Elle était là, face à lui, rayonnante. Les rayons du soleil faisaient naître des reflets cuivrés dans sa longue chevelure qui ondulait dans la brise ambiante. Elle lui parlait. Il n'entendait pas les sons qui sortaient de sa bouche, mais ses lèvres bougeaient alors que ses yeux pétillaient d'entrain. Elle souriait, ses bras et ses mains s'agitant au rythme de sa prose. Dans le fond, peu importe ce qu'elle lui racontait, l'important était qu'elle soit avec lui, heureuse. Ils devaient avoir une conversation passionnante et décontractée, comme dans le parc, et cela lui suffisait. Elle était vraiment jolie, c'est en tout cas ce qu'il se dit avant de s'approcher d'elle. Il tentait de lui parler, de s'intégrer à cette conversation silencieuse qui lui était adressée, mais dont il n'était que spectateur impuissant. Il fit quelques pas vers elle, et à mesure qu'il s'approchait, le ciel s'assombrissait. Il devait se dépêcher et trouver un abri, ou ils allaient être trempés. Il regarda autour de lui à la recherche d'un endroit qui leur offrira sa protection contre les intempéries ; là, un arrêt de bus, ce sera parfait. Tag saisit sa main et courut en direction de l'abri, emmenant la jeune Kay Leen derrière lui. Il riait. Il sentait ce bonheur, cette chaleur pétillante monter en lui, du creux de son ventre jusqu'à sa poitrine. Alors que les premières gouttes d'eau tombaient, un rire franc s'échappait de sa gorge, il savourait ce moment à la fois si banal et unique qu'ils partageaient. Arrivé à destination, il réalisa que la petite main qu'il tenait dans la sienne tremblait. Avait-elle froid ? Il fit volte-face pour lui proposer son sweat-shirt, mais les derniers rayons de lumière s'éteignirent quand il rencontra ses yeux.
Les yeux de la jeune femme étaient remplis de larmes qui s'écoulaient en longs ruisseaux sur ses joues tremblantes. Il pouvait sans mal lire dans ses iris vertes, la tristesse, la souffrance, mais surtout, le dégoût. Tag sentit sa gorge se serrer à mesure que sa poitrine devenait douloureuse. Que se passait-il ? Qu'avait-il fait ? Avant qu'il n'ait le temps de lui poser toutes les questions qui fusaient dans son esprit, elle arracha sa main à la sienne. La colère. Les sourcils de Kay Leen se fronçaient alors qu'elle faisait un pas en arrière.
– Attends … Kay ! Que… Je suis désolé ! Ses pieds comme soudés au sol, il tentait de la retenir, mais était incapable de bouger alors qu'elle s'éloignait toujours plus de lui.
– Arrête ! Tu vas être trempée ! Reviens… On peut en parler, mais reste ! S'il te plaît ! Une douleur froide et sourde s'insinuait dans son abdomen, il avait du mal à respirer, son cœur tambourinait.
Elle était sous une pluie battante, ses cheveux plaqués contre son visage. Son maquillage coulait dans le sillage des larmes et des gouttes d'eau qui se mêlaient sur ses joues. Tout son être se tendait alors qu'elle s'immobilisait hors de sa portée. Les poings serrés, elle retroussa ses lèvres tremblantes en un rictus menaçant. Sa respiration semblait frénétique, sa poitrine se levant et s'abaissant à un rythme effréné. Puis il entendit un grognement monter en elle ; il l'entendait enfin. Telle une salve de lames acérées, elle lui répondit, dans un calme et une neutralité déchirants :
– Regarde ce que tu m'as fait. Tu ne mérites pas mon pardon. Tu ne mérites pas ma gentillesse. Tu ne mérites que ta propre souffrance et ta propre honte.
Alors qu'elle reculait à nouveau, ce qui fut un bord de mer quelques minutes plus tôt n'était que néant et ténèbre. Il ne savait pas si la masse sombre l'aspirait loin de lui, la dévorant peu à peu, ou si elle fonçait sur eux, engloutissant tout sur son passage, mais la panique de la perdre à nouveau le tétanisa. Il tendait les bras vers elle, la suppliant de revenir vers lui, mais cette fois-ci, c'était sa voix qui s'était éteinte ; ses lèvres s'épuisant dans un ballet muet.
– Oublie-moi. Moi, je veux t'oublier. Et elle disparut dans cet épais nuage d'encre. Il était seul au milieu du rien ; plus un bruit, plus de mouvement, un tout suspendu. Il prit une inspiration profonde et bruyante alors qu'il se réveillait en nage dans la nuit noire de sa chambre. Le temps, pourtant pas si lointain, où il se réveillait avec des images enivrantes de la belle jeune femme avait laissé place aux cauchemars, aux remords et à la solitude.
