Chapitre 26 : Rancœur

J-2

Manquant de perdre son souffle, Hermione ne remarqua pas l'énorme branche en travers de sa route. Ses pieds entrèrent en contact avec brutalement et elle réprima un cri en trébuchant. Un des pans de sa robe bleu se déchira quand elle tenta de se remettre debout, désarçonnée. Au loin entre les arbres, le feu se protégeait vers l'ouest. Elle se força à ne plus le regarder car ses assaillants allaient finir par la repérer. Le visage empreint d'effroi, elle détourna les yeux du spectacle et recommença à courir.

Quelques heures plus tôt...

Pendant que Louis Weasley subissait les remontrances de sa mère pour s'être aventuré dans le parc sans sa permission, la dépouille du centaure fut ramenée au château et cachée aux yeux de tous dans les serres. Aucuns invités ne fut mis au courant, les futurs mariés en premier. Une nouvelle de cette ampleur avait de quoi gâcher la fête avant même qu'elle n'ait commencé. Les quelques professeurs toujours présents au sein de l'école restèrent là, regroupés autour du cadavre. Personne n'osait dire à voix haute quelle atrocité représentait le meurtre d'un centaure. Auparavant, cela aurait été considéré comme impossible. Assassiner un centaure ? Même le plus surentraîné des sorciers n'aurait pas eu la moindre chance. Le ou les responsables de ce crime montrai(en)t qu'une à unes, toutes les règles étaient transgressées.

Harry et Hermione arrivèrent précipitamment avec Madame Pomfresh dans la serre numéro trois au moment où un des professeurs recouvrait le corps d'un drap blanc, traitant la créature avec un infini respect.

Le cœur serré, Hermione suivit l'auror en restant derrière lui pendant qu'il s'approchait à son tour de l'affreuse découverte.

« - Heureusement qu'Hagrid n'est plus là pour voir ça, fit-elle la voix blanche. »

Harry se tourna vers elle. Vu le regard agacé qu'il lui lança, il venait tout juste de réaliser qu'elle l'avait suivit. Madama Pomfresh s'avança doucement et releva un pan du drap pour tenter d'identifier le corps. Elle secoua la tête négativement et se redressa en croisant les mines perplexes de ses collègues.

« - Il faut prévenir Firenze, dit-elle gravement à l'ensemble du personnel. »

Ce dernier arriva quelques minutes après accompagné par la directrice. Le corps professoral se cilla en deux pour les laisser passer. McGonagal fit signe au professeur de divination de passer devant elle, une main sur le cœur. Son air stricte et sévère avait laissé place à autre chose. Elle paraissait tourmentée.

« - Ils ont certainement dû s'y mettre à plusieurs pour le vaincre, ne serait-ce que pour l'immobiliser, remarqua le professeur Vector en tenant son menton entre ses doigts. »

Les autres têtes acquiescèrent vigoureusement à sa réflexion, préférant garder le silence.

« - Plusieurs ? s'étonna Trelawney. De qui parlez-vous ?

- Mais enfin, des mangemorts Sybille ! S'exclama le professeur des runes.

- Il en va de soit, répliqua sèchement McGonagal en ne tournant même pas la tête vers elle. »

La directrice posa une main sur l'épaule de Firenze, et sa voix se radoucit lorsqu'elle lui posa la question fatidique.

« - Magorian, souffla le centaure d'une voix contenue en se redressant sur ses pattes. Vous n'auriez jamais du le ramener ici..

- Nous sommes trois à avoir ramené le corps jusqu'ici en toute discrétion, se défendit Angus Claymore, qui enseignait l'étude des moldus. Septima, Rolanda, et moi même pensions qu'il aurait été trop risqué d'amener la créature au-delà de la protection du château ! Les aurors nous ont interdit l'accès à la forêt interdite !

- Et que faisait le garde chasse pendant ce temps ? S'énerva l'ancienne directrice de gryffondor.

- Lui aussi avait reçu l'ordre de ne pas y aller, avoua Harry avec culpabilité.

- Potter ! L'accusa MgGonagal en pivotant vers lui.

- Tout ceci est de ma responsabilité professeur, s'excusa le chef des aurors.

- Oh, n'abusez pas je vous en pris ! J'aurais seulement aimé être averti lorsque mes employés n'ont plus le droit d'exercer leurs fonctions comme ils le devraient en temps en normal ! Je comprends que votre tâche est de protéger ce château, et non les habitants de la forêt, mais ne refusez pas l'aide que peut vous apporter Poudlard ! Vous comme moi, et vous autres ici, vous rappelez certainement qu'il est très bien capable de se protéger en cas de danger ! »

Chaque personnes restèrent parfaitement silencieuses en se remémorant la dernière bataille en date qui avait eu lieu entre ses murs.

« - Et sans parler de moi et des professeurs ! Nous avons tous convenus qu'il était plus prudent de rester au château au cas où les mangemorts tenteraient de l'infiltrer pendant notre absence, voilà pourquoi nous sommes toujours ici alors que la plus part aurait pu rentrer chez eux et passer les vacances dans leur famille ! Vous n'êtes pas le seul à devoir prendre des mesures, Potter. Quoi qu'il en soit, reprit-elle en tentant de maîtriser les trémolos de sa voix. Le centaure doit être rendu aux siens, pour que ses derniers puissent l'enterrer selon leurs rites. »

Elle reprit son souffle qu'elle avait contenu, sous les regards inquiets des enseignants.

« - Mes aurors vont s'en charger, proposa Harry. Et l'équipe de nuit sera remplacée par une autre.

- Voilà qui est mieux, soupira la directrice en rajustant ses lunettes. Firenze, pouvons-nous compter sur votre coopération ?

- Bien sûr, acquiesça d'un geste digne ce dernier de sa voix grave. J'accompagnerais les aurors dans la forêt, bien que je doute que ma présence ne soit pas perçue d'un très bon œil par ses occupants.

- Je vous remercie. Potter, je ne vous retiens pas plus longtemps, vous avez beaucoup à faire. Bien que vous connaissiez la forêt mieux que moi, je vous recommande fortement d'emmener Roderick avec vous, conseilla Minerva en le regardant sévèrement par dessus ses lunettes, signe qu'il n'avait pas intérêt à contester.

- Compris madame, fit-il. »

Firenze et lui quittèrent la pièce, suivit peu à peu par les autres professeurs. Hermione, perdue dans ses pensées observait les pommettes hautes et les longs cheveux noirs de la défunte créature. Les centaures étaient certainement l'espèce la plus protégée du monde sorcier..

« - Il va falloir établir un périmètre autour de l'endroit où l'on a retrouvé le corps, lança McGonagal à deux professeurs restés sur le côté. Et interdire la présence du moindre journaliste, suis-je clair ? Miss Granger, je suis bien contente que vous travaillez chez les moldus. »

Chapitre 26

Évidement, Hermione avait été mise dans la confidence. Mais il était difficile de faire comme si de rien n'était. Le fait de savoir qu'en ce moment même, un conseil se tenait entre les représentants de Poudlard et du ministère dans une des salles du château dans le plus grand secret était très préoccupant. Et attisait sa curiosité. Mais elle respectait les membres de cette école, alors elle se taisait. Les festivités qui auraient lieu dans la journée lui feraient penser à autre chose et elle en oublierait peut-être l'angoisse qui la saisissait à l'idée que des mangemorts aient pu infiltrer l'enceinte du château cette nuit. Rodaient-ils toujours dans les parages, une fois le soleil levé ? Devait-elle vérifier à chaque recoin pour sa sécurité et celle de ses amis ?

