Booonjour, heu.. bonsoir plutôt :)
En allant consulter la date de ma dernière publication, j'ai cru avoir mal lu.. mais non, elle remonte bien au 14 avril... 2018. Pour ceux qui attendent, j'imagine que toutes les excuses du monde ne valent pas grand chose, alors à mon sens la meilleure excuse c'est le chapitre qui va suivre, qui fait 53 pages sur word !
Certains vont surement trouver ça trop long, j'imagine bien.. J'ai fais ce que j'ai pu pour raccourcir sachez-le, donc j'espère quand même que vous allez l'aimer. Bien évidemment n'hésitez pas à me laisser des reviews pour me dire ce que vous en avez pensé :)
Comme d'habitude, merci à tout ceux sur les différents sites qui m'ont laissé des commentaires, et encore un merci particulier à amanda1605 pour être passé demander des nouvelles de mon histoire (et au passage de moi ^^)
J'espère qu'en dépit des évenements actuels, vous allez tous bien, ouii voous derrière vos écrans, prenez soin de vous 3
Sur ce, bises à tous et bonne lecture !
Chapitre 36 : Hermionesque
Dès mois plus tôt : Janvier, une semaine après l'attaque chez les moldus
Il devait être dans les dix-sept heures et le trafic dans Londres s'en ressentait. Faisant abstraction des bruits de conversations autour de lui, Harry observait Hermione qu'il venait de repérer en train de faire ses courses au marché de Covent Garden. Cela n'avait pas été difficile de repérer sa trace depuis l'attaque « terroriste ».
Dès années auparavant, il aurait tout fait pour la revoir et tenter de rétablir un contact avec elle, sans doute était-ce la raison pour laquelle il se tenait là aujourd'hui, appuyé contre une colonne en fer du bâtiment, regardant silencieusement la jeune femme mener une existence tranquille parmi les moldus.
Désormais, elle lui semblait étrangère à ses yeux. Quelqu'un pour qui il avait eut une affection fraternelle autrefois; néanmoins, il ne ressentait plus d'attachement envers elle. C'était toujours Hermione Granger, en chair et en os à seulement quelques mètres..
Invraisemblable que son estomac se torde pour si peu.
Il ne tenait pas à s'attarder ici. Juste vérifier qu'elle ai reprit un cours de vie normal après l'autre soir. Turner en savait déjà long sur elle.. Il connaissait une partie de son emploi du temps, ainsi que quelques adresses auxquelles la trouver. Harry l'observa comme on lui avait appris durant ses missions, passa en revu son attitude. On aurait dit à la voir une londonienne comme les autres, une de ses femmes sûr d'elle, indépendante. Exactement ce à quoi il s'attendait. Une existence rangée, surement..
Elle semblait accorder plus d'importance à son apparence, mais rien de trop exagéré. Peut-être vivait-elle en couple avec quelqu'un ?
Il l'imaginait travailler dans une de ses tours de glace de la City, dans une grande bibliothèque, ou encore dans une salle de classe à réclamer le silence. Il y avait quelque chose de différent en elle qu'il n'arrivait pas à identifier. A l'approche de la trentaine, elle avait certainement évolué et ne ressemblait plus à l'adolescente de ses souvenirs. Il se rappelait son tempérament.. qu'elle pouvait être horripilante par moment ! Mais elle savait aussi se montrer attachante et loyale.. Aujourd'hui, son attitude paraissait plus détendue, moins « miss-je-sais-tout » aurait-dit Ron.
Hermionesque, aurait-il rajouté personnellement.
Etait-ce donc ça qui avait changé ? Elle flânait entre les allées de stands; par moment, des hommes se tournaient vers elle. Ils ne la regardaient pas de la même façon que lui. D'ailleurs, il n'avait pas vraiment prêté attention à sa beauté. Il ne l'avait jamais vraiment fait, à vrai dire.. Il se sentait plus à même de le faire aujourd'hui, après ces dix années. Le Harry adolescent n'aurait surement pas vu les choses de la même manière, songea t-il avec un rictus.
Son épaisse chevelure lissée tombait sur ses épaules. Il revit dans un flash la jeune fille passer une mèche derrière son oreille, une habitude lorsqu'elle travaillait. Un détail insignifiant.. Ses yeux étaient maquillés, chose étonnante pour elle. Lui revint à ce moment en mémoire une soirée, celle du bal en quatrième année où elle avait délaissée sa pile de livres pour une robe bleu et des gestes gracieux.. Il lui semblait que c'était cette attitude qu'Hermione avait à ce moment, en moins cérémonieux.
Etait-ce son éloignement du monde magique qui lui avait permis cela, ou l'avait-elle toujours été, et lui trop aveugle pour s'en apercevoir ? Même en dehors de ses études auxquelles elle consacrait toute son énergie, ce n'était pas quelque chose qui lui avait souvent été donné de voir.
Il fut tiré de ses pensées par une sensation euphorique, la même qu'il ressentait lorsqu'il fonçait tout droit vers le sol sur son balais à une vitesse vertigineuse. Il sembla alors à Harry qu'il était comme l'un de ces hommes la regardant avec intérêt.. Il n'aurait pas dû ressentir d'ambiguïté, mais sans avoir pourquoi il détourna les yeux, et rangea ses mains dans les poches de son jean, soudain nerveux.
Une vieille dame avec son sac à roulettes lui demanda de la laisser passer, ce qu'il fit avant de retourner à son observation. Mais trop tard, elle avait disparu de son champ de vision..
Peut-être était-ce là le signe qu'il était temps pour lui de revenir dans le monde magique.
…
Après le départ d'Hermione, Harry n'avait pas réagit comme Ron. La colère des débuts avait laissé place à une résignation forcée. Si elle était allée de l'avant, pourquoi en ferait-il autrement ?
Ne me cherchez pas, avait-elle écrit dans sa lettre. Ils l'avaient quand même fait. N'essayez pas, vous ne me trouverez pas. Oubliez-moi, et je vous en pris, ne m'en voulez pas trop.. j'aurais moi aussi préféré qu'il en soit autrement.
Un an en effet, c'était long ! Mais c'est le temps qui leur prit pour la retrouver.
En découvrant la lettre dans le dortoir des filles, avant même d'être choqué ou de se sentir trahi, le survivant laissa échapper un juron. Pourquoi n'avait-il pas eut la même idée ? Il avait d'abord été en colère contre lui-même, puis jaloux qu'elle prenne cette liberté de partir, chose qu'il ne pouvait se permettre pour sa part.. Car c'était désormais lui le « sauveur » du monde des sorciers. Et un sauveur ne pouvait pas se dérober ainsi, n'est-ce pas ?
La réaction de son ego traita Hermione d'égoïste. Partir maintenant alors qu'ils venaient de vaincre Voldemort ? Où est-ce qu'elle comptait bien disparaitre comme ça ? s'était-il demandé en se retenant de froisser le parchemin dans son poings, une forte colère commençant à poindre le bout de son nez.
Non, ce n'était pas son genre de partir ainsi.. Je ne veux plus rien avoir à faire avec la sorcellerie, avait-elle pourtant écrit noir sur blanc.
Lettre en main, il était redescendu du dortoir. C'était sans compter les marches de l'escalier qui se transformèrent en toboggan.. Sur le moment, il oublia ce détail. Au lieu de l'augmenter, cela eut pour effet de faire retomber la colère qui bouillonnait en lui. Car il fut obligé d'admettre ce qu'il s'était évertué à ignorer toute l'année depuis le décès des Granger.
Ils pouvaient dire ce qu'ils voulaient, Ron et lui n'avaient pas vraiment été là.. Ils l'avaient laissé Hermione toute seule face aux drames qu'elle avait dû affronter. Il l'avait été le seul à la priver de ses parents, à s'éloigner d'elle par culpabilité. S'il y avait bien un égoïste et un lâche, c'était lui.. pas Ron.
Où pouvait-elle bien être, maintenant ? La réponse lui sembla logique. Les moldus.. il n'y avait que chez eux qu'elle pouvait être allée. Un soupçon d'espoir apparu aussitôt en lui. Et Ron, dans tout ça ? Ne les avait-il pas vu s'embrasser dans la salle sur demande avant la bataille ? Avait-elle décidé de sacrifier sa vie amoureuse avec le reste ? Harry s'était relevé en sentant un vertige le saisir, essayant de réaliser toute l'ampleur de l'erreur qu'ils avaient commise.
Hermione était partie. Elle les avait quitté et ne comptait pas revenir.
Et c'est lui qui avait dû annoncer la nouvelle à Ron.
Chapitre 36
Au lendemain de la seconde guerre, chacun des membres de l'armée de Dumbledore avaient été escorté jusqu'au ministère, où ils avaient dû se prêter à une série de questions. On les avait photographié, leur annonçant que dans peu de temps, ils allaient être décorés de l'ordre de Merlin, et qu'ils étaient déjà des héros aux yeux du monde. La nouvelle ministre vint les féliciter en personne, de quoi frimer devant le reste de l'école, avait-dit Seamus.
Pour Harry, si tout cela n'était plus nouveau, cette fois-ci fut sans doute celle de trop. Raison pour laquelle il avait au départ songé à quitter le monde des sorciers. Tous les honneurs et titres ne seraient parvenu à lui faire oublier ce par quoi ils avaient dû passer.. Des nuits durant, il avait envisagé toutes les options qui s'offraient à lui. Pourquoi ne pas faire comme Hermione et déserter ? C'était si tentant..
Brillant, Hermione, comme toujours. Quelque part entre la survie et le combat, Harry avait oublié quelque chose de plus important encore: sans Voldemort, qui était-il ? Le monde des sorciers l'acclamaient plus que jamais.. Mais qui acclamaient-ils ?
Le sauveur ? L'élu ? Le survivant ? On lui avait proposé des places au sein des plus grandes équipes de quidditch, invité à paraître dans les soirées les plus médiatisées, et chose étrange, même le ministre moldu avait demandé à le rencontrer personnellement au 10, Downing Street. Qu'aurait dit les Dursley, en apprenant ça devant leur téléviseur ? Bien qu'il imaginait très mal les médias moldus mentionner son nom. Il n'avait même pas pensé à prévenir sa tante, et il se demanda si des membres de l'Ordre chargés de sa protection l'avaient averti.
Mais cela ne répondait pas à sa question principale. Orphelin, étudiant à Poudlard, attrapeur des gryffondor, tête de mule de son cousin Dudley.. Toutes ses étiquettes lui paraissaient désormais semblables à des étiquettes qui n'avaient plus à lui coller à la peau, libéré du poids d'une prophétie qui ne pesait plus sur ses épaules.
Lui qui était mort l'espace d'un instant et ressuscité le suivant eut à affronter un vide moins grand que celui de la mort, mais tout aussi désagréable: le vide identitaire.
Il s'était rapidement isolé face à l'océan médiatique qui avait déferlé sur lui pour revenir à l'essentiel, loin de tout. Il se souvint qu'il avait un jour voulu devenir auror, un poste qu'on lui donnerait surement sitôt qu'il l'aurait réclamé.. Et il ne désirait pas de privilèges. Il ne voulait en aucun cas être favorisé sous prétexte qu'il avait vaincue Tom Jedusor.. Il ne l'avait pas fait seul, après tout ! Il était conscient de toute l'aide dont il avait bénéficié.
Il apprit des journaux les semaines suivantes que bon nombres de ses camarades avaient profité de leurs nouveaux statuts et privilèges, certain dans des soirées arrosées, d'autres dans des voyages. Certain faisaient la une, déformant la réalité et s'attribuant plus d'actes héroïques que dans ses souvenirs. Les procès n'avaient même pas encore eut lieu que des serpentards échappaient déjà à de lourdes peines, protégés par leurs puissantes familles et leur argent. Certaine choses ne changeraient jamais..
Lui, il ne serait plus jamais le même, ce qui était loin d'être une mauvaise chose. C'était là une chance qu'il ne comptait pas laisser passer. Car maintenant, il avait le choix et la vie devant lui, non ?
Tout était possible..
Dans un premier temps, il avait mis la main sur la vieille moto de Sirius pour tenter de la retaper. Ron lui avait conseillé de s'acheter une nouvelle chouette, mais Harry n'en désirait plus depuis Hedwige. Bill lui avait soufflé à l'oreille que se trouver une nouvelle petite amie ne lui ferait pas de mal, mais à vrai dire, plus personne n'avait éveillé son intérêt depuis Ginny. Personne n'ignorait que Pansy lui avait tourné autour toute l'année. La serpentard avait découvert son identité, lorsqu'il réapparaissait dans les murs du château après des recherches fructueuses pour retrouver les horcruxes. Harry avait baissé sa garde et lui avait accordé sa confiance, mais n'avait jamais trompé Ginny avec elle, contrairement aux rumeurs que cette dernière cru. Il y avait eu des histoires de jalousies, qui étaient pratiquement remontées jusqu'aux Carrows..
Mais ça, c'était encore une autre histoire.
...
« - Harry ? Tu m'écoutes ..? Nom d'un scroutt mal léché.. Je parle dans le vide, c'est bien ce qu'il me semble ! put-il entendre Ginny dire de l'autre côté du combiné.
- Nom d'un scroutt mal léché ? répéta le survivant en rigolant.
- C'est la seule chose que tu as retenu ! répliqua t-elle alors que son fou rire s'intensifiait et qu'il renversait sa tête sur l'oreiller. Je te conseillais juste d'éviter de lire la une de la Gazette..
- Trop tard.. fit-il en redressant la tête, coinçant le téléphone entre son oreille et son épaule. »
Il avait déjà le journal sous les yeux.
Drame chez les Weasley et au Ministère: Perceval Weasley définitivement remplacé par Rémus Lupin
Harry ne put s'empêcher d'y jeter un coup d'oeil rapide, comme à chaque fois. Même s'il savait qu'il allait probablement le regretter.
« Sans doute ne vaut-il mieux pas se souvenir des événements qui ont secoué le monde des sorciers ce week-end, ni le mariage qui en est à l'origine ! Faire comme ces élèves de Poudlard de première année qui après la bataille du 1er au 2 mai 1998, ont préféré ôter de leurs esprits certain souvenirs des atrocités ayant été commises cette nuit-là. Si vous n'étiez pas l'un des deux cent chanceux conviés au mariage du siècle, vous avez sans doute raté le véritable carnage causé par... »
Un extrait de l'article en question annonçait le retirement définitif des détraqueurs d'Azkaban, que le temps radieux au dehors était dû à leur départ.. Plusieurs pages traitaient ensuite du corps de Percy que l'on avait retrouvé, du baiser du détraqueurs qu'il avait subi. Les diverses arrestations, les attaques subies au ministère en pleine nuit.. Et enfin, une estimation du nombre des victimes.
Aucune des accusations qu'avait proféré Lupin à son encontre ne fut mentionnée.
Il ne put s'empêcher d'en ressentir de la honte.
Pour plus de gaieté, deux pages étaient dédiés à Ron et Luna, une autre montrait une photo où l'on voyait un couple tenant au creux de leurs bras un nouveau-né. Du haut de ses quelques jours, Pétrova Longdubat était déjà une star. A nouveau, le même sentiment de culpabilité étreint Harry en voyant le visage rond et rayonnant de Neville.
En dernière page, à sa plus grande horreur, un long paragraphe était consacré sur Hermione et lui.
« ..Nous terminerons sur les détails croustillants de cette cérémonie, et ainsi égayer vos coeurs compte tenu des sombres événements de ces derniers jours..
« Nous les avons vu danser ensemble après le repas, rapporte Marieta Edgecombe. Ils n'avaient pas l'air d'y être de leur plein grés.. »
« On dit qu'ils se seraient réconcilier par miracle le dernier jour, nous livre à son tour un organisateur présent sur les lieux. »
Eh bien, vous y croyez, chers lecteurs ?
« D'autres rumeurs courent, vous savez, me glisse à l'oreille durant un entretien Romilda Vane. Ils auraient disparu un moment en début de soirée, personne ne sait ce qu'il en est, mais un auror aurait retrouvé son chef en très bonne compagnie ! »
Alors, alors.. S'agirait-il de Miss Granger, qui comme nous le savons tous est capable de tout pour arriver à ses fins ? Hélas, la Gazette n'a pu en savoir plus.. mais il est certain que certaine choses à Poudlard resteront à Poudlard, tant que des langues ne se délierons pas ! En attendant, nous sommes sûre que nous réussirons à vous émoustiller dans le prochain numéro.. »
Evidemment, tout le monde ne fut pas aussi émoustillé par la nouvelle. Harry venait d'envoyer valser de colère le journal par terre.
La tête surélevée par un oreiller et ne portant qu'un jean, il était étendu nonchalamment sur le lit de sa chambre au Square Grimmaud. Les volets étaient légèrement rabattus à cause de la chaleur.
« - On est en plein mois d'aout, le départ des détraqueurs n'a rien à voir avec la canicule.. fit-il à mi-voix en reprenant le téléphone en main. »
Il ne reçut que le silence de Ginny, qui se doutait surement que les détraqueurs n'étaient nullement à l'origine de son énervement. Il fut reconnaissant qu'elle ne lui pose aucune question.
« - On doit tous se rassembler au Chaudron Baveur, tu te souviens ? dit-elle à la place d'un ton soudainement morose. Pour la veillée "funèbre" de Percy.
- Pourquoi pas le terrier ? questionna Harry. Il n'en faut pas plus aux sorciers, ils vont jaser pendant des semaines ! Ça n'aura rien d'intime..
- On en a pas besoin, c'est certain. Mais c'est pour le ministère. Il leur faut une version officielle, tu comprends ? »
Ginny ressentit alors un malaise venant de lui.
«- Qu'est ce qu'il y a ? s'enquit-elle directement sans s'embarrasser.
- Hum.. Rien, dit-il soudainement plus réservé. C'est seulement que.. Parle-moi sincèrement, tu n'oserais pas me mentir, toi ?
- Jamais, promis cette dernière. Je sais ce que tu vas me dire, je te connais.. Arrête de porter le monde sur tes épaules, ce n'est pas ta faute. Percy connaissait les risques de son métier, il aurait pu refuser en apprenant ce qu'il est arrivé à Shaklebolt. »
Sa voix se brisa, mais elle se reprit dans la seconde suivante.
« - Pardonne-moi, je n'aurais pas dû en parler, s'excusa t-il aussitôt avec plus de douceur. »
Il savait à quel point elle n'aimait pas craquer devant les autres, même au téléphone..
« - Au contraire, Harry, je n'ai pas envi de me taire et de faire comme si ça ne me faisait rien, insista t-elle, la voix tremblante mais déterminée. Je ne suis pas comme Maman et Papa ! Tu devrais les voir, eux, c'est presque comme si Percy n'avait jamais existé ! Charlie a dû enlever toutes les photos de lui qui trainaient dans la maison.. »
Perplexe, Harry fixa son regard sur une tache sur le lit pour empêcher les larmes de monter. Rien que l'idée de ce que traversait les Weasley en ce moment lui paraissait insupportable.
« - Tu sais que je suis là si tu as besoin.
- Hum.. J'aurais bien besoin de quelqu'un pour faire mon ménage, quand j'y repense, fit alors la soeur de Ron en repartant tout à coup dans son sarcasme. »
Il reconnu bien là la façon très typique qu'avait leur famille de dissimuler leurs émotions. Lui aussi, il les connaissait. Raison pour laquelle il n'insista pas.
« - Saletée, va ! répliqua t-il à la place. »
Ils se chambrèrent durant quelques minutes, comme ils en avaient parfois l'habitude, puis Ginny repartit bientôt dans ses discours habituels, Harry se contentant de donner son avis de temps à autre.
Lorsque la conversation prit fin et qu'ils eurent chacun raccrochés, il passa ses mains derrière sa tête et profita de cet instant de répit pour inspecter le reste de sa chambre plongée dans une agréable pénombre.
La décoration du 12 Squarre Grimmauld avait bien changé depuis l'année de ses quinze ans. Harry avait complètement changé la décoration dans le reste de la maison. Ginny et Molly l'avaient beaucoup aidé dans cette tâche. Les vieilles tapisseries du ré de chaussé laissaient désormais place à des murs peints dans les tons clairs, donnant aux pièces un charme plus lumineux. Il n'y avait que dans la chambre de Sirius qu'il avait souhaité conserver la tapisserie d'origine, parce qu'elle y était moins hideuse comparée au reste du manoir.
Le portrait de Mme Black avait été enlevé (c'était une autre histoire assez drôle d'ailleurs, d'après Ron) et on pouvait désormais y voir des cadres représentants les amis d'Harry, ses parents, les Weasley, Poudlard, le terrier.. Hermione apparut sur certaine d'entre elles au commencement, mais les anciennes photos furent peu à peu remplacées par des nouvelles, et le visage de la jeune femme s'effaça des murs au fil des années.
La vie suivit son cours, et tout comme sur les murs, Hermione disparu des conversations.. mais jamais vraiment des esprits, car il y avait toujours une pointe d'espoir qui résidaient en eux de la revoir.
Il se rappela la fin de la guerre, lorsqu'il était venu s'installer ici. Le premier soir Ron l'y avait rejoint, et ne sachant quoi faire pour tuer le temps, ils avaient fouillé les recoins de la maison. Résultat des courses, ils avaient découvert une cave au sous-sol, et ils avaient bu comme des trous.
Kreatur s'était vu contraint d'obéir à son maitre et les avait servi verre sur verre en whisky pur feu. Un mélange de fatigue et de lassitude, malgré la victoire. Le moral d'après guerre se faisait ressentir.
« - Alors comme ça, son baiser.. c'tait un baiser d'adieu, hein ? avait demandé le rouquin d'une voix pâteuse.
- Je sais pas, vieux.. lui avait-il répondu sur un air proche du sien.
- Je.. j'vais la retrouver, Haarry ! J'peux pas.. j'peux pas la laisser filer comme ça..
- T'as raison ! Va la retrouver, l'encouragea vigoureusement son ami.
- 'Vais lui dire.. vais tout lui dire ! Continua le rouquin sans l'écouter. Non ! J'vais lui écrire une lettre.. Elle adore les lettres.. »
Son ami avait le coeur brisé et lui, Harry, n'y pouvait rien. Tuer un mage noir, ça oui il pouvait ! Mais pas réparer les coeurs..
Ron s'était levé, avait entreprit quelques pas maladroits dans le salon.. avant de tomber de tout son long sur le canapé. Le regard flou, Harry avait vaguement froncé des sourcils en tournant la tête vers le rouquin dont les jambes dépassaient du sofa. Il avait gloussé en se retournant, se retrouvant désormais seul face à la bouteille de vin. « On peut dire ce qu'on veut de cette vieille peau, Harry.. Mais au moins son mari, il savait où dégoter les bonnes bouteilles ! avait commenté le rouquin. »
Le lendemain, ils s'étaient réveillés d'une part et d'autre du grand salon, l'un dormant à même le sol et l'autre à moitié affalé sur le canapé. La première et pire cuite de toute leur vie.. Ginny, ou Tonks avec les cheveux roux (il ne se souvenait plus très bien) était venu les réveiller chacun avec un verre d'eau au visage avant de les sermonner.
En vérité, ni Harry et ni Ron n'avaient vraiment digéré la disparition d'Hermione, et la lettre qu'elle leur avait écrite reposait la veille encore sur la table de la cuisine.. avant que l'un d'eux ne la balance dans le feu de cheminé.
Durant des mois ils s'accusèrent tour à tour de l'avoir fait. Alors qu'il faisait un jour le ménage, Harry avait retrouvé une autre lettre qu'ils avaient écrite ce soir là, roulée en boule dans un coin. Malgré l'écriture illisible (l'alcool n'aidait pas vraiment à écrire) le pari qu'ils s'étaient lancés de la retrouver restait inscrit, noir sur blanc.
Alors oui, ils avaient essayé de la retrouver; comment aurait-il pu ne pas le faire ?
Harry voulait redonner espoir à son ami. Il avait recopier cette lettre et l'avait envoyé. Mais les lettres d'excuses ne suffisaient pas; c'est pourquoi il avait commencé les recherches en premier.
Partir à la recherche de quelqu'un n'était jamais facile.. ça, il s'en était aperçu pendant la recherche des horcruxes. Et les gens étaient tout aussi compliqués à retrouver. Ron connaissant moins le monde des moldus que lui, cette vaste zone d'exploration revenue la plus part du temps à Harry. Le survivant avait fouillé dans les quartiers de Londres, interrogé nombres de personnes dans des endroits qu'elle aurait pu fréquenter.
Mais elle ne semblait même pas être dans cette ville. Il se rendit sur le campus des grandes universités, qui sait, peut-être y était-elle ? Plusieurs mois venaient de s'écouler, elle devait bien faire quelque chose de sa vie.. son intuition lui donna raison. Merlin savait comment.. elle étudiait dans une université prestigieuse.
Il s'agissait d'Hermione après tout.
