Chers lecteurs et lectrices, j'ai le plaisir de vous présenter.. le premier chapitre le plus rapidement publié de ma carrière d'auteur de fanfiction. Bon, bon, d'accord, c'est pas si extraordinaire que ça, mais j'ai le droit d'être contente ! Je ne suis pas tout à fait satisfaite de ce chapitre, concernant une certaine partie que vous reconnaîtrez sûrement et que je n'ai pas souvent l'occasion d'écrire en général, mais je n'en dis pas plus, à vous de découvrir. Si vous trouvez des fautes, bah désolé, je tenterais de corriger comme je le fais d'habitude.. Et en parlant d'habitude, j'ai eu recours à quelques modifications en jetant un œil aux chapitres précédents, mais vous me connaissez et savez que c'est plus fort que moi ^^

Merci pour les reviews et n'hésitez pas de continuer à m'encourager :) Si, si, ça sert...

Bonne lecture !


Chapitre 30: Esprit du chaos

Partie 2

Harry parcourait les couloirs sinueux des cachots, le souffle court et les traits déformés par l'appréhension, combattant l'état nauséeux qui le saisissait. Il tourna à un moment sur la droite et disparu sous une arcade abritant une porte cloutée. Il en enclencha la poignée et une pièce noire s'ouvrit sur lui. Une fois dedans, il n'y eut plus que lui et l'obscurité de la pièce, le silence apaisant seulement rompu par les bruits de sa respiration précipitée.

Cédant à son emportement, il se retourna et claqua la porte du cachot avec force. Ses pupilles s'agrandirent pour s'habituer à la pénombre du lieu qui l'enserra aussitôt dans ses bras inhospitaliers. La fraîcheur fut la bienvenue.

Son regard troublé balaya la table de réunion du matin qui n'avait pas bougée, de même que les parchemins, les plans, les plumes et encres éparpillés dessus. Des candélabres demeuraient toujours fixés aux murs mais il ne put se résoudre à les allumer. Il ne voulait pas de la lumière.

Il devait calmer, par n'importe quel moyen, la tempête faisant rage dans son esprit. Il arpenta la pièce de long en large. Trop de pensées, bien trop de pensées dans cet esprit qu'il ne parvenait à clarifier, qu'il ne contrôlait même plus. Et pour couronner le tout, le surgissement de ces voix. Comme si Voldemort de l'enfer où il l'avait envoyé cherchait à l'atteindre. Mais le timbre chaud n'appartenait à pas au serpent, ce n'était même pas du fourcherlang. C'était une voix de femme mure, au timbre sensuelle.

Quelqu'un tentait-il de pénétrer son esprit, ou la démence s'était-elle définitivement immiscée en lui ?

Le jeune homme avança à pas lents vers la fenêtre du cachot. La couleur émeraude de ses yeux s'altéra en un vert vitreux à mesure qu'il ressentait son âme glisser vers une obscurité qu'il n'avait jamais convoité. Et qui pourtant, n'avait fait que ramper derrière lui depuis sa naissance. Toujours là, tapissée quelque part, elle attendait de lui bondir dessus au moment où il s'y attendrait le moins. Il ne pouvait pas prétendre ne pas s'y être habitué.

Démuni, il posa son front contre le vitrail glacé et ferma les yeux.

Un puissant rayon de lumière rouge défila derrière ses paupières closes conjointement à ses mains qui vinrent griffer le rebord de la fenêtre. Ses dents se serrèrent. Cette rougeur flamboyante peuplait ses rêves à répétition depuis des mois, à chaque nuit sans exception. Une lueur embrasant son âme, comme si elle répondait à un appel dissimulé. Au début, cela n'avait été qu'un rêve.

Hier soir, c'était devenu une réalité. Il avait vu le cadran détruit, le trou béant qui semblait avoir été créé par une explosion d'une puissance phénoménale. La terre cramoisie autour ne laissait entrevoir aucun brin d'herbes. Les professeurs étaient-ils au courant de ce qu'il se tramait dans le parc de leur chère école ? Bien avant qu'il ne fasse le rapport, la lumière rouge s'en était dégagée et avait cherché à l'envahir. Il ne se souvenait pas de la suite en détail. Il savait juste qu'il avait tenté d'échapper à son emprise, l'avait repoussé de ses bras; sa baguette ne lui fut d'aucune utilité, la magie s'était sûrement déjà défilée.

Et c'était là, désemparé au milieu de cette terre écossaise que cette impression ayant infestée ses mauvais rêves était revenue le secouer. Et il s'était rappelé..

Harry enfuit son visage dans le creux de son bras qu'il appuya sur la vitre, comme si cela pouvait bannir les souvenirs qui émergeaient contre sa volonté.

L'équilibre lui avait échappé et la lumière l'ayant entraîné dans sa chute, il s'était retrouvé étalé par terre. La lumière avait bafouée son corps voûté alors qu'il se redressait sur ses genoux et cherchait à tâtons ses lunettes égarées dans sa débâcle, tâchant désespérément d'ignorer cette brûlure perfide qui vibrait en lui. Une fois relevé, ses membres s'étaient immobilisés, pantois en regardant le château, les grésillements de l'horloge de la tour se reflétant sur les verres de ses lunettes.

Les signes, les prédictions, les innombrables mises en gardes, tout se révélait à ses yeux. Et lui, au beau milieu de cette cohue prophétique n'était rien de plus qu'un condamné.

La lumière elle avait subitement pris la fuite et trouvant d'idée brillante, il en avait fait de même et regagné le château à temps pour découvrir le décompte qui les mènerait à leur perte. Sûrement pour la première fois de sa vie, il avait fui comme un serpentant l'aurait fait.

«- Que cherchais-tu dans ce placard ? demanda soudainement une voix dont il ne connaissait que trop la propriétaire. »

...

Il rouvrit les yeux.

Hermione.

Il n'avait pas entendu la porte s'ouvrir. La voix de la jeune femme s'était élevée, toujours calme et mesurée, mais sans préambule. Et elle l'avait suivi, encore.

S'appuyant sur son avant-bras, Harry tourna la tête et la regarda un instant, les lèvres retroussées. Elle se tenait tranquillement dans l'embrasure de la porte, plissant sa robe sordide pour se glisser au travers.

Hermione referma la porte et fit un pas vers lui. Elle retenait son souffle en attendant une réponse. Il ne dit rien. Il se détourna d'elle et ne lui prêta aucune attention.

"- Pourquoi Rogue se méfie de toi, encore ? demanda-t-elle angoissée."

Harry retira son bras de la fenêtre et se passa une main impatience et revêche sur le visage, mais ne parla toujours pas.

Cette fois-ci, Hermione laissa échapper un grondement, ses yeux lançant des éclairs face à l'entêté qui n'osait même pas la regarder en face.

"- Quel souvenir as-tu tenté de bannir de ton esprit ? questionna-t-elle avec insistance, en se remémorant l'altercation de l'auror avec le maître des potions lors de leur première soirée entre les murs du château."

Son silence fut encore une fois la pire réponse qu'il put lui donner, et un vent de panique souffla en elle. Sa réticence à se confier allait la rendre folle. De quoi avait-elle peur au juste ? Pour qui ? Lui ? De tous ces secrets inavoués qu'il s'obstinait à taire depuis le début ? De la situation qui leurs échappait ?

Ou encore peur pour sa propre peau ?

Finalement, face à son silence, elle perdit le contrôle.

"- Qu'est-ce que tu fabriques ? se mit-t-elle à hurler."

Loin d'elle l'idée de le provoquer en instaurant une nouvelle joute entre eux, mais elle ne pouvait rester de marbre pendant que lui demeurait aussi froid, aussi détaché face à ce qui se tramait sous leurs nez, pendant qu'elle ne faisait qu'en trembler.

La jeune femme se précipita vers lui, furibonde, et attrapa son épaule pour le forcer à se tourner vers elle. En retour, il pivota vers elle en lui saisissant le bras.

"- Je t'avais dit de ne pas me suivre ! réagit alors Harry."

Outragée, la sorcière écarta vigoureusement son bras de sa faible emprise et dans son emportement, le gifla alors que le visage du jeune homme pivotait sur le bas côté. Elle méprisait son attitude, ses silences, son regard dénué de compassion, tout ce qu'il était devenu en l'espace de quelques années.. si loin de l'adolescent qu'il avait été. Harry garda étonnamment son calme, mais ses lèvres étaient serrés, et ses yeux lançaient des éclairs.

Il pouvait être si abject par moment qu'elle-même en finissait par ne plus éprouver aucune compassion pour lui.

"- Pourquoi est-ce que tu es devenu.. un.. s'écria t-elle, toujours sous l'effet de la colère."

L'aversion se dessinant sur ses traits, Hermione chercha des mots suffisamment appropriés pour qualifier ce qu'il représentait à ses yeux désormais.

"- Un quoi ? demanda-t-il en revenant sur elle."

Les mots sortant de sa bouche s'abattirent sur lui comme un premier coup de tonnerre. Chargeant l'air d'électricité.

«- Un abruti ? proféra-t-elle dans un souffle. »

Sentant les prémices d'une dispute qui dévasterait les maigres restes de leur amitié ravagée, il fuit ses yeux marrons et fit comme si de rien n'était. Comme si une de ses plus anciennes amies ne venait pas de l'affubler d'abrutis. Venant d'elle, cela semblait si juste et mérité qu'il dégluti en clignant des yeux, frappé de honte. Il frotta sa cicatrice du dos de la main, un geste nerveux qu'il ne faisait plus depuis des lustres. En vérité, la fine forme en éclair à son front ne le démangeait plus depuis ses dix-sept ans.

«- Tu ne comprends pas. Tu ne comprends rien..

- Ce serait bien une première.»

Harry fit volte-face, la vrillant d'un regard qui n'avait rien à envier à son expression furieuse.

«- Tu ne sais rien, Hermione. Tu n'as aucune idée, alors ne prétends pas le contraire !

- Harry..

- Laisse-moi, s'exaspéra-t-il en baissant la voix."

Inexpressif, il fuit ses yeux qui cherchaient les siens.

"- Dis-moi ce qu'il faut que je fasse, pour que tu me laisses en paix, fit-il en contournant la table pour s'asseoir sur une des chaises. Dis-le moi et je t'assure que le ferais."

Harry comprit assez tôt l'erreur qu'elle avait commit en le suivant. Bien qu'il était venu ici dans l'espoir de se réfugier quelque part, il se sentait désormais beaucoup trop à l'étroit dans cette pièce. Merlin, si seulement elle pouvait sortir de là avant que d'autres pensées obscènes ne lui viennent à l'esprit..

«- Bon sang, Harry.. Qu'est-ce que tu peux être idiot quand tu veux, fulmina-t-elle. »

Tout son aplomb retrouvé, la sorcière se lança dans un discours parfaitement hermionesque que personne en général ne voulait subir, et qu'il n'eut aucune envie d'endurer.