Bon sang, un mariage allait avoir lieu ici.. Pourquoi Ron avait-il opté pour l'endroit le plus réputé de Grande Bretagne ? Poudlard était aussi puissant que vulnérable, à l'heure actuelle.

En attendant, le reste des invités se préparaient pour se rendre à Pré au Lard qui fêtait la création du château et du village, ce dernier ayant été fondé à peu près en même temps que l'école par Hengist de Woodcroft, qui à l'époque fuyait les persécutions moldues. Ce jour-là, Pré au Lard était bondé de touristes, tous enjoués à l'idée de revêtir des tenues typiquement moyenâgeuses.

C'est donc la tête pleine de contradictions qu'Hermione rejoint ses amis dans la salle commune des gryffondor qu'ils s'étaient réappropriés pour le mariage. Ron et Luna avaient leur propre chambre non loin au septième étage.

La brune prononça le mot de passe et se força à adopter un pas léger une fois passé le portrait de la grosse dame. Il n'y avait pas grand monde à cette heure-ci, le repas avait été donné et la plus part des invités étaient déjà partis au village. Hermione trouva néanmoins Ginny et Evanna assises devant la cheminé, plongées dans une discussion animée. Ses yeux s'écarquillèrent en découvrant leurs nouvelles tenues.

« - Ah, Hermione ! S'exclama une Ginny ravie. Te voilà enfin.. »

La rousse se leva dans un bruissement de tissu vert émeraudes. Hermione pâlit en se faisant la réflexion qu'une robe telle que la sienne ne lui irait certainement pas. Elle ne possédait pas les formes généreuses dont était pourvue son amie. Cette dernière se dirigea gracieusement pour aller s'emparer d'une autre robe. Non. Elle aussi allait devoir en porter une ?

Evanna s'élança au milieu de la pièce en tournoyant dans sa robe jaune et doré.

« - Comment suis-je ? Lui demanda t-elle en attirant l'attention sur elle.

- Wouah, laissa échapper Hermione. Tu as l'air d'une vraie princesse..

- Oh, ça va je n'ai pas cinq ans, répliqua la moldue en percevant l'ironie dans sa remarque.

- Tu es absolument ravissante chère ambassadrice du monde moldu ! lança Fred qui passait par là au moment où elles tergiversaient couture. »

Il prit ses mains qu'elle lui tendait et la fit tournoyer en passant un bras par dessus sa tête. Evanna ricana et le remercia de son compliment alors que Ginny revenait, portant avec elle une robe bleue aussi longue que les deux autres. Le haut était sans manches avec un décoté en V, pourvu des mêmes dessins - des fleurs et des feuilles dorés s'entrelaçant entre elles -. Hermione se frotta la tempe, gênée. La robe n'était pas moche à regarder certes, mais..

« - Vous n'allez pas me forcer à porter ça ? »

Les deux rousses échangèrent un regard entendu.

« - Hermione, arrête de te tortiller dans cette robe, nom de dieu ! fit la moldue un quart d'heure plus tard alors qu'elles sortaient toutes les trois dans le parc ensoleillé. C'est cool que nos robes se ressemblent, non ?

- En se baladant toutes les trois comme ça, on va passer pour les sœurs Halliwell, commenta Hermione alors que la sœur de Ron fronçait les sourcils d'incompréhension. Version moyen-âge.

- Le pouvoir des trois nous libérera .. récita Evanna comme si elle jouait une pièce de théâtre. Je me demande d'ailleurs s'il existe un pouvoir des trois en vrai.. »

Hermione leva vers elle un regard mi agacé mi amusé. Sa meilleure amie regardait beaucoup trop la télévision.

« - Hé, regardez ! Dit Ginny. Ce ne serait pas une diligence là-bas ? »

Elle pointa du doigt le portail du château où en effet, une diligence se rapprochait à vu d'œil sur le vieux chemin de pierres qui menait à l'entrée.

« - On attend encore des invités ? Demanda t-elle innocemment.

- Peut-être Lupin ? Proposa Hermione.

- Tonks m'a assuré qu'il ne pourrait pas venir, répéta Ginerva. »

La calèche s'arrêta devant les portes et quatre têtes en sortirent.

« - Vous les connaissez ? Demanda Evanna en regard à tour de rôle les deux sorcières.

- Le grand brun avec un air fière, c'est Justin Finch Fletchley, désigna Ginny en tendant le cou. L'autre plus petit, c'est Neville Londubat.. Les deux filles me disent quelque chose, mais elles sont trop loin pour que je les reconnaisse. Hermione, on devrait aller les accueillir tu ne penses pas ? Demanda t-elle. Il n'y a plus grand monde présent au château pour le faire.

- Habillées comme ça ? Questionna cette dernière en tirant sur l'élastique de sa robe. »

Ginny fit une moue et elle céda. Elles rebroussèrent chemin et se dirigèrent vers les nouveaux arrivants. Hermione se figea en reconnaissant une des deux filles. Elle glissa un œil vers Ginny et vit qu'elle aussi s'était arrêté.

« - Qui est-ce qui l'a invité celle-là ? Demanda froidement la rousse.

- Elle est mariée à Neville maintenant, tempéra Hermione en levant les yeux au ciel.

- C'est pas une raison, répliqua Ginny d'un ton encore plus sec.

- Qui ça ? interrogea Evanna, perdue.

- Pansy Parkinson, siffla t-elle entre ses dents avant qu'Hermione n'ai pu lui répondre.

- Londubat ! Fit cette dernière d'une voix suppliante.

- L'un ou l'autre, elle restera toujours la même pour moi, et je n'ai pas envi d'aller lui dire bonjours, s'entêta la rousse en repartant à sens inverse. »

Evanna ouvrit la bouche sans comprendre et regarda Hermione qui haussa des épaules. Elles reprirent donc leur marche vers le village. La moldue voulut savoir ce qui avait pu la mettre dans cet état et Hermione préféra ne pas lui expliquer.

En septième année, lorsque Ginerva était encore amoureuse d'Harry ce dernier avait eu une courte aventure avec la serpentard. Et elle ne lui avait pas pardonné même une fois que le brun eut rompu avec Pansy. Le survivant avait tenté d'obtenir une seconde chance avec elle, mais la sorcière lui avait fait comprendre combien ses espoirs étaient vains avant de passer à autre chose. Harry en avait fait de même et ils s'étaient contre toute attente réconciliés peu avant que la bataille final ne commence. Aujourd'hui, tout cela était jeté aux oubliettes depuis bien longtemps mais Ginny Weasley conservait toujours une certaine rancœur envers l'ancienne peste des serpentard pour lui avoir volé son amour d'adolescence.

Chapitre 26

Sur le chemin qui menait à Pré au Lard des chandelles enchantées étaient accrochées dans les arbres comme il était de coutume durant les vacances. Du coin de l'œil Hermione observa que l'effectif des aurors avait triplé depuis la veille. Vu la foule de gens présente dans les rues lorsqu'elles pénétrèrent dans le village, elle devina aisément pourquoi.

D'autre part, étant donné le nombre de touristes à s'être déguisés en nobles ou en paysans, Hermione se sentit soudainement moins ridicule dans sa robe. Heureusement que ses amies avaient pensés à elle en dégotant cette tenue dont elle ignorait la provenance. Elle savait juste qu'on les leurs avait prêté occasionnellement. En principe, une robe d'une telle matière et avec de tels ouvrages valait une fortune dans le monde des sorciers.

En arrivant au centre de Pré au Lard des enfants étaient déguisés en mage, en chevalier ou en roi. Au centre de la place avait été dressé une scène, le fond du décor ensorcelé pour représenter un château en construction. Certainement une tentative d'imiter le Poudlard d'il y a mille ans.