Il était 5h du matin, mais le sommeil ne revenait pas. Il avait besoin de se dépenser, d'évacuer cette frustration et cette rancœur qu'il nourrissait envers lui-même. Il décida donc de sortir faire un footing matinal. D'instinct, il se dirigea vers le parc où il entraînait la Team. Il courut au moins une bonne heure, ou un peu plus, car les couleurs revigorantes de l'aube l'invitèrent à s'arrêter. Assis au milieu du parc encore vide, il ferma les yeux et profita de la douce chaleur des premiers rayons de soleil. Il adorait la sensation du soleil sur sa peau, sentir chaque cellule s'éveiller, comme galvanisée par la lumière. L'aboiement d'un chien le sortit de sa méditation. Il était au moins 6h30, car les premiers propriétaires de chiens étaient de sortie. Il se décida alors à rentrer, en trottant, chez lui.
A son arrivée, il croisa son père et Isabelle, à peine réveillés et encore en pyjama, surpris de le voir revenir d'ils ne savaient où. Il ne leur laissa pas le temps de le questionner, fonçant en direction de la salle de bain, pour une douche vivifiante. L'eau coulait sur son corps nu, rafraîchissant sa peau et emmenant avec elle le mal être et la rancœur. Le regard perdu dans le vide, il passa la main dans ses cheveux, la pression de l'eau les plaquant en arrière. Il inspira profondément la vapeur purifiante qui l'entourait, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Il acheva de laver ses cheveux et de se raser, la mousse épaisse ruisselant le long des muscles saillants de son dos, le creux de ses reins et le long de ses jambes, avant de disparaître dans le siphon, avec toutes ses pensées noires. Planté devant le miroir, une serviette autour de la taille, il entama une conversation silencieuse avec son subconscient, un combat de regard avec son reflet, qui se solda sur une motivation nouvelle.
Elle lui avait répondu, c'était plutôt bon signe. Hors de question de se morfondre en attendant sa réponse, où de ressasser le passé. Ce qui était fait était fait. Il devait profiter de sa journée, de ses vacances et surtout réfléchir à comment être une meilleure personne, au lieu de se demander ce qu'il aurait dû faire de différent. Quand Samy frappa à la porte, agacé que son frère ait bloqué la salle de bain pendant près d'une heure, alors qu'il avait rendez-vous avec Zahra, et devait encore mettre un gel sur sa mèche rebelle, il quitta la pièce. Finalement, malgré une nuit perfectible, il décidait de faire de cette journée une bonne journée ! Il prit un petit déjeuner copieux avant de partir travailler. Il ne regarda pas son téléphone de la journée, hormis pour lire les messages reçus. Il s'était imposé de ne pas la relancer, ni de guetter inlassablement la conversation pour voir si le signe "lu" apparaissait. Finalement, cela ne lui demanda pas tant d'efforts que ça. Non pas qu'il avait tourné la page, loin de là, ses espoirs étaient encore plus grands qu'avant. Mais elle lui avait répondu et cela lui suffisait pour le moment.
Il rentra pour l'heure du dîner. Il prit le temps de parler de sa journée et de faire le point sur l'entraînement de la Team. Ils apprenaient, peu à peu, à se débrouiller sans son œil averti, mais Samy appréciait d'échanger avec son frère sur les réussites et échecs du jour. Les matchs pour la Coupe du monde de Foot de Rue extrême commenceraient mi-septembre. Certes, c'était seulement le début du mois d'août, mais le temps passait vite malgré tout. Il attendait toujours des nouvelles des écoles de kinésithérapie où il avait postulé, mais l'une l'avait refusé et les deux autres l'avaient mis "sur liste d'attente". Au pire des cas, il avait une place en fac de biologie, mais ce n'était pas son objectif final. Après quelques parties de Street Fighter contre son petit frère, il rejoignit sa chambre pour s'affaler sur son lit.