Voilà ce qu'Harry s'était sur le moment.. jusqu'à ce qu'il découvre ce qui avait laissé place à leur si sérieuse Hermione Granger: une étudiante qui passait ses soirées à vagabonder dans les rues de nuit, avec une moldue au look excentrique.
Sa colère envers elle était réapparue, cette fois doublée d'un sentiment d'injustice. Que dire à Ron ? Que son ex copine était allée de l'avant ? Qu'elle fréquentait peut-être d'autres hommes ? Son meilleur ami ne méritait pas ça..
« - Je sais que vous refusez systématiquement d'en parler, tous les deux, lui avait dit un jour Mme Weasley dans la cuisine du terrier. Je sais aussi que vous êtes plusieurs fois parti chez les moldus à sa recherche.. Je crois qu'il est temps de la laisser vivre.. Regarde-toi, reprit-elle affectueusement, fière et émue en posant une main sur sa joue. Tu es presque aussi grand que mes fils désormais, les résultats de ton entrainement chez les aurors commencent déjà à se voir ! Arthur et moi sommes tellement fières de l'homme que tu es en train de devenir.. Cessez de lui courir après, de beaux jeunes hommes comme vous devrez profiter de la vie ! »
Touché, Harry n'avait su quoi répondre, et avait pris dans ses bras cette femme qu'il dépassait presque de deux têtes. Mais non moins rassuré quand à son avenir.. Que dire à Mme Weasley ? Que plus le temps passait et plus il s'isolait dans le vieux manoir de son parrain ?
Les premiers mois ayant précédée la guerre furent les plus vides de sa vie, à vrai dire. S'il accepta sa rupture avec Ginny, le départ abrupte d'Hermione lui semblait plus difficile à oublier.
Non. Impossible serait le mot exacte.
Bon sang.. Il avait passé ces sept dernières années à passer pratiquement chaque journée avec elle hormis les vacances, lorsqu'ils ne les passaient pas ensemble au terrier. Sans elle, rien n'était plus pareil..
Les jours s'étaient transformés en semaine, et les semaines en mois. Frustré de passer ses journées à traîner dans la maison de son parrain, il sortait prendre l'air de temps à autre, profitant des courtes vacances pour faire des virées en solitaire sur son balais, lorsque Ron ne se joignait pas à lui. Autant dire qu'on ne le surprendrait pas de sitôt à refaire du camping ! Il préférait de loin les grands courants aériens. Seule la liberté qui le gagnait alors lui permettait d'y voir plus clair.
Ses nombreuses virées lui firent réaliser beaucoup de choses, et il fut dès lors très clairs pour lui qu'il avait besoin de lâcher prise. Il prit l'habitude de finir sa soirée dans un pub, moldu la plus part du temps, seul, ou avec de parfaits inconnus qui ne saurait jamais son nom. Qui n'apprendraient jamais ce qu'il avait fait.
Et ni Ron, ni Hermione ne furent là pour l'empêcher d'aller trop loin..
Exister aux yeux des autres sans que l'attention ne soit dirigée vers sa cicatrice fut bientôt pour lui une sensation aussi addictive que celle du vol, et il ne fréquenta presque plus aucun sorcier, mise à part les Weasley. Plein de rumeurs coururent sur lui (non pas qu'il s'en soucia) mais dans l'ensemble, il comprit que son besoin de distance avait été accepté par la majorité des gens. Pendant que lui tâchait de se retrouver, l'autre monde se reconstruisait.
Il savait qu'à un moment ou à un autre il y participerait. Alors en attendant, il se donna le droit de faire n'importe quoi, tant qu'il le pouvait. Boire, ne plus faire le ménage et laisser ce dernier au bon soin de Kréatur, sortir avec des filles moldus.. Ce fut d'ailleurs avec l'une d'elles qu'il connu sa première fois. Pas avec Ginny comme il l'aurait souhaité, mais avec une fille qui travaillait à côté du bar qu'il fréquentait.
Ses premières expériences lui firent découvrir qu'il ne laissait pas indifférent la gente féminine.. et que le sexe était presque aussi bon et libérateur que le vol. Presque. Il se souvint s'être demandé pourquoi il n'avait pas fait ça plus tôt, et il se rendit compte qu'il avait pensé à voix haute lorsque cette fille à côté de lui, Gillian, avait rit.
Jamais ne lui vint à l'esprit l'idée de ramener une de ses filles chez lui, les prétexte étaient d'ailleurs bons à trouver.. Harry n'avait pourtant pas le sentiment que ses actions soient répréhensibles, ces filles (il n'y en avait pas tant que ça) ne représentaient rien pour lui, et la chose était réciproque.
Ginny ne fut pas du même avis lorsque celle-ci finit par l'apprendre..
Harry apprit plusieurs choses le jour où il récolta un sermon suivis d'une gifle de Mme Weasley. Premièrement, cacher la vérité à une femme ne servait strictement à rien, elles finissaient toujours par deviner. Deuxièmement, elle fallait toujours la laisser avoir le dernier mot, parce qu'elle semblait avoir toujours raison.
Malgré des plaintes émises par Ron, il ne fut plus le bienvenu pendant quelques temps au terrier.
Harry réalisa qu'il était allé trop loin en faisant pleurer la seule fille qui comptait pour lui, et qui ne voudrait surement plus jamais lui parler après ça..
Alors un autre soir, au lieu de terminer la soirée avec une autre moldue dont il oublierait le nom, il avait transplané face à une maison en ruine qui ne cessait de le hanter depuis le Noël précédant.
Godric's Hollow. On pouvait voir à son air négligé qu'une certaine dose d'alcool coulait déjà dans ses veines. Pas plus que d'habitude, pourtant..
Se tenant devant l'ancienne maison de ses parents, vêtu comme un moldu et une bouteille d'alcool à la main, quelque chose de profondément enfouit s'était réveillé en lui. Des larmes s'étaient échappées de ses yeux, qu'il avait aussitôt chassé d'un revers de manche. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il pleurait.
Portant la boisson à ses lèvres, il s'arrêta en apercevant l'écriteau qu'avait laissé des sorciers à la fin de la première guerre. Une part profondement enfouit en lui eut envie d'hurler.
« En ce lieu, dans la nuit du 31 octobre 1981, Lily et James Potter perdirent la vie. Leur fils, Harry, demeure le seul sorcier qui ait jamais survécu au sortilège de la Mort.»*
Il ne lut même pas la suite. Le souffle rapide et le regard flou, il se détourna de la maison un instant, faisant quelques pas sur la route pavée dans la rue silencieuse, son regard déviant vers la bouteille qu'il tenait dans sa main..
Dans un geste d'emportement, il se retourna pour la projeter de toutes ses forces contre la bâtisse.
La bouteille alla s'écraser de l'autre côté de la haie, explosant juste au pied de la porte. La blessure réouverte était purulente, douloureuse. Le regard vif, il avait rageusement tiré sa baguette de la poche arrière de son jean, et brandit cette dernière vers la ruine qu'avait été son premier foyer.
Il avait passé les sept dernières années à s'accrocher à la vengeance.. En tuant Voldemort, il perdait également son seul exécutoire. La seule façon qu'il avait eu de gérer son deuil. Le deuil d'un foyer inexistant, celui d'une vie normale qu'il ne connaitrait jamais. Il ne gardait aucun souvenir de cet endroit hormis un flash vert et une douleur à son front..
Et durant un instant, il songea sérieusement à y mettre le feu. Que représentait-elle pour lui ?
Une porte s'ouvrit dans une maison voisine, et il entendit un habitant jurer qu'il allait appeler la police s'il n'arrêtait pas son vacarme et ne déguerpissait pas d'ici en vitesse. Harry avait rabattu la capuche de sa veste sur la tête et avait erré dans les rues jusqu'à un village voisin, non loin de là. Il s'était recroquevillé sous un arrêt de bus où il passa la plus grande partie de la nuit, avant d'appeler le magicobus.
Il se demanda ce qu'il serait advenu de lui si Hagrid ne l'avait pas secouru sept années plutôt. S'il n'avait jamais connu sa véritable nature de sorcier, ou été recueillit par les Weasley.. serait-il devenu ce qu'il était en ce moment, un adolescent en colère et autodestructeur ? Cet éloignement du monde des sorciers ne lui convenait pas. Il redevenait faible lorsqu'il n'avait pas de combat à mener, il avait besoin d'être au coeur de l'action; non pas uniquement pour se connaître mieux, mais pour éviter de se perdre.
Il n'avait parlé de cette soirée à quiconque, ni mentionné le nom de la personne qui était passé le voir le matin suivant, lorsqu'il s'était réveillé une fois de plus dans une autre pièce que sa chambre.
Cette fois, il ne s'agissait ni de Ginny, ni même de Tonks.
« - Redresse-toi.. allez, debout ! dit celle-ci sèchement alors qu'une main poussait son épaule. Ce n'est pas comme ça que je t'ai élevé, mon garçon.. »
La voix de Madame Dursley..
La tante Pétunia ! Etait-il ivre à ce point ? La bouche pâteuse et les yeux mi-clos, il avait balbutié un 'jour incertain.
« - Où est-ce que tu es allé trainer pour être aussi sale ? interrogea t-elle en rouspétant face à ses vêtements froissés. »
Il ne chercha même pas à comprendre comment elle était parvenue à entrer.
« - 'Chui allé chez mes parents, finit-il pas répondre plus clairement. Tu sais.. cette soeur dont tu as renié l'existence, qui est décédée avec son mari chômeur dans un accident de voiture ? »
En dépit de son état, il avait conscience que ce n'était pas la meilleure façon d'accueillir quelqu'un. Même si ce quelqu'un se trouvait être la femme à l'avoir le moins aimé au monde.
Mme Dursley, qui avait tressaillit à l'évocation du nom de sa soeur, se reprit l'instant suivant et redevint aussi froide qu'à l'accoutumée. Elle récupéra une bouteille de bière au beurre posée sur la table basse du salon, entassée au milieux des autres.
« - Combien en as-tu bu ? questionna t-elle en désignant la boisson.
- J'en sais rien.. lâcha t-il en refermant les yeux. Laisse-là où elle est..
- Ne compte pas là-dessus, mon garçon. Est-ce que tu t'entends parler ? Un véritable ivrogne ! Un des oncles de Vernon était alcoolique, tu sais ? Ce n'était franchement pas beau à voir..
- Tu es passée pour prendre des nouvelles de ton neveux ? demanda t-il en se frottant les yeux tandis qu'il se redressait sur un coude, piqué par la curiosité. Comme tu peux le voir, il va très bien ! »
Un air d'embarras avait pris place sur le visage chevalin de sa tante.
« - Je voulais savoir si c'était vrai, fit-elle enfin d'un ton neutre en s'asseyant sur le canapé après l'avoir épousseté. On m'a dit ce que tu as fais.
- Oh..
- Je voulais te l'entendre dire. Est-ce.. est-ce que c'est vrai ? Ce Voldemort, tu l'as..
- Oui, je l'ai fais. Je l'ai tué, confirma t-il à mi-voix en perdant son sarcasme, la tête retombée en arrière sur un coussin. Tu pourras raconter ça à Dudlynouchet. »
Il l'entendit faire un peu de ménage dans son dos, pendant qu'il se redressait finalement pour se rendre dans la salle de bain en titubant. Lorsqu'il en redescendit vingt minutes plus tard, il trouva sa tante sur le pallier, une bâche en plastique à la main remplie des bouteilles de la veille.
Il se souvint de son obsession de la propreté.
« - Oh, s'empressa t-il immédiatement, embarrassé en passant une main sur sa nuque. T'en fais pas pour ça, je vais le faire !
- Je veux que tu arrêtes ça, tu m'entends ? le coupa Mme Dursley sans ménagement. Tes parents n'auraient jamais souhaité te voir ainsi. Et nous non plus.
- Nous ?
- Dudley et moi, précisa Pétunia. »
Ils avaient discuté pour la forme quelques minutes, il lui avait même proposé un jus de citrouille qu'elle avait refusé sous prétexte d'un rendez-vous urgent à Londres. Elle lui enfin avait demandé de lui envoyer de ses nouvelles de temps à autres, pour Dudley.
Les yeux paraissant sortir de leurs orbites pendant qu'elle refermait la porte, Harry s'était demandé quelle genre de mouche avait piqué sa tante ce jour-là. Il pria silencieusement qu'elle ne revienne plus jamais ici, et presque comme si elle avait deviné son souhait, il ne la revit plus depuis.
Mais il suivit ses recommandations et s'éloigna des bars.. ce qui lui fit le plus grand bien.
Après mure réflexion, Ron et lui refusèrent dans un premier temps de retourner à Poudlard pour recommencer leur année. Ils avaient convenu de se présenter lors des Aspics en candidats libres, même s'ils avaient été mis en garde, car le niveau des examens était beaucoup trop élevé pour qu'ils parviennent à décrocher leur diplôme sans assister aux cours.
Harry rit légèrement en se remémorant qu'il était finalement retourné seul à Poudlard, le rouquin étant resté sur sa première décision: se consacrer entièrement au quidditch. Ron Weasley avait attiré à lui le succès et la lumière qu'il convoitait et Harry avait préféré se glisser dans cette ombre qu'il lui avait si souvent envié, dédiant son quotidien à la carrière d'auror qui se traçait devant lui. Et finalement, il avait passé ces examens, malgré l'absence d'Hermione pour planifier ses révisions huit mois à l'avance.. Il s'était accroché et avait obtenu ses Aspics avec des résultats convenables, de quoi lui permettre par la suite d'intégrer sa formation d'auror.
Ils savaient pourtant chacun que si Hermione avait été là, elle aurait sûrement forcé Ron à retourner à Poudlard avec eux. Mais sans elle, son ami ne se voyait plus retourner en cours; Harry le comprenait, même s'il n'avait pas passé sa scolarité à copier sur elle pour rendre ses devoirs à temps, contrairement à Ron. Il était clair que jouer sur un balais pour des milliers de gens à travers le pays motivait plus le rouquin que replonger le nez dans les bouquins..
Le Square était devenu une sorte de colocation où tout le monde était venu à un moment donné y habiter. Ce n'était pas les chambres qui manquaient. Et Harry ne rechignait pas d'avoir une autre compagnie que celle de Kreatur. Ron avait été son premier colocataire, puis ce fut au tour de Ginny d'y déposer ses valises, fraîchement diplômée tout comme lui et souhaitant s'émanciper, ne supportant plus l'autorité de sa mère et désirant connaître autre chose que le terrier.
Dès qu'elle fut installée, Harry cessa de compter le nombre exact de soirées qu'elle y organisa, souvent sans son accord. Le square fut très souvent fréquenté par ses amis. Des anciens camarades venaient assister aux fêtes, toutes maisons confondues, y compris les serpentard en dépit du faible nombre... avec parmi eux Pansy Parkinson.
Au cours d'une soirée arrosée, elle l'avait coincé dans un couloir, lui rappelant la fois où elle l'avait découvert dans les murs du château. Son absence totale de timidité était une des rares choses qui les différencier. Lorsqu'elle se mit à lui sourire en prenant cet air carnassier.. Merlin.. Sous l'éclat d'intelligence qui allumait son regard, il y avait chez elle quelque chose d'étrangement.. hermionesque. Une gêne indescriptible lui tordit l'estomac, confus comme il était. Ses yeux foncés n'avaient pourtant rien à voir avec ceux chocolats de la sorcière. Ni la couleur de ses cheveux, celle de Pansy étant aussi noire que la tignasse ébouriffée du jeune homme.
Il ne pouvait pas coucher avec quelqu'un qui lui rappelait.. non, jamais il n'avait vu Hermione sous cet angle. Le plus importable se produit le matin suivant; lorsqu'il se réveilla étendu sur le ventre à ses côtés, nu comme un vers, ne parvenant pas à se souvenir ce qu'il l'avait fait changer d'avis.. Quand Pansy émergea du sommeil, la jeune fille se moqua de lui en lui faisant croire qu'il avait crié le prénom de Granger durant leurs ébats.
Empirant un mal de tête à lui lacérer le crâne, Harry avait éclaté de rire, trouvant l'idée absurde. Jamais, au grand jamais il ne ferait ça !
… N'est-ce pas ?
Il se rappela la veille, du regard qu'elle lui avait lancé.. Incrédule, il eut alors un moment de doute.
Après tout, il lui arrivait parfois dans ses rêves de revoir le loquet du pendentif de serpentard s'ouvrir.. Hermione et lui en surgissaient dans une étreinte plutôt sensuelle, révélant à Ron son pire cauchemar, et le sien par la même occasion. En général, ils finissaient par changer pour lui montrer la maison des Granger en train de brûler.. lui rappelant la pire erreur de sa vie, après celle qu'il avait commise en ayant attiré Sirius dans le département des mystères.
La culpabilité remplaça une fois encore le reste, et le doute affreux qui le saisit ce matin là disparu aussi vite qu'il était apparu.
Remplissant une forme de devoir, il continua à garder un oeil sur Hermione. Quelques jours auparavant, il avait faillit être repéré. Pendant ce temps là, mademoiselle s'éternisait dans des soirées étudiantes, et Ron entretenait l'espoir qu'elle revienne. Incapable de supporter cela plus longtemps, Harry se résolu alors à lui dire la vérité. Il s'était emporté et lui avait crié dessus pour lui ouvrir les yeux.
« - Elle ne reviendra pas ! Qu'est ce que tu crois.. elle est très bien là où elle est ! »
Il lui révéla tout: il l'avait retrouvé, leur très chère Hermione était allée de l'avant. Il fut incapable de lui dire ce qu'il avait pu observer là-bas. Particulièrement pas qu'elle osait danser de manière aussi libérée contre d'autres garçons. Comment osait-elle faire cela à Ron ? Jamais il n'aurait supporté voir Ginny agir de la sorte avec quelqu'un d'autre que lui..
Harry avait observé le rouquin partir sans un mot, et ils n'en avaient jamais reparlé après ça. Si quelqu'un avait le malheur de mentionner son nom par mégarde pendant un diner ou une réunion, un horrible silence tombait, et on changeait très vite de sujet. Bien des années après, Luna su conquérir le coeur de jeune homme qui n'était en définitif par si brisé que ça.
Harry ne pu juger Ron très longtemps alors que lui-même espérait en vain que Ginny lui accorde une seconde chance en emménageant chez lui. Mais la rousse établit des limites bien claires entre eux afin qu'il y ait le moins d'ambiguïtés possibles. Si elle avait eu vent de la nuit qu'il avait passé avec Pansy, elle ne montra aucun signes de jalousie. Elle se rendit rapidement compte que la cohabitation ne fonctionnerait jamais, car ils n'avaient pas les mêmes attentes vis à vis de l'autre. Elle dénicha en un temps record un appartement sur le chemin de traverse qu'elle partagea avec Luna pendant quelques années.
Ce ne fut que lors d'une autre fête organisée pour ses vingt ans qu'elle tomba dans ses bras comme il en avait rêvé.
Dès lors, Harry pensa avoir tout ce dont il rêvait. Ses journées devinrent plus légères, ses nuits passées avec elle moins difficiles lorsque les cauchemars revenaient le perturber. Mais le bonheur avait malheureusement été de courte duré. Les disputes étaient trop fréquentes, et n'était nullement un signe de leur attachement envers l'autre.
Ils firent durer leur relation le plus longtemps possible.. cela ne servit à rien, et même les disputes devinrent ennuyantes. La passion s'était essoufflé entre eux aussi rapidement qu'elle était apparue en lui. Même s'il souhaitait à Ginny de finir par le trouver, il n'était désormais plus très sure de connaître quoi que ce soit à l'amour.
C'est lorsqu'il ne ressentit plus d'ambiguïté et de tension entre eux qu'il comprit véritablement qu'ils n'étaient pas fait pour être ensemble. Le survivant avait toujours eu l'impression d'être quelqu'un d'autre en sa présence.. A Poudlard, c'était ce dont il avait besoin, mais ces années de recule l'avaient aidé à accepter le poids de son destin, de sa célébrité non désiré. Il sentait qu'il ne voulait plus fuir ce qu'il était.
Ginny avait participé à cela en lui apprenant à accepter l'affection dont il avait si souvent manqué. Elle l'avait aidé à évoluer. Il semblait qu'elle avait toujours cet effet sur les gens.. pour cela, il ne pouvait pas se passer d'une amie comme elle. Il trouva avec le temps que les choses étaient en définitives très bien comme elles étaient, que tout n'était peut-être pas fait pour durer..
Parce qu'ils s'entendaient mieux séparés qu'en couple, ils parvinrent à rester amis par la suite.
Oh, bien sur, ce n'était qu'un aspect de la vie qu'il avait vécu après Poudlard ! Il y avait eu le monde sorcier à reconstruire.. Le nouveau ministre, contrairement aux anciens ne s'était pas entiché de lui à son plus grand bonheur. Il avait fait ses preuves, comme tout le monde, et il n'avait jamais prit la grosse tête.
Peu à peu, les années passèrent.. il était entré au ministère, il avait changé. Du garçon chétif et impulsif, il était devenu l'auror que l'on connaissait et respectait. Beaucoup plus à même de maîtriser ses émotions. Il n'avait pas qu'une cicatrice, mais plusieurs désormais, des souvenirs de missions pour la plus part, habitué qu'il était aux situations périlleuses. Même s'il avait au départ comparé la formation d'un auror avec le conditionnement militaire (son oncle l'ayant quelque fois menacé de l'envoyer à l'armée) il s'était glissé dans la peau d'un chasseur de mage noir avec une aisance presque naturelle. Il ne se laissait pas autant distraire que les autres jeunes de son âge, ni aussi facilement impressionner, car du haut de ses dix sept ans, Harry Potter en avait déjà bien trop vu.
Enfin peut-être jusqu'à cette soirée de janvier où il avait dû quitter Bristol, sitôt après avoir reçu l'alerte d'une attaque magique.
Il s'était retrouvé dans une rue moldu sur le toit d'un bâtiment. Quelques secondes plus tard, il avait entendu quelqu'un lancer un sort avant de voir une lumière rouge jaillir sur sa gauche. A priori, c'était une femme. En voyant qu'elle utilisait la magie et qu'elle ne portait pas d'uniforme, il avait eut un drôle de pressentiment.
Un mélange de crainte et d'excitation le traversa, et il leva le bras dans sa direction, ordonnant aussitôt à quelques aurors de l'arrêter. Pendant que lui même continuait de combattre, il vit la jeune femme en question se faire encercler par les sorciers du ministère.
Il l'observa plus attentivement, et crut reconnaitre dans les traits de cette femme le visage d'une vieille amie.
Plus bas, des aurors attendaient ses ordres.. pendant que lui restait immobile, incapable de faire le moindre mouvement. Pas de doute, c'était elle. Il fut parcourut d'intenses frissons. Entre temps les aurors avaient encerclé la jeune femme. Par Merlin.. mais qu'est-ce qu'elle foutait là ?
Il vit Hermione être plus rapide, attraper le bras d'une femme avant de disparaître. Un tireur d'élite cria d'en bas pour demander s'ils devaient se lancer à sa poursuite, et sur le moment, Harry ne su quoi répondre, mais il se reprit rapidement. Car c'était ainsi chez les aurors, le contrôle de soi allait de paire avec la survie.
Lupin entra dans le bureau du jeune homme. Il fut étonné de voir Harry s'être servi un verre d'alcool, même s'il reposait sur le bureau au milieu de la paperasse. Posté devant le cheminé, son propriétaire gardait le visage baissé vers les flammes qu'il fixait sans ciller, les bras posés sur le rebord.
« - On va m'envoyer des clichés pris lors de l'attaque avant demain matin, lui apprit Rémus. Selon certain journaliste, il ne s'agirait même pas d'Hermione..
- C'était elle, Rémus ! s'emporta t-il en pivotant vers lui. Elle était là et je l'ai laissé filer ! Imagine que je mette à faire ça avec n'importe qui, continua t-il en revenant vers son bureau pour s'emparer de son verre.
- Il ne s'agit pas de n'importe qui, Harry, obtempéra le sorcier pendant qu'il en buvait une gorgée. On parle d'Hermione Granger, une résistante décorée qui a réussi à se rendre indétectable aux yeux même du ministère.. Et depuis dix ans, en plus de ça ! On a plus de chance de retrouver Lucius Malfoy que de mettre la main sur l'adresse de son domicile.
- Oui.. je me rappelle encore de son air radieux le jour où on lui a remis cette décoration ! ironisa t-il sur l'absence de la jeune femme à la cérémonie de l'ordre de Merlin. »
Lupin leva les yeux au ciel et salua Dumbledore dans le portrait qui venait d'arriver. Rémus s'assit sur un canapé non loin de la cheminé, pendant qu'Harry lui tournait toujours le dos. Il ne voulait pas faire face à Dumbledore.. Il repensa à la fois où il était sorti de ses gongs dans le bureau de l'ancien direction après la mort de Sirius.