«- Comment veux-tu que je te laisse en paix dans l'état où tu es ? dit-elle d'un air raisonnable.»

Le regard du survivant se focalisa sur la table devant lui. Harry voulait la faire taire, parce qu'oh non, elle était incapable de se mettre à sa place, ne serait-ce que d'imaginer l'horreur de sa situation.

Dans ces instants, une partie de lui la maudissait d'être aussi bavarde, si horripilante.. Remontant de ses entrailles tel un serpent, une profonde irritation le submergea, affrontant une tension frénétique, qu'il identifia alors pour la première fois. Ses yeux s'élargirent d'ahurissement: Hermione avait la capacité de l'exaspérer.. et de l'attirer en même temps.

"- Pour l'amour du ciel ! Tu ne comprends pas que j'essaie seulement de...

- De quoi ? la coupa t-il avec aigreur en relevant les yeux vers elle. De me sauver, encore ?"

D'une main, il retira son noeud de papillons déjà défait et le posa sur la table, le gardant serré dans sa main droite.

"- Harry.. il faut que tu m'expliques, le supplia Hermione à voix basse. Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?"

Sa voix s'était radoucie à nouveau, et le serpent dans ses entrailles semblait s'être rendormi. Bien qu'Harry le sentit prêt à se réveiller à tout moment. Hermione poussa un soupire d'impatience, et porta une main à sa hanche.

Harry nota ce détail qui en disait long sur le désir qu'il percevait depuis quelques temps dans ses yeux lorsqu'il la fixait. Puis il la vit se diriger vers l'autre bout de la table, là ou Malefoy avait laissé une coupe de champagne le matin même. Avant qu'il n'ai pu la prévenir, elle avait avalé la coupe d'un trait. Un sourire mi-amusé mi-dégouté apparut sur le visage de l'homme.

A l'évidence, elle pensait surement que d'autres étaient venus ici et que le verre n'était pas là depuis ce matin. Quand il lui apprit ce détail, il se mit à ricaner alors qu'elle reposait la coupe d'un coup sur la table, après s'être énervée contre lui.

La voix féminine réapparut doucement dans son esprit.

C'est l'occasion idéale, ne le vois-tu pas ? Et elle cessera une bonne fois pour toute de se mêler des affaires qui ne la regardent pas !

Il ne perdit pas son sourire, et se leva pour se diriger vers un coin de la pièce où étaient empilées des bouteilles ayant été sorti des caves de l'école le jour précédant, des invités ayant essayé de s'infiltrer dans les cuisines pour en dérober quelques unes, raison pour laquelle on les avait entreposé là en attendant d'être servies. Il glissa sa main dans la poche droite de son pantalon, attrapant une fiole de potion.

Harry n'était pas un grand connaisseur en vin (contrairement à Malefoy) mais il jeta un oeil à ces dernières, avant d'en choisir une. Il revint vers Hermione qui s'était assise en bout de table, à la place de Malefoy, et Harry s'accola tout au bord, à l'endroit qu'il avait occupé pendant la réunion matinale.

"- On en est vraiment réduis à ça, toi et moi ? demanda t-elle en retrouvant son calme. Reclus comme des alcooliques dans un cachot à vider des vieux crus ?

- Pour célébrer le bon vieux temps où c'était avec Ron que tu te chamaillais plutôt qu'avec moi, lui dit-il d'un air distant en lui jetant un regard en biais, la bouteille calée entre ses jambes qu'il s'affairait à ouvrir d'une poignée de main. Et celui où c'était Malefoy qui avait droit aux gifles, continua t-il en remplissant le verre."

Il fit glisser la coupe vers elle et Hermione s'en empara doucement, ne s'apercevant de rien.

Elle le porta à ses lèvres et sentit avec surprise une odeur délicieusement sucrée. Elle qui pensait que l'alcool de Poudlard ne se limitait qu'à du cognac et du whisky pur feu ! Tous ses sens s'éveillèrent soudainement, tentée par une première gorgée qu'elle prit délicatement. Elle passa sa langue sur ses lèvres tandis qu'un léger tourbillon l'emportait doucement loin de l'échange tendu qu'ils venaient d'avoir.

"- Ce n'est pas une mauvaise idée, après tout.. Sans doute un peu d'alcool sera suffisant pour éviter les disputes, remarqua t-elle avec sarcasme en reposant le verre qu'il saisit et porta à ses propres lèvres sans attendre. Je suis fatiguée de me disputer avec toi.."

Distrais-la ! Empêche-là d'aller plus loin..

Il reposa la coupe sur la table, vide.

"- Je crois que j'ai compris quelque chose, lui dit Harry en contemplant la bouteille toujours coincée entre ses cuisses.

- Quoi donc ? demanda t-elle curieusement alors qu'il frottait sa joue."

- On est en conflit exactement pour les mêmes raisons que vous ne l'étiez Ron et toi, répondit-il d'un air réservé."

Hermione se sentit soudainement comme pétrifiée. Voyant qu'elle ne répondait pas, il poursuivit.

"- Hors, je ne suis pas lui, confia t-il. Je n'ai pas envi de jouer au chat et la souris comme des enfants."

S'en était trop pour Hermione, qui sous l'effet de ses paroles sentait sa poitrine se soulever amplement, sous une respiration saccadée qu'elle tentait de contrôler en vain.

Harry ne jouait pas un jeux d'enfant, en effet. C'était même tout l'inverse. Elle reposa le verre, se demandant à présent depuis quand avait-il commencé ce petit jeux ? Jusqu'à présent, elle n'avait pas réalisé la vérité.. que tout cela était purement malsain. Elle qui avait tant voulu savoir ce qui lui arrivait, lui était-il arrivé de se poser la même question la concernant ? Que lui arrivait-il à elle, alors ?

"- Depuis quand es-tu ça, Harry ? demanda t-elle honnêtement. A quel moment l'aies-tu devenu ? .. Depuis combien de temps n'es-tu plus toi-même, exactement ?

- Peut-être que tu ne me connais pas aussi bien que tu le crois, dit-il d'une voix distante. Mais là.. c'est moi. Depuis que tu es là, je n'ai pas vraiment le choix, dit-il plus calmement."

Hermione n'aimait absolument pas lorsqu'il se mettait à la fixer comme il le faisait à présent. Mais sa voix lui paraissait bien plus authentique, en effet. Elle fut même bluffée par tant de sincérité, même si elle n'était pas dupe pour autant.

"- Depuis que tu es revenu chez les Weasley.. je suis partagé entre deux envies, lâcha t-il sans la lâcher des yeux. Celle de te haïr, et l'autre de.."

Elle releva ses yeux vers lui, ne sachant si elle craignait ou espérait en entendre la fin. Elle l'observa se passer une main sur le visage, l'autre main posée sur une de ses jambes. Une lueur s'était allumée dans le regard de la jeune femme, et s'en fut bien trop pour elle. Les joues en feu et l'air confus, elle se releva dans l'idée de quitter la pièce sans plus tarder, avant qu'il n'ai pu terminer sa phrase.

Hermione venait tout juste d'atteindre la porte qu'il se remit à parler de nouveau.

"- Quoi ? s'exclama t-il. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as peur que je te dises ce que tu n'as pas envi d'entendre ?

- Harry.. tu n'es pas dans ton état normal.. commença t-elle à essayer de le raisonner en se tournant à moitié vers lui, fuyant son regard."

Le survivant reposa d'un coup la bouteille sur la table et contourna cette dernière en marchant vers elle.

"- Tu n'as pas intérêt à fouiller dans mon esprit, le prévint Hermione d'un ton catégorique."

Son menton se dressait fièrement en avant, mais son regard était baissé vers le sol dans une tentative de protection.

"- Je vois bien la façon dont tu me regardes, comme si je ne valais pas que mieux que lui..

- Lui ? demanda t-elle confuse."

Elle finit par comprendre que par lui, il parlait de Voldemort.

"- Je.. c'est totalement faux, le contredit-elle. Tu n'as rien à voir avec Tom Jedusor..

- Prouve-le, dans ce cas ! Regarde-moi.. lui demanda t-il en la mettant au défit."

Hermione porta son regard sur ses pieds, et s'humecta les lèvres avant de rapidement relever la tête en se forçant à le regarder, sans ciller.

Les yeux émeraudes d'Harry semblèrent la transpercer. Hermione blinda son esprit en y mettant toute sa concentration, et cela sembla marcher, car le survivant parut légèrement déçu lorsqu'il comprit que cette fois, il n'irait pas plus loin que l'autre jour dans la grande salle. A cet instant, un air juvénile, plus innocent réapparut sur ses traits, et enfin, Hermione put apercevoir une part de l'ancien Harry refaire surface.

Avec une pointe de bouleversement, elle se rendit compte qu'il était toujours là, quelque part. Tout comme il y avait toujours une part tout au fond d'elle qui ne demandait qu'à ce qu'il redevienne à nouveau celui qu'il avait toujours été: l'un de ses deux meilleurs amis. Même si elle ne l'aurait avoué pour rien au monde.

Et il y avait autre chose, autre chose qu'elle n'aurait jamais voulu admettre, même sous la torture.. Et Harry se focalisa sur cette pensée au moment même où elle lui traversa l'esprit.

"- C'est bien ce que je pensais dans la grande salle, pendant qu'on dansait, remarqua Harry en la sondant. C'est pour ça que tu redoutais tant ce moment.. Si c'est ce que tu voulais, il te suffisait de demander.

- De quoi ? demanda Hermione en prenant un air aigues, passablement offusquée."

Alors il lui répondit, et il eut du mal à croire de quelle manière il le fit. Parce qu'il avait toujours autant de mal à réaliser et accepter l'idée de désirer son ancienne amie de la sorte.. Pourtant, ce fut bien une sourde impulsion qui l'amena à attraper son visage à deux mains pour l'attirer vers le sien, et à rapidement abaisser sa bouche sur la sienne.

La surprise saisit Hermione de court, mais celle-ci passa la seconde suivante où elle sentit ses lèvres sur les siennes, et dès lors, elle eut alors comme l'impression qu'on venait brusquement de lui redonner un second souffle.. Une sensation si vive s'empara d'elle qu'elle en lâcha une plainte étouffée, effrayée et électrisée à la fois. Le plaisir brutal qu'il insuffla à travers elle l'étourdie tellement qu'elle en oublia son sermon. Elle recula sous la surprise, et sa poitrine se souleva vers lui à une allure rapide et irrégulière.

Tout ce qu'elle cherchait désormais était un moyen de respirer correctement, de pouvoir gérer ce trop plein de sensations..

