Chapitre 3 : .. Sous les yeux des moldus

Les deux jeunes femmes atterrirent dans l'appartement d'Hermione. Evanna qui n'était pas habituée à la sensation manqua de s'affaler de tout son long sur le planché, mais se rattrapa au dernier moment.

Éberluée, elle se rendit compte de l'endroit où elle se trouvait, en l'occurrence le salon de sa meilleure amie alors que deux secondes plus tôt elles étaient en plein milieux d'une rue en proie à une attaque terroriste. La photographe resta debout encore sous le choc tandis que son amie allait s'asseoir sur le canapé en face de la télévision, tremblante.

Hermione posa ses coudes sur ses genoux et se prit la tête dans les mains. Elle ne réalisait toujours pas ce qu'il venait de se passer. Des mangemorts. En plein Londres. Le fait d'avoir réutilisé sa magie après dix ans d'abstinence était assez perturbant. Pour la première fois depuis longtemps elle ressentait son flux magique couler dans ses veines. Ce flux qui faisait d'elle une sorcière. C'était à la fois effrayant et merveilleux. Mais ce n'était pas cela qui la perturbait le plus. Elle venait d'enfreindre la première loi qui régissait le monde des sorciers.

Ne pas faire usage de la magie sous les yeux des moldus.

La règle à ne jamais enfreindre sous aucun prétexte que l'on enseignait aux jeunes sorciers en entrant dans ce monde. Elle était dans les ennuis jusqu'au cou. Elle venait d'en faire usage dans une rue pleine de moldus et avait été repérée par la brigade des tireurs d'élite et par des aurors. Les personnes travaillant au service des usages abusifs de la magie devaient être à ses trousses à l'heure qu'il est. Mais ils pouvaient toujours essayer. Dès années auparavant, Hermione avait eu recours au sortilège de fidelita, dont elle était la gardienne. A l'époque c'était par simple précaution pour ne pas être retrouvé par l'ordre ou par des amis, mais elle ne pensait pas que le sortilège lui fut un jour réellement utile. Or aujourd'hui il lui était d'un secours évident.

Pendant que la brune était complètement perdue dans ses pensées, Evanna quant à elle essayait de reprendre ses esprits. Elle était toujours debout au milieu du salon, et ne cessait d'ouvrir la bouche et de la refermer, semblant chercher des mots appropriés.

Elle respira un bon coup et se décida à rompre le silence pesant qui régnait dans la pièce.

"- Qui était ces gens ? Pourquoi ont-ils fait ça ?"

Puis après avoir hésité, rajouta la voix tremblante :

"- Comment as-tu fais ça ?"

Hermione sortit de ses pensées et se tourna vers Evanna l'air coupable. Sous le regard interrogatif de cette dernière, la brune commença d'une voix éteinte :

"- Je suis désolé de ce qui viens de se passer.

- Explique-toi je ne comprends rien.

- Ces gens que tu as vus sont ceux dont on a parlé aux infos. Ceux sont des mangemorts.

- C'est quoi des... mangemorts ? Je n'ai pas entendu ça aux infos.

- C'est normal, répondit la sorcière. Les gens comme vous ne doivent pas être au courant de leur existence.

- Les gens comme vous, mais de quoi tu parles je ne comprends rien ! s'exclama son amie, perdu."

L'ancienne gryffondor soupira avant de se lever. Elle alla se poster devant la fenêtre de son salon, regardant Londres illuminé dans la nuit. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle allait devoir lui révéler d'ici quelques secondes.

"- Ils n'appartiennent pas à ton monde, ils appartiennent... au mien.

Regagnant un peu plus d'assurance, elle se retourna et fit face à Evanna qui avait l'air complètement désorientée. Quoi qu'enfaîte, elle paraissait plus outrée qu'autre chose.

"- De quel fichu monde parles-tu ?

- Un monde.. Oh, c'est assez exagéré.. On va dire qu'il s'agit d'une communauté, expliqua Hermione en parlant à toute vitesse, le regard fixé sur le planché comme si elle réfléchissait difficilement.

- Quel genre de communauté ? demanda Evanna en devenant suspicieuse.

- Différente de la votre, très différente..."

La voix d'Hermione était maladroite, presque craintive et partait de plus en plus vers les aigues.

" - Ce que j'ai utilisé toute à l'heure, nous en sommes tous capables dans ce monde..

- Je croyais qu'il s'agissait d'une communauté, s'exclama Evanna en perdant patience. Bon sang Hermione, vas-tu enfin te décider à me dire la vérité ?

- Ohh, se plaignit Hermione en cachant son visage de ses mains. Tu sais.. quand on est devenu amie pendant la première année à la fac, on s'est fait le serment de tout se dire, de ne jamais rien se cacher ? Eh bien, disons que je n'ai pas tenu mes engagements à cent pour cent.."

