Potterverse: tous les personnages sont la propriété de JK Rowling, exceptés ceux de mon imagination.


Chapitre 1 : Une moldue comme les autres

Souvent, dans ses rêves, elle revoyait le mur en briques. Ce même mur qui sous les tapotements d'un bout de bois, lui avait révélé un paysage qu'elle-même n'aurait pu imaginer dans ses rêves les plus fous. Un monde fait de sorciers.. Elle en était une, elle aussi. Elle avait douze ans, et tout lui paraissait beaucoup trop grand. Les livres avaient été d'un immense réconfort et secours face à son besoin de comprendre ce monde dont elle ignorait tous les codes. La curiosité avait été son premier moteur, cette avidité de connaître ce que l'on dissimulait aux moldus avec tant de soin.. Les portes d'une école bien particulière s'étaient ouvertes à elle, où elle y avait connu ce qui serait alors les plus belles années de sa vie. Ces années passées à étudier dans ce château si étrange fait d'escaliers mouvants, de tableaux animés et d'une magie surprenante.. Mais surtout, les amitiés qu'elle avait tissé là-bas, et les aventures grandioses qu'ils avaient vécu ensemble. Un lien si fort qu'elle l'avait bien cru indestructible..

Mais le monde des sorciers avait apporté avec lui son lot de dangers et de déceptions, mettant au défit sa nature prudente et réfléchie, et réveillé le courage qui sommeillait en elle. La guerre avait éclaté dans ce monde à première vue merveilleux. Avec ses amis, elle s'était lancé dans la résistance, avait affronté l'énemi à leur côté; Elle avait fait preuves de témérité, par pure loyauté. Qui aurait pu prédire que sept ans plus tard, l'étudiante respectueuse des règles, plongée dans les bouquins deviendrait une telle combattante ?

Puis les images des rêves disparaissaient, pour revenir ensuite, et disparaître encore.. ce n'étaient plus que des images flous, sans fond ni formes. Des personnes, des lieux et des événements s'y rattachaient.. Evénements qu'elle n'était parfois même plus certaine d'avoir vécu.

Mais d'autres fois, les images revenaient à elle, des visages resurgissaient, plus net que jamais, et alors elle savait qu'elle ne pouvait pas oublier, ni douter. Elle avait vécu plus de choses que d'autres n'en vivraient dans leur vie entière. Ces choses là s'étaient bien produites. Et finalement, elle se rappelait pourquoi elle choisit de fuire ce monde pour le laisser derrière elle. La coupure avait été aussi dure que prévu, sans qu'elle ne puisse en expliquer les raisons exactes. De tout cela en avait résulté un sentiment de gêne, d'inachevé inexplicable qui grandirent en elle dans les années qui suivirent. Comme une question sans réponses planant en permanence sur sa conscience.

Malgré ses doutes, ses questionnements, son moi "moldue" espérait en vain que son moi sorcière ne viendrait jamais à découvrir la réponse.. Après tout, qu'avait-elle pu laisser derrière ce mur en briques mise à part son innocence, et des cicatrices qui demeuraient aujourd'hui invisibles aux yeux de ceux qui la connaissaient désormais comme une simple moldue ?

...

Janvier 2008, Londres :

Parmi une foule de gens s'amassant sur un trottoir, une femme d'environs la vingtaine dotée d'une épaisse chevelure châtain s'avançait avec vivacité et assurance jusqu'à l'entrée de la rédaction où elle travaillait, se situant dans Fleet Street, dans la City. Elle entra dans le bâtiment et se dirigea vers l'ascenseur, se rendant à l'avant dernière étage. Celui où elle travaillait.

Les portes s'ouvrirent pour laisser place à une vraie pagaille. Les téléphones sonnaient en permanence et des gens discutaient entre eux des nouvelles du jour, comme un véritable journal se devait de l'être.

Hermione Granger préférait surnommer ça le joyeux bazar. Parce qu'en fonction de son humeur, ce spectacle pouvait d'ordinaire autant l'exalter que la pousser au bord de l'exaspération.

L'agitation avait vite reprise après les fêtes de fin d'années. Ce n'était même pas la peine de dire bonjour à qui que ce soit, pour l'instant en tout cas, alors elle se contenta de saluer respectueusement quelques têtes en traversant la pièce animée pour se rendre à son bureau. Elle arriva devant la porte de ce dernier et l'ouvrit avec empressement puis la referma plus doucement derrière elle du plat de la main en poussant un bref soupire, même si l'ombre d'un sourire la trahissait. C'était comme ça tous les jours.

