Blablabla : pensées

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Le Dentiste et l'Amnésique

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Marc Granger aimait penser qu'il était un type bien, intelligent et rationnel. Il avait eu son lot de malchances et de peines mais le bilan de sa vie restait positif.

Il avait eu une femme formidable qui lui avait laissé un héritage des plus précieux. Sa fille était son rayon de soleil et avait été pendant un long moment son unique raison de vivre après la mort de Daisy.

Puis il avait rencontré dans un pub une serveuse blonde enceinte jusqu'aux yeux à la langue bien pendue. Pétunia avait été une baby-sitter, une connaissance, son amie, son amante, et finalement sa femme. Marc adorait Dudley et le considérait comme son propre fils.

Oui, Marc Granger estimait avoir bien réussi dans la vie. Il avait fait de brillantes études, avait un métier qu'il aimait et qui lui assurait un bon train de vie. Il avait une épouse formidable et deux enfants qui le comblait de bonheur.

La vie de rêve en somme.

Puis il y avait eu l'arrivée des jumeaux. Les neveux de Pétunia, deux orphelins abandonnés sur le palier. Mignons, gentils petits jumeaux et surtout jumeaux magiques…

L'existence du Monde de la Magie avait été un peu dur à avaler. Découvrir, comme ça, au pied levé, qu'il existait toute une société secrète avait été un choc. Les perspectives que cette découverte ouvrait étaient effrayantes.

Après la peur il y avait eut l'incrédulité. Les sorciers étaient-ils à ce point en retard par rapport aux Moldus ? Dieu, que ce terme était péjoratif ! Marc le détestait !

Le dentiste pensait que Pétunia exagérait ses descriptions.

Il avait bien fini par la croire après ses rencontres avec des sorciers.

Plus aucuns hommes ne portaient des robes aujourd'hui ! On n'écrivait plus à la plume, on utilisait des stylos ! Et les photos ! Bon sang, il faudrait que quelqu'un leur dise que les photos couleurs existaient !

Les sorciers étaient étranges. Complètement allumés.

Peut-être que c'était uniquement l'échantillon qu'il avait rencontré qui était particulier.

Franchement, entre un jeune déjà blasé par la vie, amoureux de la couleur noir et du sarcasme, une vieille qui portait un PUTAIN DE VAUTOUR empaillé sur son chapeau et un hurluberlu qui possédait un crapaud comme animal de compagnie, il y avait de quoi se poser des questions !

Malheureusement, Pétunia lui avait annoncé que tous les sorciers étaient sortis du même moule.

Des fous.

Les sorciers étaient des fous !

Marc avait alors pris la sage décision de tout faire pour que ses fils adoptifs échappent à la folie du monde magique. Il ne laisserait pas ses bébés se fondre dans le moule magique ! Non ! Il les sauverait du port de robe antique et des chapeaux surmontés de créatures empaillées ! Il ne leur achèterait JAMAIS de crapaud et de plumes !

En un an, la vie de Marc Granger avait drastiquement changé. Il devait bien avouer que la magie avait des cotés sympathiques et que les sorciers, malgré leur façon de penser particulière, pouvaient être des gens agréables à côtoyer.

Le jeune Severus Snape par exemple. Pétunia l'invitait régulièrement à la maison pour dîner. Les enfants l'aimaient beaucoup. Hermione l'avait catalogué comme encyclopédie vivante et Dudley comme quelqu'un à initier au foot. Le cas des jumeaux étaient plus particuliers. Léo adorait Severus et se collait à lui à partir du moment où le potionniste mettait un pied dans l'appartement. Harry était plus distant. Un peu comme s'il ne savait pas comment aborder l'homme.

Marc aimait bien Severus. Ils discutaient potions et chimie, débattant sur ce qui était le mieux entre les deux et comment améliorer l'un avec l'autre.

Puis il y avait eu la magie d'Hermione. Marc s'était inquiété. Comment allait-il pouvoir gérer trois enfants magiques alors que lui-même n'était qu'un simple mortel ?

Le problème se résolut de lui-même.

Hermione ne s'était pas rendu compte qu'elle avait réparé le vase. Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle l'avait cassé, étourdie par sa chute.

Marc était conscient que sa petite Princesse était une sorcière. Il savait donc qu'elle ferait ses études dans le monde magique et qu'elle serait confrontée à la folie des crétins en robes. Il devait donc la préparer à affronter la bêtise humaine poussée à son maximum.