Il joua quelques longues minutes à des jeux de logique, avant de s'installer derrière son clavier. Il réalisait qu'il n'avait pas joué de piano depuis des semaines, alors qu'il avait plus de temps que jamais. Ni une, ni deux, il se mit à plaquer quelques accords. Finalement, il joua quelques standards de jazz qu'il avait appris pendant son séjour à l'orphelinat ; Fly me to the moon ou encore Boy from Ipanema. Puis la lassitude le saisit, et il retourna à son téléphone, échangeant des banalités avec plusieurs de ses contacts. Quoi de neuf ? Hey, t'as vu le match d'hier soir ? On essaye de se voir avant que tu partes au Brésil ?... Vers 23h30, un message vocal de 🌸 ️🎮K-Kay👩 🎤🎸🌸. Une fois encore, il ne put retenir un sourire, tout en branchant ses écouteurs pour écouter ce nouveau message vocal.
"Super, merci… Je ne me sens pas mieux ! Et, désolée de te décevoir, mais je ne suis pas partie à cause de toi… C'était prévu que je parte me faire chier dans un trou boueux avec ma mère ! Je comptais glisser ça dans la discussion au resto mais, finalement, je me suis dit que tu t'en foutrais ! Oh, et pour ta question sur mes médocs, je suis peut-être anxieuse, dingue ou mourante mais ça te regarde pas. Et enfin, tu as raison, c'est normal que je t'en veuille ! Tu aimais parler d'autre chose que de foot ? Moi, je te conseille de te trouver une autre pouf à sportif ! Elles ne sont pas difficiles en général… Réponds-moi si tu veux mais, de mon côté, j'ai une rentrée à préparer et il n'y a pas de lycée des Arts et du Design ici, donc j'ai du taf, donc je ne compte pas revenir soulager ta conscience ! A plus ou à jamais! "
Ses mots étaient rudes et Tag les reçut avec violence. Si elle avait été en face de lui, il aurait certainement perdu son sang-froid ; cédant à un de ses accès de colère qu'il avait appris à maîtriser avec le temps. Mais heureusement, elle n'était pas là, et il eut le temps de digérer ses paroles avant de réfléchir à une réponse. Et il réalisa qu'elle n'avait pas tort. Ce qu'elle nommait des "poufs à sportif", il en avait fréquenté quelques-unes. C'était un des avantages et des inconvénients d'avoir une petite notoriété dans le milieu du sport urbain. Il y avait plus de filles prêtes à coucher avec vous que de jours dans la semaine. Bien qu'il ait eu 6 conquêtes différentes, dans des relations allant de deux semaines à cinq mois, pendant son année de terminale, il s'était lassé rapidement. Elles étaient souvent mignonnes, mais avaient rarement beaucoup de conversations ou de mordant. Tout ce qui les intéressait était d'être vues avec lui, de passer du bon temps et de jouer la cheerleader excentrique pendant les matches et les entraînements. Mais en dehors de ça, il y avait rapidement du vide, des yeux qui criaient "tais-toi et embrasse-moi !" un peu trop souvent. Kay n'était certainement pas de ces filles-là ; il l'imaginait plus comme un bouton de rose, belle à l'extérieur, mais cachant encore plus de surprises sous ses premiers pétales. Aussi parce que, visiblement, qui s'y frotte s'y pique ! Cette pensée le fit partir dans un fou rire, seul, au milieu de son lit. Enfin, c'est ce qu'il pensait, jusqu'à ce que Samy hurle :
– Putain Tag ! T'as fumé un truc ou quoi ? J'ai envie de dormir moi !
Il étouffa donc son fou rire, le temps de reprendre le contrôle de son esprit. Elle était encore fâchée. Ca il pouvait le comprendre, mais ce qui le fit soupirer, était le fait qu'elle semblait rechercher un nouveau lycée. Elle ne reviendrait pas ! C'était peut-être mieux ainsi. Il avait merdé, tout gâché et il ne reviendrait pas en arrière. Maintenant qu'elle était à plusieurs centaines de kilomètres, il était peu probable qu'il puisse recoller les morceaux. Et il ne voulait pas avoir l'air désespéré non plus. Il enregistra sa réponse après avoir longuement pesé chacun de ses mots.
"Hey, Kay ! C'est noté… Je te laisse tranquille. Merci de m'avoir répondu en tout cas… De toute manière, je pars passer 3 semaines au Brésil. Mon avion décolle dans 2 jours ! Enfin tu t'en fous… Bref, bonne continuation et j'espère plutôt à plus qu'à jamais !"
Pour une fois, la réponse ne se fit pas attendre. Il reçut un ultime OK avant d'aller se coucher.
