonde apprit que Julia Bones, la marraine de Léo, était décédée. Sa famille avait été attaquée par des suppôts de Voldemort et le couple et le fils aîné étaient morts. La survivante, la petite Susan, était désormais sous la garde de sa tante paternelle, Amélia Bones, une employée du Ministère très prometteuse. Augusta ou Algie, étant des cousins éloignés de Julia, auraient pu demander la garde de Susan, mais ni l'une ni l'autre n'avait le cœur à séparer Amélia de sa dernière famille !

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« Harryyyy… »

« Ouiiiii… ? »

« Comment tu as magouillé tout ça ? »

« Tout ça quoi ? »

« Le changement de dimension ! »

Harry resta pensif un instant. C'est vrai qu'il n'en avait jamais parlé avec Dr… Léo.

« C'est compliqué. Tu sais que je suis le Maître de la Mort. »

« Oui. Et ? »

« Eh bien, je vais te raconter comment je le suis devenu. Déjà sache que contrairement à ce que pense la majorité des gens, l'histoire des trois frères est réelle. La Mort a bel et bien créé des reliques. Étant le Maître de la Mort, je ne peux pas mourir. Pas par la main d'un mortel. Je n'ai raconté à personne ce que je vais te dire, alors écoute bien ! »

Harry pris une profonde inspiration et commença son récit. Il évoqua rapidement sa septième année d'étude lorsqu'il était parti à la recherche des Horcruxes. Des reliques, il avait alors la Cape, un héritage familial ainsi que la Pierre même si elle était cachée dans un vif d'or.

« C'est lorsque je t'ai arraché ta baguette que je suis devenu, le maître de la baguette de Sureau et donc le Maître de la Mort. »

« C'est intéressant mais quel est le rapport ? »

« Ça vient, ne sois pas si impatient ! »

« Lors de la Bataille Finale, j'ai appris que j'étais un Horcruxe. Et que je devais me sacrifier. Ce que j'ai voulu faire. »

« Tu es un crétin. »

« Lorsque Voldy m'a lancé l'Avada, je me suis retrouvé… ailleurs. Et j'ai croisé Dumbledore avec qui j'ai parlé. Il m'a dit que j'avais le choix, que je pouvais revenir chez les vivants ou prendre un train pour aller… plus loin. »

« Et tu es revenu, je sais. »

« Non, pas vraiment. En réalité, j'ai pris le train. J'en avais marre de cette guerre, marre des sorciers qui comptaient sur des ados pour sauver leurs miches, marre d'être manipulé pour « le plus grand bien ». Je voulais mourir pour retrouver ma famille, pour être heureux. »

« C'est une logique tordue, mais je peux la comprendre, vu que j'étais heureux de mourir pour retrouver ma femme »,persifla Léo.

« Que tu es rancunier ! »

« Tu m'as volé mon éternité ! Un peu que j't'en veux ! Et puis c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Tu veux vraiment qu'on parle de ton cas Harry ?! »

« BREF ! Le train, au lieu de m'emmener au Paradis, Champs Élysées, Walhalla ou autre, m'a emmené chez celle dont j'étais devenu le Maître. La Mort m'a expliqué que je ne pouvais pas mourir à cause des reliques. Et là j'ai craqué. J'ai pété un plomb. J'ai libéré ma magie, toute la magie alors que je lâchais ce que j'avais sur le cœur. »

« Vu ta puissance, les dégâts ont dû être immenses… »

« Ouais. Heureusement Héla a contenu la grande majorité de la tempête car sinon le Royaume des Morts aurait implosé. »

« Par le string de Merlin… »

« Je te rassure, ce n'est pas à cause de moi, mais à cause du déséquilibre que je créais. Une fois que je me suis calmé, la Mort m'a expliqué qu'il y avait quand même un moyen de revoir ma famille. Que je devais faire appel aux Nornes. Malheureusement, la Reine des Morts ne savait pas comment je pouvais les contacter. Du coup elle m'a envoyé chez les vivants où ta mère a menti pour me sauver. »