Les trois amies se joignirent au reste des Weasley qui étaient assis à la plus grande tables des trois balais. Hermione prit place à côté de Fleur qui était en train de coiffer Victoire d'un faux diadème. La petite blonde en attendant se tenait sagement sur les genoux de sa mère. Elle portait une robe bleu et bronze : l'accoutrement de Rowena Serdaigle.

« - Il va y avoir une pièce de théâtre sur les fondateurs dans dix minutes, lui expliqua la française en souriant. Ceux sont des enfants qui vont la jouer. »

Dominique, en mini version d'Helga Pousfouffle était assise en face de sa mère et avait du mal à tenir en place.

« - Je veux aller apprendre à tirer à l'arc, maman, bouda t-elle. »

Sa mère se pinça les lèvres en la voyant triturer nerveusement le voile orange de sa robe.

« - Ou aller me battre en duel avec une épée comme tonton George, continua t-elle avec un sourire diabolique.

- Tu n'as pas l'âge requis ma chérie, lui appris sa mère. Il faut être majeur. Ce n'est pas une activité pour les enfants.

- Ce n'est pas pour les filles, les épées, répliqua sa sœur. Et puis tu n'as pas la tenue qu'il faut d'abord..

- Jm'en fiche, en plus j'aime pas ça les robes, contre-attaqua Dominique en croisant les bras. »

Victoire tira la langue à sa sœur et cette dernière sauta de sa chaise bruyamment pour aller se réfugier dans les bras de son grand père, espérant sûrement le faire céder à sa requête.

Cinq minutes plus tard, alors que sa mère accompagnait l'aînée et Louis pour aller voir la pièce de théâtre, Arthur soulevait Dominique sur ses épaules pour l'amener voir le stand des duels. Hermione et Evanna les suivirent alors qu'ils se dirigeaient vers un espace dégagé à l'orée du village. Lance avait donné rendez-vous à Ginny pour un tête à tête chez Madame Pieddodu, et cette dernière avait aussitôt oublié le passage Pansy Parkinson.

Pour s'entraîner en duel à l'épée il fallait avoir dix sept ans. Pour cause, les armes n'étaient pas en bois mais en métal, bien qu'enchantées pour ne blesser personne. La limite d'âge imposée ne l'était que pour des raisons morales. Et à vrai dire, les enfants n'étaient même pas autorisés à regarder. Ce fut une énorme déception pour Dominique et son grand père la ramena vers d'autres activités plus innocentes en lot de consolation.

Evanna tourna sa face enjouée vers Hermione avant de franchir l'enclot en bois qui entourait l'espace des duels. La plus part des participants étaient des hommes, mais il y avait cependant quelques sorcières qui se prêtaient au jeu et à les voir, elles se défendaient plutôt bien.

Hermione leva les yeux au ciel et rattrapa son amie précipitamment.

« - Vérifie quand même que le sortilège de ces épées soit applicable sur toi, conseilla la sorcière prudemment alors qu'Evanna se choisissait une arme.

- Oui, maman... répondit cette dernière d'un ton taquin. »

Hermione se pinça les lèvres avant de prendre une épée dans sa main droite. Elle la soupesa tandis que la moldue l'observait faire d'un œil moqueur. Elles se placèrent ensuite face à face en faisant mine de se défier du regard, bien qu'un sourire les trahissait. Après une révérence exécutée par la moldue en guise de salut – à laquelle Hermione répondit par un grand éclat de rire – elles se lancèrent dans un combat douteux. Étant novices dans le domaine, la sorcière ne fut pas sûre que cela avait quoi que ce soit de professionnel ou de chevaleresque. Mais il fallait avouer que c'était assez défoulant, bien que fatiguant au bout de dix minutes.

« - C'est pas dès demain qu'on méritera notre place parmi les chevaliers de la table ronde, se plaignit Evanna en lâchant son épée par terre. Je crois bien que j'ai des ampoules dans les doigts ! Un type bizarre nous regardait en plus.. »

Elle vint poser une main sur l'épaule de son amie qui se reposait contre la clôture, le souffle court et les épaules affaissées.

« - En voilà des manières, surgit une voix. Deux nobles dames qui se livrent à un combat sans merci.. »

Le visage jusque là détendu de la journaliste se ferma en reconnaissant le timbre doux et grave du survivant. Il n'avait rien d'autre à faire ? Harry arriva à sa droite et souleva l'épée qu'elle portait encore dans sa main. Elle baissa les yeux pour voir sa main frôler la sienne. Il violait l'accord qu'ils avaient passé il y avait quelques jours à peine.

Evanna sembla remarquer quelque chose et choisit de les laisser seuls, prétextant qu'elle ferait mieux de se trouver un adversaire plus à sa taille. Hermione ne releva pas et regarda droit devant elle pendant que son amie les laissait seuls. Elle croisa les bras en se passant la langue sur la lèvre inférieur, signe chez elle d'une colère contenue.

« - Alors, glissa le survivant à son oreille. Es-tu aussi mauvaise qu'elle le prétend ? »

Elle percevait l'amusement dans sa voix, mais ses yeux quand à eux demeuraient toujours froids. Jouer avec elle, c'est ça qu'il voulait ?

Harry redressa l'épée droite devant lui d'un geste souple, alors que la sorcière gardait un air impassible. Elle se demanda si les apprentis aurors durant leur formation devaient apprendre à s'en servir, si cette méthode n'était pas un peu trop comment dire.. démodée.

« - Est-ce que Magorian a pu être rendu aux siens ? Demanda t-elle distraitement. »

Elle n'osait pas parler des mangemorts, pas devant tout ce monde. Si le chef des aurors était ici, cela signifiait que leur mission avait pris fin. Sans trop de dégâts, espérons-le.

Le brun ne répondit pas et se détourna d'elle, fendant l'air de son épée de droite à gauche, puis de bas en haut. Hermione commença à sentir son sang bouillonner dans ses veines. Comment pouvait-il rester calme face à cette situation désastreuse ?

Il se tourna vers elle en la regardant droit dans les yeux. Si ça, ce n'était pas du défie.. Oh non, à quoi elle jouait là ?

Elle cessa de se conduire raisonnablement et se baissa lentement pour saisir l'épée qu'Evanna avait laissé par terre. Évidemment, cette dernière avait menti en disant qu'elle allait se chercher un autre adversaire à qui se mesurer. Harry l'observa arriver avec un sourire cruel et recula pour se placer au centre de la zone des combats. Les autres sorciers autours d'eux ne comprirent pas de suite ce qu'il se passait, mais ils se décalèrent pour leurs laisser le champ libre.

« - Connais-tu au moins les règles, chevalier ? Questionna t-il d'un air suffisant. »

Était-il question d'un jeu ou bien d'un règlement de compte ? Harry, Hermione et le reste des personnes présentes l'ignorèrent.

« - Est-ce que les règles te préoccupent, d'habitude ? Riposta t-elle, son épée pendant le long de son bras. »

Harry ne répondit pas et leva doucement son épée en la pointant sur elle. Le métal froid se rapprocha d'Hermione et vint frôler le haut de sa robe.

« - Il ne s'agit que d'un jeu, n'est-ce pas ? Lui demanda t-il, son souffle accéléré en fixant les mouvements de son épée. »

Il plaqua le métal froid de la lame sur sa gorge, et Hermione ne ressentit pas la pointe sur sa peau, seulement une douce sensation glacée comme si le métal n'en était pas réellement un. Mais elle ne resta à cette endroit qu'une demi seconde à peine, car la jeune femme dégaina ensuite sa propre arme qu'elle abattit d'un coup sur la sienne pour l'éloigner. Harry recula et pour se mettre en position de combat, et Hermione empoigna son épée à deux mains.