Elle leva les yeux vers sa meilleure amie et vit cette dernière croiser les bras, les sourcils froncés.

" - Y aurait-il un détail qui tu aurais omit de me préciser ? demanda t-elle en ne la quittant pas des yeux.

- Un léger détail, affirma Hermione en secouant vivement la tête. Sur moi. Et mes origines.

- Vais-je enfin savoir lequel ? demanda la moldue en s'exaspérant."

Hermione prit une grande inspiration pour se donner du courage alors qu'elle enlevait les deux mains de devant sa bouche pour parler.

"- Je suis une sorcière."

Chapitre 3

Des anges passèrent, plus quelques autres pendant que son amie ouvrait des yeux ronds.

"- Tu es une quoi ?

- Je viens du même monde que le tiens, mais je suis née avec d'autres capacités que les humains en général.. expliqua Hermione, soulagée et tremblante alors qu'elle venait de lâcher le morceau le plus gros.

- Seigneur. Tout. Puissant... lâcha Evanna."

Hermione ne savait pas si sa remarque était ironique ou à prendre au sérieux. Oh non. La prenait-elle pour une folle désormais ?

"- Heu.. attends ! fit-elle alors qu'elle sentait sa panique reprendre le dessus. Je vais te montrer, ce sera mieux.

- Tu es bien sure de ça ? demanda son amie angoissée en la pointant du doigt. Parce que si tu fais référence à ce que tu as fait dans la rue.. Ou la manière dont tu nous as.. éclipsé, ne t'en fais pas, je m'en passerais très bien !"

Hermione observa peinée son amie faire un pas en arrière. Son cœur se serra à l'idée qu'elle ai pu l'effrayer.

"- Oh non Evanna, tu n'as absolument aucune crainte à avoir, nous ne sommes pas mauvais, nous les bons sorciers.. Enfin ça dépend lesquels, concéda t-elle en penchant la tête sur le côté.

- J'ai comme un léger doute après ce que j'ai vu dans cette rue, vois-tu ? répliqua la moldue, partagée entre le rire et l'angoisse.

- Evidement, et c'est normal ! dit la brune en se faisant compréhensive. Mais je te promet avoir toujours été du côté des gentils.. Si seulement tu me laissais t'expliquer, je te raconterais tout.."

Evanna se passa une main dans les cheveux, ramenant ses longues mèches auburn au sommet de son crâne.

"- Okay. Très bien, accepta t-elle finalement en se rapprochant d'elle, frissonnante. Je vais t'écouter, mais sache que pour le moment, je trouve tout cela complètement dément !"

...

Quelques minutes plus tard, Hermione s'était rassise sur le canapé tandis que sa meilleure amie (maintenant calme et posée) était assise sur le fauteuil d'en face, ses bras posés sur ses genoux et ses mains posées l'une sur l'autre à la manière d'un garçon manqué.

"- Et voilà. Ensuite j'ai renoncé au monde des sorciers et je suis revenu dans celui des moldus, termina brièvement la sorcière.

- Mais, je ne comprends pas, dit calmement Evanna en relevant son visage. Si le monde des sorciers n'était plus en guerre, pourquoi ne pas y être resté ? Tu y avais des amis. Tout un tas d'amis à ce que tu me racontes. "

Hermione garda le silence, et son amie comprit et acquiesça d'un coup de tête pour lui signifier qu'elle n'irait pas plus loin.

"- Waouh, fit-elle étonnée. C'est encore plus dément maintenant que tu viens de me le raconter enfaîte. Des sorciers, vraiment !"

Hermione eu un rire jaune.

"- Eh ouai, les magiciens existent !

- C'est même encore plus fascinant, fit Evanna enjouée. Dis moi, tu ne cacherais pas une cape et un chaudron dans ton armoire ?"

Hermione se surprit à rire pour de vrai.

"- J'ai bien une vieille cape dans mon armoire que je n'ai pas dû porter depuis l'âge de quinze ans. Et j'ai aussi un chaudron, mais ça, je ne te dirais pas où il est, fit-elle face à l'air amusé et curieux de son amie.

- Comment ça ? Tu ne t'en sers jamais pour changer ton patron en crapaud par exemple ?

- Non. Je me suis juré de ne plus jamais retoucher à la magie, avoua t-elle en secouant négativement la tête."

Evanna n'ajouta plus rien. Bien qu'elle se demandait toujours comment son amie avait pu se détourner d'un tel monde si la guerre était bel et bien terminée. Il semblait qu'Hermione devenait subitement mal à l'aise lorsque l'on abordait son passé. Même moldue, la jeune femme sentait une aura de mystère peser sur tout cela. Mais concernant le reste, toutes ses révélations confirmaient les doutes qu'Evanna avait à son encontre depuis qu'elle l'a connaissait.

