Eh bien, eh bien.. Voilà le chapitre 37, mes chers lecteurs !
Et oui, ça fait plusieurs fois que je vous assure qu'il s'agirait bien du dernier, mais comme il était trop long j'ai dû le couper en deux pour raccourcir. Le chapitre suivant sera en revanche le dernier des derniers, l'épilogue d'une histoire vieille de 10 ans.. C'est fou comme le temps passe vite :o (on fera l'impasse sur ma lenteur de publication ^^')
Merci pour les reviews, les messages privés, ceux qui mettent cette fanfiction dans leurs favoris.. Je rappelle également que si cette histoire est en catégorie M, ce n'est pas pour rien ^^
En espérant que vous apprécierez la lecture :)
Chapitre 37: Chacun son sort
Hermione avait quitté le Chaudron Baveur sans que personne ne s'en aperçoive.
La tête appuyée contre la vitre du métro peu fréquenté à cette heure, elle essayait de se laisser bercer par le bruit des rames. Le seul passager du wagon assis à quelques sièges écoutait de la musique sur son téléphone. La sorcière leva les yeux au ciel lorsqu'il débrancha les écouteurs, brisant le calme du wagon jusque là silencieux.
Glisser de l'amortensia dans son verre à plusieurs reprises pour la rendre amoureuse de lui.. Même sous la manipulation de Bellatrix, l'acte parlait de lui-même. Fiancé à Daphnée Greengrass, puis devenu l'amant d'une femme mariée à quelqu'un d'aussi adorable que Neville.. Malgré toute la ténacité dont elle était capable, garder la tête haute face à la réalisation de ce qu'elle venait d'apprendre était presque impossible.
La liste s'arrêtait-elle là, où avait-il d'autres choses encore à cacher ?
La musique s'évanouie tandis qu'elle s'engouffrait à travers les portes qui venaient de s'ouvrir, une fois arrivée à son arrêt. L'effet des potions devaient enfin commencer à se dissiper, et c'était comme se réveiller après une longue gueule de bois..
Et Merlin, elle espérait tellement qu'il ne s'agisse que de ça.
Chapitre 37
1 an plus tôt:
Janvier 2008, Londres
Lorsque les deux jeunes femmes eurent disparu de leur champ de vision, les aurors baissèrent leurs baguettes; certain se tournèrent vers leur chef en attendant les ordres. Pendant que des sorciers s'occupaient d'éteindre l'incendie (dont les flammes avaient finit par ameuter la sonnette des pompiers) d'autres aurors se lancèrent à la poursuite des mangemorts qui battaient en retraite. Harry avait déjà situé le quartier où Hermione vivait, mais ignorait dans quel immeuble précisément. Il lança deux aurors à sa suite ayant pour mission de trouver son adresse exacte et de l'amener au Chaudron Baveur sans recourir à la force.
Quelques heures passèrent durant lesquels les membres du ministères rétablirent la situation. Afin de ne pas attirer d'autres moldus, un immense dogme magique fut crée, suffisamment grand pour englober tout le quartier. Dès que l'un d'eux s'en approcherait, il ferait directement demi-tour en se rappelant d'un rendez-vous important. Des oubliators arrivèrent à leurs tours sur les lieux en même temps que les premiers journalistes moldus (la presse sorcière était arrivée bien avant eux). Le plus gros de la mission revenait aux oubliators, car il allait falloir s'assurer que les moldus assimilent ce qu'il venait de se produire à un attentat terroriste.. et rien d'autre.
Après être passé à son bureau dans l'attente d'un retour, Harry Potter était sur le point de quitter le ministère pour rentrer chez lui, lorsque les aurors reprirent contact avec lui. L'homme et la femme avaient déjoué les pronostics de Rémus qui pensait mettre la main sur Lucius Malefoy avant elle.. A peine un quart d'heure plus tard, Lupin et lui s'étaient réunis au Chaudron Baveur, et attendaient dans un salon privé du premier étage, celui dans lequel le ministre se rendait habituellement.
Quand la porte s'ouvrit, tous deux levèrent la tête de concert pour accueillir le nouvel arrivant. Ayant peine à en croire ses yeux, le survivant vit débarquer dans la pièce une de ses plus anciennes amies.. Même après tout ce temps, sa présence et son énergie était familière, et l'élan d'affection qui le saisit face à ce visage connu lui fit oublier la résignation des années précédentes..
Le conseiller de Shaklebolt sourit chaleureusement, voyant le jeune homme assis à côté de la cheminé incapable de bouger de son fauteuil. Boulversé et ému, Harry se leva finalement et fit quelques pas vers elle, pendant que Lupin -avec plus de retenue- contournait le bureau et s'avançait vers eux, les mains jointes dans son dos. La jeune femme devant eux avait muri, tout en restant exactement la même que dans leurs souvenirs.. L'auror s'abstint de s'exclamer vivement comme Ron l'aurait fait. Mieux valait éviter de la faire fuir après ce qu'elle venait de vivre, qu'elle ait accepté de venir ce soir relevait déjà du miracle..
Des larmes inondèrent ses yeux, lui flouant la vue, mais Harry s'en fichait éperdument. Qui pourrait avoir honte d'être ému dans une pareille situation ?
"- Hermione, s'exclama t-il avec une plaisir sincère alors qu'un sourire enthousiaste étirait ses lèvres."
Son coeur se gonfla d'une chaleur qu'il n'avait pas ressenti depuis des lustres.. Il n'avait pas prononcé son nom à voix haute depuis une éternité, et ce dernier sonna comme un enchantement à ses propres oreilles. Contenant ses émotions comme il pouvait, les yeux brillants de joie, Harry se stoppa à quelques mètres d'elle cependant, car il finit par noter la réaction de la jeune femme.. Apparemment, Hermione s'était attendue à tomber sur eux, mais n'en semblait pas enchanté le moins du monde, à l'inverse du jeune homme.
Ravalant sa déception, l'air perplexe, l'auror dû se retenir d'infiltrer son esprit et déchiffrer ses pensées. Pourquoi garder autant de distance, alors que la version adolescente se serait déjà rué vers lui pour l'aplatir contre elle ?
"- Nous sommes ravis que tu ai accepté de te joindre à nous malgré l'heure tardive, l'accueillit Rémus face au silence s'installant.
- Me joindre à vous ? répondit Hermione aussitôt, acerbe. Ce n'est pas comme si on me laissait le choix ! Quand des aurors déboulent en plein milieu de votre salon et vous contraignent de les suivre en silence.."
Ils ne l'avaient pas vraiment forcé, même si leur ton formel n'incitait pas à la contestation.. Mais à la vue des aurors, quelque chose s'était subitement éveillée en elle, une envie farouche de les suivre, de tous les revoir rien qu'un instant.. Peut-être dans le but de s'assurer que ce monde était toujours bien réel.
Harry jeta un oeil au loup-garou. Une chose était sûre.. elle n'avait pas perdu de sa répartie ! Si la situation n'avait pas été aussi frustrante, ce détail l'aurait fait presque rire..
"- Je leur ai ordonné de ne pas recourir à la force, voulu la rassurer ce dernier en retrouvant l'usage de la parole."
Hermione mit un certain temps à s'adapter au timbre mature appartenant à l'homme sous ses yeux, qui n'avait pratiquement plus rien à voir avec la voix juvénile de ses souvenirs. Les sourcils froncés, Harry remarqua qu'elle était sur le point de lui rétorquer quelque chose, avant de finalement s'abstenir.
"- Je suis venue vous demander de laisser mon amie en dehors de ça, expliqua t-elle au lieu de ça en croisant les bras, le regard toujours rivé sur Lupin."
Toujours aussi autoritaire ! dénota l'auror en l'écoutant, bien que la dureté dans sa voix ne lui allait pas du tout.
"- Comment avez-vous fait pour trouver mon appartement ? demanda t-elle ensuite sarcastiquement, daignant enfin diriger son attention sur Harry."
Loin de se révéler attachante, la femme qu'il avait sous les yeux paraissait stoïque, sans ce côté hermionesque. Seul Lupin semblait s'être préparé à cette éventualité.. Pour tout dire, si l'auror avait lui aussi envisagé qu'elle se montre aussi antipathique à leur encontre, il n'en fut pas moins déstabilisé.
Conscient que ce n'était ni l'endroit et ni le moment, Harry commença à s'impatienter malgré lui.
"- Nous avons cru bon de te prévenir du danger que tu encours actuellement, répondit Rémus sur un ton diplomate. Comme tu as pu t'en apercevoir aux infos et toute à l'heure, Lucius Malefoy ainsi que quatre autres mangemorts rassemblent en ce moment-même de nouvelles recrues.. Nous allons devoir te mettre sous surveillance à partir de cette nuit.
- Ce que Rémus essaye de t'expliquer, ajouta Harry en retenant à grande peine son impatience. C'est que tu n'es plus en sécurité chez les moldus.."
Bon sang, il allait devoir se retenir avant de dire des choses qu'il regretterait aussitôt..
Saisit par la lueur farouche de son regard, quelque chose se réveilla du plus profond d'elle, une vieille sensation ayant appartenu à l'ancienne Hermione.. Voilà des années qu'elle n'avait pas ressenti une telle animation.
Merlin, elle avait surement oublié tant de choses ! Ce regard là en faisait partie.. Avait-il toujours attisé une telle énergie en elle ? Une envie impérieuse de le suivre n'importe où, d'affronter n'importe quel danger à ses côtés. L'exaltation qui la prit fut bien vite remplacée par sa raison, bien qu'elle détacha son regard avec difficulté du sien, qui l'appelait comme un aimant. Elle se souvint qu'Harry avait toujours eu cet effet sur les gens.. Aujourd'hui, elle ne voyait plus cela d'un très bon oeil.. En dix ans, la journaliste avait changé, ou plutôt était redevenue exactement celle qu'elle était au fond: une personne ne se laissant pas diriger par ses émotions, ni influencer par celles des autres.
"- Du danger que j'encours actuellement, vraiment ? rétorqua t-elle en laissant échapper une exclamation de dédain. Et pourrais-je savoir ce que ces nouvelles recrues me veulent, exactement ?"
A bout de patience, l'auror ne put retenir son exaspération plus longtemps.
"- Si tu étais restée ici, peut-être qu'on aurait pas besoin de te l'expliquer à présent ! lâcha t-il avec plus de fougue qu'il n'aurait voulu, alors que la sorcière poussait une exclamation offusquée."
Comme d'habitude, Harry ne comprenait pas que l'on puisse désapprouver ses idées.
"- Et que suis-je censé comprendre par là ? répliqua t-elle glaciale en comparaison à lui, tandis que Lupin laissait échapper un soupire entre eux deux, sentant que la conversation allait de mal en pis. Que je devrais une fois de plus te suivre sans rechigner ? Dans quel plan sordide cherches-tu à m'entrainer cette fois, Harry ?"
Le concerné resta immobile, fulminant intérieurement. A l'entendre, on aurait pu croire qu'il était une sorte d'illuminé voulant l'enrôler dans sa cause !
"- D'après mes souvenirs, je ne t'ai jamais forcé à quoi que ce soit ! répliqua t-il à son tour tout en faisant un pas dans sa direction."
Cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas disputés ainsi. Etait-ce vraiment dans ces conditions qu'ils devaient se retrouver ?
"- Bon sang, Hermione.. lâcha t-il d'une voix plus rauque, sa voix résonant dans la pièce. Tu as disparu du jour au lendemain sans laisser de traces ! Si c'est la seule chose que tu retiens après toutes ses années de nos combats, c'est que tu es encore plus lâches et hypocrite que je ne l'ai cru lorsque tu t'es enfuis !"
Sidérée, ce fut à ce moment qu'Hermione remarqua l'insigne du chef des aurors sur le côté gauche de sa poitrine. Ce qui n'aurait sans doute pas dû la surprendre vu la manière impérieuse avec laquelle il s'exprimait. Une chance qu'elle ne soit pas sous ses ordres.. Elle ne l'aurait jamais supporté.
Elle avait déjà assez de son propre patron..
Aucun des deux n'avaient remarqué Lupin repartir derrière le bureau et tomber de lassitude dans son fauteuil, ne cherchant pas à envenimer la situation. Il paraissait s'être attendu à un règlement de compte de cette envergure, contrairement à Harry. Profondément déçu par la jeune femme, le survivant n'arrivait pas à croire qu'elle puisse tenir de tels propos.. S'il crut pendant un instant que son coeur s'était asséché -comme l'aurait dit Trelawney- tel les pages d'un vieux livre, bien mal l'en prit. Blessée par ses mots, son masque finit par s'effriter sous leurs yeux, révélant une Hermione bien plus tourmentée qu'ils ne l'auraient cru au premier abord.
Son regard passa de l'auror au conseiller du ministre, dans une veine recherche de soutien.
"- J'estime avoir fait plus que ma part dans ce combat, déclara t-elle d'une voix étranglée. J'y ai tout perdu.. Ma famille et ma raison.. Mais tu es incapable de comprendre ça toi, bien sur, trancha t-elle froidement en revenant sur Harry. Tu n'as jamais possédé aucun des deux."
Ces derniers mots furent les plus difficiles à avaler. Jamais il ne l'aurait cru capable de parler ainsi. La voix de sa conscience lui souffla que c'était la souffrance qui animait son amie, la rendant si revêche. Et malgré la colère qu'il ressentait à son égard, cette idée lui tordit les entrailles.. Elle avait vu ses deux parents périrent sous une maison en flammes, on ne se remettait jamais d'un événement pareil, il en savait quelque chose..
Quelques secondes passèrent durant lesquelles Harry lui tourna le dos, le bruit de ses lourdes bottes rompant le silence pesant de la pièce. De derrière son bureau, Lupin quand à lui semblait réfléchir, les doigts posés sous son menton et les yeux dans le vide.
"- Je n'ai jamais voulu te mettre en danger Hermione, reprit plus calmement l'auror en se tournant vers elle. Ni que tu perdes ceux que tu aimes !"
Tous deux éreintés, les deux anciens amis se fixaient avec la même douleur, un mélange de colère et de regret; Les larmes lui brouillaient la vue désormais, mais elle continua de soutenir son regard sans cligner, sa poitrine se soulevant amplement.
Le lycanthrope sortit vivement de ses pensées et se redressa sur son fauteuil, estimant que tout ça avait suffisament duré.
"- Ça suffit.. crut-il bon d'interrompre dans leurs dos, soulageant la jeune femme. Hermione, nous sommes désolé d'avoir ravivé en toi de mauvais souvenirs, nous n'allons pas t'embêter plus longtemps. Sache malgré tout que je ferais de mon mieux afin que le ministère ne te poursuives pas après ce que tu as fais ce soir.. Tout comme moi, la presse va surement se ranger de ton côté et faire passer ça pour un acte de légitime défense, acheva t-il dans la fatigue."
Et sous la demande de la sorcière, Lupin dut rappeler les deux aurors qui la raccompagnèrent chez elle, et sous son insistance firent effacer le désastre de cette rencontre de sa mémoire. Ce qu'Harry aurait sans doute mieux fait d'imiter.. Incapable d'oublier de ce qui avait été dit ce soir-là, cette scène tourna en boucle dans son esprit; à tel point qu'il perdit le sommeil les jours qui suivirent. Les questions qu'elle souleva en lui le plongèrent dans une remise en question permanente. Hors, ce n'était pas ce dont il avait le plus besoin ces temps-ci..
Etait-ce vraiment ce qu'elle pensait ? Pire.. Pouvait-elle avoir raison ?
Lorsqu'Hermione se réveilla le lendemain, plus aucun souvenir de leur altercation ne demeurait dans son esprit, et à peine deux semaines plus tard, Malefoy s'était fait attaqué au cours d'une mission censée la protéger. Harry n'avait aucune idée d'où elle était, ni Turner, et Drago n'était certainement pas en mesure de parler dans son état.
Il avait d'autres choses à faire que de se rendre au terrier.. Mais après avoir constaté l'absence de Ginny à Sainte Mangouste, il s'y résolut à y faire un saut vérifier si sa famille et elle se portaient bien. Il était presque sûre de la trouver là-bas, plus en sécurité que dans son appartement sur le chemin de traverse, une des zones les plus à risque ces temps-ci..
Lorsqu'Harry découvrit qu'en plus de la médicomage, quelqu'un qu'il ne s'attendait pas à revoir aussi vite se trouvait également dans la cuisine, il se figea comme s'il s'était trouvé en présence d'un épouventard. Rien ne l'y avait préparé, et toutes les émotions humaines vinrent le secouer les unes après les autres, lui faisant regretter les heures précédentes où il avait affronté des mangemorts au sommet de leur forme..
Hermione, elle, ne se rappelait sans doute de rien.
Cette fois-ci, Harry nota la joie dans ses yeux marrons. Alors comme ça, elle était heureuse de le revoir, à présent ? se demanda t-il avec un froid dédain, avant de se sentir coupable de rejeter ainsi son accueil. Rester figer dans la rancune ne le séduisait guère.. En dix ans, l'eau avait eu le temps de couler sous les ponts, non ?
Finalement, le ras de marais émotionnel finit par faire place à cette froideur qui le surprit de lui-même.
Après lui avoir avoué le fond de sa pensée, comment osait-elle remettre les pieds ici ?
Cette fois, il ne s'élança pas vers elle. Au lieu de ça, l'envie lui prit de courir aussi loin et aussi vite que possible pour fuir cet endroit.
"- Ça alors, tu pouvais pas mieux tomber, mon vieux ! s'exclama Ron en secouant vigoureusement son épaule. Regarde qui est là.. Elle n'a pas tant changé que ça, tu devrais la reconnaitre !"
Bien sur qu'il la reconnaissait ! Tout son être réagissait à sa présence.. Pour la première fois de sa vie, Harry ne se sentit pas chez lui dans cette pièce si chaleureuse, si humaine.
"- Je suis venu voir s'il n'était arrivé de mal à personne, répondit-il enfin, un soupçons d'agacement contenu dans la voix. Je ne m'attendais pas à trouver.. tout ce monde."
Il ne se supportait plus dans cette cuisine où la joie et la bienvenue émanaient de chacun de ses occupants. Pour le sorcier, le retour d'Hermione ne pouvait signifier qu'une chose: le passé avait décidé de resurgir au pire moment.
"- Ravi de te revoir, lança t-il en tournant son visage vers le sien."
Chapitre 37
Le lendemain, Harry se réveilla dans une autre pièce que sa chambre; une première depuis longtemps. Hors cette fois il ne se trouvait même pas chez lui. Il mit un temps avant de mettre la main sur ses lunettes, et une fois sur son nez il put découvrir où il avait finit la nuit, en l'occurence dans l'une des chambres du Chaudron Baveur.
Il s'assit sur le lit et passa une main sur le bas de son visage.
Une gueule de bois, et une barbe de trois jours.. Heureusement qu'on était dimanche. Il tenta de se lever et de marcher droit, ce qu'il fit plutôt bien. Mais il fut prit aussitôt d'une nausée qui le força à se diriger vers la salle de bain, où il vomit dans le lavabo.
Son subconscient cru sans doute qu'il s'agissait du bon moment pour commencer à lui rappeler les évènements de la vielle. C'est ainsi qu'il se revit dans un flash en train d'essayer de monter sur le bar, clamant à la clientèle des paroles indistinctes.. L'auror se rinça le visage, comme si l'eau pouvait bannir les images qui s'imposaient à son esprit. Après s'être brossé les dents, il se revit dans un autre flash faire un concours de boisson avec un client. Concours qu'il avait perdu, ce qui expliquait sans doute la cuite qui s'en était suivie..
Harry passa une main sur son visage avant d'attraper une serviette, et étudia son oeil au beurre noir dans le miroir. Ce dernier partirait sans doute avec une potion.. Par chance, il en avait une dans sa veste de travail. Il dégota cette dernière avec des gestes machinales, et retomba assit sur le lit où il en avala le contenu. Sentant peu à peu la douleur le quitter, il enfouit la tête dans ses épaules.
Evidemment, la presse était présente hier soir, l'auror n'ignorait pas les répercutions déclenchées par la révélation de Neville.. De l'encre allait encore couler sur lui dans les bureaux de la Gazette, on allait lui servir une salle réputation pendant des semaines.. Heureusement pour lui, il se contrefichait de ce que les autres pouvaient penser à son sujet.
Pas tout le monde, lui souffla sa conscience. Pas elle.
Sur le moment, ce ne fut pas tant la douleur du coup de poing de Neville sur son visage, mais le réveil d'une partie de sa conscience qui avait été le plus douloureux.. Expliquait surement la raison pour laquelle il avait bu comme un trou. La manipulation de Bellatrix n'expliquait pas tout, n'excusait pas tout. En repensant à la manière dont il s'était comporté avec Hermione pendant presque toute une année, il réalisa ce qu'il était devenu depuis qu'il s'était retrouvé à la tête des aurors:
Un véritable enfoiré.
...
Une fois le bleue à son oeil disparu, Harry descendit les marches pour se retrouver au ré de chaussé du pub, où il fut accueillit par Ernie en personne qui le félicita pour son attitude de la veille.
"- A quel moment fais-tu référence ? grommela prudemment l'auror en passant une main sur sa nuque, craignant la réponse. »
Ernie lui confirma les quelques réminiscences qu'il avait eu un peu plus tôt.
Une fois la veillée terminée, Harry s'était donné en spectacle auprès des habitués restants. Jusqu'au couvre feu, il avait chanté au karaoké sorcier, avait bel et bien tenté de monter sur le bar pour lancer le défit à tout le monde de se déshabiller.
Et alors qu'il allait le faire lui-même, Ernie était intervenu juste avant qu'il ne dérape et tombe du comptoir.
"- Je leur ai demandé de faire quoi ? demanda Harry en plissant les yeux, partagé entre la honte et le dégout.
- Dis-donc, on est pas habitué de te voir comme ça, Potter ! s'exclama MacMillan tout en remplissant une chope de bière au beurre. T'es hilarant quand t'es bourré, un vrai pitre ! Mais sérieusement.. refait plus jamais ça dans mon bar, tu m'entends ? lui demanda t-il ensuite d'un ton sans appel. J'ai rien contre ceux qui veulent mettre un peu d'ambiance ici, mais Hannah, en revanche..
- Bien sur, oui ! Tu lui diras que je m'excuse, répondit-il aussitôt, embarrassé. Pour la nuit, je te dois combien ? demanda t-il en craignant la note de sa consommation."