Aurait-il seulement suffisamment de temps pour préparer sa fille chérie ?

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La femme blonde observa autour d'elle avec lassitude. Cette foutue chambre aux murs vert pâle commençaient à lui sortir par les yeux.

La blondinette était sortie du coma près de deux semaines auparavant. Et depuis, elle n'avait vu passer que des Médicomages, elle n'avait jamais vu un seul visage connu… Mais bon, c'était normal étant donné qu'il y avait un putain de mur blanc dans sa mémoire !

Elle ne savait même pas qui elle était, ce qu'elle était, où elle était… Rien. Elle ne se souvenait plus de rien.

La blonde savait qu'elle n'était pas du genre à s'emporter facilement, mais là, elle commençait à stresser un poil, à paniquer un chouia et surtout à s'énerver. Si le prochain Médicomage qui entrait lui disait « que les choses allaient s'arranger » en gribouillant des trucs dans son carnet, promis, elle lui refaisait le portrait à coups de poings !

Ils ne me disent rien, c'est frustrant à la fin !

« Bonjour Alice. »

Donc je m'appelle Alice. Joli prénom. Assez courant mais pas moche. J'aurais pu tomber sur pire. Cunégonde ou Gertrude…

La blondinette se redressa dans son lit et détailla la nouvelle venue. C'était une femme toute maigre, d'une cinquantaine d'années qui portait une robe verte, une étole en renard mort, un chapeau couronné d'un vautour empaillé, et un grand sac à main rouge.

Atypique.

« Bonjour. Qui êtes-vous et qui suis-je ? »

Le tact ? Quel tact ? J'emmerde le tact ! Je veux des infos et la vieille à l'air prête à m'en donner, autant en profiter !

« Je suis Augusta Longdubas, Chef de la Famille Longdubas jusqu'à la majorité de mon petit fils. »

Oh ! Une femme d'importance. Les Longdubas font partie des 28 familles Sang Purs d'Angleterre. Euh… Comment je sais ça moi ?

« Tu es Alice Longdubas… »

Maman !

« … née Grimwalis… »

Zut, c'est belle-maman finalement…

« … dernière descendante connue de l'Antique Noble et Pure Famille danoise Grimwalis. »

Tiens donc je suis une sang-bleue moi aussi…

« Tu as fais tes études à l'école de Sorcellerie de Poudlard dans la Maison de Poufsouffle. »

Poudlard… Poufsouffle… inconnus au bataillon.

« Tu es employée au Ministère de la Magie dans le département de coopération internationale. »

Par Morgane, que ça a l'air chiant !

« Tu as épousé mon fils unique, Franck. »

mariée…

« Vous avez été attaqué par les Mangemorts qui vous ont torturé… »

Des mang… C'est quoi ce nom à la con ? Ça fait nécrophages !

« … ce qui a causé ton coma… et la mort de Franck. »

Non ! Non, ce n'est pas juste !

Minute papillon, si tu as un petit-fils et que Franck était ton fils unique… Je suis… mère ?

« Et tu as un fils, Neville. »

De l'air ! J'ai besoin d'air… Oh ! Les jolis points noirs…

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Peu après Halloween, le couple Granger reçut une lettre de la Maison Longdubas.

Augusta les informait du décès de son fils Franck, et du réveil de sa belle-fille Alice, respectivement le parrain et la marraine d'Harry.

D'un commun accort, Marc et Pétunia proposèrent de garder Neville le temps que sa grand-mère s'occupe de la paperasse de l'Hôpital… et des funérailles de Franck.

Le petit garçon de trois ans ne comprenait pas trop ce qui se passait. Mais il était de nature gentille et calme. Il ne causa aucuns problèmes. Il s'amusa avec les jumeaux, écouta religieusement les explications de Dudley sur le foot, les voitures et Goldorak et dessina calmement avec Hermione.

Un ange ce gamin !

Lorsqu'Augusta revint chercher Neville, Pétunia l'obligea à rester pour le thé. La vieille dame était exténuée. Elle avait dû enterrer son enfant. C'était une souffrance que Marc ne souhaitait à personne, même au pire tordu de la Terre.

En plus de la douleur de la perte, Madame Longdubas s'inquiétait pour sa belle-fille. Alice s'était réveillée de son coma causé par l'attaque des Lestranges. Le problème était qu'elle s'était réveillée amnésique.

