Blablabla : pensées

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L'horloge tourne Madame Yami !

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Le chapiteau d'un jaune vif, rayé de rouge grenat était imposant. Pétunia observa son époux batailler pour retrouver son porte-feuille au milieu du bazar traînant dans ses poches. Aujourd'hui ils allaient au cirque.

Dudley avait demandé à y aller pour ses 6 ans et sa demande avant été vivement soutenue par Hermione.

« On a un peu de temps avant le spectacle. On va voir les animaux ? »

« Ouais ! »

La famille fit le tour d chapiteau pour admirer les animaux. C'était triste de voir le lion et les deux tigres enfermés dans une petite cage où ils pouvaient à peine bouger…

Hermione partit voir le lama, accompagnée par son père et Harry. Dudley, lui s'était dirigé vers une tente violette parsemée d'étoile argentées. Très kitch. Un petit panneau annonçait « Madame Yami, voyante. Séance gratuite pour les titulaires d'une place pour le spectacle »

« On peut y aller ? »

Pétunia attrapa Léo et le cala sur sa hanche avant de faire signe à son aîné d'entrer.

Allons donc voir une fêlée aux boules de cristal, songea la grande blonde.

L'intérieur de la tente correspondait PARFAITEMENT aux clichés. Une lumière vacillante, des draperies suspendues partout, une petite table ronde avec une boule de cristal posée dessus ainsi qu'un jeu de tarot.

« Bienvenue dans mon humble demeure », déclara une voix mystérieuse appartenant à une femme assise dans la pénombre.

Ok, plus cliché tu meurs. La femme avait un foulard perlé sur la tête, de grosses boucles d'oreilles en anneaux, pleins de bracelets et des grosses bagues aux doigts.

Madame Yami fit s'installer Dudley sur la chaise et alluma un bâton d'encens pendant que Pétunia observait le reste de la pièce exiguë.

« Je vois… Je vois… »

La mère de famille avait loupé le début de la prestation. Elle regarda la voyante bouger les mains au-dessus de la boule de cristal. Qu'est-ce qu'elle allait bien dire à Dudley ?

Pétunia s'amusait à imaginer toutes les bêtises qu'elle sortirait à ses clients si elle devait se reconvertir en diseuse de bonne aventure lorsqu'un halètement de plus en plus rapide se fit entendre dans la tente.

Pétunia comprit immédiatement qu'il venait de Dudley.

Avant que la grande blonde ne réagisse, la voyante avait envoyé voler la table et la boule, se précipitant vers l'enfant. Elle lui posa une main sur le front avant d'ouvrir de grands yeux écarquillés et d'éteindre l'encens en faisant un brusque mouvement de poignet avec un bout de bois.

MAGIE !

Pétunia resserra sa poigne sur Léo et sortit de l'autre main une bombe au poivre qu'elle brandit vers la diseuse de bonne-aventure.

« Qu'as-tu fais à mon fils, sorcière ? » Gronda Pétunia.

« Rien ! Je… »

« Les Trois ont fait jouer leurs mains tissant la toile de la destinée… L'avènement de l'Élu aux deux visages approche… Le Chevalier et le Dragon, ennemis et frères ont tout changé… Leur Némésis ils tueront, mais l'hydre à plusieurs têtes… Le Lige les protégera et le Python les guidera… Les Quatre unies vivront les Ténèbres et le Rouge-Prix lorsque le Deux-Fois-Mort viendra… »

Pétunia et la sorcière se figèrent en entendant la voix de Dudley, voix étonnamment rauque. La sorcière jura abondamment tandis que la blonde se penchait vers son fils.

« Maman ? Qu'est-ce qui c'est passé ? »

« L'encens t'a étourdi bonhomme. Tu nous as fait très peur ! Tu devrais aller respirer un grand bol d'air dehors », déclara la voyante avec un grand sourire.

Dudley regarda sa mère qui hocha la tête.

« Tu emmènes Léo avec toi et vous allez voir Papa d'accord. »

Le blondinet acquiesça et quitta la tente en tenant la main de son cousin. Aussitôt le pan de tissu retombé, Pétunia se tourna vers la voyante, tout sourire disparu, la bombe bien en main.

oOo

Voyant l'état de tension de la femme en face d'elle, Gemna posa sa baguette sur une étagère et leva les mains en signes d'apaisement. Certes, elle n'était pas face à un animal apeuré ou en colère, mais face à une mère inquiète pour son fils, ce qui était bien pire.

