Plus que neuf chapitres avant la fin, je vais tenter le possible pour ne pas trop vous faire patienter d'ici là :) Et dire que j'ai débuté cette fic en 2009 :o J'ai presque l'impression qu'il s'agit du siècle dernier tellement j'ai été lente à publier... Bref, trêve de blablas et place au texte ^^
Merci pour les reviews comme d'habitude, dieu sait qu'elles sont encourageantes.
Bonne lecture..
Chapitre 24 : La fosse aux serpents
Une langue de feu rougeâtre jaillit de la baguette de l'enchaîneur, qui s'entortilla tel un serpent autour de leurs mains jointes. La sienne tremblait à l'idée des horreurs qu'elle allait jurer de commettre. Des clauses qu'elle devrait accepter contre son gré, sinon ce serait sa famille qui en paierait le prix pour sa désobéissance.
« - T'engages-tu, Hermione Granger, de livrer Harry Potter au Seigneur des ténèbres, pendant qu'il tentera d'accomplir sa mission ?
- Je m'y engage.. »
...
Drago Malefoy était le seul auror parmi l'élite à ne pas être partit à Poudlard pour assurer sa protection, et il ne voyait aucun inconvénients à cela. L'union de la belette avec sa promise n'était pas au centre de ses préoccupations. Devant lui se dressaient des articles de journaux, des portraits de personnes recherchées, des cartes et d'autres papiers encore. Toute la surface du mur en était pleine. L'ex serpentard retourna à son box et saisit la fiole de potion en cuivre sur son bureau. Celle qu'il avait trouvée au bord de la forêt de Camall avec le M inscrit dessus. On disait souvent qu'un Malefoy ne se ferait jamais surprendre sur la scène d'un crime, mais que la baguette du responsable porterait bien souvent ses empreintes. Même s'il ne s'agissait là que d'une simple potion, cette dernière requérait d'une composition assez complexe. Son père devait l'avoir utilisé afin de pénétrer dans le monde crée par Voldemort..
La gorge du sorcier se serra lorsqu'il se souvint d'une précision monstrueuse du jour où il avait commencé à voir son père sous un angle différent. Avant sa rentrée en septième année lorsque lui-même avait surpris Hermione Granger occupée à les espionner lui et les mangemorts. La jeune gryffondor n'était pas la reine de la discrétion en ce temps, quoi que lui était un fin observateur. Elle n'aurait pas eu beaucoup de chance de lui échapper. Drago l'avait déniché et faite prisonnière au coin d'une rue. À l'époque il en avait éprouvé une satisfaction idiote et malsaine. Aujourd'hui, il prenait pleinement conscience de ce qu'avait été la pire erreur de sa vie.
Tout bon Malefoy qui se respectait savait comment tirer profit d'une situation, qu'elle que soit la nature de celle-ci. Ainsi, lorsque le jeune homme avait remis Hermione aux mains de son mangemort de père, Lucius avait exigé d'elle qu'elle se joigne à lui afin de pratiquer un serment inviolable..
Et lui Drago Malefoy, avait fait office d'enchaîneur.
Chapitre 24
« - Comment dit-on déjà ? Ah oui ça y est... Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.»
A vrai dire, elles ne l'étaient point.
Ron trouva enfin ce qu'il était venu chercher dans la chambre de son meilleur ami. Déballant maladroitement la carte du maraudeur, il se mit en quête de deux noms. Harry et Hermione. Un fantôme l'avait prévenu qu'une dispute avait éclaté entre eux il y avait une demi-heure de ça et qu'ils s'étaient enfermés dans une salle de classe. Pas qu'une telle chose l'étonnait. Cela devait arriver un jour où l'autre. Ron avait bien remarqué qu'ils avaient pris sur eux durant tout ce temps, se contentant de se lancer des remarques acides ou blessantes, parfois les deux. Ils s'étaient évités autant que possible, mais même les couloirs de ce château semblaient être devenus trop étroits pour eux. A moins qu'ils ne souhaitaient plus s'éviter sans cesse faisant comme si de rien n'était. Pour tout dire, Ron ignorait ce qu'ils les avaient poussés à bout l'un contre l'autre cette fois. Pourtant, l'explosion était là, et il ne savait pas si l'issue en serait bonne ou mauvaise.