Hermione était une femme qui en avait bien trop vu pour son âge.

"- Le problème est qu'à cette heure-ci, les sorciers qui m'ont surpris doivent certainement être à ma recherche, continua t-elle. Heureusement, je suis en sécurité, ici en tout cas. Mon appartement est en quelque sorte programmé pour me tenir à l'écart de ce genre de personne.

- Alors ça, c'est cool, dit Evanna dans un souffle.

- Si tu le dis, dit Hermione en souriant doucement."

Hermione réalisa que même après lui avoir avoué une telle vérité, sa meilleure amie ne perdait pas le nord et son caractère. Ce qui arriva un tant soit peu à la réconforter.

Chapitre 3

Le lendemain matin, Loutry Ste Chaspoule :

De bonheur, par cette matinée froide et grise de début d'année, Ron comme tous les jours alla à la fenêtre de sa cuisine, ouvrit cette dernière et prit le journal que lui tendait le hibou. Il donna cinq noises et le hibou repartit dans un bruissement d'ailes. Cela faisait désormais deux ans qu'il était avec Luna Lovegood et le couple était venu s'installer ici il y avait à peine quelques mois. Ron était devenu joueur de quidditch professionnel comme il en rêvait depuis sa plus tendre enfance, et Luna travaillait comme journaliste au Chicaneur sous les ordres de son père. Leur routine leur convenait à tous les deux.

Sa chère et tendre débarqua d'ailleurs à ce moment-là dans la cuisine, en robe de chambre. Elle embrassa le rouquin et alla ensuite faire du café. Ron s'installa à une chaise de la table. Tandis que sa compagne lui versait une tasse, il en profita pour déplier le journal et lire les nouvelles du jour. Le roux commença à boire le liquide brûlant tout en lisant le titre…et manqua de s'étouffer en découvrant la une. Il reposa brusquement sa tasse et déplia entièrement le journal, les yeux exorbités sur l'image qui accompagnait les gros titres :

Attaque de mangemorts hier soir dans le Londres moldu

Sous ce dernier trônait une image d'une jeune femme brune âgée d'une vingtaine d'années. Elle était debout et dressait sa baguette face à un mangemort, alors que des moldus couraient dans tous les sens. Cette personne, il l'aurait reconnu entre mille…

L'ancien gryffondor releva la tête vers sa compagne, n'en croyant pas ses yeux.

"- Luna, fit-il d'une voix rauque en appelant cette dernière."

...

La blonde qui s'était assise sur une chaise à côté du rouquin reposa le journal sur la table, son compagnon avait les yeux dans le vide.

"- Je n'y crois pas, murmura-t-elle. Et... et tous ses gens morts, c'est affreux.

- Que faisait-elle là ? marmonna le rouquin à lui-même. C'est impossible, ce ne peut pas être elle."

A ce moment-là une détonation dans leur salon les fit sursauter. Ils n'eurent le temps de rien faire car la personne qui venait d'apparaître dans des étincelles vertes dans leur cheminé s'était aussitôt rendu comme une furie jusqu'à la cuisine. Ron ne protesta même pas devant l'intrusion subite de sa sœur.

"- Dites-moi que je ne rêve pas ! S'exclama Ginny Weasley en déboulant devant eux."

La rousse de vingt six ans était pleine de poussières et tenait entre ses mains un exemplaire de la Gazette du Sorcier. Elle avait l'air aussi perturbé que Ron et son amie.

"- Je ne sais pas Ginny, répondit ce dernier semblant reprendre contact avec la réalité, puis plus fermement : Cela doit être la pagaille au ministère, je m'y rends tout de suite.

- Je viens avec toi, lança sa sœur sans hésitation, alors que son frère se dirigeait vers l'entrée, enfilant un manteau à la hâte.

- Mais ton entraînement ? Fit Luna qui les avait suivis.

- Je prends ma matinée, l'entraîneur comprendra, je reviens ce soir ma chérie, lui dit le rouquin en l'embrassant rapidement.

- Vous me tiendrez au courant au moins ?

- Compte sur moi Luna, répondit la rousse en posant une main sur le bras de Ron, je t'envoie un hibou dès qu'on aura du nouveau."

Puis son frère transplana directement à Londres avec elle. Luna, tenant toujours entre ses mains l'exemplaire regardait ébahie l'image ou la jeune femme lançait et relançait le sort destiné au mangemort.

"- Hermione... »

Chapitre 3

"- Bienvenue au ministère de la magie, résonna la voix féminine dans la cabine. Veuillez indiquer votre nom et l'objet de votre visite."

"- Ronald et Ginny Weasley, dit la rousse pressée, nous venons ici parler à un ami.

- Merci, répondit la voix de la féminine. Les visiteurs sont priés de…

- Mais tais-toi et dépêche-toi de nous faire descendre au lieu de nous baratiner !