La mère de famille n'avait pas sorti de baguette mais connaissait le monde magique. Donc soit une cracmole, soit une moldue au courant. Au vu du ton agressif, elle n'avait pas eu de bonnes expériences avec les sorciers, donc plus probablement une cracmole.

« Votre fils a fait une prédiction. »

« Pardon ? »

« Votre garçon est entré en transe à cause des encens que je fais brûler. De toute ma carrière, c'est la première fois que je vois ça. »

« Attendez. Vous voulez dire que mon Dudley vient de faire de la magie ? »

« Oui et non. La divination est une branche de la magie très particulière et très nébuleuse. »

« Donc Dudley est un sorcier… »

« Peut-être pas. J'ai vu des enfants de Cracmols avec de forts dons divinatoires sans être capable de faire léviter une plume pour autant. »

« Je suis moldue. »

Toute ma théorie s'effondre… Mais dans ce cas, si la mère est moldue, d'où vient le don ? Du père ? Ou alors… Oups ! L'heure !

Gemna récupéra sa baguette avant de poser une main sur l'épaule de la blonde en signe de réconfort.

« Le spectacle va très bientôt commencer. Profitez-en et revenez me voir avec votre mari après. Nous devons absolument parler du futur de votre fils. »

La sorcière observa la moldue quitter la tente avec un air préoccupé. Ce petit avait des capacités exceptionnelles, il fallait absolument qu'il cultive son don !

Toute en réfléchissant, la sorcière rejoint les coulisses où elle retrouva deux de ses acolytes.

« T'as pas l'air dans ton assiette. »

« Un petit souci qui sera, je l'espère, vite réglé. »

« Mouais… »

« C'est à vous dans quelques minutes, préparez-vous les filles », annonça le présentateur en passant la tête à travers les rideaux.

Les deux hommes du trio grommelèrent. À chaque fois Barton disait la même chose, alors que les règles fondamentales de la grammaire voulaient que…

Gemna, n'écouta pas le plaidoyer de ses collègues. C'était toujours le même. Elle se concentra plutôt sur sa forme animagus et rapidement sa silhouette se flouta, laissant place à un grand tigre.

Tous les animaux du cirque n'étaient que les animagus des sorciers y travaillant. Ils n'étaient pas suffisamment cruels pour enfermer de pauvres bêtes alors qu'ils pouvaient les remplacer pendants le spectacle ou créer des illusions à mettre dans les cages pour épater les moldus !

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Le 21 avril 1983

Cher Journal,

Aujourd'hui on a reçu une carte postale d'Alice, la maman de Neville. C'est aussi la marraine d'Harry (Alice, pas Neville !). Elle est partie en voyage en Europe au Danemauque Danemark. C'est encore plus loin que la France.

Je me suis entraînée à lire la carte. Neville et sa maman vont bien. Alice retrouve des souvenirs. Je me demande comment elle les avait perdus. Papa a pas voulu me répondre.

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Le 16 juin 1983,

Cher Journal,

Ce soir c'est mon gala de danse. J'ai un beau tutu blanc pour le spectacle. Il est trop joli. Harry et Léo peuvent pas venir. Maman dit qu'ils sont trop petits. Mais Mami a promis de venir !

J'espère qu'elle aura des cookies. Ils sont trop bons avec plein de chocolat et des bouts de noisettes. Miam !

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Le 15 septembre 1983

Cher Journal,

Aujourd'hui on a reçu une lettre de Marge, la marraine de Dudley. Elle a eu un bébé. Clint dit que les bébés sont donnés par les cigognes et Anna qu'ils apparaissent dans les choux pour les garçons et dans les roses pour les filles. Ils sont bêtes. Moi je sais bien qu'ils viennent du ventre de la maman. Mais je sais pas comment ils rentrent dedans.

Le bébé de Marge il s'appelle Rodrigo. C'est rigolo comme nom.

Cette année Dudley fait du judo. Il a arrêté le foot. Et moi je continue la danse. Et avec papa et maman on apprend la langue des signes. Il faut faire plein de gestes et ça veut dire des choses. C'est très dur mais le professeur dit qu'on réussit très bien. Comme ça on pourra parler avec Léo.

