Un an d'absence ? Et puis quoi encore ? Je sais, je sais, c'est horrible, mais je suis toujours là, en espérant que certain d'entre vous éprouve encore l'envie de lire cette fan fiction. Et oui, malgré le temps qui passe elle me tient toujours à cœur, à tel point que je corrige encore les fautes que je découvre dans les chapitres précédents.. Celui qui suit est comme vous pourrez le voir en deux parties, et dans quatre ou cinq chapitres, mon histoire touchera à sa fin ! J'y met toujours autant d'application (enfin d'après moi) et j'espère réellement que vous prendrez plaisir à continuer de la lire :) Toujours merci pour les reviews du chapitre 28, j'imagine à quel point mon rythme de publication doit être difficile à endurer. Bonne lecture !


Chapitre 29: Esprit du chaos

Partie 1

Attroupées derrière lui, elles suivaient paisiblement ses pas, leurs corps disgracieux ondoyant au dessus du sol. Il flairait dans son dos leur souffle répandre leur désespoir dans les airs, leurs râles se propager dans le vent, n'engendrant que le néant sur leur passage. La nature sauvage du nord pâlissait à leur approche, et le soleil lui-même s'était engouffré derrière les nuages. La vallée grouillant habituellement de vie semblait avoir délibérément marqué un arrêt. Il n'y avait aucun chant d'oiseau autour de lui, aucune vie de toute forme que ce fut qui voulut s'approcher. Rien que lui.

Leur froid était pareil à un baume apaisant, une telle source de quiétude qu'il ne connaissait rien lui faisant autant d'effet que le repos et la tranquillité qu'elles lui apportaient.

Les détraqueurs étaient comme une extension de lui-même. Il aurait été capable de les suivre jusqu'en enfer..

Nous sommes tout près, mes sages créatures. Ce n'est qu'une question de temps.

L'homme poursuivait sa marche, sentant qu'il n'avait rien à craindre. Il était même honoré de la confiance qu'elles avaient placée en lui. Quoi qu'il arrive, sa protection serait garantie. Après tout, il entretenait un lien particulier avec elles, un lien qu'aucun sorcier ou moldu ne serait en capacité de comprendre.

Effectivement, personne n'aurait pu comprendre comment un homme pouvait survivre à leur influence désastreuse sur la psyché humaine. Ni comment il pouvait se prendre d'affection pour des êtres aussi nocifs et lugubres.

Elles prirent soudain de l'avance sur l'homme qui eut un sursaut, et il s'arrêta alors qu'elles s'envolaient en cercles autour de lui, créant un immense tourbillon funeste au-dessus de sa tête. Certaine s'approchèrent jusqu'à venir frôler son visage, lui murmurant des mots qui résonnèrent dans son esprit dont il était le seul à pouvoir trouver sens.

Puis, comme s'il avait deviné ce qu'elles désiraient lui dire, il acquiesça.

Son regard brillant de détermination, il leva son bras et désigna un point entre les hautes montagnes dont les premiers pics se dessinaient au loin.

Un à uns, les détraqueurs s'élevèrent sans attendre et suivirent le mouvement, se faufilant haut dans le ciel en direction des montagnes, leurs ombres disparaissant progressivement dans le ciel qui s'éclaircissait de nouveau.

À des kilomètres de là..

"- Les demoiselles d'honneur ? Voilà c'est cela, placez-vous à droite de la mariée, ordonna le photographe. Mais où est passé l'autre témoin ? "

Deux cent invités étaient réunis dans le parc où une séance photo s'éternisait, au grand regret de la plus part qui s'impatientait de retrouver la fraîcheur des murs du château. Le soleil tapait fort en ce début d'après-midi et de nombreux éventails et ombrelles avaient été déployés parmi la foule de sorciers. Des serveurs allaient et venaient en proposant divers cocktails auprès des invités qui se laissaient volontiers tenter et saisissaient les coupelles qu'on leurs tendait. L'ambiance était au rendez-vous, la cérémonie avait ému bon nombre d'entre eux.

En dépit de ça, l'absence de magie restait le principal sujet de conversation parmi les convives.

Pourtant, à seulement quelques mètres du photographe, à l'ombre d'un arbre face au lac, Harry, Charlie et les jumeaux discutaient entre eux d'un tout autre sujet.

"- Allez Harry, insistait Fred. Un des dragons de mon frère est jeu ! Ce n'est pas tous les jours que l'on se voit proposer une telle offre !

- Que ferais-je d'un dragon ? Demanda celui-ci.

- Nouveau moyen de locomotion assuré pour les aurors ? Avec ça, plus besoin de baguette pour coincer un mangemort, rajouta George. Le dragon fond sur lui et si besoin est..

- Il déverse son feu sur lui !

- Nom d'un chien, c'est une chance que vous soyez dans le commerce, vous deux, s'offusqua Charlie à voix basse, tandis qu'Harry peinait à calmer son hilarité."

Ces derniers élaboraient un pari pour revisiter le discourt qu'Harry prononcerait d'ici une demi-heure, lors du banquet. Pour remporter le gain - qui au passage n'avait été ni proposé ni accordé directement par Charlie -, le témoin devait insérer dans ses vœux de bonheur aux mariés des mots qu'il avait directement refusé de prononcer, mais qui l'avait dès lors plongé dans un tel fou rire que des invités se retournaient en passant devant eux, vaguement surpris.

Durant ce temps, les mariés ainsi que les proches faisant faces à Colin Crivey et son objectif s'impatientaient de leur retard. Tonks, que le photographe avait placé à la droite de la tante Muriel fit retentir sa voix forte par-dessus le brouhaha de conversations animées.

"- Harry, au lieu de t'égosiller comme un porc, ramène tes fesses ici et cesse de bavarder ! Fit-elle en se tournant vers le lac d'où surgissait les rires derrière les branches."

Son bras était posé par dessus les épaules de Teddy qui se tordait le coup pour apercevoir son parrain. Quelques rires supplémentaires s'élevèrent mais du côté des mariés cette fois ci, tandis qu'Harry tâchait de reprendre son sérieux et les rejoignait en de rapides enjambées. Il passa devant Ginny qui pour le charrier tenta d'aplatir ses cheveux au passage. Ils rirent tous les deux, et le survivant pu enfin prendre sa place comme le photographe lui intimait de le faire, entre Ron et Neville. Les jumeaux et Charlie vinrent compléter le groupe quelques secondes après.

Molly, à côté d'Hermione n'était pas de très bonne humeur malgré la récente union de son dernier fils. Pour cause, Percy ne paraîtrait pas sur la photo. Les jumeaux tentaient quant à eux de garder le sourire et d'en plaisanter.

"- Tu te rends compte, maman ? Demanda Fred en remettant son nœud papillons violet bien en place. Le seul de tes enfants à n'avoir jamais reçu aucune beuglante, il serait urgent de revoir tes méthodes avec lui..

- Il y a une première fois à tout, rajouta Georges."

Leur mère soupira hâtivement en levant les yeux au ciel juste au moment où le photographe immortalisait l'instant.

Chapitre 29

Parvati Patil admirait son plan de table formidablement élaboré par ses soins et qui jusque-là, avait été respecté par les invités à la lettre.

Les Weasley formaient un clan nettement distinguable au centre de la pièce. Il avait fallu plus d'une table pour les faire tous rentrer dans le plan, et bien que les tables en question puissent accueillir une douzaine de personne au total, la tâche s'était révélée ardue pour l'organisatrice. Sans parler des parents lointain de Luna qu'il avait fallu rajouter. La progression du plan de table suivait ensuite une forme en spirale sur laquelle s'étendait la famille proche, les amis, puis les anciens membres de l'Ordre du Phénix, ceux de l'Armée de Dumbledore, des employés du ministère ou issus du milieu journaliste que fréquentait Luna, mélangés avec l'équipe de quidditch de Ron. Il y avait enfin des anciens de Poudlard qui étaient plus des connaissances de connaissances, et la boucle se terminait enfin par les journalistes et photographes conviés à l'événement.