Marc, intrigué, demanda plus d'explications sur le cas d'Alice et sur les traitements prévus. Le cas était simple à première vue. La marraine d'Harry n'avait aucun souvenir. Elle ne se souvenait plus de rien, pas même de son propre nom. Quant au traitement, c'était encore plus simple. Il n'y en avait pas. Les Médicomages étaient totalement impuissants face à un tel cas.

Effaré, le dentiste découvrit que le Monde Sorcier ignorait tout de la neurologie et de la psychologie. Ils n'avaient ni psychologues, ni psychiatres, ni neurologue. Il proposa donc de trouver un médecin qui examinerait le cas d'Alice.

Particulièrement sceptique, Madame Longdubas commença par refuser. Elle ne tenait pas à ce qu'un charlatant charcute sa belle-fille avec une scie. Têtu, Marc lui fit livrer par hiboux plusieurs revues médicales sur la mémoire et les traitements médicaux pour lui faire comprendre que les scies et les saignées appartenaient à un passé lointain. Finalement peu après les fêtes de fin d'années, Augusta accepta l'offre du dentiste.

Alice, qui avançait complètement dans le brouillard, s'était installée au Manoir Longdubas, s'occupant de Neville, recréant des liens avec le petit bonhomme qu'on lui avait présenté comme son fils. La possibilité, même infime de retrouver ses souvenirs la fit bondir de joie. Et qu'importe qu'il faille aller chez les moldus pour cela !

Marc obtint, rapidement, un rendez-vous chez un ami généraliste qui fit faire plusieurs tests psychométriques à Alice afin d'évaluer ses capacités psychomotrices et ses facultés cognitives. Le cas étant assez étrange, le collègue de Marc redirigea la jeune sorcière vers un neurologue.

Monsieur Granger lui obtint un rendez-vous chez le Docteur J.H. Watson, un spécialiste reconnu. Il avait fait jouer ses connaissances et grâce à un ami de fac, dont la femme connaissait la fille Watson, il avait eu un rendez-vous avant mars !

Marc accompagna Alice au premier rendez-vous et expliqua son cas. Pour le neurologue, la jeune femme avait été torturée physiquement par des malades jusqu'à plonger dans le coma pendant un peu plus d'un an, passant par tous les stades de l'échelle de Glasgow avant de se réveiller naturellement.

Le soir venu, Marc résuma brièvement le déroulement du rendez-vous avant d'annoncer le diagnostique à Madame Longdubas. Les tortures subies entre les mains des Lestranges suivit de la longue période de coma avait provoqué une sorte d'aphasie mentale annihilant la mémoire individuelle où étaient enregistrés les souvenirs personnels. Ce qui signifiait basiquement qu'il ne restait à Alice que la mémoire collective et les connaissances et réflexes acquis.

Le Docteur Watson ignorait si l'amnésie était irréversible ou pas. Cela dépendait des cas. Il conseilla néanmoins à sa patiente divers pistes pour retrouver, peut-être, la mémoire.

La principale piste était d'aller à la rencontre de lieux et de personnages peuplant son passé.

Alice en fouillant parmi les affaires de son ancienne demeure, affaires stockées dans les combles du Manoir Longdubas pendant son coma, dégotta d'anciennes lettres, d'anciennes photos et surtout un journal de bord qu'elle avait manifestement écrit pendant ses études.

La jeune femme aux longs cheveux blonds rassembla des affaires pour plusieurs semaines, retira de l'or de ses voûtes, installa confortablement Neville dans le porte-bébé – magnifique invention moldue, surtout couplée à un petit sortilège d'allègement ! – et parti en direction du Ministère, pour récupérer son portauloin international, direction du Danemark et sa maison d'enfance.

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Notes de fin de chapitre :

1) J'avais besoin de développer un poil le personnage d'Alice Londubat, car vous imaginez bien que c'est le personnage de Neville qui va changer avec la présence de sa mère.

2) Ça m'a permis de parler un peu de la médecine magique et de la comparer (ici négativement) à celle moldue. On reparlera de médecine plus tard !

PS : Si l'une d'entre vous s'appelle Cunégonde ou Gertrude, je m'excuse d'avoir critiqué ces prénoms, mais ce sont les premiers prénoms anciens et plus tellement d'actualité qui me sont passés dans la tête.