Au moment où ils croisèrent le fer brutalement, un son plus fort que deux épées s'abattant l'une sur l'autre retentit à travers les bois. Cela ressemblait à un son de corne. Pris au dépourvus, ils stoppèrent leurs jeux puériles. La plus part des gens et Harry abaissèrent aussitôt leurs épées et se tournèrent à moitié vers la forêt qui commençait de l'autre côté de l'enclot.

Hermione fit un pas en avant tout en regardant avec vigilance entre les arbres. Des mauvais souvenirs de l'attaque de Londres lui étaient revenus en quelques secondes. Autour d'eux, les sorcières et sorciers reculaient, ou à la place de ça sortaient leur baguette magique par prudence. Certains fuyaient l'espace des duels pour regagner le centre du village.

« - Où sont donc tes soldats ? Demanda t-elle sèchement au survivant sans le regarder. »

Harry ne lui répondit pas, gardant le visage résolument impassible. Il venait d'apercevoir un de ses aurors courir dans la forêt. Agitée, Hermione pivota vers lui. Sous la peur que cette alerte ne soit les prémices d'une attaque ennemi, elle eut soudainement envie de saisir l'auror par les épaules et de le secouer.

D'une poigne vigoureuse, elle empoigna son bras et une partie de son dos pour le faire reculer. Ils atteignirent la barrière en bois où il se retrouva accolé contre.

« - On est tous en danger ici, alors ? S'emporta t-elle contre lui. Le meurtre de cette nuit, ce n'était qu'un avant goût ? »

Les traits du jeune homme qui ne s'était pas débattu se tendirent alors que les ongles de la sorcière s'enfonçaient dans son omoplate. Il posa une main sur sa taille et la fit fermement reculer d'un pas en arrière alors qu'elle lui lâchait le dos.

« - Ferme-là, siffla t-il en jetant des coup d'œil anxieux autour de lui. Tu veux que les gens paniquent ?

- Ils vaudraient mieux qu'ils sachent la vérité étant donné que la menace est réelle ! Répliqua t-elle en le foudroyant du regard.

- Ils sont d'ores et déjà sur le qui-vive ! S'exclama Harry de vive voix. Pas la peine de les alerter si ça ne sert à rien. »

Derrière eux, Evanna accouru au centre de l'enceinte pour les rejoindre, coupant court à leur dispute.

« - Hermione ! S'écria t-elle. C'était quoi ça ? Harry, j'ai vu des aurors courir là bas !

- Il est peut-être temps pour toi d'aller les rejoindre, poursuivit Hermione en plissant les yeux, sans faire attention à elle.

- Si tu comprends si bien, lâche moi, fit Harry à voix basse en la contemplant d'une lueur farouche. »

La brune détacha ses doigts crispés de son bras et il partit brusquement en transplanant.

Hermione tourna son visage désespéré vers la moldue qui vint s'accrocher à son poignet nerveusement. La sorcière n'était pas uniquement la seule à se rappeler de mauvais souvenirs, apparemment.

« - S'il te plais, dis-moi que je suis paranoïaque, souffla son amie en ayant peur qu'on les entendent. Ceux sont eux les.. les mangemorts ?

- Les coups de trompettes, ça n'est pas trop leur truc d'habitude, tenta t-elle de la rassurer alors qu'elles quittaient l'enceinte des duels pour revenir dans la grande rue. Ne t'inquiète pas, quoi qu'il arrive les aurors seront là, et chaque sorciers a une baguette avec lui pour se défendre.

- Pas moi ! S'étrangla son amie. »

Hermione la fixa alors que son cœur se resserrait sous l'anxiété. Quelle imprudence de sa part de l'avoir emmener ici ! Elle se promit à nouveau de la protéger au péril de sa propre vie s'il le fallait.

« - Tu me fais confiance ? Lui demanda t-elle. »

La moldue acquiesça d'un signe de tête.

« - Alors avec moi tu ne risques rien, et les Weasley eux aussi te protégerons. »

Il y avait de l'agitation partout dans les rues. Hermione marchait derrière Evanna pour la garder dans son champ de vision. Sa responsabilité était avant tout de la protéger pour le moment. Les gens autours d'eux ne savaient pas trop quoi penser de ce son qui avait retentit. Des adultes rentraient les enfants dans les battisses quand d'autres transplanaient directement chez eux en outrepassant la règle qui interdisait le transplanage. Est-ce que cette réaction était excessive, ou bien appropriée ? On ne pouvait encore la définir.

Dans la cohue qui régnait, elles croisèrent Molly qui sortait du magasin de plumes Scribenpenne. Cette dernière ne les vit pas mais les guidèrent jusqu'au reste de la fratrie. Ils étaient tous réunis au centre de la place, Hermione apercevait la tête rousse de Ron qui regardait par dessus la foule sans difficultés. Il fut le premier à les voir.

« - Venez par-là ! Cria t-il en leur faisant signe de la main.

- Tout le monde est là ? Demanda Hermione une fois arrivée.

- Où est Luna ? Interrogea Evanna.

- Elle est restée au château pour se reposer, répondit Ron pour la rassurer. Heureusement..

- Maintenant que vous êtes là, nous pouvons rentrer, fit Arthur qui portait toujours Dominique. On y va ! »

Une foule de gens bloquait la sortie de Pré au Lard et les employés de la mairie tentaient de prendre les choses en main pour ne pas qu'elles dégénèrent. Un deuxième son de trompe, plus long et plus fort cette fois résonna de nouveau à travers la lande. La clameur augmenta au sein des villageois, les sorciers restant se bousculaient les uns contre les autres pour se déplacer tant qu'ils le pouvaient encore. Dans le capharnaüm qui régentait les foules, un bruit se distingua du reste de l'agitation. Hermione tendit l'oreille et reconnut des martèlements de sabots. Elle délaissa Evanna pendant que celle ci discutait frénétiquement avec Ginny, et sortit de la foule un instant pour en avoir le cœur net.

Hermione écarquilla les yeux et s'arrêta net. Les prémices de la forêt n'étaient plus encerclés par des aurors mais par des centaures. Elle tourna la tête vers la gauche et vit que certains aurors avaient transplanés sur les toits des maisons de Pré au Lard, sans doute pour avoir une meilleure vue d'ensemble sur les événements. D'autres renforçaient les protections magiques autours du village, créant un dogme géant fait de filaments argentés. Certains sorciers leurs apportèrent leur aide en levant leurs baguettes en l'air. Hermione faillit faire de même, lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était en dehors du champ magique. Elle fit une tentative pour rentrer à l'intérieur, mais à peine l'extrémité de ses doigts entrèrent en contact avec la barrière qu'elle se retrouva projetée en arrière.

Elle atterrit dans l'herbe avec grand fracas. Elle grinça des dents avant de se relever péniblement. Il avait fallu qu'elle tombe sur les fesses, évidemment. Elle prit immédiatement conscience de sa vulnérabilité si elle restait à cet endroit. Elle avait beau s'inquiéter pour les Weasley et sa meilleure amie qu'elle avait abandonné, c'était elle qui était le plus en danger pour le moment. De toute manière, ces derniers étaient tous hors de vus désormais, et ils ne risquaient plus rien. Quand à elle, elle pourrait tenter un transplanage jusqu'au plus prés du château pour regagner la protection de l'enceinte de Poudlard. Oui, voilà ce qu'elle allait faire.

Hermione sortit sa baguette enfuit dans son décolleté quand elle entendit des vociférations en provenance de la forêt interdite. Elle n'aperçut personne et fronça des sourcils. De la fumée s'élevait dans les airs à une trentaine de mètres environs. Est-ce les mangemorts qui avaient mis feu à une des battisses de la commune ? La gorge d'Hermione se serra en repensant à Harry qui devait sûrement les combattre.