« Tu lui dois une fière chandelle. »

« Je sais. »

Harry était conscient de la dette qu'il avait contractée auprès de Narcissa Malfoy. En le sauvant, même si c'était pour des motifs égoïstes, elle lui avait offert la victoire. Si elle l'avait dénoncé, Voldemort lui aurait relancé un Avada. Et ses nouveaux pouvoirs de Maître de la Mort se seraient déchaînés sans qu'il ne puisse rien y faire. Peut-être même qu'Héla serait venue… La face du monde en aurait été changé… Et pas en bien !

Harry frissonna. Il n'avait jamais pensé à ce qui se serait passé si Lady Malfoy n'avait pas menti. Il était rétrospectivement mort de peur. Putain ! Une Malfoy avait sauvé le monde !

Le cadet des jumeaux reprit son calme et continua son récit.

« Après la victoire, il a fallu reconstruire. Au départ je voulais être Auror, mais je me suis vite aperçu que je serai plus utile en politique. »

« Quand tu étais là, les sessions au Magenmagot étaient intéressantes, après c'était vide et sans répondant, ennuyeux à mourir ! »

« Tu vas me faire rougir Léo. Entre deux sessions, je parcourrais le monde à la recherche d'informations sur les Nornes. C'est comme ça que j'ai rencontré Harmony. »

« Où as-tu trouvé tes informations ? »

« Un peu de partout, en Amérique de Sud, en Égypte, en Inde, en Mongolie, à chaque fois dans des pyramides antiques. J'ai mis plus de dix ans à réunir les informations, trois à les décrypter et deux à préparer le rituel. »

« Et tu es parti. »

« Oui. J'ai changé de dimension. Je me suis retrouvé partout et nulle part, dans le néant. C'était très très étrange ! Et elles étaient là. Les Nornes, les Parques, le Destin, peut importe le nom qu'on leur donne. »

Léo grogna. Il ne les aimait vraiment, vraiment pas. Il en voulait à Harry. Mais les nouveaux souvenirs et leur nouvelle complicité l'empêchait de TROP lui en vouloir. Ça ressortait uniquement lorsqu'il était très énervé.

Par contre, les trois greluches… Alors, elles…, elles, il les détestait ! Franchement, vu la puissance des gonzesses, elles auraient pu se débrouiller sans son fil. Fallait pas le prendre pour une chaussette trouée !

« Elles sont magnifiques Léo. Tu aurais dû les voir… L'incarnation de la perfection ! Étant le Maître de la Mort, elles ont écouté ma demande. Je ne suis pas le premier à aller les voir. Et je suis également celui dont la demande était la plus sage. »

« Sérieusement ? »

« Oui. Je leur ai demandé une nouvelle chance alors que d'autres ont demandé un nouveau monde déjà pour prêt. La différence n'est pas grande mais essentielle ! C'est aussi pour ça qu'elles ont accepté. »

« Et c'est comme ça que ton GRAND PROJET a débuté… »

« Oui. »

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Il faisait chaud.

Très chaud…

Très très chaud…

Définitivement bien trop chaud !

« Je fonds… », gémit Pétunia en agitant son éventail frénétiquement.

« Fon ! Fon ! » Gazouilla en écho Harry

La grande blonde jeta un regard torve à ses fils adoptifs. Ils étaient à la bonne place eux ! Les jumeaux, uniquement en couches s'amusaient sous le ventilateur, au frais. Les peluches de Snape plaisaient toujours autant aux brundinets qui s'en servaient aujourd'hui comme doudous.

L'été de l'année 1982 était particulièrement chaud mais le pire était sans conteste l'été andalous. Mais quelle idée étrange de se marier en Andalousie ! D'accort, le marié était espagnol, mais zut quoi ! Il faisait trop chaud !