- Ginny calme-toi, l'incita son frère alors que la jeune Weasley s'énervait contre le combiné.

- Et tu pourrais me dire pourquoi je devrais me calmer ? demanda-t-elle en appuyant sur tous les boutons qu'elle trouvait.

- Parce que d'une cette voix est enregistrée et deux il est inutile de s'énerver ! T'as déjà vu quelqu'un crier contre un félétone ?"

Sa sœur leva les yeux au ciel et Ron soupira tandis que le sol de la cabine téléphonique vibrait pour disparaître dans les profondeurs du ministère. Quelques secondes plus tard les portes de l'ascenseur se rouvrirent et les deux déboulèrent dans le hall d'entrée au milieu d'une foule de gens qui ne prêtaient pas attention à eux. Ils passèrent devant la fontaine de la fraternité magique et traversèrent l'immense hall où des gens émergeaient des cheminées pour se rendre à leur travail en cette heure matinale.

"- Est-ce que tu crois qu'il est au courant ? demanda Ginny alors qu'ils prenaient l'ascenseur menant aux différents étages.

- Bien sûr, assura son frère. Harry est le chef des auror. Il est toujours au courant de tout."

- Niveau deux, Département de la justice magique, Service des usages abusif de la magie, Quartier général des aurors, annonça la voix féminine.

- Ce n'est pas trop tôt, marmonna le rouquin alors qu'ils sortaient de l'ascenseur et s'engageaient dans le couloir avec d'autres employés.

- Ron, Ginny ! S'exclama Arthur Weasley soulagé en les voyant, vous avez vu la une ? Est-ce que vous avez reconnu comme moi..

- Oui, s'empressa de répondre son fils, tu n'aurais pas vu Harry par hasard ?

- Non.. Il n'était pas sur les lieux hier soir lors de l'attaque en plein Londres. Il était en mission à Bristol mais c'était apparemment une fausse piste. A l'heure actuelle il ne devrait pas tarder de rentrer d'Azkaban.

- Azkaban ? Fit Ginny, que faisait Harry là-bas ?

- Lui et ses hommes interrogent les prisonniers, pour avoir d'éventuelles informations sur ce que les évadés tenteraient de faire. Mais apparemment ils n'ont rien appris de plus de ce qu'ils savaient déjà.

- Comme s'il n'avait pas assez de boulot en ce moment, dit Ron. Il doit en plus revoir les détraqueurs.

- Quand je l'ai vu ce matin il n'avait pas l'air très enthousiaste à l'idée de les revoir, avoua leur père la mine sombre.

- Si c'est vraiment Hermione, qu'est-ce le ministère compte faire ? demanda Ginny inquiète.

- Hermione ou pas, le ministère a d'autres chats à fouetter pour le moment, même le service des usages abusifs de la magie est surchargé, elle n'a vraiment aucun risque de se retrouver face aux autorités pour expliquer sa conduite. Et puis tu as vu comme moi cette photo, c'était seulement un acte de défense, expliqua Arthur."

La rousse en fut soulagée.

"- Bon, je dois vous laissez les enfants, faites attention à vous, votre mère est déjà dans tous ses états à cause de ce journal..

- Dis-lui qu'elle n'a pas à s'en faire, dit Ron d'un ton qui se voulait rassurant, mais il échoua lamentablement."

Leur père acquiesça avant de les quitter. Ron et sa sœur se remirent en route sans attendre. Ils n'eurent pas le temps de saluer Tonks qui passa devant eux en coup de vent et arrivèrent enfin devant le couloir menant au quartier général des aurors. Là, ils aperçurent la personne qu'ils cherchaient.

Sortant du quartier général, Harry Potter s'avançait, ses cheveux noirs en bataille le distinguant parmi la foule d'employés. Le chef des aurors de vingt-six ans avait les traits tirés et semblait préoccupé.

Ron et Ginny pressèrent le pas et l'interceptèrent alors qu'il allait passer devant eux sans les voir.

"- Harry enfin ! S'exclama Ginny.

- Salut vous deux, fit le jeune homme étonné devant la tête qu'ils faisaient.

- On te cherchait partout vieux, est-ce que tu as vu ça ? demanda le rouquin perturbé en lui brandissant la Gazette du sorcier sous le nez."

Le brun regarda le journal et son regard s'arrêta quelques secondes sur la photo. Puis il releva la tête, l'air pressé.

"- Bien sûr que je l'ai vu, je te signale que c'est mon boulot d'être au courant de ce genre de choses, fit-il ennuyé.

- Heu... mais, tu as reconnu la personne sur la photo ?

- Évidemment, dit l'auror sèchement. Ecoutez, je suis désolé mais je dois y aller. Shacklebolt m'attend dans son bureau dans cinq minutes."