Parvati n'avait jamais oublié son bal de quatrième année – le seul à avoir été donné durant toute sa scolarité – et avait pris beaucoup de plaisir à organiser l'événement au sein du château, malgré le stress dû à la pression qui pesait sur ses épaules ainsi que sur celles des membres de son équipe. Ce fut pour elle l'occasion de se rappeler de merveilleux souvenirs datant du tournoi des trois sorciers. Les différentes écoles étrangères qui s'étaient mêlés aux festivités, les sorciers et sorcières somptueusement vêtues ce soir-là, le parc de l'école illuminé par la présence d'une centaine de fées volant au-dessus des massifs de roses, sa robe rose et sa natte entrelacée de fils dorés..

Plongée dans sa rêverie joyeuse, elle retint un rire en se rappelant du piètre danseur qui lui avait fait office de cavalier lors de ce réveillon de Noël. Parvati n'avait pas manqué de remarquer à quel point Harry avait changé depuis et ne paraissait plus aussi intimidé et maladroit qu'à l'époque. Bien qu'il ait passé la totalité de la cérémonie à triturer son nœud de papillon, comme s'il craignait manquer d'air, il restait affreusement séduisant et agréable à regarder. Ceci dit, elle avait oui dire dans le parc qu'il ne lui tardait pas le moment d'aller danser. L'auror avait sûrement bien d'autres choses en tête, avec toutes les responsabilités qui lui incombaient, contrairement aux autres.

Installée à la table des mariés, Hermione quand à elle avait du mal à se laisser aller lorsqu'elle reportait son attention sur le bout de papier écrit par Ginny, dissimulé dans son menu entre ouvert. Elle en profitait de temps à autre pour y jeter un coup d'œil, bien que discret et bref, car elle ne voulait certainement pas attirer les soupçons sur son attitude déjà tendue. Elle n'avait pas encore osé en parler à la seconde demoiselle d'honneur.

Alors comme ça, une prophétie avait vu le jour et un enfant soit disant béni des dieux allait bientôt naître, bien qu'on ne sache pas quand exactement.. Ah si ! Le ciel enflammé sous la lune.. et les trois planètes ne faisant qu'une ? De bien belles paroles complètement dépourvues de sens. Mais l'avant dernière phrase avait retenue son attention :

La magie s'envolera tout le saint jour durant

Et là, il n'y avait aucune raison de se montrer sceptique.

Hermione s'efforça de reprendre contenance et de se laisser envoûter par la multitude de roses et chandelles qui trônaient majestueusement sur les tables joliment décorées, plutôt que de se concentrer sur une prophétie sans queue ni tête en élaborant mille et une hypothèse.

Dans la bonne humeur générale rythmée par les conversations enjouées et les rires d'enfants qui s'amusaient, trois légers coups furent assenées sur du cristal. La sorcière releva la tête et le silence se fit. Son regard se dirigea vers le centre de l'attention.

À deux chaises d'elle, Harry s'était levé, une coupe de vin dans la main qu'il leva en direction de l'assemblée. Hermione but une gorgée de sa propre coupe, les doigts crispés et la gorge sèche. Tous les regards convergèrent sur lui. Charlie prit Roxanne sur ses genoux afin qu'elle arrête de courir entre les tables. George non loin d'eux secoua la tête, sans doute déçu que l'auror n'ai pas accepté leur pari.

Harry ne semblait pas avoir besoin de glisser des mots salaces pour provoquer les rires. Ces derniers commencèrent à fuser face à la mine soucieuse et maladroite qu'il arborait. On doutait évidement de son authenticité, le témoin avait apparemment décidé de se prêter à l'auto dérision pour assurer son discours en y rajoutant une touche d'humour personnelle.

"- Mesdames et messieurs, je vous remercie de votre attention, dit-il en haussant la voix pour être entendu jusqu'à l'autre bout de la salle. Vous savez, les enfants posent de drôles de questions parfois ? Demanda-t-il et certain approuvèrent en riant. Eh bien, il y a quelques heures de ça, continua Harry, Victoire Weasley m'en a posé une des plus.. Préoccupantes."

Confortablement installé dans sa chaise, Bill rit chaleureusement en passant un bras par-dessus les épaules de sa fille qui rougissait jusqu'aux pieds. Les yeux brillant de malice en l'observant, Harry ricana gentiment et continua son discourt.

"- Elle m'a demandé de lui expliquer ce qu'était le romantisme, dévoila-t-il ensuite."

Des « Oh » d'attendrissement fusèrent de l'auditoire, aussitôt remplacés par des rires face à l'air embarrassé et innocent du survivant face à cette question. Hermione songea qu'il aurait fait un très bon comédien.

"- Je dois vous avouer que sur l'instant, je n'ai pas vraiment su quoi lui répondre, confia le témoin, perplexe. Alors, j'ai demandé à Ron."

Fleur faillit avaler son vin français de travers lorsque Ginny à côté d'elle tapa du pied involontairement sous la table et plongea dans un grand éclat de rire à cette déclaration. Et elle ne fut pas la seule à le faire. La plus part des sorciers qui avaient connu Ronald Weasley de près ou de loin l'imitèrent.

Le concerné, assis à côté d'Harry secoua la tête en ricanant faiblement, un brin mal à l'aise. Mais sa femme qui rigolait gentiment passa un bras autour de son cou en l'embrassant tendrement et lui cela lui redonna instantanément le sourire.

"- Espèce de crétin, lança-t-il finalement à l'adresse de son meilleur ami.

- Excuse-moi vieux, rétorqua le témoin, compatissant en le pointant avec son verre. Mais tu n'es pas vraiment un expert en la matière, néanmoins, jusqu'à ce Luna ci-présente réalise l'impensable.. Figurez-vous que je connais Ron depuis longtemps.. »

...

"- Je crois qu'il est inutile de dire à quel point l'amour peut transformer une personne, termina l'auror. Mon meilleur ami en est la preuve vivante, et je lui souhaite à lui et à sa femme tout le bonheur possible. À Luna et Ron ! Clama-t-il haut et fort."

Harry leva son verre plus haut, et largement satisfait par son discours bouleversant de sincérité, toute la salle applaudit bruyamment après avoir répété en cœur ses derniers vœux de bonheur aux mariés. Molly qui alternait depuis le début de la journée entre rires et larmes sécha ces dernières dans un mouchoir trempé. Ron prit la main de Luna et ils échangèrent un regard complice. Ils paraissaient parfaitement comblés l'un à côté de l'autre.

"- Oh l'imbécile, il va réussir à me faire pleurer, maugréa Tonks assise à la table de l'Ordre du Phénix en se cachant les yeux d'une main, toujours sous le coup de l'émotion. À le côtoyer tous les jours au boulot, j'ignorais qu'il pouvait être aussi sentimental !"

L'entraîneur des Canons de Chudley installé à la table de derrière lui tendit un mouchoir qu'elle saisit en le remerciant.

Soulagé de s'en être sortie avec brio, Harry vint se rasseoir à la place qui était la sienne, entre son meilleur ami et Ginny qui, assise négligemment sur sa chaise, gloussait encore sans pouvoir se contrôler. L'auror entrechoqua légèrement son verre contre celui de la rousse.

"- Merci encore, souffla-t-il délicatement dans sa direction.

- Je t'en prie, répondit-elle. Je n'en reviens pas qu'ils y aient vu que du feu..

- Moi non plus, avoua le sorcier à lunettes avec une mine étonnée."

Les invités étaient loin de s'imaginer que la quasi-totalité du texte avait été rédigé par la sœur du marié la veille en catastrophe après que le survivant soit venu réclamer son aide désespérée. Comme il le lui avait fait remarquer, ce genre de choses lui échappait complètement. S'il avait naturellement pris l'habitude de prendre la parole dans le bureau des aurors pour donner des directives, il n'en était pas de même lors de réception où il détestait que l'attention retombe sur lui, ce qui ne manquait jamais d'arriver. Finalement, son image de sauveur lui servait une fois de plus.

Une fois la pièce montée entamée, les Croc Mitaines firent une entrée fracassante dans la salle, salués par tout le monde. Ils entamèrent une reprise de leurs plus grands succès et invitèrent les sorciers à se diriger vers la piste. Ron et Luna ouvrirent le bal comme la coutume l'exigeait. Puis Molly et Arthur furent les suivant.