Ernie lui apprit qu'ayant généreusement offert la tournée aux clients du pub présents à ce moment là, la note risquait d'être salée en plus du tarif de la chambre.
Retenant un énième soupire, Harry acquiesça et assura qu'il réglerait ce qu'il devrait. Il n'arrivait toujours pas à croire qu'il s'était donné en spectacle.. Ernie avait l'air de penser qu'il était naturellement ainsi sous l'emprise de l'alcool, et même s'il pouvait se révéler plus extravertie lorsque c'était le cas, son attitude de la veille n'était pas normale.
Du tout.
Alors qu'il s'en allait vers le mur de briques, Harry se rappela de quelque chose et rebroussa chemin.
"- Dis Ernie, à quelle heure est-ce qu'Hermione est partie, hier soir ? lui demanda t-il rapidement en posant ses mains sur le comptoir."
Le serveur sembla vaguement chercher dans sa mémoire.
"- Aussitôt le recueillement terminée je crois, répondit-il ensuite. Je m'en souviens plus vraiment, à vrai dire.."
Soulagé qu'elle n'ai pas assisté à son moment de débauche, Harry quitta définitivement le pub, sa bourse en cuir complètement vide. Une fois devant le mur, il tomba nez à nez avec la une de la gazette collée à même dessus. Les gros titres mentionnaient plus son affaire avec Pansy Parkinson que la veillée pour Percy, à peine terminée qu'elle tombait déjà dans l'oublie.. Cela faisait un moment qu'Harry n'avait pas autant maudit sa célébrité.
Déchirant le papier du mur, il brandit sa baguette et les briques s'effacèrent pour lui laisser le passage qu'il franchit, ignorant au mieux les regards désagréables de la foule, quelques passants lui adressant un air peu avenant. Harry glissa négligemment les mains dans ses poches et arpenta la rue tout en profitant de l'air frais. Se baladant sans but précis, il finit par se rappeler au bout d'un moment qu'il devait passer à Gringott récupérer un peu d'or dans son coffre.
D'ordinaire, il n'aimait pas spécialement s'y rendre. Rien qu'à voir l'expression que les gobelins lui servaient, ces derniers n'avaient toujours pas oublié la fois où Ron, Hermione et lui avaient forcé le coffre des Lestrange et libéré un dragon, entraînant ainsi la destruction d'une partie de l'édifice.. Bien que les faits remontaient à dix ans. Aussi dingue que ça puisse paraitre, une partie de lui appréciait étrangement ce côté d'Hermione, non par unique reconnaissance, mais par admiration de voir ce qu'une personne aussi raisonnable qu'elle, issue d'une famille de dentistes, était capable de faire pour les sortir des pires situations..
Une fois sa mission accomplie, il remonta à la surface de la banque pour regagner le grand hall où il croisa Bill, une main posée sur l'épaule de Victoire, tous les deux allant vers la sortie. Il salua le père et la fille, et ils retrouvèrent la fraicheur de la rue dans laquelle il marchèrent tout en discutant.
Bill eut l'amabilité de ne pas mentionner ce qu'il s'était passé la veille. Harry voulut aborder un problème délicat, concernant le bateau à bord duquel Percy avait été retenu prisonnier. Car le navire retrouvé par des tireurs d'élites au lendemain du mariage, par un malencontreux hasard administratif n'avait pu être remis aux mains du département habituellement en charge, laissant aux Weasley le soin de s'occuper eux-mêmes du problème.
Et au passage, du bateau lui-même.
Offusqué, le sorcier avait plusieurs fois tenté d'intervenir; mais comme le navire n'était plus une pièce à conviction, le dossier lui avait sauté des mains.. Pour au final, finir dans celles de la famille de la victime.
Le frère de Ron expliqua que des contacts du ministère lui avaient apprit la nouvelle, et lui assura que l'auror ne pourrait rien faire de plus. Apparemment, Charlie et lui tenaient à partager la responsabilité qui incombait, pour ne pas que leurs parents -déjà en "deuil"- ne subissent encore plus de pression.
"- .. alors en attendant de trouver une meilleure solution, on a convenu de le garder près de la chaumière aux coquillages, lui confia t-il.
- C'est pas vraiment le meilleur endroit.. nota Harry en fronçant les sourcils.
- Ma femme est du même avis que toi !"
Ils changèrent de sujet enfin d'éviter de poursuivre cette conversation en présence de Victoire. Il était presque midi désormais, et tous les trois s'assirent à la terrasse ensoleillée d'un salon de thé.
"- Pour quelqu'un qui a la gueule de bois, tu as de l'appétit ! remarqua Bill de meilleur humeur, tandis qu'une serveuse venait juste de déposer leur entrée."
Engloutissant sa salade, Harry ne répondit pas, s'apercevant que sa fille cherchait à dissimuler quelque chose dans sa main. Ce ne fut que lorsque son père partit régler l'addition (qu'il avait insisté à payer) que d'un geste habile de la main, l'auror lui déroba la fiole de sous la table.
"- Ah, ah ! s'exclama t-il victorieux. Qu'est-ce que nous avons là ? fit-il en étudiant l'objet, avant de froncer les sourcils."
Un philtre d'amour de la boutique de ses oncles ? Elle n'était pas un peu jeune, pour ça ?
"- Et tu peux me dire avec quoi tu as payé ça ? demanda t-il gentiment, faisant mine de lui demander des comptes.
- Tonton Fred m'en a fait cadeau, s'expliqua la petite en rougissant, la tête rentrée dans ses épaules."
Même un aveugle aurait pu percevoir au son de sa voix qu'elle mentait. Défaite, Victoire observa le survivant glisser la potion dans la poche de son jean.
"- Je vais rendre ça à ses propriétaires, si tu veux bien ! fit-il ensuite en terminant son dessert."
La fille de Fleur s'excusa, puis lui confia qu'elle l'avait volé car elle savait ne pas avoir l'âge requis pour ce genre d'article.
"- Je te conseille d'éviter de te servir de ça, même quand tu auras l'âge requis, précisa Harry en se remémorant brièvement Romilda Vane.
- De toute façon, finit-elle par dire en haussant les épaules. Teddy trouve que l'amour, c'est dégoutant..
- A son âge, je le pensais aussi, lui fit-il remarquer."
Après avoir quitté Bill (non sans le prévenir) il partit à la boutique de farces et attrapes rendre la fiole à Fred, qui de la caisse lui assura qu'il n'avait pas donné de potion à l'enfant.
"- Je ne me serais jamais attendu à ça venant de ma nièce, s'étonna Fred pensivement.
- Il semblerait que notre Victoire ai hérité du culot de sa tante Ginny ! remarqua Georges posté à l'étage.
- .. Sous l'attitude vélanesque de Fleur, acquiesça son jumeau, toujours dans ses pensées en jetant un oeil à la fiole. Ça fera quinze gallions ! s'exclama t-il plus vivement en relevant la tête vers lui."
Pour la énième fois de la matinée, Harry retint un soupire alors qu'il déboursait d'une poigne vigoureuse de la monnaie de sa poche. Il vint déposer les gallions dans la main du vendeur en lui adressant un regard noir, et récupéra la fiole avant de s'en aller.
Ça promet, se dit-il tout en repartant vers le Chaudron Baveur, songeant qu'il devrait à l'avenir garder un oeil sur la fille de Bill, afin d'éviter que son filleul aient des soucis à se faire au cours de son adolescence.
Chapitre 37
Les Weasley, ainsi qu'Harry et Hermione profitèrent du week-end suivant pour tous se réunir à la chaumière aux coquillages. Cette fois-ci, toute la fratrie était au rendez-vous, et accompagnée des parents ces derniers faisaient face au bateau amarré sur la plage.
"- Je ne veux pas garder ça devant ma maison, argumenta Fleur catégorique, les bras croisés entre ses belles soeurs."
La femme de Bill leurs ayant interdit de jouer dessus, les enfants s'amusaient un peu plus loin et s'étaient lancés dans la construction d'un château de sable. Des algues s'échouaient régulièrement sur la plage, et n'épargnaient pas le navire ensorcelé qui avait l'air de sortir tout droit des profondeurs de l'océan.
"- On peut le brûler ? proposa soudainement Ron en se tournant vers les autres."
Pratiquement tous secouèrent négativement leur tête à sa proposition. Pour une fois, même les jumeaux ne semblaient pas avoir de blagues en réserve..
"- On pourrait seulement récupérer une pièce du bateau ! intervint doucement Luna. Vous savez, pour créer un lieu de recueillement.. »
Certain approuvèrent, la mine dubitative, tandis que d'autres semblèrent trouver l'idée glauque, voir malsaine. Tout le monde n'avait pas la même vision de la « mort ». Mais ce qui était sure, c'est qu'aucun d'entre eux ne savait comment rendre hommage à un proche dans de telles circonstances..
"- Je pense que ce serait un bel hommage, intervint Charlie à son tour, un bras passé autour de épaules de sa mère qui ne parlait que très peu."
Descendant du bateau, Arthur revint vers eux avec le gouvernail entre les mains.
"- En effet, confirma celui-ci. C'est le signe que malgré tout, Percy pensait aux autres, pas uniquement à sa carrière.."
En réponse, Molly renifla dans son mouchoir. Arthur passa à son tour un bras autour des épaules d'Audrey, la femme de Percy. Et après que celle-ci eut fait venir ses trois filles, ils envisagèrent tous ensemble -après quelques minutes de concertation- d'aller créer une sorte de tombe improvisée, à quelques mètres de la tombe de Dobby.
Harry les regardait faire en silence, se tenant au loin entre les dunes sauvages. C'était une belle journée pour ce genre de réunion, bien plus appropriée selon lui qu'un Chaudron Baveur envahit par la presse et les ragots.
Il redoutait également de voir Luna.. Bien que cette dernière lui avait certifié à l'hôpital qu'elle ne conservait aucune rancune pour son père, l'auror se sentait encore gêné en sa présence. Ils leurs faudraient encore un certain temps avant de tous retrouver un quotidien normal.. Les événements du mariage étaient encore trop frais dans les esprits.
Les jambes repliées contres lui et les bras entourant ses genoux, il profitait du vent marin venant chatouiller sa nuque et ses cheveux. Le temps semblait toujours à l'arrêt lorsqu'il venait ici, faisant de cette endroit le lieu idéal pour un dernier au revoir à Percy.
Du coin de l'oeil, il vit Hermione le rejoindre. Elle resta debout à côté de lui de longues minutes à contempler les vagues, sans qu'aucun ne prenne la parole.
"- A propos de l'autre jour.. commença t-il d'une voix grave, ne sachant par quoi commencer.
- Tu n'as pas à t'excuser, répondit celle-ci aussitôt. Tu l'as assez fait.
- Bien sur que si, fit-il en baissant les yeux. Je n'aurais jamais dû me montrer aussi cruel envers toi. Je suis désolé.."
En réponse, elle acquiesça d'un signe de tête, montrant qu'elle prenait ses excuses malgré tout.
"- J'imagine que tu as dû assister à la scène du Chaudron Baveur, supposa ensuite l'auror en reportant son regard sur l'horizon.
- Ça ne me regarde pas, dit-elle en se reprenant. Si tu veux tout savoir, les potions que tu m'as donné sous la manipulation de Bellatrix.. Elles ne font plus effets.
- Ah, fit celui-ci avec surprise. Tant mieux ! C'est une bonne chose."
Bien qu'il était soulagé et satisfait de la savoir à nouveau en possession de ses véritables sentiments, Harry ressentit un vide étrange le saisir. Pourtant, les choses étaient bien mieux ainsi.
Hermione ne pouvait décemment pas être amoureuse de lui.. Quelle idée !
"- Et donc, reprit-il ensuite. Qu'est-ce que tu comptes faire, à présent ? lui demanda t-il tout en redoutant la réponse."
Les bras croisés tout en observant les enfants jouer au loin, Hermione fronça les sourcils.
"- Ça semble évident, non ? répondit-elle plus sèchement. Je vais reprendre ma vie chez les moldus."
Et à ces mots, le vide étrange se transforma en un trou béant au milieu de sa poitrine. Pour la première fois depuis que Bellatrix avait cessé de le manipuler, Harry feignit un air impassible. Il ne répondit rien à cette déclaration. Il devait surement mériter ce qu'il récoltait ces derniers jours.. Au loin, les Weasley s'éloignèrent de la tombe improvisée, certain allant se promener sur la plage le long de la mer, d'autres se dirigeant vers la chaumière.
"- Avant la guerre, j'étais certaine de plusieurs choses, confia Hermione en retrouvant une voix plus naturelle. J'allais tout faire pour obtenir des optimals dans chaque matières aux Aspics, puis intégrer le ministère pour militer pour les droits des elfes. Et avouer un jour ou l'autre mes sentiments à Ron.."
Tout était clair à ce moment là. Après quoi, les choses étaient devenues flous, l'amenant à prendre des décisions parfois radicales.. Cela avait été sa seule façon de garder un minimum de contrôle face aux éléments qui s'étaient déchainés dans sa vie.
Ce que la sorcière garda pour elle en revanche, est qu'elle avait désormais peur de se sentir partagée entre deux mondes, sans pouvoir trouver un équilibre entre les deux. Peut-être aurait-elle dû se montrer plus flexible, moins opiniâtre.. Mais trop de questions restaient encore sans réponses.
Qui aurait pu croire qu'une femme aussi décidé et volontaire pouvait entretenir de telles insécurités au sujet de son identité ?
Tandis que les vagues continuaient de venir s'échouer en bas de la dune, Hermione le laissa là, rebroussant chemin pour retrouver le reste du groupe. Harry ferma ses paupières avec force, sachant qu'il ne pourrait pas faire grand chose pour la faire changer d'avis.
Chapitre 37
Tout le mois d'août fut rythmé par la saison de quidditch.
Le soir du premier match de l'équipe de Ron, la sonnette de l'appartement d'Hermione retentit pendant que celle-ci essayait de capter la chaine sorcière sur sa télévision. Les lèvres pincées, et la mine concentrée alors qu'elle réglait la fréquence, elle entendit de derrière la porte Evanna s'impatienter. La sorcière se précipita vers l'entrée et l'ouvrit, dévoilant la moldue qui écarta les bras, lui montrant les victuailles qu'elle avait apporté pour l'occasion.
Se limitant exclusivement à des bières.
Bien que ce ne soit pas sa tasse de thé, elle la déchargea et partit ranger les deux paquets dans le frigo, pendant que la moldue s'installait sur son canapé en ôtant vivement sa veste. Le match avait commencé depuis un moment déjà, et les deux femmes ayant toutes deux débauchés tard, elles espéraient au moins pouvoir assister à la fin.
Trouver la chaîne sorcière ne fut pas une mince affaire, et Evanna n'était pas d'une grande aide.
Cette dernière se mit à la recherche de la cachette de Pattenrond, qu'elle dégota quelque part sous le buffet au milieu des boules de poils. Essayant de sortir ce dernier de dessous le meuble, le chat persan cracha agressivement en réponse à ses tentatives pour l'amadouer. Le matou d'Hermione ne se remettait toujours pas de la semaine du mariage durant laquelle on l'avait confié aux voisins.. Il était trop vieux désormais pour sortir, et ayant quelques petits problèmes de poids, la sorcière n'avait pas souhaiter trop le ménager en l'emportant avec elle.
La sorcière avait beau lui dire en permanence qu'il avait mieux valu qu'il ne vienne pas à Poudlard, la rancune du chat semblait tenace; ce dernier avait horreur de se sentir abandonné.
Et les friandises ne servaient pas à grand chose..
"- Allez mon amour, sors de là ! le pressa gentiment la photographe en passant une fois de plus sa main sous le buffet. Aille ! cria t-elle soudain en se redressant."
Cette fois-ci fut sans doute celle de trop.
"- Sale bête va, marmonna t-elle pour éviter de se faire entendre."
Les prémices de l'automne se firent sentir très tôt, et septembre pointa le bout de son nez, amenant la pluie et la grisaille. Hermione consacrait son entière énergie au travail, ce qui lui permit de mettre de côté les événements rocambolesques de l'été. La journaliste s'inquiétait toujours au sujet des Weasley, et pensait très souvent à eux. Dès que leur emploi du temps le leurs permettait, Ginny et elle avaient de longues conversations téléphoniques.
Malgré sa décision de s'éloigner, garder contact avec celle qui pendant des années avait été sa seule amie fille lui fit un bien fou.
Le matin du dix-neuf, un minuscule hibou qu'Hermione n'avait plus vu depuis des années franchit sa fenêtre ouverte aussi vite qu'une flèche, pendant qu'elle prenait son déjeuner.
Là où Erol serait sans aucune doute resté inconscient, Coquecigrue se reprit avec une facilité déconcertante pour son âge, et sautilla impatiemment en attendant qu'Hermione viennent détacher le paquet à ses pattes. Elle découvrit avec une pointe de jalousie qu'Harry utilisait l'animal de Ginny pour lui envoyer une lettre.. Accompagné d'un cadeau.
Ce que tu peux être idiote.. se dit-elle tout en déchirant le papier. Elle se souvenait d'en avoir envoyé un pour l' anniversaire d'Harry courant juillet, mais elle fut tout de même surprise d'en recevoir un à son tour. Une fois le paquet ouvert, elle découvrit un magnifique set de runes, gravés dans de petits cristaux roulés.
"- Nom d'une chouette ! fut la seule chose qu'elle trouva à dire."
Une des runes, hagalaz, avait été transformé en pendentif. S'en suivait un court texte en expliquant la signification:
Les circonstances se modifient subitement.. On change de direction, de façon de voir les choses, et tout cela est imposé par une force extérieure. C'est la rune de l'averse de grêle qui vient perturber le ciel bleu, qui bouleverse tout sur son passage. Il s'agit d'un pont entre les mondes, symbolisant l'imprévu qui semble terrifiant au premier regard, un peu comme un cauchemar... Mais au delà de ce masque effrayant se cache une véritable beauté et une infinie sagesse.
"- Hagalaz est le désastre qui s'avère au bout du compte bénéfique, peut-être la meilleure chose qui puisse vous arriver, finit-elle de lire à voix haute." *
Depuis l'époque où ils avaient étudié le sujet en troisième année, Hermione entretenait une étrange affinité avec cette matière, qui ne se limitait pas à la seule curiosité intellectuelle ni à la simple envie d'exceller en cours.. Harry se souvenait non seulement qu'elle adorait l'étude des runes, mais avait l'air également de vouloir lui offrir un bijoux, dissimulé au milieu des pierres..
..A moins qu'elle ne se fasse des idées, comme quatre vingt dix neuf pour-cent des femmes de ce monde dans la même situation.
"- La meilleure chose qui puisse m'arriver, vraiment ? demanda t-elle en soulevant la chaine pour regarder de plus près le pendentif, par ailleurs très beau. Qu'est-ce que ça signifie, Harry ?"
Le message était pourtant clair: elle réalisa qu'il devait faire référence à la manière dont il avait perçu le retour de la jeune femme parmi eux. Le voilà, ton message caché.. Il t'annonce amicalement qu'après avoir mal vécu ton retour, il a finit par voir la chose d'un bon oeil !
L'énergie du cristaux amplifiée par la rune était perceptible, et Hermione ressentit son flux magique s'éveiller en elle rien qu'en focalisant son regard dessus. De la magie à l'état pure.. Elle ne put s'empêcher de sourire. Parce qu'elle venait de comprendre ce qu'Harry avait eu aussi en tête en lui offrant ce cadeau. Il savait qu'une intellectuelle comme elle n'accordait pas beaucoup d'intérêt à l'instinct en général, un détail qu'il lui avait souvent rappelé par le passé..
Elle secoua la tête en souriant et passa la chaine autour de son cou.
Evanna fit livrer un nouveau téléphone à son bureau le jour-même, et Hermione regretta de ne pas s'être débarrassé de la garantie, car elle n'avait désormais plus de prétexte valable pour ne pas apprendre à s'en servir. Mais elle fit l'effort d'étudier la notice. Après tout, la moldue avait respecté sa volonté de ne pas organiser de fête surprise, pour une fois..
Lorsqu'elle reçut un deuxième cadeau de son amie, cette fois à son domicile, Hermione commença à se demander si on ne faisant pas en sorte de la garder de force reliée au monde de la magie, par tous les moyens. Cette hypothèse germa dans son esprit pendant qu'elle affichait au dessus de sa télé une peinture que son amie avait fait elle-même. Le tableau représentait le groupe réunit au Chaudron Baveur en train de trinquer, surement un souvenir du lendemain de la naissance des jumeaux.
Vint le tour de Ginny, qui lui offrit un balais dédicacé par son frère.. Luna en suivant, passa un soir à son appartement déposer une panière en osier dans lequel dormait un minuscule fléreur, âgé de quelques semaines à peine qu'Hermione n'était même pas sûre de pouvoir garder chez elle. Pas en habitant chez les moldus, en tout cas..
Réputés pour leur clairvoyance, les fléreurs étaient de petites créatures semblables aux chats, bien que plus petit avec de grandes oreilles pointues, et une queue semblable à celle d'un lion. Celui là avait une robe grise tachetée de noir et de blanc, et ses yeux turquoises la fixèrent du même air ahuri et perdu qu'elle, semblant lui aussi se demander ce qu'il fabriquait là.
"- Je te recommande d'obtenir un permis de la part du ministère, lui conseilla Luna tandis qu'Hermione observait avec des yeux ronds la créature qu'elle tenait à bout de bras, pas sûre quand à sa capacité de pouvoir le gérer dans cet appartement. Ils sont très indépendants, vous devriez vous en entendre à merveilles !"
La femme de Ron lui raconta qu'un ami zoologiste l'avait retrouvé sans sa mère au cours d'une expédition au Pays de Galles, au milieu d'une portée de huit autres bébés. Selon Luna, cette race en particulier possédait la faculté de détecter les présences invisibles..
Tonks quand à elle l'avait abonné pour deux ans à la Gazette du sorcier, frais de port inclus.
Enfin, Ron pour finir lui envoya avec trois jours de retard un exemplaire du "Quidditch pour les nuls", accompagné d'une note précisant qu'elle pourrait ainsi apprendre à se servir correctement du balais envoyé par sa soeur. Au moins, ce cadeau-ci eut pour mérite de provoquer une crise de fou rire à Hermione, même si des années en arrière elle n'aurait sans doute pas su prendre la chose avec autant d'humour..
Lorsque Lupin envoya à chacun une invitation pour reformer un soi-disant Ordre, suivit tout spécialement pour elle d'un portoloin et d'une courte lettre où il lui demandait de le rejoindre, la jeune femme réalisa que garder ses distances allait se révéler difficile.. Voir tout bonnement impossible.