Un vieux dilemme l'assaillit et elle resta sur place, incapable de pouvoir bouger.

Elle était partagée entre deux Hermione. L'une raisonnable et égoïste qui avait fuit le monde des sorciers, et l'autre plus téméraire et loyale qui avait passé sept années à aider son meilleur ami à travers toutes les épreuves qu'ils avaient dû traverser ensemble. La jeune fille qui préférait la normalité contre celle qui avait un jour traîné Ombrage dans la forêt interdite pour qu'elle se fasse capturer par les centaures, qui avait abandonné son cours de divination devant toute sa classe et qui avait giflé Malefoy.

Le monde des sorciers avait su éveiller en elle la fille impulsive qu'elle retenait à l'intérieur. Et c'était cette Hermione là qu'elle avait refrénée dix ans auparavant. Jusqu'à ce que la magie ne revienne faire irruption dans sa vie. Alors qu'un troisième son de trompe retentissait dans les alentours, Hermione avait pris sa décision.

Elle fit face brusquement et couru droit vers la forêt, suivant les centaures qui galopaient apparemment vers la source des flammes.

Une fois les premiers arbres passés, Hermione se plaqua une main sur la bouche pour ne pas respirer l'odeur de la fumée. Elle se lança à elle même le sort qui protégeait de l'intoxication, et s'enfonça plus profondément dans les bois à la recherche d'Harry. C'était plus fort qu'elle désormais. Elle savait qu'il pouvait parfaitement se protéger tout seul, et qu'ils étaient en mauvais termes, mais elle ne pouvait s'empêcher de vouloir lui apporter son aide.

Non. La vérité, c'était qu'elle ne pouvait tout simplement pas rentrer au château et le laisser seul dans cette forêt. Sa conscience ne le supporterait pas. Elle ne voulait plus agir comme une lâche.

Plus elle avançait, plus elle repérait la source du feu. Elle distingua une clairière qu'elle ne connaissait que trop bien et observa impuissante la cabane hurlante au loin qui périssait sous les flammes. Elle fut obligé d'admettre qu'elle avait eu tort, ils n'étaient pas attaqués par les mangemorts.

C'était les centaures qui le faisaient à leur place.

Ces derniers arrivaient par pairs, tout le clan se réunissait dans la clairière tandis que les aurors autours d'eux tentaient en vain de les calmer. Firenze était aux côtés du chef des aurors. Hermione se dissimula derrière un arbre et écouta la discussion virulente entre les deux camps soudainement opposés. Les créatures étaient hors de contrôle, mais les aurors étaient heureusement aussi nombreux qu'eux et parvenaient à les maintenir.

« - Nous ne voulons pas recourir à la force avec vous, Bane, obtempérera Harry une main levée devant le chef du clan, tandis que l'autre enserrait fermement sa baguette dans la poche de son uniforme d'auror.

- Ne t'avise pas de nous menacer, Harry Potter ! Tonna Bane en ruant à moitié, furieux. Nous n'avons rien à voir avec vos histoires de sorciers puériles et mal-instruits ! Magorian lui aussi n'avait rien à voir avec tout ça ! »

Il frappa le sol de son sabot pendant que derrière lui, il ne restait presque plus rien de la cabane hurlante. Les aurors avaient éteint le feu.

« - Si vous n'avez rien à voir avec nos affaires, alors pourquoi nous attaquer de cette manière ? Rugit un vieil auror barbu en désignant les restes de la cabane. Sont-ce les astres qui vous ont ordonné d'agir ainsi contre notre peuple ?

- Ce que les planètes nous dévoilent ne vous concerne en aucun cas, parla un autre centaure plus calme, Ronan. Mais il est vrai que d'habitude, nous nous contentons seulement d'observer..

- Un des nôtres a été assassiné comme un vulgaire être humain, cette nuit ! Cria Bane en le coupant. Et nous n'allons pas laisser passer ça ! »

De violentes exclamations furent formulées par plusieurs centaures qui approuvèrent, alors que l'on voyait bien que d'autres tenaient à rester pacifiques. Ils ne devaient être venus que pour soutenir leurs troupes. Néanmoins, ils brandissaient des arcs sur les membres du ministère.

« - Vous vous en prenez aux mauvaises personnes ! S'exclama Harry plus fort que lui. Ne nous tenez pas responsables des actes des mangemorts ! Nous sommes là pour protéger, non détruire !

- Avez-vous perdu la tête ? Demanda Turner hors de lui. Les sorciers vous témoignent habituellement le plus grand respect et le ministère vous laisse agir comme bon vous semble !

- Cela fait des années que votre ministère réduit les territoires forestiers qui nous sommes réservés ! Nous subissons depuis trop longtemps votre joug d'imbécile ignorant, et aujourd'hui c'est de votre faute si les nôtres se font décimer un à un ! Lança une femelle.

- Vos méthodes de divination ne vous ont-elles pas renseignées sur la présence d'anciens serviteurs de Voldemort durant la nuit ? Interrogea prétentieusement Malefoy. Ou bien est-ce que vous étiez trop préoccupés par ce qu'il se passait sur Mars à ce moment là ? »

Bane émit un rugissement furieux à son encontre et décocha une flèche de son arc. Les aurors brandirent aussitôt leurs baguettes en l'air pendant que d'autres centaures sur les nerfs faisaient de même et imitaient le chef de leur tribut. L'assaut avait été lancé, et Hermione se dit que c'était le moment ou jamais si elle voulait apporter son aide à Harry. Quelques aurors parèrent les attaques mais d'autres se firent touchés. Cachée entre les arbres, mais pas assez près de la zone du champ de bataille, Hermione se rapprocha pour mieux viser entre les arbres. Mais d'ici, elle n'allait pas être en sécurité très longtemps. On pourrait facilement la voir. Elle quitta à moitié sa cachette et lança un sortilège de désarmement sur Bane qui ruait au dessus du survivant, ce dernier venant de trébucher sur l'herbe. Le sort demanda beaucoup d'énergie vu la carcasse épaisse de la bête, mais il fonctionna avec brio.

Hermione se replaça furtivement dos à l'arbre derrière lequel elle se cachait. Elle tenta un léger mouvement de tête pour vérifier si Harry était sain et sauf. Elle fut soulagée en le voyant se relever alors que Bane lui n'arrivait pas à se redresser sur ses sabots. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle venait d'attaquer un centaure. Ce n'était pas qu'elle était fière de son comportement, mais elle savait qu'elle agissait pour le mieux. La sorcière se retourna encore une fois pour voir qu'un centaure la visait de sa flèche. Elle se lança sur le côté à temps alors que la pointe du projectile sifflait à son oreille. Elle se retint à l'arbre pour ne pas tomber, et aperçu de l'autre côté de ce dernier que le centaure la prenait en chasse.

Son cœur martela sous la peur et sans plus tarder, elle retroussa les pans de sa robe et fit demi-tour. Elle entendit dans son dos qu'ils étaient plusieurs à la suivre. Une dérobée de flèches volèrent à côté d'elle puis vinrent se planter dans le sol à sa droite. S'ils rataient tous leur cible, c'est qu'elle devait être assez loin. Cela l'encouragea à aller plus vite.

Courant à toute allure entre les arbres, elle manqua à plusieurs reprises de se prendre les pieds dans les racines épaisses des immenses arbres que peuplaient la forêt interdite. Hermione n'était que plus inquiète de se savoir dans cette partie de la forêt qui était certainement la plus dangereuse et la moins praticable. Les arbres y étaient plus serrés, plus sombres, et si elle pourrait avec un peu de chance s'y cacher, elle aurait aussi du mal à s'y repérer. Pour en rajouter une couche, la lumière du jour était raréfiée et si elle s'avançait plus loin encore, elle se perdrait pour de bon. Si elle sortait vivante de là, Hermione jurait de ne plus jamais remettre les pieds par ici.