Lorsqu'il lui avait dit qu'il ne voulait pas être humain.
Parfois, ça lui arrivait encore de le penser.
« - Que comptes-tu faire au juste, hein ? Demanda Lupin. Envoyer une troupe d'auror à sa recherche, à l'heure qu'il est ? Tu sais que c'est impossible, et inutile en plus.. A quoi cela servirait, au juste ?
- Toujours aussi réfléchie, remarqua Harry à voix basse. Tu n'en dis pas autant au moment de la pleine lune..
- En effet, oui. C'est la raison pour laquelle ton filleul vient dormir chez toi une fois par mois, au cas où tu l'aurais oublié, rappela sèchement le sorcier qui n'appréciait pas qu'on évoque sa condition. Sors de ce bureau, maintenant. Quitte le ministère et rentre chez toi. »
Il se leva du canapé. Même le Dumbledore du tableau ne trouva rien à rétorquer. Quand le jeune homme se tourna à nouveau vers lui, Lupin avait atteint la porte.
« - Pardonne-moi, Rémus, fit-il par dire, semblant regretter ses paroles. J'ai eu une dure journée. »
Sortant de ses souvenirs, son regard se posa dans le coin de sa chambre où reposait sur le bureau un miroir à double sens. Il se leva de son lit et s'empara de ce dernier.
Il avait perdu celui que Sirius lui avait donné des années auparavant. Après l'avoir cassé à la mort de son parrain, puis retrouvé au fond de sa valise un morceau de cinq centimètres.. morceau qu'il avait finalement égaré à la tête du sanglier avant la bataille de Poudlard.
Durant sa période d'examens pour intégrer les aurors il avait fait équipe avec Malefoy, et ce dernier avait trouvé la combinaison complexe de sorts qui donnait aux morceaux d'un miroir la capacité de pouvoir interagir avec à des endroits différents.
Il se demandait si il donnerait le second miroir à Teddy lorsqu'il ferait sa première rentrée à Poudlard.
« - Harry.. Harry tu es là ? »
Tiens ! Quand on parlait du loup.. Il se détourna du miroir et enfila un pull-over à la hâte avant de descendre les escaliers pour se rendre au salon. Le visage de Tonks surgissait à travers les flammes vertes qui venaient d'apparaître.
« - Tonks ? s'étonna t-il en se stoppant net à l'entrée. »
D'ordinaire, c'était le faciès de son filleul qui apparaissait lorsque ses parents avaient le dos tourné.
« - J'ai des nouvelles intéressantes à partager avec toi, fit celle-ci. Mais je ne peux pas le faire ici. On pourrait être écouté. »
Espionné à travers le réseau de cheminées ? Le temps ne devaient pourtant pas être pas propice aux plaisanteries chez les Lupin, songea-t-il en se rappelant qu'il était actuellement en froid avec le mari de sa collègue.
Il appréciait cependant la confiance qu'elle lui accordait encore, en dépit de ce qu'il s'était passé.
« - Oui.. Je viens de passer au manoir Malefoy.»
Cette fois, Harry ne put retenir le rire qui franchit ses lèvres. Il n'ignorait pas que Lupin et Drago n'étaient pas les meilleurs amis du monde.
« - Je t'expliquerais ça là-bas, avec lui, expliqua la sorcière, pressée. Il a des révélations à faire.. Pour l'instant je n'ai pas envi de mêler Remus à ça, je sais que ce n'est pas évident entre vous en ce moment. »
C'est le moins qu'on puisse dire..
« - Je sais que tu es en congé, mais je ne te demanderais pas ça, si ce n'était pas urgent.. continua la métamorphomage, embarrassée. »
Se grattant l'arrière de la nuque, Harry réfléchit un instant, les yeux rivés sur le tapis.
« - Okay, accepta t-il en relevant à nouveau son regard vers elle. Donne-moi juste le temps de me préparer. On se retrouve au ministère dans une demi-heure, ça te vas ?
- Au rayon des archives, confirma Tonks dans un hochement de tête. A toute à l'heure, dit-elle avant de clore la conversation. »
Ne s'embarrassant pas des formules de politesse (une habitude du travail) le visage de la femme disparu et le feu s'évapora peu après, alors qu'Harry remontait déjà quatre à quatre les escaliers pour revenir dans sa chambre.
D'habitude, rien ne valait mieux qu'une mission pour se changer les idées..
Chapitre 36
Les sorciers avaient attendu dans l'angoisse les premières heures qui suivirent le mariage, le temps que les premières estimations du nombre de victimes des détraqueurs soient rendus publique. La nouvelle dépassa les frontières, les gens choqués d'apprendre le carnage qu'il y avait eu. Seule celle des mangemorts capturés était le signe que les sorciers ne devaient plus vivre dans la peur..
Le corps de Percy avait été transféré à Sainte Mangouste où il résidait depuis dans une chambre, non loin des parents de Neville.
Hermione était rentrée à Londres, avait repris son travail et retrouvé son train de vie normal. La première semaine d'août se déroula sans évenements particuliers. Son patron était toujours le même, l'ambiance au journal aussi. Alex, le journaliste de la rubrique sportive lui lançait toujours des réflexions misogynes au cours des réunions où il corrigeait les sois disantes fautes des articles où elle traitait parfois les actualitées sportives.
Postée près de la machine à café à l'étage en dessous du sien, elle le soupçonnait de vouloir obtenir un poste mieux payé et le bureau dans lequel elle travaillait. Dès son retour, elle avait eu vent des ragots qu'il avait propagé sur elle durant son absence mal vue de la semaine dernière.
En temps normal, elle aurait réagit avec plus de panache pour défendre sa position, mais d'autres choses lui trottaient dans la tête, à vrai dire.
La vérité, c'est qu'il s'avérait plus difficile que prévu pour la journaliste de retrouver une concentration optimale après tout ce qu'il s'était produit la semaine passée. Considérer que prendre ses distances avec le monde des sorciers serait suffisant avait été une erreur.. Le retour à la normal tant espéré allait prendre plus de temps que prévu.
Plusieurs choses continuaient de la tarauder, à commencer par sa propre attitude; En particulier avec Harry Potter.
Si le comportement de l'auror pouvait se justifier via la manipulation dont il avait été l'objet, quand était-il du sien ? Un tel manque de discernement n'était pas dans ses habitudes, elle en était consciente ! Alors certes, la hache de guerre était enterrée désormais. Mais en y réfléchissant bien, Harry avait été en mesure de la manipuler, allant jusqu'à l'empoisonner.. et elle n'y avait vu que du feu.
Alors non, le pire n'était pas qu'elle avait faillit à deux reprises coucher avec lui.. Pourtant, en se revoyant dans le laboratoire dissimulé, prête à s'offrir à lui, la simple idée qu'il puisse avoir un tel pouvoir sur elle l'effrayait. Mais ce n'était pas son principal problème. Harry, au final, s'était montré le plus raisonnable des deux en ayant mis fin à ce qui n'avait même pas eu le temps de commencer.
Peut-être avait-il eu raison.
Essayant de se conforter dans ses certitudes, Hermione remonta à son étage, un gobelet de café brulant à la main.
Elle nota avec curiosité que les premiers bureaux étaient déserté, et elle se demanda un instant si une réunion avait lieu, mais la salle réservée à cet effet était vide. Elle finit cependant par remarquer quelques secondes plus tard un regroupement tout au fond de la salle sur sa gauche.
Quelque chose avait attiré la curiosité des employés des autres niveaux. La jeune femme s'approcha lentement vers ce qui retenait l'attention.
Le patron avait quitté son bureau pour fixer avec ses collègues les écrans accrochés aux murs. Sur ces derniers, on aurait pu croire à un film de fantasy ou de science fiction, mais Hermione en savait suffisamment sur la magie pour reconnaître qu'il s'agissait bien de cette dernière, en pleine démonstration sous leurs yeux..
Elle dû poser son gobelet sur un bureau à sa droite, car elle sentit sa main trembler.
Cela avait l'air d'une divulgation, ni plus ni moins, de ce que l'on cachait aux moldus depuis des siècles.. La vidéo défilant sur les chaînes d'informations semblait avoir été filmé par un amateur, mais la qualité de l'image et du son était suffisamment bonne pour identifier le sortilège que le sorcier utilisait à l'écran.
Il lui fallut quelques secondes, le temps pour elle de retrouver un rythme cardiaque normal, pour comprendre que les gens pensaient qu'il s'agissait d'un simple canular. Certain firent même des compliments sur la qualité des effets spéciaux, pensant qu'une production hollywoodienne n'aurait pas fait mieux.
Sauf qu'il s'agissait sans aucun doute de magie..
Elle parvint après quelques secondes à adopter une allure à la fois détendue, tout en feignant une certaine curiosité, histoire d'imiter ses collègues. Elle infiltra un groupe près de la photocopieuse et plaisanta même avec eux.
Chapitre 36
« - Il se passe quelque chose, dit Hermione sur un ton des plus sérieux le soir venu, à l'occasion d'un diner chez les nouveaux mariés. »
La vidéo en question avait été repassé en boucle tout l'après-midi durant, et sur toutes les chaînes. Elle avait demandé à rédiger un article concernant ce « canular ». Des vidéos aux contenus similaires proliféraient déjà sur internet, et une crainte était née en elle : et si le soir de l'attaque dans la rue moldue, quelqu'un s'était permis de la filmer en train d'utiliser la magie, ou avait capturé son transplanage ?
Et si cette personne avait échappé au contrôle des oubliators ?
Pour l'instant, l'opinion général était la suivante: il s'agissait d'un événement commercial, faisant la promotion d'une nouvelle génération de téléphones portables commercialisée depuis peu. Les smartphones, ces écrans tactiles qu'elle détestait tant et que les moldus s'arrachaient histoire d'être à la pointe de la technologie. Histoire de faire comme tout le monde. Evanna avait déjà le sien.
Etant donné que l'ambiance au terrier était toujours tendue, les réunions occasionnelles avaient lieu chez Ron et Luna. Hermione y était arrivée la première alors que le soleil commençait à décliner. Elle espérait vraiment que la soirée en perspective allait lui permettre de se détendre après l'agitation de la journée. Elle avait troqué ses habits de travail pour une longue robe d'été, la météo étant au rendez-vous.
La maison en face d'elle était un cottage anglais traditionnel à première vue. La première fois qu'elle était venue ici, il y avait moins de décorations vu les circonstances. Désormais, la touche originale de Luna était reconnaissable grâce aux attrapes-soleil, et des carillons produisaient une douce musique sous l'effet du vent qui soufflait en cette fin d'après midi. Hermione ne put s'empêcher de faire carillonner un des instruments avec ses doigts.
Pas de doute, l'endroit était enchanteur et reposant à la fois, et elle se surprit à sourire. Voilà exactement ce dont elle avait besoin ! Peut-être devrait-elle songer un jour à s'installer à la campagne ? La blonde tenait à laisser la nature reprendre ses droits, et coupait le moins d'arbustes possible. Seule un petit espace vert avait été dégagé derrière pour y installer une terrasse. Luna lui avait expliqué qu'elle agissait ainsi pour permettre aux fées de venir s'y installer.
« - Ron peut dire ce qu'il veut, mes fleurs sont toujours plus belles grâce à elles, lui avait-elle soufflé. »
Secouant la tête face à l'originalité de son amie, l'ombre d'un sourire la trahissant, Hermione s'installa à une petite table ronde en fer forgé et attendit qu'elle revienne, ce qu'elle fit quelques secondes plus tard, emportant avec elle un plateau de jus de citrouilles.
« - Mon dieu, Luna, s'exclama t-elle sur un ton coupable en se levant. Je n'ai même pas pensé.. j'aurais pu t'aider à porter ça ! »
Où avait-elle donc la tête ?
« - Ça tombe très bien, Hermione, répondit celle-ci, satisfaite. Je tenais à le faire toute seule, justement ! »
La journaliste se rassit sur sa chaise. La porte fenêtre du salon s'ouvrit sur Ron qui les rejoint.
« - Harry n'a pu se libérer ! Il a été retenu au ministère apparemment, annonça t-il alors que la brune ne pouvait retenir un soupire de soulagement. »
Ce que Ron ne manqua pas d'ignorer.
« - Les choses vont mieux entre vous deux, non ? interrogea t-il d'un air inquiet.
- Oui.. bien sur, assura la sorcière tandis qu'il s'asseyait face à elle. »
Pendant qu'il se servait une bière au beurre, elle avala une gorgée de sa boisson avec prudence et se tourna vers Luna en quête de soutien, mais cette dernière était repartie dans la contemplation de ses fleurs. Hermione se demanda si l'absence d'Harry était dû aux derniers événements chez les moldus.. Pour le moment, les nouveaux mariés ne semblaient pas alertés le moins du monde de la situation.
Ce n'est que lorsque Tonks fut arrivée qu'elle en apprit plus sur le sujet.
« - Pourquoi crois-tu qu'on a interdit le transplanage, à ton avis ? lui demanda t-elle. Ce n'étaient pas uniquement des mesures contre les mangemorts.. Cela fait des mois que l'on s'y prépare, avec Rémus. On a prit des dispositions pour retarder ce moment le plus possible, mais il fallait que ça se produire tôt ou tard..
- Je n'aime pas ça, Tonks, lui fit part Hermione. Je n'aime pas ça du tout. Tu n'as pas grandit chez les moldus, tu ne sais pas comment ils peuvent réagir face à ce qu'ils ne comprennent pas..
- Evanna est plutôt cool, fit remarquer Luna. »
Hermione eut un rire jaune.
« - Evanna est un cas à part, lui expliqua t-elle. A ma connaissance, peu de gens sont aussi ouvert d'esprit et tolérant. Elle sait encaisser.
- Bon, à part ça Tonks, l'interrompit Ron sans scrupule. Alors comme ça, il paraitrait que l'Ordre du Phoenix va renaître de ses cendres ? interrogea t-il avec un enthousiasme non feint, même si personne ne voulait entendre parler de cette rumeur. »
Tout le monde fut lassé par son intervention, et Ginny leva les yeux au ciel, les bras croisés, avachie sur sa chaise en osier.
Effectivement, les rumeurs allaient bon train dans la communauté sorcière. Depuis ce qu'il s'était passé au mariage, et on racontait que l'ordre crée par Dumbledore était sur le point de se reformer. Voilà quelques jours que le ministère était en contact avec le gouvernement moldu pour d'obscures raisons, laissant entendre qu'une menace inconnue planait.
La rumeur la plus délirante était que l'ordre allait être dirigé par le frère d'Albus, Albefort, bien que ce ne soit pas du tout le style de ce dernier. Pour l'instant, un pub au nord de l'Ecosse était la seule chose qu'il accepte de gérer. Après tout ce qu'il s'était passé, Ron était bien le seul à ne pas être fatigué par les aventures et le danger, alors même qu'il allait devenir père.
« - Quoi ? s'étonna t-il face au silence global ayant prit place autour de la table. Oh ! Allez.. J'ai entendu Teddy en parler à Victoire l'autre jour.. En ce qui me concerne je suis partant !
- Ce n'est qu'une stupide rumeur, précisa Bill alors que Tonks regardait son fils d'un oeil réprobateur, tandis que ce dernier jouait dans le jardin un peu plus loin.
- Teddy est une source fiable, crois-en mon expérience, assura son frère en ébouriffant les cheveux du garçon qui se rapprocha d'eux. Comme on dit, la vérité sort de la bouche des enfants !
- Surtout quand on vit sous le même toit que le ministre de la magie, et qu'on a pour parrain le chef des aurors.. rajouta Hermione un sourcil levé. »
Pas que la sorcière croit elle-même à tout ça, mais elle avait vu tellement de choses ces derniers temps..
La nuit était tombée désormais, et la terrasse s'illumina sous les lumignons enchantés pour changer de couleur. On avait agrandit la table pour y faire asseoir tout le monde. Il y avait Bill, Charlie, Ginny et Hermione, Tonks avec son fils ainsi que Fleur et ses enfants. La femme de Percy était partie s'installer quelques temps chez ses parents avec ses enfants. Fred et Georges demeuraient aussi absents à cause du travail une fois de plus. Apparemment ils voulaient développer un nouveau concept, et on en savait très peu à ce sujet.
Hermione se demandait s'ils planifiaient réellement d'ouvrir un bar..
D'ordinaire, lorsque l'on réunissait les Weasley autour d'une table, on était sure que l'ambiance était au rendez-vous. Mais ce soir, c'était différent, avec le drame qui frappait leur famille. Hermione voyait bien qu'il y avait un tabous autour de Percy, et Molly était toujours en colère contre Lupin. Arthur le voyait tous les jours au travail.
Inévitablement, l'ancien ministre finit par surgir dans la conversation.. c'était sans compter l'intervention de Ginny, toujours fidèle à elle-même. Une dispute planait dans l'air, on savait que Molly ne tenait pas à faire une cérémonie privé pour lui; en dehors de celle qui allait avoir lieu au Chaudron Baveur dans quelques jours.
Pour Mme Weasley, son fils n'était pas mort..
Ron eut l'idée ingénieuse d'éloigner les enfants en proposant une partie de quidditch, afin d'éviter tout conflit en leur présence. Ceux-ci s'enthousiasmèrent aussitôt. Le diner avait été rapide vu la chaleur, personne n'avait très faim. Evidemment, Bill et Charlie se joignirent à eux.
« - Pourquoi est-ce que c'est aux femmes de se coltiner la vaisselle ? demanda Ginny une fois dans la cuisine. Cette idée, c'était juste un prétexte pour ne pas la faire !
- N'oublie pas qu'on est chez ton frère, Ginevra ! lui répondit Fleur en lui donnant une petite tape réconfortante sur l'épaule. On ne va pas laisser Luna s'occuper de tout alors qu'elle est sur le point d'accoucher, et que lui a décidé d'aller faire un tour en balais.. »
Luna lui adressa un sourire reconnaissant et alla s'installer sur un fauteuil du salon. Le diner avait été préparé par magie, et ses amies s'occupaient à présent de débarrasser la table. Ginny poussa un soupire d'exaspération et repartie dehors pour récupérer le reste des couverts et assiettes.
Hermione voyait bien que l'entente entre Ron et Luna n'était pas au beau fixe. D'après ce qu'elle avait cru comprendre ils avaient remis leur lune de miel à plus tard. L'incident du mariage était certes une solide excuse pour qu'il ait laissé sa femme seule leur première nuit de mariage, mais il y avait quelque chose d'autre, elle en était certaine.. Seulement, Luna n'était pas d'un tempérament colérique, ou sanguin. Elle ne se mettait en colère que rarement, et en général en dernier recours.
Malgré la fatigue, la femme de Ron restait la future maman la plus détendu qu'elle ait jamais vu. Fleur alla s'assurer que cette dernière allait bien. La française parlait beaucoup maternité avec elle. Les deux femmes s'étaient beaucoup rapprochées, Luna devant surement trouver le soutien dont elle avait besoin auprès d'elle durant cette période.
« - Pourquoi Evanna n'est pas là ? demanda Ginevra en revenant les bras chargés d'assiettes qu'elle déposa dans l'évier. Elle nous aurait servi ses cocktails de l'autre jour ! Même Albefort en a entendu parler..
- Elle a du travail à rattraper, expliqua Hermione en cherchant une éponge. »
Le salon de la photo allait ouvrir ses portes à Londres le week-end prochain, et Evanna n'avait plus que ça en tête. L'excuse de son amie était compréhensible, contrairement à celle d'Harry. Elle avait appris de Ginny que ce dernier était censé être en congé. L'auror ne souhaitait peut-être pas imposer sa présence pour l'instant à cause de Luna, cette dernière sachant désormais les véritables raisons de la mort de son père..
Harry prenait donc ses distances avec tout le monde, pas seulement avec elle..
Tonks les rejoint pour aider à son tour.
« - Ne t'embête pas, Hermione.. commença t-elle en sortant sa baguette de sa poche. »
Ginny ayant subitement disparu de son champ de vision, elle continuait de faire la vaisselle toute seule, n'ayant même pas l'idée d'utiliser la magie, prise dans ses pensées.
« - Récurvite ! énonça Tonks d'une voix claire. »
Hermione lâcha le torchon qu'elle avait dans les mains en la remerciant.
« - Que l'une de vous aille chercher Ron ! les interrompit Ginny en revenant dans la cuisine alors qu'elles se tournaient vers elle. Tout de suite !
- C'est Luna ? demanda Tonks prise de court. Ne me dit pas qu'elle a perdu les eaux, pas déjà !
- Mais non, voyons, la coupa la sorcière. Ceux sont seulement des contractions un peu plus rapprochées que d'habitude.
- Ah, excuse moi, fit l'auror aussitôt en levant les mains. C'est toi la médicomage..
- Je vais le chercher, décida Hermione en passant devant elle, quittant la cuisine. »
Le temps était lourd dehors et un vent se levait. Evidemment, les enfants étaient trop petits pour savoir voler, alors ils utilisaient des balais jouets pendant que les adultes les surveillaient.
« - Ron ! l'appela t-elle en criant par-dessus le bruit du vent en faisant des gestes du bras. Luna a besoin de toi ! »
Ce dernier comprit et abandonna aussitôt ce qu'il était en train de faire. Il revint au pas de course vers la maison et s'engouffra à l'intérieur pendant que Bill se chargeait de ranger les balais. Ils avaient rapidement laissé tomber l'idée de jouer, vu le temps.
Le reste du groupe arriva vers elle. Charlie portait Louis dans un bras et tenait Victoire de son autre main. Dominique insista à ce qu'Hermione la porte.
« - Je vais être cousine ? lui demanda t-elle une fois qu'elle l'eut prise dans ses bras et qu'elles revenaient vers la maison.
- Tu l'es déjà, lui fit remarquer Teddy en marchant à côté, fuyant toujours le regard d'Hermione.
- S'il est comme ça c'est parce qu'il t'aime bien, tu sais ? chuchota vivement la petite à son oreille. Pas vrai, Victoire ?
- Si ! approuva celle-ci derrière eux alors que Charlie riait. On l'a tous vu au mariage.. Teddy est amoureux !
- Taisez-vous, toutes les deux ! s'exclama alors le fils de Tonks.
- N'écoute donc pas ces chipies, Teddy, s'exclama le dresseur de dragons alors qu'Hermione secouait la tête en riant, gênée. Les filles, ça adorent les ragots. »
Charlie ne put s'empêcher de raconter des anecdotes sur les dragonnes dont il prenait soin lorsque ces dernières couvaient leurs oeufs. Vu la situation, Luna n'apprécia pas vraiment voir ses symptômes comparés à ceux d'un cornelongue roumain.
« - Les femelles sont en général plus agressives que les mâles, alors..
- Charlie.. la ferme ! le coupa Ginny qui stressait malgré son expérience dans les situations d'urgence. »
C'était toujours plus difficile de garder son calme lorsqu'il s'agissait d'un proche. Surtout lorsque la grossesse n'était pas encore à terme.
Ron lui demanda ce qu'elle comptait faire.
« - Je ne suis pas spécialisée là-dedans, admit la rousse en soupirant. Il vaut mieux l'emmener à Ste Mangouste pour avoir un avis définitif. Va préparer ses affaires, Ron.. »
Fleur insista pour venir avec eux, ce qui ne fut pas au bon plaisir de Ginny. Bill transplana avec ses enfants à la chaumière aux coquillages, et Tonks rentra également avec Teddy. Charlie pensa que Ron avait besoin de l'un de ses frères auprès de lui pour le soutenir, et décida de les accompagner.
Ne resta bientôt plus qu'Hermione, au passage la future marraine, à qui Ginny promit de donner des nouvelles le lendemain.
…
Pendant ce temps au ministère:
« - Né à Azkaban en 1983.. lut Harry à voix haute en tenant dans ses mains un dossier ouvert.
- Deux ans après que Bellatrix Lestrange ai été emprisonné là-bas, résonna la voix de Tonks alors qu'elle marchait vers eux. »
Malgré l'heure tardive, il faisait jour dans l'immense pièce ovale. L'auror était à la bibliothèque du ministère avec Malefoy, pendant qu'elle s'était éclipsé le temps du diner auquel Harry n'avait pas souhaité assister.
Les révélations de Drago se confirmaient à mesure que les aurors étudiaient les preuves qu'il leurs avait apporté.
« - Luck Stone n'est pas son vrai nom, comment as-tu fais pour trouver ces documents ? demanda Harry au blond assis en face de lui, pendant que la métamorphomage posait sa veste sur une table entre eux.
- Je les ai découvert en fouillant l'ancien bureau de mon père, répondit-il avant de se redresser. »
Les étagères de livres entouraient la pièce le long des murs, réparties sur trois étages. Ils se trouvaient au premier. Drago se tourna et posa ses deux mains sur la rambarde, regardant d'un air absent le ré de chaussé où s'étendaient les longues lignées de tables vides à cette heure.