Ce fichu moine de poufsouffle n'avait pas précisé à quel étage cependant. Tant pis, il chercherait à travers toute l'école s'il le fallait. Poussant un soupire d'exaspération, l'ancien gryffondor replia le bout de papier ensorcelé et le rangea dans la poche arrière de son jean, au cas où il aurait de nouveau à s'en servir.
Sur son passage les personnages dans les portraits chuchotaient nerveusement, il semblerait que leurs cris rompaient le calme apaisant de l'endroit si peu fréquenté en ces vacances scolaires.
C'est en remontant le couloir du premier étage qu'il les perçut enfin.
Mieux valait que nul n'aille alerter McGonagal du vacarme qui régnait dans cette partie de son établissement, car il pariait son meilleur balais qu'elle ne l'aurait jamais toléré. Il fut un moment déstabilisé de constater la véhémence qui ponctuait leurs paroles.
L'ancien rouge et or arriva devant la salle de classe où les cris résonnaient, et décida d'y entrer après une brève hésitation.
Il était inutile de toquer aux carreaux de la porte. Harry et Hermione se disputaient avec une telle violence qu'ils n'avaient même pas remarqué la présence du rouquin. Comme par habitude, Ron fit quelques pas vers eux et se posta sur une chaise en attendant qu'ils terminent. La même chose s'était déjà produit un million de fois dans le passé lorsqu'ils étaient élèves. Quand ces deux-là étaient plongés dans de profondes discussions, disputes où non il était rare que le garçon pouvait en placer une. Ron se contentait d'attendre le moment propice où il pourrait prendre le partit de l'un ou de l'autre.
Mais là, le problème était plus cornu que ça. Se ranger d'un côté ne servirait à rien car il n'était nullement concerné, bien qu'il craigne devoir intervenir s'ils en venaient aux baguettes. Hermione paraissait sur le point de fondre en larmes, ce qui n'empêchait pas Harry de répandre son venin sur elle en lui rabattant les oreilles. Dans un élan d'impulsion, ce dernier avait apparemment projeté contre le tableau une fiole de liquide s'étant brisée sur le coup, laissant s'échapper la substance argentée qui coulait le long du tableau. Ron doutait qu'Hermione ait pu faire un tel geste, ça ne lui ressemblait pas.
« - Tu es partie pour ÉCHAPPER À LA MORT ! Tonna le survivant. C'est donc ça que tu tenais à me faire comprendre ? Qu'est-ce que tu crois, que je n'ai pas cherché à comprendre les raisons qui t'ont poussée à tout quitter alors que le monde était enfin en paix ? Alors qu'on aurait pu y vivre ensemble ? Putain.. Tu as fait ton choix en décidant de continuer seule ton chemin, comme un grande. Mon amitié tu peux te la mettre où je pense, tu t'en es très bien passé pendant onze ans, alors tu peux faire sans encore un moment ! »
Sur ceux, l'homme lui tourna le dos et vint abattre brutalement le plat de ses mains sur le bureau professoral, mettant ainsi un terme à la dispute. De toute façon, ce n'est pas Hermione qui aurait répliqué. Elle semblait s'être résignée à garder le silence. Ron observa ahuri son meilleur ami tenter de reprendre son souffle, complètement sorti de ses gonds, ce qui ne lui arrivait que rarement.
Défaite, Hermione ne parvenait plus à sortir un seul mot et gardait ses yeux rivés sur la silhouette de l'ex-gryffondor qui ne voulait plus lui faire face, sur ses épaules contractées par une colère qu'il essayait en vain de contrôler, sur ses cheveux ébourriffés. Mais si elle ne pouvait pas parler elle ne put retenir un sanglot. Ce que Ron ne supporta pas car il ouvrit la bouche pour prendre la parole.