Les Granger, une fois que Marc eut négocié avec son associé et eut posé quatre semaines de vacances, avaient pris l'avion en direction de la péninsule hispanique. Le voyage, avait été relativement court et heureusement, car Hermione et Dudley étaient surexcités. C'était leur baptême de l'air et ils étaient à la fois impatients et morts de trouille !

La chaleur caniculaire de l'été andalou avait surpris fortement les Anglais.

La famille avait un programme chargé. Ils voulaient visiter Séville et Grenade avant de remonter sur Malaga pour le Mariage qui aurait lieu le 12 août.

Pétunia se félicita mentalement pour avoir appris le castillan dans sa jeunesse quand elle dut décrypter le menu du minuscule bar à tapas où ils s'étaient arrêtés manger. C'était elle aussi qui guida la famille dans les villes espagnoles et sur les routes. Elle s'était enquiquinée de longues années à apprendre des langues étrangères mais ça valait vraiment le coup !

Marc apprécia grandement le fait que Pétunia arrive à comprendre les autochtones. Lui n'avait jamais appris d'autre langue que l'anglais et ses trois ans d'allemand ne comptaient pas ! Puisqu'ils n'étaient pas perdus, que sa tendre moitié savait où ils dormiraient le soir et que tous les enfants étaient là, le dentiste s'adonna à sa grande passion : la photo ! Il était un grand amateur de photos, depuis toujours. Il adorait prendre des photos et passa son temps à en faire, immortalisant les vacances.

Hermione allait entrer au CP en septembre. Elle ne savait pas lire mais connaissait quelques lettres de l'alphabet et s'amusait à retrouver ces lettres sur les panneaux explicatifs des musées. La petite frisée resta longtemps perplexe devant les traits bizarres collés au-dessus des lettres… Et cette espèce de vague moche collée sur le N… Maman, c'est quoi ça ?

Dudley, de son côté, courrait dans les larges couloirs de l'Alhambra en slalomant entre les touristes. Le blondinet s'était fixé comme objectif de devenir un jour un joueur de foot encore plus fort que Diego Maradona ! Du coup il s'entraînait.

Et ce qui devait arriver arriva, il se cogna contre des visiteurs. Pétunia, plus loin dans le couloir se précipita pour rejoindre le couple et s'excuser pour la maladresse de son fils. Mais avant qu'elle n'arrive, la femme, une petite blonde menue s'était penchée, avait remis Dudley sur ses pieds et écoutait le petit blond avec attention.

« Je suis vraiment désolée Madame… »

« Oh ! Ce n'est pas grave ! Coupa l'autre femme dans un anglais chantant. Vraiment pas grave. Passez de bonnes vacances. »

Pétunia, tenant son fils par la main regarda le couple s'éloigner. Il flottait autour d'eux une atmosphère étrange. Peut-être était-ce l'air absent de l'homme, ou les cheveux blond-blancs de la femme.

« Qu'est-ce que tu as dit à la dame Dudley ? »

« J'ai demandé pardon. Et puis je lui ai dit que les écailles de dragons, avec du sang de Sombrals et des yeux de scarabée de feu en poudre ça fait BOUM ! »

Pétunia se fit la note mentale de ne plus lire le bouquin de Snape sur les bestioles magiques aux enfants avant qu'ils aillent se coucher. Heureusement que les jumeaux se contentaient d'observer le monde depuis leurs sac-à-dos porte-bébé sans faire de magie !

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« Joyeux anniversaire ! »

« Ah oui… c'est vrai… »

« Tu vas bien Léo ? »

« Pas vraiment pour être honnête. Je crois que j'ai un méchant coup de blues… Je pense à avant, à Astoria que j'allais enfin rejoindre, à mon fils, ma belle-fille et mes petits enfants, à mes amis, Blaise, Pansy, Vincent et Grégory, et tous les autres… Je ne comprends pas comment tu fais pour ne pas y penser. »

« J'y pense. Mais ils ne me hantent pas. Mon départ est volontaire et j'ai eu du temps pour mettre mes souvenirs à distance. »

« Veinard », murmura Léo fatigué. Il n'avait même pas envie de se disputer avec son frère à propos de son absence de choix.