« - Je cherchais surtout son acte de naissance, expliqua t-il. Pour confirmer ce que je soupçonnais depuis quelques temps déjà..
- C'est à dire, confirmer quoi ? interrogea Tonks d'une voix sourde. »
Drago fit un signe de tête à Harry, et ce dernier adossé à une des étagères redirigea son attention sur les parchemins qu'il avait sous les yeux.
« - En effet, fit le survivant en haussant un sourcil. Trop étrange pour un moldu, Cepheus Antares Lestrange.. Vous venez de découvrir un nouveau cousin. »
Voilà un nom qui manquait à l'arbre généalogique des Black.. Aussi cinglé que sa mère, voulut-il rajouter, mais il se ravisa de dire ça en leurs présence. Il devenait toujours un peu trop rude lorsqu'il s'agissait de Bellatrix.
« - Il n'est pas lié par le sang aux Lestrange, pourquoi ne pas avoir écrit Black ? remarqua ensuite Harry.
- Demande ça au patriarcat, lança Nymphadora en lui prenant le dossier de ses mains. »
Elle parcourut rapidement le document des yeux.
« - Evidemment, sa mère n'a pas eu le droit de le garder, poursuivit-elle. Le père biologique n'a jamais su. Tout correspond avec ce que tu nous as dit.. Lucius et Narcissa Malefoy l'ont fait adopté au sein d'une riche famille moldue.. Je comprends mieux maintenant pourquoi ton père ne voulait pas que ça se sache, il n'aurait pas souhaité que le ministère apprennent qu'il connaissait cette famille et faisait des affaires avec.. »
Ce qui allait à l'encontre totale des lois sorcières.
« - Pourquoi tes parents n'ont pas voulu l'élever ? demanda Harry. Avoir un descendant de Merlin dans sa famille, ce n'est pas quelque chose qu'un Malefoy.. »
Il se stoppa, bien que c'était trop tard, et il blâma son naturel impulsif encore une fois.
« - Je viens d'une famille d'opportunistes, termina Drago. Te gêne pas pour le dire, Potter. »
Arriviste serait sans doute plus approprié. D'autres mots encore moins flatteurs lui vinrent à l'esprit, et il jura que Tonks lisait ses pensées, car elle lui lança un regard à la fois amusé et réprobateur.
« - Mon père n'aurait jamais légué une partie de son héritage à un enfant qui ne soit pas de son sang, expliqua t-il alors. »
Evidemment.
«- Apparemment, ça n'aurait pas changé grand chose, leur apprit Tonks qui continuait de fouiller le dossier. Ils lui auraient quand même ôté ses pouvoirs.
- Pourquoi ? demandèrent-ils en même temps.
- L'enfant avait des capacités surprenantes avant même de naître, cita t-elle. Ses parents adoptifs sont venus demander de l'aide aux Malefoy.. C'est apparemment tes parents, Drago, qui lui ont supprimé ses pouvoirs. »
Et ils savaient tous ce que cela impliquait.
« - Par des procédés de magie noire, dit le blond à leur place.
- Tu peux le certifier ? demanda Tonks d'un air calme.
- Oui, j'était présent ce jour-là. »
Harry croisa les bras et rompit le silence pesant qui menaçait de s'installer.
« - Dis-nous en plus, l'encouragea t-il.
- Nos deux familles faisaient des affaires ensemble, c'est vrai. Ce qui nous as amené à nous rencontrer..
- Souvent ?
- Plusieurs fois par mois. On jouait ensemble quelques fois, dit-il en devenant plus réservé. Il réutilisait ses pouvoirs devant moi. Un soir, ils ont.. perforé une sorte de rituel sur lui. Comme je n'avais pas le droit d'être là, je me suis caché pour observer. Je n'ai pas pu voir grand chose.. notre elfe de maison m'a découvert, et il m'a éloigné. »
Harry ne put empêcher d'avoir un pincement au coeur en imaginant Dobby dans ce bref souvenir. Qu'a t-on fait à cet enfant ? pensa t-il avec dégout.
« - En parlant de ma mère, poursuivit Drago. Elle.. tenait un journal. »
D'une main hésitante, il s'empara d'un carnet sombre qu'il avait rangé dans sa cape.
« - Vous trouverez tout là-dedans. »
Tonks saisit lentement le journal qu'il lui tendait.
« - Merci Drago, dit-elle doucement. J'imagine combien ce journal doit compter à tes yeux.
- Ce n'est qu'une pièce à conviction désormais, siffla Malefoy. »
Une étrange lueur passa dans le regard de la métamorphomage, qui finit par acquiescer en silence.
« - Elle a voulu garder un oeil sur ce garçon à ce que je vois, commenta Tonks après en avoir tourné quelques pages. Bellatrix ne demandait pas de ses nouvelles, Narcissa se souciait plus de lui que sa propre mère.. »
Elle arrêta sa lecture, blanche comme un linge.
« - Quoi ? s'inquiéta Harry.
- Elle pensait réellement bien faire en lui ôtant ses pouvoirs.. dit l'auror. On ne sait pas s'il s'agit des Black ou des Turner qui en sont les descendants. Mais ta mère savait que notre cousin était l'héritier de Merlin et risquait de servir le mal, d'après une prédiction faite à son sujet. Elle y a cru dure comme fer. Si elle a voulu l'en empêcher..
- Elle l'a obtenu l'effet inverse, conclut Harry à sa place. En voulant améliorer les choses, elle n'a fait que les empirer. »
Hermione lui avait confié que ces enfants encouraient un danger certain. Pourtant, Luck.. Cepheus, n'était pas devenu un obscurial.
Il poussa un soupire de fatigue et ferma les yeux.
« - On peut imaginer la suite comme ça, reprit-il en les rouvrant pour croiser leurs regards. Bellatrix a apprit la vérité à son tour par Lucius Malefoy, et a reprit contact avec lui il y a environs un an. Ton père a révélé la vérité à Cepheus et l'a engagé dans les mangemorts, lui promettant de lui redonner ses pouvoirs en échange. Voilà pourquoi ce type a tenté de tenir Hermione éloignée du monde des sorciers en lui proposant un meilleur poste à l'étranger. »
Pour faire cela, nul besoin de s'appeler Malefoy, ou Black. Luck.. Cepheus, avait tout de ses aïeux. En intégrant les mangemorts, il avait finalement eu l'impression de retrouver les siens.
Et dire que quelques mois avant ça, Malefoy pensait que cette prophétie n'était qu'un canular pour Halloween..
Chapitre 36
« - Où est passée cette fichue agrafeuse ? demanda Hermione à voix haute pour la dixième fois de la matinée, ses mains tâtonnant l'espace de travail. »
Le lendemain, elle n'avait de cesse de retourner son bureau. A force d'énervement, ce dernier était sans dessus dessous et elle ne parvenait toujours pas à mettre la main dessus. Un autre inconvénient de prendre une semaine de congé était de retrouver son bureau crouler sous la tonne de travail qu'on y avait déposé durant son absence, et de ne plus retrouver ses affaires. Et même lorsque l'on était organisé et studieuse comme elle, le défit était rude à relever.
Surtout lorsque l'on avait autre chose en tête.
Hermione se rappelait de l'époque où elle trouvait son travail excitant, passionnant même, où elle avait toute la concentration nécessaire. Ou rien n'aurait pu venir la perturber. Autant elle aimait écrire, investiguer, peut-être même être lu par les gens, autant elle avait besoin que ces actions aient plus d'impact.
Exactement comme lorsqu'elle était revenu dans le monde des sorciers..
« - Oh non, pas encore ça.. gémit-elle en se prenant la tête dans les mains. Tu n'es plus là-bas, reprend-toi ! »
Peut-être une pause café allait-elle lui remettre les idées en place ? Hermione n'eut pas le temps de se lever que le téléphone se remit à sonner. Elle redressa subitement la tête de ses bras qu'elle avait croisé sur la table, et décrocha ce dernier.
« - Rédaction du Daily Courant, je vous écoute ?
- Hermione ? C'est Ginny.. »
Ginny qui lui avait promis de la rappeler pour lui donner des nouvelles !
Cela voulait-il dire que..
« - Luna va bien ? s'empressa t-elle de demander. Ne me dit pas qu'il y a eut des complications..
- Oh non ! L'assura aussitôt son amie d'une voix légère, ce qui eut le don de la soulager. Luna va très bien. L'accouchement s'est déroulé mieux que prévu.
- Wow.. laissa t-elle échapper. »
Elle ne s'était pas attendu à ça.
« - C'est pour Ron que je m'inquiète.. poursuivit la rousse en voyant qu'Hermione était sans voix. Il s'est évanouie. Deux fois.
- Oh.. fit la brune en grimaçant. Ça peut se comprendre avec une naissance prématuré. Heureusement que Charlie l'a accompagné.
- Hum, hum, fit mine de tousser la rousse. »
La journaliste fronça les sourcils. Que lui cachait-elle comme ça ?
« - Il y a encore autre chose ? demanda t-elle lentement.
- Eh bien.. oui, répondit celle-ci. On se retrouve tous au Chaudron Baveur ce soir. Ron vous raconteras tout à ce moment-là.
- Je ne suis pas sûre que ce soit le meilleur endroit pour emmener un nouveau né, s'étonna Hermione en dégotant enfin son agrafeuse sous une pile de papiers.
- Oh non, ne t'en fais pas pour ça ! Luna a besoin de repos après la nuit qu'elle a passé de toute façon, il n'y aura que Ron. La visite à l'hôpital est remise à plus tard, pour l'instant. »
La rousse lui donna l'heure où ils étaient supposés se retrouver. Avant de raccrocher, Hermione ne put s'empêcher de demander une petite précision.
« - Quand tu dis vous, j'imagine que tu fais référence à..
- Ron et moi, dit-elle. Et Harry, bien sur. »
Voilà qui était dit. Les deux femmes se saluèrent avant de raccrocher. Hermione hésitait à nouveau. C'était précisément ce qu'elle s'était juré de ne plus faire. Mais comment refuser alors qu'elle était marraine, désormais ?
…
La journée passa rapidement, c'était désormais la fin d'après midi et elle avait bien rattrapé son retard.
« - Alors, cet article sur les magiciens en herbes, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? demanda son patron en faisant irruption dans la pièce. »
Ce dernier attrapa le dossier qu'elle lui tendit sèchement. Pendant qu'il refermait la porte, elle continua de visionner les vidéos que des moldus avaient posté sur internet. Bon.. Elle n'apparaissait sur aucune d'entre elle. Même lors de la nuit à laquelle Evanna et elle avaient assisté dans cette rue saccagée par les mangemorts.
Si elle n'avait pas eut un rendez-vous de planifié le soir venu, elle serait surement restée là à regarder en boucle toutes les vidéos sur le sujet. Et il y en avait beaucoup plus qu'elle ne l'aurait cru. Ce qui la rassura fut de découvrir que certaine d'entres elles étaient truquées.
Une autre ne montrait aucun usage de magie.. en revanche, plusieurs hommes dans une ruelle formaient un demi-cercle autour d'un autre homme qui ne semblait pas être sorcier, mais bien moldu. La personne filmant d'en haut devait surement habiter dans les étages supérieurs de l'immeuble et avait su rester discrète.
« - Qu'est-ce qu'ils font à ce pauvre homme ? demanda Hermione à voix basse en entendant l'homme pousser des gémissements de douleurs. »
On ne voyait rien d'autre que le dos des personnes rassemblées autour, qui emportaient l'homme hors du champ de la caméra, pendant que ce dernier se mettait à crier. La date de publication de la vidéo remontait à quelques mois; ce n'était peut-être pas la date à laquelle elle avait été prise.
Elle soupçonnait ces gens d'être des sorciers. Dans le meilleur des cas, des oubliators.
Mais avec de telles méthodes ?
Dans le pire des cas, eh bien.. restait l'hypothèse des mangemorts ayant prêté allégeance à Lucius Malefoy.. Bien qu'ils aient tous été arrêtés, autant qu'elle sache. Hermione vit un des hommes revenir pour ramasser quelque chose que le moldu avait laissé au sol. Lorsqu'il se retourna et qu'elle put enfin discerner les traits de son visage, elle appuya sur pause et améliora la qualité de l'image.
Bingo. La journaliste retint un soupire de lassitude et cala son dos au fond de son siège. Son père lui avait souvent dit qu'elle devrait devenir enquêtrice, ou détective privé.
Ironie du sort, c'était exactement ce qu'elle avait l'impression d'être à ce moment.
« - Harry.. dit-elle sur un ton désapprobateur en secouant la tête. Dans quoi tu t'es encore fourré ? »
Chapitre 36
Le soir venu, Harry transplana sur le chemin de traverse. Il portait sa tenue des longues missions. Celles qui les amener à se déplacer des semaines durant, souvent à l'étranger et à vivre dans des conditions.. parfois pas très confortables.
Sale et essoufflé, les cheveux en pagaille comme d'habitude.. ses lunettes étaient salies par la boue mais il n'y prêtait même plus attention. Il était fatigué, mais pas mécontent d'avoir repris le travail. Cette mission d'urgence était tombée au moment idéal.
Il n'avait pas beaucoup de temps devant lui. Un de ses aurors l'attendait au Chaudron Baveur pour échanger des informations. Après quoi il ferait un rapide saut au square pour se changer avant de rejoindre ses amis qui l'attendaient au pub. Il en avait vraiment besoin.
Le survivant se dirigea vers le mur de pierre et avant qu'il n'ait pu lancer le sort, les briques se déplacèrent d'elles-mêmes.. Dévoilant Hermione. C'était la première fois qu'il la revoyait depuis leur discussion dans ce satané laboratoire qui continuer d'hanter ses pensées.
« - Harry ! s'exclama cette dernière d'une voix aiguë. Ça va ? »
Elle non plus ne s'attendait pas à tomber sur lui.
« - Salut.. ça va oui, répondit ce dernier le souffle court. Ginny avait dit dix-neuf heures, c'est bien ça ?
- Oui, répondit-elle. Je suis arrivée en avance parce que je dois aller faire un tour ici, acheter quelque chose pour le nouveau-né. »
Nouveau né dont ils ignoraient au passage le prénom, le sexe, le poids.. bref. Presque tout.
Hermione ne fut en mesure de cacher son désarrois qu'en adoptant son air le plus hermionesque. Et même si elle était aujourd'hui la première à s'exaspérer de sa capacité à se montrer hautaine, elle savait que ce n'était qu'un masque. Les chose n'était plus pareil entre eux, c'était certain. Harry se sentait-il aussi désarmé qu'elle ?
« - On se retrouve plus tard, dans ce cas, continua t-elle en s'apprêtant à le quitter. Au faite ! fit-elle en se retournant vers lui. Tu ferais mieux de prendre une douche. »
Harry n'eut pas le temps d'en placer une qu'elle passa à côté de lui en coup de vent et la tête haute. Il la suivit des yeux un instant, les sourcils levés. Il résista à l'envie de suivre sa silhouette du regard tandis qu'elle s'éloignait dans la rue, et continua son propre chemin dans le sens inverse.
En passant devant le bar, Hannah jeta un oeil suspicieux à sa tenue.
« - Des trolls des montagnes.. expliqua t-il brièvement en désignant ses habits sales.
- Ah.. comprit la sorcière en repartant à ses activités. »
Il avait dû passer son entière après-midi à affronter des créatures qui bloquaient les portes de Nurmengard. Des trolls des montagnes pas toujours réputés pour leur diplomatie..
La porte du square claqua derrière lui quelques minutes plus tard, tandis qu'il retirait la longue veste abritant les multiples potions qu'un auror se devait d'avoir sur lui pendant les missions. Il passa par dessus sa tête l'attirail en cuir qui protégeait sa baguette; qu'on pouvait dégainer rien qu'en passant la main sous le bras. Il déposa ses affaires à l'entrée pour se retrouver avec une simple chemise boutonnée jusqu'au cou et un pantalon en flanelle. Lui qui avait horreur des uniformes d'ordinaire, c'était la seule tenue à peu près confortable pour lui.
Il se dirigea le long du couloir et monta l'escalier pour se rendre dans la salle de bain à l'étage.
Harry accueillit l'eau chaude de la douche avec un soupire. Il n'était pas autant éreinté de sa journée que par les images qui revenaient les hanter dès lors qu'il avait le malheur de fermer les yeux. Il retira ses lunettes d'une main et frotta ces derniers en grimaçant de douleur. Il posa ensuite son avant bras contre le mur carrelé de la douche, posant son front contre la paroie humide, l'eau ruisselant sur sa nuque. Il songea avec un rictus que ce n'était pas d'une douche chaude dont il avait besoin..
Pas après avoir vu Hermione.
Bon sang, son membre réagissait déjà et il n'avait même pas assez de temps devant lui pour se soulager en se touchant, même si ce n'était pas les images d'elle qui manquaient en général pour ça.
Elle n'avait aucune idée, strictement aucune idée de l'effet qu'elle lui faisait. Il resta sous le jet presque glacé le temps nécéssaire avant de couper l'eau, et sorti de la douche en attrapant un serviette dont il se servit pour se frotter vigoureusement le visage, espérant se remettre les idées en place.
Il jette un coup d'oeil à son reflet dans le miroir. Il n'avait pas le temps de se raser, tant pis, il était moins pâle que d'habitude, et ses cernes avaient disparu. Il enfila un jean et un pull à la hâte et descendit en trombe les escaliers.
Une demi-heure plus tard..
« - Des jumeaux ? s'exclama Hermione abasourdie en tombant presque sur le banc. »
Elle qui n'avait acheté qu'un unique cadeau..
« - Comment c'est possible ? demanda Ron, tout aussi dépassé. On ne peut pas avoir des jumeaux à chaque génération !
- Apparement si, remarqua Ernie en déposant leurs boissons sur la table. Félicitations, papa ! »
Harry congratula Ron d'une chaleureuse accolade tandis qu'Hermione, une fois remise de ses émotions, demanda toute excitée à quelle moment allait-elle pouvoir découvrir sa petite nièce ou son petit neveux. L'heureux événement s'était produit à un moment inopportun, mais avait su ramener la joie après ce qu'il était arrivé à Percy.
Ceci-dit, réunir tous les Weasley au complet s'avérait encore être une tâche compliquée, étant donné que bon nombre d'entre eux avaient repris le travail.
« - Au faite ! se rappela le rouquin en se tournant vers sa soeur, soudain gêné. A ce propos, on aurait besoin d'une autre marraine maintenant..
- Serait-on en train de requérir mon aide ? demanda la rousse dérisoire en regardant ailleurs, les bras croisés sur la table.
- Allez ! l'encouragea son frère. L'avantage, c'est que tu n'as plus à être jalouse d'Hermione, maintenant ! rajouta t-il en pensant la convaincre, faisant rougir la concernée.
- Et pour l'autre parrain, vous avez une idée en tête avec Luna ? questionna Harry en redevenant sérieux.
- Absolument aucune, avoua son ami. Pourtant, ce n'est pas les hommes qui manquent dans ma famille.. Bon sang, Harry.. Je suis passé de nouveau marié à père de famille en une semaine ! Je me demande si je vais pouvoir tenir le coup.. se lamenta t-il en se prenant la tête dans les mains. »
Ginny posa sa main compatissante sur son épaule.
« - En tout cas, sache que tu ne peux pas faire pire que le type de la chambre voisine de Luna, témoigna t-elle. Hier soir, juste après l'accouchement de ta femme j'ai dû m'occuper de la sienne. Son mari avait allumé la télévision pour regarder le quidditch, il avait même apporté le drapeau de son équipe et il a chanté si fort qu'on a dû le menacer de le mettre dehors s'il n'arrêtait pas..
- Wouah, j'ai l'impression que les hommes sorciers ne sont pas très différent des moldus, remarqua Evanna sur un ton jaseur.
- T'as le droit d'être ici, toi au faite ? demanda soudain Ron à la moldue, comme s'il venait tout juste de remarquer sa présence.
- Je ne sais pas.. répondit cette dernière en haussant les épaules. Mise à part vous, c'est pas comme si on savait que je ne suis pas une sorcière, ici.
- Je n'ai pas entendu ça, dit Harry en se levant de table sans lui jeter un regard, repartant vers le bar. »
Hermione se mordit les lèvres à cette remarque. Elle n'appréciait toujours pas l'attitude du brun vis à vis de son amie. Elle adressa un sourire rassurant à cette dernière. Si un membre du ministère venait ici et la reconnaissait, ils auraient des ennuis. Travaillant lui-même au ministère, Harry devrait normalement la dénoncer.
Ce qu'il savait n'avoir pas intérêt à faire s'il ne tenait pas à subir ses représailles. Evanna était bien une des rares personnes pour qui Hermione acceptait de contourner le règlement.
Une édition récente de la Gazette reposait sur un coin de la table, que l'on fit aussitôt disparaître pour ne pas embarrasser la jeune femme. Apparemment, tout le monde l'avait lu à l'heure qui l'est, et ses proches se demandaient maintenant si ce que le journal disait sur Harry et elle était vrai..
A l'instar de la veille, Hermione agissait comme lorsqu'elle avait découvert les sorciers aux infos et plaisantaient avec ses amis, dissimulant son inquiétude avec brio. Pourtant, elle suivit du coin de l'oeil Harry qui se dirigeait vers le bar, repensant à la vidéo qu'elle avait visionné quelques heures plus tôt.
Que penser de lui, à l'heure actuelle ? La sorcière aurait juré voir l'honnêteté dans ses yeux lorsqu'il s'était repenti dans la forêt, accroupi devant elle. Il y avait désormais des preuves solides de la manipulation de Bellatrix, raison pour laquelle la seule chose envisageable pour le moment était de garder la tête haute, et de ne pas faire de conclusion hâtives.
Evanna harcelait Ron de questions à propos des équipes de quidditch qui allaient s'affronter ce soir. Ils avaient prévu de se retrouver ici pour regarder ensemble le second match de la coupe de la ligue diffusée dans le pub. Ron allait jouer dans une semaine. La soirée en perspective n'enchantait pas Hermione, qui ne savait pas encore si elle allait pouvoir assister au match de la semaine prochaine à cause du travail.
« - Quand je pense que je n'ai acheté qu'un seul cadeau, se lamenta t-elle en jetant un oeil à son présent.
- En parlant de cadeau ! lança la moldue. »
Evanna posa son sac sur la table et en sorti un petit paquet empaqueté dans un papier métallisé. Avant que la sorcière ait pu répliquer quoi que ce soit, son amie lui expliqua.
« - Je sais que ce n'est pas encore ton anniversaire, se défendit-elle en levant la main. J'ai seulement pris un peu d'avance.. J'ai pas pu résister.
- Qu'est-ce que tu mijotes, toi encore ? demanda Hermione avec un sourire en coin, l'air faussement méfiante tandis qu'elle s'emparait de l'objet. »
Elle entreprit de le déballer lorsqu'elle prêta attention à la marque du produit.
« - Tu n'as pas osé ? demanda cette dernière en relevant les yeux pour la fusiller du regard.
- Si ! répondit la moldue fière d'elle. Je sais à quel point tu les adore.. »
Elle retira les derniers vestiges de papier pendant qu'Evanna se mordait la lèvre en faisant un roulement de tambour sur la table avec ses mains.
« - Oh non, se plaignit Hermione en ôtant le couvercle de la boîte, dévoilant un téléphone portable flambant neuf.
- Tada ! s'exclama la moldue en écartant les bras.
- C'est quoi ce truc ? demanda Ron avec des yeux ronds. On dirait une version minuscule de vos télévisions.
- Ne me mens pas, je sais que tu en rêvais, dit son amie d'une voix rauque. »
Un de ces smartphones qu'Hermione détestait tant.. Chaque année, Evanna avait pour habitude de lui offrir un cadeau d'anniversaire alors que ce dernier était passé depuis un moment, où bien lorsqu'il n'avait même pas encore eut lieu. Elle avait complètement oublié ce détail.
Et vu la présence d'Harry et Ron, heureusement qu'elle ne lui avait pas fait le même cadeau que l'an dernier.
« - Alors ça.. il ne fallait pas, dit Hermione en rentrant dans son jeu. Viens par là, toi ! »
La sorcière se leva de table pour contourner cette dernière, une lueur vengeresse dans les yeux et se rapprocha d'Evanna, qui voyant ce qu'elle s'apprêtait à faire, secoua vigoureusement la tête de droite à gauche.
« - Non, pas ça ! fit la moldue, sa voix étouffée par les bras d'Hermione qui la serrait de force contre elle. »
Ginny haussa un sourcil mais ne commenta pas, pendant que Ron s'amusait de la scène. Harry choisit ce moment pour revenir.
« - J'ai manqué quelque chose ? interrogea ce dernier en les regardant faire sans comprendre. »
Il se rassit à la seule place qu'il restait, juste en face d'Hermione qui regagnait sa place.