Bientôt, une dizaine de couples déambulait au centre de la grande salle et l'ambiance montait progressivement au fur et à mesure que la musique évoluait et devenait plus rythmée. Evanna avait entraîné Charlie avec elle sur la piste de danse. Molly dansa avec Ron, puis avec Harry qui fut plus forcé qu'autre chose.

Ron profita de ce moment pour rejoindre Hermione à la table des mariés. Elle n'avait toujours pas risqué un pied vers l'espace réservé aux danseurs, ce qui était une première. Elle avait toujours aimé danser lorsque l'occasion se présentait. Pourtant, cette dernière discutait avec Tonks, qui avait déplacé sa chaise jusqu'à sa table pour converser joyeusement avec la brune.

Le rouquin s'accroupit entre elles en les coupant sans ménagement.

"- Tonks, ne m'en veux pas, mais je voudrais te l'emprunter un moment, annonça-t-il.

- Elle est toute à toi, répondit Nymphadora en pressant Hermione à quitter sa chaise, sous les râlements de celle-ci."

Ce fut un Ron Weasley joyeux et rieur qui entraîna Hermione sur la piste alors qu'elle se laissait gagner par sa bonne humeur.

« - Je ne sais pas si je te l'ai encore dit, mais toutes mes félicitations, Ron, s'exclama-t-elle tendrement à son égard. »

Ce dernier répondit à cette déclaration par un rire affectueux avant de l'enserrer de ses bras.

Hermione était tellement heureuse pour lui.. Il formait avec Luna un couple merveilleux, formidablement assortie tant de par leur caractère que par leur personnalité. Oui, c'était certain, leur union était une évidence, et ils formaient aux yeux de tous le couple idéal.

Une heure et demi plus tard, les invités applaudissaient les Croc-Mitaines tandis que ces derniers cédaient leur place aux Bizar Sisters. Fred et George vidaient les coupes à une vitesse ahurissante et Harry s'excusait encore devant Molly pour lui avoir marché sur les pieds durant la précédant chanson. Teddy et Victoire, riants aux éclats continuaient de danser en sautillant au milieu de la piste qui commençait à se vider, les invités se dirigeant vers un bar qui venait d'être mis à leurs dispositions.

Le silence ne fut que de courte durée, car les Bizar Sisters commencèrent à jouer. Un son de basse retentit, donnant le rythme à une musique qui avait fait un véritable carton à l'époque où Hermione débutait sa scolarité ici.

Un bras passé par-dessus ses épaules, Ron l'avait entraîné vers le bar où ils croisèrent Harry. Ayant toujours été mal à l'aise dans un costume, ce dernier avait enlevé sa longue veste de sorcier et son nœud papillon était défait. Il riait à quelque chose que lui disait Seamus Finnegan alors que Dean Thomas lui tendait deux verres par-dessus des invités bruyants. Harry les attrapa et les tendit à Ron et Hermione. Cette dernière en avala une gorgée et se tourna vers le centre de la salle, où les sorciers se précipitaient plus nombreux cette fois, et elle eut l'impression de se retrouver à son bal de quatrième année.

Elle s'esclaffa en voyant les enfants de ses amis apprécier les musiques de la précédente génération. Evanna tentait désormais d'inviter un des aurors à danser, sans grand succès apparemment. Non loin, Ginny tenait Dominique par les mains et toutes deux secouaient leurs chevelures rousses à la manière des rock stars. Cho Chang, radieuse dans une robe chocolat dansait avec son mari même si ce dernier avait du mal à suivre la cadence, et Charlie semblait avoir enfin rassemblé son courage pour inviter Tessa Clegane.

À les regarder faire, Hermione songea qu'elle ne se souvenait pas d'avoir été aussi heureuse et entière qu'à cet instant. Elle réalisa avec joie que sa place était ici, parmi eux. Le parchemin ne représentait plus qu'une préoccupation mineure à ses yeux.

Visiblement, Evanna se sentait tout aussi à l'aise qu'elle.

"- Hé, le botteur de culs de mages noirs ! S'exclama la moldue en déboulant sans gêne devant le trio surpris. Alors comme ça, tu n'autorises pas tes aurors à s'amuser un peu ?

- Ce n'est pas pour cette raison qu'ils sont là, expliqua Harry en la regardant comme si elle venait d'une autre planète.

- Et Tonks alors ? Riposta la rousse légèrement éméchée alors qu'Hermione et Ron observaient ébahis le chef des aurors se faire réprimander par une moldue.

- Tonks est là en tant qu'invité.

- Comme ton copain blond que tout le monde déteste ?

- Heu.. Non. Lui, il a simplement refusé de porter...

- Tu m'en diras tant, le coupa Evanna en lui dérobant le verre qu'il allait finir. Viens par-là, Harry Potter !"

Elle tendit son verre à Hermione et lui prit la main sans attendre, le dirigeant vers la piste alors qu'il traînait des pieds, incertain.

Chapitre 29

Ginny se demandait quand les choses allaient dégénérer. À un mariage, cela n'échappait pas à la coutume. Si les invités s'émerveillaient innocemment devant le romantisme que représentait l'union de deux amoureux, ils n'en étaient pas moins déçus lorsque les réjouissances cédaient la place aux excès et comme elle put le constater, cela ne tarda pas à arriver dès le repas terminé et que l'après-midi fut bien entamée.

C'est en cherchant le parchemin égaré dans la cour où avait eu lieu la cérémonie que Ginny était tombé sur lui. Il l'avait entraîné dans un coin sombre, et dissimulé par un rosier grimpant, il l'avait dragué ouvertement. L'alcool ayant raison d'eux, Ginny n'avait pas eu la force de résister à ses avances.

Et si un invité ne les avait pas surpris ainsi dans cette position compromettante, Malefoy serait sûrement parvenu à ses fins.

Ginny ouvrit les yeux et s'aperçut avec horreur que Pansy Parkinson se tenait à quelques mètres d'eux sans rien dire. Figée d'embarras, la rousse referma les yeux en sentant un vertige la menacer.

Nul doute que Parkinson lâcherait le morceau à la première occasion.. et à la première sorcière en quête de ragot. Lorsqu'elle les rouvrit, Parkinson reprenait son chemin, droite et fière, comme si elle n'avait rien remarqué. Malefoy, lui, ne s'était réellement aperçu de rien et continuait à ravager son cou pâle de baisers.

Ginny le repoussa, subitement honteuse. N'osant le regarder, elle remettait de l'ordre dans sa coiffure et rajustait sa robe. Drago, qui n'apprécia guère d'être rejeté de la sorte eut un mal fou à reprendre le contrôle de lui-même, lui qui d'ordinaire adoptait un comportement si mesuré.

« - Weasley.. Souffla-t-il difficilement. »

Ginny leva ses yeux vers lui et vit les siens, encore embrumé par le désir qu'ils avaient manifesté.

« - Lance nous a vus, mentit-elle. »

Elle partit sans un mot de plus pour l'auror.

Une fois rafraîchie avec du jus de citrouille, histoire de garder les idées claires, Hermione délaissa le bar à cocktail et se dirigea vers la table des Londubat. Elle s'était lassée de chercher Ginny qui semblait tout bonnement avoir disparu, et se raisonna en songeant qu'elle lui parlerait du parchemin à un autre moment de la journée. Elles en auraient forcément l'occasion.

A côté de ça, Ron avait rappelé à plusieurs reprises durant le repas que les deux témoins devraient également danser au moins une fois ensemble, ce qui n'avait pas manqué de faire rire toute l'attablée qui n'ignorait pas leur mésentente actuelle. De ce fait, ils attendaient tous ce moment avec impatience. Cette perceptive rendait la jeune femme assez nerveuse. Hermione éprouvait assez de mal à ne pas laisser son regard divaguer en direction du coin de la salle où Harry discutait actuellement avec quelques haut membres du ministère. Alors elle faisait profil bas. Mais elle avait donné sa promesse à Ron et il lui faudrait la respecter à un moment donné.