Chapitre 37
Sa curiosité finit par avoir raison d'elle.
Le lendemain, directement après son travail, et Hermione accepta de rencontrer le ministre. Après tout, ce serait l'occasion de comprendre pourquoi il tenait autant à recréer un ordre.. Usant du portoloin fournit avec la lettre, elle se retrouva à l'écart de la ville au bord de la Tamise, près d'un hangar désaffectée. Lupin l'y attendait. Il la mena avec lui à l'intérieur du hangar, où un ascenseur les firent descendre aux sous-sols.
"- Que vient-on faire ici, Rémus ? chuchota la sorcière, légèrement anxieuse.
- Te montrer un endroit, expliqua brièvement Lupin qui semblait de bonne humeur. Les aurors d'aujourd'hui lui donnent un nom un peu barbare.. Mais il n'y a rien à craindre, fit-il de son sourire timide et chaleureux."
Les portes de l'ascenseur se rouvrirent sur une pièce sombre. Le ministre agita sa baguette pour illuminer l'endroit alors qu'Hermione y entrait à son tour.
"- Bienvenu dans "l'arène" ! annonça t-il, sa voix claire résonnant sur les murs. Ou d'après les termes officiels, la salle d'entrainement du ministère."
Cette pièce n'était pas aussi grande que sa conception d'une arène, mais Lupin lui apprit que celle-ci pouvait changer d'apparence et de taille en fonction des besoins. Il y en avait plus d'une dizaine en tout. Celle dans laquelle ils se trouvaient était ovale ce jour-là, avec des murs en bétons où étaient supplantés d'immenses ventilateurs qui filtraient la lumière du jour à la surface. A l'autre bout, des gradins pareils à ceux des amphithéâtres formaient un demi cercle.
"- Cet endroit a été construit du temps où Robards Gaway était le chef des aurors, expliqua t-il en en faisant le tour. Avant cela, ils devaient se former dans le monde extérieur qui constituait leur seul terrain d'apprentissage.. Cela causait beaucoup de pertes, sans parler du risque d'exposition !"
Il se tourna enfin vers elle.
"- En parlant d'exposition de la magie, poursuivit Rémus plus doucement. Si je t'ai demandé de venir ici aujourd'hui, c'est pour te montrer cet endroit que je souhaite mettre très bientôt à disposition de l'Ordre. Celle-ci étant inutilisée depuis des années, je me suis dit que ce serait l'endroit idéal pour..
- Pour s'entraîner, devina à sa place Hermione tout en s'avançant vers une partie de la pièce, dont le mur était entièrement recouvert d'armes."
Elle défila devant en repensant à l'armurerie qu'elle avait découverte à Poudlard.. celle-ci était loin de lui arriver à la cheville, mais était tout de même impressionnante, et étrangement, bien plus intimidante de part la manière dont les armes étaient exposées. La jeune femme avait le teint blafard, et pour cause; la sorcière pensait au départ qu'il voulait seulement discuter de la situation préoccupante des moldus, voir tenter de la persuader de rejoindre l'Ordre comme l'avait fait sa femme..
Sur le mur, une épée au milieu des autres luisant légèrement semblait vouloir capter son attention. Hermione se figea légèrement, une peur mystérieuse s'éveillant en elle, et autre chose sur lequel elle n'arrivait pas à mettre de mot.
Les sourcils fronçés, elle se détourna des autres outils barbares.
"- Je vois où tu veux en venir, Rémus.. Mais crois-moi, je ne pense pas qu'il me soit utile d'apprendre à me servir de ça, dit-elle en se retournant pour désigner l'arsenal.
- Vraiment ? interrogea ce dernier. Autrefois, ce genre de disciplines était enseigné à Poudlard, ainsi qu'à l'heure actuelle aux futurs aurors, même les tireurs d'élite n'y échappent pas ! Ils viennent ici régulièrement pour garder la forme, afin de rester prêt en cas de danger.
- Et qu'est-ce que cette discipline serait censée m'apporter ? se lassa t-elle en croisant les bras, un sourcil en l'air.
- Que ce soit dans le combat à l'épée, ou bien à la baguette, lui dit le ministre. Il faut avoir une bonne posture, bien observer l'adversaire.. Pour mieux faire face à un ennemi, il faut au préalable avoir développé de bons réflexes qu'on peut acquérir en combattant. Une bonne pratique confère au sorcier un atout supplémentaire non négligeable lors d'un duel."
La première réunion de l'ordre n'avait même pas encore eu lieu que Lupin voulait à tout prix la convaincre d'apprendre les rudiments de la lutte, et elle en devinait la cause sans difficulté.
Elle n'était pas seule à penser que la situation entre leur deux monde allait s'empirer.
"- Tu ne penses pas que c'est aller un peu vite en besogne ? le moralisa Hermione en se radoucissant. Le monde n'a pas encore sombré dans le chaos.. D'habitude, je ne rechigne pas à élargir mon champ de connaissances, mais là..
- Je voulais te montrer cet endroit à toi en priorité, peu importe ce que tu décideras de faire par la suite, confia le sorcier. Il s'agirait avant tout de.. Prendre un peu d'avance.
- Prendre un peu d'avance sur quoi ? demanda t-elle sur ses gardes.
- Hermione, ne me faire croire que tu ne vois pas où je veux en venir !"
Le lycan rit légèrement avant de redevenir plus sérieux.
"- Tu sais comme moi qu'il ne faut pas prendre cette affaire à la légère.. D'après ma femme, tu lis toujours la presse sorcière, n'est-ce pas ? Tu n'es donc pas s'en ignorer que pas plus tard qu'il y a une semaine, des moldus s'en sont de nouveau prit à des sorciers.
- Je le sais, avoua t-elle en baissant les yeux, retenant un soupire.
- Pour un sorcier, il est déjà difficile de concevoir qu'un cracmol puisse avoir une chance de le désarmer.. Alors un moldu ! Pourtant il n'est jamais bon de sous-estimer qui que ce soit, confia sagement Lupin."
Ce faisant, il saisit d'une main l'épée qui avait retenu son attention quelques secondes plus tôt, puis se tourna vers elle. En le voyant avancer dans sa direction en ôtant la lame de son fourreau pour la lui tendre, Hermione resta immobile et les bras croisées, rechignant clairement à s'en emparer.
S'en apercevant, Lupin soupira légèrement.
"- Si mes souvenirs sont bons, dit-il plus gravement. Alors que les trois quart des gens pensaient que Voldemort n'était pas revenu, toi, tu as voulu créer l'armée de Dumbledore avec tes amis. Aujourd'hui, je prend seulement les devants pour que l'on puisse également se préparer dans l'éventualité où, eh bien.. Que ça ne se termine pas bien, comme on dit.."
Hermione ne dit rien, mais ces réminiscences ne la laissèrent pas indifférente.
"- Dans ma jeunesse je n'étais pas aussi volontaire, ni ambitieux que toi, admit-il avec regret. Je n'aimais pas non plus la violence, j'avais bien trop peur de la mienne.. dit-il en faisant tourner l'épée avec des gestes lents et précis. Jusqu'au jour où un de mes professeurs me donna le meilleur conseil que j'ai pu recevoir de quelqu'un."
Et sur ces belles paroles, il lui tendit à nouveau l'épée qu'il tenait toujours par le pommeau, pointe vers le bas.
"- Utiliser une baguette ne demande pas qu'au sorcier de connaître ses sortilèges sur le bout des lèvres.. acheva t-il. L'expérience compte plus que tout le reste."
En dépit de sa ferme intention de résister, Hermione s'empara contre toute attente de l'arme, car elle ne pouvait renier ce côté gryffondor que sa simple vue éveillait en elle. Aussitôt qu'elle l'eut en main, une sensation de hardiesse qu'elle n'avait pas ressentit depuis une éternité la parcourut. Des propos qu'Harry lui avait confié sur le lien qu'il entretenait avec sa baguette lui revinrent en mémoire, en ayant la sensation irrationnelle d'avoir été choisie par l'épée.
La lueur dans son regard n'avait pas non plus échappé à Lupin.
"- Tout ne s'apprend pas dans les livres, conclut-il avec bienveillance."
Chapitre 37
"- J'ai manqué quelque chose ? demanda discrètement Harry en prenant place aux côtés de Tonks."
Le mois d'octobre débuta en même temps que les procès des mangemorts.
Sans grande surprise, les nouvelles accusations qui pesaient sur eux monopolisaient la presse dernièrement, qui voyait ses ventes repartirent à nouveau à la hausse. Après avoir couru à travers les couloirs du ministère, Harry était arrivé essoufflé (et en retard) dans la salle de tribunal numéro huit, où on l'accueillit en faisant les gros yeux.
"- Pas grand chose, pour l'instant, lui apprit la métamorphomage. On attend que le premier accusé arrive."
Après un bon quart d'heure d'attente, les doubles portes s'ouvrirent et cernés de plusieurs sorciers, Luck Stone, ou Cepheus Lestrange fit son entré dans le tribunal..
Les bruits des chaines à ses mains et ses pieds résonnèrent à travers la salle, et ne tardèrent pas à faire leur effet sur les sorciers de l'auditoire qui se retranchèrent dans leur fauteuil. Le mangemort marcha difficilement, retenu par deux tireurs d'élite pendant qu'on l'installait sur un siège au milieu de la pièce, fixant solidement les chaines à ce dernier.
Le temps était apparemment loin où les accusés comparaissaient devant le juge enfermés dans une cage.
"- Rémus t'a informé qu'il comptait réquisitionner la salle d'entrainement ? glissa Nymphadora à l'oreille du survivant, pendant que le président du Magenmagot énumérait les charges retenues contre le sorcier.
- Non ? s'étonna celui-ci en pivotant vers elle. Pourquoi faire ?
- Il ne me l'a pas dit, lui confia Tonks à voix basse. Mais je crois que c'est pour l'Ordre.."
Elle se tourna et retrouva le silence, laissant le soin au jeune homme de deviner par lui-même.
L'arène -comme on l'appelait chez les aurors- était d'ordinaire réservée aux chasseurs de mages noirs ainsi qu'aux tireurs d'élite, lorsqu'ils voulaient s'entrainer à parfaire leurs techniques de combats. Les nouvelles recrues y venaient sur une base régulière dans le cadre de leur formation.
Harry n'était pas retourné là-bas depuis les dernières épreuves de sélection, afin d'y recruter les nouveaux membres de l'élite..
"- Si c'est le cas, j'imagine qu'il nous en dira plus lors de la première réunion, supposa l'auror en rajustant ses lunettes sur son nez, plus intéressé par la séance qu'autre chose.
- Le ministre m'a donné sa parole ! vociférait le mangemort sur son siège. Il m'a promit de me redonner mes pouvoirs !"
Le président du conseil, armé de son marteau en bois donna quelques coups sur son pupitre dans l'espoir de le ramener au silence, son autre main posée sur une pile de livres.
"- En effet, confirma t-il avec tempérance tout en le considérant par dessus ses lunettes. Mais le Magenmagot a voté en défaveur de cette requête..
- Ce n'était pas une requête ! rugit l'homme en faisant secouer les chaines. C'était un marché passé entre lui et moi !
- En revanche.. insista le sorcier en parlant par dessus ses élucubrations. Nous nous sommes mis d'accord pour vous redonner votre véritable identité. A compter de la fin de cette audience, vous ne serez plus connu sous votre nom factice, mais par celui que l'on vous a attribué à la naissance: Cepheus Antarès Lestrange."
Malgré les revendications véhémentes de l'accusé, le verdict fut sans appel. Luck allait finir sa vie en prison.
Ce fut un des procès les plus rapides auquel Harry ait assisté.. Bien qu'en ce qui le concerne, le survivant ne comprenait toujours pas pourquoi rien n'avait été fait pour tenter de savoir quelle branche de sa famille était le descendant direct de Merlin.. Il savait que Lupin prenait cette histoire au sérieux désormais, et il s'était lui-même porté volontaire auprès du ministre pour entreprendre des recherches, mais ce dernier ne semblait plus vraiment prendre son avis en considération.. Ni même songer à le prévenir de quoi que ce soit.
Chapitre 37
Le quinze octobre (date de la convocation d'Hermione) correspondait au même jour où l'on soumettrait Evanna au sortilège d'oublie.. La veille, les deux amies avaient décidé de se retrouver une dernière fois autour d'un verre, et se rendirent dans leur pub favoris pour l'occasion. Assises à leur table, elles burent chacune sans trop quoi se dire.
Un quart d'heure plus tard, le soir tombait peu à peu sur le millenium bridge lorsqu'elles vinrent s'y promener une fois sorties du pub.
En dépit des circonstances, Hermione ne pouvait se mentir, elle adorait cette ville tout comme la moldue, et elle ne la quitterait sans doute pour rien au monde.
"- Je pense à quelque chose, remarqua Evanna au bout d'un moment. Tans qu'à faire, je pourrais tout aussi bien demander aux oubliators d'effacer la dispute que j'ai eu avec ma soeur lors de notre dernière réunion familiale ?"
Elle haussa les épaules, ayant l'air de demander son avis à son amie. Face à l'humour de la moldue, Hermione pencha la tête sur le côté, lui donnant en réponse un de ses sourires goguenard. Evanna poussa un soupire exaspéré avant de se lever du banc pour faire quelques pas sur le pont.
"- Rah ! J'ai l'impression que même cet imbécile de "Luck" récolte un meilleur sort que le mien ! se plaint-elle, en levant les bras au ciel, semblant accuser ce dernier.
- Les prisons autrichiennes sont réputées pour leur service cinq étoiles d'après ce qu'on en dit, plaisanta tranquillement Hermione en collant son dos sur le dossier du banc tout en croisant les jambes, les mains fourrées dans les poches de sa veste.
- Ah, ah, ah.. Hilarant, madame la sorcière ! répliqua t-elle. En attendant tu n'aimerais pas y être, à ma place !
- Tu veux qu'on échange ? demanda Hermione sans se répartir de son calme. Très bien ! Tu n'as qu'à te rendre au tribunal à ma place, demain matin !"
Le temps se rafraichissait de plus en plus, et Evanna enfonça à son tour les mains dans les poches de sa veste aux couleurs vives.
"- Je sais.. je sais, finit par obtempérer la moldue en retombant assise à côté d'elle. Le secret doit rester bien gardé !"
Hermione passa un bras par dessus les épaules de la moldue, qui vint poser la tête sur son épaule en faisant la moue. Sous ses airs boudeurs, elle savait son amie suffisamment forte pour accepter la situation. Ce qu'il fallait avouer, la soulageait grandement.. La photographe passa à son tour un bras par dessus son épaule, et se mit à lui parler d'une voix qu'elle ne prenait que rarement.
"- Quand à toi, peu importe ce que tu as en tête, parla t-elle avec sagesse. Quand on a vécu autant de choses avec des gens, les liens qui se créent ne s'effacent pas comme ça."
Elle lui parlait calmement, sans le moindre jugement dans la voix. Dans ces instants, la sorcière avait la sensation que sous ses airs d'éternelle enfant, son amie était en réalité bien plus mature que ceux de son âge.
"- Ce que tu as vécu avec Harry particulièrement, précisa son amie. N'essaie pas de me dire le contraire, Hermione. Que tu le veuilles ou non il y a quelque chose entre vous, quelque chose qui va au-delà de la simple amitié.. C'est de ça dont tu souffres aujourd'hui. Et lui aussi.."
Comme elle s'y attendait, la sorcière à ces mots poussa un soupire agacé et se redressa pour fuir son étreinte. Mais elle ne releva pas sa remarque, dont les mots lui semblèrent si juste sur le moment qu'Hermione fut incapable de la contredire, ni même d'ajouter quoi que ce soit. Malgré le peu de temps qu'elle avait passé en leur compagnie, Evanna avait rapidement su comprendre ce qui se cachait derrière les nombreux non-dits..
Ceci-dit, elle ne voulait pas trop songer à l'éventualité d'être amoureuse de lui. L'idée était bien trop effrayante..
"- Bon ! Assez d'auto-apitoiement, se raisonna la photographe une fois debout. Demain, donne-moi rendez-vous ici-même, où bien au pub ! Essaie de ne pas avoir trop l'air bizarre, par contre.. Je risquerais de soupçonner quelque chose et te tirer les vers du nez.
- Je tâcherais de faire de mon mieux, l'assura la sorcière ironiquement en quittant le banc à son tour."
Hermione ouvrit ses bras dans lesquels sa meilleure amie vint se réfugier, et le coeur de la sorcière se serra dans sa poitrine.
En rentrant chez elle, la jeune femme songea au lendemain, où elle se rendrait au ministère de la magie pour sa séance au tribunal. Lupin avait choisit quelqu'un pour la représenter, et en temps normal elle aurait certainement tenu à se défendre seule.. Mais ne connaissant pas la loi sorcière sur le bout des doigts, elle avait accepté l'offre du ministre, n'ayant pas vraiment d'autre option.
Alors qu'elle fouillait les poches de sa veste pour y chercher les clés de son appartement, son attention fut retenu par la petite ruelle juste à côté de son immeuble. Elle eut beau rationaliser et se dire qu'il devait y avoir des centaines de rues comme celle-là, elle nota l'étrange ressemblance avec celle de la vidéo dans laquelle Harry et ses aurors s'en étaient pris à un moldu sans défenses..
Hermione haussa les épaules, et s'empressa de retrouver le confort de son appartement.
Chapitre 37
Le lendemain, une fois au tribunal, on prit enfin la peine d'énumérer les divers motifs de sa convocation.
Sans grand étonnement, on lui reprocha principalement d'avoir enfreint le code international du secret magique dont on cita les articles concernés. Puis on enchaîna avec la fuite qu'elle avait prise face aux autorités magiques en compagnie d'une moldue. Apparement, son "avocat" n'avait pas jugé utile de faire venir Evan Aldrin pour témoigner, bien qu'au même moment son amie se trouvait avec les oubliators.
Pour finir, on l'accusa de s'être mêlée des affaires confidentielles du ministère, et le témoin de la défense que Lupin lui avait attitré avança la preuve qu'elle n'avait enfreint la loi que par légitime défense, et n'avait pas manqué d'apporter une aide non négligeable au chef des aurors, à l'époque sous l'emprise d'un impérium complexe. Selon ses dires, les juges n'avaient rien de réellement solides contre elle, et ne pouvaient donc la condamner. Ce que d'après son expérience de journaliste, certains avocats faisaient l'erreur d'assurer à leur client avant de perdre un procès.
Bien qu'Hermione le jugea un peu trop sûre de lui, il s'avéra avoir raison, signe que Lupin ne l'avait pas désigné pour rien..
Les trois quarts des juges présents votèrent afin que les charges à son encontre soient levées; seulement quelque uns parmi eux levèrent la main en faveur d'une condamnation. Finalement, au bout d'une heure seulement, les charges furent abandonnées et la sorcière innocentée. En revanche, elle reçu un avertissement. Elle ne devrait plus à l'avenir intervenir dans les affaires du ministère, sous aucun prétexte.
L'audience fut close et les quelques membres du Magenmagot se levèrent des gradins pour quitter la salle. Lupin n'y avait pas assisté, bien qu'il vint à la sortie du tribunal la féliciter. Tous deux remercièrent chaleureusement son collègue qui avait "remporté l'affaire". Hermione dû admettre que le sorcier s'était effectivement très bien débrouillé.
Evidemment, elle n'avait pas bénéficié du même traitement qu'Harry en cinquième année, lorsque ce dernier avait eu droit à toute la cour au complet sous Fudge.. Moins d'une dizaine des membres du conseil avaient été présent dans son cas, et ce n'était certainement pas elle qui allait s'en plaindre ! Certains l'avaient interrogé en la considérant d'un l'oeil suspect, mais d'autres l'avaient regardé avec bienveillance, écoutant avec courtoisie ses propres aveux.
Apparemment, ces derniers n'avaient pas oublié qu'ils étaient face à une ancienne résistante..
Le coeur considérablement allégé, la jeune femme sortit du ministère un sourire flottant sur les lèvres. Comme convenu, elle envoya un message à Evanna pour demander à celle-ci de la rejoindre sur le pont, où elle patienta sur le même banc que la veille. Bien qu'elle était restée concentré tout le temps de l'audience, elle n'avait pu s'empêcher d'avoir une pensée pour sa meilleure amie..
Mais elle eut beau attendre en vain, essayer de la joindre plusieurs fois sans succès, la moldue ne pointa pas le bout de son nez.. Inquiète, et vérifiant toutes les dix secondes son téléphone, elle finit par se rendre au pub.
Respire Hermione, elle est peut-être déjà là-bas.. Ça lui arrive souvent de ne pas répondre aux messages.
Elle poussa la porte de ce dernier et balaya l'endroit du regard. Ici non plus, nul trace de son amie.. Tout en prenant sur elle, la sorcière partie s'installer au comptoir dans l'espoir qu'elle finisse par arriver à un moment ou à un autre.
Donne-lui le temps, elle n'est pas connue pour être à l'heure.
"- Tiens ! C'est encore vous ? demanda une voix familière dès qu'elle y fut assise. C'est fou ce que le monde est petit !"
Surprise, Hermione tourna son visage vers le serveur, ne tardant pas à reconnaitre ces tatouages.. Il s'agissait du barman dont elle avait fait la connaissance, le soir où Ginny et elle étaient venues dans son bar pour y espionner leur amie. Bar dans lequel il ne semblait plus travailler depuis.
Ce n'est qu'ensuite qu'elle se souvint l'avoir embrassé sur un coup de tête.
"- En effet ! répondit la jeune femme en souhaitant disparaître. Ecoutez, pour le dernière fois je voudrais m'excu..
- Je vous ai dit que ce n'était pas un problème, l'assura l'homme en semblant comprendre instantanément sa gêne. Je me présente, je m'appelle Ned !"
Il lâcha ce qu'il était en train de faire pour tendre une main à la sorcière.
"- Enchanté Ned, fit-elle en la serrant. Moi, c'est Hermione.
- Eh bien ! Qu'est-ce que je te sers, Hermione ? demanda t-il toujours d'aussi bonne humeur."
Bon sang, comment faisait-il pour mettre les gens aussi à l'aise ? Son intuition lui soufflait de lui faire confiance, bien qu'en temps normal, elle se serait méfié de quelqu'un de si avenant, surtout depuis que Luck avait réussi à le mener en bateau..