Ginny leva son regard vers Ron, interloquée.

"- Et c'est tout ? fit la rousse étonnée. Ça fait dix ans qu'on a plus aucun…

- Vous avez du nouveau ? Demanda Ron cachant sa déception. Est-ce qu'ils tentent de refaire comme la dernière fois ?

- C'est trop tôt pour le dire, fit le brun avant de s'en aller précipitamment.

- Bon, soupira Ron, on en saura pas plus pour l'instant. Il ne veut rien nous dire.

- Je n'y crois pas, on dirait qu'il s'en fiche, murmura Ginny."

La médicomage semblait en colère mais on pouvait voir que ses yeux brillaient de larmes contenues.

"- Je crois qu'on devrait en rester là pour le moment Ginny, même si c'est elle, elle ne veut sûrement pas être retrouvé... et elle ferait tout pour ça tu la connais, fit Ron."

Ginny se contenta de baisser la tête et d'approuver son frère.

- Sur ceux on a autre chose à faire, je dois aller à mon entraînement et toi à Sainte Mangouste.

- Tu as raison, on est tellement surchargé de travail avec les blessés depuis hier soir."

Son frère l'embrassa sur la joue avant de la quitter et rejoignit son travail. La jeune femme regarda un instant la tête rousse de son frère disparaître au loin dans le couloir. L'air perdue, elle se dit qu'elle devait informer Luna du peu d'informations qu'ils avaient découvert. La photo du journal semblait être la dernière préoccupation du survivant, actuellement.

Chapitre 3

"- La baguette ne vaut que par le sorcier qui s'en sert, vraiment ? demanda une voix d'homme."

La protection des plumes de phénix jumelles n'était plus qu'un souvenir, et ça, on pouvait clairement le sentir au ton accusateur pourtant dissimulé du survivant.

"- Harry, je suis désolée, émit la voix couinante d'Hermione en essuyant les larmes sur ses joues, tellement elle se sentait coupable d'être la responsable de la destruction de sa baguette."

En désespoir de cause, elle avait tenté d'expliquer à son amie qu'une baguette magique pouvait très bien être remplacée par une autre.

"- Tu n'as jamais sentie Hermione.. tu ne l'as jamais sentie pivoter dans ta main comme l'aiguille d'une boussole, ni projeter des flammes d'or vers un ennemi, dit-il avec morosité. Je me suis toujours fié à elle comme tu te fis à tes livres. Sauf que toi tu peux en conserver les connaissances, moi je n'ai plus rien.

- On trouvera un autre moyen, je te le promet.."*

Ce matin là, étrangement, Hermione émergea doucement de son rêve en ouvrant les yeux, encore embrumé par le sommeil salvateur dont elle s'estimait chanceuse d'avoir pu bénéficier; malgré le cauchemar de la veille encore trop frais qu'elle avait vécu en pleine conscience, dans un coin de la ville désormais détruit et surement en proie aux interrogations.

Elle n'osait penser aux conséquences des actes barbares et de natures magiques qui avaient été dévoilé, et pire, démontrés en pratique à des moldus qui n'avaient jamais su que la magie existait jusqu'ici. Les oubliators (un terme qui surgit sur l'instant dans son esprit avec une facilité étonnante) avaient-ils une chance de rattraper tous les dégâts qui avaient plongé un monde jusqu'ici ignorant dans la terreur d'une force dont la maîtrise et la connaissance leurs échappaient ?

Est-ce que la magie avait-elle encore une chance de demeurer cachée ?

Elle pria pour que ce soit le cas. De toute façon, elle le découvrirait bien assez tôt.

Tellement secouées par les événements, Hermione avait proposé à son amie de dormir chez elle. L'idée de se rendre au travail comme tous les jours ne les tentaient ni l'une ni l'autre. Chacune aimaient pourtant leur travail, pour différentes raisons. Evanna pouvait exprimer à loisir son côté artistique indispensable à son équilibre et Hermione.. eh bien, c'était Hermione ! Une carrière où l'intellect prédominait lui semblait logique. Même en dépit de cette légère frustration qui la taraudait parfois en sachant que ses articles n'avaient pas de réelles conséquences et ne faisaient pas bouger grands choses, mise à part dans l'esprit des lecteurs qui les lisaient. Peut-être. Si ses ambitions d'adolescentes n'avaient pu se concrétiser, Hermione y trouvait également son propre équilibre.

Un équilibre qui se retrouvait au final définitivement perturbé depuis qu'elles avaient échappé à ce massacre quelques heures plus tôt.