Elle profita de la chaise vide qu'avait laissée sa meilleure amie à la table des Londubat pour s'y infiltrer.

La sorcière retroussa soigneusement les pans de sa robe envahissante en prenant place et adressa un sourire accueillant à la grand-mère de Neville qui le lui retourna. Cette dernière la congratula pour sa robe et vu son expression, elle avait réellement l'air de la trouver charmante ainsi. Elle n'osa pas relever sa réflexion et chercha un moyen d'instaurer un sujet de conversation avec le groupe. Sujet qu'elle parvint sans trop de difficulté à dégoter.

« - Excusez-moi de vous interrompre, ce n'est sûrement pas le moment de parler de ça, commença Hermione d'un sourire engageant. Mais étant donné que tu enseignes ici depuis longtemps, Neville, je voulais te demander quelque chose.. »

Le professeur l'écouta attentivement lorsqu'elle lui demanda s'il avait remarqué le tableau représentant le basilic noir qu'elle avait découvert dans une des serres le matin même. Un vieil homme à l'autre bout de la table, cousin par alliance d'Augusta Londubat fut subitement prit d'une quinte de toux.

Levant les yeux au ciel, la grand-mère de Neville lui servit un verre d'eau d'une main, l'autre lui frappant énergiquement le dos. Après s'être inquiété de son état, Neville recentra à nouveau son attention sur la question qu'Hermione lui avait posée.

Du coin de l'œil, la demoiselle d'honneur repéra Harry dans un coin de la salle. Ce dernier désormais conversait frénétiquement avec Parkinson. Elle réprima le brusque sentiment de jalousie qui l'envahie malgré sa volonté et reporta son attention vers son ancien camarade de maison.

« - Je n'ai jamais remarqué aucun tableau de la sorte, répondit franchement le professeur de botanique après y avoir réfléchit sérieusement. Mais pour mon excuse, je n'ai que rarement cours avec les troisième années..

- Par la barbe de Merlin, Gelfrid ! S'exaspéra Augusta. Vous n'avez rien avalé, que je sache !

- Ce n'est pas avec la minuscule part de gâteau qu'on nous a servis que j'allais m'étouffer, Augusta ! Riposta le vieil homme, vexé, tandis que Neville et Hermione les observaient, prit de cours. C'est ce que dit cette jeune fille qui a bien failli me faire trépasser..

- Pardonnez-moi, Monsieur, s'enquit aussitôt Hermione sur un ton coupable. Mais qu'ai-je dit de si grave ? »

Son sentiment de culpabilité fut balayé par un nouvel excès de jalousie injustifié pendant qu'à l'autre bout de la salle, Harry penchait la tête en avant pour glisser quelques paroles mystérieuses à l'oreille de Pansy.

Hermione pivota sa tête en la secouant.

« - Vous voulez nous porter la guigne avec vos histoires ? poursuivait l'homme comme si on venait de l'insulter, rendant la sorcière en face de lui encore plus confuse. »

Mme Londubat poussa une légère exclamation en tapotant la main d'Hermione.

« - Voyons, Gelfrid, je suis certaine que cette petite ne pensait pas à mal, n'est-ce pas ? demanda-t-elle à son encontre pour obtenir un renfort.

- Je.. Je ne vois pas où vous voulez en venir, répondit vaguement la jeune femme, décontenancée.

- Gelfrid est à un âge très avancé comme vous avez pu le remarquer, et il n'aime guère les.. Mauvaises histoires de ce genre, tenta d'expliquer son interlocutrice sur le ton de la plaisanterie.

- De quoi parles-tu, grand-mère ? interrogea Neville, glissant une œillade prudente vers le sorcier pour s'assurer qu'il n'allait pas de nouveau s'égosiller. De quelles mauvaises histoires s'agit-il ? »

Belliqueuse, Augusta fit un geste désuet de la main en gloussant bruyamment alors que son cousin levait les mains au ciel. Les yeux rivée sur le bouquet de roses trônant au milieu de la table, Hermione commença à se sentir de trop et regretta de s'être immiscé parmi eux. Durant ce temps-là, les images d'Harry et Pansy ne cessaient de flotter dans son esprit.

« - Mais qu'est-ce qu'on leur apprend à ces jeunes de nos jours ? se demanda le vieil homme en se radoucissant cependant après un instant. On ne vous a jamais appris que ce tableau était maudit ? Cela ne m'étonne pas qu'il soit réapparut dans ce château avec tous ses événements qui nous tombent sur la tête !

- Je n'ai jamais entendu parler d'un tableau maudit, et encore moins dans mes salles de classe, s'exclama Neville en fronçant les sourcils. Que raconte-t-on à son sujet pour qu'il ait une telle réputation ?

- Oh ! Ce n'est pas la toile en elle-même qui présente un danger, raconta le vieux sorcier d'un ton grave. Mais la créature représentée dessus.. Une sombre histoire à ne pas ramener à un mariage..

- Gelfrid est très superstitieux, sans doute ses origines écossaises, expliqua sagement la grand-mère de Neville. »

Hermione ressentit un léger soulagement lorsqu'Evanna revint s'asseoir. Elle pensait enfin pouvoir s'éclipser discrètement mais au grand dam de la sorcière, Neville insista pour en savoir plus et elle se sentit obligée de rester par politesse.

La moldue s'assit sur une chaise vide à côté d'elle et lui lança un regard curieux et amusé, désirant savoir ce qu'il se passait. Hermione lui répondit avec un rictus résigné, signe de l'impatience qui commençait à la gagner.

« - On raconte que cette œuvre aurait été peinte par un homme possédé par le diable lui-même, révélait le vieux sorcier d'une voix mal assurée. Et après avoir achevé son œuvre, le pauvre homme aurait tout bonnement disparu !

- Des histoires à dormir debout.. marmonna Augusta en tripotant sa serviette.

- Je te dis ce qu'on en dit, voilà tout ! Insista son cousin avec des yeux virulents. Toutes personnes ayant possédé ce tableau seraient devenu fou..

- Mais aucun d'eux n'a disparu, à ce que je sache ! S'impatienta la grand-mère. Cesse d'importuner ces enfants, je t'en prie. »

Hermione fut tiré de cette charmante conversation par un coup de coude d'Evanna dans les côtes.

« - Je croyais que ce n'était qu'une légende, lui demanda-t-elle éberluée. Alors chez vous, il existe vraiment ? »

Cette question eut au moins pour don de surprendre Hermione.

« - Tu ne sais même pas de quoi on parle, fit-elle remarquer.

- Ayant obtenu un diplôme d'art, je sais quand même une chose ou deux, pour ta gouverne, répliqua la moldue à juste titre. »

Mais son irritation ne fut que passagère. Evanna paraissait enthousiasmée de finalement connaître quelque chose de leur monde. Elle ne tarda pas à en faire part aux autres.

« - Chez nous les.. moldus, comme vous dites, dit-elle à la grand-mère de Neville. Nous avons également entendu parler de ce tableau ! Des amateurs d'arts l'auraient recherché pendant des siècles sans jamais le retrouver.. Du coup, une légende noire s'est construite autour de lui. Ils l'ont nommé Le Serpent Originel.

- Voyez-vous cela, réagit Mme Londubat. Ces moldus m'étonneront toujours..

- Est-il vrai que ce serpent géant aurait pris feu rien qu'en apercevant son reflet dans un miroir ? interrogea-t-elle toute excité.

- Ce que vous dites n'a pas de sens, répliqua la sorcière, guindée. D'ailleurs, les moldus comme les sorciers interprètent très mal les origines de ce tableau. Ce n'est pas un serpent, ma chère, c'est un basilic, le tout premier créé par Herpo l'Infâme.. L'histoire s'arrête là, conclut-elle dans la contrariété en soutenant le regard de son cousin. Et il n'y a en aucun cas une malédiction qui pèserait sur cette peinture !

- C'est sans doute mieux comme cela, renchérit gentiment son petit-fils en voulant détendre l'atmosphère. Aucune utilité de prévenir la directrice pour qu'elle le fasse enlever..

- Il ne s'agit sûrement pas du vrai tableau, Neville, morigéna Augusta. Des centaines d'imitations ont dû être crée avec le temps !