Alors qu'elle levait les yeux vers le prix des boissons, la porte du pub s'ouvrît. La boule au ventre, Hermione se tourna pour finalement apercevoir Evanna entrer à son tour. Son anxiété redoubla en constatant qu'elle ne semblait pas la voir. La photographe se dirigea vers le comptoir où elle s'assit à un tabouret du sien. La sorcière eut la sensation qu'elle allait s'évanouir sous l'angoisse.
Ça ne pouvait pas être réel. Par Merlin, les oubliators n'avaient pas osé faire ça ?
La moldue posa son sac à côté d'Hermione, qui ne savait plus quoi penser.. Devait-elle lui demander ? Elle se souvint de ce que son amie lui avait conseillé la veille : ne pas agir bizarrement.
"- Je vous sert quelque chose, Mesdames ? demanda Ned en revenant vers elles."
Ned prirent leur commande et elle tâcha de demeurer aussi calme que possible, bien que son estomac se tordait horriblement. Merlin, faite qu'elle s'en souvienne.. Faite qu'elle s'en..
Finalement, la jeune femme se tourna vers elle, les yeux ronds.
"- Ça va ? s'inquiéta la moldue en voyant l'air qu'elle faisait. T'en fais, une drôle de tête ! Excuse-moi j'étais ailleurs, s'excusa t-elle ensuite en replaçant son téléphone dans son sac. Au faite, je ne t'ai pas dis ! J'ai un nouveau restaurant à te faire essayer."
Subitement, toute tension abandonna Hermione qui lâcha un profond soupire. Un vertige la saisit, elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle retenait sa respiration.. Tandis que Ned préparaient leurs commandes, elles se mirent à discuter normalement. C'était un jour comme les autres pour Evanna, où tout semblait aller à merveilles.. Au début, Hermione eut la légère impression de faire semblant, mais elle était tellement soulagée qu'elle ne s'en soucia même pas.
Au final, elle avait retrouvé sa meilleure amie..
Lorsqu'elles furent sur le point de partir, la brune était de si bonne humeur, qu'elle alla jusqu'à proposer de lui offrir le déjeuner dans ce restaurant dont la moldue lui parlait. Pendant que celle-ci s'absenta pour aller aux toilettes, Hermione replaça son sac sur son épaule, enthousiaste, et se dirigea vers la sortie pour l'attendre dehors. Enfin de compte, peut-être allait-elle enfin pouvoir retrouver son quotidien d'avant, celui dans lequel elle dirigeait sa vie comme elle l'entendait, où rien n'échapper à son contrôle ? Bien qu'elle savait que c'était un désir facile et immature, sans parler d'irréaliste..
Et puis, quelque chose lui disait que ce n'était pas complètement ce dont elle avait besoin.
"- Attends, avant de t'en aller ! surgit Ned dans son dos en la rattrapant en quelques enjambées."
Hermione se tourna vers lui, intriguée, tandis que le serveur se grattait le dos de la nuque.
"- Je me disais que.. commença ce dernier étrangement intimidé. Enfin.. Je vais à une fête le trente-et-un ! C'est sans doute un peu tôt étant donné qu'on ne s'est vu qu'une seule fois, mais j'ai personne pour m'accompagner. Ça te dirais de venir avec moi ? Ce serait l'occasion de faire plus ample connaissance.."
Face à sa proposition, Hermione ne répondit pas, toujours médusée par ce moldu qui en temps normal, ce serait intéressée à sa meilleure amie plutôt qu'à elle.. La sorcière se fit la réflexion qu'elle n'aurait jamais accepté un rencard aussi facilement, d'habitude. Mais sa bonne humeur à ce moment la poussa à se laisser guider par son subconscient plutôt que par sa raison.
La jeune femme accepta, et après avoir échangé leurs numéros, elle quitta le pub en attendant qu'Evanna la rejoigne, ce que la moldue fit l'instant d'après. Celle-ci ne tarda pas à apercevoir la serviette dans sa main, et la suite de chiffres inscrits dessus. Encore surprise par la spontanéité dont elle avait fait preuve, Hermione lui annonça la nouvelle.
"- Pour l'amour du ciel, évite de le lorgner comme ça à la fin ! chuchota t-elle d'un ton autoritaire en tirant sur sa veste, pendant que son amie fixait sans vergogne à travers la vitre du pub."
Elle s'attendit à des commentaires sur les piercings ou les tatouages, mais Evanna n'en fit rien. Ce qu'elle lui dit en revanche faillit bien l'estomaquer :
"- Tu ne m'as jamais dis que tu avais un faible pour les bruns aux yeux verts ? questionna la moldue avec étonnement."
Chapitre 37
Au même moment, Harry était à l'étage des cellules, qui se situait un niveau en dessous du QG. Assis à califourchon sur une chaise et les bras posés sur le dossier, on ne voyait que ses lunettes refléter la faible lumière des lieux, le reste de son visage se distinguant à peine dans l'allée du quartier de détention.
Durant l'attaque du ministère, les quelques prisonniers enfermés ici avaient tenté de s'évader, et les aurors présents les avaient poursuivi toute la nuit durant pour les coincer. Malgré qu'ils y soient parvenus, la situation restait loin d'être définitivement réglée. Au final, seuls les "leaders" de leur mouvement étaient capturés, suivit de quelques adeptes, laissant de nombreux autres courir dans la nature..
En attendant la reconstruction de la partie d'Azkaban détruite au cours de l'attaque de juillet, Lupin avait obtenu l'autorisation du directeur de Nurmengard de transférer ses prisonniers les plus dangereux là bas. Pour le reste des occupants de la tour, des tireurs d'élites y montaient la garde, faute de trouver une meilleure option. On racontait que plus personne là-bas n'y croiserait la route d'un détraqueur.. Vraisemblablement, ces derniers avaient disparu en même temps que les portails.
Des cellules ensorcelées s'étendaient en estafilade le long d'une allée sombre, de minces filets de lumières s'entortillant autour des barreaux pour les rendre infranchissables. Une brigade magique s'occupait du transfert, chaque prisonnier se voyant attribuer deux tireurs d'élite et un auror. La sécurité était vérifiée régulièrement par des gardes lorsque les aurors ne s'y trouvaient pas. Harry se trouvait face à la cellule de l'un d'eux, sur le point d'être transféré.
De l'autre côté des barreaux, le mangemort sortit son faciès de l'ombre en révélant son identité.
Après avoir lu son dossier, le sorcier savait que celui là faisait parti des plus jeunes, n'ayant à proprement parlé jamais participé à la seconde guerre. Il faisait à l'époque parti des premières années à qui on avait effacé les souvenirs des affrontements. Elevé à l'idéologie des sang-pures, ses parents n'avaient même pas rejoint la cause de Tom Jedusor..
Même si les aurors n'étaient pas réputés pour être des experts en psychologie, ils leurs arrivaient très fréquemment de se demander comment certaine personne pouvait sombrer sans d'autres antécédents.. Après tout, des descendants de mangemorts étaient aujourd'hui connus pour être parfaitement intégré à la société sorcière, n'ayant jamais suivis les préceptes de leur éducation.
A sa propre surprise, l'auror faillit sursauter lorsque le mangemort se mit à parler dans l'ombre.
"- Alors c'est toi.. Le fameux Harry Potter ? demanda t-il, intrigué."
Face au manque de réponse, celui-ci continua.
"- Tu sais, toi et moi ne sommes pas si différent dans un sens.. On nous met des bâtons dans les roues parce qu'on dérange le système, chacun à notre façon."
Bien qu'Harry ne voyait pas le moindre rapport entre ce jeune et lui, il savait qu'il ne devait pas rentrer dans son jeu.. Combien de fois leurs avait-on répété qu'il ne fallait jamais chercher à argumenter avec un prisonnier ? Les aurors finissaient par s'habituer à la pitié que certains cherchaient à attirer sur eux; un piège dans lequel il ne fallait surtout pas se laisser entraîner..
"- Pour être tout à fait honnête avec toi, il y en a certain qui me font peur, rapporta le mangemort en croyant bêtement que sa comédie allait fonctionner. Certains sont vraiment prêts à tout, contrairement à moi. Alors jt'avouerais que je préfèrerais largement être seul là-bas.. Leurs cellules, elles sont bien individuelles, n'est-ce pas ?"
En comprenant que son manège ne fonctionnait pas, le jeune mangemort se rapprocha des barreaux, se tordant le cou pour tenter de lire le dossier qu'Harry tenait entre les mains.
"- Hein ? insista t-il. Je voudrais savoir qui va être mon voisin de cellule. Allez, dis-le moi ! On m'a dit que sous tes airs impitoyables, tu avais de la compassion pour les autres, Potter.
- Ah oui ? demanda l'auror ironiquement en feignant l'amusement, relevant son visage vers le sien."
Le mangemort, croyant sans doute avoir gagné son attention, glissa son visage entre les barreaux et accrocha ses mains à ces derniers.
"- Du temps que c'est pas avec cette folle de Lestrange, maugréa t-il. Tu n'es pas sans ignorer qu'elle a un effet spécial sur les gens, n'est-ce pas ?"
Il passait à la seconde étape, celle consistant à le déstabiliser. Le mangemort n'était pas sans ignorer qu'Harry faisait parti ce ceux qu'elle avait réussi à manipuler.
"- Tu veux savoir comment elle s'y est prit ?
- Le véritaserum fait l'affaire, en général, répondit Harry en restant ferme.
- Oui, mais je veux dire comment elle s'y est prit, avec toi.."
Ne pas le laisser jouer avec tes nerfs, ne le laisse surtout pas te provoquer..
Voilà qu'il se mettait à croire qu'en échange de révélations, il éviterait de se retrouver juste à côté de sa cellule.
"- ..Je connais même ceux qui ont aidé Turner à mettre la main sur son corps, révéla t-il alors, ce qui retint son attention pour de bon, cette fois-ci."
Hésitant à en demander plus, Harry préféra choisir la troisième option, comme il disait. Fouiller son esprit. S'attendant à y trouver une simple envie de provocation, il commença à sonder l'esprit du mangemort. Effectivement, il cherchait bien une réaction de sa part, mais pour le reste le jeune sorcier disait vrai.
Il semblait même en savoir beaucoup plus.
"- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda l'auror d'un ton glacial."
En réponse, le mangemort se mit à ricaner. Evidemment, il n'allait pas en dire plus tant qu'il n'aurait pas eu de récompense.. Malgré un stress naissant, Harry parvint à garder son calme, et traversa alors les barrières de son esprit pour y lire ce que l'autre ne voulait pas avouer. Malgré le malaise causé par l'intrusion, ce dernier ne la remarqua même pas et continua de ricaner, pensant garder ses secrets pour lui.
Comme Rogne le lui avait dit un jour, l'esprit était une chose complexe qui comportait de nombreuses couches successives, et seuls les légilimens parvenaient à plonger dans l'esprit d'une personne et à déchiffrer ce qu'ils y trouvaient. A sa connaissance, seul Rogue et Voldemort en étaient capables.. Durant sa formation, Harry s'était rendu compte de sa prédisposition à la legilimencie. Lui qui demeurait un si mauvais occlumant, avait développé au fil des années cette capacité que Kingsley, son mentor de l'époque n'avait pas tardé à repérer, lorsqu'il arrivait lors d'exercices à faire avouer la vérité à un de ses camarades.
Lorsque Bellatrix le manipulait, il avait usé de cette capacité à tord et à travers, et c'était la première fois qu'il en refaisait usage depuis qu'il s'était trouvé dans le bureau de McGonagal. Son effort ne fut pas en vain, et il finit par mettre la main sur ce que le mangemort préférait taire.. Révélant la vérité qui se dressa alors sous ses yeux.
Et celle-ci fut si effroyable que sur l'instant, elle l'épouvanta..
Délaissant son calme, Harry bondit d'un coup de sa chaise en renversant cette dernière dans son élan. Il brandit sa baguette hors de la poche arrière de son jean, et d'une enjambée fut devant la cellule, vrillant du regard l'homme à travers les barreaux.
Tout en le menaçant de sa baguette, il passa directement à l'interrogatoire sans en passer par la procédure habituelle.
"- Je veux les noms, ordonna t-il d'une voix froide et déterminée qui sur l'instant, parut déstabiliser l'homme. Je sais que tu les connais, fais l'effort de t'en souvenir..
- Il lit dans ton esprit, imbécile ! lança alors un autre détenu un peu plus loin."
Les autres détenus suffisamment prêt pouvaient suivre l'échange sans en perdre un miette..
Jetant un regard hébété à son voisin de cellule, le mangemort sembla alors réaliser l'entourloupe. Brusquement, il recula dans la crainte et parti se recroqueviller dans un coin de sa propre cellule. Il regardait à présent l'auror comme s'il s'était trouvé face au diable en personne.. Le survivant abaissa sa baguette, et lâcha le barreau qu'il serrait dans son autre main. Ce type paraissait aussi dérangé que les autres..
Sur le moment, Harry se sentit mal qu'on le dévisage de la sorte. La colère qui l'avait saisit face aux récentes découvertes s'évapora, mais l'effroi ne le quittait pas, bien qu'il fit de son mieux pour la dissimuler.
"- Crois-en mon expérience, lui confia alors Harry. Bellatrix est très bavarde tu vas voir, on ne voit pas le temps passer avec elle.. Ah, oui ! Juste une chose : évite de la laisser rentrer dans ta tête, conseilla l'auror."
Et sur ces dernières paroles, le sorcier ramassa le dossier qu'il avait fait tombé et remis la chaise sur pieds avant de quitter l'endroit, parcourant l'allée en sens inverse, sa baguette émettant de faibles crépitements rougeâtres. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, Harry ne se sentait pas fière d'avoir traité le mangemort avec une telle rudesse, peu importait le sort qui allait lui être réservé sous peu..
En passant devant l'un des cellules, un des prisonniers lui lança:
"- N'est-ce pas rassurant Potter, de constater que le monde qui nous entoure est bien plus cinglé que soi ?"
Ignorant ce que cette phrase faisait résonner en lui, l'auror aux traits tirés ignora sa remarque et rejoignit le QG.
Chapitre 37
Au lieu de revenir dans son bureau, Harry prit une autre direction. Parcourant les couloirs comme un volcan sur le point d'entrer en éruption, les gens s'effaçaient sur son passage tandis qu'il se dirigeait vers le bureau du ministre. Bien qu'il se fichait de ce qu'on allait encore penser de son attitude, il n'ignorait pas les conséquences qui allaient s'en suivre..
Bellatrix Lestrange aurait soit disant reçu le moyen de le manipuler à distance par un ennemi s'étant fait passer à la fois pour allier du ministère, mais également des mangemorts.. Et ça, ce n'était qu'un infime détail d'un mensonge allant beaucoup plus loin.. Faisant souhaiter à Harry (sans doute pour la première fois de sa vie) de ne pas être au courant de ce qui se tramait dans les coulisses.
Lupin en revanche, semblait parfaitement s'en accommoder.
Etait-ce un des nombreux secrets que l'on révélait aux ministres nouvellement élus, au moment où ceux-ci accédaient au sommet de la hiérarchie ? Merlin savait qu'il en avait suffisamment vu durant ses vingt-huit ans d'existence.. L'auror avait conscience qu'il devait vivre avec les multiples drames qui avaient jalonné sa vie. Et y comprit maintenant, il savait qu'il ne choisissait pas la voie la plus facile; Mais il n'y avait aucun moyen pour qu'il oublie ce dont il venait tout juste de prendre connaissance.
N'importe qui en apprenant ce qu'il venait d'extirper de l'esprit du mangemort en aurait fait autant.. Sans même prendre la peine de frapper, Harry rappliqua dans la pièce en interrompant la réunion que le ministre donnait à ses collaborateurs.
"- Quand est-ce que tu comptais m'avertir ? interrogea t-il à brûle-pourpoint, une main sur la poignée alors que les têtes se tournaient vers lui.
- Je te demande pardon ? se formalisa celui-ci de derrière son bureau, indisposé par son entrée.
- Comment as-tu osé cacher une chose pareille ? renchérit-il avec ardeur, ignorant sa question. Alors c'est ça, accéder au pouvoir ? Je croyais que tu valais mieux que ça !
- Ne vois-tu pas que je suis en réunion ? s'enquit un Lupin courrouçé en se levant de son siège. Sors d'ici tout de suite et laisse-nous finir, nous discuterons de ça plus.."
Harry ne le laissa pas finir sa phrase. A la place de quoi, il contourna l'élégant bureau ministériel pour attraper son occupant par le col de sa chemise, et le plaquer contre le mur le plus proche. Sous les exclamations outrées des personnes présentes, la porte du bureau s'ouvrit sur Tonks, qui l'ayant aperçu dans les couloirs, l'avait suivit jusqu'ici en suspectant quelque chose..
"- Harry, le prévint-elle d'une voix dangereusement calme. Relâche tout de suite mon mari.."
En deux trois mots, elle enjoint aux personnes présentes de reporter la réunion à plus tard; Ces derniers rassemblèrent leurs affaires pour prendre congés sans attendre, la laissant gérer la situation. Tonks marcha vers eux après avoir prit soin de refermer la porte derrière elle. Tandis que Rémus, de son côté n'avait jamais autant vu le jeune homme ressembler à son père..
"- Toi ! vociféra un Harry en raffermissant sa prise sur lui. Qui m'a accusé de comploter contre le ministère, et était prêt à m'envoyer à Azkaban pour ça !
- De quoi oses-tu m'accuser ? s'outragea ce dernier, qui en apparence semblait garder calme, bien qu'Harry voyait très nettement dans ses yeux une lueur animale reflétant une fine part de sa nature profonde.
- Ça suffit ! insista fermement Tonks en forçant sur ses bras, se mettant quasiment entre eux. N'empire pas ton cas, tu t'es attiré assez d'ennuis.."
Bien que les deux hommes fassent deux têtes de plus qu'elle, la métamorphomage parlait avec un calme mesuré et un sang froid laissant deviner qu'elle ne faisait pas ce métier pour rien. Contre toute attente, Harry finit par lâcher prise sur le ministre qui remit sa cravate en place. Tonks voulut lui faire quitter le bureau afin d'éviter d'autres désagréments de ce genre, mais l'auror n'en avait pas terminé.
"- Je veux voir Kingsley, déclara t-il finalement à bout de souffle."
Percy n'était plus parmi eux pour témoigner; le rejeton de Bellatrix s'était assuré de cela.. Shaklebolt demeurait à présent la seule personne à pouvoir lui en dire plus sur ce qu'il venait d'apprendre. Désormais, il n'y avait peut-être qu'à lui qu'il pouvait faire confiance.. A moins que ce dernier soit également ce qu'il soupçonnait Lupin d'être devenu: un traitre. Bien qu'il ait été sous ses ordres suffisamment longtemps pour savoir l'ancien ministre incapable de s'abaisser de la sorte.
"- Il ne veut pas te voir Harry, soutint Lupin, agacé. Personne ne le veut, au cas où tu n'aurais pas remarqué.
- Quelqu'un a fait pression sur les ministres qui se sont succédés depuis la nomination de Shaklebolt.. A moins que ça ne remonte à plus loin ?
- Qu'est-ce que tu insinues par là ? lentement Rémus en détachant chaque mot, presque comme une menace. Comment le sais-tu ?
- Alors, c'est vrai ? s'exclama Harry en reprenant de l'aplomb, tandis que Tonks le retenait par l'épaule au cas où. Depuis le début, tu es au courant qu'une personne ayant infiltré le ministère a oeuvré contre nous, et tu l'as laissé faire ?"
Le regard mauvais, Lupin ne lui répondit pas.
"- Selon le mangemort que j'ai interrogé, il s'agirait de la même personne qui aurait fournit le cadavre de Voldemort à Turner ! argumenta t-il en vain, cherchant une réaction chez son interlocuteur."
Après tout ce qu'il s'est passé entre eux, c'était la goutte de trop. Jamais Harry n'aurait cru que le lycanthrope puisse le décevoir autant. Au final, Lupin n'était pas mieux que lui.. Seul son apparence restait irréprochable. Malgré sa mauvaise réputation, Harry lui au moins, tâchait de faire de son mieux en dépit de ses nombreuses erreurs.
Une pointe d'amertume au fond de la gorge, l'auror mit de côté toute forme de culpabilité, et tenta de lire son esprit comme il l'avait fait avec ce jeune un peu plus tôt. Mais il eut tôt fait de s'apercevoir que ça ne marchait pas sur le ministre. Il avait déjà essayé des mois en arrière, lorsqu'il était encore sous ses ordres à elle.
Le plus étonnant fut que Lupin sembla deviner ce qu'il tentait de faire.
D'un ton calme, bien plus menaçant qu'Harry ne pourrait jamais l'être, celui-ci reprit la parole en pointant un doigt tremblant de colère dans sa direction :
"- Tu peux débarquer dans mon bureau sans ma permission, et t'en prendre à moi devant mes associés quand ça te chante. Mais ne cherche jamais à fouiller dans mon esprit, tu m'entends ? Jamais ! finit-il par gronder à voix haute."
Harry accusa le coup tout en dévisageant avec ressentiment celui qui était autrefois son professeur, et son ami.
"- J'ai beau m'être comporté comme un enfoiré de première ces derniers temps, avoua l'auror plus calmement. Mais jamais je n'aurais pu trahir les miens ! Tu me rappelles quelqu'un à qui je n'aurais jamais osé te comparer..
- Laisse Pettigrow là où il est, répliqua le sorcier. Tu n'as aucune idée de ce dont tu parles !
- Je parles d'un mangemort venant de m'apprendre à l'instant même, que si je n'étais pas à Londres au moment de l'attaque l'an dernier est parce qu'on m'a mené volontairement sur une fausse piste ! Et selon lui, il ne s'agirait même pas de l'un de siens !
- Et qui donc aurait fait ça, si ce n'est pas un mangemort ? demanda Lupin agressivement.
- A toi de me le dire ! exigea l'auror. Je ne sais pas, moi.. Quelqu'un voulant laisser les mangemorts gagner en puissance en attaquant des moldus ?
- Ce que tu dis est tout bonnement absurde..
- Ah oui ? demanda t-il. Pourtant il me semble que tu sois au courant, tout comme l'étaient Percy et Shaklebolt avant toi. C'est peut-être la raison pour laquelle on les a tous les deux mis sur la sellette ?"
Pour les empêcher de parler. Lupin poussa un soupire tout en massant les rides sur son front.