Il fallait qu'elle prenne la direction du nord. Mais s'arrêter pour lancer un sortilège d'orientation serait bien trop risquée, alors elle avisa au mieux et fit confiance à son instinct. En espérant ne pas se tromper de direction, elle ne relâcha ses efforts à aucun instant et continua de courir. Elle se força à ne pas penser à cette colonie d'acromentules autrefois dirigée par Aragog que Ron lui avait décrite un jour, ou bien encore aux cynospectres, aux gobelins buveurs de sang, aux trolls..

C'est ainsi qu'elle eut une pensée idiote envers Harry, et elle s'en voulu de ne pas avoir pu faire plus pour lui. Mais après la manière dont il l'avait traité ces temps-ci, il ne méritait pas qu'elle lui donne sa vie. Tout compte fait, ce serait surement le cas si le troupeau de centaures à ses trousses la coinçait. Quelle stupidité de sa part d'avoir agit sans avoir songé aux conséquences..

Au loin, un nouveau feu avait fait son apparition, mais cette fois les arbres en étaient les pauvres victimes. Les centaures déclaraient la guerre aux sorciers et mettaient le feu à leur propre territoire. La brune pria pour ne pas croiser un mangemort en chemin, ou ce serait sa fin assurée.

Hermione courut pendant une période qui lui parût infinie. Combien de temps avait passé depuis qu'elle avait commencé à courir ? Elle ne voyait toujours pas le château. Manquant de perdre son souffle, la sorcière ne remarqua pas l'énorme branche en travers de sa route. Ses pieds entrèrent en contact avec brutalement et elle réprima un cri en trébuchant. Un des pans de sa robe bleu se déchira quand elle tenta de se remettre debout, désarçonnée. Au loin, entre les arbres, le feu se protégeait vers l'ouest. Elle se força à ne plus le regarder, car ses assaillants allaient finir par la repérer. Le visage empreint d'effroi, elle détourna les yeux du spectacle et recommença à courir... encore.

Jusqu'au moment où elle se retrouva face à un centaure – et elle remercia le ciel - ce n'était pas celui qui la pourchassait.

« - Firenze ! S'exclama t-elle soulagée en respirant avec difficultés.

- Que fais-tu ici, jeune poulaine ? Lui demanda t-il sagement. Tu n'es pas une auror.

- Non, admis cette dernière en reprenant son souffle, épuisée. Je me suis perdue au cœur de la forêt, j'avais cru bon d'apporter mon aide à .. à...

- Un ami qui t'es cher ? Devina le professeur devant son manque d'éloquence. Je me disais bien que ce bouleversement dans le mouvement des planètes n'était pas sans raison.. Grimpe sur mon dos, je vais te remmener au château où tu seras en sécurité.

- Où sont les autres centaures ? Demanda Hermione en dépoussiérant sa robe pleines de brindilles et tachée de terre. Ils me poursuivaient depuis si longtemps.. J'ai cru que je ne m'en sortirais jamais.

- Ils ont pris la fuite, la bataille a prit fin, répondit-il simplement en posant ses pattes arrières sur le sol pour qu'elle puisse monter sur son dos. »

Étonnée d'obtenir une réponse clair et aussi précise de la part d'un centaure, elle ne dit pas non et accepta l'aide qu'il lui apportait avec un remerciement. Est-ce le contact avec les humains qui le rendait aussi bavard ?

« - Ton ami n'a rien, ajouta Firenze en se relevant. »

Quelques minutes plus tard, alors qu'elle s'accrochait à ses flans pendant qu'il galopait en direction du nord, elle repensa à ce qu'il venait de dire.

« - Puis-je vous poser une question professeur ? Demanda Hermione en s'adressant à lui avec la plus grande courtoisie.

- Vas-y, lui intima la créature.

- Que voulez-vous dire en parlant du mouvement des planètes bouleversés ? Interrogea t-elle curieusement alors qu'elle se sentait de plus en plus envahie par une fatigue terrassante.

- Cela fait des mois que je lis les astres, s'expliqua t-il pensivement. Et ils m'annoncent tous la même chose...

- Laquelle ? Demanda la sorcière prudemment.

- .. Qu'il va bientôt y avoir un bouleversement dans l'ordre du temps, répondit sur un ton grave le centaure. Très bientôt.

- C'est impossible, murmura Hermione alors qu'elle se sentait partir peu à peu dans un sommeil réconfortant. Firenze..

- Oui ? demanda ce dernier à nouveau.

- Je suis vraiment désolé pour votre ami, fit-elle faiblement. »

Sa vue se troubla ensuite et ses paupières s'affaissèrent. Avant qu'elle n'ait pu entendre la réponse du centaure, le sommeil l'emporta pour une courte durée.

Hermione se réveilla peu après qu'ils aient franchis la barrière protectrice du château. La jeune femme mit un pied à terre et Firenze se releva. Elle remercia l'enseignant une fois de plus et traversa le parc pour rentrer. Sa robe était en lambeaux par endroits, Ginny allait la tuer.

Chapitre 26

Le dîner du soir se déroula dans une ambiance morose pour plusieurs raisons :

La première, ce fut évidement à cause de la tournure qu'avait pris les événements de la journée et qui avait crée un climat de tensions au sein du château.

La deuxième, parce que Ginny Weasley ne tolérait pas la présence de Parkinson au mariage de son frère et s'était disputé avec ce dernier à ce propos.

La troisième concerna les retrouvailles entre Parvati et son ancien mari Justin Finch Fletchley qui fit du dîner un véritable désastre. Ils n'étaient divorcés que depuis peu et le dîner fut rythmé par les piques qu'ils se lançaient.

Et enfin la quatrième, c'est qu'Harry ne revint pas. En vérité, personne ne le vit de toute la soirée et on se demandait si d'autres problèmes étaient survenus après cela.

Alors que le soleil se couchait, Hermione et les autres s'étaient regroupés autour de la cheminée dans la salle commune des gryffondor, essayant de tirer un trait sur cette journée. Luna était partit se coucher la première alors que tout le monde était perdu dans ses pensées. Ce ne fut qu'après le départ de Ron que Ginny osa enfin prendre la parole.

« - Quelle belle idée d'organiser un mariage dans un nid peuplé de centaures qui veulent notre peau au moment même où des mangemorts la veulent aussi ! Marmonna t-elle en rompant le calme.

- Ginny, commença un de ses frères en se redressant du tapis sur lequel il s'était agenouillé. Que cela soit en dehors de cette école, ou ailleurs, nous sommes tous en danger.. Qui que nous sommes ! Et personne n'est mort aujourd'hui à ce que je sache.

- Voilà qui est pleinement instructif et optimiste, merci George! S'exclama t-elle avec dédain. On voit que ce n'est pas chez toi qu'un des anciens adorateurs de Voldemort est entré pour te kidnapper !

- Ginerva, soupira ce dernier en venant s'asseoir entre elle et Hermione. Je suis désolé d'être aussi brute, mais ici, à Poudlard.. On ne pouvait pas rêver mieux ! Ron a eut une excellente idée de demander cela à McGonagal. Cet après midi aurait pu être bien pire, crois moi..