Elle ôta sa veste en se rendant à son bureau, la chaleur du lieu faisant peu à peu disparaitre les rougeurs présentes sur le bout de son nez et ses doigts. Heureusement qu'elle aimait son travail par dessus tout, car bosser dans cette ambiance était parfois difficile pour elle. Qu'elle était heureuse d'avoir son propre bureau ! Un bureau agréablement illuminé par les rayons du soleil matinal, même si rares en ce jour précis car timidement cachés par des nuages gris typiquement londoniens. Elle posa sa sacoche sur son bureau et en sorti son ordinateur portable.

Alors qu'elle consultait ses mails, son patron -un homme âgé de la cinquantaine au crâne dégarni- ouvrit brusquement la porte, presque comme tous les matins.

"- Granger, dans mon bureau ! Tout de suite.. lança-t-il avant de refermer la porte."

Il y avait des fois où elle se demandait comment elle faisait pour le supporter, et il y en avait d'autres où elle encaissait ses humeurs sans même s'en rendre compte. Peut-être parce qu'elle se voyait parfois en lui d'une certaine manière. Non, ce n'était certainement pas le meilleur patron du monde.. Mais elle se leva de son siège et sortit de son espace confiné pour se rendre dans le bureau du rédacteur en chef.

Elle frappa trois coups à sa porte et entra après qu'un 'entrez' sec lui ai répondu.

"- Vous vouliez me voir, Monsieur ? Demanda-t-elle en s'accolant contre la porte.

- Oui, j'ai un nouvel article à sensation pour vous, les prochains Jeux Olympiques auront lieux ici, à Londres ! Un des membres du comité vient de m'avertir. Votre article sera en double page, je le veux impérativement sur mon bureau pour demain !

- Le comité a déjà rendu sa décision ? demanda t-elle abasourdie.

- Je vous en pose des questions ? interrogea le vieil homme agacé. Filez nous trouver un titre qui accroche !"

Hermione haussa un sourcil et se détourna en fermant la porte. Décidément, son patron avait le bras long. La jeune femme passa la matinée sur la rédaction de son article, répondant parfois au téléphone. Vers les alentours de onze heures la porte de son bureau s'ouvrit non cette fois sur son patron mais sur une jeune femme à peine plus vieille qu'elle.

" - Salut Hermione! Dit-elle sur un ton enthousiaste.

- Evanna, dit la brune en souriant, tu sais que je déteste…

- Qu'on rentre dans ton bureau sans avoir frappé je sais, termina l'intruse. Mais ça ne m'empêche pas de le faire à chaque fois !"

La brune lui répondit par un tirage de langue, acte d'une très grande maturité. Evanna était sa meilleure amie moldu. Elle était photographe, une débutante dans le métier mais promettait à un bel avenir selon elle.

" - Que fais-tu encore dans les parages, le patron t'a encore pris des photos ? demanda Hermione.

- Oui, à croire qu'il ne peut plus s'en passer, répondit la moldu en mimant un air fière.

- La modestie t'honore, remarqua t-elle d'un air taquin.

- On mange toujours ensemble à midi ?

- Toujours, répondit la brune.

- Okey, alors à midi, dit-elle en souriant avant de s'en aller."

...

Voilà à quoi ressemblait désormais son quotidien. Et elle n'allait pas s'en plaindre..

Depuis qu'elle avait quitté le monde magique il y a dix ans, elle s'était replongée dans les études en allant à l'université. Il avait fallut pour cela qu'elle invente de toutes pièces une scolarité moldue qu'elle n'avait jamais suivie. Mais cela ne lui avait pas beaucoup coûté en efforts, et elle était parvenue à obtenir un diplôme quatre ans plus tard, haut la main. Après avoir travaillé dans divers endroits, un poste au-delà de toutes ses espérances lui avait été proposé au sein d'une rédaction reconnue. Aujourd'hui, cela ferait deux ans qu'elle était journaliste au sein du Daily Courant. Et même si son patron était loin d'être un homme facile, étant la plus part du temps colérique et odieux avec son personnel, la jeune femme ne se plaignait pas de son sort. Car ce job lui permettait d'avoir la vie tranquille dont elle rêvait. Et principalement, il lui faisait oublier chaque jours un peu plus qu'elle n'avait pas toujours été une moldue comme les autres.

Qu'un jour, dans un monde bien étranger à celui-ci, elle avait été une sorcière.

La fin de la journée se passa calmement, c'était une journée comme les autres après tout. Du moins à ce moment là, elle le pensait. Le soir donc, Hermione rentra tard de son travail et dès qu'elle arriva dans son appartement alla directement sous la douche.

Une demi-heure plus tard, elle dînait tranquillement devant sa télé qui diffusait à cette heure-ci les infos. L'animateur énuméra plusieurs nouvelles sans importance quelconque, et la main gauche d'Hermione tournicotait sa fourchette dans son assiette pensivement, tandis que l'autre soutenait sa joue, le coude posé sur la table.