Léo il est sourd. Mais pas Harry. C'est bizarre.

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Le 1 novembre 1983

Cher Journal,

Hier on est allé mettre des fleurs sur les tombes de Papy Edgard, Mami Margaret, Tata Lily et Oncle James. On a vu Sev dans le cimetière. Il a posé des fleurs sur la tombe de Tata. Mais pas sur celle de Tonton. Je crois qu'il ne l'aimait pas trop.

Les jumeaux ont laissé une pomme coupée en huit dans une assiette dans la cuisine. Ce matin elle y était plus. Je pense que c'est papa qui l'a mangé. Lui il dit que c'est pas lui. On a un voleur de pomme coupée dans la maison !

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Le 27 décembre 1983

Cher Bob,

Tu es mon nouveau journal. C'est le Père Noël (bizarrement, il ressemblait beaucoup à Severus habillé en rouge avec une barbe en coton) qui me l'a apporté. Mon autre journal s'appelait déjà Journal. Du coup tu t'appelles Bob.

Dudley est au CP et il apprend à lire et à écrire. Et les jumeaux aussi ! Ils lisent presque aussi bien que Dudley. Il est très fier d'eux. Et moi aussi !

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Le 29 février 1984

Cher Bob,

Aujourd'hui c'est mon anniversaire ! J'ai 8 ans. Je suis née une année bissextile (maman m'a aidé à l'écrire, c'est compliqué comme mot) du coup, je peux pas fêter mon anniversaire le vrai jour tous les ans. Mais on le fête quand même.

Ce soir on va faire une grande fête ! Et on ira au cinéma ! On va voir L'Histoire sans fin.

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Le 23 septembre 1984

Cher Bob,

J'ai fait de la MAGIE ! On était au Square et Mattieu, il embêtait Anna, alors je l'ai poussé. Il est allé super loin ! Maman m'a grondé mais c'est pas grave ! Je suis une sorcière ! Comme Léo et Harry ! J'espère que Dudley aussi sera un sorcier.

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« Cette soirée de folie… »

« Des fous ! »

« Arrête de râler, c'était sympa ! »

Léo resta pensif un petit moment. C'est vrai qu'il s'était bien amusé. Exceptionnellement, la veille, le Black Bee avait ouvert ses portes pour la nuit. Le pub avait été blindé. Il y avait la famille, ainsi que Sev, Alice et Neville et de nombreux clients de maman.

France avait ramené toute sa famille, sa fille, son gendre, ses petit-enfants ainsi que ses gâteaux congolais, Moustafa était arrivé avec sa copine du moment, Maxence était venu se faire réconforter après le départ de sa dulcinée, les Sciences Bro', bientôt en fin d'études étaient également présents avec notamment Elisabeth, la jeune étudiante en médecine, au bras de Tim.

Et cela n'était que ceux que les jumeaux connaissaient le plus.

Après le repas, on avait poussé les tables et papa avait lancé la musique. Tout le monde avait dansé avec entrain pendant que les enfants regardaient le Livre de la jungle dans une pièce annexe.

« C'est un réveillon que l'on oubliera pas de sitôt ! »

« Surtout quand tu as déplacé le gui au-dessus de Severus », ajouta malicieusement Léo.

Harry était très fier de son acte. De la grande magie. Et les conséquences avaient été… Magiques !

« Il n'a pas compris pourquoi Abigaëllel'a embrassé ! », rit le Maître de la Mort.

« Que je regrette de ne pas avoir un appareil photo… » soupira Léo.

« On pourra toujours utiliser la Pensine de Dumby. »

Léo ricana. La tête de son ancien parrain avait été excellente.

« J'ai beaucoup aimé aussi quand Papa a fait danser Maman sur la table. »

« Moi c'était quand Maxence a commencé à chanter », commenta Harry.

« Fallait bien un Français pour chanter du Patrick Sébastien. »

« Neville était étonnamment détendu et heureux. »

« Il a une mère. Ça change tout », déclara Léo

« Je te l'accorde… N'empêche je n'en reviens pas… Je ne pensais pas que la Chauve-souris des cachots pouvait devenir aussi rouge ! »

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Baby-sitting ! Il était de baby-sitting ! Lui, le plus jeune Maître de potion jamais nominé par l'Ordre International des Potionnistes ! Lui, le professeur le plus craint de Poudlard !