Les deux jours qui le séparaient de son départ passèrent rapidement. Aucune nouvelle de Kay Leen, et il ne l'avait pas relancé non plus. Il était bien décidé à profiter de son voyage, et à tourner la page. Après avoir dit au revoir à sa famille et ses amis, il prit le métro pour se rendre à l'aéroport. Le vol durerait 9 heures ; c'est pour ça qu'il avait glissé sa Switch, plusieurs mangas et quelques magazines sportifs dans son sac-cabine. Sans oublier une batterie de secours, des écouteurs et son téléphone pour passer le temps, même si celui-ci ne capterait pas là-bas. Ses cousins lui prêteraient un vieux téléphone avec une carte prépayée le temps de son séjour.
Samy ne tenait pas en place. Cela faisait trois semaines que son demi-frère était parti au Brésil et il avait hâte de le revoir, lui raconter ses entraînements et surtout voir qu'il allait bien. Ramon et lui allaient arriver sous peu. En effet, le père de Tag l'avait rejoint sur les dix derniers jours de son séjour, souhaitant également saluer familles et amis, qu'il avait quitté pour revenir vivre en France et assurer le bonheur de son fils. Alors que le jeune blondinet piétinait dans le jardin sous le regard amusé de sa mère, un claquement de portière attira son attention. Il se précipita vers l'immense portail en bois qui les cachait de la rue, mais avant qu'il n'ait eu le temps d'atteindre la poignée, celui-ci s'ouvrit et laissa apparaître les deux hommes. Leur peau d'argentin bronzée par le soleil de Buenos Aires paraissait encore plus marquée par le contraste saisissant avec le teint pâle du jeune garçon.
L'après-midi fut rempli d'émotions ; des retrouvailles attendues et chaleureuses. Samy raconta ses dernières techniques, développées pour les matches à venir. Ramon leur fit découvrir des spécialités brésiliennes comme des quindims, des Coxinhas, et des cocadas, qu'ils avaient réussi à faire revenir en France. Tag montra plusieurs photos prises pendant le séjour ; une plage remplie de monde, mais où l'eau était d'un bleu azur digne des films hollywoodiens et des plages de sable fin, des soirées entre amis dans des restaurants traditionnels ou encore un trek fait à Chapada ès le dîner, les deux frères montèrent à l'étage, où se trouvaient leurs chambres respectives, et s'installèrent dans celle de Tag pour discuter. Samy n'avait toujours pas perdu son enthousiasme tant il avait de choses à écouter et à raconter.
– Alors Samy ! Mis à part les entraînements, tu as fait quoi de beau pendant mes 3 semaines d'absence ? L'interrogea son aîné en s'allongeant sur son fauteuil.
– Maman m'a forcé à faire un cahier de vacances… Tous les jours ! S'exclama-t-il, l'air épuisé. Tag, quant à lui, explosa de rire face au visage indigné de son frère.
– J'imagine tellement la scène ! Isabelle qui te mène à la baguette et toi qui boude !
– Super ! Merci pour le soutien, espèce de vieux !
– Hey ! Je te rappellerai ça dans 4 ans, quand tu auras 18 ans aussi… bébé ! Tag le narguait avec plaisir, ces moments de complicité avec Samy avaient mis du temps à se mettre en place, mais il appréciait de plus en plus sa place de grand frère.
– Chui plus un bébé ! D'ailleurs, j'ai même embrassé Zahra en ton absence ! L'adolescent prit une posture triomphante.
– Oh ! Et alors ? Toujours amoureux tous les deux ? Il connaissait déjà la réponse, à l'air fier et satisfait de son jeune demi-frère, mais il voulait lui donner le plaisir de lui annoncer.
– Héhé ! Ouais ! D'ailleurs on s'est même embrassés 2 fois ! Tu ne peux pas en dire autant le célibataire ! C'était au tour de Samy de se moquer de son frère, mais le jeune adulte avait de la répartie.
– J'admets, célibataire ! Mais après tout dépend de ce que tu cherches !
Samy ne comprenait pas les sous-entendus de son interlocuteur, qui explicita ses propos.
– Quand t'es en couple, tu dois être fidèle à ta copine, tu vois ! Mais quand t'es célibataire par choix, et que tu rencontres d'autres célibataires par choix, bah… Ça arrive aussi de s'embrasser, mais juste pour le fun ! Tag sentait qu'il s'empêtrait dans des informations encore trop matures pour le jeune garçon, et coupa donc court à son récit. Après un silence gênant, Samy reprit la parole:
– T'as embrassé une fille au Brésil ? C'est ça ?
Tag hocha la tête, les yeux braqués vers la fenêtre à sa gauche.
– Deux filles ?
Silence.
– Trois ? Samy fronça les sourcils en signe de suspicion.