- On était entouré par un trentaine d'auror au moins, leur rappela Fleur tandis que George pressait Ginny contre lui alors qu'elle enfouissait son visage dans son cou. Arry avait la situation bien en main. »

À cette tirade, l'envie avait subitement prit Hermione de révéler à tout le monde concernant le meurtre du centaure ainsi que sa mésaventure dans la forêt interdite. Elle avait envie de leur dire qu'Harry n'était pas aussi prévoyant qu'ils le pensaient. Au lieu de ça, elle leur souhaita bonne nuit et quitta à son tour la salle commune. Jusqu'ici, les Weasley et Evanna pensaient qu'elle s'était seulement égarée quelques minutes avant de regagner le village où elle avait pu bénéficier de l'aide des aurors. Elle s'était empressée de jeter un sortilège de nettoyage sur sa tenue et ses cheveux afin qu'il y ait pas de remise en doute sur la véracité de ses dires.

Elle se dirigea vers la salle de bain des préfets dont le mot de passe lui avait été gentiment révélée par un fantôme qui passait par là et qui s'était souvenu qu'elle avait endossé un jour le rôle de préfète des gryffondor. La douche qu'elle avait prise en rentrant ne lui avait pas suffit.

Après avoir passé le portrait de Boris le Hagard en prononçant le mot de passe – soliflores – elle actionna la multitude de robinets d'un coup de baguette et attendit que la baignoire se remplisse.

Si tôt fait, elle se débarrassa de ses vêtements et se glissa avec précaution dans l'eau chaude de l'immense baignoire. Tout son corps était contusionné sous les périples qui avaient rythmés son après midi découverte et aventure. Elle colla son dos contre un des rebords après avoir fait quelques brasses et se détendit. Un bon bain chaud soulagerait au moins ses courbatures. Des volutes de vapeurs s'élevaient dans les airs alors qu'Hermione observait apaisée la sirène se mouvoir d'un geste lent dans son vitrail. Elle paraissait presque s'ennuyer, à l'observait ainsi.

Une heure plus tard, après avoir revêtu une de ses longues chemises de nuit en coton blanc et à manche courtes qu'elle ne revêtait heureusement qu'en de rares occasion, Hermione quitta sa chambre en emportant avec elle un plaid aux motifs écossais et un livre qu'elle comptait lire en attendant de trouver le sommeil. Après ce qu'elle avait vécu aujourd'hui, ce serait sûrement peine perdue et elle passerait sans doute une nuit blanche. Elle espérait presque retrouver cet état d'épuisement qui l'avait assaillit lorsque Firenze l'avait trouvé.

La sorcière revint dans la salle commune des rouges et or et vit qu'un feu avait été allumé dans l'antique cheminée. Si c'était une chaude soirée d'été, le temps restait frais entre les murs de l'école. Un des Weasley avait dû oublié de l'éteindre en partant se coucher. Elle s'installa confortablement sur le canapé et s'enroula dans son plaid et se plongea dans la lecture de son livre préféré : l'histoire de Poudlard. Étrangement, elle ne l'avait pas lu depuis une éternité. Depuis qu'elle avait quitté Poudlard, à vrai dire.

Chapitre 26

Les rues de Pré au Lard étaient animées après la victoire des aurors et des sorciers sur les centaures qui aux dernières nouvelles, avaient quitté la forêt interdite. La plus part d'entre eux en tout cas. On ne savait pas où ils avaient pu aller, ni combien d'entre eux il restait désormais.

Quelques hommes sortirent d'un pub, légèrement alcoolisés. Bras dessus et bras dessous, ils chantaient d'un voix forte un chant victorieux dont les paroles restaient difficiles à discerner. Harry sortit de ce même pub, une bouteille à la main. Son uniforme rouge d'auror était froissé et lui donnait un air légèrement débraillé. Il s'essuya la bouche avec la manche de sa veste alors que sa vue se troublait devant lui. Une autre fille sortit à sa suite. Elle devait avoir dans les vingt cinq ans et portait encore son déguisement de Serdaigle. La charmante sorcière passa à côté de lui en lui lançant un clin d'œil avant de poursuivre son chemin tranquillement. Harry la regarda partir mais son esprit était ailleurs, perdu dans un passé qui venait une fois de plus le rattraper.

« - Vous êtes la Dame Grise. Le fantôme de Serdaigle.

- Je ne réponds pas à ce nom.

- Excusez-moi. Vous êtes Héléna. Héléna Serdaigle. La fille de Rowena.

- Êtes-vous un ami de Luna ?

- Elle pense que vous pourriez m'aider.

- Vous cherchez le diadème de ma mère.

- C'est exact.

- Luna a bon cœur, contrairement à beaucoup d'autres. Mais elle se trompe. Je ne peux rien pour vous.

- Attendez ! Je veux le détruire !

- Ils sont incorrigibles.. Quelle tristesse…

- C'est aussi votre vœu, Héléna ! Qu'il soit détruit.

- Un autre a juré de le détruire, il y a des années. Un garçon étrange, au nom étrange.

- Tom Jedusor.

- Mais il a menti.

- Il a souvent menti.

- Je sais ce qu'il a fait ! Je sais qui il est ! Il m'a souillé en usant de magie noire !

- Je peux le détruire une bonne fois pour toutes. Si vous me dites où il l'a caché. Vous savez où il l'a caché, n'est-ce pas Héléna ? Il suffit de me le dire. S'il vous plaît.

- C'est étrange. Vous me faites un peu penser à lui. »*

Chapitre 26

Le sommeil commençait enfin à gagner Hermione, quand elle entendit un léger « boom » dans son dos.

« - Merde ! S'exclama une voix assourdie.

- Eh bien, mon garçon, dit une voix de femme offusquée. Vous êtes dans un sacré état ! »

La grosse dame.

« - C'est ça, grommela la voix en guise de réponse. »

Émergeant de son sommeil imminent, Hermione eut le temps de se tourner pour voir un homme franchir le portrait de la salle commune en titubant. Elle reconnut la chevelure décoiffée d'Harry. Décoiffé n'était plus le mot qui convenait. Les yeux marrons de la sorcière s'écarquillèrent en s'apercevant qu'il était ivre.

Étonnée et inquiète de découvrir son ancien ami dans un tel état d'ébriété, la brune se leva du canapé aussitôt et délaissa son plaid pour marcher vers lui, hésitante. Heureusement que les autres étaient couchés.

« - Harry, est-ce que tout va bien ? Demanda t-elle la mine soucieuse en constatant qu'il pouvait à peine tenir debout. »

Il se tourna vers elle d'un pas mal assuré et plissa les yeux en s'apercevant de la présence de la jeune femme. Contre toute attente, il ne lui adressa pas l'œillade froide qu'il lui desservait habituellement. Ses yeux verts embrumés par l'alcool la parcourent entièrement, et un sourire étira ses lèvres.

« - Hé Hermione ! lança t-il. T'es mignonne comme ça... »

Wouah, il était sacrement bourré. Il sentait l'alcool à plein nez comme s'il en avait imbibé ses vêtements. L'auror vint s'adosser contre le mur le plus proche mais rentra dans une commode qui était juste derrière lui au moment où un autre « boom » se faisait entendre.

« - Chuuut, fit-il en parlant au meuble. »

Il fallait avouer qu'il était plus drôle sous l'effet de l'alcool, bien qu'elle ne voulait pas approuver sa conduite. Mais bon, il était sympa avec elle au moins. Hermione plaqua ses mains devant sa bouche, se retenant de rire avant de s'élancer vers lui. Elle avait oublié l'agacement constant qu'il lui inspirait en temps normal, quel paradoxe étrange.

« - Viens là, laisse moi t'aider, parla t-elle d'une voix rassurante en prenant son bras pour le soutenir.