Obnubilé, il se fit la réflexion qu'il n'avait pas dû faire très bonne impression toute à l'heure dans ses habits sales.
Il se demanda si sa chevelure châtain avait toujours eu ces reflets dorés.. ces derniers retombaient en ondulations sur ses épaules, et ses yeux sombres cernés de noir contrastaient avec sa peau claire. Hermione n'avait jamais porté beaucoup de maquillage, et elle n'en avait pas besoin. Mais à la voir à présent comme cela, il ne put s'empêcher de trouver un charme fou aux quelques taches de rousseur parsemant le haut de ses joues. Le cache-coeur noir qu'elle portait mettait ses formes en valeur, et ses yeux dévièrent malgré lui vers son décolleté, dont le tissu laissait deviner la forme de son soutien-gorge.
Il se racla la gorge.
« - Tu as manqué ma tentative d'égorgement, l'accusa Evanna d'un ton boudeur.
- Pauvre chérie, susurra Hermione, faussement compatissante.
- J'ai eu la même idée il y a quelques années, confessa Ginevra. Quant je suis entrée à Ste Mangouste je n'avais plus de temps pour moi et je ne voyais plus personne, alors j'ai offert à tout le monde un téléphone moldu. C'est très pratique !
- Je m'en passerais bien, en ce qui me concerne ! lança Ron qui ne tarda pas à recevoir un coup de la part de sa soeur.
- Vous savez maintenant pourquoi elle est toujours au courant des derniers ragots, rajouta Harry.
- Tu es le premier à faire la commère, d'habitude ! répliqua Ginny à son encontre. »
Dépenser son premier salaire dans de la technologie moldue.. Hermione comprit comment Tonks et la rousse pouvaient discuter aussi souvent malgré leur emploi du temps chargé.
« - On est ici, Neville ! s'exclama Ginny en levant le bras pour appeler ce dernier, qui venait tout juste d'entrer dans le pub et ne les voyait pas. Professeur Londubat ? »
A ces mots, Neville sembla réagir instantanément et les repéra enfin. Hermione ignorait qu'il devait les rejoindre. Apparemment, c'était également le cas de l'auror en face d'elle, dont elle nota l'étrange réaction.
Le « professeur Londubat » se joignit à eux.
« - Salut, les gars, lança t-il. Au faite Ron, félicitation vieux ! ajouta t-il énergiquement en secouant affectivement l'épaule du rouquin en passant derrière lui, avant de venir s'asseoir en bout de table. Comment va Luna ?
- Bien, fit Ron sur le ton de la conversation. Elle se repose, pour l'instant. Et toi alors, avec Pansy et.. heu..
- Petrova, ébruita Ginny.
- Voilà, c'est ça ! dit-il en pointant sa soeur du doigt.
- Ça va, déclara le professeur. Fatiguant, je dois dire.
- Tu m'étonnes, répliqua Evanna. Je sais pas ce que vous avez tous à faire des enfants aussi tôt..
- Le seul problème c'est qu'ils ne nous restent que quelques semaines, continua leur ami. C'est bientôt la rentrée à Poudlard, et on ne pourra plus autant profiter d'elle. »
La rentrée à Poudlard. Ce léger détail fit sourire la jeune femme. Ça faisait ressurgir tant de souvenirs..
« - Je propose que l'on porte un toast aux deux nouveaux pères, qui vont en baver d'ici quelques jours ! proposa Ernie en ramenant les dernières commandes. On leur souhaite bien du courage..
- Ça, tu l'as dis, renchérit Harry en levant un sourcils. »
Hermione remercia Ernie MacMillan et saisit son lait à la citrouille qu'elle porta à ses lèvres sans attendre. Ce dernier saisit un tabouret qui traînait par là et le plaça en bout de table juste à côté d'elle. Il resta debout tandis que tout le monde levait son verre au dessus de leur tête, attirant l'attention des autres clients du Chaudron Baveur.
« - Aux nouveaux parents ! s'exclama t-il en haussant la voix. A Pétrova ! Et à.. »
Tous se tournèrent vers Ron en attendant la suite. Qui tardait à venir.
«- Vous ne leur avez pas encore donner de prénoms ? en conclut Hermione, consternée.
- On n'a pas encore décidé, admit Ronald. Luna voulait Lorcan, ou Lysander si c'était un garçon, mais je trouvais ça affreux. Mais au faite ! reprit-il en se tournant vers son voisin de table. Neville ! Tu voudrais pas être le second parrain, avec Harry ?
- Heu.. Pourquoi pas ? répondit celui-ci, pris de court. Oui.. Evidemment que je serais ravis d'être parrain ! »
Evanna baissait la tête en s'esclaffant. Elle posa une main sous son coude, soutenant son bras qui se faisait lourd à force de lever son verre.
« - Bon, on le fait ce toast ou pas ? s'exclama t-elle à vive voix en relevant la tête.
- Avant que le match commence, dit Ernie en faisant rire tout le monde.
- Aux jumeaux et à Pétrova ! entonna Evanna à toute la tablée. »
Hermione ne put empêcher de rire à son tour et répéta ses mots en même temps que les autres. Lorsqu'elle s'y mettait, la moldue avait le don de motiver les gens comme personne.
Alors qu'ils reposaient leur verres, deux filles se lèvent d'une autre table un peu plus loin. Hermione vit la main d'Ernie venir tapoter le bras d'Harry sous la table.
« - Hé vieux, regarde qui est là.. L'entendit-elle maronner à voix basse. »
Subtilement, elle les observa alors du coin de l'oeil et reconnu Astoria et Daphné Greengrass se dirigeant vers le mur en briques, surement pour regagner le chemin de traverse. Harry détourna le regard, embarrassé et reporta les yeux sur son verre. Il avait reprit l'attitude de l'auror fermé et intransigeant, celle qui rendait les traits de son visage plus dures et intimidants, et qui avait le don de la désarçonner.
D'après ce qu'elle avait entendu, les nouvelles recrues du quartier général étaient du même avis.. Connaissant sa vraie nature, celle du Harry bon et dévoué était toujours déconcertée de voir le masque qu'il s'était composé ressurgir ainsi.
Hermione demeura immobile et fit mine d'écouter Neville bavasser avec Ron de ce qui les attendait. A l'intérieur, elle eut la sensation d'être en prise dans un étau, et la jalousie qu'elle repoussa le plus longtemps possible finit par pointer le bout de son nez.
S'agissait-il d'Astoria, ou de Daphnée ? Pas besoin de preuve pour deviner qu'il s'était passé quelque chose entre Harry et l'une d'elles. En effet Hermione.. pendant toutes ses années le monde des sorciers a continué à tourner sans toi, songea t-elle, trouvant sa réaction stupide et immature. Qu'est-ce que tu croyais ?
« - Hermioone, insista gentiment Evanna postée à l'autre bout de la table, remarquant son absence. »
- Pardon ! s'excusa la brune aussitôt en surgissant de ses pensées. Qu'y a t-il ? »
La moldue, extrêmement perspicace quand il s'agissait de lire les gens ne tarderait pas à voir qu'elle feignait d'aller bien.
« - Neville aussi à quelque chose pour toi, figure-toi !
- Comment ça ? »
Le professeur de botanique lui tendit un livre. Encore un cadeau ? Elle s'en empara avec curiosité et lut le titre:
Atlas de botanique au temps des fondateurs, Recueil illustré des plantes cultivées par Poufsouffle
« - Neville.. c'est vraiment..
- C'est un exemplaire de mon premier livre, lui expliqua t-il modestement. Il va bientôt sortir mais je voulais que tu sois la première à l'avoir.
- Vraiment ? Eh bien, merci dans ce cas. Je le lirais.
- J'y compte bien ! Ça fait longtemps que je voulais le terminer pour le faire publier, et depuis tes récentes découvertes à Poudlard, j'ai pu l'illustrer avec des clichés du laboratoire de Poufsouffle. »
Ce fut d'un sourire sincère cette fois qu'elle le remercia. Ce geste eut le don de lui réchauffer le coeur.
Harry émit un rire chaleureux, contrastant avec l'attitude de plus tôt.
« - Avec un livre, tu ne peux pas faire d'erreur, plaisanta t-il. J'en connais une qui devrais en prendre de la graine, n'est-ce pas Evanna ? »
Mais alors que celle-ci lui tirait la langue, les gens commencèrent à tourner leur chaise vers l'écran magique qu'Hannah était en train de faire apparaître. Le Chaudron Baveur s'anima aussitôt le match commencé. Hermione s'absenta dans un coin, faisant mine de lire le livre que Neville lui avait offert.
...
Quelques minutes plus tard, assis au bar et un bras posé dessus, Harry suivait avidement le match, un sourire de gamin aux lèvres. Pendant qu'Hannah montait le son à l'aide de sa baguette, il se fit la réflexion qu'une soirée comme celle-ci était trop rare.
Ron était debout juste derrière lui, une main sur son épaule et poussait déjà des exclamation avec sa soeur en direction de l'écran. Seamus les avait rejoint et faisait des paris sur l'issue du match avec Neville. Il avait noué autour de ses épaules le drapeau de l'équipe irlandaise, même si ce n'était pas celle qui jouait ce soir. Ernie essayait de suivre tout en continuant d'assurer le service, et faisait des aller-retour incessants entre le bar et les tables des clients qui se faisaient plus nombreux.
Seul Hermione était absente. Un sourire étira les lèvres du survivant. On pouvait être sure qu'elle était quelque part dans un coin en train de lire son bouquin. Son interêt pour le match diminua légèrement et il tourna la tête un instant pour la chercher des yeux. Il ne la vit pas à leur ancienne table. Etait-elle déjà rentrée à son appartement ?
Sa bonne humeur laissa la place à l'impatience et à la déception. Le match pouvait bien attendre. Il délaissa son siège qui ne tarda pas à trouver un nouveau propriétaire et s'éloigna du groupe près du bar.
Elle s'était installée sur le rebord d'une fenêtre, bien cachée derrière les arcades en pierre. Le noeud dans son estomac se dénoua automatiquement. Oui, ce genre de soirée lui manquait. Même lorsqu'elle ne se joignait pas à la fête et préférait s'isoler dans un coin. Il pouvait prétendre ce qu'il voulait, le lien farouche qui l'avait toujours lié à Hermione était encore là.
S'il l'avait toujours considéré comme un membre de sa famille, il n'avait pas réalisé dans quelle mesure elle était importante pour lui. Lorsqu'elle était partie, il avait eu la sensation qu'on lui arrachait une partie de lui, peut-être n'avait-il pas compris à l'époque toute l'étendue de son affection pour elle.
Quel idiot il était, de ne rien comprendre aux sentiments..
Doucement, il s'approcha d'elle et tenta un sourire dans sa direction, mais sa réaction ne fut pas celle qu'il espérait. Elle se contenta de regarder d'un air suspicieux le verre qu'il tenait dans sa main.
« - Si tu comptes m'offrir à boire cette fois, je vais devoir en vérifier le contenu, remarqua t-elle d'un air purement hermionesque.
- Hermione.. commença t-il d'un air résigné en regardant son verre. »
Elle referma brusquement son livre. Signe pas du tout engageant.
« - Okay, obtempéra t-il en soupirant, posant le verre sur le rebord de la fenêtre juste à côté d'elle. Je vois que ce n'est pas le bon moment.
- Le bon moment pour quoi ? demanda t-elle en posant le plat de ses mains sur le livre de Neville. Pour expliquer ce que tu as fais à cet homme que j'ai vu sur internet ?
- De quoi ? dit-il d'un coup sans s'y attendre. Quand ça, exactement ?
- Pas plus tard qu'aujourd'hui, à mon travail, expliqua t-elle factuelle. Tu serais surpris des vidéos que les moldus publient sur le net ces derniers temps en ce qui concerne votre monde.»
Sans savoir précisement pourquoi, ces mots le heurtèrent plus que de raison.
« -..Votre monde ? s'offensa t-il à voix basse. Tu en fais partie autant que nous !
- Ecoute, je ne veux pas recommencer à me disputer avec toi, dit-elle en se levant du rebord, voyant la dispute qui s'en venait. Je suis fatiguée Harry, fatiguée de me demander qui tu es.. »
Harry posa une main sur l'arcade juste à côté, l'empêchant de lui passer devant. Il n'avait pas du tout envi qu'elle s'en aille !
« - Toi écoute ! dit-il alors. Ce n'est pas ce que tu crois.. Je ne sais pas ce que tu as vu, mais il faut que j'en sache plus sur ces vidéos. »
Hermione tourna un regard effaré vers lui.
« - Tu comptes me convoquer à un de tes interrogatoire, c'est ça ? On dirait que je suis un témoin dérangeant à tes yeux.. Oh, eh bien dans ce cas je suis sure que le ministère serait ravis d'en savoir plus sur les méthodes de travail des aurors ! fit-elle mine de se ravir en haussant la voix pour qu'on l'entende. Surtout lorsqu'il s'agit d'obtenir des réponses ! »
Un premier but avait été marqué et il y avait tellement de bruit qu'elle avait crié pour rien.
« - Je t'ai déjà dis que ce n'est pas ce que tu crois, s'énerva t-il toujours à voix basse, même s'il savait que ça ne servirait à rien.
- Je ne te crois pas, fit-elle simplement. »
Elle ne pourrait donc plus jamais lui faire confiance. Cette avoeux fit naitre un noeux dans son estomac.
« - Je peux comprendre, dit-il en soupirant, la contournant pour s'asseoir à son tour sur le rebord de la fenêtre. Je sais que ça parait louche, mais je ne peux rien te dire.»
Elle put voir une fois de plus la culpabilité dans ses yeux et la tristesse sur son visage, lui assurant qu'il ne mentait pas.
Appuyant l'arrière de sa tête contre la fenêtre, les yeux d'Harry tombèrent sur ses lèvres, et une lueur passa dans ses yeux émeraudes. Hermione serra son livre contre sa poitrine. Si elle ne s'était pas jusque là senti isolé, le coin dans lequel elle s'était réfugié semblait s'être rétréci maintenant qu'ils y étaient tous les deux. La tension sournoise qui la narguait en sa présence était revenue. Son côté rationnel lutta pour conserver son calme, mais sa poitrine se souleva rapidement tandis qu'elle soutenait son regard.
« - C'est Bellatrix qui t'a demandé de le faire ? demanda t-elle plus doucement. C'était sous son contrôle ?
- Je suis bien parti pour redevenir suspect de ton affaire, on dirait..
- En effet, oui. »
Heureusement qu'elle ne pouvait pas lire dans ses pensées.. Il ne pouvait décemment pas lui dire la vérité. Pas avec la position qu'il occupait actuellement au ministère.
Il en avait assez que tout soit si compliqué entre eux..
Etre aussi près d'elle était une torture, et durant un bref instant, un souvenir du cachot ressurgit dans son esprit, et il se revit aplatis contre elle.. Rien que cette image suffit à le perturber.
Jamais désirer autant quelqu'un ne lui avait paru si effrayant.
Il se sentit soulagé qu'on vienne les interrompre, cette fois. Ron avait déjà bu quelques bières. Il déboula entre eux avec son énergie enthousiaste et posa à chacun une main sur l'épaule.
« - Je suis rassuré de ne pas vous retrouvez en pleine dispute ! Seamus veut allez faire la tournée des bars moldus à la fin du match, qu'est ce que t'en dis, Harry ? Hermione, j'imagine que ce n'est pas la peine de te demander..
- Non en effet, admit celle-ci alors qu'il les ramenait vers le bar bruyant.
- Ah, c'est comme tu veux.. Cela dit, tu devrait te dépêcher de trouver un mec avant d'atteindre la trentaine, lui conseilla t-il plus bas. Il parait que les femmes après cet âge ne peuvent plus procréer aussi bien.. Tu sais, l'horloge biologique et tout ça ?
- Oh.. merci Ronald ! Je tâcherais de m'en rappeler, se contenta de répondre la sorcière, même si le plaisir n'y était pas.»
Hermione secoua la tête. Au fond, on ne changeait pas quelqu'un comme Ron. Même lorsqu'il cherchait à être de bon conseil, le tact n'était pas son fort.
Le match occupa les garçons et Ginny le reste du temps.
« - Je file, vint chuchoter Evanna à l'oreille de la sorcière un peu avant la fin du match. C'était une soirée sympa.
- La match ne t'as pas vraiment emballée, devina la jeune femme compréhensive.
- Non pas du tout ! répondit la moldue. C'est juste que.. j'ai un truc important à faire.
- Ah ? »
Hermione voyait bien que son amie tenait à lui en dire le moins possible, aussi ne chercha t-elle pas à insister. La photographe lui fit une rapide bise sur le haut du crâne et fit un signe de la main aux autres avant de se diriger vers la sortie.. et vers un homme.
Un sorcier.
Exactement ce qu'elle avait redouté.
« - Apparemment, elle ne tient pas à te le présenter, remarqua Ginny alors qu'elle les regardait partir. C'est Gabriel, un des aurors du mariage.
- Oui, je me souviens de lui, dit-elle d'un air absent. »
Non pas qu'elle soit contre les relations entre sorciers et moldus, mais Hermione ne pouvait s'empêcher de se sentir directement responsable vu le rôle qu'elle avait joué, en ayant introduit Evanna au monde des sorciers.
Ginny s'aperçut de son malaise.
« - Allez, t'en fais pas va ! fit-elle en passant un bras par dessus son épaule. Si c'est juste l'histoire d'un soir..
- Je l'espère, répondit la brune en se levant pour enfiler sa veste. Bon, je dois filer moi aussi, je me lève tôt demain.
- Tu sais, repris Ginevra en croisant les bras. On aura pas l'air de l'espionner si on la suit où elle va pour s'amuser.. ou juste prétendre de le faire.
- Espionner ma meilleure amie.. J'aurais l'air de quoi ? »
Le match se termina, mais les deux femmes n'en avaient que faire. Elles laissèrent les sorciers à leurs ruminations sur le piètre jeu de l'équipe favorite qui avait perdu.
« - C'est elle là-bas, non ? la repéra Ginny à peine cinq minutes plus tard tandis qu'elles marchaient côte à côte dans le Londres moldu. Ils sont entrés dans ce bar..
- On ne devrait pas faire ça, essaya de se raisonner Hermione.
- Et moi je ne suis jamais entrée dans un endroit moldu ! la contra Ginevra en la tirant par le bras. »
Hermione se souvint qu'elle avait horreur des endroits où il y avait trop de musique, comme les discothèques elle avait toujours eut du mal à s'acclimater au bruit, et elle s'imagina dans son lit avec un bon livre, où sur son ordinateur..
Fort heureusement, la musique était présente mais l'endroit était beaucoup plus tranquille qu'une boîte de nuit. Sans se douter de rien, Evanna et Gabriel partirent s'installer dans un coin; Hermione put voir qu'elle lui sortait le grand jeu.
La perspective de l'espionner ne l'enchantait guère, alors elle laissa Ginny à cette tâche. Pour l'instant un groupe de jazz jouait un morceau. L'ambiance tamisé était plus intime. Ginny à sa suite, Hermione se dirigea sans grand entrain vers le bar où elles montèrent sur de grand tabourets. Enjouée, la rousse se laissa envahir par les lieux, tandis que la journaliste vérifiait si elle avait assez de monnaie pour deux.
« - Je t'offre un verre ? proposa t-elle d'un ton séducteur pour plaisanter. »
D'un clin d'oeil, la soeur de Ron accepta volontiers pendant qu'un barman se postait devant elles.
« - J'ai vu les soeurs Greengrass avant le début du match, dit Hermione un peu plus tard alors qu'elles s'emparaient de leur commande qu'on venait juste de leurs déposer.
- Et ? demanda Ginny tout en sirotant son cocktail.
- Et.. J'ai comme eut l'impression qu'Ernie et Harry les connaissaient plutôt bien.»
La rousse reposa son verre avant de se tourner vers elle.
« - Dans ce cas, déclara t-elle. Il vaut mieux que je te dise ce qu'il s'est passé avant que tu ne l'apprennes à un autre moment de la bouche de quelqu'un d'autre..
- Quelqu'un comme Ron ? devina la brune.
- Où toute autre personne dénué de sentiments, précisa t-elle. Alors voilà.. Harry a été fiancé à Daphné, il y a trois ans, lâcha t-elle enfin le morceau. »
Rien que ça.
« - Comme tu t'en doutes, ça ne s'est pas très bien terminé entre eux, poursuivit Ginny en l'observant attentivement. Les parents de Daphné ne l'ont jamais accepté. Ils ont même faillit poursuivre en justice la Gazette pour qu'ils arrêtent d'en parler autant..
- Harry a dû apprécier, commenta Hermione.
- Il n'en a rien laissé paraître, en tout cas, fit Ginevra. Il s'est refermé sur lui comme une huitre, ce n'était même pas la peine d'essayer d'en parler.
- Wouah..
- En effet, confirma t-elle. »
La rouquine ne tarda pas à s'attirer les faveurs d'un moldu qui l'invita à danser, ce qu'elle ne refusa pas. Ginny assura rapidement à l'oreille de son amie qu'elle ne rentrerait pas avec, et se laissa guider par l'homme au milieu de la piste.
Après la semaine de festivité qu'elle avait eut, Hermione ne comptait y aller fort sur l'alcool. Pas alors qu'une rude journée de travail à rattraper l'attendait demain au bureau.. elle revit dans un flash Evanna danser sur une fontaine de l'école et ne put s'empêcher de rire.
Un nouveau chanteur monta sur scène, et la sorcière pivota sur son siège pour écouter le futur morceau, qu'elle fut étonnée de connaître. Elle se laissa envahir par l'ambiance tout en continuant de siroter sa boisson.
« - Baby came home today.. Told me to stay away.. She told me her man was afraid.. Told me I better behave, chantonna t-elle en même temps que le chanteur. »*
Vers la fin de la musique, elle avait juste assez bu pour se sentir bien, et elle mit un temps avant de remarquer que le barman l'observait. Elle retient un rire.
« - J'aime bien cette musique, dit-elle en fermant les yeux, se mouvant légèrement de droite à gauche avant de les rouvrir en lui souriant.
- Je vois ça, commenta ce dernier en lui retournant son sourire. »
Elle repensa à la fois où elle avait tenté d'aborder pitoyablement un barman gay, et faillit un fois de plus se retrouver à rire toute seule.
Quelques minutes passèrent.
« - Vous allez pas rester toute la soirée à danser assise sur ce tabouret ? intervint à nouveau le barman, à sa surprise. Je vous invite à danser ? »
A sa plus grande surprise encore, elle accepta.
Il contourna le bar et s'empara de sa main. Elle le suivit jusqu'au centre de la pièce et il se tourna vers elle, et ils se rapprochèrent pour entamer un slow, ou quelque chose qui y ressemblait. Bien qu'il ne soit pas du tout son genre, le moldu n'était pas désagréable à regarder. Juste un peu trop percé et tatoué à son goût. Malgré tout, il parvint d'une facilité étonnante à la mettre à l'aise.
Alors qu'il s'avançait vers elle, les lumières tamisées le firent apparaître plus en détails. Ses cheveux châtain clairs étaient coiffés dans tous les sens avec du gel. Il baissa son visage vers elle, et Hermione retint son souffle lorsqu'il plongea ses yeux verts dans les siens.
Un mélange de désir et de tendresse s'empara d'elle. Il prit sa main pour la faire tourner, et elle se retrouva collée de dos contre lui. Elle ferma les yeux et ne put s'empêcher d'imaginer Harry lorsqu'il glissa son visage dans son cou.
La sensation d'euphorie lui monta à la tête sans doute, car lorsqu'elle se retourna elle prit l'initiative de l'embrasser.
Attendez une minute… Quoi ?
Elle mit un terme au baiser aussi rapidement qu'elle avait commencé.
« - Je suis désolée, je sais pas ce qu'il m'a prit, balbutia t-elle.
- Pas de problèmes..
- Eh, Hermione ! s'exclama une voix familière à sa gauche. Qu'est-ce que tu fous ici ? »
Le barman repartit au bar et repris son travail. C'était sans doute mieux comme ça !
La jeune femme se reprit et attira Evanna dans un coin. Elles risquaient avoir du mal à s'entendre avec le bruit. En quittant la piste, elles passèrent à côté de Ginny qui ne les vit pas.
Une fois dans la rue, Hermione tenta de lui expliquer avec le plus de tact possible ce qu'elle se sentait obligé de lui dire.
Elle pencha son visage vers le sien.
« - Ecoute moi bien, fit en reprenant son souffle. Tu ferais mieux de faire attention avec ce sorcier.. Je sais que ça va te sembler dingue mais ce n'est pas recommandé de se mélanger avec eux lorsque l'on ne vient pas du même monde.
- Qu'est-ce que tu es en train de me dire ? relativisa la moldue. Entre « races » on ne se mélange pas, c'est ça ? Où est le problème si je veux sortir avec un sorcier ?