"- Quand bien-même ce serait vrai, intervint soudainement Tonks dans leurs dos qui semblait écouter attentivement. Rémus n'aurait jamais pu le savoir, même à l'époque en étant conseiller..
- Toi, tu me crois ? demanda naïvement Harry en se tournant vers elle."
La concerné jeta une oeillade hésitante à son époux, avant de confier :
"- Il m'est même arrivée de me demander si le gouvernement moldu n'avait pas laissé faire, avoua t-elle. Vu le temps qu'ils ont mis avant de permettre aux secours d'arriver sur les lieux.. Percy a subit tant de pression durant son remplacement, et maintenant..
- Ça suffit, Dora, l'interrompit son mari fatigué en fermant les yeux, les mains posées à plat sur son bureau. Tu n'as pas à répondre à ses questions, tout comme moi d'ailleurs.
- Si tu ne veux pas répondre, c'est peut-être parce que tu as quelque chose à te reprocher, justement ! répliqua Harry.
- Il ne s'agit aucunement de ça ! Il s'agit de faire mon travail et de protéger au mieux la population ! cria à nouveau Lupin.
- Moi aussi, c'est ce que je veux, figure-toi ! aboya l'auror de plus belle."
Le ministre eut une exclamation de dédain en levant les yeux au ciel, les mains toujours posés sur le bureau.
"- Toi et moi savons que c'est faux..
- Qu'est-ce que tu veux dire par-là ? demanda rapidement Harry, subitement mal à l'aise.
- Je n'arrive pas à croire que nous ayons à nouveau cette discussion, s'exaspéra Rémus en refermant les yeux.
- Tout ce que j'ai fais depuis que je suis à la tête des aurors, tous les risques que j'ai pris.. Je l'ai fais pour les mêmes raisons que toi ! se défendit le sorcier avec fierté.
- Tu en es sûre ? interrogea cette fois Rémus.
- Exactement !
- Et ceux sont les mêmes raisons qui t'ont poussé à libérer Bellatrix, en te servant du prétexte de l'interrogatoire ?
- Elle m'avait demandé de le faire sous l'effet de l'imperium ! fit Harry avec vigueur.
- Et d'après toi.. comment s'y est-elle prit pour te manipuler aussi facilement ? Je vais te le dire, moi.. Elle s'est infiltrée dans une partie de toi qui voulait se venger !"
Semblant au bord de la rupture, Lupin leur tourna le dos et contourna le bureau pour reprendre son souffle. Il se retourna enfin en désignant d'un geste du bras les alentours.
"- Et tu l'as ramené ici, en plein ministère, fit-il d'une voix éraillée d'où perçait une pointe de bouleversement. Tout ça à cause de cette partie de toi qui cherche encore et toujours la même chose..
- D'Azkaban elle nous était d'aucune utilité ! prétexta Harry.
- Pour te venger de ce qu'elle a fait à Sirius ! s'écria Lupin en même que lui."
Il y eut un moment de silence.
"- C'est vraiment ce que tu crois ? demanda alors l'auror, la voix cassée à force de crier. On est revenu à cette histoire de vengeance personnelle ?
- Ce que je crois.. Est que tu dois apprendre à laisser le passé où il est, lui dit Rémus à bout de force. Et maintenant, sors de mon bureau, avant que je ne sois contraint d'utiliser ma baguette contre toi, ce que je me retiens de faire en ce moment même.."
Ne trouvant plus rien à dire pour le moment, le survivant abdiqua et lui tourna le dos pour se diriger vers la porte. Quand il passa près d'elle, Tonks n'osa même pas lever les yeux vers lui.
"- Ah oui ! Une dernière chose, avant de partir.. rajouta son mari."
Alors qu'il était au seuil de la porte, la main sur la poignée, Harry se retourna une dernière fois vers lui.
"- Tu es viré, déclara le ministre en remettant de l'ordre dans les feuilles de son bureau."
Accusant le coup de cette ultime déclaration, l'auror ne trouva même pas la force de répondre quoi que ce soit, et adressa un dernier regard à son illustre mentor, avant de partir comme il était entré.
Chapitre 37
Le soir d'Halloween, Hermione était postée devant la glace de sa salle de bain, en t-shirt et en short. Les mains posées sur le rebord du lavabo, l'ombre d'un sourire narquois sur les lèvres, elle secoua la tête. Elle se demandait encore ce qui lui avait pris d'accepter de sortir avec ce Ned. Elle ne se sentait pourtant pas aussi stressée que d'habitude avant un rencard..
Reportant son attention sur le miroir, elle sortit dans un geste machinal le pendentif de sous son t-shirt pour le faire rouler entre ses doigts, souriant sans s'en rendre compte. Elle sortit de ses pensées et entreprit de se préparer. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait porter. Vérifiant l'heure sur son portable posé à côté d'elle, elle vit qu'elle avait une heure devant elle.
Comme elle ne prévoyait pas de porter de costume, Evanna lui avait conseillé de se rattraper avec les accessoires et un maquillage de soirée. Même pour les fêtes, Hermione n'aimait pas vraiment se maquiller, et il n'y avait qu'en de grandes occasions qu'elle faisait un réel effort. Après avoir mit ses yeux en valeurs, elle lança un sort pour dompter sa chevelure. Elle se rendit après cela dans sa chambre pour enfiler un jean serré et un pull marron orangé, décolleté en V. Elle noua en guise de collier un ruban noir au ras du cou, dont le pendentif doré en forme de feuille tombait au niveau de son coeur.
Elle garda malgré tout le pendentif de la rune, qui donnait l'impression d'un double collier. Plutôt satisfaite du résultat, Hermione partit vivement enfiler ses chaussures dans l'entrée -une paire de bottes en velours- enfila sa veste, saisit son sac et se prépara à quitter son appartement pour s'engouffrer dans la fraicheur du couloir.
Dès qu'elle ouvrit la porte, Pattenrond se glissa en trombe dans l'interstice pour en sortir, et disparu dans les escaliers menant à l'étage du dessus en émettant des grognements. Hermione soupçonnait des êtres de la nature ou d'autres entités de s'être faufilés dans son appartement depuis son retour d'Ecosse, car Pattenrond passait beaucoup de temps à fixer certains endroits tout en sifflant, ou à chasser des proies imaginaires d'un bout à l'autre de l'appartement.
Ou alors, il n'appréciait tout simplement pas de devoir partager temporairement sa litière avec Celsius.
Une fois arrivée au ré de chaussé, Hermione récupéra son courrier. C'est ainsi qu'elle se souvint de sa souscription récente à la Gazette du sorcier en voyant l'exemplaire dans sa boîte aux lettres.
Elle jeta un coup d'oeil rapide aux gros titres.
Un couple de sorciers assassiné: des moldus suspectés de meurtre
Les sourcils fronçés, elle fit disparaître le journal dans son sac, refourguant ainsi les mauvaises nouvelles au placard.
Sur le chemin de son rendez-vous, la vision des enfants moldus s'apprêtant à aller frapper aux portes pour récolter les friandises lui redonna le sourire; se rappelant lorsqu'elle même enfant se rendait de porte en porte accompagnée par l'un de ses parents déguisée en sorcière, ne se doutant pas une seule seconde qu'elle en était réellement une.. Vu le temps au dehors, heureusement que sa veste en faux cuir était doublée. Elle se rendit en métro à l'arrêt où son rencard l'attendait, et remonta à la surface pour se retrouver dans la partie la plus animée de Londres.
La posture de Ned, les mains dans les poches en l'observant arriver lui fit automatiquement penser à Harry, et elle ne put s'empêcher de se sentir coupable.
Tu dois aller de l'avant, ma grande.. Oublie-le, se dit-elle en avançant vers lui.
Fidèle à lui-même, il portait un chapeau melon, mettant en évidence son style légèrement punk. La sincérité qui émanait de ses yeux était ce qui avait convaincue Hermione de lui donner une chance. Elle eut une pensée pour ses derniers rencards. Un professeur et un agent comptable de l'entreprise à côté de son travail. Si elle s'entendait à merveille avec eux sur le plan intellectuel, il n'en était pas de même sur le reste où ils s'étaient révélés décevants à la longue.. Non pas qu'elle considère Ned comme un simple d'esprit, où qu'elle veuille à tout prix s'engager, mais il y avait toujours cette possibilité de faire des rencontres intéressantes.
Qui pouvait croire qu'Hermione Granger, à bientôt trente ans était capable de profiter de ce que la vie avait à lui proposer ? Surement pas grand monde.
Le sourire en coin de l'homme lui plut automatiquement. Il n'en faisait pas trop, ce qui lui allait parfaitement.
"- Pas trop de retard ? s'enquit-elle immédiatement une fois devant lui en souriant nerveusement.
- T'es même plutôt en avance ! répondit-il en remettant d'une main son chapeau en place. Laisse-moi deviner.. dit-il pour détendre l'atmosphère en faisant mine d'inspecter sa tenue."
D'un sourire hermionesque, bien qu'elle n'avait pas prévu de l'utiliser, elle dégota un masque en fausses feuilles d'automne de son sac et le plaça devant ses yeux, pendant qu'il cherchait la signification de son costume.
"- En déesse de l'automne ? hésita t-il en plaçant un doigt sur ses lèvres. Ou en prêtresse de Samhain ?"
Elle ne put retenir un rire à ses suppositions. Il avait l'air aussi excentrique et imaginatif qu'Evanna, en plus de cette aptitude à mettre les gens en confiance.
"- Bon, t'es prête ? demanda t-il ensuite d'un air qui se voulait rassurant.
- On y va, fit-elle en lui emboitant le pas vers l'endroit où il avait décidé de les emmener."
En l'occurence, une fête d'Halloween où l'on était pas obligé de venir déguisé. Ce qui l'arrangeait grandement pour un premier rendez-vous.
Chapitre 37
Pendant ce temps-là, dans un pub de l'allée des embrumes:
Comme d'habitude, la musique du juke box ensorcelé résonnait à la Vouivre Blanche. Cette maudite machine ne diffusait que des chansons moldues, apparemment. On aurait pu penser qu'Harry fréquentait souvent l'endroit, mais depuis ce qu'il s'était passé au Chaudron Baveur, Hannah avait en réalité décidé d'en interdir l'accès à Neville et lui.. Pour un temps indéterminé.
Et puis ce soir là n'était pas juste n'importe quel soir. C'était le soir de l'assassinat de ses parents, et cet endroit était l'un des rares où on ne le regardait pas avec pitié, où on ne se sentait pas obligé de venir lui parler. On se contrefichait de sa présence, tout ce qu'Harry pouvait espérer en cette soirée d'Halloween.
" When love is at its fight, it's never good enough.."
Le juke-box ne fut pas long à saisir son humeur, et à en faire bénéficier toute la clientèle.
Harry n'avait pas manqué les remarques de Ginny sur le rendez-vous galant d'Hermione ces derniers jours, bien évidemment. Il imaginait la sorcière en ce moment même avec le moldu en question; probablement dans un restaurant de la ville. Un moldu convenable et rangé comme elle, qui ne se faisait surement pas virer de son travail pour gestes et propos déplacés envers le patron.
Quand est-ce qu'Hermione allait enfin lui sortir de la tête ?
" I always seem to find the right formula for putting up.."*
Cette soirée était la pire de l'année pour Harry. Il savait que tous les ans, des gens venaient déposer des fleurs sur la tombe de ses parents, ou allumaient des bougies devant leur ancienne maison. Le sorcier aurait dû en être reconnaissant, touché.. Au lieu de quoi, il avala son verre d'un trait et grinça des dents, puis le reposa pour en commander un autre.
A peine quelques heures après son renvoi, un des prisonniers avait été déclaré disparu au cours de son transfert à Nurmengard. Le manque de sécurité avait surement oeuvré en sa faveur, bien qu'Harry ait au préalable paré à toutes les éventualités en prenant les mesures nécessaires.
L'auror ne savait qui avait ébruité leur altercation, mais il fut évident que la presse fut averti de l'incident avec Lupin.. Les médias sorciers s'étaient empressés de relater l'altercation virulente dont on ne fit que parler à travers le ministère. Tout le monde savait désormais qu'Harry Potter s'était fait renvoyé par le ministre en personne, à cause d'agissements plus ou moins avouables..
Il se savait être dans la ligne de mire de Lupin depuis longtemps, et pas uniquement la sienne. Certain aurors n'attendaient qu'il commette la faute de trop pour se retrouver éjecter du siège de chef. Cette fois, il doutait pouvoir bénéficier d'une énième immunité que lui avait jusqu'à présent conféré son statut de sauveur.. Sa carrière d'auror était belle et bien finie.
Et d'après ce qu'il savait, il avait échappé au pire.. Car Harry savait pertinemment que si un autre que lui avait commit les mêmes erreurs, il aurait probablement récolté un procès ou bien terminé sous les verrous.
"- Tu as de la chance qu'Azkaban n'ai plus assez de place en ce moment, Potter, lui fit remarquer Malefoy en le croisant quelques heures plus tôt en sortant du quartier général."
Malefoy n'avait jamais été connu pour être une grande source de réconfort.. Mais son indifférence n'égalerait jamais le manque de tact de Ron.
"- T'en fais pas, vieux.. Si Lupin avait vraiment voulu t'y enfermer, tu y serais déjà ! tenta de le rassurer le rouquin. Et en plus, devine qui il a choisit pour te remplacer ? Sa femme, évidemment !"
Sans oublier de glisser les fameux:
"- Tu as parlé à Hermione ? Oh et au faite, Maman voudrait que tu viennes manger à la maison un de ces soirs.."
Harry n'avait rien répondu, bien que persuadée de l'aptitude de Tonks à le remplacer. Selon lui, la métamorphomage saurait parfaitement se débrouiller, en dépit des doutes que cette dernière nourrissait sur son leadership. Quand à l'invitation à dîner, il n'avait pas donné de réponse définitive, seulement promis qu'il y songerait.
Pour tout dire, Harry ne savait pas qui il préférait éviter le plus en ce moment.. La presse, ou la mère de Ron ? Il n'avait pas oublié la gifle mémorable qu'il avait reçu des années plus tôt, et l'auror se demanda un instant si un adulte pouvait recevoir une beuglante d'un parent, ce dont Molly s'était toujours revendiqué. Pour lui remonter le moral, son meilleur ami lui avait proposé de rejoindre son équipe, même si aucun poste d'attrapeur n'était vacant en ce moment.
Comme s'il méritait encore les faveurs de qui que ce soit..
"- Alors comme ça, le sauveur est mis à la porte du ministère à coup d'pieds dans le derrière ? ricana une voix dans son dos."
Harry jeta un oeil par dessus son épaule pour voir qui s'adressait à lui.
"- Mondingus ! s'exclama t-il en feignant l'enthousiasme, refaisant face au comptoir. Je me demandais bien quand j'allais finir par te croiser dans les parages. Rien ne t'a échappé, comme d'habitude.."
Son odeur caractéristique d'odeur et de tabac était imperceptible dans le pub. Le petit sorcier au crâne rasé et aux jambes arquées monta sur un tabouret juste à sa droite, levant un bras pour faire venir Valentin.
"- Dommage, remarqua son interlocuteur avant de se pencher vers lui. Avant, t'aurais encore pu m'engager parmi tes aurors..
- Aucun risque, lui certifia celui-ci avec raideur, sans daigner se tourner vers lui."
L'étrange ambition que nourrissait l'escroc pour ce poste ne datait plus d'hier. Ce dernier avait plusieurs fois tenté le concours d'entrée depuis la fin de la guerre, prétextant regretter le temps des missions pour l'Ordre..
Chaque tentative s'était soldée en échec, et ce n'était certainement pas Harry qui aurait protesté face à cela.
"- Ah.. se désola l'homme piteusement. J'vois que t'as pas fais un trait sur cette histoire d'héritage. Faut passer à autre chose, petit !
- Pas de vol à l'étalage, ces temps-ci ? demanda t-il l'air de rien, ne voulant surtout pas penser à Sirius maintenant.
- Pas que je sache, répondit évasivement Mondingus en portant inconsciemment la main sur le col de sa chemise."
A ce moment-là, le survivant crut voir quelque chose étinceler à travers son vêtement.
"- Mais encore ? conversa l'auror, sur la réserve."
Engager la conversation avec Mondingus Fletcher n'était franchement pas ce qu'il avait eut en tête en venant ici. L'homme jeta un oeil injecté de sang dans sa direction et se rapprocha de lui, vérifiant que personne ne regarde vers eux.
"- Tu serais surpris d'apprendre qu'en vérité, l'escroquerie c'est même plus nécessaire d'nos jours, confessa t-il à voix basse. On va plutôt dire que j'préfère la négociation.."
L'ancien auror faillit en recracher le contenu de son verre. Mettant un poing devant sa bouche pour prévenir la quinte de toux qui s'en venait, il remarqua du même coup le bijoux autour du cou de Mondingus.
Le "négociant" y semblait très attaché.
"- Impressionnant hein ? commenta t-il, son regard s'animant d'une lueur avide."
Ce n'était pas tant la préciosité du bijoux qui retenait son attention, mais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.
"- On va dire qu'une source dont j'tairais le nom m'en a fait cadeau, expliqua t-il en le replaçant aussitôt dans sa chemise, qu'il s'empressa de boutonner un peu trop près du cou.
- Ou bien on peut supposer que Malefoy a encore tenté de débarrasser les sous-sols de son manoir, déduit Harry en reprenant son verre d'hydromel."
Contenant tous les artefacts magiques qui se trouvaient sous son salon depuis des mois.. Le petit sorcier grimaça en coin avant de se reprendre. Harry ne put s'empêcher d'imaginer l'escroc faisant la collecte d'un assortiment d'objets tout aussi obscures les uns que les autres, pour ensuite les revendre au plus offrant sur le marché noir.
Faire des affaires avec Mondingus.. Même un Malefoy ne pouvait pas tomber si bas ?
Harry avait bien conscience que le sorcier se confiait à lui uniquement parce qu'il ne travaillait plus pour le ministère, et n'était donc plus une menace pour ses affaires douteuses.
"- Tu te rends compte qu'en temps normal, c'est moi qui t'aurais botté le cul pour avoir accepté une telle offre ? lui demanda le brun, trop fatigué pour s'énerver.
- Y'a des choses qui ne se refusent pas.. se justifia vaguement l'homme.
- Tu m'en diras tant, répliqua t-il aigrement en déboursant quelques noises de ses poches."
Harry les déposa sur le comptoir, mettant ainsi un terme à leur conversation. Mais Mondingus posa sa main sur son bras pour l'empêcher de partir.
"- T'as lu la presse, ces derniers jours ?
- J'essaie d'éviter, lui répondit l'auror. On n'y parle pas de moi en termes très élogieux.."
L'homme rapprocha son visage du sien, ne semblant plus d'humeur à plaisanter tout à coup.
"- Malefoy est pas l'seul riche à vouloir se débarrasser d'une partie d'sa fortune, le prévint-il à voix basse. Je m'y connais pas assez en économie pour comprendre c'que ça veut dire, mais d'après mes relations à Gringott y'a des allers-venues fréquentes là-bas depuis quelques semaines.. Il s'passe quelque chose d'anormal."
Harry aurait bien voulut lui répondre que l'argent ne l'intéressait pas.. Mais face à son air, Mondingus sembla deviner le fond de sa pensée.
"- S'il y'a bien une chose que j'ai compris durant ma vie, c'est que le hasard ça existe pas, insista le sorcier. Absolument tout est lié."
Harry resta interdit, tandis que le vieil homme relâchait son bras pour se tourner vers le bars. Le survivant en serait bien resté là si au même moment, le videur -un dénommé Vixen- ne s'était pas immiscé entre eux.
"- Qu'est-ce que tu fiches encore ici, Fletcher ? lança ce dernier à l'adresse du petit sorcier qui évitait de regarder dans sa direction. Tu connais pourtant les règles de la maison, pas de voleur."
Mondingus allait répondre, quand sans réfléchir Harry lui coupa la parole. Même s'il ignorait pourquoi il prenait la peine de le défendre.
"- Et pourquoi l'avoir laissé entrer, dans ce cas ? demanda t-il avec aplomb.
- Il vient juste d'prendre la relève de l'autre, grommela Mondingus à ses côtés sans se tourner vers eux."
Vixen n'était pas aussi grand que son comparse, mais le demi-géant semblait pour une raison inconnue suivre ses ordres, plus que ceux de la patronne elle-même. Le videur détourna son attention du petit sorcier qui se tortillait sur son tabouret, mal à l'aise, pour la rediriger sur Harry.
"- Je me demande quand est-ce que tu commenceras à enfin te mêler de tes affaires, Potter ? interrogea le sorcier. Vu les rumeurs qui courent en ce moment, c'est plutôt toi qu'on devrait interroger.. Mais quand on est dans les bonnes grâces du ministère, j'imagine qu'on a pas de soucis à se faire avec la justice !"
Contenant sa colère en lui, Harry enserra par réflexe sa baguette sous sa cape. Des clients se tournaient déjà vers eux, attiré par leur querelle.
"- Ah, excuse-moi.. fit-il semblant de relativiser en levant les mains vers lui. J'avais oublié que la presse a enfin cesser de te faire passer pour un saint, depuis que cet idiot qui ne sait même pas stopper un souafle correctement s'est marié à cette fanfreluche qui lui sert de femme.. ria t-il sans vergogne tandis que d'autres autour de lui se joignait à son hilarité.
- Il cherche uniquement à t'provoquer, Harry, l'avertit calmement Mondingus dans son dos, tandis que les deux hommes s'affrontaient du regard. Lui donne pas ce qu'il veut..
- Ah oui, je me souviens de toi ! répliqua finalement l'auror d'un sourire ironique en ignorant le conseil du sorcier. On m'a remis ton dossier quand je suis entré chez les aurors.. Gareth Pewsey, ancien élève de Poufsouffle et mangemort acquitté après la guerre ? Un énième fils à papa.. Il avait suffisamment de relations pour t'éviter la prison à vie, n'est-ce pas ? Pas étonnant que tu veuilles te faire appeler autrement, par ici.."
Ce qui expliquait surement pourquoi il tenait absolument à lui tenir tête. Harry avait envoyé bon nombre de ses camarades à Azkaban. Sa réplique sembla faire son petit effet, car les joues du videur s'empourprèrent soudain de façon incontrôlée.
"- En ce qui me concerne, grommela le dit Vixen avec plus d'énergie. Tu mériterais d'aller faire un séjour à Nurmengard, au milieu des miens que tu y as envoyé !"