– Oui, c'est ça ! OK ! J'ai bai… embrassé trois filles au Brésil ! C'est bon ?! Mais ça reste entre nous, tu dis rien aux parents ! Sinon, je vais avoir droit à un interrogatoire !
Alors que Tag était devenu rouge comme une tomate, gesticulant sur son fauteuil, son frère se leva d'un bon, le pointant du doigt avant de hurler:
– Et la fille de Paul, t'en fais quoi ? Tu viens de me dire, quand t'as une copine tu embrasses qu'elle !
Ne supportant pas d'être mis en défaut, et encore moi par son jeune frère, Tag sauta également sur ses pieds, toisant le jeune homme d'une trentaine de centimètres.
– Hey ! Je fais ce que je veux, OK ?! De toute manière, la fille de Paul n'a jamais été ma copine, et elle est partie. Elle vit sa vie ailleurs et moi j'ai passé de bonnes vacances ! Bon aller, j'vais voir mes potes. Salut ! Et il sortit d'un pas hâtif de la chambre, descendant les escaliers quatre à quatre.
Plus tard dans l'après-midi, il avait retrouvé sa bande d'amis dans un bar du centre-ville. Ils s'étaient tous racontés leurs vacances, les nouvelles de ces 3 semaines sans se voir ni se parler. Salim avait bossé tout le temps, et n'avait rien de palpitant à raconter, si ce n'était une sortie au cinéma avec une fille rencontrée à une soirée. Elle était mignonne, mais il n'avait pas encore conclu. Pour Arnaud, il se vantait d'un nombre incalculable de conquêtes, mais personne n'était dupe quant à sa manie d'exagérer. Il n'avait peut-être même pas de régulière en ce moment. Mélissa était toujours célibataire et outrée de la manière dont ses amis parlaient des filles qui leur plaisaient. Tag leur raconta ses trois conquêtes. Deux Brésiliennes et une Américaine en vacances. Si l'Américaine n'avait été qu'un coup d'un soir après une soirée en boîte de nuit ; les deux Brésiliennes s'étaient relayées, visiblement sans le savoir, au bras du jeune athlète.
– Putain ! Mais toi aussi mec ?! Mélissa n'en revenait pas. Elle pensait que Tag était plus mature que les deux autres, après leur discussion quelques semaines plus tôt.
Il lui répondit d'un haussement d'épaule, un petit sourire en coin.
– C'est important l'hygiène ! Faudrait pas que la machinerie s'enraye !
Elle leva les yeux au ciel alors que les trois autres partaient dans un fou rire entendu.
Mi-Septembre. Samy était rentré en 3ème et avait repris les entraînements de Foot de Rue Extrême et Tag avait repris son emploi à mi-temps au restaurant de tacos. Il avait reçu une réponse positive pour une école de kinésithérapeute finalement, et s'était rendu à la journée d'intégration et d'information quelques jours plus tôt. Sa place à l'université était toujours réservée également, mais la rentrée n'aurait lieu que début Octobre, comme la reprise des cours de son école. Il allait devoir faire un choix, car deux options s'offraient à lui. Soit il déménageait à 300Km de là pour son école de kiné ; ça n'était pas la plus réputée ni son premier choix, mais elle avait le mérite d'avoir retenu sa candidature, à la condition de suivre une année de remise à niveau en mathématiques - il avait pris SVT et EPS comme spécialités en Terminale. Soit il déclinait leur offre, restait chez Isabelle et son père tout en allant faire une première année de biologie à l'université, et il retenterait les concours d'admission en école de kinésithérapie l'an prochain.
Sur le chemin du retour, après un service de 5 heures, il surfait sur son téléphone quand il retomba par hasard sur la conversation avec Kay-Leen, bien loin dans son fil de discussion. Elle ne lui avait pas donné signe de vie depuis son dernier "OK", et lui n'avait pas cherché à prendre de ses nouvelles non plus. Il avait choisi d'avancer, de l'oublier, même si elle trottait parfois dans un coin de sa tête. Mais la relecture de leur conversation et le souvenir de leurs derniers échanges déclenchèrent un déclic chez le jeune homme ; il avait fait son choix. Quand il rentra chez lui, les trois autres membres de la famille assis dans le canapé devant une série Netflix, il annonça :
– Bon, on a deux semaines pour trouver un logement étudiant ; c'est décidé, je pars !
Voilà voilà... chacun chez soi! Peut-être que Kay n'était tout simplement pas LA fille qu'il lui fallait...
Qu'en pensez-vous? Va-t-il trouver mieux? A vos pronostiques ;)
J'aime lire vos commentaires alors lâchez vous!
XOXO
Yélie