Mais étant donné que le brun ne lui en accorda pas cette opportunité, il la referma vaincu.
« - Kréatur ? Appela l'auror en tournant la tête d'un côté, essoufflé de s'être ainsi égosillé. »
L'elfe de maison apparu dans la classe, près du tableau noir. Harry pivota vivement vers lui, ses yeux verts brillant intensément à travers ses lunettes.
« - Le maître a appelé Kréatur, fit l'elfe d'une voix lasse.
- Récupère le souvenir que j'ai fait tomber et place-le dans la malle, ordonna-t-il.
- Tout de suite, maître. »
La petite créature s'exécuta aussitôt et jeta un sort à la fiole qui revint à son état d'origine. Il vint ensuite placer le souvenir à l'intérieur en prenant mille précautions. Qu'Hermione ne relève pas d'objection face à cela indiquait bien la gravité de la situation.
Évidemment, Ron ne comprenait pas grand-chose à tout ça.
« - Un souvenir.. Un souvenir de quoi au juste ? Interrogea-t-il enfin. »
Tout le monde se tourna vers lui, étonné. On venait seulement de se rendre compte qu'il était là.
« - Oui, affirma ce dernier amer. Au cas où vous ne l'auriez remarqué, je suis là depuis un petit moment maintenant, à vous entendre vous lancer des horreurs à la figure.. »
Aucun des deux ne sut quoi répondre. Le roux ne les reconnaissait plus. Déçu de leur comportement, il se leva. Hermione entama un pas vers lui, devinant qu'ils n'étaient plus seulement deux à être à bout dans cette pièce.
« - Ron, commença-t-elle d'un timbre cassé et légèrement aigu.
- Pas la peine de me suivre, je connais le chemin...»
Et pour preuve, il jeta la carte du maraudeur sur une des tables avant de tourner les talons. Bien qu'il aurait apprécié exiger qu'on lui apporte quelques explications. La seule chose à comprendre, c'était que le trio d'or ne serait plus jamais ce qu'il avait été auparavant.
Chapitre 24
Percy n'avait plus de doutes. La créature était venue pour lui. Cette dernière volait en cercles au-dessus de sa tête tel le mauvais présage qu'elle incarnait, n'attendant qu'un ordre pour attaquer et fondre sur sa proie. Il baissa la tête, ne supportant plus le spectacle macabre du vautour, alors que le vent marin qui sévissait sur le minuscule port ne semblait pas entraver ses mouvements.
« - S'il vous plaît, gémi l'homme d'une voix faible, ses mèches rousses tombantes sur son visage sale et maculé de sang par endroits. Je suis sûre qu'on peut trouver un arrangement..
- Trop tard, répliqua son persécuteur qui balançait une arme blanche d'une main à l'autre. Tu m'as surpris à un moment où tu n'aurais pas dû, et tu vas aller le raconter.
- Je vous jure que non, assura l'autre douloureusement tandis que l'homme pointait le poignard dans sa direction. Arrêtez ce maléfice, je vais mourir..
- Mourir ? Demanda-t-il étonné. Que diable, il en est hors de question ! La mort n'est pas la pire chose qui puisse arriver à un homme.
- Au point où j'en suis, rien de pire ne peut m'arriver, remarqua le prisonnier.
- À ta place je n'en serais pas aussi sûre... cher ministre. Sais-tu ce qui m'est arrivé de pire à moi ?
- N'y voyez pas d'offense, mais je m'en fiche un peu en ce moment même..