Jamais en temps normal quelqu'un ne se serait permis de lui parler de la sorte, même pas ici; Mais depuis l'annonce officielle de son renvoi, les sorciers dans son genre se sentaient soudainement pousser des ailes.
De plus en plus de gens se tournaient vers eux, certain semblant se régaler du spectacle.
"- Alors.. poursuivit Gareth en élevant la voix et en écartant les bras. Tu comptes nous en dire plus sur ce qu'il s'est passé à Poudlard ? Il parait que tes copains et toi n'avez pas pu faire la fête bien longtemps ! Même si d'après la Gazette, ça ne t'as pas empêché de vouloir sauter cette sang de.."
Le survivant ne laissa pas à l'homme l'opportunité de finir sa phrase, et saisit le videur à la gorge pour le projeter de toutes ses forces contre une poutre derrière lui. Brandissant sa baguette à vingt centimètres de son visage, il se retint avec tout le sang froid dont il était capable de lui lancer un maléfice.
Mais il sembla sous-estimer l'homme, car celui-ci formé à ce genre contexte avait deux ou trois tours dans son sac.. Sans avoir recourt à la magie, ce dernier contre-attaqua et l'envoya valser vers le bar d'une poigne aguerrie, où il maintint fermement la tête de l'auror sur le comptoir pour l'empêcher de riposter.
Ignorant la douleur qui le lançait, Harry rouvrit les yeux qu'il avait fermé sous le choc pour s'aperçevoir que Mondingus avait filé sans demander son reste. Il profita de la bouteille vide de bière au beurre qu'il avait laissé pour l'attraper et la projeter sur la tête du sorcier, bien qu'il manqua sa cible, car celle-ci tomba au sol où elle explosa dans un bruit fracassant.
D'un sort, les deux se retrouvèrent projetés en arrière d'un bout à l'autre du bar vers le sol, où ils tombèrent sur le parquet. Tout comme les conversations, la musique s'était arrêtée, leur bagarre retenant désormais l'attention de toute la clientèle.
Sacha était sortie du bureau qu'elle ne quittait que rarement pour les rappeler à l'ordre.
"- Dois-je vous rappeler le règlement ? tonna t-elle d'une voix sévère, avant de donner un coup sur le tableau qui énumérait la première règle."
Pas de violence.
Le jukebox recommença à marcher, et peu à peu les conversations reprirent en même temps que la musique. On fit comme si rien ne s'était passé pendant que pantelant, Harry se relevait en s'adossant au comptoir, tenant son nez ensanglanté du dos de la main. Son adversaire de son côté faisait de même, et il remarqua qu'il boitait après lui avoir jeté un coup d'oeil.
Sans demander son reste, le survivant traversa le bar et passa à côté de lui en l'ignorant, sous l'oeil mécontent de la patronne et de quelques clients encore médusés.
La musique s'évanouit tandis qu'une fois dehors, Harry dévala les marches du long escaliers en pierre. Honteux de lui-même, il songea que Rémus avait tout compte fait eu raison de le mettre à la porte, comme l'avait signalé Mondingus. La démarche incertaine, l'auror longea l'avenue principal de l'allée des embrumes, cherchant le passage qui ramenait au chemin de traverse.
Il traversa quelques rues aussi petites que des impasses, quand sortant de nul part, Ron lui attrapa le bras.
Vaguement surprit, Harry pivota vers lui, stoppant toujours les saignements de son nez par la manche de sa chemise froissée.
"- Hey ! salua l'auror sans entrain, toujours essoufflé. Je t'avais pas vu.. Qu'est-ce que tu fais là ?
- C'est plutôt moi qui devrais te poser la question ! répondit ce dernier, sidéré en évaluant son état. Je sortais de chez Ginny quand j'ai croisé Mondingus sur le chemin de traverse.. Il m'a raconté ce qu'il s'est passé et j'ai accouru. Qu'est-ce qui t'a pris de te battre avec ce videur ?
- Ce serait long à expliquer, se contenta de dire l'homme en allant s'asseoir sur le rebord de la vitrine du magasin le plus proche.
- Tu plaisantes ? s'écria le rouquin dans son dos. Bon sang, Harry.. Qu'est-ce que tu fabriques en ce moment ? Tu étais ivre à la veillée de mon frère ! Tu as eu une liaison avec une femme mariée.. Tu as frappé Lupin en plein visage ! Et maintenant je te retrouve à la sortie d'un bar dans l'allée des embrumes où tu viens de te frotter à un autre sorcier ?"
Voir son ami lui faire la morale n'était pas un spectacle auquel il était habitué, même s'il savait qu'il avait parfaitement raison.
Mais ce n'était pas le soir pour les remontrances..
"- Le sorcier dont tu parles en avait après Mondingus et moi ! crut-il bon de s'expliquer. Et je ne sais pas ce que la presse raconte en ce moment, mais je n'ai jamais frappé Lupin.
- On est dans l'allée des embrumes, Harry ! rétorqua Ron en écartant un bras pour désigner les alentours. Les trois quart des gens ici en on après toi ! Tu te rappelles du nombre de mangemorts que tu as envoyé à Azkaban ?
- Oui, je m'en rappelle.. Et alors ? s'agaça légèrement ce dernier. Je ne comptes pas reculer face à ceux que je dérange parce que j'ai eu le malheur de faire mon travail !
- Je n'ai jamais dis le contraire, fit le rouquin sans se démonter. Tiens, en parlant de personne que tu déranges.. J'ai l'impression que tu ne fais pas autant de zèle concernant Hermione ?"
A ces mots, l'autre ne trouva rien à redire, et il ne tarde pas à baisser les yeux.
"- C'est bien ce que je me disais, avec Luna. Tu ne passerais pas ton temps à la fuir, sinon, supposa Ron plus bas."
Les coudes posés sur ses genoux, Harry se prit la tête dans les mains quelques secondes, avant de la relever pour croiser son regard à la fois sévère et compatissant.
"- Tu as raison, Ron, admit-il contre tout attente."
Le rouquin observa son ami se relever en poussant un bref soupire. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas autant perdu les pédales.. Avant, le prétexte de Bellatrix aurait pu tenir la route.
Mais plus maintenant.
"- Le rôle de père te va bien, finalement, fit-il remarquer. T'en fais pas pour moi. Tout ira bien !"
Sur ce il transplana en laissant Ron seul dans la rue, inquiet pour son ami.
Chapitre 37
Quelques heures venaient de passer. Hermione était toujours à son rendez-vous "galant" avec Ned. La fête se déroulait au sommet d'immeuble faisant office de terrasse, l'ensemble des invités s'y était réuni en créant une chaleur humaine non négligeable en cette soirée d'automne.
Certes, elle n'était pas friande des rassemblements où l'on buvait de l'alcool à outrance.. Mais les premières heures avaient été contre toute attente plus intéressantes que prévu, bien qu'après cela ça l'ambiance était vite retombée. Tout était calme désormais, ce qui n'était pas sans lui déplaire. Assise au milieu d'un groupe autour d'une table, elle profitait de la vue que l'endroit procurait sur la ville. Il ne faisait pas encore nuit, mais une guirlande lumineuse composés de lampions illuminait déjà tout le tour de la terrasse.
Des nuages de fumées s'élevaient d'un peu partout. Si on excluait ce léger inconvénient, la sorcière pu constater qu'elle supportait beaucoup mieux l'alcool depuis le mariage, même si elle ne comptait pas abuser de cette nouvelle disposition. Certains avalèrent cul sec un minuscule verre, Ned parmi eux les imitant en plissant les yeux, avant de reposer le sien sur la table, saisit d'un toux.
Ce qui était plutôt drôle lorsque l'on savait le métier qu'il faisait en temps normal, songea Hermione en lui donnant de petites tapes dans le dos.
"Girl, tell me what you're doing on the other side ?"
Rêvant du moment où elle pourrait enfin quitter cet endroit, elle prêta malgré elle une oreille attentive à la musique qui résonnait, dont les paroles semblèrent étrangement vouloir lui livrer un message.
"And so.. Just tell me what you're doing with that other guy ?"
Pendant ce temps, Ned poursuivait sa discussion avec son voisin de table, et Hermione cessa de focaliser son attention sur eux lorsqu'elle sentait son téléphone vibrer à travers la poche de sa veste.
S'emparant du cadeau d'Evanna, elle vit le nom de Ron s'afficher sur l'écran.
Rappelle-moi dès que tu peux, ça urge.
Elle retint un soupire et pretexta devoir se rendre aux toilettes pour s'éclipser discrètement. Elle se fraya un chemin parmi des groupes de moldus qui discutaient et riaient, et se rendit un étage plus bas, dans l'appartement de l'organisateur de la fête.
Une fois à l'intérieur du bâtiment, les conversations étaient bien plus calmes et on y discernait beaucoup mieux les paroles.
"All of your friends have been here for too long, they must be waiting for you to move on.."*
Hermione mit quelques instants avant de trouver la salle de bain, qu'elle finit par trouver après avoir demandé à quelqu'un. Une fois enfermée dedans, elle s'assit sur le baignoire et composa sans plus attendre le numéro du rouquin.
"- C'est moi ! s'annonça t-elle rapidement sitôt que Ron décrocha. Je viens de lire ton message, que s'est-il passé ? demanda t-elle concernée, la gorge nouée.
- Eh bien, fit Ron à l'autre bout du fil. Disons qu'Harry vient d'avoir un échange houleux avec un sorcier.. dans l'allée des embrumes, expliqua t-il en cherchant à raccourcir pour ne pas l'inquiéter. Ginny t'as appris pour sa démission ?
- Oui, elle m'a dit que Lupin l'avait renvoyé de son poste il y a quelques jours.. confirma cette dernière."
Elle ferma les yeux. Evidemment, il s'agissait d'Harry..
Dès qu'elle avait apprit la nouvelle, la sorcière s'était empressée de lui écrire une lettre dans l'espoir de lui remonter le morale, lettre à laquelle il n'avait même pas pris la peine de répondre..
"- Où est-ce qu'il est ? se contenta t-elle de demander en conservant son calme.
- Il ne me l'a pas dit, lui avoua Ron. Mais j'ai une idée de l'endroit où il peut être, ce soir."
Hermione acquiesça tout en écoutant, bien qu'elle se crispa lorsqu'il lui certifia que seule sa présence pourrait changer quelque chose à son attitude, ce dont elle doutait fortement.
"- Ecoute Ron, expliqua t-elle. Je vais voir ce que je peux faire, mais je ne te promet rien.
- T'es géniale, Hermione ! remerciant sincèrement le rouquin, soulagé. Heureusement qu'on peut compter sur toi.."
Le rouquin semblait grandement soulagé, ce qui la surprit sur le moment. Hermione avait passé ces dix dernières années loin d'eux, raison pour laquelle elle eut peine à croire qu'il préfére toujours s'en remettre à elle plutôt qu'à lui afin de raisonner leur ami.
"- J'ai encore autre chose à te dire, continua son ami peu après. Ce n'est sans doute pas le bon moment ni le bon moyen de t'annoncer ça.. Mais je pense que c'est important que tu le saches.. Enfin, ce n'est pas lui qui te le dira de toute façon !
- Ron, viens-en au fait, le pressa son amie.
- Okay, okay, lâcha ce dernier. J'ai surpris une conversation entre Rogue et lui le dernier jour du mariage.."
C'est ainsi que Ron se risqua à lui révéler ce qu'il s'était dit entre les deux hommes à ce moment là. Et face à ces révélations, Hermione se sentie automatiquement menacée d'un vertige..
Ni la fumée du tabac, ni l'alcool n'en était à l'origine.
"- En effet, ce n'était pas le bon moment de m'annoncer ça, murmura t-elle en tâchant de garder la tête sur les épaules."
Ni le meilleur endroit, songea t-elle en évaluant la pièce dans laquelle elle se trouvait. Surtout par téléphone. Elle se rassit sur le bord de la baignoire dans l'espoir de digérer ce qui venait de sortir de sa bouche.
Pourquoi son ami avait-il toujours le chic de livrer ce genre d'info aux moments les moins appropriés ?
"- J'ai.. j'ai peur qu'il cherche à s'attirer d'autres ennuis ce soir, confia son ami d'une voix moins assurée. Tu sais, le 31 octobre est le jour où..
- Où ses parents sont morts, compléta la sorcière en soupirant. Bon, je te rappelle une fois rentrée chez moi, fit-elle. A plus tard !"
Et elle raccrocha pour ranger aussitôt le portable dans sa poche, avant de se lever pour aller s'asperger le visage d'eau. L'état de son maquillage était le dernier de ses soucis, à présent..
Hermione resta un moment dans la salle de bain, le temps de rassembler ses esprits.
Et voilà un nouveau secret de divulgué. La liste semblait n'en pas finir.. En même temps, savoir qu'Harry n'était pas directement responsable de la mort de ses parents lui retirait une épine du pied.
Ron avait raison, peut-être qu'aller le voir serait salutaire, pas seulement pour lui.
Tout en se forçant à respirer calmement, Hermione enclencha la poignée de la porte pour sortir. La nuit commençait à tomber peu à peu sur la ville, et des lumières s'allumaient de toutes parts à travers les grandes baies vitrées de l'appartement. Ned était également rentré à l'intérieur, où il faisait à présent une partie de billard. La sorcière rejoint ce dernier et écourta son rencard, ce qui ne sembla pas poser de problème au serveur, trop concentré sur son jeux.
Sans s'en soucier d'avantage, elle fila dans un coin où elle put transplaner sans être vue.
Chapitre 37
Les enfants avaient depuis longtemps terminé leurs chasses aux bonbons lorsqu'Harry pénétra dans le cimetière de Godric's Hollow. Serpentant entre les tombes, il se fraya un chemin jusqu'à se retrouver face au tombeau où était enterré ses parents. Il savait que tous les ans, des sorcières et sorciers venaient s'y recueillir.
En arrivant près du porche de leur maison un peu plus tôt, il avait noté les quelques bougies que des habitants étaient venus déposer sur les fenêtres, les ensorcelant pour ne pas qu'elles enflamment le bois des volets fermées. On avait même laissé quelques bonbons empaquetés, surement un enfant passant par là au cours de sa tournée.
A ses pieds se dressait une couronne de fleurs fannées ressemblant fortement à celle qu'Hermione avait fait apparaître des années auparavant.. Après l'avoir remplacé par une neuve d'un coup de baguette, Harry poussa un soupire et s'assit à même le gravier sur le sol.
Les bras posés sur ses jambes repliées, il prit sur lui du mieux qu'il put en se disant qu'il ne valait mieux pas laisser libre cours aux émotions ce soir.. Il resta là jusqu'à perdre la notion du temps. Certaine fois, il lui arrivait de parler à ses parents comme s'ils étaient juste là. Parfois, il lui semblait qu'il arrivait même à sentir leur présence à ses côtés.. Dans ces moments, il préférait rester en silence, comme si leur "compagnie" lui suffisait.
Il finit par se relever et sortir du cimetière, et reprit le chemin de leur maison.
"- Lumos !"
La porte d'entrée était toujours dure à ouvrir, et il n'utilisait jamais la magie dans cas-là. L'auror força dessus, et un léger entêtement fut suffisant car il finit par y parvenir après quelques poussées. La porte céda d'un coup sec en allant heurter le mur de gauche.
Harry conserva son équilibre, une main sur la poignée, l'autre éclairant d'un halo de lumière l'entrée de la bâtisse. Il ne savait pas ce qu'il lui prenait de venir ici ce soir.. Tout comme il ne savait pas pourquoi il avait décidé d'entreprendre des travaux de rénovationsquelques mois plus tôt. Au départ, c'était plus par nécessité qu'autre chose. L'endroit était devenu le repère d'un groupe de jeune sorciers souhaitant surement se faire des frayeur en venant ici, ayant dû entendre parler de ce qu'il s'y était passé..
Sans qu'il ne sache comment, ils avaient réussi à déjouer les sortilèges qui protégeaient les lieux, ce qui expliquait les vols récurrents dont le voisinage se plaignait régulièrement.. Harry n'avait pas encore eu le temps ni l'envie d'investiguer à ce sujet, étant trop prit par son travail. Mais il comptait bien un jour ou l'autre mettre la main sur ces petits vagabonds, et récupérer les objets qu'ils lui avaient dérobé.
A l'aide de sa baguette, l'auror commença par ouvrir un à un les volets. La lumière de la rue s'immisça à travers les vitres dépoussiérées. En se retournant, il constata les quelques meubles du salon recouverts par des draps.
Il ne tenait évidemment pas à venir habiter un tel endroit, quand bien même s'agissait-il d'un endroit important pour lui. Et ce malgré le peu de souvenirs traumatisants qu'il en avait, au final.. Mais parfois, il espérait qu'en se promenant de pièce en pièce, des bribes de son passé allaient finir par ressurgir; lui apportant la preuve qu'il y avait bien eut une famille vivant là autrefois, sa famille.
Lors de ses premières explorations, il avait par chance retrouvé des tableaux dans la cage d'escalier empilés les uns sur les autres, ainsi que toutes sortes de photos sur lesquelles les petits saccageurs n'avaient pu mettre la main. Ils s'agissaient pour lui de trésors inestimables, qu'il avait d'ailleurs ramené chez lui afin d'ornementer ses murs.
Harry avait également dégoté son arbre généalogique, et en détaillant des photos ayant été prises ici-même, sa perception du lieu avait commencé à se modifier peu à peu. Il ne s'agissait plus uniquement de l'endroit où Voldemort avait tué ses parents, mais d'un foyer jadis bien réel..
Peut-être le revendrait-il une fois remis en l'état, peut-être pas, mais une chose était certaine: cet endroit ne serait plus jamais à l'abandon.
Pour l'avoir aperçu à travers une fenêtre à l'étage, il savait qu'un jardin s'étendait de l'autre côté où il n'avait pas encore mis les pieds. La porte du salon qui en donnait l'accés était si solidement fermée qu'il dû la faire exploser d'un sort.. Des plaques en bois volèrent éclats dans tous les sens, faisant voleter la poussière autour de lui.
Harry baissa le bras de son visage pour débarrasser les derniers vestiges à la main. Puis il rangea sa baguette dans sa veste et fouilla une des poches de son jean, de laquelle il ressortit une poignée de bonbons qu'il se mit à engloutir tout en se baladant dans le domaine.
Il reconnu le jardin servant de décors à une photo où il filait à toute vitesse sur un balais jouet, offert par son parrain. On ne voyait pas grand chose dans cette obscurité, mais tout comme le reste de la maison, l'endroit était à l'abandon. Seule une table de jardin dénuée de chaises constituait une terrasse en face d'une fenêtre.
Il discerna une serre tout au fond du jardin, petite mais élégante, étouffée par des rosiers et autres plantes sauvages. Ce qui l'amena à se demander si sa mère avait eu l'habitude de pratiquer la botanique.. Harry en fit d'abord le tour avant de chercher un moyen d'entrer, et eut tôt fait de s'apercevoir que l'endroit semblait protégé par des sortilèges. Les vitres poussièreuses laissaient malgrè tout deviner de nombreux outils à l'intérieur. Des outils qui d'après ce qu'il pouvait voir, étaient destinés à la fabrication des potions.
Cette simple vision l'ému plus que nécessaire.. Lilly était sans doute venue ici plus d'une fois, avait même dû y passer des heures, faisant de sa mère autre chose qu'un simple reflet dans un miroir. Après tout, Slugorn lui avait bien dit que sa mère était une des meilleures élèves de sa classe..
Se passant une main sur le visage pour y chasser les quelques larmes qui y coulaient, Harry se détourna de la serre, incapable de poursuivre ses recherches. Eprouvé, il vint s'asseoir sur la table de jardin en lâchant un bref soupire, espérant ainsi se remettre les idées en place.
Il ne vit pas un coffret en bois scintiller à l'intérieur de la serre, comme si ce dernier voulait attirer son attention.
...
La rue dans laquelle Hermione venait de se retrouver était calme. Elle regarda de chaque côté tout en resserrant les pans de sa veste contre elle. Il n'y avait pas un seul chat à l'horizon, Godric's Hollow n'étant pas aussi peuplée ni animée qu'une ville comme Londres. Après avoir marché quelques minutes dans le village, elle finit par apercevoir une moto à quelques mètres devant elle sur le trottoir, garée contre un muret face à une maison en ruine. La sorcière sut sans l'ombre d'un doute qu'il s'agissait de celle de Sirius, dans un bien meilleur état que la dernière fois où elle l'avait vu.
Elle marcha jusqu'à la bâtisse, et une fois suffisamment près reconnu la maison devant laquelle Harry et elle s'étaient tenus dix ans plutôt, un soir de réveillon.. La jeune femme poussa le petit portail, ce dernier s'enclenchant dans un bruit de ferraille pour la laisser passer, et ses pas la menèrent jusqu'à l'entrée.
La maison abandonnée des Potter semblait avoir meilleure mine, les vitres des fenêtres laissant deviner des traces de travaux à l'intérieur. Elle en eut la preuve en y entrant. Malgré les décombres, l'endroit n'était pas aussi poussiéreux qu'on aurait pu s'y attendre, ce qui eut le don de la surprendre.. Jamais elle n'aurait pu penser qu'Harry (car il ne pouvait s'agir que de lui) souhaitait rendre ce lieu habitable, étant donné ce qu'il représentait à ses yeux. Le sorcier était de l'autre coté, dans un jardin visible à travers une ouverture dans le salon qui donnait directement dehors.
Prenant une courte inspiration pour se donner du courage, la sorcière le rejoint.
Une fois dans le jardin, elle s'avança silencieusement vers lui en retirant sa veste avec des gestes délicats, et vint la poser sur une chaise en osier avec son sac. Le survivant, assis sur la table d'une vieille terrasse, tourna légèrement la tête vers elle.
Sa voix finit par s'élever dans la pénombre.
"- C'est Ron qui t'a demandé de venir, je me trompe ? sembla t-il deviner en voyant le regard concerné de la jeune femme."
Hermione acquiesça en silence en croisant les bras sur sa poitrine.
"- Bien sur que c'est lui.. répondit-il à sa place.
- Il m'a averti de cette certaines choses que tu n'as pas jugé utile de me dire, rajouta la jeune femme.
- Ah oui ? fit-il mine de s'étonner. Eh bien, navré que tu ai dû mettre un terme à ton rendez-vous galant. Je n'ai pas besoin de la pitié de qui que ce soit..
- Ce n'est pas par pitié que je suis venue ici, lui assura t-elle."