Des flashs de lumières inondèrent ses paupières qu'elle avait rabattues sous le choc. La jeune femme les rouvrit la seconde suivante et réagit dans un élan incontrôlé. Non en protestant à l'intrusion comment elle songeait à le faire.. Contre sa propre volonté, ses lèvres s'ouvrirent avec anticipation et la sorcière sut qu'elle venait de se trahir. Parce que ces sensations étaient beaucoup trop addictives.. Pourtant, elle savait qu'il n'aurait jamais du faire ça. Ce fut sans doute la raison qui amena Harry à relâcher ses lèvres pour l'observer, stupéfait, avec une pointe de culpabilité.

Coupable parce qu'à travers les envies inavouées de la jeune femme, il avait profité de son pouvoir pour assouvir les siennes et avait agit sous l'effet d'une impulsion. Et stupéfait par la réaction qu'elle avait eu.. Même s'il regrettait désormais son geste, c'était.. trop bon pour qu'il daigne y mettre un terme.

Un air triomphant apparut sur le visage du survivant lorsqu'Hermione rapprocha inconsciemment son visage mortifié vers le sien.

Il comprit que cette fois, il en avait le droit, alors il l'embrassa encore, profitant rapidement de l'ouverture de ses lèvres pour y introduire sa langue, exigeante, et Hermione sombra un peu plus dans le précipice dans lequel il la projetait. Entraînée dans un baiser farouche, une chaleur infernal et brusque l'avala toute entière. Elle tressaillit violemment et poussa un gémissement étranglée dans sa bouche, sa langue s'entremêlant avec délectation à la sienne. Aucune espoir de retrouver son souffle, et encore moins sa raison.. Un peu trop désespérée pour son propre bien, Hermione lutta contre l'envie de pleurer, se mettant à trembler de la tête aux pieds. Harry gémit fortement contre sa bouche, frappé par des éclairs de lucidité. Ses mains s'emparèrent de sa taille et il l'attira contre lui avant de glisser tout le long de ses hanches. Il n'aurait jamais cru que l'embrasser, ni moins la toucher pouvait être aussi jubilatoire, même dans ses rêves les plus lubriques et les plus fous.

Quelque part dans son esprit désarçonné, une alarme sembla sonner, et dans une maigre tentative de résistance, de peur même, Hermione chercha à retirer ses lèvres des siennes.

"- Harry, haleta-t-elle chevrotante, cherchant à rattraper son souffle qu'il lui avait dérobé. On ne peut pas faire ça, pas ici.. N'importe qui pourrait..

- Ah ouais ? demanda-t-il tout contre sa bouche d'une voix rauque, pantelante à la faire frissonner. Pourtant, il me semble que personne ne vient.."

Ses yeux dilatés, semi-ouverts étaient possessifs et brillaient de luxure, et tout cela l'excitait dangereusement. Son visage laissait largement deviner des intentions impossibles à freiner.

Alors, à sa propre stupeur, Hermione sentit ses genoux engourdis flageoler sous elle et se plier légèrement. C'était comme si son corps lui-même arrêtait de lutter et décidait de se rendre. Harry continua de glisser ses mains sur elle inlassablement, et son regard avide glissant sur sa silhouette, il passa ses mains dans le dos de ses cuisses, sous ses fesses pour la soulever contre lui.

Hermione sentit son sang ne faire qu'un tour dans ses veines en se sentant hissée de la sorte, et son cœur menaça d'exploser. Ses dernières capacités de réflexion semblant l'abandonner, la sorcière se cramponna à l'aide de ses bras et de ses mains flageolantes à son dos, ses cheveux, ses larges épaules, la respiration dangereusement entrecoupée. Le survivant marcha jusqu'à toucher une surface dure, ses yeux farouches rivés sur les siens alors qu'elle se livrait à son sort. Absolument tout chez lui la déstabilisait d'une force inconnue. Ses jambes tremblantes glissèrent contre sa taille lorsqu'elle tenta de les enrouler autour de sa taille.. Que le contrôle de son propre corps puisse lui échapper l'affola.

S'il ne l'avait pas tenu avec tant d'insistance, elle se serait probablement effondrée sur le sol. Manquant de délicatesse, Harry étouffa le halètement de souffrance d'Hermione dans sa bouche lorsqu'il la plaqua sans douceur contre le premier meuble qu'il trouva, en l'occurrence une armoire dans le coin le plus sombre de la pièce.

Plongés dans une quasi obscurité, leurs corps entrèrent pour la première fois en contact, et la délectation sensuelle qui s'en suivit arracha Hermione à ses lèvres pour prendre une brusque inspiration. Elle renversa sa tête en arrière, le visage en feu et le cœur tambourinant sa cage thoracique. Le feu ravagea brusquement chaque cellule de son corps dans une sorte d'implosion quand il se pressa entièrement sur elle, ses hanches s'écrasant contre les siennes dans un besoin vorace. Harry écarquilla les yeux et ne put empêcher le haletement de satisfaction qui s'échappa de ses lèvres entre-ouvertes.

La jeune femme lâcha une plainte désespérée, dépassée par sa propre réaction dénuée de douceur en pressant à la hâte ses pieds et ses mains sur ses fesses, ployant ses hanches contre les siennes. Leur corps aplatit l'un contre l'autre, son intimité toucha sa virilité ardente à travers leurs vêtements, et en sentant la bosse déformant son entre jambe, Hermione put constater à quel point il avait envie d'elle. L'idée même de pouvoir engendrer en lui une telle réaction fut suffisante à déclencher une avalanche de frisson sur sa peau.

Une lourde sensation de plaisir naissant de ce contact, ils gémirent sans plus aucune retenue et ouvrirent leurs yeux qu'ils avaient fermé, observant leur désir se refléter dans le regard de l'autre. L'air lourdement chargé autour d'eux sembla s'agiter tandis qu'ils prenaient réellement conscience qu'ils avaient envie l'un de l'autre. D'un accord passé sous silence, ils convinrent que le temps de leurs accolades amicales et innocentes pouvait être jeté aux oubliettes. Leurs besoins avaient changé et ils ne pouvaient se contenter ni de cette amitié platonique, ni de cette discorde qui ne menait nulle part.

Tous les sens de la jeune femme s'affolèrent et ses membres se figèrent quand Harry commença à mouvoir lentement ses hanches de haut en bas, tout en scrutant avec soin sa réaction. Des ondes puissantes et déferlantes de pure plaisir jaillirent en eux et les traversèrent entièrement. Le visage écarlate, elle enfuit ce dernier dans ses cheveux ébouriffés en haletant désespérément, s'enivrant de leur odeur, émettant des sortes de gémissements palpitants provenant du plus profond de sa gorge qu'elle ne s'était jamais entendu émettre. Des lumières apparurent derrière ses paupières closes, des picotements lui traversèrent les pieds..

Une peur sournoise la saisit face au contrôle qui lui échappait habilement sous les mains d'Harry. Toute cette multitude de sensations était comme une source d'agonie pour elle. Bien qu'elle ait connu des hommes avant lui, la sorcière n'avait jamais goûté quelque chose de comparable au ressentie du corps d'Harry plaqué contre le sien, ses hanches se frottant lascivement et fermement le long des siennes, créant et amplifiant cette sensation délirante de félicité. Elle n'aurait exactement su décrire ce qu'elle ressentait en identifiant cette détermination si singulière chez lui, mise à l'œuvre dans une situation pareille..

Aussi loin qu'elle put s'en rappeler, jamais de sa courte existence elle n'avait ressenti un désir aussi puissant envers quelqu'un. Jamais elle ne s'était sentie non plus si fragile, comme si elle allait se briser. Harry changea le rythme et alla plus vite et plus fort, compressant leurs corps l'un contre l'autre et prise dans le rythme imposé par l'auror elle poussa un énième cri, capitulant pour de bon. Elle laissa la sensation tortueuse la submerger, ces yeux mi-clos irradiant bonheur et de reconnaissance. Tout son être se ravissait et brûlait alors que son corps butait contre elle en réponse à ses gestes, chaque poussée se faisant plus insistante que la précédente et son allure plus rapide. Il était certain au son de ses halètements qu'il y prenait autant de plaisir qu'elle.

D'étranges vérités enfouies en elle firent surface, des vérités insoupçonnées se dévoilant à son esprit conscient avec stupeur. Une once d'embarras la tarauda, combiné au plaisir qu'elle ressentait à leur union instinctive et grisante, de ses propres sentiments; créant un dilemme entre sa raison et ce qu'elle voulait. Parce qu'elle réalisa un fait qu'une part inconsciente de son être avait toujours craint, mais qui expliquait son désarrois depuis longtemps enfouit en elle. Elle, Hermione Granger, était simplement tombée amoureuse de la dernière personne à laquelle elle aurait songé: celle qu'elle aurait dû éviter.

Le plaisir l'emporta encore une fois, et elle oublia tout.. De plein fouet toutes ses pensées se concentrèrent dés lord pleinement sur l'euphorie présente, sur la sensation de ses propres mains glissant tout le long de son corps contracté par ses assauts, s'extasiant de béatitude en caressant avec convoitise chaque muscles tendus, chaque parcelle d'Harry qu'elle découvrait, griffant, tâtonnant la peau par-dessus les vêtements qui semblaient soudainement de trop.. Se livrant pleinement à ce qu'elle s'était refusée pendant trop longtemps. Son cœur se dilata avec délectation en admirant de le voir et de le sentir aussi hors de contrôle.

Leur plaisir commun s'exacerba toujours plus, les entrainant bientôt vers une démence où leurs gémissements tremblants s'accentuèrent en des cris qui franchirent leurs lèvres scellées, à l'image du rythme erratique et des mouvements désespérés faisant crisser dangereusement la vieille armoire. La langue perdue dans l'exploration de la bouche de l'autre, ils s'adonnèrent à ce baiser impétueux comme si cette infâme envie n'avait fait que sommeiller en eux depuis le début. Ils réussirent peu à peu à s'accorder sur le rythme de l'autre. Les mains blanches et crispées d'Harry rebroussèrent prestement les pans de sa robe et vinrent caresser ses cuisses, puis s'aventurèrent plus haut, rendant sa respiration plus saccadée encore et ses gémissements plus aigus.

Elle retint son souffle, impuissante lorsque ses mains caressèrent avidement ses seins sous la fabrique de sa robe à travers ses sous-vêtements. Une cascade des frissons sillonna ses pieds et ses chevilles. Elle les tendit, arqués contre le bas de son dos, s'enfonçant dans le cuir de sa ceinture. Elle ne remarqua même pas que ses talons étaient tombés par terre. Sentant son orgasme déjà proche, elle baissa la tête et planta ses yeux dans ceux de l'auror rivés sur elle. Il observait son comportement, comme fasciné. Troublée, elle se noya dans le tourbillon d'émotions luisant dans ses orbes vertes. Comme elle voulait le voir dans cet état-, voir l'expression qui se dessinerait inéluctablement sur son visage au moment où la jouissance l'emporterait..