- Tant pis, je vais quand même te le raconter. J'ai été abandonné par mes parents biologiques, expliqua l'homme. Vois-tu, tout comme toi ils m'avaient surpris un jour à faire de vilaines choses avec la magie, sur des animaux.. Au lieu de me cloîtrer dans ma chambre ou bien de me punir de dessert, ils ont choisis de m'ôter tous mes pouvoirs.. Sais-tu le vide que la magie provoque lorsque l'on en est dépossédé à un âge si tendre et précoce ?
- On vous a supprimé vos pouvoirs ?
- Oui.. On m'a coupé les ailes autrement dit, approuva le mangemort en venant s'accroupir devant lui, à hauteur de son visage. J'aurais nettement préféré le sort que tu vas recevoir d'ici peu, mais malheureusement, ces détraqueurs ne sont d'aucun effets sur moi.. »
Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé..
« - Vous ne m'en voudrez pas si je n'en demande pas la raison ? Questionna le roux à voix basse, sentant sa fin imminente.»
Cette sensation était des plus terrifiantes.
Pour toute réponse le tortionnaire gloussa d'un air névrosé. Percy releva la tête en essayant de paraître fière, il pouvait au moins mourir dignement. Il tenta de se redresser sur le mât du bateau contre lequel il restait solidement attaché. Tout compte fait, il n'allait pas mourir. Non.
Aujourd'hui, il perdrait son âme.
Résigné, il décida d'utiliser le laps de temps qui lui était offert pour éclaircir certain détails qui ne lui servirait sûrement pas à grand-chose là où il irait. Bonne question d'ailleurs : Où irait-il ? Qu'adviendrait-il de son âme ? Disparaîtrait-elle dans les tréfonds du néant ?
Que resterait-il de lui après le baiser du détraqueur mise à part une enveloppe vide, et une femme beaucoup trop jeune pour devenir veuve ?
Trop de questions angoissantes. Trop de réponses désolantes.
« - Pourquoi faites-vous cela ? Demanda-t-il, sa gorge se serrant en sentant déjà un froid anormal l'envahir.
- Allons, je te l'ai déjà dit. Tu m'as surpris à Sainte Mangouste dans la chambre du ministre en m'empêchant de terminer ma mission.
- Pas ça.. Râla légèrement Percy. Pourquoi êtes-vous de leur côté ?
- Les mangemorts ? Comprit l'homme subitement. Oh ! Eh bien, c'est très simple.. Grâce à eux, je retrouve peu à peu ma source magique que je pensais évaporée à jamais. »
Uniquement la magie noire permettait une telle chose. Tout prenait sens. Bien qu'il ne sache pas comment l'homme arrivait à se faire obéir de cette chose là-haut.
« - D'autres questions ? Demanda ironiquement l'homme en se relevant pour aller s'appuyer sur le bastingage.
- Non je ne crois pas, répondit Weasley en déglutissant.
- Bien, fit ce dernier d'un air satisfait.»
À l'image du froid qui se renforçait autour d'eux, le sang de Perceval Weasley se glaça dans ses veines. Il eut une dernière pensée envers sa famille, pour sa femme Audrey, et ses deux filles Molly et Lucy. À quel point il les aimait. Et finalement, il s'aperçut qu'il avait fait un piètre ministre le peu de temps que cela avait duré. Jusqu'au bout, il échouait à protéger le pays qui avait été rien qu'un moment à sa charge.
L'homme à côté de lui leva la tête et sonda les nuages, où l'ombre s'y trouvait toujours. Il vit qu'elle s'impatientait. Comme si elle avait flairé son consentement, cette dernière tourna brusquement son aspect humanoïde vers lui. La fissure qui lui servait de bouche s'élargit, et un râle se fit entendre.
Percy garda les yeux ouvert pendant que le monstre fondait sur lui. Il aurait dû considérer les conseils de Rémus avec plus de sérieux.
Le rôle qui lui avait été attribué était bel et bien un piège. Lui qui était parvenu au sommet de tout, il allait maintenant atterrir les pieds dans la fosse.