Ses élèves ne devaient JAMAIS, oh grands dieux, jamais l'apprendre. Ou sinon sa réputation serait foutue !

Marc et Pétunia avaient décidés de se faire un week-end en amoureux. Tout seuls. Sans enfants. Et Rose, la grand-mère des marmots était en thalassothérapie quelque part en Islande.

Lorsque la barmaid avait demandé à Severus s'il était disponible, il ne s'était pas méfié. Et il était tombé dans un PUTAIN de PIÈGE !

Cette moldue aurait pu rendre chèvre Salazard lui-même !

Les quatre bambins avaient été ravis d'avoir leur « oncle Sev » pour deux jours entiers. Le samedi s'était très bien passé, mais le dimanche, le sorcier avait été un peu à court d'idées pour occuper les monstres.

Du coup il s'était rabattu sur ce qu'il faisait le mieux : les potions !

L'homme aux cheveux noirs corbeaux dénicha quatre saladiers et distribua les ingrédients après avoir fait un saut chez lui.

C'était une simple potion qui se préparait à froid avant de cuire à feux doux 10 min. C'était l'une de ses inventions et il en était très fier. En effet, les effets de la potion étaient doubles. Si elle était préparée par un moldu ou un cracmol, elle ne faisait que changer de couleur lorsqu'on agitait le flacon et avait le goût de choux de Bruxelles lorsqu'on la buvait, mais si le préparateur était un être magique, alors lorsqu'on la buvait, on avait la voix de Donald Duck pendant une bonne heure en plus du goût dégueulasse.

Oui, les effets étaient nazes. Mais il était bourré quand il l'avait inventée ! Et ses camarades de beuveries n'avaient pas fait mieux ! Comparée à la potion qui rendait les cheveux rose, à celle qui colorait la peau en vert à pois mauve ou à celle qui faisait puer des pieds, la sienne était géniale ! Deux effets différents, rendez-vous compte !

Severus guida les enfants tout du long de la préparation en tentant de mettre de côté les souvenirs de cette soirée peu glorieuse. À la fin, il fit chauffer les quatre mixtures puis rendit les résultats à chacun de ses élèves d'un jour.

C'était… intéressant.

Léo Potter éclata de rire en voyant l'espèce de ciment frais de couleur jaune canari présent dans le saladier de son cadet tandis qu'Hermione se lamentait devant le chewing-gum bleu fluo présent dans le sien.

Il n'y avait que deux bonnes potions. Celle-de Dudley et celle de Léo. Ce dernier venait d'ailleurs de se prendre une poignée de ciment jaune dans la tête. Des éclaboussures ayant touché Hermione, cette dernière commença à prendre une partie du… truc présent dans son saladier pour viser Harry.

Sentant la situation dégénérer, Severus, récupéra les potions de Léo et Dudley ainsi qu'un échantillon des deux autres et fuit la cuisine.

Le potionniste observa la petite fiole contenant le ciment jaune canari avant d'éclater de rire. Potter n'aurait JAMAIS pu douter de sa paternité. Entre les cheveux et le talent pour faire foirer les potions, Harry avait vraiment tout de son père !

Lorsque le sorcier osa rentrer dans la cuisine, celle-ci était devenue un champ de bataille mais les quatre enfants s'étaient calmés. Il nettoya la pièce à grands coups de baguettes avant de se tourner vers les monstres.

« Vous voulez tester vos œuvres ? »

« Ouais ! »

Le professeur servi à Dudley et Harry la potion du premier et à Hermione et Léo, celle du petit sourd. Harry observa le verre avec suspicion avant de le boire d'une traite.

« Beurk ! Oh, c'est rigolo ! »

Surprit Snape écouta les quatre enfants se mettre à parler avec des voix de canard. Ainsi donc, le fils biologique de Pétunia avait un noyau magique…
Le soir même quand Pétunia et Marc furent accueillis par quatre enfants pleurant de rire et parlant avec des voix de canard, ils se promirent de ne plus jamais laisser Severus seul avec eux aussi longtemps.

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« Ce n'est pas normal ! »

« De quoi ? »

« Dudley a des dons de voyances et est capable de faire des potions MAGIQUES ! »

Alice haussa un sourcil devant l'apparente agitation de Severus.