Raison pour laquelle sa première action avant même de réveiller Evanna, qui dormait encore profondément dans le lit à côté d'elle, fut de se glisser hors des draps avec le plus de douceur possible et de se diriger vers le salon, où la télé était restée allumée. Aucune des deux n'avaient réussi à trouver le sommeil facilement après ce qu'elles venaient tout juste de vivre, et elles étaient restées en silence de longues heures devant, avant d'aller se coucher l'une après l'autre. Hermione n'aurait pu négliger le fait que la présence de sa meilleure amie avait eu l'heureuse conséquence de lui éviter les cauchemars qu'elle redoutait tant de revivre en boucle dans son sommeil.

Récupérant une veste qui trainait sur le chemin qui séparait la chambre du salon où elle se trouvait maintenant, elle l'enfila tout en vérifiant par la fenêtre que ses voisins (incroyablement curieux et qui ne manquaient jamais de jeter des coups d'oeil souvent indiscrets par leur fenêtre) n'étaient pas encore debout. Elle perçut le bruit du vent frais qui soufflait calmement à travers sa fenêtre et constata à quel point il contrastait avec la panique qui devait désormais secouer la ville toute entière.

Par réflexe, Hermione pensa à l'aberrante et soudaine cruauté de son métier qui allait certainement l'obliger à devoir traiter le sujet dans un des prochains articles. Son manège de la dernière fois ne suffirait pas face à son patron sur ce coup, et il n'allait surement pas tolérer une fois encore qu'elle se dérobe à la tâche qui était habituellement la sienne.

Observant un instant le vaste ciel gris surplombant la ville par delà la vitre, elle se rendit compte qu'elle plantait beaucoup trop fort ses ongles dans ses bras qu'elle avait croisé pour se protéger du froid qui l'avait envahit en s'extirpant de la chaleur de son lit. Elle les desserra doucement et se détourna de la vue, se forçant à ne pas laisser la douleur de son passé s'emparer d'elle à nouveau.

Et pour mieux se concentrer pleinement sur ce qu'elle avait prévu de faire en ouvrant les yeux ce matin.

Partir à la quête de son illustre et autrefois fidèle alliée qui demeurait cachée quelque part dans son appartement, et qu'elle n'avait plus revu depuis son ancien déménagement, lorsqu'elle avait quitté sa chambre étudiante pour s'installer à Londres. Pour des raisons qui lui restaient complètement obscures, elle l'avait vu émettre à sa plus grande stupéfaction des crépitements dorés si fort et si bruyants qu'Hermione avait craint qu'Evanna et son petit ami de l'époque, un dénommé Dean -qui l'avait aidé ce jour là à transporter les cartons et meubles- ne les voient eux aussi.

Sa surprise ne s'expliquait pas uniquement à la magie qu'elle avait vu se rejouer sous ses yeux alors qu'elle en avait perdu l'habitude, mais bien parce qu'elle n'aurait jamais imaginé que sa baguette magique aient pu lui donner un jour la sensation de se sentir tout aussi abandonnée que le monde qu'elle avait laissé derrière elle. Comme si un lien inexplicable les reliaient.

Et elle avait recalé dans un coin de sa mémoire qu'elle l'avait réutilisée une dernière fois. En sentant une euphorie mêlée d'appréhension pour jeter un charme destiné à protéger son nouveau lieu d'habitation, sa baguette et elle ne faisant plus qu'une, comme si ce bout de bois était une extension de son bras. Cette impression instinctive lui avait peur, elle qui ne prenait en compte que la rationalité de la chose.

Ce n'était qu'une baguette en vigne refermant en son sein du ventricule de dragon, si ces souvenirs étaient exactes. Ce qu'elle s'était résignée à nommer un bout de bois sans plus aucune importance avait eu l'air de la réprimander avec une colère palpable lorsqu'elle avait pris dans ses mains le sac en perles violet et qu'elle l'avait enfouit à l'intérieur. La jeune femme s'était tout aussi rapidement empressé d'enfouir au plus profond d'elle le sentiment de culpabilité qui en avait résulté. Sa baguette n'avait pas bougé depuis. Bien qu'Hermione avait parfois l'impression d'entendre de temps en temps ce bruit sonore et magique qu'elle avait pu identifier, elle se disait que ça ne devait être que son imagination qui lui jouait des tours.

Elle revoyait parfois en rêve les aventures qu'elle avait dû vivre en même temps qu'elle. Hermione revivait le désarrois qui l'avait submergé lorsqu'elle l'avait égaré dans ce manoir où l'une des plus folles et dérangées adeptes de Voldemort l'avait torturé, plus par simple plaisir que pour obtenir des confessions capitales pour son camp. Mais elle revivait aussi l'espoir et la joie qu'elle avait ressentit au moment où elle lui avait été remise contre toute attente quelques jours après; par un jeune mangemort qui venait tout juste de renier son camp. A l'époque, Hermione lui en avait été infiniment reconnaissante, et un ancien ennemi d'école avait ainsi gagné en estime et en considération à ses yeux.