Chapitre 24
Ni Hermione ni Harry n'avait parlé après cela. La tension était retombée d'un coup, et les deux étaient tellement remplis de honte qu'ils n'osaient plus se regarder. Leur haine commune les avait rendus aveugle sur la seule chose qu'ils gardaient encore en commun.
Ron.
À une semaine de son mariage, eux paraissaient trop occupés à se déchirer l'un et l'autre qu'ils en oubliaient le plus important. L'événement primordial qui allait bientôt avoir lieu entre ses murs. L'un des plus importants dans la vie d'un sorcier comme celle d'un moldu, ses deux meilleurs amis le lui gâchaient.
Ils décidèrent d'un accord tacite de ne plus se parler.
Ils en étaient venus à un arrangement bien plus efficace que n'importe quel serment inviolable, car les clauses qu'ils s'engageaient à tenir leurs convenaient parfaitement à tous les deux.
Sous le joug de toutes ces émotions et ces regrets, Hermione fut la première à quitter la vaste pièce. Elle se rendit dans le parc. Il était presque midi et le soleil s'obstinait à rester caché derrière les nuages. Elle s'orienta en direction du lac, vers le saule où elle s'était rendu tant de fois avec ses amis lorsqu'elle étudiait encore ici. Ils y passaient des après-midi ensoleillés à finir leurs devoirs. Elle s'assit au bord du lac, tâchant de contenir le tremblement de ses jambes, et enroula ses bras autour de ses genoux.
Le regard perdu dans le vide, Hermione se demandait comment ils avaient bien pu se réduire à ça ?
Elle avait eu l'espoir que lui dévoiler ce qu'il s'était passé aurait permis d'apaiser les tensions entre eux. Mais Harry paraissait avoir mis de côté toute once de tolérance. Il lui avait aussitôt reproché de lui avoir omis ce fait à lui et à Ron. Hermione ne s'était pas gênée pour lui remémorer qu'eux deux en avaient fait autant. Elle lui avait ensuite juré qu'elle n'aurait jamais pu le livrer à Voldemort, mais qu'elle ne pouvait rien divulguer. Hermione à l'époque savait qu'elle n'allait pas respecter le pacte et qu'elle était condamnée à la sentence implacable qui résulterait de sa trahison, c'est à dire la mort. Et elle s'était préparée durant des mois à l'idée de ce sacrifice si cela aurait permis de sauver son ami. Mais Lucius l'avait vite compris lorsqu'elle s'était fait torturer dans le salon des Malefoy. Et il avait décidé de régler le solde en s'en prenant à ses parents en contrepartie, Avery se chargeant de la salle besogne. Sa dette s'était effacée en même temps que leur vie.
Pour finir, elle avait avoué qu'elle ne s'était pas enfuie après la fin de la guerre pour sauver sa peau, mais parce qu'elle s'en voulait de ce serment qui avait entraîné la destruction inévitable de sa famille. Voilà le fin mot de l'histoire, celle l'ayant fait renoncer à la magie pendant plus de dix ans. Tout avait été dit, mais pourtant Harry était resté obstinément sourd à son récit. Et à présent, les doutes qu'elle nourrissait envers lui n'en étaient que plus solides.
L'ancien Harry n'aurait jamais agit de la sorte. Comment avait-elle pu lui faire confiance en lui confiant son souvenir le plus lourd ? Maintenant que la fiole était entre ses mains, qu'allait-il en faire ?
Chapitre 24
Avoir un frère pour ministre de la magie procurait parfois des avantages non négligeables. Comme par exemple lorsque l'on voulait organiser son mariage dans un endroit éloigné de tout et qu'il n'y avait plus aucun transports pour s'y rendre. Une seule lettre et l'affaire était réglée. Et si vous pensez que Ron abusait légèrement de la situation, vous conviendrez dans ce cas que sa famille le méritait plus qu'aucune autre. Les Weasley avaient toujours eu le cœur sur la main, il était normal après tout qu'on leur rende l'appareil un jour ou l'autre.