« Ça veut juste dire que c'est un sorcier. »

« Mon fils n'a jamais eu le moindre incident magique contrairement à Hermione ou aux jumeaux », fit Pétunia en servant une tasse de thé à ses invités.

La propriétaire du Black Bee avait invité la marraine d'Harry à venir prendre un thé. La veuve Longdubas revenait d'un énième séjour au Danemark où elle était à la poursuite de ses souvenirs et la grande blonde voulait en savoir plus.

Les deux amies étaient en train de regarder Neville qui, du haut de ses six ans essayait d'apprendre quelques mots de Danois à Harry, lorsque Severus en jean et T-shirt avait sonné à la porte.

« Je suis passé au Ministère voir le Registre. Dudley n'y apparaît pas ! C'est à ne rien y comprendre ! »

Cette fois Alice parut surprise. Les registres du Ministère étaient de puissants artefacts créer par Merlin lui-même. Ces ouvrages répertoriaient tous les sorciers nés sur le sol britannique. C'était une liste infinie de noms et de date. Fallait être vraiment, vraiment motivé pour fouiller là-dedans !

« Effectivement c'est étrange… »

Voyant que Pétunia ne comprenait rien à la conversation Severus lui expliqua ce qu'étaient les fameux registres et comment ils fonctionnaient. Alice pendant ce temps songeant à la vieille guérisseuse qu'elle avait rencontrée peu de temps avant, durant son voyage.

« J'ai peut-être une solution… », déclara Alice.

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Marc observa le paysage avec ravissement. Les Îles Féroé offraient vraiment un paysage magnifique !

« C'est par ici ! »

Marc se détourna à regret du paysage et emboîta le pas au trio de tête. Alice menait les époux Granger et Dudley chez la vieille Aaricia, une harpie aussi acariâtre que douée en médecine.

La mère de Neville traîna ses amis à travers les sortilèges repousse-moldu tandis que Dudley avançait sans problème, le sortilège glissant sur sa peau comme de l'eau sur les plumes d'un canard.

Une fois tous rassemblés devant la porte de la maison de pierre Alice frappa à la porte.

« Y a personne ! »

« Aaricia ! C'est Alice Grimwalis ! » S'exclama la jeune femme en frappant contre le panneau de bois.

La porte grinça tandis qu'une tête toute ridée encadrée de cheveux blanc comme neige apparaissait dans l'embrasure.

« Qu'est-ce tu veux enfant ? »

« J'ai besoin de ton savoir médical. »

La porte s'ouvrit en grand. Alice y entra suivie rapidement par les Grangers.

Aaricia était une harpie. Une créature magique qui pouvait être assimilé à un hybride de femme et d'oiseau. La vieille dame avait de grands yeux jaunes comme ceux des aigles et lorsqu'elle se déplaçait ses serres cliquetaient contre le sol.

« C'est pour qui ? »

« Le petit », dit Alice en poussant doucement Dudley en avant.

La harpie fit signe à l'enfant d'avancer. Lorsqu'il fut proche elle se pencha en avant, observant le blondinet sous toutes les coutures.

Elle le fit se tourner, lever les bras, sautiller sur place avant de faire courir sur sa poitrine ses mains illuminées de magie.

« Il y a des poussins dans le jardin. Tu veux aller les voir ? »

Dudley hocha vivement de la tête. Il voulait bien quitter la maison. La vieille dame lui faisait peur !

Une fois l'enfant sorti dans le jardin, la vieille harpie se tourna vers les parents.

« L'enfant n'est pas ton fils », déclara-t-elle en parlant à Marc.

« Non. »

La question était rhétorique mais Marc confirma tout de même.

« As-tu été battue par le géniteur de l'Enfant ? », poursuivit la Harpie en sur tournant vers Pétunia.

Aaricia connaissait le tact, oui, mais en théorie.

Pétunia frissonna. Comment la dame savait-elle que…

« Oui », murmura doucement la blonde tandis que Marc lui serrait la main en soutient.

Aaricia soupira. L'enfant blond n'était malheureusement pas le premier cas qu'elle croisait. Elle avait déjà vu des enfants comme lui… des enfants ayant eu une petite enfance, voire une existence prénatale difficile et violente.