Mais tout ça, c'était loin.. et devait le rester le plus possible; si elle le pouvait encore. Elle avait suffisamment d'entêtement pour ça, aucun doute la dessus. Mais pas suffisamment pour se comporter comme une idiote et ne pas se munir de la seule protection qui pouvait la protéger, elle pensait également à Evanna.

Elle aurait été trop bête de ne pas récupérer ce vieux sac en perle qui restait dissimulé à la connaissance de tous (y compris son propriétaire) sous une latte du plancher en plein milieux de son salon.

Assise à genoux et les cheveux plus emmêlés que jamais, Hermione souffla sous la force qu'elle avait dû employer pour soulever la latte qui était restée trop solidement fixée au sol, bien que ce fut purement intentionnel de sa part. Le plancher grinçait suffisamment à cet endroit là lorsque l'on y marchait à la base, pas la peine d'en rajouter d'avantage. Sa main récupéra le sac remplit de poussière qu'elle épousseta tout d'abord, et qu'elle le posa ensuite sur ses jambes en défaisant précautionneusement le lacet qui le fermait.

Hermione inspira en dégotant après quelques secondes la baguette en bois qui l'avait désignée elle-même en premier lieu, chez Ollivander, lorsqu'elle avait onze ans. Ollivander. Encore un nom qui resurgissait avec une facilité déconcertante. Aussitôt que ses doigts entrèrent en contact avec que des crépitements fusèrent dans tous les sens.

"- NON !"

Hermione sursauta si fortement qu'elle en perdit légèrement l'équilibre tout en bondissant à la fois en arrière. Elle pinça les lèvres et fronça les sourcils en se redressant, et ne reprit la baguette dans sa main qu'une fois que cette dernière stoppa son feu de joie sonore. Elle resta quelques instants ainsi, assise au milieu de son salon à contempler cet instrument qu'elle avait utilisé de nombreuses fois en cours. Malheureusement, elle avait aussi dû combattre avec.

"- Maintenant, je peux imaginer ce que le roi Arthur a ressentit au moment où il a retiré excalibur du rocher où elle était plantée, commenta la voix surgissante d'Evanna à quelques mètres d'elle."

Hermione leva les yeux vers la silhouette de la moldue accoudée à la porte de sa chambre, encore en pyjama. Evidemment, cette dernière n'avait pu s'empêcher d'assister au spectacle, surement réveillée par les bruits. Evanna arrêta ses plaisanteries en apercevant l'air de son amie qui semblait bouleversée même si elle tentait de le cacher derrière une apparence sérieuse et ô combien trompeuse.

"- C'est juste au cas où, dit la sorcière à voix basse en tâchant de reprendre le contrôle de sa baguette."

Un coup d'oeil vers la moldue lui confirma ce qu'elle savait déjà. Et elle eut même un léger sourire, même si avoir à récupérer l'objet pour s'en servir ne lui plaisait toujours pas.

"- S'il te plais, la pria Evanna d'une voix enfantine."

Hermione leva les yeux au ciel et céda. D'un geste souple, elle agita sa baguette magique et murmura le sort correspondant pour replacer la latte du plancher à sa place, nettoyant au passage la poussière qu'elle avait occasionnée.

Chapitre 3

Une fois sorti du bureau du ministre, Harry retourna au quartier des aurors pour aller à son propre bureau. Sur son chemin il croisa Malefoy qui était lui aussi auror et par la même occasion, sous ses ordres.

Peu avant la fin de la guerre, Drago avait renié son camp et rejoint l'ordre du phœnix en fournissant des informations sur les activités du Lord. Peu à peu il avait noué des liens d'amitié avec Harry mais le reste de la famille Weasley n'en avait pas fait de même, en particulier pour Ron qui n'avait pas vraiment pardonné à son meilleur ami de 'sympathiser' avec un mangemort. Seule Hermione à l'époque avait fait quelques efforts avec ce dernier.

"- Alors Potter, que t'as dit le ministre ? demanda-t-il en s'avançant vers lui l'air concerné.

- Shacklebolt nous attend dans son bureau dans une heure, tout le monde doit être là, annonça Harry. Il veut prendre d'autres mesures.

- Ce qui veut dire qu'on a encore du pain sur la planche, fit remarquer le blond.

- On se plaindrait de faire des heures supplémentaires Malefoy ? demanda le brun l'air narquois.

- Non, et je compte bien en faire jusqu'à ce que je retrouve.. Lucius, fit Drago l'air absent.

- Bien sûr, lui assura Harry en retrouvant son sérieux. On se retrouve dans une heure.

- Très bien."