Sans relever sa réponse, Harry quitta la table sur laquelle il était assis, et entreprit quelques pas pour arpenter le jardin abandonné.
"- Il m'a raconté ce que tu as fais dans ce bar de l'allée des embrumes, poursuivit-elle en le suivant des yeux.
- C'est drôle, il ne me semblait pas l'y avoir vu pourtant ! objecta l'auror avec sarcasme.
- Ne me prend pas pour une idiote, Harry, le prévint-elle.
- Alors ça, je n'oserais pas ! assura ce dernier en pivotant vers elle."
La sorcière ferma les yeux tout en laissant échapper un soupire, sentant qu'elle n'allait pas en venir à bout. Harry pendant ce temps mi les mains dans les poches de son jean, et leva ses yeux vers la bâtisse.
"- Tu ne trouves pas ça délirant de vouloir réparer la maison dans laquelle ses parents ont été assassiné ? demanda ensuite l'homme en changeant de sujet.
- Pas du tout, certifia t-elle avec douceur."
Il sembla alors vouloir fuir la maison des yeux et s'en détourner pour se promener dans les alentours.
"- Tous les ans, il parait que des gens viennent ici, raconta t-il en jetant un oeil autour de lui. Pour y laisser des mots, y allumer des bougies..
- C'est une attention très touchante, remarqua la sorcière avec douceur.
- Je ne ressent rien du tout, Hermione, avoua t-il d'une voix blanche en se tournant vers elle pour la regarder dans les yeux. Voir ces gens venir rendre hommage à mes parents me laisse complètement indifférent.
- Jamais je ne pourrais croire une chose pareille, pas venant de toi.. assura t-elle en secouant la tête."
L'auror mit la main sur une chaise qui trainait dans un coin et la fit trainer sur la terrasse pour la rapprocher de la table.
"- Toute personne saine d'esprit serait reconnaissante à ma place, poursuivit-il. Alors que ma seule façon de les remercier est de terminer la soirée en compagnie d'une bouteille."
Hermione se sentait automatiquement mal à cet aveux, et son air n'échappa pas à l'auror.
"- Quoi, c'est la vérité qui te dérange ? demanda t-il. Je croyais que tu aimais mener tes petites enquêtes sur moi, d'habitude."
Il s'assit sur la chaise qu'il maintint en arrière, se mettant à la fixer. Hermione se sentit subitement interdite, comme si elle se retrouvait nue devant lui.
Ce qui eut tôt fait de lui rappeler une des raisons pour lesquelles elle était venue ici..
"- Tu veux savoir autre chose ? interrogea t-il en commençant à balancer sa chaise d'avant en arrière."
Harry avait cette voix légère qu'il prenait lorsqu'il se confiait à elle sans le moindre embarras. Une voix qu'elle n'avait plus entendu depuis des années. Allait-il enfin lui admettre ce que Ron lui avait apprit un peu plus tôt ?
"- Ce que tu as vu sur cette vidéo remonte au soir de l'attaque dans la rue moldu, confia t-il. Après que tu te sois enfuis des mangemorts ont tenté de te suivre, j'ai dû envoyer deux aurors à ta recherche pendant qu'on s'occupait de les traquer.. Celui que tu as vu dans cette rue était déguisé en moldu, on a dû s'y mettre à plusieurs afin de réussir à le coincer."
Stupéfaite, la jeune femme allait prendre la parole, mais Harry ne semblait pas en avoir finit.
"- Plus tard dans la même soirée, continua t-il en la regardant avec insistance. Deux aurors sont apparus dans ton appartement et t'ont demandé de les suivre jusqu'au Chaudron Baveur.. Lupin et moi y étions. On a tenté de te prévenir du danger que tu encourrais avec Lucius Malefoy, mais ta seule réaction a été de demander à ce qu'on t'efface cette rencontre de l'esprit !"
Il stoppa les mouvements de sa chaise qui claqua sur le carrelage. Il se leva pour s'approcher légèrement d'elle, et elle se rendit compte à quel point elle était petite comparé à lui.
"- Dix ans sans aucune nouvelle, reprit-il les yeux brillants. Et tout ce que ma meilleure amie trouves à me dire est que je suis le responsable de la disparition de sa famille.."
Il parlait sur un ton étrangement calme, presque dénué d'intérêt. Exactement comme lorsqu'elle était revenu il y un an. A la seule différence que cette fois, la souffrance émanant de ses yeux était palpable. Elle le croyait. En se souvenant des propos de Ron au téléphone un peu plus tôt, des larmes lui montèrent aux yeux.
La voix chevrotante, Hermione osa enfin lui poser la question fatidique.
"- Alors ce que m'a raconté Ron est vrai ? fit-elle en tremblant. C'est vraiment la présence de Rogue qui ameuté les mangemorts sans le vouloir ce jour-là, et non la tienne ?"
Voyant qu'il ne répondait pas, mais voyant aussitôt la détresse dans ses yeux, la brune prit ça pour un oui. Son absence de réponse fut pire que tout. Malgrè qu'elle eut encaissé le choc un peu plus tôt au téléphone, son coeur rata un batement, comme si une part d'elle n'avait toujours pas réalisé.
"- Pourquoi n'as-tu rien dit ? lui demanda t-elle en fondant en larmes."
Alors qu'ils semblaient tous deux à court de mots, ils eurent à ce moment l'impression de revenir des années en arrière, libérés du poids d'un passé commun.. Pour la première fois depuis longtemps, ils furent à nouveau à même de communiquer par un simple regard.
Il se passa quelque chose d'étrange en Hermione, qui eut l'impression que les pièces d'un puzzle complexe se remettaient naturellement en place.
Bien qu'ils fussent dans l'obscurité, elle pouvait très nettement voir les yeux verts d'Harry étinceler derrière ses lunettes. Elle ne lui posa pas la question, mais elle eut la certitude qu'il ressentait la même chose.
"- Je ne sais pas, répondit-il finalement. Sans doute parce que je pensais mériter ton rejet.. Et puis, tu ne m'as jamais dit pourquoi c'est lui que tu étais allée voir. Rogue, précisa t-il. Drago a découvert son rôle de double espion et ne l'a jamais révélé à personne, pas à l'époque en tout cas.
- C'est parce qu'il.. balbutia Hermione. Il était présent au moment où Lucius Malefoy m'a forcé à passer ce pacte. Il est venu tout m'avouer. Il s'en voulait de n'avoir rien pu faire ce jour-là où Drago m'a repéré et livré à son père. Il avait l'air tellement sincère que je l'ai cru.. Il m'a promi de protéger mes parents en échange de mon silence."
Les traits du visage d'Hermione se tordirent, et elle tourna son visage sur le côté. Elle aurait tant souhaité trouver une solution, mais elle n'en voyait aucune. Harry, qui était déjà sur le point de la rupture, eut du mal à contenir ses émotions. Il aurait bien voulu la prendre dans ses bras, il en crevait d'envie, mais il s'abstint par crainte d'un rejet de sa part.
Malgré qu'ils soient désormais des adultes, ils restaient toujours les mêmes au fond. Cette situation était si complexe.. Ce n'était pas le genre de problème que l'on réglait en cherchant la réponse dans un livre.
"- Tout était plus simple avant, n'est ce pas ? ironisa Hermione sans le regarder. Quand on n'était que des enfants, bien loin d'imaginer comment ça finirait. Cette guerre nous a tous transformés.
- Le changement, répéta Harry en fixant un point invisible derrière elle. Il n'y a que ça qui ne change pas."
Tellement de choses avaient changé en seulement un an. Et cela n'était pas prêt de s'arrêter..
Il la savait parfaitement capable de respecter mot pour mot ce qu'elle lui avait dit sur cette plage. Prendre ses distances avec eux. Vu comment les choses s'étaient déroulées depuis son retour, comment pouvait-il en être autrement ? Il fallait avouer qu'avec la manière dont il l'avait accueilli, personne n'aurait eu envie de rester, lui le premier.
Ron n'avait pas compris ce qu'ils leur semblaient évident à tous les deux. Hermione n'avait pas à le sauver. Elle l'avait fait suffisament de fois. Tellement de choses se bousculaient en lui qu'il ne pouvait poser des mots dessus.. A en voir la sorcière, elle non plus ne se voyait pas rajouter quoi que ce soit, apparemment.
Argumenter sans cesse ne changerait rien.
"- Je.. je devrais rentrer, maintenant, murmura t-elle. Prend soin de toi, Harry."
Il ne chercha pas à la faire rester, même s'il ne voulait pas qu'elle s'en aille. Pourtant, tout ce qu'il avait souhaité en venant ici était la solitude.
Harry le vit récupérer en vitesse son sac et sa veste, et se retourner pour s'apprêter à quitter la maison.
"- Hermione ! lança t-il soudainement. Je ne te l'ai pas souvent dis mais.. Merci pour tout ce que tu as fais pour moi."
Après avoir acquiécé d'un signe de tête, la jeune femme lui adressa un rapide sourire et disparu par l'ouverture du salon, faisant de son mieux pour dissimuler ses émotions.
Chapitre 37
Hermione était rentrée chez elle. Après avoir envoyé un message à Ron, elle avait prit une longue douche, enfilé une tenue plus confortable et coiffé ses cheveux en chignon, avant de s'étendre sur son lit. Non dans la perspective de trouver le sommeil, ni même de lire, mais seulement afin de faire le vide dans sa tête. Ce qui était d'ailleurs le bon qualificatif pour décrire son état actuel. Elle ne se sentait ni bien, ni mal. Seul son esprit restait éveillé, comme le reste du temps.
Contre toute attente, elle finit par s'assoupir, avant d'être réveillée quelque heures plus tard par son téléphone qui vibrait. Hermione se redressa sur ses coudes pour voir qui pouvait encore lui envoyer un message à cette heure.. Il s'agissait de Ned. La soirée venait tout juste de se terminer pour lui, et il voulait savoir si elle était bien rentrée à son appartement. L'ombre d'un sourire narquois sur les lèvres, elle secoua la tête en lui assurant qu'elle avait passé une bonne soirée pour le peu qu'elle avait durée.
La sorcière venait à peine de reposer le téléphone sur sa table de nuit que des coups furent frappés contre la porte de son appartement. Qui pouvait encore venir à une heure pareille ? Evitant de songer au titre de la Gazette et à l'assassinat de ce couple de sorciers, la sorcière conserva son calme et se redressa en posant la pointe des pieds sur le sol, et saisit sa baguette avant de se lever.
Ce n'est lorsqu'elle fut à quelques pas de l'entrée, le bout de bois pendant le long de son bras, qu'elle reconnu la voix de la personne qui se trouvait derrière. Elle poussa un soupire d'impatience et franchit les derniers mètres qui la séparaient de la porte.
"- Harry, il est plus de deux heures du matin ! lui reprocha t-elle en ouvrant cette dernière, s'évertuant de rester discrète."
Le concerné, l'air pressé entra dans son appartement sans se soucier de son outrage. Après avoir jeté un oeil inquiet dans le couloir, Hermione referma doucement la porte et se retourna tout en repliant les pans de sa veste contre elle.
Pendant qu'elle restait près de la porte, Harry fit quelques pas chez elle en regardant autour de lui, le souffle court, jetant un oeil curieux à son appartement seulement éclairé par une lampe dans le salon. A la vue de ses cheveux en bataille noir comme l'encre, de sa silhouette longiligne et ses larges épaules, un long frisson remonta sa colonne vertébrale.. Et elle ferma les yeux en priant que Merlin lui donne la force de lui résister.
"- Pourquoi es-tu venu ici ? lui demanda t-elle plus calmement, lorsqu'il finit enfin par poser les yeux sur elle."
Malgré la lumière tamisée, Hermione perçu clairement son regard troublé se voiler derrière ses lunettes. Voir le regard que l'auror portait sur elle l'exaltait dangereusement. Elle sentait déjà l'effet qu'il produisait sur elle, celui qu'elle avait tant redouté ces derniers mois..
"- Au cas où tu n'aurais rien remarqué, dit-elle d'une voix moins assurée. J'étais en train de dormir."
Harry ne répondit pas de suite, et alla au lieu de ça se poster devant la baie vitrée du salon, regardant les lumières de la rue.
"- Alors c'est ça, ta décision ? finit par la questionner l'auror en faisant volte-face. Partir sans laisser de traces, exactement comme la dernière fois ?
- Harry.. Pas maintenant, soupira t-elle, exténuée."
Finissant par noter son état, il sembla s'en vouloir.
"- Si je ne le fais pas maintenant, se justifia t-il. Alors plus jamais je n'en serais capable !"
L'auror remarqua une myriade de dossiers entourant son ordinateur posé sur son canapé.
Il émit soudain un rire sans joie.
"- Dis-moi, on aura le droit à une autre lettre d'adieu, cette fois ? s'enquit-il en feignant l'humour sans succès."
Elle ne détourna même pas les yeux, incapable de trouver quoi répondre.
"- Ne perd pas ton temps à prendre cette peine, répliqua t-il en comprenant dans ses yeux qu'il n'obtiendrait pas de réponse."
Il s'assit à l'autre bout du canapé, gagné par la lassitude, et secoua la tête.
"- Est-ce que tu imagines le nombre de fois où j'ai du m'empêcher de venir ici ?"
Hermione ne sut sur l'instant si cette nouvelle devait l'inquiéter ou contraire la satisfaire. Cherchant les mots pour exprimer son tourment, Harry passa une main sur son visage.
"- J'ai passé les dix dernières années à me sentir responsable de la mort de tes parents, dévoila t-il en plongeant ses yeux farouches dans les siens. Tous ces mois pendant la guerre où je t'évitais, où j'étais à peine capable de me regarder dans une glace.."
Le survivant se leva et fit un pas vers elle. Face à lui et cette aura électrique qu'il avait toujours dégagé, Hermione se sentit vulnérable. Leur connexion visuelle s'établit à nouveau avec la même facilité que dans le jardin tout à l'heure..
"- Je me rappelle encore de ces soirs hors du château où je cherchais Ginny sur la carte, poursuivit-il rapidement. Sans m'y attendre c'était sur toi que je tombais, en train de te rendre au septième étage."
Elle dû se mordre la lèvre pour ne pas répondre. En temps normal, elle aurait cherché à argumenter, mais la journaliste sentait qu'elle devait le laisser parler.
"- Chaque nuit, j'ai fouillé la tour des gryffondor à la recherche de ton nom, avoua t-il le regard vif. Alors que tout ce que je voulais était de te fuir le reste de la journée."
Bien qu'elle sentit ses yeux s'humidifier, Hermione demeura silencieuse. Un pli de douleur apparu entre ses sourcils en repensant à ses nuis d'insomnie où elle se faufilait hors du dortoir, préférant se réfugier dans la salle sur demande et étouffer ses pleurs, afin de ne pas réveiller les autres filles.
"- Quand tu es partie, j'ai vu Ron se morfondre pendant des mois ! s'exclama t-il. Et en plus de ça, je croyais en être l'unique responsable ! Quand tu es revenue, j'aurais voulu te détester.. avoua t-il à mi-voix. Même si ça n'aurait rien changé à ce que nous avons fait."
La sorcière posa une main sur son front et se dirigea vers la cuisine, d'où elle sortit une bière du réfrigérateur.
"- J'ai assez bu comme ça pour la soirée, l'entendit-elle la prévenir dans son dos.
- Cette fois c'est moi qui en ai besoin, déclara t-elle en ouvrant un tiroir pour y dégoter un décapsuleur."
A peine en but-elle une gorgée qu'Hermione reposa la bière sur la table de travail en s'essuyant la bouche du dos de la main, dégoutée..
Elle secoua la tête et alla replacer la bière dans le frigo, puis se retourna vers lui, s'appuyant contre l'ilot central en croisant les bras.
"- Avoue le, Hermione ! lui demanda t-il en cherchant à la faire réagir. Avoue-le que tu m'en veux, tu en as parfaitement le droit.."
Il s'était aperçu de la baguette qu'elle tenait serrée dans la manche de sa veste à la seconde où il était entré dans l'appartement, et qu'elle gardait toujours sur elle..
Hermione l'observa s'avancer vers elle, tout en redoutant le regard intense et déterminé de l'auror qui allait finir par la submerger.
"- On t'a laissé tombé, Ron et moi ! reconnut-il. On a agit comme des lâches alors que tout ce que tu n'as fait que montrer était ton amitié et ta loyauté. A ta place, je me détesterais."
Voyant qu'elle s'obstinait à garder le silence, il était loin de se douter de ce que la sorcière redoutait réellement..
"- Je sais dans quoi je vous ai embarqué, Ron et toi, continua t-il de plaider. J'en étais déjà conscient à l'époque, mais plus les années passent et plus je le réalise..
- On savait parfaitement dans quoi on s'embarquait, Harry, le coupa fermement Hermione en sortant enfin de son mutisme. "
On pouvait être certain que cette fois, le survivant était vraiment redevenu lui-même. Sa manière d'aller droit au but, ce regard empli à la fois de force et de vulnérabilité en témoignait. A sa manière de se tempérer, elle pu également remarquer qu'il avait réellement mûri, même s'il n'avait plus rien de l'auror froid des derniers mois.. Le voir ainsi la chamboulait plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre, car elle se sentait beaucoup plus proche de lui ainsi.
Comme si les mois derrière eux ne comptaient plus, comme si elle finissait enfin par revoir son vieil ami surgir de cet inconnu..
Les sentiments de gêne et d'inachevé inexplicable enfouis depuis longtemps en elle disparurent. Ou plutôt, se transformèrent en une révélation qui apporta à sa conscience ce qu'elle n'avait pas encore comprit.. Pour la première fois depuis longtemps, elle ressentit du regret à l'idée d'avoir passé autant d'années loin d'eux.. Quelle aurait pu être sa vie, si elle était restée là-bas ?
Un air de compassion et de tristesse apparut sur le visage d'Hermione.
"- Je ne t'en veux pas, Harry, lui avoua t-elle doucement, faisant glisser la baguette de sa manche pour la poser sur la table de travail."
Après toutes ses années, contre toute attente, elle finit par se demander si elle n'avait pas finit par réellement tomber amoureuse de lui.. A cette hypothèse, son coeur se mit à battre la chamade, semblant approuver ses dires. Son esprit s'agitait toujours mais ne la faisait plus souffrir, comme si pour une fois son coeur et son cerveau étaient tombés en accord l'un avec l'autre.
Comment être sûre que tout ça n'était pas dû à l'effet trompeur des potions ?
"- Pourtant, tu comptes bien partir à nouveau comme tu es partie il y a dix ans ! reprit vivement Harry."
Hermione lui tourna le dos en prenant une inspiration pour tâcher de se maîtriser. Ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre sur sa lancée.
"- Bon sang Hermione, tu as des amis qui te considèrent comme leur propre famille ! insista t-il fortement, sa nature emportée surgissant peu à peu. Ca ne veut rien dire pour toi ? Ne prend pas tes distances seulement à cause du comportement d'enfoiré que j'ai eu !
- Pourquoi tu me demandes de choisir ? s'emporta t-elle à son tour en lui faisant face, en laissant pour une fois ses émotions prendre le dessus sur sa raison. Qu'il s'agisse du monde des sorciers ou celui des moldus, j'appartiens aux deux !
- On dirait que tu as déjà fait ton choix ! l'accusa t-il.
- Ca suffit, le supplia t-elle en fermant les yeux.
- Et Ron et moi dans tout ça, tu y penses ? s'exclama t-il. Qu'est-ce que tu fais de l'amitié ?
- Et qu'est-ce que tu fais de moi, alors ? finit-elle par craquer. Pourquoi tout doit toujours tourner autour de toi ? lui demanda t-elle alors que ses yeux se remplissaient de larmes."
Harry la regarda, gagné par l'effarement.
"- Regarde-nous, enfin, fit-elle défaite. On est plus ami depuis longtemps."
Il cligna des yeux, visiblement blessé par sa confession.
"- On a plus rien à perdre, alors.. conclut-il."
Déterminé, Harry était sur le point de fondre sur elle, voulant sentir encore une fois la sensation de ses lèvres charnues sur les siennes, mais l'auror se stoppa dans son élan en la voyant fondre en larmes. Il fronça les sourcils d'incompréhension, une lueur vive s'échappant de ses yeux verts alors qu'Hermione gardait les pans de sa veste serrés autour d'elle.
Mais elle avait cet air.. Celui qu'elle revêtait lorsqu'elle s'apprêtait à se jeter dans ses bras, et il comprit ce qu'elle se retenait de faire lorsqu'elle finit par craquer, franchissant le vide qui les séparait pour attraper le col de son pull et capturer ses lèvres.. Se sentant basculer dans une autre réalité où il était plus que lui-même, Harry attrapa son visage à deux mains et lui répondit automatiquement avec la même fougue, et la sorcière se recula pour se retrouver collée contre le réfrigérateur en recherche d'appuie. Harry la suivit dans son élan, et lorsqu'elle passa ses bras autour de son cou, il ne pu s'empêcher de les saisir pour les placer au dessus de sa tête, les plaquants contre les siens.
A bout de souffle, le survivant rompit le baiser et se baissa suffisamment pour se retrouver à sa hauteur, croisant son regard aussi alarmé que la première fois où il l'avait embrassé. L'air déjà chargé d'électricité, leurs souffles mêlés s'amplifièrent, plaqués l'un contre l'autre et gagnés par la même ardeur.. Comme lors du mariage.
"- Toutes ses années d'amitié platonique.. souffla t-il d'une voix rauque. Comment j'ai pu être aussi aveugle ?"
Leur amitié était peut-être en lambeaux, mais pas ça.
Sur l'instant, il semblait évident pour la jeune femme que les potions n'y étaient pour rien.. Hermione combla la distance qui les séparait et frôla ses lèvres avec les siennes. Dépassée par la puissance de ses émotions, elle eut du mal à croire qu'elle planta ses ongles dans sa mâchoire pour l'embrasser de nouveau, propulsant Harry contre l'étagère de la cuisine. Elle mordit sa lèvre inférieure et passa sa langue dessus tout en broyant ses cheveux dans ses doigts.
Harry passa ses mains sous ses épaules et la souleva fermement, se retournant pour la tenir entre lui et l'étagère, se ravissant de retrouver la Hermione passionnée et ardente qu'il avait découvert au mariage.
Le désespoir qu'ils ressentaient finit par se transformer en quelque chose d'autre, oscillant entre une sensation d'urgence et de ravissement. De toute sa vie, jamais Hermione n'avait voulu quelqu'un à ce point, ou n'avait voulu être à quelqu'un à ce point.. La manière d'embrasser de l'auror avait quelque chose de tellement farouche et entier comparé à la sienne, plus douce mais instinctive; et pourtant ils se répondaient avec la même ardeur, la même intensité.