- Ce n'est pas ce que je veux dire, obtempéra la journaliste. Ce n'est pas vraiment interdit, et pour tout te dire, ça arrive plus souvent que tu ne le crois, ce qui pose problème c'est que..
- Ce qui pose problème ceux sont les propos que tu tiens, argumenta son amie en s'entêtant. A t'entendre on ne dirait pas que tu viens d'embrasser un moldu, ni que Ginny est actuellement en train de danser avec l'un d'eux..
- Ce n'est pas pareil, tenta t-elle misérablement. Je vis dans ce monde depuis plus de dix ans, alors..
- Ecoute, l'interrompit la jeune femme en commençant à perdre patience. Je préfère mille fois une relation compliquée et inhabituelle avec un sorcier plutôt que celle tordue que tu as avec Harry, à mon sens c'est beaucoup plus sain pour le moral ! »
Elle voulu la laisser là et repartir à l'intérieur, mais elle s'en empêcha et se tourna vers elle, commençant à se sentir coupable. Hermione retenait sa colère avec grande peine.
« - Excuse-moi, je n'aurais pas dû dire..
- Amuse-toi bien, Evan, la coupa alors la sorcière en la laissant là.
- Hermione ! cria t-elle tandis que celle-ci s'éloignait dans la rue. »
Elle songeait à prendre un taxi pour enfin rentrer chez elle, et finir la soirée comme elle l'avait souhaité en premier lieu : installée confortablement dans son lit, avec une tisane et un bon livre.
C'était sans compter sur Ginny -dont elle avait au passage oublié l'existence- qui l'interpella deux minutes plus tard de l'autre bout de la rue.
«- Bon sang, mais où ai-je la tête ? s'exclama Hermione alors que la rousse la rejoignait. Je suis désolée Ginny !
- C'est bon, passa son amie d'un geste de la main digne de sa mère. Je vous ai entendu vous accrocher au sujet d'Harry..
- Harry, soupira t-elle. Un de ces quatre il va finir par me rendre folle. »
Même si elle persistait à conserver un esprit rationnel. Plus elle luttait, plus elle échouait. Embrasser un type juste parce qu'il lui ressemblait.. non mais qu'est-ce qu'il lui avait prit ?
Ginny insista pour ne pas prendre de taxi, aussi se promenèrent-elles dans le Londres moldu sur le chemin du retour. Sans se soucier de ce qu'elle venait de laisser échapper, Hermione dénicha le parc dont elle avait tant parler à sa meilleure amie. Celui dans lequel elle avait souvent aperçu des fées lorsqu'elle venait s'y poser pour lire. Evidemment, elle faisait surement parti des seules personnes à les voir.
Elles s'assirent sur un banc et entamèrent une conversation, avant que celle-ci ne soit interrompue par l'irruption de l'arrosage automatique. Elles se levèrent avec précipitation et s'éloignèrent dans un fou rire commun, avant de s'installer un peu plus loin sur la pelouse, où elle se couchèrent directement dessus.
Ce qui les ramena des années en arrières, lorsqu'elles n'étaient encore que des adolescentes qui passaient leurs soirées d'été à regarder les étoiles dans le jardin du terrier, étendue chacune dans des sens inverses, leur tête reposant l'une à côté de l'autre.
Les rares étoiles visibles en ville dégageaient une faible lueur. Retrouvant son entrain habituel, Ginny emprunta à la brune son nouveau smartphone qui attisait toujours sa curiosité.
« - Tu te souviens du conseil que tu m'avais donné après le tournois des sorciers ? demanda la rousse d'une voix plus réservée.
- Hum..
- Eh bien, je suis convaincue que peu importe moldu et sorcier, la vie est trop courte, poursuivit-elle. Y compris pour Harry et toi. »
Hermione aurait voulu se sentir touchée par ses paroles, mais les soupçons qu'elle entretenait envers Harry rendaient la tâche difficile.
« - Il s'est passé beaucoup de choses Ginny, se contenta t-elle d'expliquer. Tu ne sais pas tout.
- Peu importe ! renchérit la médicomage. Quand une relation est vraiment impossible, la vie ne nous pousse pas sans arrêt l'un vers l'autre. Je sais de quoi je parle. »
La journaliste tourna silencieusement sa tête vers elle dans une demande implicite. Ginevra poussa un bref soupire résigné.
« - J'ai.. peut-être à un moment donné ressenti de l'attirance pour quelqu'un d'indisponible. Et pourtant, c'était un sorcier. »
Il y eut un moment de silence.
« - Donc, repris Hermione en se plaçant sur le côté pour lui faire face. Au mariage, avec Drago..
- Je n'ai pas envi d'aborder le sujet maintenant, coupa t-elle plus sèchement qu'elle aurait voulu.
- Ah, dit la brune sans rien ajouter de plus. »
On pouvait désormais apercevoir de douces lueurs vertes et dorées danser un peu partout dans le parc, sans doute les fées qui se joignaient à la soirée. Mais elles étaient si petites qu'on ne les distinguaient pratiquement pas. Hermione les soupçonnait d'être à l'origine de l'arrosage automatique qui s'était déclenché sans raison apparente.
Une entêtante odeur de fleur se répandit dans l'air.
Oubliant ses suspicions, Hermione se sentit tout à coup.. étrangement euphorique et audacieuse. Laissant échapper un gloussement, elle reprit le téléphone des mains de son amie.
« - Qu'est-ce que tu fais ? s'étonna la rousse.
- Je suis tes conseils, répondit-elle. »
Elle se coucha sur le dos et ouvrit une application écriture, pendant que Ginny haussait les épaules et fermait les yeux. Elle les rouvrit quelques minutes après en la sentant se tortiller à côté d'elle, riant d'un air sardonique.
« - Tu n'aurais pas continué de boire sans moi quand je t'ai laissé à ce bar, tout à l'heure ? l'interrogea t-elle. »
Se mettant à son tour sur le côté, Ginevra tendit la main pour tourner le téléphone dans sa direction et lire ce qu'elle écrivait.
Elle rejoignit bientôt Hermione dans son fou rire.
« - Ce n'est pas exactement le conseil que je t'ai donné.. Je te conseillerais plutôt de ne pas envoyer ce message, tu vas surement le regretter demain matin ! »
Aucune des deux ne remarqua les fées rire autour d'elles.
Chapitre 36
1998, quelques mois après la bataille finale :
« - Et vos recherches, elles en sont où ? demanda Rémus.
« - Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle ai fait ça ! s'emporta Harry sans lui répondre alors qu'il se tournait vers lui. »
Le loup-garous l'écoutait en silence et gardait son calme, assit sur un canapé. Harry était chez les Lupin. On entendit un « chut » provenant de l'étage, sans doute Tonks qui essayait d'endormir Teddy, à l'époque âgé d'un an.
« - On abandonne pas ses amis comme ça ! continua t-il en faisant un geste du bras. Son copain non plus d'ailleurs.. »
Un autre « chuuut » retentit là-haut, pendant que Remus l'observait les sourcils froncés, un air intrigué sur son visage cerné.
« - Tu sembles prendre la défense de ton ami avec acharnement, remarqua t-il, le visage relevé vers lui.
- Ouais.. et alors ? demanda le jeune homme évasif, détournant le visage vers la fenêtre du salon.
- Oh, et bien.. Je trouve cela approprié comme attitude ! Encore faudrait-il que cette réaction vienne du principal concerné, du petit-ami en question, insista t-il sur les derniers mots. »
Les sourcils froncés, le jeune homme se tourna vers lui avec un air hautain (ce qui n'était pas commun chez lui).
« - Faut que j'y aille, dit-il finalement en filant vers l'entrée. »
La seconde d'après on entendit la porte claquer et Rémus était toujours dans le salon, assis sur le canapé. Sa femme descendit les escaliers alors qu'il riait dans sa barbe inexistante, se cachant les yeux d'une main.
« - La prochaine fois qu'Harry débarque pendant la sieste de Teddy en faisant un tel boucan, il aura droit à un maléfice qu'il n'oubliera pas de sitôt, lança l'auror sur les nerfs. Qu'est-ce qu'il te voulait ?
- Oh ! Rien.. Comme d'habitude. Il est venu me donner des nouvelles de ses recherches, répondit brièvement son mari sans la regarder, toujours avec ce sourire amusé.
- Ils n'ont toujours pas retrouvé Hermione ? demanda cette dernière défaite. »
Son mari secoua négativement la tête. Ce qu'il venait de se produire surprenait encore le lycanthrope. Le comique de la situation, c'est qu'il avait assisté à la même scène dans sa jeunesse, celle dans laquelle James adolescent s'était énervé pour la énième fois, parce que Lily Evans avait une fois de plus repoussé ses avances. Harry ne se doutait pas un seul instant que le spectacle qu'il venait de lui donner, c'était du James Potter tout craché. La même posture droite et fière, sa façon d'éluder les questions.. à la seule différence que le père, contrairement au fils admettait plus facilement ses sentiments.
Un sourire apparut sur ses lèvres à nouveau, mais cette fois-ci il s'agissait plus d'un sourire nostalgique.
Tandis que sa moitié remontait les escaliers au son des pleurs de son fils, il se résolut finalement à quitter son fauteuil pour la rejoindre. Une fois debout, il s'immobilisa quelques secondes en glissant les mains dans ses poches et observa une vielle photo encadrée sur le mur en face de lui. Un cliché du premier Ordre du Phoenix où apparaissait ses anciens amis.
« - Qui aurait cru qu'il tiendrait ça de toi Lily, dit-il, un sourire en coin. L'incapacité d'admettre ses sentiments ? »
Il secoua la tête en se désintéressant du cadre avant de quitter la pièce.
…
Lupin était à nouveau devant une photo, cette fois-ci plus récente. Il s'agissait du second Ordre du Phoenix. Il n'avait pas besoin de mot pour que sa femme comprenne ce qu'il se passait dans sa tête. Tonks savait la culpabilité qu'il ressentait vis à vis d'Harry.
Mais elle devait admettre que s'il y avait quelque chose qu'il connaissait mieux que personne, c'était d'avoir une mauvaise réputation. Peut-être était-il en définitive mieux préparé qu'un autre pour ce rôle. Et c'était aussi pour cette raison qu'elle continuait de l'aimer malgré ces erreurs.
« - Je n'ai jamais voulu de ce poste, se confia t-il à elle en ne pouvant détacher son regard du cadre qu'il tenait dans ses mains. J'ai toujours incité Percy à la méfiance..
- Tu n'aurais rien pu faire de plus, lui dit-elle pragmatiquement, les bras croisés sur sa poitrine. »
Et tandis qu'il rappelait l'importance pour lui de tirer des leçons du passé, elle repensa à Harry. Ce dernier rapportait souvent à sa collègue une phrase que Dumbledore lui avait un jour livré :
« Les plus aptes à exercer le pouvoir sont ceux qui ne l'ont jamais recherché. »
Chapitre 36
Au cours de leur soirée, Seamus Finnegan avait eu la mauvaise idée faire un arrêt dans un bar où Harry n'avait pas manqué la danse sensuelle entre Hermione et ce moldu. En les voyant s'embrasser, il finit par faire demi-tour. En réalité, ses émotions étaient confuses, et il n'avait aucune envi de les identifier.
« - Eh Harry, lança Seamus en le rattrapant une fois dehors. T'avais pas promis de nous emmener dans ce pub dans l'allée des embrumes ? »
Le survivant se tourna vers lui et jeta un rapide coup d'oeil à son état; s'il était soul, le sorcier le cachait avec brio. Il refusa, prétextant avoir assez écumer les pubs londoniens pour l'instant.
Resserrant les pans de sa veste noir, il se dirigeait désormais vers une des rares entrées (autre que celle du Chaudron Baveur) qui menait au Londres sorcier.
Se situant dans un vieux et minuscule parking très peu fréquenté, le passage était accessible derrière une fontaine murale dans laquelle était sculptée une vouivre blanche, qui selon Drago ressemblait plutôt à un dragon.
L'oeil de la vouivre étincela dans la nuit une fois qu'il fut en face.
« - Si tu es sorcier, prouve-le, dit-elle en s'animant. »
Dans un étrange sifflement, Harry prononça quelques mots en fourche-langue. Si quelqu'un le voyait, il ne valait mieux pas qu'il le trouve en train d'utiliser sa baguette.
« - Certes, lui répondit la créature avant de déployer ses petites ailes. »
La fontaine se déplaça sur le côté et Harry s'engouffra dans l'allée des embrumes. Il pivota après quelques pas sur la gauche et monta un escalier en pierre. L'auror passa sous un écriteau où figurait la même vouivre que sur la fontaine, et avant même qu'il n'ai pu songer à poser la main sur la poignée, la porte du pub s'ouvrir sur un sorcier dont la taille aurait pu rivaliser celle d'Hagrid.
Pas très engageant, l'homme l'étudia de haut en bas avant de hocher la tête et de se pousser sur le côté pour le laisser passer. Harry fut accueillit par une atmosphère aux antipodes du Chaudron Baveur.
Contrastant avec le cadre rustique mais conviviale du premier, le second se révelait froid et luxueux. Les trois quart du temps, les aurors qui se rendaient dans l'allée des embrumes sous filature venaient ici pour y récolter des informations.
Il jeta un oeil aux occupants de la pièce avant d'aller s'asseoir au comptoir, et leva une main pour se faire servir. Apparemment, le chanteur moldu était d'humeur aussi morose que la sienne, et aussi chanceux avec les femmes d'après les paroles.
« So baby packed up all she had.. Promised to never come back.. »
Cette musique lui disait vaguement quelque chose en écoutant bien. Le barman noir qui transplana face à lui se mit à ricaner dans sa barbe inexistante tout se mettant à astiquer le bar avec un torchon.
« - Déjà entendu ce son quelque part ? demanda t-il enjoué.
- Ça se peut oui, admit Harry innocemment. »
C'était la musique qu'on avait joué dans le précédant pub. Il se tourna vers la direction que l'homme pointait du doigt, et il aperçu tout au fond de la pièce un jukebox flambant neuf.
« - Je l'ai ramené du Texas ! Elle est enchantée pour lire et jouer n'importe quelle musique qu'on a en tête, expliqua le serveur comme s'il voulait que ça reste secret. Ou s'adapter tout simplement à ton humeur. Incroyable, n'est-ce pas ?
- C'est bon à savoir, commenta l'auror alors qu'il déposait une pinte sous ses yeux. »
Il déboursa quelques noises de son jean et régla le sorcier. Valentin -si sa mémoire était bonne- se mit à répéter les paroles d'une belle voix de jazzman. A quelques tables de là, un vieux sorcier introduit une pièce dans la machine, qui en réponse la lui renvoya en pleine figure.
«- Garde ta monnaie, frère ! l'exorta Valentin. Ca arrive tout le temps..»
Et tandis qu'il s'abreuvait, Harry se demanda si Hermione était rentrée avec cet homme.. Il vida son verre d'un trait et leva la main pour s'en commander un autre. Il n'avait pas bu comme ça depuis la veille du mariage.
Une fois de plus, le jukebox changea de mélodie.
« ..I should get free from you but I can't get no sleep, running through all the fantasies coming.. »*
Si Ron se doutait de quelque chose.. Harry ne préférait même pas y songer. Qu'y avait-il à savoir, après tout ? Quoi qu'il se passe entre Hermione et lui, ça ne les mènerait nulle part.
Le jukebox s'éteignit. Seulement pour se rallumer un peu plus tard.
Une main sertie de diamants se posa sur son épaule. Sacha, la patronne.. Une femme étonnement engageante pour traîner dans l'allée des embrumes. Depuis qu'elle avait prit la place du précédant gérant, Harry pouvait entrer ici sans qu'on ne lui cherche des ennuis.
« ..Maybe you're my weakness, or just part of the season.. »*
« - Eh bien, eh bien.. commenta la femme en prenant place sur le tabouret à côté de lui. Cette fille a su comment te retourner le cerveau on dirait..
- Quelle fille ? demanda alors le barman alors qu'elle se servait un verre d'hydromel.
- Personne, se contenta de répondre l'auror en avalant le contenu de son propre verre.
- Il ne t'a encore rien dit ! Comment fais-tu pour deviner ça ? »
Le survivant se tourna vers la sorcière. Celle-ci était si belle que la mère de Zabini ne lui arrivait pas à la cheville en comparaison. Elle était noire, très classe et arborait une longue chevelure blanche à faire pâlir le père de Drago, bien que les dreadlocks ne soit pas le genre des Malefoy.
« - Est-ce que Tabatha est là, ce soir ? quémanda t-il poliment. J'ai des questions à lui poser, si tu veux bien.
- On demande la prophétesse ! s'écria le barman d'une allure théâtrale.
- Silence Valentin.. Tu sais que ma cousine à horreur de ce faire appeler ainsi, lui rappela Sacha en se penchant sur le bar. Eh bien ça dépend, sur quel sujet porte tes questions ? demanda t-elle en revenant sur Harry.
- Laisse-moi deviner, susurra le dit Valentin en s'emparant rapidement de la Gazette. »
Il posa le journal plié en deux sous leurs yeux et pointa du doigt la photo de Luck Stone. Harry acquiesça d'un hochement de tête et Sacha renifla d'un air soupçonneux en fixant le journal, avant de se lever.
« - Suis-moi, dit-elle d'un geste de la main, avant de l'entraîner avec elle dans une autre pièce. »
Chapitre 36
Le lendemain matin, 8h00 :
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur Hermione, un grand gobelet de café dans la main et des cernes anormalement marquées. La soirée ne s'était pas éternisée plus que ça pourtant, d'après sa mémoire qui restait pour l'instant incertaine.
Durant son trajet jusqu'à l'étage de la rédaction elle avait croisé Alexander dans l'ascenseur, qui à sa surprise lui avait fait une oeillade suggestive, suivit d'une remarque qu'elle n'était pas sûre d'avoir comprise, car celle-ci ressemblait plus à une avance qu'autre chose.. L'ignorant royalement comme à son habitude, elle avait continué le chemin jusqu'à son bureau.
Ne supportant pas la clarté de ce dernier, elle eut vite fait de fermer les rideaux.
Hermione prit une gorgée de sa boisson avant de la poser sur le bureau, juste à côté d'une pile de feuilles qu'elle remarqua à ce moment. Elle fronça les sourcils tout en retirant sa veste qu'elle jeta sur le fauteuil, puis s'assit sur un coin du bureau en passant rapidement en revue les caractères fraîchement imprimés.
Il s'agissait d'une lettre, imprimée en plusieurs exemplaires.
« - C'est quoi cette histoire ? Qu'est-ce que ça vient faire sur mon bureau.. marmonna t-elle en ayant un mauvais pressentiment. »
Elle s'empara de la première feuille de la pile et poursuivit sa lecture. Sa mémoire commença à rejaillir et elle se souvint en être l'auteur. Une profonde angoisse la tarauda.
Merlin.. La déclaration d'amour qu'elle se souvenait avoir écrite à l'intention d'Harry (ce qui lui semblait déjà assez ridicule en soi) se rapprochait en réalité d'une description détaillée et anatomique des fantasmes qu'elle imaginait avec lui. Elle craignait désormais que l'actuel destinataire ne soit en train de lire noir sur blanc des choses qui auraient vite fait de la cataloguer de gourgandine par Mme Weasley..
Voir pire. Les remarques de son collègue dans l'ascenseur prenaient soudain tout leurs sens.
Mais qu'est ce que tu as bu, hier soir ?
Horrifiée, elle s'empara de son smartphone. Ses doigt pianotèrent sur l'écran tactile. Elle était pourtant certaine de ne pas avoir raccordée son téléphone à l'imprimante du journal.. Le contrôle de la situation lui échappant complètement, la sorcière perdit patience et envoya valser le téléphone qui alla rejoindre la veste sur le fauteuil.
Elle roula la première copie en boule et la jeta à la poubelle, puis d'un bon, elle se leva du bureau et commença à faire les cent pas dans la petite pièce en se massant les tempes.
« - Okay, réfléchit Hermione, chuchota t-elle frénétiquement en fermant les yeux. Comment un texte a pu passer de ton téléphone à une impression A4 sans ton intervention ? »
Elle se tourna lentement vers l'origine des problèmes. Ce maudit téléphone n'était pas le seul responsable.. La magie s'était invité au carnage et avait fait des siennes.
Mais par quel moyen ?
Les fées ! Dans le parc. C'était là qu'elle avait écrit la lettre..
Ces pestes en étaient parfaitement capables. Hermione poussa un rugissement.
Et comme une mauvaise nouvelle ne venait jamais seule, le cadeau d'Evanna commença soudain à prendre feu sous ses yeux.
«- NON ! se lamenta t-elle. Non, non, non..»
Consciente de ne pas avoir de baguette sur elle, elle n'y réfléchit pas à deux fois. A recours de grand gestes, elle attrapa sa veste et donna de puissant coup sur le fauteuil en espérant éteindre les flammes.
Une fois le téléphone -désormais irrécupérable- ainsi que sa veste tous deux partis à la poubelle, Hermione ouvrit la fenêtre du bureau pour aérer la pièce. Elle savait que sous la puissance incontrôlée de leurs émotions (en particulier la colère) les sorciers pouvaient parfois provoquer ce genre de répercussion.
Même si ca restait relativement rare. On pouvait dire que la matinée commençait en beauté !
Elle quitta le bureau en coup de vent et marcha jusqu'à la salle des photocopieuses.
Quand une voix au timbre sournois lui demanda de son bureau si elle cherchait quelque chose, c'est sans se retourner et en gardant son sang froid qu'elle lui demanda s'il n'avait pu vu une lettre.
« Et pas qu'une ! répondit le journaliste sportif sur un ton joyeusement cinglant, avachi sur son siège. »
Alexander, mélange « intéressant » de Drago Malefoy, des jumeaux Weasley, et de Peeves. Surtout lui, en faite. Même le patron ne le supportait pas. La dernière fois qu'elle avait dû le supporter remontait à une conférence où ils avaient dû se rendre l'année dernière. Dieu merci, elle n'avait plus jamais eu à travailler avec lui depuis.
Elle mentirait si elle disait l'apprécier, mais elle ne le détestait pas non plus. Parce qu'elle était censée être mature.. En attendant, il restait un crétin sans affect. Sa soeur aînée travaillait ici bien avant lui, leur père et le patron étaient amis de longue date.. Mais s'il était surement arrivé ici grâce au piston, Hermione était forcée d'admettre qu'il était loin d'être idiot.
Quoi qu'il l'était suffisamment pour lui chercher des ennuis..
Une pile de lettres imprimées reposait dans la poubelle juste à côté de la photocopieuse.
« - C'est toi qui a déposé ces copies sur mon bureau ? demanda t-elle alors qu'il débarquait dans son dos.
- Mon futur bureau, rectifia t-il. Non, ce n'est pas moi. »
Bah tiens..
Tant pis si les autres étaient au courant, quelqu'un avait au moins eu la décence d'avoir ramassé les copies et de balancer le reste à la poubelle. Etait-ce lui ? Dans ce cas, ce n'était surement pas par charité mais plutôt dans la perspective de lui faire du chantage. Hermione plaça ses mains sur ses hanches et se retourna pour lui faire face tandis qu'il conservait son insupportable sourire.
Finalement, elle laissa vite tomber l'affaire, au risque de déclencher cette fois un incendie.
Le seul point positif de la semaine fut sa réconciliation avec Evanna. Elles ne restaient jamais fâchées bien longtemps. Après s'être assurée que toutes les copies de la lettre soient passées par la broyeuse à papiers, elle en avait discuté avec elle une fois la pose de midi arrivée.
Heureusement, elles n'avaient aucun tabous, bien qu'Hermione n'osa lui demander ce qu'il s'était passé avec ce Gabriel.. De son côté, elle s'était retenu de lui avouer avoir détruit son cadeau. Elle lui raconta seulement qu'elle préférait continuait d'utiliser son vieux téléphone à clapet en attendant de savoir mieux utiliser l'autre..
Alors qu'elles se rendaient ensemble le week-end suivant au Somerset House où avait lieu le salon de la photo, elles eurent l'occasion de reparler de l'autre incident.
Par téléphone, Ginny lui avait expliqué que selon sa mère, il existait ce que l'on surnommait les piqures de fées.
Il ne s'agissait pas d'une science et rien n'était écrit dans les livres à ce sujet, mais les sorciers (en particulier ceux vivant à la campagne) n'ignoraient pas qu'elles détenaient le pouvoir d'influencer les humains, surtout en ce qui concernait les relations amoureuses.. Elles pouvaient donner suffisamment de courage pour se lancer lorsque quelqu'un hésitait à tenter sa chance.
Parfois avec un peu trop d'audace.. le peuple féerique entretenait un rapport au corps et à la sensualité bien plus décomplexé que les humains, ce détail là était connu en revanche.