Lorsqu'Harry lut par mégarde la pensée qu'elle venait d'avoir, il reprit sa bouche fiévreusement et mordit sa lèvre inférieure, avalant le sanglot de contentement qu'elle poussa. Sentant le visage d'Hermione se baigner de larmes, le survivant osait à peine croire qu'ils s'embrassaient avec une telle passion, avec la même ardeur, que ses mains à lui d'habitude si habiles la touchaient d'une manière si maladroite, comme s'il était redevenu un adolescent incapable de contrôler ses pulsions.

En savourant les mains bien trop curieuse de la jeune femme palper ses hanches et ses fesses, il délaissa ses lèvres et plongea dans son cou qu'il pilla de fervents baisers, ne pouvant s'empêcher de sucer, lécher la peau rosie par endroit ou encore la mordre. Il avait l'impression de goûter à un plat qu'on lui aurait interdit depuis toujours.

Jamais, jamais il n'aurait cru..

Les jambes et les pieds de la sorcière appuyant son bassin contre le sien allait bientôt finir par avoir raison de lui, et sentant ses propres jambes sur le point de céder, il empoigna son chignon défait d'une main, raffermit son bras sous ses fesses et la retira avec force de l'armoire qui grinça sous le coup. Hermione refourgua bien vite la surprise de son geste et se laissa conduire vers la longue table où il l'y déposa, sa main cherchant à repousser parchemins ou tout autre objet dans un bruissement désordonné. Pour une raison qui échappa à la jeune femme, il sembla alors vouloir ralentir le rythme, prendre son temps. Hermione ne put retenir sa surprise quand ses gestes devinrent plus doux, ses baisers moins brusques et plus langoureux. Elle gémit de frustration, languissante. Même si cette danse qu'elle connaissait bien se révélait sans comparaisons avec ses dernières expériences, ce n'était pas ce qu'elle voulait actuellement.

Le dénommé releva la tête vers la sienne, la fixant avec insistance comme s'il l'étudiait. Son visage affichait une expression qu'elle ne l'avait jamais vu refléter. Une lueur vive dansait dans ses yeux pétillants, nettement distinguable malgré la fine buée qui entachait par endroit le verre de ses lunettes. Le souffle étriqué s'échappant par une fine commissure de sa bouche, il roula ses hanches le plus lentement qu'il put, insistant volontairement son geste uniquement destiné à lui faire perdre le contrôle.

"- Qu'est-ce qu'il y a ? interrogea-t-il en ne la quittant pas des yeux, le souffle bridé sans stopper le mouvement de ses hanches."

Harry revêtit cette sorte de sourire narquois qui l'agaçait et lui plaisait en même temps. Hermione ne répondit rien, à la place de quoi ses mains descendirent jusqu'à son entre jambes. Les paupières d'Harry se fermèrent brutalement, et il se raidit contre elle en poussant un lourd gémissement, la tête enfouie dans son cou. Les mains de l'auror reprirent naturellement leur chemin sous sa robe, s'infiltrant dans ses sous-vêtements, froissant ces derniers entre ses doigts. Le cœur d'Hermione explosa et elle se mit à pleurer librement, une succession de gémissements s'échappant d'entre ses lèvres.

Il continua à se mouvoir ainsi pendant que sa main à elle continuait de toucher son membre, leur administrant sans le vouloir du plaisir à tous les deux pour qu'ils puissent enfin arriver à une conclusion.

"- Hermione, émit-il difficilement dans un grondement, la sorcière se tordant sous lui dans tous les sens, la tête renversée sur la table."

Ses hanches paraissaient se déplacer de leur plein gré, et il reprit rapidement ce rythme démentiel qu'il ne pouvait plus contenir. Des lumières commencèrent à poindre tout autour de lui alors qu'il sentait son propre orgasme arriver, et il manqua de broyer le genou d'Hermione qu'il serrait dans sa main, ses jointures paraissant sur le point d'éclater.

Merlin, il était tellement proche de..

Trois grands coups furent assenés à la porte, et d'instinct, l'ancienne gryffondor sursauta. D'un geste du pied incontrôlé, elle renversa sans le voir un encrier qui déversa son contenu noir sur le sol.

Un non ! Ferme et implacable résonna dans l'esprit du survivant frappé par l'injustice.

La réalité impitoyable avait décidé de les rattraper à cet instant précis ! Harry retira aussitôt sa langue de sa bouche, interrompant tous mouvements, les yeux brillants, les lèvres rouges et gonflées. Si la magie ne les avait pas abandonné à leur triste sort, il aurait jeté un maléfice au malvenu qui venait les interrompre de la sorte.

Pendant un millième de seconde, il voulut ne pas tenir compte de cette interruption et venir à bout de leur accomplissement tout en sachant qu'une personne se tenait derrière la porte. Qui sait, peut-être cela pourrait-il se révéler excitant ?

Mais il regarda Hermione et se dit qu'il devait agir avec un peu plus de respect envers elle.

Pris sur le fait, un long silence d'une gêne atroce s'installa entre eux, seulement rompu par leur respiration saccadé. Ils restèrent d'interminables secondes à se fixer, effrayés que cela s'arrête, dans l'attente angoissante que l'intrus au-delà de la porte se manifeste à nouveau et confirme leurs craintes.

Les yeux écarquillés, ils prirent pleinement conscience durant le même temps de ce qu'ils faisaient, eux, dans une pièce reculée des cachots.. L'effarement les gagna. Elle surpassa de loin l'angoisse de se faire surprendre dans une telle situation. Parce que ce qu''il venait de se passer entre eux était bien trop surréaliste. Oui, c'était sans doute le mot le plus approprié. Et pourtant, leur étreinte se révélait tellement..

Merlin, comment était-ce possible que ce soit si bon entre eux ?

Pour toutes ses raisons et bien d'autres encore, s'arrêter à ce moment-là fut un véritable supplice. Palpitant de douleurs, ce fut certainement le choc de cette réalisation qui leur donna la force de se séparer. Il fallut un effort surhumain à Harry pour y arriver, mais il s'y contraint et tâcha de reprendre son calme. Ce qui était à peu près aussi facile que de s'arracher une jambe, songea-t-il alors que son regard suivait attentivement la jeune femme, son allure échevelée et ses yeux sauvages.

Le corps contusionné, la frustration et la déception envahissait Hermione de son côté qui fut soudainement rattrapée par son sentiment de honte sans qu'elle ne sache trop pourquoi. Le plaisir avait cédé la place à la douleur de ne pas avoir été satisfaite. Tourmentée, elle rabattit le tissu de sa robe sur ses jambes, le visage écarlate, le regard fuyant.

Harry s'en aperçu et émergea de sa contemplation, la regardant faire avec un air sévère, les yeux élargis d'ahurissement. Il se sentait presque humilié.. Elle avait eu la langue dans sa bouche et les mains sur la boucle sa ceinture, prête à la défaire et se donner à lui sur cette table ! Comment pouvait-elle jouer à la prude devant lui alors qu'elle s'était révélée aussi ardente en s'abandonnant dans ses bras ?

Harry était sur le point d'ouvrir la bouche pour lui crier dessus, offusqué, une pointe d'amertume dans la gorge, pour lui faire comprendre qu'ils n'avaient aucune raison d'avoir honte d'une chose pareille, mais deux coups plus insistants que les précédents furent frappés contre la porte en bois.

Leurs têtes pivotèrent vers la porte, derrière laquelle l'importun avait certainement deviné d'après le silence ayant suivi les bruits s'échappant de la pièce que ce n'était pas le bon moment pour entrer. Alors au lieu de ça il se mit à parler, sa voix étouffée par la porte. Dalwish, un ancien d'après le timbre de voix.

Ils purent apprendre en deux trois mots que la présence formelle du chef des aurors était attendu dans le parc. Des pas feutrés suivirent ces paroles, signalant que l'auror ne s'était pas attardé plus que mesure et était reparti.

La colère injustifiée qui avait saisi Harry le quitta aussi vite qu'elle était apparue. Lâchant un soupire, résigné et frustré, le survivant se passa une main dans les cheveux et se dirigea difficilement vers la porte, laissant le temps à Hermione de se relever en douceur de la table sur laquelle elle était toujours assise, à demi-consciente. Des boucles hirsutes s'étaient échappées de sa coiffure et elle les écarta d'une main moite et molle.

Quelques secondes s'écoulèrent dans la pièce. Elle se tourna vers lui, interdite et découvrit qu'il l'observait, la main toujours posée sur la poignée de la porte, ses yeux brillant avec farouche dans l'obscurité de la pièce. Il comprit d'un regard que leur séparation était aussi douloureuse pour elle que pour lui. Mais ils n'étaient pas prêt pour affronter tout ça..

Harry et Hermione.. Non, bien trop étonnant à envisager.

Fronçant les sourcils, le survivant déglutit et chercha quelque chose à lui dire.

«- Je suis désolé, lâcha-t-il finalement.

- De.. De quoi ? demanda-t-elle bêtement.

- Pour m'être comporté.. Comment as-tu dis déjà ? Ah oui.. comme un abrutis, admit-il amèrement, les yeux dans le vide.»

Hermione releva doucement ses yeux. Le regret dans sa voix était sincère. C'était tout aussi inattendu que le reste. Harry Potter en personne venait de lui présenter des excuses qu'elle avait cessé d'espérer depuis longtemps. Sans un mot de plus à son adresse, il la laissa là et la porte se referma sur lui.

Elle se retrouva seule dans le cachot sombre, étourdie et encore tremblante. La sorcière reprit peu à peu ses esprits, son souffle redevint plus calme.. Et elle sentit encore plus mal, plus démunie que jamais.

Parce que si elle connaissait déjà le désir, le plaisir d'avoir un homme contre elle, jamais les étreintes qu'elle avait connues jusqu'ici n'avaient ressemblé à ça. Pour tout avouer, elle ne savait même pas que ça pouvait exister. À se remémorer son comportement passionné et si sincère, elle voulait croire que lui non plus, elle le voulait de toutes ses forces. Mais peut-être était-ce un espoir inespéré de sa part.

Car il venait de s'en aller aussi facilement qu'il l'avait fait trépasser d'une manière dont elle ne s'en croyait pas capable.

Chapitre 30

Les fêtards émettaient toujours du bruit en provenance du parc, et bien qu'une heure s'était écoulée, les aiguilles de l'horloge demeuraient tristement sur le douze. Il ne restait que les couples d'amoureux qui dansaient encore dans la grande salle. Des enfants avaient eu l'autorisation de se coucher tard, d'autres dormaient déjà depuis longtemps. Pour les plus âgés, les réjouissances promettaient de continuer tard dans la nuit un peu partout dans le château. Certain avaient oublié qu'un état d'alerte avait été déclaré en Grande Bretagne, et en dépit de ça étaient repartis à Pré au Lard se réapprovisionner en alcool. On était en Écosse après tout, eu plein milieu d'une nature sauvage et isolée, loin de la ville et de son quotidien..