- Si tu as vu ce tableau, je veux le voir de mes propres yeux, chuchota Evanna à l'oreille de son amie qui haussa un sourcil.

- Tu n'as pas peur de prendre feu en le regardant ? Fit-elle mine de s'inquiéter. »

Evanna n'eut pas le temps de trouver une réplique cinglante, car elle poussa un cri effrayé en reculant d'un coup sa chaise. Toute la salle se tourna vers elle et Hermione identifia rapidement la cause de ce bazar.. Et elle éclata de rire pour la première fois de la journée.

Luna quelques mètres plus loin avait lancé le bouquet du haut de la scène, et il venait de tomber sur les genoux de sa meilleure amie. Hors, s'il existait bien une femme dans tout l'univers qui avait le mariage en horreur, c'était bien Evan Aldrin. Hermione fut bien en peine de calmer son hilarité grandissante alors que la rousse agitait ses genoux, affolée, comme si dix ans de malheurs venaient de lui être attribués.

« - Voyons jeune fille, du calme ! Intervint le vieux sorcier Gelfrid en se levant, de l'autre côté de la table. Elles ne vont pas vous mordre, vous savez ! »

Le rire d'Hermione mourut dans sa gorge quand Evanna lui refourgua le bouquet de roses entre les mains. Confuse alors que l'attention se plaçait désormais sur elle, la sorcière ouvrit la bouche mais aucun mot n'en sortit.

Face à son manque de réaction, Parvati Patil se rua sans prévenir vers elle et s'empara du bouquet sans demander la permission. Sous les rires de la salle encore pleine, Padma le lui arracha des mains, ignorant les protestations indignées de sa sœur jumelle qui tenta de le récupérer.

Malencontreusement, elle perdit l'équilibre dans sa précipitation et Ginny qui passait par là la retint à temps. Le bouquet lui avait échappé des mains et dans sa chute ce fut la dernière des Weasley qui s'en retrouva -sans qu'on ne sache comment- en sa possession.

Éparpillés un peu partout dans la grande salle, le clan des Weasley sonna la fin du match en poussant des rugissements de victoire, et le reste des invités s'exclama à son tour bruyamment.

Les sourcils de Ginny formèrent un accent circonflexe tandis que Parvati criait de manière hystérique en levant le bras de la sorcière en l'air, celui tenant le bouquet. Ginny haussa finalement les épaules et afficha une mine satisfaite avant de saluer la salle.

Chapitre 29

Harry, essayant de fuir Evanna avait trouvé refuge dans un coin de la salle où il pensa enfin trouver un peu de repos.

Cette fille était complètement cinglée. Pas étonnant qu'elle et Hermione soient devenues amies ! Son repos fut occasionnellement interrompu par des membres du ministère, des journalistes, ou encore Pansy Parkinson qui lui fit son théâtre habituel, bien que leur aventure secrète ne soit plus au goût du jour. Il s'était lassé de ses mesquineries, sans compter cette culpabilité qu'il ressentait à l'égard de Neville dont il évitait la présence à tout prix. Il se rafraîchissait désormais avec un jus de citrouille à la main, assis nonchalamment sur une chaise abandonnée non loin des grandes portes, profitant du vent frais qui passait au travers.

La vérité, c'est qu'il était fatigué, et las par-dessus le marché. Jusqu'ici, son masque inébranlable n'avait selon lui jamais failli, mais il se demandait pendant combien de temps encore il parviendrait à jouer cette mascarade et mettre de côté ce sentiment qui troublait son sommeil et ses journées.

Il avait cru naïvement que s'immerger dans le travail sauverait son âme de la chute qui le menaçait régulièrement. Il avait cru bon d'ignorer les mises en gardes de Rémus et les œillades inquiètes de Tonks. Mais il n'était pas aveugle, même certain de ses aurors commençait à se poser des questions.

« Tu as beau faire figure de sauveur à leurs yeux, ils te redoutent également.. Ils ne te feront jamais confiance. Tu n'en es pas digne.. »

Les traits tendus et sa vision lui faisant défaut, une angoisse douloureuse étreint son cœur et Harry chassa d'un coup de tête cette voix féminine, étrangement familière qui le nargua en murmurant dans son esprit.

Il déglutit et rajusta ses lunettes sur le bout de son nez, distinguant à temps Hermione à travers la foule alors qu'elle se levait de sa chaise et se frayait un chemin entre les tables en le fixant anxieusement, se dirigeant apparemment vers lui. Ses yeux fixèrent avec insistance ses cheveux broussailleux relevés sur sa tête en un gros chignon parsemé de fils dorés, puis s'attardèrent sur sa robe vaporeuse..

Il eut bien du mal à saisir pourquoi la voir ainsi le rendait aussi agité, et s'en sentit profondément agacé.

« Tu lui rendrais sûrement service si tu la débarrassais de toutes ces affrosités.. » lui souffla à nouveau la voix féminine dans sa tête.

Un long frisson remonta sa colonne vertébrale face à la tentation que lui procura cette idée. Harry vérifia néanmoins le contenu de son verre pour s'assurer qu'il s'agissait bien de jus de citrouille et non d'autre chose. Il eut une grimace perplexe en constatant qu'il n'y avait pas d'alcool.

Comment une robe aussi hideuse pouvait lui donner des envies si peu orthodoxes ? Par Merlin, si on lui avait appris une quinzaine d'années plus tôt qu'il ressentirait un jour une attirance aussi.. inexplicable pour celle qui était à l'époque sa meilleure amie, il l'aurait probablement traité de cinglé ! Hors il avait plutôt l'impression que pour le moment le cinglé, c'était lui.

Il ne releva les yeux de son verre que lorsqu'elle s'arrêta à ses pieds et il l'étudia attentivement. En la voyant chercher ses mots, tenir les pans de sa robe de cette manière crispée et ses joues afficher un rouge aussi prononcé, Harry se sentit brusquement piqué par une satisfaction accompagnée d'un sentiment drôlement jouissif. Il afficha un sourire en coin.

Il avait lu la vérité dans son esprit bien avant qu'elle ne le réalise. Au lieu de s'en être sentir confus, ou désarçonné, cela l'avait dès lors amusé intérieurement.

..Avant de prendre conscience qu'il s'en était peut-être un peu trop amusé lorsqu'avec engouement, il avait commencé à laisser son imagination voguer beaucoup plus loin que prévus.

« - Les témoins sont censés danser au moins une fois ensemble, dit-elle finalement, comme si elle le lui rappelait pour la centième fois. »

Harry avait retrouvé son air flegmatique et lui désigna sa robe d'un coup de tête ennuyé.

« - Parce que c'est possible de danser avec ça ? S'étonna-t-il. »

Le sorcier à lunettes regretta immédiatement son choix de mots en recevant un coup de pied dans les tibias. Clairement agacé cette fois, il se redressa de sa chaise et reposa le verre qu'il tenait sur la table vide à côté de lui.

« - Hermione! Bordel de..

- J'ai promis à Ron, insista la brune en le coupant. »

Harry tendit le cou et chercha le marié dans la salle et le découvrit effectivement en train de les observer d'un œil, soucieux.

Il se résigna finalement. Il ne voulait certainement pas décevoir son meilleur ami.

« - Bon ! Si c'est pour Ron.. »

Une nouvelle musique commença. Hermione su que le moment tant redouté était venu, et qu'elle n'avait d'autre choix que de l'affronter. Elle espérait seulement que cela se termine vite. Elle découvrit avec une once d'inquiétude que cela ne semblait absolument pas déranger le survivant, il semblait au contraire.. comme diverti par son appréhension d'une quelconque façon malsaine.

Une bouffée d'indignation s'empara d'elle et Hermione plissa ses yeux suspicieux. Elle regrettait le Harry timide et hésitant de son adolescence, car celui qu'elle avait sous les yeux se révélait un peu trop conscient de son pouvoir sur la gente féminine. Et le pire dans tout ça fut qu'elle aurait été bien en peine d'affirmer que ce changement la laissait indifférente.