Quelques jours avant le mariage le plus médiatisé dans les journaux sorciers, les transports posaient un véritable problème dans tout le Royaume Uni. Les sorciers devaient utiliser le moins possible le transplanage pour se rendre à leur travail. Le réseau des cheminées avait été condamné et rares étaient ceux qui possédaient une voiture. Pour les sorciers réfractaires aux moyens de locomotion moldus, vous imaginez à quel point le quotidien devait paraître difficile.. Le magicobus avait stoppé toutes activités sous ordre du ministère. Certains pensaient que ces décisions étaient toutes bonnement ridicules, et ils avaient peut-être raison. Allez savoir.
Quand pour se rendre à Poudlard l'histoire devenait mille fois plus compliquée. Le Poudlard Express avait rejoint la liste des transports interdits pour la sécurité du territoire. Seuls les aurors avaient l'autorisation de transplaner au-delà de la protection de l'école. Pour le reste, ne restaient donc que les trains moldus pour rejoindre l'…cosse..
C'était là que Percy intervenait. Le remplaçant de Shacklebolt avait ravis toute sa famille en réussissant à dénicher un tout nouveau moyen pour longer le Royaume Uni sans violer les règles établies.
Un navire ensorcelé.
La majestueuse embarcation traçait sa route sur les eaux glacées du nord, avec à son bord les invités retardataires de ce qui semblait être devenu le mariage de l'année. Molly et Arthur étaient restés à l'intérieur pendant que Charlie profitait de l'air marin accoudé au bastingage. La brume autour d'eux prodiguait une étrange sensation de paix. Derrière lui Dominique Weasley paraissait émerveillée par le gouvernail mené par une sorte de force invisible. Le bateau savait d'instinct où se diriger. La mère de la jeune fille et sa tante Gabrielle n'étaient pas loin et discutaient en français.
Fleur n'avait pas pu arriver plus tôt car la jeune Dominique avait attrapé la dragoncelle il y a quelques semaines, une maladie qui pouvait s'avérer assez grave pour une enfant de son âge. La sorcière française qui avait déjà contracté le virus il y a des années avait pris soin d'elle et Bill était parti en premier avec Victoire et Louis. Fort heureusement, les symptômes s'étaient dissipés récemment grâce à un remède, la jeune fille qui avait craint de ne pouvoir assister au mariage de son oncle respirait de santé.
À l'avant du bateau, une ombre qui l'observait s'éloigna. Cette personne pensait à l'acte qu'il venait d'accomplir le matin même, avant que les passagers n'arrivent. À quel point cela avait été facile. Le corps était tombé sans bruits lorsqu'il avait retiré les cordes, comme pour signaler l'âme qui s'en été échappé. Il se remémora l'incompréhension de l'homme qui l'avait supplié, son air impuissant alors qu'il savait qu'il était la merci de la créature des ténèbres. Il n'avait éprouvé aucun plaisir à assister à cela. Aucune satisfaction. C'était bizarre.. Il n'éprouvait pas de regrets non plus.
Tout ce qui restait, c'était un corps à balancer à la mer sans que personne ne le remarque.
Chapitre 24
C'était le début d'après-midi et le temps recommençait à se gâter à l'extérieur. Harry était confortablement installé dans un des vieux fauteuils de son ancienne salle commune, celui proche de la cheminé.
Il réfléchissait, les flammes se reflétant sur les verres de ses lunettes. A l'autre bout de la pièce, Ginny était assise sur les genoux de son nouveau petit ami qu'elle semblait ne plus vouloir lâcher d'une semelle.
« - Harry ? L'appela une voix non loin de lui. »
Le sorcier à la cicatrice tourna sa tête en direction de la source du bruit, et découvrit le visage rond et hésitant de la jeune moldue. Evan Aldrin, bien qu'il ait lu dans l'esprit de la jeune femme qu'elle tenait absolument à ce qu'on l'appelle Evanna. Elle devait être complexée par son prénom, bien qu'il ignorait pourquoi.