« Savez-vous comment fonctionne la magie des Sorciers ? »

« Non. »

Au moins la réponse était franche. La harpie sortie un parchemin de son bazar ainsi qu'une plume.

Elle s'attela ensuite à faire le schéma d'un corps humain.

« C'est les sorciers, la magie est produite par le Noyau magique. Ici », déclara la harpie en traçant un gros rond dans la poitrine de son bonhomme.

« La magie produite doit ensuite être utilisée. Pour cela, elle passe dans des canaux pour irriter tous le corps dont notamment la tête pour toutes les magies de l'esprit et dans les mains », continua la vieille dame en rajoutant des traits sur son schéma.

« Chez les bébés ou les fœtus les canaux de Pouvoir sont très, très, très fragiles. Ils se brisent facilement. Chez ton fils, ils sont en miettes. Je pense que tu comprends pourquoi. Et cela ne se répare pas. Ni avec le temps, ni avec une opération. Ton fils « est un sorcier. Il a un noyau magique actif. Il ne peut cependant pas avoir accès à sa magie.

« Comme les Cracmols », commenta l'unique sorcière du groupe.

BOMK !

« Aie ! Mais ça va pas ! » cria Alice en se frottant le haut du crâne.

La vieille Harpie rangea sa canne en grommelant.

« Stupide enfant ! Les Cracmols ont un noyau magique, certes, mais il est inactif ! Il faut un apport de sang neuf pour que le noyau des enfants de Cracmols se réactive. L'enfant blond a un noyau actif ! Il fait partie de ceux qu'on nomme les « sorciers cachés », des sorciers qui n'ont pas accès à leur magie. »

« Connais pas. »

« Normal. C'est un terme américain. Pour les Européens, Cracmols et Sorciers Cachés sont mis dans le même sac. Quasiment un tiers des « cracmols » européens sont en réalités des sorciers cachés. »

« Et pour Dudley, cela signifie quoi ? », demanda Pétunia.

« L'Enfant est un sorcier. Il produit de la magie. Ses visions sont le moyen que sa magie a trouvé pour se manifester. Ses enfants, que leur mère soit une sang-pure, une moldue ou une cracmol, seront des sorciers. Il peut faire de la magie passive. Potion, vol en tapis volant ou balais, vision des créatures magiques et inefficacité de tous les sortilèges visant les moldus. »

Un petit silence plana sur le groupe avant que la vieille harpie ne les mette à la porte. Elle vivait en ermite pour une bonne raison. Elle n'aimait pas les visites !

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Marc observait son fils avec un rien de tristesse. Le géniteur de Dudley avait privé son fils de la possibilité d'être un vrai sorcier. Il avait privé son fils de quelque chose d'exceptionnel…

« Il pourrait faire un bon Potionniste. »

« Pardon ? »

« Je disais que Dudley pourrait faire un bon Potionniste, voire être un Maître des Potions. Il a un don ! »

« Personne ne voudra prendre un moldu en apprentissage », fit tristement Marc.

« Je suis un Maître des Potions… Et je n'ai pas d'apprenti. »

« Tu es Prof à Poudlard. »

« Les cours par correspondance, ça existe… Sa maîtrise sera juste plus longue… »

« Tu ferais vraiment ça pour Dudley ? »

« S'il est volontaire et qu'il travaille, je ne vois pas pourquoi je refuserai… »

« On lui proposera plus tard… Huit ans, c'est un peu jeune pour prendre une telle décision… »

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Une couleuvre. Une putain de couleuvre. C'est sûr, Lily devait bien se foutre de sa gueule de là-haut !

Regarde un peu ce que tes fils m'ont ramené ! Un joli petit serpent.

La grande blonde observa le reptile installé dans la boite de chaussure. C'était un tout petit serpent gris-vert avec deux traits blanchâtres sur la nuque et des motifs noirs en forme de taches arrondies sur le dos et les côtés. Son ventre était gris avec un damier de taches noires.

L'espèce de « double collier » avait permis de reconnaître une couleuvre à collier dans l'encyclopédie empruntée à la bibliothèque.

Pétunia avait été affolée en voyant les deux petits aux cheveux en pétards jouer avec le serpent. Elle était complètement tombée des nues quand elle s'était rendu compte que ses neveux communiquaient avec la bestiole et que celle-ci leur répondait !