Lee Jordan et Alicia Spinnet passèrent à côté d'eux en dansant, manquant de les bousculer au passage. Le rire d'Harry en les regardant danser un peu plus loin mourut dans sa gorge lorsqu'Hermione prit sa main dans la sienne, et il s'empressa de passer son autre main dans son dos.

"- Evite de me marcher sur les pieds, lui recommanda Hermione au cas où.

- Mais bien sur, l'assura Harry, mimant un sourire aimable."

Une lourde tension flottant déjà dans l'air, le ventre d'Hermione contracta sous l'appréhension, et ils commencèrent à danser sous la surveillance de Ron au loin qui paraissait satisfait.

Le survivant dû se forcer pour ne laisser aucune des émotions qui surgissaient en lui transparaître sur son visage. Sa main tenant la sienne se faisait trop raide, ce n'était pas bon. Ses yeux s'enflammèrent involontairement bien avant qu'il ne se résolut à baisser les yeux pour croiser les siens. Hermione se racla la gorge et mit de la distance entre son corps et celui du sorcier. La musique n'était pas assez lente pour qu'ils fussent aussi proches, mais pas assez rythmée non plus pour les tenir suffisamment éloignés.

Pourtant, malgré la distance, quelque chose de plus puissant qu'elle l'amena à accrocher les prunelles émeraude du survivant. Elle vit du coin des yeux les lèvres d'Harry s'entrouvrir d'étonnement et sa respiration devint tout à coup peu profonde.

Hermione se força à respirer plus lentement face au visage impassible de l'auror peu à peu trahi par son regard, qui la sondait avec une intensité qui la perturbait grandement. Les traits de l'homme se tendirent, revêtirent une sorte de malaise faisant écho au sien. Ses yeux marron s'écarquillèrent et son cœur menaça de quitter sa cage thoracique. Ils semblaient lire dans les yeux de l'autre des choses qu'ils commençaient à peine à comprendre, mais le peu qu'ils déchiffraient leur posait déjà problème.

La jeune femme était partagée entre l'envi de fuir et celle de ne plus jamais rompre ce contact visuel. Elle songea alors à la tension dont lui avait parlé Evanna la veille, dans la cuisine de l'école.

Harry émit brusquement un raclement de gorge et la sorcière se rendit compte qu'elle plantait ses ongles dans la main de son cavalier. L'ancienne gryffondor relâcha ses doigts, confuse, ses yeux apercevant furtivement la marque qu'Ombrage avait laissé sur le dos de sa main. Le regrettable je ne dois pas dire de mensonges était encore écrit sur sa peau, même si les lettres ne formaient plus que des marques rosâtres difficiles à discerner. Son regard descendit, et s'arrêta où les mots sang de bourbe demeuraient tatoués à son propre bras, cicatrisés en lettres blanchâtres.

Elle se rappela alors de ce qu'ils avaient été. Du passé commun qu'ils partageaient et les scellerait pour toujours. Elle avait partagé avec Harry des choses si profondes et si difficiles que les cicatrices visibles n'étaient rien, au final.

Leur relation avait subi plus de dommages que tout le reste.

Mais alors que voulait dire cet étrange lien confus qui se tissait avec une telle force lorsque leurs yeux avaient le malheur de se croiser ? Qui était bien au-delà de cette attirance physique qui rendait ses jambes flageolantes et la plongeait dans le plus grand des embarras ? Hermione n'était pas ignorante au point de ne pas reconnaître cet état de transe qui l'animait, mais elle se demandait bien comment une telle chose pouvait voir le jour entre eux qui avaient d'abord entretenu une amitié des plus platoniques, avant de passer leur temps à s'en vouloir. Sans parler de la dizaine d'années qui s'étaient écoulées entre ça.

Le temps avait vraisemblablement tout chamboulé.

A l'image de son cerveau pourtant entraîné mais qui menaçait de faillir sous toutes ces interrogations sans réponses, la musique s'interrompit d'un coup alors qu'un défaut technique semblait perturber un des instruments sur la scène. Hermione remercia le ciel et ses anges. Quelques exclamations de la part des danseurs fusèrent suivit de quelques rires qui détendirent l'atmosphère.

« - Je crois que ça suffira pour l'instant, tu ne crois pas ? demanda t-elle à Harry avec un enthousiasme non feint, en reprenant vivement possession de sa main. »

L'incident fut vite réglé et un air plus lent résonna dans la salle, la chanteuse des Croc Mitaine faisant retentir sa voix face aux couples qui se rapprochaient pour s'accorder au rythme et à l'ambiance de la musique. Mais Hermione était déjà partie.

Le cœur palpitant, elle quitta la piste de danse avant de perdre définitivement l'équilibre. Une bouffée de soulagement l'envahit aussitôt, mais une chaleur qu'elle ne connaissait que trop s'était répandu dans son bas ventre; et elle s'en voulut de la manière dont il la faisait se sentir; et elle craignait plus que tout que désormais, il savait. La manière dont il jouait avec elle n'avait rien de naturelle. S'amusait-il de son désarroi ? Le bar improvisé n'était pas loin, et Ginny s'y trouvait. Tournant le dos aux invités, cette dernière avalait cul sec un verre de champagne, le bouquet de la mariée reposant misérablement à côté d'un bac à glaçon.

« - J'ai besoin d'un verre ! lança Hermione d'une voix rauque en surgissant dans son champ de vision légèrement rétréci. »

Ginevra ne répondit pas et se pencha en avant pour saisir une coupe appartenant à un sorcier sur sa gauche qui lui tournait le dos, plongé dans une discussion avec un des professeurs de l'école. L'homme ne s'en aperçu même pas et elle l'offrit à Hermione qui ne rechigna pas.

La danse de convenance assez courte suivie d'une gorgée de champagne suffirent à lui faire oublier qu'elle voulait lui parler du parchemin.

« - Tu ne danses pas avec Lance ? interrogea subitement la brune en s'apercevant qu'elle n'avait pas vu la médicomage avec son compagnon une seule fois de la journée.

- Je viens de rompre avec lui, lui annonça la rousse en seule guise d'explication. »

S'apercevant de sa bourde, la bouche d'Hermione s'ouvrit automatiquement pour former un « o » avec ses lèvres. Elle chercha des paroles de réconfort mais sa tentative échoua. Tout le monde s'y attendait..

Elle posa sa main sur son bras.

« - Je ne sais pas quoi dire, confia-t-elle honnêtement. Je suis vraiment.. »

Ginny ne s'embarrassa pas de sa réaction et s'empara de sa main.

« - Il n'y a rien à dire, répondit-elle rapidement en buvant une dernière gorgée du verre d'Hermione, avant de l'entraîner vers la piste de danse où le son de la musique avait repris une allure beaucoup plus rythmée. »

Noyées au milieu d'une foule agglutinée au pied de la scène, les demoiselles d'honneurs se livrèrent à une danse délurée durant les musiques qui suivirent. Leurs soucis furent remplacés par les éclats de rires qu'elles émettaient, suivis de vaines tentatives de répéter en cœur les paroles des chansons.

Essoufflées et courbaturées, elles ne retournèrent s'asseoir à la table des mariés que vingt minutes plus tard.

« - On a plus l'âge pour ça, fit remarquer Ginny piteusement pendant qu'Hermione enlevait un de ses talons pour se masser le pied. »

La rousse s'assit lourdement sur les genoux de Charlie, sous les râlements de ce dernier.

« - Ginevra, se plaignit le dresseur de dragons. Tu n'as plus sept ans ! Et encore moins le poids.. Aie ! »

Chapitre 29

Vers dix-sept heure, la fête battait son plein mais avec un peu moins de frénésie. La chaleur était retombée et les invités qui étaient restés reclus durant plusieurs heures dans la grande salle allaient désormais où bon leur semblaient. De petits groupes de sorciers migraient vers le parc depuis une demi-heure, pendant que d'autres s'étaient éparpillés dans le château pour converser tranquillement, certain allant faire la sieste. D'autres couples plus pressés ayant apparemment d'autres idées en tête s'isolèrent on ne sait où..

Evanna draguait un auror qui avait su attiser sa curiosité, Andrew Warren. Après avoir dansé avec Hermione, Harry avait quitté la grande salle et n'y était plus revenu après cela. Allez savoir ce qu'il faisait.