Hermione se réfugia dans la vaste cour intérieure du château où avait eu lieu la cérémonie. Le décor n'avait pas bougé, et le soleil qui se déclinait à l'horizon dotait l'endroit d'une ambiance particulièrement relaxante. Tout ce dont elle avait besoin pour le moment.

Elle récupéra sur une chaise un long manteau noir appartenant à Evanna. Le temps s'était rafraîchi depuis une heure et la moldue devait être venue ici il y a peu, sans doute flirter avec un des aurors sur lequel elle avait mis le grappin.

La jeune femme l'enfila et s'assit sur une des nombreuses chaises en bronze, le regard absent. Et elle tenta de faire le vide dans son esprit, bien que l'impossibilité de cette éventualité vint frapper son coeur de désespoir.

Harry avait laissé ces empreintes brûlées au fer partout sur elle.. Et il n'y avait aucun moyen d'effacer de son esprit cet interlude brutal et inattendu qu'ils avaient échangé. Ni la manière dont cet idiot s'en était remis après, comme si cela ne comptait pas. Cette impression, bien loin de la rassurer la mettait dans un état alarmant.

Elle le détestait.. Et nourrissait une nouvelle sorte d'affection démesurée pour lui.

Ce n'était tout de même pas rien ! pensa t-elle. On n'embrasse pas son ancien meilleur ami comme ça.. Pas comme ça..

Deux états en elle luttaient l'un contre l'autre, nourrit tous deux par la même émotion, celle de la peur. La peur de s'être donné ainsi, aussi spontanément à la vue d'un homme qu'elle avait bien connu et l'avait observé avec une fascination inquiétante, contre celle d'être abandonné par ce même homme alors qu'elle venait de lui montrer ce qu'elle n'avait surement jamais encore montré à personne, y comprit elle-même.

Ruminant son courroux, la demoiselle d'honneur crut à un moment entendre des reniflements dans un coin.

"- De tout temps on a voulu l'empoisonner, le stupéfier, le congédier.. S'éleva une voix caquetante. Mais la magie elle même ne peut lui casser les pieds. Son écorce et sa nature sont impénétrables, malheur à celui qui tentera l'impensable !"

Lassée, elle se retint de lever les yeux au ciel. Elle pensait être seule en venant ici. Elle tourna la tête et discerna des vêtements excentriques colorés portés par un étrange hybride, lui-même résultant d'un mélange entre un gnome et un clown. Assis entre deux dossiers de chaises dans la rangée d'à côté. L'air furibond de la sorcière se transforma en étonnement.

Bien que tous les fantômes du château aient désertés les lieux, Peeves lui était toujours présent. Magie ou pas, il demeurait selon toute vraisemblance impossible à bannir d'ici. L'esprit farceur essuyait ses joues rondes à l'aide d'un vieux mouchoir.

Aussitôt qu'il se sut observé, Peeves s'évapora au loin en maudissant à voix haute la jeune femme qui ne put s'empêcher de sourire sardoniquement en reprenant d'un coup ses esprits. Elle en vint presque à mettre de côté Harry et sa colère de s'être laissé manipulée. Hermione s'élança vers lui entre les rangées de chaises, enjouée.

"- Tu es toujours là... souffla-t-elle.

- Moui.. Apparemment, répondit Peeves d'une voix enrouées pointant son chagrin. Je serais toujours présent, même lorsque Poudlard ne sera plus.. Je ne peux même plus faire de bêtises, McGonagal m'a promis que j'aurais droit à un nouveau chapeau si je ne causais pas de désordre aujourd'hui. "

La découverte s'incrusta dans son esprit. Peeves était impossible à bannir. Ce n'était pas une bonne nouvelle à annoncer à la population de l'école ! Le Baron sanglant serait furieux. Rusard en ferait une dépression en l'apprenant. L'ancien concierge avait passé l'intégralité de sa carrière ici à tenter de le faire chasser hors des murs du château.

Les mains glissées dans les poches de sa veste, quelques vers d'une poésie qu'Hermione avait lu il y a longtemps sur les êtres magiques dans son genre lui revinrent en mémoire.

"- Esprit du lieu qui l'a vu apparaître.. cita-t-elle à voix haute.

- Qui naît dans le chaos détermine son être, compléta Peeves. Cela est bien vrai, pour ceux de mon espèce."

Il parût apprécier la citation. Un pli se forma entre les sourcils de la sorcière pendant qu'un sourire venait fendre sa bouche difforme. Les esprits frappeurs en leur état de non-êtres n'avaient jamais été vivants comme les fantômes.

"- Vous.. Vous êtes vraiment créé, ce n'est pas qu'une stupide légende.

- Les légendes détiennent toujours une part de vérité, fillette.

- Comment ?

- Comment quoi ?

- Comment êtes-vous crée ? demanda-t-elle comme si c'était évident.

- Argh ! s'écria-t-il soudainement avec rage. La petite déserteuse pose trop de question !"

Dans une cabriole, il s'éleva dans les airs puis s'élança vers les rangées de chaises en avant, renversant volontairement certaine sur son passage. Serait-ce la première fois que quelqu'un osait lui poser la question ? Hermione se rassit silencieusement sur la chaise qu'il avait délaissée, l'écoutant piailler sans aucune réprimande à son égard. Elle se demandait ce que cela pouvait faire d'être à sa place, passer des siècles à terroriser les élèves, semer le chaos tout autour de soi en se moquant de l'ordre établie.

Une autre question lui vint à l'esprit : la présence de l'esprit frappeur signifiait-elle qu'une faible dose de magie subsistait toujours ?

Peeves s'avérait vraiment remonté.

"- Écrit noir sur blanc ! Ce n'est pas si difficile à deviner ! brailla-t-il en ressurgissant face à elle. Les esprits du chaos NAISSENT du chaos !"

Les lèvres pincées et la tête courbé vers l'arrière, Hermione soutint ses yeux noirs et méchants.

"- Il suffit d'un événement tragique, de conditions particulières, et HOP ! S'exclama Peeves en effectuant un salto arrière."

Son chapeau auquel il tenait tant glissa de sa tête ronde. Il plongea immédiatement et le récupéra, l'époussetant soigneusement avec ses petites mains replètes.

"- Peeves peut le dire maintenant, il ne craint plus rien, assura-t-il comme s'il se parlait à lui-même."

Sans la moindre pitié pour lui, Hermione l'observait avec un mélange d'étonnement et de curiosité, en attente de la suite. Pour la première fois de sa vie, ce maudit farceur l'intriguait sincèrement.

"- Tout ça est arrivé à cause des actes d'un seul homme ! Un homme.. qui n'inspirait la confiance à personne.. Car il était ingénieux, et trop ambitieux, oh ça oui. Mais il était très utile à l'époque : Il complétait les autres."

Il grimpa en sautillant sur la pile de chaises emmagasinées sur l'autel, évitant avec une aisance digne d'un funambule de marcher sur celles qui se renversait sur son poids, bien qu'il ne fut pas lourd.

"- L'homme avait ses secrets, parla-t-il d'une voix saccadée. L'un d'entre eux fut qu'il éprouvait une fascination pour une fille deux fois trop jeune pour lui. Elle était connue pour être passionnée par la nature, particulièrement les animaux. Alors un jour, en retour d'un de ses nombreux voyages, l'homme lui a rapporté un tableau représentant son animal favori. Un animal mythologique !"

Il y avait quelque chose d'à la fois incohérent et extraordinaire à l'écouter ainsi, lui qui préférait d'habitudes les insultes et moqueries aux longues histoires romanesques.

Peeves ôta une des roses accrochées à l'arche fleurie qui faisait office d'autel et la renifla grossièrement.

"- A cet instant, la fille tomba amoureuse de l'homme, reprit-il en balançant la rose par-dessus son épaule. Ils dissimulèrent leur liaison jusqu'au jour où l'homme alla trop loin. Il trouva le moyen et le secret pour recréer réellement cet animal, en accouplant deux espèces différentes. L'animal grandit en quelques mois à peine.. Et attaqua un village moldu, tuant plusieurs personnes ! Les moldus ripostèrent en attaquant le château pendant des mois ! La fille quant à elle mit un terme à sa relation avec l'homme en découvrant jusqu'où il était prêt à aller. Mais elle ne le dénonça pas, même si tous le suspectaient."

La seconde d'après, il disparut pour réapparaître instantanément à côté d'Hermione.

"- Peeves allait le faire, lui, chuchota-t-il sournoisement à son oreille. Il allait tout répéter aux autres. Il l'a menacé si souvent qu'avant de partir, l'homme a ordonné au Baron Sanglant de me surveiller pour ne jamais révéler son secret, et il ne m'a plus jamais lâché depuis ! Mais maintenant le baron n'est plus là.. ah ah ! Peeves n'a rien à craindre, et il espère que la magie ne reviendra pas ! "

Il se retourna et envoya valser des chaises supplémentaires sur l'autel. La pile s'écroula sous ses rires pareils à des caquètements. N'appréciant pas son comportement, mal à l'aise et les bras croisé, Hermione le regarda faire avec une moue réprobatrice.

Elle se demanda s'il avait tout inventé.

"- La magie va revenir, lança-t-elle à mi-voix. Alors ne t'y habitue pas trop.."

La sorcière le laissa à ses cabrioles, retroussa mollement les pans de sa robe et se leva de sa chaise. Alors que le poltergeist se remettait à chanter un air de sa propre création, elle quitta la cour pour regagner sa chambre. Elle en avait assez vu, fait et entendu pour la soirée.

Chapitre 30

Dans un débordement sonore et multicolore, le feu d'artifice amorça son bouquet final au grès des acclamations du cortège de sorciers amassés tout le long de la rive du lac.

Évidemment, comme toutes les têtes s'élevaient vers le ciel nocturne, rare étaient celles et ceux qui portèrent attention à ce qui se tramait à leurs pieds. Il fallut pour cela que les dernières lumières retombent au sol, sur l'étendue d'eau brillant comme un diamant noir pour que l'on s'en aperçoive.

Parce qu'un incohérent et tout aussi beau spectacle se dressait devant eux.

Une ribambelle de visages à l'aspect humain émergeait de la flotte. Malgré l'opacité du lieu, leur beauté si particulière restait saisissante.

Les feux prenant fin à l'instant, les exclamations du public qui n'avaient pas diminué s'amplifièrent lorsqu'ils surent de quoi il s'agissait. Les enfants et adolescents s'écrièrent de joie.

«- Je n'en avais encore jamais vu de mes yeux, murmura Murdel Lagoon en faisait un pas en avant, charmé. Merlin m'en soit témoin, elles sont magnifiques.. et on ne voit que leurs têtes !"