- Tu sais, Hermiione... Si t'étais pas parti 'ya dix ans, ce serait certainement toi qui 'pouserait Ron 'jourd'hui, articula t-il d'une voix pâteuse en passant un bras par dessus ses épaules. Et moi, j'en aurais profeté pour 'mander Giinny en mariage. »

Pour ce qu'elle avait comprit, l'ancienne gryffondor haussa un sourcil, mais ne releva pas la remarque. Dans cet état, les sorciers comme les moldus étaient capables de débiter toutes sortes de conneries. Ou bien la vérité, lui souffla la voix sa conscience. Est-ce de cette façon que les choses se seraient déroulées si la situation avait été toute autre? Hermione aussi s'était plus d'une fois posé la question.

Ils firent un pas en avant. Elle crut peut-être rêver mais il lui sembla que le jeune homme lui humait les cheveux. Ce qui manqua de les faire trébucher, la brune tenue heureusement le coup et le redressa du mieux qu'elle put.

« - Oh.. Sa tourne ! s'étonna le brun en fronçant ses sourcils noirs. »

- Allez Harry, avance ! Je vais te déposer sur le canapé... pour que tu puisses.. dormir ! s'exclama-elle avec difficulté. »

Elle eut toutes les peines du monde à le faire installer sur les coussins rouges et moelleux. Elle se demanda quel instinct de survit l'avait poussé à arriver jusqu'ici sain et sauf. Elle poussa ses mains sur ses épaules avec plus d'insistance pour qu'il s'asseye dessus. Harry la lâcha et tomba sur le canapé en ricanant, la tête renversée en arrière.

« - Je ne vois ce qu'il y a de drôle, remarqua Hermione en faisant un pas en arrière, vexée. »

Elle tira le plaid de sous ses fesses dans l'intention de le couvrir avec, en espérant qu'il n'allait pas lui vomir dessus. Elle se pencha au dessus de lui avec précaution, et étendit la couverture sur lui. Ses mèches noirs vinrent chatouiller son cou. Hermione rougit en songeant qu'il avait presque la tête entre ses seins.

« - Tu sens bon.. dit-il les yeux fermés.

- Et toi tu empestes l'alcool jusqu'à Pré au Lard !

- Tiens, c'est drôle ça, fit-il étonné en rouvrant les yeux. Figure toi que c'est là d'où je viens..

- Non, sans blagues, marmonna t-elle en se redressant. »

Un nouveau rire taquin franchit ses lèvres et il posa une main maladroite sur sa hanche.

« - J'aime quand t'es drôle, Her-mi-gnone. »

Elle piqua un fard à sa main sur sa hanche et à l'entente du surnom affectueux que lui avait donné Ron il y a des années, à l'époque où le rouquin était encore amoureux d'elle et où elle l'était aussi. Il lâcha sa hanche au moment où elle releva les yeux vers lui. Son sourire s'était fané. Il était même devenu très sérieux.

« - Tu sais, avec Pansy.. C'est pas c'que tu crois, dit-il tristement en n'osant plus la regarder. »

Il la confondait Ginny, maintenant ? Hermione ne put s'empêcher de se demander s'il avait toujours des sentiments pour elle. Après dix ans presque.. Elle ignorait peut-être des détails de leur histoire, peut-être s'étaient-ils remis ensemble durant les années qu'elle avait passé loin d'eux. Cela aurait très bien pu arriver.

« - C'est ton problème Harry, cela ne me regarde pas, répondit-elle simplement. »

Il ne lui répondit pas. Le jeune homme s'était affalé sur les coussins et un bras posé sur son visage, il dormait désormais profondément. Ses yeux fermés et son visage serein lui conférait l'apparence qu'il aurait dû avoir, celle d'un jeune homme de vingt sept ans pas encore tellement prêt pour être à la tête d'une élite telle que les aurors. Pourtant, c'était bien le cas. Tout ce qu'il avait traversé des années auparavant l'avait fait grandir beaucoup trop tôt.

Hermione le regarda dormir quelques instants. Elle se rappela de l'inexplicable sentiment de jalousie envers Ginny qui la submergeait constamment lorsqu'elle avait seize ans. Elle avait jalousé tellement de choses chez elle.. les regards masculins qu'elle attirait sur ses courbes et sa belle chevelure rousse, alors qu'à l'époque ses cheveux à elle étaient emmêlés et sa poitrine plate.. Ou son succès au poste de poursuiveuse de sa maison alors qu'elle était incapable de monter sur un balais sans se ridiculiser..

Ce sentiment là qui était réapparut soudainement alors qu'Harry l'avait prit pour Ginny deux secondes plutôt. Elle fronça des sourcils et se mordit la lèvre inférieur. Non.. ça ne pouvait pas être à cause d'Harry, ça n'avait jamais été à cause de lui puisqu'à l'époque, elle n'avait d'yeux que pour Ron. Mais maintenant, alors qu'elle éprouvait cette attirance récente et inexplicable..

Tout à coup, elle reprit ses esprits. L'heure n'était plus aux prises de têtes, la journée avait été assez fructueuse en émotion. Elle engouffra tout cela dans un coin de sa mémoire et se prépara à quitter la salle commune pour rejoindre sa chambre. Elle ramassa le livre ouvert qu'elle avait abandonné tantôt pour venir à la rescousse du survivant. L'histoire de Poudlard était ouvert aux chapitres des fondateurs.

En apercevant une illustration d'Helga Poufsouffle, un trait soucieux apparu au creux de ses sourcils. Un souvenir lointain des cours du professeur Binns lui était revenu en mémoire.

Peut-être que...

Hermione ferma le livre d'un coup silencieux avant de traverser la salle commune. Elle atteint sa chambre deux minutes plus tard et ferma la porte en ébène. D'un coup de baguette, quelques bougies s'allumèrent dans divers endroits de la pièce. Hermione s'empara de son sac violet qui traînait sur le lit et plongea une main dedans qu'elle remua pour chercher quelque chose.

Elle en ressortit un vieux manuel de potion qu'elle avait acheté il y a bien longtemps avec Harry, dans une boutique de l'allée des embrumes. Le genre de bouquin qu'on ne verrait plus jamais entre les mains d'un élève de Poudlard. Elle revint sur le bureau et le posa dessus avant de s'asseoir sur le fauteuil. Elle ouvrit le livre et après une brève vérification en bas du sommaire, elle tomba sur le chapitre qui l'intéressait.

L'art des potions au moyen âge.

Sérieuse et concentrée, Hermione se pencha pour lire à la lueur des bougies le passage sur lequel elle venait de tomber.

Essence anima : potion qui régénère l'âme dans sa forme originelle. Au cas où cette dernière est fragmentée ou endommagée par un sort, l'essence est le meilleur remède connu à ce jour. Elle fut élaborée par Helga Poufsouffle elle-même bien qu'elle n'ait jamais réussie à la mettre complètement au point car il lui manquait l'ingrédient final. On sait désormais que cet ingrédient est le cœur d'un centaure. Un acte qu'elle ne pu appartement commettre, car le meurtre de cette créature mythique est considéré comme tout aussi abominable que celui d'une licorne. De nos jours, il est passible d'un séjour à Azkaban.

Un acte effroyable et répréhensible par le ministère, comme le meurtre dont avait été victime Magorian par exemple.

Hermione releva la tête de sa lecture. Elle savait qu'elle n'avait pas besoin de se rendre dans les serres pour en avoir le cœur net. Voilà ce dont les professeurs et les aurors avaient du discuter entre eux lorsqu'ils s'étaient réunis dans cette salle.

Elle se demandait maintenant quel genre de mangemort aurait pu vouloir préparer une telle potion.. S'il s'agissait bien de l'un d'entre eux.

Fire at everything at once

Shout me down, should have left it all alone

I'll be everything I'm not

Better left it all unknown

(Sneaker Pimps, Lightning Field)


* extrait tiré du film Harry Potter et les reliques de la mort - Partie 2