« Héla m'a parlé d'une technique pour se détacher émotionnellement de ses souvenirs. »

« Approfondi ! » ordonna immédiatement Léo d'un ton intéressé.

« Je sais pas trop comment ça fonctionne. C'est comme si tes sentiments devenaient ceux de ton meilleur ami. Par exemple, tu sais qu'il est raide dingue d'une fille, mais toi, tu peux apprendre à connaître cette même fille et ne pas l'aimer. Là c'est pareil sauf que tu es à la fois toi et ton meilleur ami. »

« … »

« Tu as compris ? »

« Mouais… Si je récapitule, tu effaces tous tes liens sentimentaux pour en reconstruire de nouveaux. Et tu gardes en mémoire les anciens liens sauf qu'ils ne sont plus actifs. »

« C'est ça. »

« Ça pourrait être intéressant. Comment fait-on ? »

« Faut que je contacte Héla. »

« Je sens venir la déclaration fracassante… »

« Le moyen le plus rapide, c'est de mourir. »

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Dudley, en qualité de filleul de Marge portait le cousin sur lequel reposaient les alliances. Le reste de la petite famille était assise au premier rang dans l'Église. Pétunia et Marc, avec respectivement Léo et Harry sur les genoux, encadraient une Hermione rayonnante. Ils étaient vêtus de leurs plus beaux atours et un grand sourire leur mangeait le visage.

La cérémonie passa rapidement même si seule Pétunia comprenait ce qui se disait. Mais, malgré la barrière de la langue, les Granger surent très bien qu'ils pouvaient applaudirent quand Marge et Antonio s'embrassèrent. Même les jumeaux frappèrent dans leurs petites menottes !

Les mariés sortirent sous des poignets de pétales de roses et de grains de riz. Il y eut un grand banquet, des discours, des anecdotes embarrassantes, des cadeaux, des rires, des larmes. Pétunia allât dire quelques mots au micro avant de laisser la place à d'autres.

Lorsque la nuit fut tombée, la musique commença, la piste de danse fut envahie par la jeune génération tandis que les vieux restaient assis sur leurs chaises à papoter en grignotant un énième chou de la pièce montée. La très jeune génération avait envahi un coin de la piste où l'age médian des danseurs était de 10/11 ans tandis que la très très jeune génération dormait paisiblement dans son lit parapluie.

Pétunia dansait un rock endiablé avec le marié, Marc parlait d'appareils photos, de pellicules, de sépia et de couleurs avec un des cousins espagnols, utilisant les quatre mots de castillan qu'il connaissait, des schémas dessinés sur la nappe en papier et des gestes pour se faire comprendre. Allez savoir pourquoi, les voisins de tables du duo étaient morts de rire.

La grand-mère du marié et ses amies papotaient en surveillant les petiots, petiots qui s'amusaient beaucoup même si certains parlaient anglais, d'autre castillan ou catalan, voire français pour certains !

Hermione dansait en sautillant au milieu de ses nouvelles connaissances dans une envolée de froufrou rose pale et Dudley avait entamé une partie de foot avec d'autres garçons, avec une nappe en papier roulée en boule comme ballon et quatre gobelets en plastiques pour poteaux de but.

Lorsque vers une heure du matin, après avoir couché les deux loupiots, Marc parvint, enfin, à avoir une danse avec sa femme, il nota la mélancolie dans ses yeux. Il la prit tendrement quand la musique du slow commença.

« Toi tu penses à Lily. »

« Oui. C'est son anniversaire… aujourd'hui. Annonça Pétunia en regardant sa montre. Elle aurait eu 22 ans. »

Marc ne dit rien. Il se contenta de la serrer un peu plus fort puis l'entraîna au cœur de la piste quand le DJ abandonna les musiques lentes pour de la musique plus rythmée.

La vie continuait et quoi de mieux pour s'en rendre compte qu'un mariage ?

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