La sorcière de son côté avait sympathisé avec les enfants de Fleur pendant que cette dernière était partie se refaire une beauté -bien que cela fut parfaitement inutile- et en attendant son retour, Louis avait insisté pour danser avec elle, demande dont elle s'était acquittée avec joie. Teddy quand à lui rougissait dès qu'il la voyait et repartait directement dans la direction opposée, retournant jouer avec les autres enfants dehors. Hermione souriait d'attendrissement en le voyant faire. C'était le portrait craché de Tonks, mais il tenait le tempérament plus réservé de son père.

Toutes maisons confondues, des anciens élèves de Poudlard étaient attablés autour de la table de l'Armée de Dumbledore, la plus part d'entre eux en ayant fait partit. C'est là qu'Hermione se tenait une demi heure plus tard, une Dominique dormant sur ses genoux tandis que ces derniers parlaient entre eux du bon vieux temps.

"- Je me demande quel ancien élève n'a pas été invité, aujourd'hui, disait Cho Chang qui monopolisait l'attention en animant la conversation depuis le début.

- Je n'ai pas observé la présence de beaucoup de serpentard en tout cas, fit remarquer Justin avec humour, faisant rire tout le monde.

- Ils ont certainement mieux à faire, riposta Parkinson en haussant les sourcils, ne manquant pas de défendre les siens."

Justin émit un petit ricanement.

"- Ah vous, les serpentard, s'exclama t-il. Vous avez toujours mieux à faire.."

Les autres eurent tôt fait de deviner ce à quoi l'ancien Poussoufle faisait illusion et repartirent dans leur fou rire. Percevant à son tour le sens caché de sa phrase, Pansy n'apprécia guère la remarque et leva les yeux au ciel. Constatant le tournant que prenait la discussion, Hermione pencha sa tête sur le côté pour vérifier que Dominique ne se réveillait pas. La joue posée contre sa poitrine, la petite dormait toujours à poings fermés.

"- Et on peut savoir à quoi fais-tu références, Fletchley ? questionna Parkinson en croisant les bras.

- Disons que.. personne n'était sans ignorer la longue liste de prétendants que tu tenais en sixième année, répondit Ernie à sa place."

Le regard dédaigneux, Pansy se mordit un coin de sa lèvre inférieur sans décroiser les bras. Une demi seconde plus tard cependant, une lueur triomphante plantée dans ses yeux bleu nuit, elle lui répondit avec une pointe de vanité :

"- Liste à laquelle tu aurais sûrement voulu voir ton nom rajouté, lâcha t-elle avec insolence."

Les rires augmentèrent à cette déclaration ainsi que des exclamations enjouées. Ernie ne répondit pas, et remerciait le ciel qu'Hannah soit dans le parc à ce moment précis.

Pansy n'y porta pas la moindre attention et continua.

"- Je ne me trompe pas en affirmant que Serpentard regorgeait à l'époque des futurs esprits brillants qui peuplent la société sorcière actuelle..

- Et on peut savoir de qui tu parles ? demanda Katie Bell en croisant à son tour les bras.

- Toi qui travaille en étroite relation avec Gringott, tu devrais savoir que Blaize Zabini y connaît une carrière fulgurante, ces derniers temps.."

Ginny poussa une exclamation de dédain.

"- Ah oui Zabini.. dit-elle sans honte. En tout cas, d'après mes souvenirs, il n'y avait que le train qui ne lui était pas passé dessus !"

Pansy rougit de colère comme si c'était elle que l'on venait d'insulter ainsi.

"- Je ne vois pas le moindre rapport avec son travail, riposta t-elle, tranchante. Et d'ailleurs, souhaites-tu réellement qu'on en vienne à aborder ton cas, Weasley ? "

Ce fut au tour de Ginny de développer un rouge sans nom. On ne savait s'il s'agissait de colère ou de honte. Cho Chang n'osa plus relancer la conversation et les rires s'éteignirent face aux deux femmes qui se toisaient.

Ginevra baissa les yeux la première. Semblant vaincue, elle ne sortit plus un mot et s'en alla. Bouche bée, Hermione la regarda partir. Lançant un regard froid en direction de Parkinson, elle décida de la rejoindre et se leva à son tour, Dominique dans ses bras, toujours endormie.

Dans le hall d'entrée, la sorcière croisa justement Fleur qu'elle cherchait.

"- Merci de l'avoir gardée, la remercia t-elle avec un sourire reconnaissant alors qu'elle récupérait sa fille qui se réveillait légèrement.

- Pas de soucis, assura Hermione en pressant légèrement sa main sur son épaule avant de sortir du château."

Savourant la brise légère qui flottait tout autour d'elle, Hermione longea ce parc qu'elle avait si souvent arpenté et rejoint le bord du lac où des invités s'étaient installés, certain pataugeaient dans l'eau comme s'ils étaient redevenus des étudiants ayant terminés leurs examens. Hermione enviait leur insouciance retrouvée. Elle distingua finalement la sœur de Ron, assise au pied du chêne avec en sa compagnie plusieurs de ses neveux et nièces.

De l'autre côté du lac, des préparateurs installaient les derniers préparatifs pour des artifices qui illumineraient le ciel à la nuit tombée. Ginny aperçut Hermione et lui intima de ne pas faire de bruit, car Lucy et Roxanne commençaient toutes deux à s'assoupir, la tête posée sur chacune de ses jambes. Hermione sourit et enleva ses talons. Elle marcha jusqu'à elle, ses chaussures à la main. Le contact de l'herbe sur ses pieds lui fit un bien fou et elle soupira d'aise.

"- Pansy a toujours eu la langue bien pendue, remarqua la brune doucement en s'asseyant à côté de Roxanne."

De l'autre côté du lac, une des boites en bois contenant les feux d'artifices explosa à une certaine distance des sorciers qui s'en occupaient. Un nuage de fumée se répandit autour d'eux alors qu'ils s'éloignaient avec précipitation. L'incident amusa beaucoup le frère de Roxanne, Freddy, bien que Molly (la sœur de Lucy) n'y trouva rien de divertissant.

"- Ça n'a pas d'importante, assura Ginny d'une voix cassée. Et puis, même Maman m'a fait remarqué que je me comportais comme une gourgandine, ces derniers temps, alors peut-être qu'elle a raison..

- Ne prête pas attention à ce qu'elles disent, insista Hermione sur un ton presque suppliant.

- Changeons de sujet ! s'exclama la rousse avec un faux sourire."

Dans un éclair de lucidité, Hermione cligna des yeux, et sortit le bout de parchemin de son décolleté précipitamment. Ginevra resta béate face à son changement d'humeur soudain mais son esquisse de sourire s'évanouit lorsqu'elle reconnut ce qu'Hermione lui tendait.

"- Hermione ! s'écria t-elle sur un ton de reproche."

Ce qui eut pour conséquence de tirer du sommeil les deux petites cousines qui se reposaient jusque là. Elle baissa la voix et chuchota frénétiquement.

"- Je l'ai cherché partout ! "

Mais face à l'air inquisiteur de sa vis à vis, elle recouvra son calme et lui expliqua les découvertes de Luna des mois plus tôt. Mais elle passa sous silence tout du reste; à savoir l'hypothèse d'Harry et de Lupin. Hermione n'eut pas besoin de véritasérum pour constater que la sœur de Ron omettait délibérément certain faits.

Mr Lovegood avait donc découvert la prophétie et avait été retrouvé mort après cela. Les circonstances de sa mort avaient dû été étouffées par le ministère, d'après Hermione qui avait toujours soupçonné quelque chose qui clochait dans sa disparition. Elle n'avait osé en parler à Luna, bien évidemment, quelle indélicatesse cela aurait été ! La sorcière ne voulait certainement pas mettre son nez dans des affaires qui ne la regardait pas, mais sa curiosité de fichu journaliste ne l'avait pas laissé en paix ces derniers mois.. Finalement, elle obtenait des réponses au moment même où elle avait arrêté de les chercher.