Une centaine voir plus de créatures aquatiques, des sirènes pour la plus part naviguaient jusqu'à la rive du lac, leur cheveux sensuellement ramenés en arrière, leurs têtes dépassant une à unes de l'eau sombre.

"- Que font-elles là ? demanda un autre à voix basse. Elles ne s'approchent jamais aussi près des humains en temps normal..»

La plus part des sorcières et sorciers présents estimèrent que le peuple aquatique entourant le château était venu assister au spectacle, alerté par les détonations et explosions miroitantes au-dessus de la surface. Mais certain aurors présent au bord du lac furent de plus en plus intrigués par la panique se revêtant à l'instant sur leurs faciès plutôt que par leur beauté légendaire.

Harry se fraya fébrilement un passage à travers la foule d'invités enthousiasmés, longeant la rive aussi rapidement que possible pour rejoindre une des sirènes qui s'avançait plus que les autres, tenant apparemment à s'adresser à un représentant de l'école. Certain la pointèrent du doigt. Des enfants voulurent s'approcher mais furent retenu par leurs parents soudain soupçonneux.

Ne faisant que peu de cas de ses habits élégants, Harry pataugea dans l'eau glacée pour se rendre jusqu'à elle. Il s'éloigna de la rive plus que nécessaire. Quelques foulées plus loin, il fut devant l'être marin et l'eau devait lui arriver à hauteur des genoux. Il put l'observer en détails. Elle semblait particulièrement athlétique pour son jeune âge.

Enfaîte, elle paraissait beaucoup trop jeune pour représenter un peuple si vaste. D'ailleurs, pourquoi être venu en masse pour délivrer un unique message ?

"- Heu.. hum.. Que faites-vous là ? Demanda Harry maladroitement."

Il fronça des sourcils. Il aurait souhaité se montrer un peu plus sûr de lui.

"- Mon peuple m'envoie vous avertir d'une importante menace, parla la créature."

Sa voix résonnait étrangement, bien que sa tête fût hors de l'eau.

"- Eh bien, je t'écoute, lui dit l'auror en hochant respectueusement la tête.

- Les miens ont reçu la mission de vous avertir que.. Le peuple du lac n'a plus le pouvoir de protéger le château ni ses environs, comme c'était le cas auparavant. Nous ne savons pour combien de temps."

D'un aplomb habituel chez lui, Harry reprit bonne contenance. Une curieuse sensation envahissait le survivant à mesure qu'il l'écoutait. Le même genre de sensation qu'il ressentait à l'approche d'une mission importante, lorsqu'une part de lui, peut-être son intuition, l'informait clairement d'un danger imminent. Cette intuition était capitale, car elle lui permettait de rester concentré et de se préparer au pire. Surtout lorsque la vie d'autres dépendaient de lui, y compris ses propres coéquipiers placés sous sa responsabilité.

Les rares fois où il ne l'avait pas écouté, les choses ne s'étaient en général jamais très bien terminées. La fausse piste de Bristol en était un exemple.

"- Qui vous a demandé de faire cela ? questionna l'auror avec fermeté.

- Ils ont pris l'âme de l'un des vôtres.. Révéla la sirène avec crainte. Je.. je.. ne suis pas censé le répéter.."

Son cœur battit avec une triple intensité. De quoi le peuple de l'eau avait-il si peur, eux qui n'étaient jamais concerné par leurs guerres et conflits humains ?

"- Qui est-ce qui a fait cela ? Demanda une fois de plus Harry avec obstination, le ton de sa voix gagnant en intonation.

- Nous.. Nous resterons là, promit la créature en reculant, les bras écartés en brassant l'eau. Nous vous protégerons comme nous pourrons, nous continuerons à surveiller ceux qui s'approchent car telle est notre rôle.

- Qui ? criait presque Harry alors qu'elle s'éloignait toujours plus.»

Le visage de la sirène, apeurée, disparu sous la surface. La voix de McGonagal, aussi démesurée que la sienne retentit à quelques mètres dans son dos.

"- Eh bien, Potter ? Que vous a-t-elle dit ? Avez-vous au moins compris son langage ?"

Harry se souvint que seul Dumbledore de son vivant connaissait le dialecte des êtres de l'eau. Et pour sa part, n'ayant eu que la capacité de parler le fourchelang, il en déduisit que la sirène devait être une des rares de son clan à savoir converser avec les humains.

Tout au bord de la rive, Minerva attendait, impatiente qu'il réponde, les pans de sa robe surélevés alors que ses talons aux motifs écossais étaient pratiquement trempés.

Harry regagna le rivage où tous l'expectaient de diverses façons. Peur, béatitude, contrariété ou simple inquiétude. Il conserva un air placide, un réflexe qu'il adoptait lorsqu'il devait annoncer lui-même à la famille d'un de ses collègues que l'un de ces derniers avait disparu ou était mort au cours d'une mission.

"- Potter ?"

La directrice à cran le pressa de parler d'un geste du bras. Ses yeux cachaient une panique qu'il ne lui avait plus vu depuis la bataille de Poudlard.

"- On aurait jamais dû venir ici, répondit-il enfin en passant à côté d'elle sans s'arrêter, sous les airs intempérés de celle-ci."

Il put sentir la tension et la peur qui parcourut le groupement d'invités à cet instant comme à travers un réseau électrique. Le moment était bien malvenu pour lui de les imiter. Lui aussi devait jouer son rôle, même s'il sentait depuis le début de cette affaire que la situation lui échappait.

Chapitre 30

Non loin de la salle des trophées s'était toujours tenue cette double porte imposante, qui restait constamment fermée. D'une taille rivalisant à celle de la grande salle, elle se dressait entre deux armures illuminées par le clair de lune. Rien de nouveau jusqu'ici pour Hermione qui devait être passé devant elle un nombre incalculable de fois en se rendant en cours. Il était coutume de dire que si Peeves parvenait à y entrer, la population du château n'aurait que sept minutes pour évacuer les lieux. Les élèves s'amusaient parfois entre eux à s'imaginer ce que cette mystérieuse salle pouvait contenir. Quant aux directeurs et directrices ayant un jour dirigé Poudlard ils avaient tous été tenu de respecter la clause qui interdisait formellement l'ouverture de cette pièce pour quelques motifs que ce soit.

Mais voilà que ce soir, l'une des portes était ouverte. Même si elle avait toujours eu une idée de l'endroit qui se cachait derrière cette lourde porte bleue roi, sa curiosité fut bien trop grande pour laisser passer l'occasion qui se présentait sous son nez.

Parce qu'elle en avait entendu parler dans l'histoire de Poudlard mais ne l'avait jamais vu à proprement parler.

Les deux aurors qui en gardaient l'entrée quelques mètres plus loin s'avéraient trop plongés dans leur partie de bataille explosive pour se soucier de sa présence. Furtivement, Hermione pu se glisser à travers l'interstice.

Dépourvue de fenêtres, l'armurerie de l'école était une grande et longue pièce uniquement éclairée par d'immenses torches projetant leurs flammes sur les murs. Des flammes tantôt bleues, jaunes, vertes et rouges; les couleurs des quatre maisons semblaient curieusement se fondre entre elles jusqu'à n'en former qu'une seule.

Quand on savait que les sorciers étaient ceux qui avaient inventé les sortilèges impardonnables, la simple idée que des armes moldues puissent représenter pour eux une plus grande menace restait un mystère pour elle. Peut-être ces armes-là étaient-elles dotées de capacités supplémentaires en temps normal et ne se réservaient pas uniquement à un usage moldu ?

Elle tourna la tête de droite à gauche et resserra les pans de son long manteau noir autour d'elle. De chacun de ses côtés sur les murs étaient suspendus des lances, des piques et des cottes de mailles, des arbalètes, une panoplies d'épées de toutes sortes.. Mais également des glaives, des poignards, des arcs, des carquois et des flèches, et bien d'autres armes médiévales dont elle ignorait le nom et qui s'étalaient à perte de vue.

Des armures pleines de poussières étaient entreposées à divers endroit mais dans un équilibre précaire. Des heaumes reposaient au sol, avachis sous des monticules de poussières... Enfin, tout au bout de la salle se tenaient une autre double porte identique à celle qu'Hermione venait de franchir.

Au-dessus de cette dernière figurait la devise de l'école, gravée à même la pierre.

Draco dormiens nunquam titillandus

Même si l'emblème restait trop loin pour se lire distinctement, les caractères en latin bien connus des habitués du château se laissaient facilement distinguer. Les peintures rupestres représentant le blason de l'école devaient sûrement être protégées par de puissants sortilèges pour résister si bien à l'usure du temps.

C'était comme faire un bond de plusieurs siècles en arrière. La pièce n'avait pas dû être ouverte souvent depuis l'époque où cet arsenal servait à la défense de l'école. Elle comprit aisément pourquoi.

La raison pour laquelle l'armurerie de Poudlard avait été ré ouverte ne pouvait signifier qu'une chose. Sans magie, le monde des sorciers se retrouvait à court de munitions et devait en chercher ailleurs. Que la situation exige de telles prises de mesures confirmait les doutes qu'Hermione entretenait depuis son arrivée ici: ils couraient un danger d'une nature inconnue, à laquelle on n'avait jamais encore face jusqu'ici.

Et aucune magie ne pourrait les en protéger.

Hermione ressentit une vague de colère à lui faire serrer les poings. Comme elle l'avait dit, le château était aussi puissant que vulnérable, et attirait depuis toujours une certaine convoitise. Célébrer un mariage en grandes pompes précisément à cet endroit par les temps qui couraient relevait de l'idiotie. Et elle une fois de plus se retrouvait au beau milieu de ce grabuge.

Pendant ce temps-là, on maintenait les sorcières et sorciers la tête sous l'eau. Du temps qu'ils se divertissaient, c'était le principal. Et elle même s'était laissée prendre au jeu. Ne l'avait-elle pas prouvé une heure plus tôt dans un des cachots ?

La sorcière entendit de loin des bruits de pas venir. La seconde d'après, les portes s'ouvrirent dans un grand fracas et deux aurors entrèrent dans la pièce. Un véritable enchevêtrement de bruits d'une source non identifiable accompagnant leur passage. Apparemment, les chasseurs de mages noirs n'étaient pas réputés pour leur délicatesse.

Elle coupa sa respiration et resta immobile au possible. Hermione s'était réfugiée à temps derrière une statut représentant un chevalier dressé sur son cheval, tous deux vêtus d'armures de la tête aux pieds.

La jeune femme se pencha légèrement et compris pourquoi ils faisaient tant de bruits. Ils avaient de la compagnie.

Et pas des moindre: Les deux armoires à glace qu'elle avait aperçu avant la cérémonie. Les jumeaux O'Calaghan. L'un paraissait soul et trainait les pieds, l'autre parfaitement calme murmurait des paroles incompréhensibles, de telle sorte que les deux aurors se fatiguaient à accomplir leur besogne pour les faire avancer.