Sur l'instant, aucun des deux ne voulurent prendre le temps de ralentir le rythme.. La sorcière posa ses fesses sur le meuble bas après avoir rapidement ôté son propre short, et l'aida à retirer sa veste. Sans réfléchir, Hermione déboutonna la braguette de son jean et retira son propre sous-vêtement, tandis qu'Harry baissait à la hâte son pantalon pour se placer entre ses jambes.
Rompant un instant leur étreinte, l'auror mit la main sur sa baguette qu'il tira de sa poche arrière, et cette dernière comprit lorsque l'auror planta son regard dans le sien ce qu'il projetait de faire, ce à quoi elle répondit en acquiesçant. Ce n'était pas le moment pour les préliminaires.. Elle l'entendit formuler d'une voix sourde un sortilège de contraception et de lubrification sur eux.
Hermione ne se souvenait pas d'avoir déjà vu ses yeux émeraudes briller avec autant d'intensité.. Troublée par ces derniers, elle se sentit prise de court lorsqu'elle sentit l'extrémité de son sexe se presser à son entrée. Sa bouche s'entrouvrant sur la sienne, Hermione fut incapable d'émettre le moindre son et ferma les yeux, alors qu'elle le sentait pour la première fois en elle.
L'auror laissa échapper un gémissement de plaisir inattendu, et des flash de lumières explosèrent derrière ses paupières closes. Etre en elle était si bon et parfait que pour la première fois depuis longtemps, il se demanda s'il allait parvenir à se maitriser suffisamment longtemps. Il serra plus étroitement ses jambes enroulés autour de sa taille et la pénétra aussi lentement que possible, et la sorcière accrocha ses mains à ses cheveux.
Et alors qu'il se mit à aller et venir en elle, l'euphorie saisit brutalement Harry. Hermione enfouit son visage dans son cou, et une fois encore elle fondit en larmes face aux émotions, combinés au plaisir que ce simple geste soulevait en elle, malgré l'inconfort dû à l'absence des préliminaires.. S'accrochant à son dos, elle relâcha une main pour venir s'accrocher au coin d'un placard, ressentant à nouveau cette sensation d'affolement.
En relevant son visage vers le sien, l'air qu'il put lire sur le visage de la jeune femme le bouleversa au point qu'il se sentit sur le point de pleurer. Faire l'amour à Hermione était tellement différent de ses autres expériences que rien n'aurait pu l'y préparer.. Sur le moment, ce qu'il ressentit en lui l'effara. Il se sentait aussi vulnérable qu'indestructible..
Il aurait tellement eu envie de se faire croire que ce n'était qu'une envie ! Qu'elle ne ferait que passer comme le reste.. Pourtant, il ne put se résoudre à détacher ses yeux de sa silhouette, de ses gémissements et de ses sanglots, tandis qu'il appuyait sur chaque poussée comme s'il n'en aurait jamais assez, tout en étant contenté comme jamais il ne l'avait été avec quiconque.
Dans sa précipitation, Harry jouit en elle bien trop tôt, se raidissant en lâchant une plainte étouffée. Il y avait bien longtemps que ce genre d'incident ne lui était plus arrivé..
Hermione rouvrit ses yeux écarquillées et retrouva son souffle, une main encore sur le placard, réalisant que l'explosion tant attendue n'était en définitive pas arrivée, pas pour elle en tout cas.. Quelques secondes passèrent où ils ne dirent rien. Ils se connaissaient depuis si longtemps que c'était étrange d'imaginer ce qu'ils venaient de faire.
Pleinement conscient que l'expérience ne s'était pas révelée aussi satisfaisante de son côté, Harry se prépara à s'excuser, le visage encore enfouit dans son cou. Mais avant qu'il n'ai pu dire quoi que ce soit, Hermione le devança, essayant de ne pas paraître embarrassée face à lui.
"- Ce n'est pas de ta faute, se justifia t-elle essouflée en se détachant de lui. C'est moi, c'est.. C'était moi.."
Sa main finit par lâcher le coin du placard qu'elle tenait toujours, cherchant désormais à rajuster le bas de son vêtement en place.
Mais Harry l'en empêcha.
"- Je peux me rattraper, dit t-il d'un air confiant."
A ses mots, Hermione sentit l'air se charger de nouveau à mesure que leur excitation grimpait, bien qu'elle se demandait comment la sienne pouvait remonter aussi vite..
"- Peut-être que ce qu'on a pas réussi à régler jusqu'ici, on peut le régler dans ta chambre, lui souffla t-il alors à l'oreille, cherchant à la narguer."
La bouche entrouverte, Hermione se laissa grisée par ses mots, se rendant compte avec quelle facilité il attissait ce feu en elle, surprise de parvenir à se laisser autant aller avec lui.
"- Qu'est-ce que tu veux que je te fasse ? lui demanda t-il sur ce même ton qui la faisait frémir à chaque fois."
Elle garda les yeux fermés, grisée par leur désire commun. Bon sang, ça semblait si naturel pour lui de parler comme ça.. La voyant hésiter à répondre, une pointe d'embarras dans les yeux lorsqu'elle les rouvrit, il lui demanda pour la narguer si elle avait déjà eu des expériences avant lui.
"- Si tu tiens vraiment à le savoir, sache que je ne suis plus vierge depuis un moment, lui dit-elle en voyant qu'il en profitait pour se moquer d'elle, n'appréciant pas qu'il s'en sente supérieur. Et ne crois pas que je ne sache pas me satisfaire moi-même..
- Vraiment ? questionna t-il en enserrant sa taille d'une main, puis la remontant sous son t-shirt, s'infiltrant sous son soutien-gorge pour retracer du pouce la forme de l'un de ses seins."
Dès que ses mains se posèrent sur elle, ses paupières se fermèrent subitement. C'était comme si tous ses doutes et craintes disparaissaient par magie et qu'elle revenait au moment présent, concentré sur eux. Ce qui ne lui arrivait jamais en temps normal, mais ça, il pouvait courir pour qu'elle lui avoue..
Harry reprit sa bouche et l'embrassa fiévreusement.
...
Sur leur chemin jusqu'à la chambre, ils renversèrent des objets sans les voir tout en ôtant les derniers vestiges de leurs vêtements. Une fois dans le couloir menant à la chambre, Harry la pressa contre un mur, son regard rivé sur elle, ne pouvant s'empêcher de parcourir des yeux ses jambes gracieuses, la forme de ses hanches et de ses seins, de ses épaules..
Il entama son exploration, observant attentivement sa réaction en caressant divers endroits de son corps, cherchant ses points sensibles. L'auror glissa sa main dans son entre jambe et la respiration d'Hermione s'intensifia, tandis qu'il s'extasiait du plaisir qu'il lui donnait. Elle posa son front sur son épaule en mordant sa lèvre inférieure, tandis qu'elle sentait le corps de l'homme frémir contre le sien. Il effleura sa tempe de sa bouche et elle sentit son souffle chaud et fébrile contre elle.
Hermione s'appuya sur lui avec plus de force encore en sentant ses doigts chercher son clitoris, commençant à stimuler ce dernier. Elle leva ses yeux vers les siens, croisant son regard gagné par la luxure. Lorsqu'il inséra légèrement son index en elle, elle émit un gémissement angoissant en s'accrochant à ses épaules, plantant ses ongles dans sa peau. Involontairement, elle se déplaça pour se retrouver entre le mur et la porte, collant son dos à celle-ci pour ne pas tomber.
Elle mit naturellement sa main sur la sienne tandis qu'Harry plaquait une main sur le mur à côté de lui, son excitation arrivant à son paroxysme. Le souffle court, il n'arrivait pas à décrire les émotions grisantes et bouleversantes qu'il ressentait à la voir faire.
"- Touche-toi avec ma main.. lui souffla t-il lorsqu'elle voulu retirer sa main à elle, les ordres franchissant ses lèvres sans qu'il ne puisse les retenir."
Ses doigts hésitants sur les siens, elle se laissa aller à ce qu'il disait alors qu'il l'observait faire, comme envouté. Il baissa son visage pour faire courir ses lèvres sur sa nuque alors qu'elle renversait sa tête sur le côté, alanguie. C'est en redressant la sienne qu'il remarqua ses yeux remplis de larmes.
La gorge soudainement sèche, il ne comprit pas comment cette simple vue d'elle pouvait l'émouvoir autant.
Ce qu'il voulait éviter à tout prix.
"- Hermione je t'en prie.. arrête de pleurer, murmura t-il en fermant les yeux en posant doucement son front sur le sien, sa voix le trahissant."
Il se souvint lui avoir demandé la même chose dans la forêt de Cavespell, quand Bellatrix les retenait prisonniers contre l'arbre. Hermione ne lui répondit pas, n'ayant pas la force de formuler des mots correctement, ayant l'impression qu'elle allait s'effondrer tôt où tard s'ils ne trouvaient pas un endroit plus approprié.
"- Est-ce que tu imagines ce que j'ai ressenti quand tu es partie ? lui demanda t-il contre sa peau, ses doigts allant et venant continuant de lui donner du plaisir."
Il n'eut pour tout réponse que ses gémissements. Sur le moment, il se sentit perdu en réalisant à quel point ces paroles sonnaient vraies à ces propres oreilles..
Harry se pencha pour prendre un de ses seins dans sa bouche, passant sa langue autour de son mamelon pour l'aspirer en la sentant réagir aussitôt. L'auror ne se souvenait pas avoir voulu prendre autant de temps avec une femme par le passé. En dépit du plaisir qu'il lui prodiguait il vu la douleur dans ses yeux marrons, ce qui fit ressurgir aussitôt la sienne. Il arrêta aussitôt ce qu'il était en train de faire.
Merlin, il ne voulait pas que ça se passe comme ça..
Submergé par ses propres émotions qui remontaient de loin, il sentait que c'est peine perdue. Ils ne pouvaient pas fuir la charge émotionnel qu'il y avait entre eux, celle qu'ils se contentaient de mettre au placard le reste du temps. Mais l'air déjà chargé se décupla, et il ressentir pour la première fois avoir la maitrise de ce poids lourd à porter. Son côté impulsif reprit le dessus, et il tendit son bras pour enclencher la poignée de la porte.
L'entraînant avec lui jusqu'à atteindre le lit, il saisit ses hanches et la fit asseoir sur le bord en s'agenouillant face à elle. L'auror mature en lui sentait reprendre la maîtrise de la situation, celle qu'il avait prit l'habitude d'avoir avec une femme.. Hermione semblait en avoir légèrement moins que lui, même s'il se contrefichait de ce détail.
Leurs regards s'accrochèrent tandis que dénuée de la moindre pudeur, la sorcière était dépassée de constater à quel point elle se sentait à l'aise avec lui dans cette situation, comme si tout ça lui paraissait naturel. Harry passa ses mains sous ses genoux, et elle ouvrit ses jambes pour en glisser une sur son épaule, tandis qu'il enfouissait sa tête dans son entre-jambe pour prendre son sexe dans sa bouche, continuant de lui donner du plaisir cette fois avec sa langue.
Ses mains enserrant étroitement ses fesses, il fit tout pour la faire trépasser, et un plaisir sans précédent envahit entièrement Hermione, la parcourant des pieds à la tête. En constatant à quel point il avait envi d'elle, elle éclata en sanglots en se demandant si elle allait un jour arrêter de fondre en larmes au moindre de ses gestes.. Comment cela se faisait-il, elle qui n'avait jamais été aussi émotive, ni démonstrative avec quiconque ?
Gémissante, elle accrocha ses mains à son dos courbé et ses cheveux. En dépit du plaisir qu'il lui prodiguait, Hermione lui souffla d'arrêter, essouflée. Il se stoppa pour se redresser en s'asseyant à son tour sur le rebord du lit, leurs souffles s'amplifiant alors qu'elle l'enjambait pour venir se rasseoir sur lui. Leurs yeux reliés comme des aimants, ses mains parcoururent son torse dans les moindres détails, et elle se mit à embrasser le bas de son visage pour remonter jusqu'au lobe de l'oreille puis son front, ses lèvres frôlant sa cicatrice..
Perdu dans un tourbillon de sensations, Harry enfuit son visage dans son épaule alors qu'elle pressait son bassin contre le sien. Il ne pouvait s'empêcher de la toucher, de la parcourir entièrement avec ses mains et sa bouche. Les pleurs d'Hermione entrecoupés jusqu'à présent de soupires, furent peu à peu remplacés par des gémissements. Elle avait l'impression que sa raison et son intellect l'abandonnaient dans les bras d'Harry. Cette tendance à tout penser, tout observer l'abandonnait..
Elle se recula légèrement pour ensserer dans sa main son sexe tendu, se mettant à caresser son membre de haut en bas.
"- Bon sang, Hermione.. lâcha t-il lourdement en sentant qu'il allait finir par venir si elle continuait ainsi."
La respiration de l'auror s'alourdit tandis qu'il posait une main dans son dos sur le matelas en recherche d'appuie, et afin d'éviter le même incident que toute à l'heure, le survivant s'empara de sa taille et la souleva pour se positionner à son entrée. Ses mains accrochées à sa chevelure, Harry trembla des pieds à la tête, frappé par un plaisir soudain en sentant les parois de son vagin l'enserrer lorqu'elle descendit sur lui. Les lèvres d'Hermione dérapèrent sur les siennes, la respiration entrecoupée, et ils gémirent ensemble tandis qu'elle commença à déplacer ses hanches de haut en bas.
Il releva son visage et les lèvres d'Hermione se posèrent naturellement sur les siennes, gémissant dans la bouche de l'autre. Harry ressentit à nouveau cette sensation de lucidité, son coeur implosant sous la puissance du moment. Il enfouit son visage dans sa poitrine en plantant ses doigts dans ses épaules et ses reins, comme s'il cherchait à disparaître en elle.
Alors que les vagues de plaisirs déferlaient de plus en plus fortes, Harry accentua la cadence et Hermione s'accrocha plus fermement à ses cheveux rebelles en gémissant sans retenue, la bouche ouverte contre son front. Son regard émeraude perdu dans ses yeux marrons, aucun des deux ne prêtèrent attention à leurs cheveux décoiffés. Hermione ne se souvenait pas qu'un homme l'ai un jour aimé comme il le faisait à présent, avec autant d'intensité et d'honnêteté.. Peu à peu, c'était comme s'ils fusionnaient ensemble. Il parsema avec ferveur son cou et son épaule de baisers, et se pencha pour inverser les positions.
Ils tombèrent sur le lit où il posa ses avant-bras, tout son corps se rigidifiant tandis qu'il réajustait ses hanches en reprenant ses vas et viens, chacun de ses coups faisant courber son dos et l'enfonçant dans le matelas. Hermione aurait souhaité que son lit grince un peu moins, mais peu à peu, ce soucis sembla lui sortir complètement de l'esprit, car elle se laissa envahir par des vagues déferlantes de plaisir.
Un cri incontrôlé s'échappa de ses lèvres, et elle s'entendit prononcer son nom de cette voix qu'elle ne s'était jamais entendu émettre avec personne d'autre que lui, alors qu'il la prenait encore et encore. Elle finit par comprendre que cela était dû à des émotions qu'elle n'était même pas consciente de retenir..
Leurs fronts se touchaient à peine alors que l'allure saccadée de l'auror la faisait chanceler toujours plus loin. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, la vue de l'auror l'ébranla à un tel point qu'elle se demanda comment elle pouvait supporter cet intensité. Complètement obnubilée par lui, son regard ne put se détacher des traits tendus de son visage, de ses mèches rebelles collés sur son front par la sueur, des gémissements s'échappant de sa bouche ouverte alors qu'il se mouvait au dessus d'elle.
L'auror enfouit sa tête dans son cou, et elle ne put s'empêcher d'admirer les mouvements de ses épaules et des muscles saillants de son dos, de ses bras crispés par son rythme erratique.. Harry abaissa son visage, essayant vainement d'embrasser sa mâchoire sans y parvenir.
Enivrée de lui, les doigts de la jeune femme parcoururent ses cheveux mouillés, et elle se remit à sangloter sans en connaître les raisons exactes. Une des mains de l'auror se faufila maladroitement le long de son corps pour enserrer une de ses cuisses. La couleur de son visage virait au rose, presque rouge alors qu'il redressait son visage vers le sien, son intention de chercher à la faire chavirer clairement visible dans ses orbes vertes.
Elle ne s'était jamais senti aussi proche de lui qu'à cet instant, la force du lien qui se tissait entre eux allait au delà de tout ce qu'elle pouvait concevoir..
La pièce était silencieuse, mise à part les bruits de leurs gémissements qui se transformèrent en cris déchirants à mesure qu'ils arrivaient au point de non retour. Hermione posa ses lèvres sur son épaule et reserra ses jambes contre sa taille, ses mains s'accrochant à ses cheveux en sentant un orgasme puissant la plonger dans un précipice, des lumières explosant devant ses yeux.
Une des mains de l'auror enserra brusquement le bord de la tête de lit non loin, perpendiculaire à eux, alors qu'il jouissait à son tour.
Merlin.. Ereinté, Harry releva son visage des draps et son regard gagné par la fatigue croisa les siens, encore effaré par ce qui venait de se passer.
Lorsqu'il se retira d'elle, Hermione eut pour la première fois une désagréable sensation de séparation.
L'auror se laissa retomber à ses côtés. Couché en partie sur le ventre et le front posé sur le matelas, Harry passa son avant-bras au dessus de sa tête et reprit son souffle pendant de longues minutes où aucun d'eux ne parla, réalisant ce qu'ils venaient de faire une nouvelle fois.
"- Bon sang, Hermione.. lâcha t-il faiblement, les yeux clos. Comment j'ai pu me passer de toi, jusqu'à maintenant ?"
...
Epuisé, le sommeil ne tarda pas à s'emparer de lui, et Harry rêva à toutes ses nuits où il regardait Ginny dormir lorsqu'ils sortaient ensemble.. A ces fois où ses doigts jouant avec ses cheveux s'étaient surpris de trouver des mèches ondulés disséminés dans la chevelure rousse, éveillant en lui une sensation d'euphorie qu'il ne savait pas vraiment à quoi assimiler, ou plutôt à qui.
Depuis combien de temps se fourvoyait-il, exactement ?
Puis le rêve changeait de lieu, et il se perdait désormais dans le Londres moldu à la recherche de sa meilleure amie..
Interrogeant des passants au milieu d'une rue qui ne semblaient pas le voir, les silhouettes se déplacaient de plus en plus vite autour de lui, à lui en donner le vertige. Les images floutées des moldus finirent par laisser place à une rue vide, et il se retourna pour se retrouver face à la voix de sa conscience personnifiée.
Et face à la silhouette immobile d'Hermione et de ses boucles châtains parsemant son visage, il se sentit plus égaré et coupable que jamais.
"- A quoi es-tu en train de jouer, Harry ? lui demanda t-elle d'un air désapprobateur."
Chapitre 37
Le lendemain, dans la forêt de Dean:
Le souffle court, ses écouteurs sur les oreilles, Hermione faisait sa course matinale à travers les arbres. Dès qu'elle avait le temps, elle s'y rendait faire son jogging afin d'évacuer le stress. Comme lorsqu'elle était enfant et qu'elle venait y camper avec ses parents, la forêt était surement l'endroit où elle se sentait le plus dans son élément.
Rendue en plein milieux de la forêt, à bout de force, elle fit une courte pause et ferma les yeux un instant pour reprendre son souffle, les mains posés sur ses genoux. Malgré la nuit qu'elle venait de passer, elle s'était sentie dès le réveil étrangement d'attaque pour faire son parcours habituel.. Et surtout, éviter de faire face à l'autre occupant du lit.
Elle n'aperçu pas une silhouette l'observer plus loin, cachée entre les arbres. Quelques part dans les hauteurs, un oiseau quitta sa branche en décollant précipitamment d'entre les feuillages, la faisant se retourner dans un sursaut. Hermione reprit sa course et parcouru quelques mètres en plus, déviant de son trajet normal pour se retrouver en face du lac. Malgré l'heure matinale des moldus s'y promenaient, parfois seul ou accompagnés de leurs enfants. Observant la vaste étendue d'eau à ses pieds, elle repensa à la nuit qu'elle venait de vivre en compagnie d'Harry..
Elle n'avait jamais rien connu de tel. Le plus frustrant est que ce n'était pas sa première expérience avec un homme.. Mais c'était pourtant l'effet que ça lui faisait.. Vaincue, elle ferma à nouveau les yeux, incapable de stopper le flot de souvenirs qui resurgissait.
Fatiguée et en sueur, elle finit par rentrer chez elle. Lorsqu'elle fut devant la porte de son appartement, elle ferma les yeux, faisant en sorte de prendre son courage à deux mains.
Une fois à l'intérieur, elle déposa les clés sur une petite table de l'entrée tout en retirant les écouteurs de ses oreilles. C'est en se rendant dans le salon pour déposer son téléphone sur la table, qu'elle se rendit compte des dégâts de la veille, ceux qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'évaluer avant de partir faire son jogging.
Un vase renversé, une lampe brisée.. et au milieu de tout ce dérangement, aucune trace de ses vêtements à lui.
Avant de partir dans la forêt, elle n'avait pu s'empêcher de laisser tout un tas de notes dans la chambre, au cas où il aurait besoin d'utiliser la salle de bain, où se servir à déjeuner.. Quoi qu'il en soit, Harry avait dû prendre son absence pour un rejet en émergeant à son tour du sommeil. Du plat de sa main, Hermione ouvrit la porte de sa chambre, et constata les draps vides.
Ou bien alors n'en avait-il eut rien à faire.. et avait préféré faire comme les trois quart de la gente masculine dans ce cas précis, et prendre la poudre d'escampette.
You show me this road I follow,
No matter where it leads,
Drop by drop I will drink your poison,
Until you falling for me.
(Josh Powell, Drop by drop)
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* définition trouvée sur le site voyancemagie
* Warm, The Neighbourhood
* Chase Atlantic, Friends
Pour ceux qui sont arrivés jusqu'ici, merci d'avoir pris le temps de lire :) J'espère que vous aurez apprécié la lecture..
N'hésitez pas à laisser des reviews, où à venir me parler en privé. J'ai beau publier à la lenteur d'une limace, je réponds aux messages relativement vite ! A bientôt, LConnor