« - On peut remercier Octave Winifrey de populariser le sujet grâce à son émission, rajouta la soeur de Ron d'un air très sérieux. »
Hermione aida Evanna à mettre en place le stand dans l'espace qui lui était réservé. Il y avait une centaine d'exposants déjà présent sur les lieux. Il s'agissait sans doute de la meilleure opportunité que son amie avait dégoté jusqu'ici, car elle faisait désormais partie des artistes émergeants.
« - Apparemment, la magie et la technologie moldue ne font pas bon ménage, en conclut Evanna pendant qu'elles installaient les photos. J'ai eu la même surprise en découvrant que le film du mariage a disparu quand j'ai essayé de le transférer sur mon ordinateur. Tu as au moins gardé une copie de la lettre, au faite ?
- Quoi ? s'offusqua Hermione aussitôt. Non, bien sur que non !
- Tu mens très mal, mon chou. Oh, ça va, fais-moi lire ça qu'on en finisse ! s'exclama t-elle en perdant patience. Je vais te le dire moi si c'est si horrible.. »
La sorcière finit par céder, et lui fit lire la seule copie qu'elle avait conservé.
Les moldus commencèrent à afluer sous la tente alors que l'événement débutait. Des gens passèrent devant leur stand sans s'arrêter, ce qui permit à Evanna de s'assoir dans un coin pour lire tranquillement pendant qu'Hermione la remplaçait.
« - Woow.. l'entendit-elle échapper au bout d'un moment dans son dos.
- Chut ! lui ordonna t-elle sans se retourner pendant qu'un couple d'amateurs jetait un oeil à une des oeuvres de son amie.
- A ce rythme, tu devrais écrire des romans ! commenta t-elle pour plaisanter sans lever ses yeux de sa lecture. »
Cette fois, Hermione se retourna pour faire mine de lui donner une tape.
«- J'arrête là, parce que ça va finir par m'exciter, déclara finalement Evanna en se levant pour lui rendre la lettre. »
La moldue la félicita pour son nouveau style littéraire et la jeune femme poussa un gémissement, n'ayant plus qu'une seule envie : disparaître dans les tréfonds de la terre.
« - Bah.. Dis-toi qu'avec un peu de chance, il ne tombera jamais dessus ! finit par dire la photographe. Et puis j'ai fait pire, souviens-toi. »
La brune ne put retenir de rire en se rappelant à quoi elle fait allusion.
« - Quand je pense que ton appareil n'a pas pu retenir quoi que ce soit du mariage, se désola la journaliste en repensant à Luna.
- Alors que que pendant ce temps, des moldus filment tranquillement des sorciers en train de balancer des sorts ! rajouta son amie d'un air rêveur. »
Hermione se retint de lui dire qu'on ne balançait pas des sorts.
La sorcière resta un peu plus longtemps pour soutenir son amie, puis en profita pour se promener un peu dans la salon et visiter les autres stands. L'événement avait lieu à l'intérieur d'une immense tente dressée sur la place.
Avant de rentrer chez elle, Hermione confia à Evanna sa volonté de retourner dans ce maudit parc pour dire aux fées le fond de sa pensée, mais la moldue l'avait supplié de laisser ces dernières tranquilles.
« - Tout va bien aller, relativisa son amie en la prenant par les épaules. Tu vas rentrer chez toi, car rien de pire ne peut t'attendre là-bas ! »
Après l'avoir remercié de son coup de main, Evanna était retourné à ses occupations et Hermione avait prit le chemin de son appartement.
Une fois au ré de chaussé de son immeuble, elle ouvrit sa boite aux lettres.
De la pub.. encore de la pub.. et enfin une petite lettre qui s'agitait toute seule, et dont l'écriture lui disait quelque chose. Hermione prit un air soupçonneux. Au moment même où ses doigts entrèrent en contact avec l'enveloppe, cette dernière laissa apparaître un M dans le coin en haut à gauche, avec deux baguettes entrecroisées par dessus.
Une fois qu'elle eut vérifié que personne d'autre n'était dans le hall, elle ouvrit l'enveloppe et déplia la lettre pour lire :
Chère Mlle Granger,
Nous avons le regret de vous informer que votre présence sera requise lors d'une audience disciplinaire qui aura lieu au ministère de la Magie le 15 octobre prochain à neuf heures précises.
Vous espérant en bonne santé, je vous pris d'agréer, Mlle, l'expression de mes sentiments distingués.
Hilda Parkin, employée au Service des usages abusifs de la magie.
Le motif de la convocation n'était même pas précisé..
Apparemment, c'était une de ses semaines où tout vous tombait dessus en même temps.
Chapitre 36
Le lendemain, c'était le dernier jour de Luna à Ste Mangouste. Elle y était restée plus longtemps que prévu étant donné la naissance prématurée des jumeaux. Hermione s'était assurée de leurs rendre visite en vérifiant qu'Harry n'y serait pas. Et cette fois, elle amenait avec elle deux cadeaux.
« - Bonjour Luna ! s'annonça t-elle en entrant dans la chambre d'hôpital. J'ai croisé Ron à la cafétéria, il m'a dit de ne pas l'attendre et de te rejoindre. »
Elle ne put retenir un sourire en apercevant dans une sorte de berceau à roulettes, près du lit de Luna deux nouveaux-nés. Ils dormaient paisiblement, emmaillotés chacun dans des couvertures verte et violette.
Hermione prit soin de ne pas les réveiller et posa délicatement ses présents sur une commode dans un coin de la pièce, avant de s'approcher d'eux pour mieux les regarder.
Le premier, surement le garçon d'après la couleur du drap avait le nez de Ron. Ses cheveux étaient aussi blond que ceux de sa mère. La petite quand à elle n'avait ni le blond, ni le roux presque rouge des Weasley, mais plus plutôt un mélange des deux.
« - Tout se passe bien ? demanda t-elle en suite en s'asseyant sur le lit de Luna.
- Il me tarde de sortir, dit celle-ci. Tu n'aurais pas dû, Hermione, rajouta t-elle en désignant les cadeaux.
- Oh, c'est rien, rassura t-elle. Ce n'est pas tous les jours que je suis marraine, après tout ! »
Elle n'avait pas manqué le livre des prénoms sur le chaise à côté de la porte.
«- Vous vous êtes mis d'accord pour les prénoms, au faite ?
- On s'est mis d'accord sur Perceval et Pandora, lui apprit Ron dix minutes plus tard lorsqu'il fut revenu dans la chambre.
- Pandora était le prénom de ma mère, expliqua Luna en souriant.»
La sorcière crut entendre dans son dos un bruit de papier qu'on déchirait. Il n'aurait quand même pas osé..
«- Ron ! gronda Hermione à voix basse en se retournant vers ce dernier qui déballait un de ses cadeaux.
- Quoi ? râla celui-ci. C'est pas eux qui vont pouvoir le faire.. »
La brune secoua la tête tandis que Luna riait doucement.
« - Harry, put-on entendre protester Ginny du couloir. Pas plus d'un visiteur à la fois, j'avais dis.. »
Ce dernier ne sembla pas l'écouter car il entra à son tour dans la petite pièce, un énorme paquet dans les bras qui ne laissait dépasser que sa tignasse ébouriffée.
« - Salut, tout le monde ! lança l'auror de bonne humeur. »
Jusqu'à ce qu'il dépose le cadeau à ses pieds et n'aperçoive sa présence.
« - Hermione, rajouta t-il plus brièvement en se redressant.
- Salut.. souffla la sorcière, ses yeux tombant dans le vide, avant de lui tourner le dos. Hum.. je vais aller faire un tour à la cafétéria moi aussi, j'en ai pas pour longtemps ! »
Une fois à la porte, elle se retourna vers l'auror.
« - Au faite ! s'exclama t-elle. Tu n'aurais pas reçu de lettre, récemment ?
- Heu.. Non, répondit Harry sans comprendre. Pourquoi ?
- Pour rien ! »
Paraissant satisfaite, elle quitta la pièce le plus naturellement possible, mais poussa un bref soupire une fois qu'elle fut dans le couloir. A l'autre bout de celui-ci, Tonks et son fils marchaient dans sa direction.
Apparement, ils avaient tous choisi leur moment..
Teddy passa devant elle et Hermione put entendre un « 'jour » à peine audible, et le filleul d'Harry disparu dans la chambre.
« - Bonjour, dit la journaliste en haussant un sourcil avant de se tourner vers Tonks.
- Hermione, je suis contente que tu sois là, l'accueillit l'auror. »
Elle vérifia que la porte soit refermée et l'entraina par le bras vers le milieu du couloir, où se situait la salle d'attente de l'étage.
« - J'imagine que je n'aurais pas l'occasion de te recroiser d'ici un moment, lui dit-elle. Alors j'aimerais te dire quelque chose. »
Elles allèrent s'asseoir chacune sur un siège. Hermione lui fit signe qu'elle avait toute son attention.
« - Rémus et moi, commença la médicomage en baissant d'un ton. Nous avons envisagé l'idée de recréer un ordre, lui apprit-elle. »
…
« - Un ordre, répéta la sorcière en se demandant si c'était sérieux. Quel genre d'ordre ?
- Tu vois très bien de quoi je parles.
- Mais je croyais que ce n'était qu'une rumeur ! chuchota Hermione en rapprochant son visage du sien.
- Ça l'était, confirma Tonks. Mais après mûre réflexion, Rémus n'a pas trouvé l'idée si saugrenu.. »
Cette idée ne la séduisait en aucune façon. Pour cause, l'Ordre du Phoenix n'avait été instauré que par deux fois, en temps de guerre.
Cela voulait-il dire..
« - Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda t-elle concerné.
- Pour le moment, on ne sait pas vraiment, confia la femme du ministre. C'est trop tôt pour le dire. Mais on sait qu'on ne peut plus avoir la confiance du gouvernement moldu. Ça inquiète beaucoup Rémus. En temps normal il ne peut pas faire confiance à qui que ce soit au ministère.. »
Hermione se releva et commença à faire les cent pas en face d'elle.
« - J'imagine que ce qu'il s'est passé avec Harry n'a dû rien arranger, remarqua t-elle en haussant un sourcil. Un ministre de la magie a le droit de faire ça ? »
Elle croisa les bras en regardant la femme avec suspicion.
« - Un ordre derrière une institution.. si les sorciers apprennent ça ils vont crier au complot, continua t-elle d'une voix grave. Avec Dumbledore ce n'était pas pareil, on était des résistants, on se battait pour la liberté.
- Tout ce que je te demande c'est de bien vouloir venir à une réunion, se contenta de dire Tonks. Juste une seule. Tu n'es pas forcée de rejoindre l'Ordre, mais promet-moi au moins d'y réfléchir. »
Hermione se rassit à ses côtés, mais ne lui promit rien, même si elle savait qu'elle finirait surement par s'y rendre.
Tonks ne cacha pas sa déception.
« - Très bien, comme tu voudras, accepta t-elle. J'imagine que tu as reçu ta convocation ?
- Ce n'est pas à cause ça, je t'assure ! rétorqua la jeune femme en voyant où elle voulait en venir. J'imagine que Lupin ne pouvait pas passer indéfiniment sur ce que j'ai fais l'an dernier, continua t-elle en faisant référence à son usage illégal de la magie pendant l'attaque des mangemorts.
- La décision ne vient pas de lui, fit alors la métamorphomage. »
L'épouse de Lupin arborait la même expression qu'un médecin sur le point d'annoncer une mauvaise nouvelle à ses patients.
« - C'est à cause d'Evan Aldrin, ton amie moldue. »
Hermione eut l'impression de peser aussi lourd qu'un camion, et elle attendit la suite, une peur instinctive s'emparant d'elle.
« - Le magenmagot a décidé qu'il serait nécessaire de faire oublier aux moldus ce qu'ils ont vu récemment, lui expliqua t-elle délicatement. Harry m'a dit ce que tu lui avais appris au sujet de ses vidéos passées aux infos. On ne peut pas faire d'exception pour ton amie..
- Il s'agit d'oublier quoi, précisément ? demanda très prudemment Hermione.
- Eh bien, répondit la sorcière avec délicatesse. Selon la loi magique, elle ne devrait se rappeler que de la période précédant l'attaque dans cette rue.. »
A cette annonce qui tomba telle une bombe, Hermione comprit mieux pourquoi elle avait souhaité lui parler en privé. Une légère sensation de vertige vint se rajouter à l'anxiété. Heureusement qu'elle était assise.
Elle tenta d'avaler la nouvelle comme elle put, essayant de contrôler ses émotions. A vrai dire, tout ceci trop confus pour elle.
« - Je suis désolée ma chérie, crut bon de rajouter l'auror. Ce n'est même pas de mon ressort, je n'ai pas pu intervenir au moment où la décision a été prise..
- Je ne t'en veux pas, se contenta t-elle de dire d'un air absent, le regard rivé au sol. Je sais que garder le secret sur le monde des sorciers peut amener à prendre ce genre de décision. »
Non, Tonks n'était en rien responsable. Hermione ferma les yeux. Elle n'avait aucune raison valable d'être en colère contre elle.
S'il y avait quelqu'un à blâmer, c'était Harry.
Après avoir tenté de la réconforter au mieux, Nymphadora la laissa là pour aller rejoindre son fils. De là où elle était, elle l'entendit proposer à Harry de venir dîner chez les Lupin.
Hermione ne songeait pas à faire de scène, pas ici et certainement pas maintenant..
Elle réapparut dans la chambre comme si de rien n'était.
« - Ignore ces deux gamins, Teddy ! conseillait Ginny à Teddy. Ils ont horreur de perdre. »
La rousse émettait des réserves digne de Mme Weasley un matin de Noel en voyant ce qu'Harry avait rapporté aux jumeaux, alors que le survivant s'excusait de ne pas avoir su bien choisir le cadeau. Il s'agissait d'une sorte de babyfoot version quidditch, pas du tout approprié pour des nourrissons. Cela ne l'empêchait pas d'y jouer Ron qui avait déjà ouvert le paquet.
« - Neville va passer en fin d'après midi, annonça Ginny. Il lui tarde de rencontrer sa nièce !
- En parlant des parrains, intervint Luna qui se redressait sur son lit. Harry, Hermione, approchez vous.. »
Pendant que les deux concernés s'avançaient, Ginny profita de ce moment pour s'occuper de Pandora, protestant du nombre de visiteurs qui continuaient d'affluer dans la chambre. Luna souleva Perceval dans ses bras et fit signe à l'un d'eux de le porter à son tour.
Harry se raidit comme un balais à ses côtés, et Hermione sentit son malaise. C'est pourquoi elle jugea préférable de tendre les mains vers le bébé et le recueillit dans ses bras. Son neveux continua de dormir comme si rien ne pouvait venir le perturber. La sorcière fut submergée par un élan d'amour et de fierté. Malgrè ses réticenses, Harry à côté d'elle semblait dans le même état.
Et elle songea alors, comment pouvait-elle s'éloigner de ce monde alors qu'elle y avait sa place ?
Chapitre 36
Quand Harry revint pour la première fois dans le monde des sorciers après la fin de la seconde guerre, il venait tout juste d'avoir dix-huite ans, et ce fut au ministère qu'il se rendit. Il avait eut vent que la construction d'un mémorial dédiés aux disparus venait d'être achevée.
Ce fut une des première chose qu'il découvrit dans les jardins, et surement la seule chose qui retenu son attention.
Il s'en approcha et découvrit une liste de noms s'étendre à perte de vue sous ses yeux. Comme si on avait voulu l'écraser sous cette pierre, il sentit avec horreur sa respiration se couper sous le poids qui s'abattait sur lui.
Il y avait d'abord eu ses parents, Sirius, puis la famille d'Hermione..
« - Tous ses gens sont morts à cause de moi, parvint-il à dire avec difficulté, une boule dans la gorge, ses yeux se remplissant de larmes. »
Shaklebolt pose sa main sur l'épaule du jeune homme.
« - Ils sont morts pour garder leur liberté.»
Harry avala sa salive de travers.
« - Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est de ma faute.. continua t-il. Parce qu'ils ont voulu croire que j'étais l'élu. »
« - Et ils ont eu raison.. Après tout, tu as vaincue Voldemort, non ? »
Voyant qu'il n'arrivait pas à le convaincre, il poursuivit :
« - Ne fait pas d'eux des martyrs, Potter.. dit-il. Ceux sont des héros, et en ce moment même, ils doivent se moquer de savoir si l'on se souvient d'eux ou pas. Pourquoi cela te choque ? Ils sont bien mieux là où ils sont, ils ont fait leur temps.. Nous on doit continuer à avancer, mon garçon ! continua t-il en raffermissant son emprise sur son épaule. C'est seulement pour aller de l'avant qu'on honore leurs mémoires, les morts ne veulent pas qu'on leurs voue un culte.. Si tu crois que c'est à ça que sert ce monument, tu te trompes.. Il est là pour te rappeler qu'il ne faut pas rester là, planté comme un idiot. C'est ce que je me dis, parfois. »
Il parlait avec une telle expérience.. Harry ne savait pas ce par quoi l'auror était passé, mais ces paroles eurent un effet transformateur sur lui. Sans un mot de plus, l'homme lui donna une brochure, avant de le laisser là.
Harry baissa les yeux pour voir qu'il s'agissait d'un dépliant sur la formation d'auror.
La douleur dans son âme laissa soudain place à l'impression de transcender quelque chose. A l'intérieur de lui, il y avait une nouvelle source de motivation, qui brûlait vivement. Il savait ce qu'il ferait dans les années à venir..
Protéger la population, coincer le mal, pourvue que plus personne ne meurt..
Et encore moins pour lui.
Chapitre 36
Hermione plongea sa main dans un pot et récolta une poignée de poudre de cheminette.
Elle s'avança pour se placer au centre de la cheminé.
« - Quartier général des aurors ! prononça t-elle haut et fort, son poing tendu face à elle. »
Sans vraiment savoir si cela allait fonctionner, elle jeta la poudre dans le feu, attisant les flammes vertes. De toute façon, elle n'avait pas le temps de prendre de rendez vous avec le chef des aurors. Le lundi matin était sa seule matinée libre de la semaine.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Hermione se rendit compte qu'elle n'était plus au Chaudron baveur. A la place de quoi elle se trouvait dans un bureau, un peu petit pour servir de QG à lui seul. Peut-être était-elle tombée suffisamment près du quartier, songea t-elle en posant un pied en dehors de la cheminée.
La journaliste commença à explorer les lieux en tournant sur elle. La pièce était vide, et pourtant elle ne tarda pas à ressentir une forte sensation de familiarité. La personne travaillant ici y passait beaucoup de temps, et y investissait beaucoup d'énergie. Ses yeux tombèrent sur un petit écriteau posé sur le bureau, et elle eut la confirmation de ce qu'elle pressentait. Elle se trouvait dans le bureau d'Harry Potter.
Comment se faisait-il qu'on puisse entrer si facilement ?
Il s'était absenté. Comme elle n'avait strictement aucune idée de son emploi du temps, elle se prépara à attendre le temps nécessaire.
Elle s'assit sur un canapé perpendiculaire à la cheminé et poussa un soupire en posant les paumes de ses mains sur ses jambes. Continuant d'observer le bureau avec un brin d'appréhension, mais aussi une certaine curiosité, elle était intriguée de découvrir enfin cette partie de son quotidien. Peut-être allait-elle dégoter un planning quelque part ?
Elle se leva et s'approcha du bureau. A voir le bazar présent sur ce dernier, elle vit qu'une chose ne changeait pas chez lui. Son sens de l'organisation était inexistant.. Hermione fut bien en peine de mettre la main sur quoi que ce soit, le désordre lui faisant perdre patience, elle mit assez vite cette idée de côté.
Merlin, il ne pouvait pas mieux ranger ses affaires ? Sans réfléchir, elle prit l'initiative d'y mettre un peu d'ordre.
Elle fouilla les diverses notes et dossiers éparpillés, et réussi en peu de temps à mettre la main sur ce qui semblait être son organiseur. Elle extirpa le livre de dessous le reste et ce dernier s'ouvrit pour dévoiler la semaine en court.
Son doigt parcourut les horaires et pointa le jour correspondant. Il avait un rendez-vous planifié avec un représentant du ministère de la magie autrichienne, ici-même. Hermione jeta un oeil à sa montre et se rendit à l'évidence que l'endroit avait dû changer depuis, car le rendez-vous aurait dû commencer il y a plus d'une demi-heure.
La poignée de la porte s'enclencha. Hermione se tourna dans un léger sursaut vers Harry qui l'aperçut aussitôt, et fronça des sourcils, bien qu'il se remit très vite de sa surprise.
« - Salut. Je t'en prie, fais comme chez toi, l'accueillit-il ironique, bien que tout sourire s'était absenté de son visage. »
Il referma la porte derrière lui et desserra sa cravate. Chose étonnante chez lui, il portait une tenue plus sophistiquée que celle de l'autre soir. Elle se composait d'une chemise blanche et d'une cravate bleue, sous un gilet gris revêtant le badge des aurors. Un pantalon beige complétait le tout, qui le rendait très attirant.
Elle se demanda un instant quel était le pourcentage de femmes au sein des aurors.
« - Il y a des verres et une bouteille sur le côté, serre-toi, proposa t-il en désignant d'un mouvement de la tête l'espace en question derrière le canapé, tandis qu'il marchait vers son bureau en sortant sa baguette qu'il posa dessus. »
On sentait très vite que les lieux lui appartenait. Cette aura électrique si caractéristique chez lui y était comme amplifiée.
Sur le moment, elle ne put s'empêcher de se sentir chez elle, plus que dans son propre bureau.. Sortant de ses pensées, Hermione s'aperçut qu'elle n'avait pas dit un mot depuis qu'il était là.
Elle reprit ses esprits et s'assit sur le dossier du canapé, pendant qu'il reprenait place sur son fauteuil.
« - Tu n'avais pas rendez-vous ? fut la première chose à sortir de sa bouche.
- J'ai annulé, se contenta t-il de dire sans la regarder, semblant s'apercevoir immédiatement qu'on avait touché à ses affaires. »
Hermione prit une petite mine coupable.
« - Désolé, j'ai pas pu m'en empêcher, avoua t-elle avant qu'il n'ai pu dire quoi que ce soit. Je voulais me rendre au quartier général. En passant par le réseau des cheminées, je ne m'attendais pas à tomber ici.
- T'en fais pas, celle-là ne laisse entrer que les personnes que j'autorise, la rassura t-il en se calant contre le dossier. Que fais-tu là ? »
Depuis leur baiser, elle ressentait clairement que le lien qui les avait lié pendant des années avait changé. Cette nouveauté lui paraissait à la fois naturelle et bouleversante. Ce qui n'avait bien entendu rien à voir avec la raison de sa venue..
La brune prit une profonde inspiration et reprit la parole, le regard rivé sur ses mains entrelacées.
« - Je suis venue te dire que.. commença t-elle à voix basse. »
Malgré les apparences, Hermione n'était plus mal à l'aise, son appréhension s'étant dissipée.. Elle sentait seulement qu'elle devait repenser ses mots. Une part d'elle.. ne voyait tout simplement plus de raisons de retenir ses sentiments ou son attirance pour lui.
Pourtant, elle se força à poursuivre sur sa lancée. Elle ne tarda pas à s'apercevoir qu'elle avait bien fait.
« - J'aimerais que tu fasses quelque chose pour éviter qu'Evanna ne perdre une partie de sa mémoire, dit-elle finalement en le regardant dans les yeux. »
Si Hermione espéra éveiller un élan de compassion chez lui, il n'en fut rien. Harry resta parfaitement calme, bien qu'il l'écouta attentivement. L'appréhension regagna la sorcière qui s'était attendue à cette réaction.
Légèrement défaite, elle se redressa et vint s'asseoir sur le fauteuil en face de lui.
« - Ce n'est pas par égoïsme que je te le demande, crut-elle bon de rajouter d'une voix blanche. C'est pour elle.. j'ai l'impression que c'est de ma faute si on en est là.
- Je n'y peux rien, Hermione, dit le jeune homme embarrassé. »
Comment pouvait-il rester aussi calme ?
Cette fois-ci son coeur se serra, et elle ressentit la même sensation que lorsque Ron lui avait révélé la vérité sur la disparition de ses parents. Un sentiment amer de trahison.
Qu'il la laisse tomber, soit, mais c'était son amie qui allait en payer le prix..
Harry ne manqua pas de remarquer son changement d'humeur.
« - Ecoute, fit-il. Je ne veux plus me disputer avec toi. Je te promet que je regrette tout ce qui s'est passé ces derniers mois, mon attitude.. Mais je ne peux rien faire pour toi. »
Hermione perdit patience. Elle se leva du fauteuil, et contourna ce dernier pour récupérer son sac et sa veste en cuir posés sur le canapé.
« - A quoi je m'attendais.. s'agaça t-elle en enfilant sa veste. J'aurais dû me douter que tu ne ferais rien pour elle, tu ne l'as jamais apprécié !