Le blond continua son chemin et Harry se rendit au QG. Une fois dans ce dernier il prit sa veste qui trainait non loin de la porte de son bureau, et s'apprêta à en ressortir rapidement. Une bonne bouffée d'air frais lui semblait nécessaire pour évacuer tout ce qu'il avait emmagasiné dans la journée. Il avait une heure devant lui, remplies de possibilités. Peut-être passerait-il faire un tour à l'entrainement de son meilleur ami ? Il y avait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de faire un tour en balais. Quand il passa devant le bureau de Tonks, il n'aperçu pas le regard préoccupé de la métamorphomage qui l'interpella en voyant son air.

"- Où vas-tu Harry ? lui demanda-t-elle étonnée.

- Je reviens, je ne serais pas longs, fit ce dernier en guise de réponse.

- Remet ta balade à plus tard, il y a quelqu'un qui veut te voir.

- Quoi ? demanda t-il sèchement, pris de court alors qu'il enfilait un long manteau moldu. Qui ça ?"

Il n'avait plus aucun rendez-vous de planifié avant la réunion dans le bureau du ministre.

"- A ton avis ? questionna t-elle d'un air entendu en penchant légèrement la tête sur le côté."

Harry comprit aussitôt où elle voulait en venir, ou plutôt à qui, et dû retenir un soupire en retirant sa veste.

"- Ton bureau est juste à côté de ma porte et tu ne l'as même pas empêché d'entrer ? demanda t-il, excédé.

- Disons que je n'ai pas essayé.. répondit la sorcière sans la moindre gêne."

L'auror ne répondit rien et revient vers son bureau, légèrement sur les nerfs.

Chapitre 3

"- Que faisait-elle là, à ton avis ? demanda son ami avec un sérieux inhabituel.

- Je n'en sais rien, Ron, répondit Harry soucieusement, les yeux rivés sur l'article et la photo animée représentant la sorcière."

Ronald Weasley faisait face au bureau de son meilleur ami, les mains posés sur ce dernier alors que le survivant siégeait confortablement à sa place sur son fauteuil. Certain aurait pu confondre son attitude détaché avec de la négligence, mais Ron seul savait qu'il n'en était rien.

Du moins, c'était ce qu'il croyait.

"- Ca va faire dix ans cette année.. lui rappela le rouquin, comme s'il mentionnait une sorte de date d'anniversaire funèbre.

- Ca fait un moment que j'ai cessé de compter, répliqua Harry qui restait toujours sur la réserve, même si son regard brillait d'une étrange lueur."

Le regard de Ron avait quand à lui quelque chose de plus enfantin, de presque boudeur. Il se détourna du bureau et se dirigea vers un coin de la pièce pour se servir un verre de rhum mis à disposition. Harry le laissa se servir à sa guise, bien que lui n'en buvait que rarement, mise à part lorsqu'il recevait des membres importants du ministère. Il n'aimait pas vraiment ça.

Apparement, il n'en était pas de même pour son ami. Ron revient vers lui en avalant une gorgée.

"- Tu aurais vu la réaction de Ginny, ce matin.. confia t-il en semblant désigner quelqu'un derrière lui avec son verre.

- Je l'ai vu, lui assura l'auror en acquiesçant."

Un léger silence s'établit momentanément entre eux, entretenue par une sorte de malaise.

"- .. Tu te souviens du pari qu'on avait fait ? demanda t-il en étudiant le fond de son verre."

Il fronça des sourcils, cherchant à se remémorer avec difficulté d'un souvenir en particulier.

"- Le premier à la retrouver.. commença t-il en relevant ses yeux vers ceux de son meilleur ami, à la recherche d'un soutien.

- Je doute qu'on puisse garder un quelconque souvenir de cette soirée. On avait beaucoup trop bu pour ça..

- Ouais.. sans doute, admit Ron en baissant le regard.

- ...

- Maman disait que le plus dure devait être pour moi, tu sais, continua t-il. Vu que j'étais.. heu.. eh bien.. tu sais ?"

Un mince sourire s'étira sur les lèvres d'Harry pour la première fois. Oui, tout le monde se souvenait des sentiments pour Hermione que Ron semblait vouloir taire. Cela faisait dix ans et il rougissait toujours en y pensant.

"- Enfin, pas que ce soit toujours le cas ! précisa t-il aussitôt alors qu'Harry levait vers lui son regard amusé. Maintenant que je suis avec Luna..

- Je sais vieux. T'en fais pas, le conforta le sorcier face à lui."

Hermione appartenait au passé. Pour lui aussi à vrai dire..

"- Mais le plus difficile, ça a dû être pour toi.. finit par dire Ron à voix basse. Tu n'as jamais pu lui dire la vérité sur ce qu'il s'est passé."

What about the world today ?
What about the place that we call home ?
You keep talking but it makes no sense,
You say we're not responsible, but we are.

(Ana Johnson, We are)


* souvenir inspiré par les pensées d'Harry dans le 7ème tome.