Ce fut à ce moment précis que sa soirée prit une tournure inattendue, à l'instant où la voix du présentateur parvint enfin à retenir son attention.

« - Les autorités nous informes de l'évasion de détenus très dangereux, c'est pourquoi nous demandons à la population de garder son calme et d'être vigilante en attendant la capture de ces personnes, annonça le journaliste de la BBC. »

Hermione fronça les sourcils et un air perplexe apparut sur son visage. Elle ne releva cependant pas les yeux de son assiette.

« - Ils sont au nombre de cinq et se nomment Malefoy, Avery, Goyle, Lestrange et Crabbe, récita l'homme lentement avec un air de confusion face à ses étranges noms."

Elle stoppa les mouvements de sa fourchette et sortit lentement de ses songes, assimilant à peine ce qu'elle venait d'entendre.

"- Nous précisons qu'ils sont évidemment armés… »

Non, elle devait avoir mal entendu.. Hermione se résolu alors à reporter son attention sur l'écran.

Le choc fut grand. Il se trouvait qu'elle avait parfaitement entendu.

Chacun de leurs visages étaient étalés sur l'écran pour que les téléspectateurs puissent les identifier.. Leurs traits émaciés leurs conféraient un air plus terrifiant encore. Les battements de son cœur doublèrent en intensité, signe de la peur qui l'avait saisi.

Elle s'empara avec empressement de la télécommande pour augmenter le son, mais le journaliste expliquait seulement la mise en place d'un numéro vert pour les personnes apercevant les fugitifs et les signaler aux autorités, comme lorsque Sirius Black s'était évadé d'Azkaban, il y avait de cela une éternité.

Hermione sursauta alors que le téléphone sonnait. Émergeant de sa torpeur, la sorcière se leva et alla répondre.

"- Allo ? dit-elle le souffle court en fermant les yeux, tentant de se calmer."

C'était Evanna. Comme tous les vendredi, son amie lui proposait de l'accompagner avec un groupe d'amis et elle à une soirée.

Hermione fit mine de réfléchir derrière le combiné.

"- Hum.. Non désolé, répondit-elle précipitamment après un instant. J'ai un article à finir, un autre jour peut-être.."

Et en temps normal, elle lui aurait demandé si elle avait écouté les infos, mais sans attendre de réponse de la part de son amie, elle remit d'une main tremblotante le téléphone à sa place. Les battements de son cœur affolé, elle se passa une main dans les cheveux. Puis elle retourna subitement ensuite dans la cuisine pour faire la vaisselle, essayant de ne pas penser à ce qu'elle venait d'entendre.

Autant s'arracher une jambe.

Éteignant la télé qui diffusait maintenant la météo, elle se remit à la rédaction de son article dans lequel elle avait pris du retard. Quelques heures plus tard, alors qu'elle était sur le point de se coucher, elle se dirigea vers la salle de bain et posa ses mains sur le lavabo. Elle fit couler lentement le robinet et se pencha pour s'asperger le visage d'eau. Elle leva les yeux et aperçu son reflet dans le miroir, plus pâle qu'elle ne l'aurait souhaité.

La nouvelle lui avait fait un choc. Non seulement parce que cela lui rappelait son passé qu'elle croyait révolu et son appartenance aux sorciers, mais de plus car elle se sentait lâche. Elle était parvenue en dix ans à oublier ce monde et avait finalement pu reconstruire sa vie. Plus rien de la sorcière en elle ne subsistait, elle n'avait plus jamais retouché à sa baguette depuis, et toutes les connaissances qu'elle avait pu acquérir.. il ne restait plus rien.

Et là, cette nouvelle arrivait comme une boomerang et lui rappelant brutalement qu'elle avait appartenu à un autre monde, un monde qu'elle avait recalé dans un coin de sa mémoire qu'elle ne visitait que rarement.

Et il fallait qu'elle se calme, là, maintenant.

"Je.. je ne suis plus une sorcière. Je suis juste.. une moldue comme les autres, murmura une voix dans son esprit, alors qu'elle hochait la tête fébrilement, les yeux dans le vague."

Elle se tourna et appuya le bas de son dos contre le rebord du lavabo un instant. Les larmes lui brouillaient la vue, mais elle décida de les ignorer, comme elle avait si bien apprit à le faire. La jeune femme se rendit dans sa chambre avec l'espoir qu'elle parviendrait à trouver le sommeil. Même si quelque part, elle savait déjà que c'était peine perdue.

What he goes there for is to unlock the door,

While those around him criticise and sleep,

And through a fracture on that breaking wall,

I see you my friend and touch your face again.

(Mutiny, Think up anger)