"- Tiens le bien, Gabriel, lança l'un des deux aurors à l'autre.

- Ce n'est pas comme s'il faisait deux fois mon poids ! S'exclama avec peine le dit Gabriel."

Du pied, le second auror tira vers lui une vieille chaise de bois sur laquelle il installa son otage avant de le ligoter solidement à l'aide de chaînes.

Hermione les regarda faire de sa cachette, sans comprendre. Harry avait-il ordonné cela ? Séquestrer les invités ayant trop bu, était-ce là sa manière d'assurer leur protection ?

"- Où as-tu trouvé son frère ? Demanda la voix rocailleuse du plus vieux.

- Derrière Derviche et Bang, raconta le jeune auror. Je l'ai retrouvé assis par terre, une fiasque à la main.. Un véritable ivrogne. Il m'a tout avoué.

- En voilà une idée ! grogna-t-il. Je t'avais bien dis qu'il y avait des chances que cela se produise, Larsen. De toute ma carrière, s'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est que l'alcool est le meilleur moyen pour un mangemort déguisé de se faire démasquer.. Leur véritable nature reprend le dessus.

- Leur idiotie, surtout, marmonna Gabriel en cherchant à démêler des chaînes enroulées sur une table. "

L'anxiété saisit Hermione qui se pencha pour observer plus en détail les jumeaux O'Calaghan, si tel était leur véritable identité.

Des mangemorts se faisant passer pour des invités.. Évidemment, elle aurait dû y songer plus tôt !

"- Regarde dans sa proche, tu vas y trouver une autre flasque avec du polynectar, reprit l'auror. La magie a disparu et leur a permis inexplicablement de conserver leur apparence de tromperie. Quelque chose qu'on avait pas prévu. Ils ont eu un sacré bol d'être passé sous notre vigilance. Bodgan, viens ici ! appela-t-il ensuite en s'adressant à la porte."

Un des aurors qui avait gardé l'entrée jusqu'ici pénétra dans la pièce, ses bottes s'abattant lourdement sur le sol en pierre.

"- Oui, Monsieur ? demanda ce dernier, les mains jointes dans le dos comme s'il s'adressait à un chef.

- Roderick nous a vu venir de Pré au Lard avec eux et je ne veux pas ébruiter cela, il ne manque plus que cette vieille guindée vienne faire un tour ici..

- Heu, vous.. Voulez parler du professeur McGonagal ? Demanda l'auror un tantinet mal à l'aise.

- Eh bien, qui a-t-il, Dimitri ? Tu étais son chouchou quand tu étais élève ici, c'est ça ?"

Intimidé, l'auror balbutia quelques paroles abstraites et attendit les ordres qui ne tardèrent pas à venir.

"- Je veux que tu empêches le garde-chasse de venir fourrer son nez par ici, sinon il va courir lui faire un rapport. Et pas un mot à Potter, compris ?

- Tr.. Très bien, j'y vais de suite, acquiesça l'auror maladroitement avant de repartir.

- Et appelle l'autre qui est avec toi, rajouta l'homme en haussant la voix pour se faire entendre. Quel est son nom déjà ? interrogea-t-il en se tournant vers le plus jeune.

- Adéo Alles.. Commença à répondre Larsen.

- Ah oui, voilà, ramène Allestra, le coupa Turner. Il est plus costaud que moi et on va en avoir besoin."

Bodgan approuva d'un signe de tête et quitta l'armurerie. Quelques secondes plus tard, un homme de la trentaine environs avec un fort accent italien entra à son tour. La porte se ferma dans un grand écho de bois et de ferraille.

Hermione les écouta discuter sans pouvoir bouger de l'endroit où elle se trouvait. Elle ne voulait pas vraiment que les aurors découvrent sa présence. Cachée derrière la statut, son regard croisa dans un moment de stupeur celui du mangemort que le jeune auror peinait à ligoter. L'homme se mit à rire grassement en l'observant d'un œil vicieux qui la frigorifia.

Il ne dit rien pour autant et laissa le nouveau arrivé resserrer ses chaînes.

"- Très bien ! Fit Turner une fois qu'il eut vérifié la solidité des liens qui retenait les mangemorts à leur chaise. Maintenant, on passe aux questions. Larsen, on a ici tout le matériel nécessaire à un interrogatoire réussit, n'est-ce pas ?"

Gabriel le regarda silencieusement, ses traits habituellement impérieux disparaissant à mesure qu'il devenait blanc comme un linge. Allestra quand à lui ne cilla pas d'un poil.

Turner soupira en levant les yeux au ciel.

"- Oh, nom d'une vermine, ne met pas la charrue avant les hippogriffes ! s'exclama-t-il fortement. Je veux seulement leur mettre la pression afin de les rendre plus apte à nous dévoiler ce qu'ils fabriquent ici."

Allestra s'intéressa aux épées clouées à un grand panneau de bois et se rapprocha un peu trop de la zone où Hermione se situait.

"- Hé ! le héla Turner alors qu'il allait pratiquement contourner la statut et tomber sur la sorcière. Je ne t'ai pas ramené pour admirer les jouets, tu es là pour retenir l'un des deux imbéciles au cas où ils parviennent à se libérer."

L'auror rebroussa chemin et revint vers le centre de la pièce. Turner se concentra dès lors sur les prisonniers.

"- Eh bien, eh bien, dit-il d'un octave plus bas, ce qui ne le rendait en rien plus rassurant. Comme vous pouvez le voir, on est entouré d'un jolis tas de bibelots, par ici.. Je suppose que vos compères ne disposent pas d'un tel arsenal ? "

Un des mangemorts gloussa, les yeux embués sous l'effet de la boisson. L'autre resta silencieux comme une carpe, nullement impressionné par son manège. Turner se posta devant lui et posa ses mains rugueuses sur les pans de sa chaise.

Dans un coin, Allestra siffla d'admiration en dégotant une dague sertie de diamants. Il en ôta l'étui délicatement ouvragé et considéra d'un œil appréciateur le travail de ceux qui l'avaient conçu.

"- Quand on dit que les gobelins savent où trouver l'or, commenta-t-il en observant l'arme sous toutes ses coutures.

- Donne-moi ça, lui ordonna immédiatement Turner."

Dans son coin, Hermione réfléchissait quand à une façon de sortir discrètement. Sur sa droite se tenaient en estafilade des étagères remplies de boucliers qu'elle venait tout juste de repérer, derrière lesquelles il y avait suffisamment d'espace pour circuler. Les étagères n'étaient pas bien hautes, mais elle ne voyait pas d'autre voie..

"- Quel est ton nom ? Interrogea la voix de Turner à quelques mètres. "

Le ton sérieux et inquisiteur régnant dans sa voix signifiait clairement qu'il venait de changer de registre.

"- Combien des vôtres sont ici ?"

...

"- COMBIEN ? Rugit-il."

Des bruits de chaînes secoués et de morceaux de bois claqués contre le sol rompirent le calme apparent des lieux. L'un des mangemorts semblait se débattre.

Puis un cri de douleur s'éleva et vint faire écho à travers la pièce toute entière.

Hermione se tourna furtivement, un sentiment de peur affrontant une nausée émergente. Elle devinait facilement que l'auror avait recours à des moyens plus ou moins discutables pour faire avouer au mangemort la vérité. Une sensation de souffrance tout au fond de son être se réveilla. Elle connaissait parfaitement la torture, ayant pu elle-même en faire les frais. Ce genre d'expérience ne s'effaçait pas aussi facilement, et jamais définitivement.

Mais elle se força à poursuivre son plan et s'élança discrètement derrière une première étagère. Elle dû pratiquement se plier en deux mais à partir de là, elle savait que les choses seraient plus aisées.

Turner continuait l'interrogatoire. Un rire de pure démence sonna à nouveau, suivit aussitôt après par un véritable beuglement de souffrance. Hermione tressaillit et ferma ses yeux avec force, combattant les larmes qui menaçaient de se répandre. Une partie d'elle éprouvait de la compassion pour cet odieux personnage qui ne méritait certainement pas sa clémence.

Mais une autre part d'elle se révoltait face aux méthodes employées par le bureau des aurors qu'elle réprouvait au plus haut point. La voix de Turner, qu'elle aimait de moins en moins les secondes passant, éclata une fois encore. Et dire qu'Harry l'avait chargé de la surveiller il y a quelques mois de ça..

Quand elle songeait qu'un mariage se célébrait à quelques mètres de là, que des enfants dormaient dans leur lit, bien loin d'imaginer les atrocités commises non loin de leur bulle de confort et d'ignorance..

Ses méthodes abominables semblèrent marcher. Les confessions commencèrent à affluer.

«- La pause! La pause.. après.. Minuit ! La pause sera achevée.. Après minuit, pantela un des deux blonds. Et ils passeront à l'attaque..

- Combien sont-ils ? Demanda Turner sur le ton de la conversation.

- Argh.. j'ai pas pu réussir à tous les compter, ni même à les approcher.. Trop.. trop froid, bafouilla-t-il en frissonnant, le regard plongé dans le souvenir qu'il évoquait.

- Depuis quand la pluie et le beau temps font-ils partis de vos soucis ? Interrogea Gabriel, cinglant."

Le second jumeau -le plus sobre des deux- partit dans un rire gras qui fit basculer imperceptiblement sa chaise en arrière. Humilié, Larsen l'observa, ses traits revêtant une moue venimeuse. Sa main bondit en un rien de temps sur la dague reposant sur la table salie par quelques éclaboussures de sang, et vint la pointer droit sur sa gorge.

Le rire du mangemort diminua en louchant sur l'arme, bien qu'il conservait toujours cette impression naturelle de tranquillité face à l'auror qui tremblait de rage contenue.

Il soutint ses yeux sans le moindre embarras du monde.

"- Après minuit, assura-t-il d'un hochement de tête, comme s'il faisait une promesse à un enfant trop impatient.

- C'est assez vague tout ça, commenta Turner en s'asseyant à moitié sur la table. Allestra, va chercher ce fléau que j'aperçois là-bas, ordonna-t-il au troisième complice."

Un regard vers le mangemort lui fit comprendre que ce ne serait pas nécessaire, et il fit un signe de tête à l'auror qui reposa le fléau d'armes, déçu.

"- Avant le lever du jour, reprit le mangemort d'un ton mesuré d'où perçait un agacement sincère. Cette-fichue-prophétie va enfin aboutir et vous ne serez sans doute plus là pour la voir se réaliser. Et elle, rajouta-t-il pour conclure en faisant un léger signe de tête sur le côté, dans le dos de Turner. Elle va mourir."