Ils parlaient aux serpents… d'accord… Mais encore ?

Complètement blasée par la magie Pétunia n'avait pas réagi quand Léo avait demandé à adopter l'animal. Marc avait commencé par refuser, mais il n'avait pas résisté aux yeux larmoyant des deux Potter. Et puis le serpent n'était pas venimeux et assez petit, à peine une trentaine de centimètres…

La plus difficile à convaincre fut Hermione qui avait une peur bleue des reptiles rampants. Mais les jumeaux, plus unis que jamais dans l'adversité avait réussi à lui faire accepter la petite couleuvre nommée Natrix.

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« Le serpent Potter ! J'ai entendu le serpent ! »

« J'ai entendu Léo ! Pas la peine de gueuler, je ne suis pas sourd moi ! »

« Ta gueule Judas ! »

Harry sourit. Dans sa première vie, il avait détesté le fait de pouvoir parler Fourchelangue. Mais ici, il s'en foutait. Il en était même heureux. C'était un nouveau moyen de parler avec son frère, de parler avec le bébé qu'ils avaient recueilli, c'était un moyen d'insulter Voldy… que de bonnes choses !

« Tu penses qu'on doit prévenir Maman que Natrix va encore grandir de presque un mètre ? », demanda brusquement Léo.

« Hum… Nan ! »

oOo

Loin des deux dormeurs, dans un lieu atemporel et infini, dans un lieu où le temps et l'espace ne signifiaient rien, un trio se dressait devant un mur de fils colorés.

« Verdandi, Skuld ! Qu'avez-vous donc encore fait ! »

« Du calme Urd. »

« Je sais ce que je fais. »

Le Passé observa le Présent et le Futur d'un œil mauvais. Ses petites sœurs étaient encore venues jouer avec la Tapisserie.

« Explications ! » ordonna-t-elle d'une voix sèche.

« Le Fourchelangue n'est pas une langue. On entend les sifflements mais leur sens est directement imposé dans l'esprit par la magie. Léo n'entend pas les sifflements mais comprend leur sens. »

« C'est tordu. »

« C'est pourtant ton protégé, celui aujourd'hui nommé Herpo l'infâme qui a créé cette langue », rappela calmement Verdandi.

Vaincue, Urd s'inclina face à ses sœurs. Mais bon, elle ne leur voulait pas autant qu'elle ne voulait leur faire croire. Draco Malfoy avait été volé au repos éternel contre son gré et le payement demandé avait été lourd. Il méritait bien une petite compensation.

« N'intervenez plus dans la Tapisserie. C'est désormais aux Fils de jouer et au Chevalier de se débrouiller. »

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« Joyeux anniversaire ! »

Hermione remercia sa mère et lui fit un bisou. On était samedi 28 février 1987. Aujourd'hui elle avait 11 ans.

Elle s'attabla et versa ses céréales dans son bol. Ce qu'elle avait sommeil… Et dire qu'il était déjà 10 heures. Elle jura, mais un peu tard qu'on ne la reprendrait plus à regarder un match de basket jusqu'à point d'heure. Sauf si c'était la coupe d'Europe. Fallait pas jeter le kebab dans le vide-ordure non plus !

DRIIIIIIING !

Saloperie de sonnette, que quelqu'un l'éteigne !

« Mione, va ouvrir s'il te plaît ! » lui cria son père depuis le salon.

La fillette grommela mais se dirigea tout de même vers la porte d'entrée. Vêtue de son pyjama trop grand, ses énormes chaussons-lapins-roses et les cheveux tellement en vrac que ça lui faisait limite une coupe afro, elle avait la grande classe. Elle ouvrit et…

« Surprise Princesse ! »

« Gueu… ? »

Le potionniste ne put s'empêcher de rire devant le zombi qui venait de lui ouvrir la porte. Il lui mit la lettre de parchemin entre les mains et attendit.

Il fallut une longue, très longue minute pour que l'information montre jusqu'au cerveau, qu'elle soit analysée par l'encéphale endormi et qu'enfin l'étincelle jaillisse dans la caboche d'Hermione.

« POUDLARD ! OUAIS ! »

En voyant la fillette repartir en courant dans le couloir – Venait-elle de courir sur le mur pour tourner plus facilement ? – Severus se demanda avec effroi s'il ne venait pas de créer un monstre.

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