- Tu crois que ça ne me fait rien ? lui demanda t-il, lui aussi un peu agacé. Je me suis aperçu à quel point tu tenais à elle !
- Tu as une drôle façon de le montrer, répliqua t-elle par dessus son épaule en se dirigeant vers la sortie. Tu n'as pas perdu ton temps pour me faire taire ! Tonks m'a tout raconté.
- Tu penses que c'est moi qui t'ai convoqué ? questionna t-il à nouveau en bondissant de son siège, tandis qu'elle ouvrait la porte pour s'en aller. »
Il contourna son bureau et quitta ce dernier pour s'empresser de la rejoindre. Il n'y avait pas grand monde au QG en ce lundi matin, la plus part des nouvelles recrues étaient partis à la salle d'entrainement; le reste s'occupait des transferts de prisonniers à Nurmengard, ou surveillaient les cellules à l'étage en dessous. Seuls quelques uns restaient ici pour travailler sur des missions parallèles, où classer des dossiers inachevés.
Hermione longea les longues allées de bureaux, clairement remontée, Harry à sa suite, jusqu'à atteindre la grande entrée qui donnait sur le couloir.
« - Je comprend mieux pourquoi tu me repousses, fit-elle en se tournant vers lui une fois qu'elle fut certaine que personne n'entendrait. Ne compte pas qu'on revienne amis de sitôt, Harry.»
Plus que les mots qu'elle lui envoya à la figure, ce fut son regard qui lui fit l'effet d'un poignard enfoncé en plein coeur.
Car il savait ce qu'elle s'apprêtait à faire, il reconnaissait les signes.
Les mêmes que la dernière fois. A commencer par son regard. La déception et le dégoût dans ses yeux était bien pire que les gifles et les sermons.. Car même lorsqu'elle se mettait en colère, elle essayait de l'aider. Elle ne lui tournait pas le dos, contrairement à maintenant.
Il eut l'impression d'être brusquement projeté dix ans en arrière.
Une faille qui n'avait pas finit de cicatriser se ré-ouvra en lui, et il se demanda un instant comment il pouvait ressentir une telle souffrance..
Peut-être parce que ça lui rappelait les Dursley, et toutes ses années passés à être traité comme un moins que rien.. Où la fois où il avait retrouvé sur son lit cette stupide lettre d'adieu.
Une rancoeur stupide et immature le saisit.
Elle voulait partir ? Quitter à nouveau le monde des sorciers et les ignorer à nouveau pendant toute une décennie ? Très bien, elle allait avoir ce qu'elle voulait.
« - Si tu as cru pendant tout ce temps ressentir quelque chose pour moi tu te trompes, lui lança t-il amèrement en cherchant uniquement à l'éteindre. Tu sais pourquoi ? Parce que la potion que je t'ai fais boire le soir du mariage, elle était destiné à ça. »
Il n'arrivait pas à croire ce qu'il était en train de faire. C'était la première fois qu'il se montrait aussi cruel avec Hermione depuis qu'il n'était plus sous l'influence de l'imperium..
Cette dernière n'ignorait pas que ces faits avaient été commis sous la manipulation de Bellatrix, mais il se retint de lui préciser.
« - Dès mois avant ça, quand on dînait chez les Weasley, continua t-il plus bas. J'en profité pour glisser la même potion dans ton verre pour parvenir à te séduire.. C'était mon seul but. C'est pour ça que je t'ai embrassé. »
Face à ses avoeux, il vit son visage prendre un air venimeux,et ses yeux s'écarquillèrent sous la colère qu'elle tentait en vint de masquer.
« - Et t'es tombé en plein dedans, rajouta t-il. Pour tout te dire, j'ai adoré jouer à ce petit jeu.. Tu crois quand même pas que j'ai ressenti quelque chose pour toi ? »
Harry sentait qu'il allait regretter son attitude. Evidemment, il n'en pensait pas un seul mot. Agir comme un adolescent puérile, était-ce là la seule idée qu'il avait trouvé ?
Il ne sut si cela fonctionna, car Hermione ne s'était pas démonté bien évidement. Même s'il aurait juré les trois premières secondes suivant ses ignobles propos qu'elle se retenait de le gifler.
Au lieu de quoi, elle redressa la tête, et contre toute attente lui tourna le dos. Le laissant là, essoufflé par sa tirade et plus minable qu'il ne pourrait jamais l'être.
Lui-même à fleur de peau, le chef des aurors retourna dans son bureau, et claqua la porte derrière lui.
Chapitre 36
Lorsqu'Hermione sortie du ministère, elle contint son tourment autant que possible. Elle accéléra la cadence dans la rue.
Elle finit par mettre sa fierté de côté et se mit à craquer. Elle s'autorisa à pleurer tout en continuant de marcher, tâchant de ne pas se soucier des têtes qui se tournèrent vers elle.
Si elle était aussi en colère en vérité, c'était contre elle. Qui avait donc mêlé Evanna à un monde qu'elle n'était pas censé connaître ? De plus, le moment était mal choisit vu le climat actuel de la société..
Passer dix années à se reconstruire pour au final voir son équilibre ainsi ébranlé, voilà ce qu'elle récoltait. Hermione n'était plus sure de rien, ni de ce qu'elle ressentait, ni de ce qu'elle devait ressentir.
Confuse et toujours plus tiraillée entre deux mondes.. A cause de son attirance pour un homme qui venait ouvertement de lui dire qu'il ne voulait pas d'elle, et de son attachement envers ses amis sorciers qui avaient refait leur vie.
Le moment inéluctable était arrivé, exactement comme dix ans en arrière, où elle allait devoir prendre une décision.
...
Le soir en sortant du travail, Hermione ne prit pas le chemin habituel vers Southwark, et au lieu de ça resta de l'autre côté de la Tamise.
Se changer les idées, voilà ce dont elle avait besoin. La sorcière flâna dans les rues de la ville où elle préférait se rendre, fit un tour à sa librairie préférée où elle s'acheta un nouveau roman. Elle commanda sa boisson favorite à un starbuck, et ses pas la menèrent jusqu'au parc de l'autre soir.
Les fées n'occupaient plus l'esprit de la jeune femme qui s'assit sur un banc, à l'ombre d'un arbre. Elle posa sa boisson à côté d'elle en entama la lecture de son livre.
Hermione y resta un moment et parvint à s'oublier dedans. Elle ne remarqua pas au dessus de sa tête une petite fée assise sur sa branche lire avec elle, une minuscule main posée sous son menton.
Lorsque fut certaine que son chagrin s'était atténué, Hermione s'autorisa à attraper son portable pour passer un coup de fil à son amie. Autant qu'elles se retrouvent quelque part pour lui annoncer la nouvelle en douceur..
Le jour commençait à peine à décliner lorsque la journaliste toqua à la porte de l'appartement d'Evanna, qui se situait dans le quartier de Covent Garden.
« - Entre ! cria cette dernière de l'intérieur.»
La brune ouvrit la porte et découvrit son amie en train de faire la cuisine. Une odeur de vanille embaumait l'appartement.
« - Tu peux me dire ce que c'est que ça ? demanda Evanna directement en désignant une lettre qui voletait comme un oiseau immobilisé dans les airs au dessus de la télé. »
Le ministère avait donc prévu d'informer la moldue directement. Elle aurait dû s'en douter.
« - Tu l'as ouverte ? s'enquit Hermione en se débarrassant de sa veste.
- Non, répondit cette dernière les yeux ronds en haussant les épaules. Il aurait fallu que je réussisse à l'attraper ! »
Hermione s'y essaya également, ce qui ne fut pas une tâche facile. Elle fut contrainte de recourir à la magie pour immobiliser l'enveloppe qui tomba au sol.
…
Assise sur banc face à la fenêtre du salon, les deux femmes restaient plongées dans le silence. Evanna regardait la rue à travers la vitre tandis qu'Hermione relisait la missive du ministère.
« - Ça m'étonne que ça ne soit pas arrivé plus tôt, dit la moldue d'un air pensif. Si je ne m'étais pas montré aussi insouciante.. »
Elle s'interrompit alors que la brune lâchait un soupire d'impatience et se levait d'un bon.
« - Ce n'est pas de ta faute, Hermione ! insista t-elle. J'aurais dû m'y attendre dès le départ ! »
La moldue revêtit une mine boudeuse et se servit un cookie sur le plateau qu'elle venait de sortir du four. Elle mordit dedans d'un air défait, en la regardant faire les cent pas devant elle.
La sorcière trouvait la réaction d'Evanna trop pondéré vu les circonstances. Elle la savait pourtant capable de faire preuve d'un grand courage dans des moments où elle-même en était incapable, mais la voir ainsi plongée dans le silence, réalisant le sort qui l'attendait dans quelques semaines..
Allait-elle s'en rendre compte une fois le moment venu, lorsque des employés du ministère viendraient ici pour procéder à l'extraction de ses souvenirs ?
« - Il faut empêcher ça, s'entêta Hermione en secouant la tête. Pour l'amour du ciel, il doit bien y avoir un moyen ! »
Elle commença à élaborer toute sorte d'hypothèses, proposant à son amie ce qu'elles pourraient faire afin de lui éviter cette sanction.
Mais pour une fois, ce fut Evanna qui la raisonna avant qu'elle n'aille plus loin.
« - Ca ne va pas effacer notre amitié.. Je ne me souviendrais seulement d'Hermione Granger, ma meilleure amie journaliste !
- Et si les choses tournaient mal ? J'ai connu un sorcier qui s'est lancé le sort à lui même et qui ne se souvenait même plus de son nom !
- Ecoute moi, la supplia la moldue en cherchant à attraper ses mains. »
Cette dernière se tourna vers elle et aperçu les yeux brillants de la photographe.
Le coeur gros, Hermione se rendit compte à quel point elle se reposait sur elle; Depuis qu'elle avait quitté le monde des sorciers, Evanna avait été comme un point d'ancrage dans ce monde dénué de magie.
« - Si je dois oublier toutes ces choses fantastiques que j'ai découverte dans ton monde, alors qu'il en soit ainsi ! parla t-elle plus fermement, pour atténuer les trémolos de sa voix. Cesse d'envisager le pire.. »
Voyant que ça n'arrivait pas à la convaincre, elle poursuivit.
« - Je ne connais l'existence de la magie que depuis quelques mois ! C'est toi qui aurais tout intérêt à ne pas oublier d'où tu viens !
- Que veux-tu dire par là ? s'offusqua Hermione. Bien sur que je ne peux pas oublier.. J'ai essayé pendant dix et ça n'a pas suffit. »
Evanna finit par parvenir à emprisonner ses mains dans les siennes, et la força à la regarder. Hermione ne put retenir ses larmes plus longtemps.
« - Je n'ai pas envie que tu m'oublies, avoua t-elle d'une voix brisée alors que les traits de son visage se tordaient. Et si tu ne te souvenais plus de moi ? »
A ces mots, la moldue se leva et la prit dans ses bras.
« - Tu te souviens de ce que tu avais l'habitude de me dire à Cambridge ? demanda t-elle doucement alors qu'elle répondait par un gémissement inaudible. Les deux hémisphères du cerveau ne peuvent pas fonctionner l'un sans l'autre.. Tu es le gauche et moi je suis le droit. »
Hermione émit un rire étranglé, parce que cette métaphore résumait très bien leurs personnalités complémentaires. Elles avaient toujours été perçu comme des filles différentes et un peu bizarres.. Evanna l'artiste incomprise et elle le ras de bibliothèque.
Elles mirent un terme à leur étreinte. Hermione sourit tout en reniflant et essuya ses larmes d'une main.
« - Bon, écoute-moi, se força à relativiser la moldue. Ça fait depuis un moment qu'on est amie et j'ai toujours senti que tu me cachais une part de ton histoire. Mais je ne t'en ai jamais voulu parce que je sais à quel point tu es quelqu'un de génial ! Je t'ai vu évoluer dans deux mondes différents, et je suis bien placée pour savoir auquel des deux tu appartiens.. »
Elle aussi voyait que la sorcière se sentait séparée en deux, et qu'elle ne pouvait pas continuer plus longtemps comme ça.
Se pourrait-il qu'Harry ait raison ?
« - Tu as évité la magie assez longtemps, tu ne crois pas ? demanda alors la moldue. »
Chapitre 36
Le soir en rentrant chez elle, Hermione entreprit de faire quelques efforts pour retrouver une routine normale, et prépara son dîner tout en regardant les infos, son travail exigeant qu'elle reste au courant des actualités. Elle prit une légère gorgée du vin qu'elle avait sorti pour l'occasion et se remit aux fourneaux.
Les sourcils froncés, elle manquait de concentration et faisait tomber des ingrédients, ou bien se trompait dans les dosages.
Lorsqu'elle manqua de se couper un doigt avec un couteau de cuisine, Hermione poussa un soupire de frustration en lâchant ce qu'elle faisait. Elle posa les mains sur le plan de travail et rentra la tête dans les épaules, pensant se ressaisir. Tellement de choses lui trottaient dans la tête.. Peser le pour et le contre, s'occuper les mains et l'esprit.. rien n'y faisait, elle ne pouvait se résoudre à trouver une décision adéquate à sa situation.
Sans réfléchir, elle abandonna alors ce qu'elle était en train de faire et se rendit dans sa chambre.
La jeune femme ouvrit en grand les portes de son armoire, et sortit un livre de photos qu'elle n'avait pas regardé depuis une éternité. Hermione se retourna et tomba assise sur son lit. Elle l'ouvrit et découvrit les premières photos dédiées à ses parents, remontant principalement à son enfance. Sur l'une d'elles, ces derniers lui souriaient alors qu'elle soufflait une bougie le jour de ses six ans. Cette année-là, ses pouvoirs magiques commençaient à peine à se manifester, et ils faisaient tout leur possible pour ne pas qu'elle se sente coupable de ses sois disant accidents qui inquiétaient la directrice de l'école..
Ils avaient été si compréhensifs. Ils l'avaient toujours incité à assumer ses différences et à relever la tête.
Puis les photos de l'école primaire furent remplacées par celles de ses années à Poudlard. Hermione se mit en tailleur et plaça le livre sur ses genoux. L'une d'elle avait été prise en troisième année à Pré au Lard avec Ron et Harry, pendant les vacances d'hiver. La neige tombait autour d'eux et ils souriaient.. Elle ne se sentait pas vraiment nostalgique, ce qu'elle se demandait surtout, c'est depuis quand est-ce que son présent était devenu aussi compliqué ?
On est devenu des adultes, voilà ce qui s'est passé.. finit-elle par se dire.
Une autre remontait à sa septième année. La période sombre qu'ils traversaient se lisaient sur leurs visages. Particulièrement émue en voyant ce cliché, Hermione contempla la vision de ses camarades assis sur le canapé de la salle commune, avachis les uns sur les autres. Malgré les temps dures, certain restaient d'éternels pitres comme Seamus et Dean.. Hermione eut un sourire affectueux et des larmes lui montèrent aux yeux. Merlin savait qu'ils avaient eut besoin de leur humour à cette époque, les premières années en particulier qu'il avait fallu protéger des Carrows et des Serpentard. Quitte à être prêt à subir les châtiments à leur place.. Si le trio d'or s'était déchiré, les liens entre les membres de l'armée de Dumbledore s'étaient renforçés et décuplés.
Son regard tomba sur Neville assis à côté d'elle. Sans lui, la résistance à l'école n'aurait pas tenue bien longtemps.. Plus loin, il y avait deux ou trois clichés de ses années à Cambridge. La plus récente remontait au premier de l'an d'il y a quelques mois. Elle retira certaine photos puis referma le livre qu'elle remit à sa place dans l'armoire, avant de retourner au salon. Alors qu'elle replaçait les photos de ses cadres sur l'étagère de sa bibliothèque, elle entendit dans son dos le présentateur du journal télévisé annoncer la capture récente des dangereux terroristes de l'an dernier, et de leur incarcération dans une prison spécialisée.
Un sourire carnassier aux lèvres, Hermione plaça ses mains sur ses hanches en secouant la tête, préférant continuer d'admirer ses parents sourire à son sixième anniversaire que rediriger son attention vers l'écran. Le présentateur expliquait désormais que toutes les vidéos mises en ligne appartenaient à de stupides théories du complot.
« - Nous espérons un retour à la normal dans les jours et semaines qui viennent, racontait-il. »
Un retour à la normal. Une telle chose était-elle encore envisageable ?
Ses rêves la nuit se révelaient pourtant bien plus paisibles qu'un an plus tôt.. même si Harry y était un peu trop présent. Les lieux et les gens changeaient sans cesse. A un moment, elle était sous cette tente dans la forêt de Dean en train de danser avec Harry, tandis qu'à un autre, elle revenait dans ce bar moldu dans les bras de cet inconnu, et leur mouvements étaient beaucoup plus sensuels.
L'apparence de ce dernier prenait alors celle de l'auror, et le rêve devint plus intense tandis qu'il la faisait tournoyer pour coller son dos contre son torse. Hermione sentait ses cheveux en bataille dans son cou alors que le désir montait puissamment en elle. Soudain, ils ne se trouvaient plus dans ce pub. Elle ne savait pas vraiment où elle était..
D'ailleurs, ça n'avait aucune importance. Tout ce qu'elle savait était qu'elle en voulait plus.. beaucoup plus.
« On devrait d'abord redevenir amis, tu ne crois pas ? souffla Harry, ses lèvres sur son cou et les bras sous sa poitrine. »
Un flacon d'encre noir tomba à côté d'elle, répercutant le bruit de la chute en échos. Hermione se réveilla subitement en reprenant son souffle, sa poitrine se soulevant rapidement, une lueur vive et exaltée brillant encore dans les yeux. Elle mit un moment avant de reprendre contact avec la réalité. Elle s'aperçu qu'elle n'était ni sous la tente, ni dans ce bar moldu, mais bien dans son lit.
Les premières lueurs du jour se glissaient à travers les rideaux de sa chambre. Elle ferma les yeux quelques instants, le chant des oiseaux et le vobrissement des voitures lui parvinrent de la fenêtre ouverte sur la rue. Retrouvant une respiration à peu près normal, elle se demanda quand est-ce que les effets de ses sois-disantes potions allaient finir par disparaître..
Chapitre 36
Comme Harry l'avait présagé, la veillée « funèbre » donnée au Chaudron Baveur n'offrait rien de privé. Bien évidemment, il avait horreur de ça.
Malheureusement, Percy Weasley était une personnalité publique et à ce titre, un hommage collectif devait être organisé en son honneur. De nombreux anciens de Poudlard étaient au rendez-vous, accompagnés de membres ministériels et de la presse triés sur le volet.
La dernière veillée à laquelle il avait assisté remontait après la guerre. Tout le monde avait déserté un temps Poudlard pendant qu'on reconstruisait ce dernier. Dans certain endroits on fêtait encore la victoire, mais des sorciers endeuillés provenant de tous les horizons s'étaient réunis ici-même au cours d'une énième soirée. Harry y avait assisté pour une fois.
A l'époque, l'ambiance était beaucoup plus triste que maintenant, et on ne savait quoi faire pour honorer les disparus. Ron ou Ginny avait proposé de chanter, mais aucune des chansons que l'on connaissait ne semblait convenir aux circonstances. Alors Seamus avait proposé une balade irlandaise. Un vieux sorcier fit la réflexion qu'elle était en réalité écossaise, et en temps normal, ils seraient rentrés dans un débat acharné, mais ils lâchèrent bien vite l'affaire. Harry trouva l'idée touchante, bien que la musique fut trop déprimante à son goût.
Il préférait de loin les chansons plus rythmées, comme les vieux disques de rock moldu qu'il avait retrouvé dans la chambre de Sirius.
Comme ce soir-là, le pub était silencieux, la lumière tamisée grâce aux chandelles allumées par Tom, et il y avait même des photos affichées dans un coin où les gens venaient se recueillir et déposer des fleurs, ou bien des mots.
Alors que Lupin faisait un discours spontané, Molly éclata en de discrets sanglots tout en se réfugiant dans les bras de son mari. Hermione arriva à ce moment là, les mains dans les poches de sa veste en cuir, et observa les événements en restant dans un coin. Elle n'avait eut que peu de temps après le travail pour se préparer. Son épaisse chevelure était emprisonnée dans une sorte de chignon, quelques mèches bouclées s'en échappant.
Comme Ginny l'avait informé, certain Weasley n'avaient pas tenu à assister à ce rassemblement. Luna était tout juste sortie de l'hôpital, et Ron avait décidé de rester auprès d'elle et de leurs enfants. Ce qui ne la surprenait pas. Pour Ron et le reste des absents, le ministère n'avait rien à faire là-dedans. Seuls étaient présent ses parents, Fred, Georges et Ginny.
A la fin du discours, les sorciers présents brandirent leurs baguettes illuminées comme un cierge, et il y eut une minute de silence. Puis les conversations reprirent de bon train et la presse en profita pour prendre des photos. Voilà pourquoi elle ne tenait pas à se faire remarquer. La Gazette avait assez mentionner son nom ces derniers temps..
On prit un cliché des Weasley ensemble près de la cheminé, et la presse jeta son dévolue sur Harry Potter, dont la barbe de trois jours commençait à s'étoffer. Hermione l'observa en prenant toute la distance émotionnelle possible. Pendant qu'on le prenait en photo avec Shaklebolt et Lupin, son malaise grandissant lui rappela la vidéo dans laquelle ses collègues et lui s'en étaient pris à un moldu sans défenses..
Histoire de ne plus tomber de haut à l'avenir, elle jugea préférable pour l'instant de rester à distance de cet homme, afin de cesser de s'entêter à garder une image de lui qui appartenait au passé. Elle restait persuadé qu'Harry Potter était quelqu'un de bon, mais pendant ces dix années d'absence il avait laissé ses propres démons se jouer de lui.. Et Hermione ne pourrait pas toujours être là pour l'en empêcher. Elle avait suffisament jouer au garde-fou comme ça.
S'il s'avérait avoir véritablement commis quelque chose d'illégal, c'était à la justice de s'en charger. Hermione fut effrayée à cette pensée.
Tandis qu'on applaudissait Shaklebolt qui faisait sa première apparition officielle depuis sa sortie du coma, on entendit un raffut près l'entrée qui menait au chemin de traverse. D'après ce qu'elle entendait, certain sorciers essayaient d'empêcher quelqu'un d'entrer.
Inévitablement, tout ce bruit finit par attirer l'attention des gens, même si on continuait à prétendre que la situation était sous contrôle. Le fauteur de trouble révela finalement son identité, et Hermione découvrit avec stupéfaction le visage de Neville Londubat.
Dans un état furax qu'il ne lui avait encore jamais été donné de voir..
« - OU EST-CE QU'IL EST ? demanda t-il en provoquant un silence général. »
Il y eut des chuchotements parmi la foule rassemblée dans le pub. Un photographe empêcha un de ses collègues de la Gazette de prendre une photo. Molly débarqua en face de Neville, le visage rouge de colère, outrée que l'on se comporte ainsi au rassemblement pour son fils. Elle tenta de le réprimander, mais le professeur la contourna sans même la remarquer.
Il semblait aveuglé. Ses traits littéralement déformés par la rage, il était tout bonnement méconnaissable.
« - OU EST-CE QUE TU ES, POTTER ? tonna t-il d'une voix étonnamment puissante. »
Alors qu'un espace se dégageait et formait une ligne droite en direction de la cheminé, on vit apparaître Harry à l'autre bout qui dévisageait son camarade d'un air ahuri.
Avec de grandes enjambées Neville marcha droit sur lui, et une fois qu'il fut devant l'auror lui décocha un superbe coup de poing au visage, dont la force le plia en deux.
«- Ça, c'est pour avoir couché avec ma femme ! vociféra Londubat en le toisant. »
Et alors qu'il était sur le point de le frapper de nouveau, des sorciers s'interposèrent entre les deux pour le maîtriser. Les invités restèrent immobiles, à la fois scandalisés et perturbés par ce qu'il venait d'arriver sous leurs yeux. Quelque part dans un coin du pub, Hermione regardait les événements se dérouler sous ses yeux d'un air absent. La sorcière était incapable de dire quoi que ce soit. Heureusement, car il n'y avait rien à dire.
Quelque part, elle se dit que son voeux s'est réalisé.. Une sorte de justice divine avait été rendu, et Harry avait récolté ce qu'il avait semé.
Et Ginny devait se tromper. La vie ne les poussait pas l'un vers l'autre.
Bien au contraire.
One way or another, I'm gonna find you,
I'm gonna lose you, a slip of the lip or another,
I'll walk down the mall, stand over by the wall,
Where I can see it all, get lost in the crowd.
(One way or another, Until the ribbon breaks)
Le reste des paroles sont tirées des chansons suivantes:
*The Neighbourhood, Baby came home
*Ozzie, FRZZN
*Darcy, On my own