La concernée recula et vint s'asseoir délicatement sur le canapé pourpre face à la cheminée.
« - En personne, répondit le survivant. Tu es l'amie moldue d'Hermione si je ne me trompe.. Mais je ne me souviens plus de ton nom..
- Tu sais très bien qui je suis, le coupa-t-elle d'un coup. »
Evanna se racla la gorge et sourit, gênée de son audace. Au départ les gens avaient toujours un peu de mal s'y faire.. Apparemment c'était identique chez les sorciers. Harry Potter pour sa part possédait le genre de regard qui transperçait n'importe qui, elle comprenait désormais pourquoi il avait pris la tête des aurors du haut de ses vingt-sept ans. Son charisme et sa présence étaient incontestables.
Et elle percevait aussi la raison pour laquelle il déstabilisait tant Hermione. Même elle aurait très bien pu tomber dans le piège. S'il avait été le genre de la moldue, autant dire que sa meilleure amie aurait eu de la concurrence. Enfin, juste pour voir si elle avait ses chances.. Elle n'aurait gâché celles de son amie pour rien au monde.
Harry eut un petit sourire en la regardant dans les yeux, elle ne sut en deviner la provenance. Un gars difficile à cerner en somme. Ce qui ne manquait pas d'en rajouter à son charme.
« - Tu as une assez bonne mémoire, constata celui-ci en s'enfonçant un peu plus dans son fauteuil.
- Comment oublier le type bizarre qui s'est pointé sept ans plus tôt devant la porte de notre chambre universitaire ? Questionna Evanna en souriant narquoisement. Je ne suis peut-être pas du genre à changer un verre en crapaud comme vous autres ici, mais je possède une mémoire visuelle efficace.
- A l'époque, tu avais sans doute dû me prendre pour une sorte de psychopathe, remarqua le brun en haussant un sourcil.
- Seulement pour un garçon qui n'arrive pas à faire une croix sur une fille. »
Elle avait insisté sur ces derniers mots. Harry cala sa tête contre le dossier du fauteuil et regarda ailleurs, l'empêchant de savoir si ce qu'elle pensait depuis le début était fondé. Mais il était plus malin à ce jeu-là.
« - En effet, il fut un temps où j'ai eu du mal à renoncer à Hermione. C'était ma meilleure amie, souligna-t-il d'un air absent.
- Ce qui nous fait un premier point commun, supposa la rousse. À un détail près.. »
L'auror émit un rire sans joie et la fixa de nouveau.
« - Es-tu venue ici en espérant réparer les peaux cassées ? Demanda-t-il gentiment.
- Je suis venue parce que parmi toutes les personnes présentes que j'ai rencontrées ces derniers mois, tu es celui que je connaissais le moins. Alors que tu es celui dont tout le monde parle..
- Hermione fait-elle partie de ceux-là ?
- Elle pourrait même te surprendre, offrit la moldue en guise de réponse. »
Le ton qu'elle avait employé montrait clairement qu'elle ne plaisantait pas avec lui. Pourtant, elle mentait. Avec un certain talent, il concéda cela. Alors comme ça, elle souhaitait réellement venir en aide à son amie, quitte à jouer les entremetteuses. C'est vraiment touchant, songea Harry avec ironie.
Soudainement, son sens du sarcasme l'abandonna. En sondant ses méninges, Harry tomba sur une autre pensée qu'il avait captée sans le vouloir. Une pensée qui dominait tout le reste et qui se colportait en ragot dans toute l'école à l'heure où elle y pensait.
Et visiblement, Hermione et lui restaient les seules personnes dans ce château à ne pas s'en être encore aperçu..
Dig up her bones, but leave her soul alone
Boy with a broken soul
Heart with a gaping hole
Kissing death and losing my beath
(MS MR, Bones)