Ginny se tenait très méfiante en observant l'expression hermionesque qui se dessinait sur le visage de son amie. Elle la connaissait beaucoup trop pour savoir qu'elle n'en resterait pas là.

"- Hermione.. fit la rousse sur le ton de la réprimande. Ne te mêle pas de ça, s'il te plais. Ça concerne le ministère, les aurors.. Tu n'as rien à voir avec cette..

- Toi non plus, l'interrompit Hermione. Pourtant tu as l'air d'en savoir un peu trop.. Comment as tu appris l'existence et le contenu complet de cette prophétie ?

- Hermione, les enfants ! s'exclama soudainement la rousse."

Les yeux sombres de la sorcière s'écarquillèrent en découvrant les enfants autour d'elles les écouter passionnément. Elles avaient complètement oublié leur présence.

Même s'ils ne devaient pas comprendre grand chose à ce qu'elles racontaient, elle savait d'expérience que les enfants comprenaient bien plus de choses que les adultes étaient en mesure de se l'imaginer. Harry, Ron et elle du sommet de leur onze ans s'étaient lancés corps et âme dans la quête de la pierre philosophale, et cela n'avait fais qu'empirer les années passant.

"- Luna est également au courant, rapporta Ginny à son oreille. Les circonstances ont fait que je le sois aussi, mais j'ai juré à Harry, Lupin et Drago de ne rien divulguer.. Tu n'imagines pas la peur que j'ai eu en perdant ce parchemin, n'importe qui aurait pu tomber dessus !

- Vu que cela ne me regarde pas, garde-le dans ce cas, répliqua sèchement Hermione en glissant le dit papier dans la main de son amie en se relevant. Et cette fois, fais-y plus attention.. "

La sorcière repartit après avoir remis ses talons à ses pieds, ignorant les appels de la jeune femme.

Chapitre 29

Hermione regrettait déjà de s'être emporté contre Ginny, et ruminait sa culpabilité en se lavant les mains dans les toilettes des filles du ré de chaussé. Même cette pièce avait été décorée aux couleurs de fête, mettant à disposition divers parfums dans un coin, du maquillage ainsi que d'élégantes serviettes.

Elle s'en allait rejoindre la grande salle, se promettant de s'excuser dès qu'elle irait l'accoster. Choisissant un raccourcie, elle souleva un pan de tapisserie représentant un sanglier et arrivée à l'angle d'un couloir, perçu des chuchotements rompant le silence. Elle crut un instant qu'il s'agissait d'un couple venu flirter en toute discrétion, se croyant sûrement à l'abri des regards.

D'un trait sarcastique tout à fait digne d'elle, Hermione s'engagea avec hésitation mais ses doutes s'attestèrent infondés. Toujours est il qu'en découvrant Harry et Rogue se quereller comme ils le faisaient en ce moment précis, Hermione jugea sérieusement qu'un couple batifoleur n'aurait pas été plus mal.

Dans l'ombre du couloir, le professeur de potion grommelait énergiquement des menaces à l'encontre du survivant qu'il tenait placarder contre un mur, le broyant littéralement. La baguette du sorcier plantée dans la joue avec tant d'instance que du sang perlait sur le coin de sa bouche, ils semblaient s'être battus. Ce qui n'était pas si loin de la vérité.

Hermione s'avança sur un pas mesuré, le maître des potions décela sa présence et lui lança un regard furtif. Elle remarqua non loin d'eux une pièce de la taille d'un placard à balais. L'ouverture laissait entrevoir des étagères sur lesquelles trônait un monticule de potions. Elle ignorait que Rogue disposait d'une autre remise au ré de chaussé de l'école. Hermione devina aisément la colère de Rogue.

"- Vous n'êtes pas sans ignorer que cela ne vous sera d'aucune utilité, intervint Hermione sur un ton glacial en faisant référence à sa baguette.

- Et voilà Granger qui vient sans doute sauver votre peau, murmura Rogue avec véhémence alors que sa baguette s'enfonçait toujours plus profondément dans la joue d'Harry qui grimaçait, son regard demeurant toujours impassible. Après tout, n'était-ce pas ce qu'elle a toujours fait ? "

Harry eut un sourire goguenard uniquement destiné à le provoquer. L'homme réagit aussitôt en sifflant entre ses dents serrées, et enfonça encore plus loin sa baguette dans la chair qui se mit à saigner.

« - Je vais vous faire ravaler ce sourire prétentieux pour vous passer l'envi d'aller fouiller dans ma réserve personnelle ! Continua à cracher le professeur à son encontre, tremblant de colère. Si le Ministère apprenait vos méthodes il ne tarderait pas à vous expu.. »

Rogue ne put aller jusqu'au bout de sa phrase car le survivant avait enserré brusquement sa main autour de sa gorge, son autre main tentant de se défaire de sa poigne. Hermione sursauta à cet assaut mais se reprit.

Elle n'avait aucune envie de découvrir lequel des deux était le plus fort en affrontement moldu.

« - Pour l'amour du ciel, Harry ! Lâche-le tout de suite !

- Si lui me lâche en premier, rétorqua-t-il d'une voix sourde d'où pointait une colère ardente. »

Trouvant leur comportement parfaitement puéril, elle se précipita sur eux et tira de toutes ses forces sur le bout de bois dont Rogue se servait pour le menacer. Elle n'y parvint pas, mais cependant, son entêtement fut suffisant pour faire abandonner la partie au directeur des serpentard qui recula.

« - Laissez-le tranquille, ordonna calmement Hermione au professeur qui resta de marbre. Cette stupide rancœur est indigne de vous, Rogue, laissez le passé là où il est.."

A ces dires, le visage de Severus Rogue se tordit en une drôle d'expression stupéfaite, ses yeux noirs rivés sur les siens. Pendant ce temps là, Harry se dégagea prestement de l'emprise de Rogue et s'éloigna d'eux.

"- A l'évidence, Granger,murmura le directeur des serpentard en détachant chaque mot comme lui seul savait si bien le faire. Vous vous rendez aveugle en laissant le passé altérer votre jugement. Et cela semble vous convenir, remarqua t-il doucereusement. Peut-être bien parce que vous n'êtes pas prête à voir la vérité en face !"

A mesure que ses mots qui la frappèrent sortirent de sa bouche, son visage se tordit en une grimace et sa voix devint hargneuse. Hermione lutta pour ne pas se laisser intimider comme lorsqu'elle était étudiante ici, tâche qui se révéla très difficile.

Pas simple de tenir tête au professeur si antipathique qu'ils avaient dû supporter pendant sept ans. Harry à quelques mètres d'eux restait immobile, soutenant dans l'ombre le regard de l'homme qui pesait désormais sur lui.

"- Retournez donc à vos réjouissances illusoires, mais le moment venu, -il tourna brusquement sa tête vers Hermione-. Ne-venez-pas-vous-plaindre-dans-mon-bureau, termina t-il dans un murmure alors que la sorcière le regardait avec exubérance."

Sur ces derniers mots, Rogue tourna vivement les talons, les pans de sa cape fendant l'air frais du couloir. Après avoir refermé la porte de la remise d'un geste magistral, il s'éloigna de sa démarche rapide, sa robe noir virevoltant derrière lui, laissant Hermione une abasourdie.

Adossé faiblement contre le mur faisant dos à elle, Harry épongeait le sang de sa joue avec la manche de sa veste. Se tournant vers lui, Hermione fit un pas en avant, le visage concerné. Poussée par un élan d'affection, elle tendit une main vers sa joue.

Esquivant habilement sa main, Harry avait décalé sa tête, le regard fuyant.

"- Ne me suis pas, la prévint-il en passant à côté d'elle sans prendre la peine de la regarder, la bousculant légèrement au passage. »

Les yeux d'Hermione se rembrunirent face à cette agréable façon qu'il eut de la remercier, mais prit sur elle; avant de bien évidemment le suivre sans relâche, peu importe jusqu'où il se rendrait.

Car comme Rogue l'avait souligné, c'était apparemment plus fort qu'elle.

When I talk to my friends so quietly,

Look at what you did to me,

Such a funny thing for me to try to explain,

How I'm feeling and my pride is the one to blame.

(Crazy in love, Miguel)