Pendant que le mangemort riait sous cape, son tortionnaire suivit son regard qui le mena vers la forme immobile de la jeune femme qui se tenait dans un coin, à peine dissimulée. Les précédentes révélations l'avaient fait baisser sa garde.

« - Ce ne serait pas la copine à Potter, par hasard ? Demanda la voix chantante d'Allestra en la détaillant. »

Turner garda le silence tandis que celui sous ses ordres la tira définitivement de sa cachette, Hermione n'omettant aucune résistance. Il attrapa son bras et la trimbala avec lui, et vint la planter juste sous le nez de l'auror.

"- Hmm.. fut la seule chose que ce dernier trouva à dire. "

Turner émit un rictus. De son regard fier à sa posture droite, la bravoure qui émanait de la jeune femme n'était pas difficile à identifier.

"- Gryffondor.. murmura-t-il.

- Vous pouvez m'appeler Hermione, ça m'ira, répliqua la sorcière en haussant les épaules.

- Ne vous y trompez pas, Potter m'a bien formé à votre sujet.. Et c'est pour cette raison que je vous dirais simplement ceci : Si je serais vous je me tiendrais hors de tout ça.. Et je repartirais d'où je viens, en promettant de garder ma jolie bouche fermée."

Hermione jeta un œil critique aux deux mangemorts pour constater l'étendue des dégâts perpétrés. Une grimace de dégout vint remplacer son masque de sang-froid à la vue du sang qui coulait de l'une des mains d'un des hommes. Mise à part ça, ils ne semblaient pas en si mauvais état.

«- Si vous me connaissez bien vous savez que je ne parle pas aussi facilement que ça sous la torture, dit-elle sur un langage tranchant en revenant vers lui. Et si j'étais vous, j'éviterais d'agir dans le dos de mon patron, vous savez ? Histoire d'éviter le renvoi..

- Elle en a du répondant ! S'exclama l'auror qui la retenait en s'esclaffant. Dommage que je sois en service, je lui aurais bien proposé un verre..

- Elle a l'air d'avoir un sacré caractère, si tu veux mon avis, lança Gabriel.

- C'est comme ça que je les préfère, fit Allestra à voix basse en glissant un regard vers elle, un sourire aux lèvres qui ne fut pas de son goût.

- Ça suffit vous deux, obtempéra Turner. Adéo, tu lui écrases le bras, relâche là.. Elle est bien trop maline pour aller le prévenir, de toute façon.

- Et pourquoi ça ? Rétorqua Hermione sèchement."

Turner la sonda avec une expression de gravité si valable que la sorcière eut la soudaine envie de disparaître dans un trou de souris.

"- Parce que Potter est la dernière personne à aller voir actuellement, croyez-moi, grogna-t-il.

- Parce ce que vous trouvez que vous vous débrouillez mieux que lui, peut-être ?

- Ne soyez pas sotte, voyons ! s'écria-t-il. Il n'est pas en état de faire quoi que ce soit !"

Le ton effréné de sa voix résonna difficilement à ses oreilles. Comme si ces mots le coûtaient à lui de les dire et à elle de les écouter.

"- Nous ne faisons que notre devoir, rajouta Allestra un poil plus sérieux."

Et elle vit à leurs regards qu'ils pensaient ce qu'ils disaient. L'espace d'un instant, Hermione eut l'impression que le sol oscilla sous ses pieds. Une partie d'elle savait qu'ils avaient raison. Son bras retomba mollement le long son corps lorsqu' Allestra le délivra.

"- Que voulez-vous dire pas là ? demanda-t-elle d'une voix éteinte, les yeux plongés dans le vide."

Hermione releva la tête pendant que les trois autres pivotaient subitement la leur vers la source du bruit qui vint interrompre leur aparté.

Un des mangemorts s'était mis à hurler à s'en briser les tympans, tandis qu'il retirait avec détermination sa main des chaînes qui le maintenaient captif.

Hypnotisée, Hermione fixa le sang qui coulait le long de son bras tandis que l'entrelacement de fers mutilait sa chair.

Elle observa impuissante les multiples tentatives des aurors qui se ruèrent sur lui comme si elle assistait à un rêve dans lequel aucun rôle ne lui était attribué. L'autre mangemort remua à son tour avec toute sa force pour tenter de venir en aide à son frère. Gabriel se propulsa immédiatement derrière lui, écartant la chaise en arrière pendant que Turner immobilisait le bras du second, les chaînes autour de lui flagellant l'air comme des lasseaux.

Elle assista avec horreur à la lourde chaise qui se renversa sur eux, et au mangemort décrochant la dague brillante comme un joyau étincelant qu'il vint planter à plusieurs reprises dans le dos et les côtes d'Allestra qui gesticula comme un étalon furieux, mugissant au sol. L'image du sang giclant sur son visage et ses vêtements lui brouilla définitivement la vue.

Hermione aurait été incapable d'agir quand bien même elle l'aurait souhaité, car elle était dans l'incapacité de décider de son bon vouloir. Il lui sembla que la gryffondor en elle s'était effacé. Durant ce laps de temps hors de la réalité, une seule phrase se répercutait au sein de son esprit pareil une litanie qui l'abattait à chaque coup un peu plus fort, ayant pour conséquence d'accroître sa léthargie.

"Parce que Potter est la dernière personne à aller voir !"

"Il n'est pas en état de faire quoi que ce soit !"

Comme une sirène civile en temps de guerre, la voix de Turner surgit à ses oreilles, et elle sut que c'était à elle qu'il s'adressait. Il ne réquisitionnait même pas son aide.

"- Sortez de là ! Braillait-il alors qu'il se révélait en bien plus mauvaise posture que la sienne. Ne restez pas là ! "

Sa vue d'éclaircie de nouveau.

La sorcière sentit alors des bras la tirer brusquement en arrière. Ses pieds dérapèrent sur le sol et elle manqua de trébucher. Son épaule heurta le montant de la porte et ses bras se dressèrent en avant alors qu'elle disparaissait derrière le battant qui se referma sur elle avec corpulence.

"- Vous, vous ne semblez pas dans votre état normal, fit la voix d'un énième auror qu'elle était sûre de déjà avoir entendu quelque part, bien qu'elle ne sache où."

...

"- Allez venez par là, un peu d'air vous fera du bien. Ça doit être l'alcool, supposa le jeune homme en passant un bras sous le sien pour l'aider à avancer. "

Elle se laissa traîner par l'auror qui la soutenait dans de nombreux couloirs, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent enfin au grand air. La nuit était aussi noir que l'encre s'étant déversée sur le sol du cachot où elle et Harry.. Bon sang, elle n'avait toujours pas complètement émergé de sa somnolence. Pour la seconde fois de la journée, son mental l'abandonnait.

Elle ne s'était jamais sentie aussi faible et détestait cela.

Ils traversèrent le parc où des invités y déambulaient toujours. On pouvait capter des conversations, des verres s'entrechoquer et certain même courir. Puis les bruits diminuèrent et Hermione n'entendit bientôt plus que la respiration de l'auror. Elle perçut les réprimandes qu'il lança à quelques sorcières émoustillées qui gloussèrent lorsqu'ils passèrent à côté d'elle.

"- Où va-t-on ? demanda-t-elle alors la voix pâteuse."

Ils passèrent devant les serres. Le tableau du Basilic s'y trouvait...

"- Ça, ce n'est pas vraiment la bonne question à poser, répondit le timbre essoufflée d'Andrew Warren. Mais je n'irais pas jusqu'à dire que je ne m'y attendais pas..."

Hermione tourna son visage pour apercevoir celui de l'homme qui l'avait interrogé des mois plus tôt au ministère avec Ron. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il s'éclipsait discrètement avec Evanna qui le tenait par la main.

Elle prit soudainement conscience de l'allure rapide à laquelle ils marchaient. Et de la direction qu'ils prenaient.

"- Pourquoi la forêt ? Continua d'interroger la brune en s'exaspérant.

- Oh ! C'est toujours la même chose avec vous.. Vous ne cessez de poser toute sorte de questions, s'exclama le jeune auror tandis qu'Hermione tâchait de s'éloigner de lui, méfiante. Qu'est-ce que ça peut être lassant ! "

Lâchant une exclamation d'impatience et d'agacement, il tira sur son bras pour la coller à lui et la forcer à avancer. Hermione se réveilla pour de bon cette fois et poussa un véritable rugissement de colère.

Elle commençait à en avoir marre qu'on lui fasse ça !

Se battant désormais sauvagement, elle projeta avec force l'auror dont elle sentait d'ici l'imposture. Si les mangemorts avaient réussi à infiltrer le cercle d'invité, celui des aurors représentait une possibilité d'intrusion toute aussi plausible.

L'homme heurta durement un des arbres à la lisière de la forêt et en fut étourdie.

"- Espèce d'enf***** ! Ne put-elle s'empêcher de s'écrier."

Hermione retrouva l'équilibre qu'elle avait perdu et épousseta vigoureusement ses vêtements. Respirant bruyamment, elle chercha après cela à s'enfuir, et songea à crier pour se faire repérer. Des aurors devaient certainement patrouiller autour de l'école.

On devait surement les avoir vus se précipiter à toute allure dans la sombre forêt interdite d'accès, non ?

"- Je n'aime pas beaucoup l'impolitesse, répliqua la voix affaiblie de Warren dans son dos."

Un suprême coup sur la tête la désarçonna. L'élancement sans précédent lui refit perdre l'équilibre et sa vue s'embrouilla avant de s'obscurcir définitivement. Elle sentit la pelouse la percuter et sombra dans la demi-conscience.

Quelques minutes passèrent dans l'abrutissement le plus total. On la portait de nouveau. Elle s'évanouit.

Quand elle se réveilla, des paroles qu'Evanna avaient tenu plusieurs jours auparavant trottaient dans son esprit hasardeux. "Dans quelques jours, Jupiter, Mars et Neptune seront alignées en gémeaux, ce qui se produit seulement tous les trois cent ans !"

Elle sentait qu'on la posait sur le sol et la maintenait en position assise.

Enfin, elle capta un son plus réel, une voix féminine et sensuelle. Une voix qu'elle connaissait bien.

"- Il est temps au sang de bourbe de se réveiller, murmura une voix fourbe et enfantine contre son oreille."

Les sourcils serrés, Hermione tourna la tête vers elle avant d'ouvrir les yeux. Elle les ouvrit complètement et sa poitrine se souleva amplement sous sa respiration heurtée de soubresauts.

"- Qu'avez-vous fait de ma meilleure amie ? demanda t-elle, des larmes remplissant ses yeux affligés.

- La moldue ?"

Bellatrix Lestrange l'observa attentivement avant d'éclater d'un long rire morbide et déséquilibré qui fit basculer sa tête en arrière.

Electric eyes, my heart won't bleed,

I can't live any way you want for me,

I can't live any way you care to see,

I blame myself for loving you.

(The Spiritual Machine, My heart wants blood)