Chapitre 282 : Now your turn !

"Comment dit-on Princesse en danois ?"

Petit rire doux en retour. "Prinsesse."

Hissée sur les coudes, j'avise le ballet de ses lèvres.

"Der er sunget om Drømme i duftrige Ord(*)."

"Tu es érudit. J'aime ça." lui offrant un baiser. "Tu aurais pu être une brute épaisse à la cervelle creuse mais tu as préféré te frayer un chemin jusqu'à la finesse la plus exquise."

Je passe l'index le long de sa bouche joliment dessinée.

"J'aimerai savoir... ta première fois ?..."

"La fois où j'ai perdu ma vertu ?" amusé. "A Roquevaire, évidemment."

"Avec... ma tante ?" outrée.

"Non. Avec une braconnière de la région."

Je me raidis davantage. "Ju... lie ? Tu te fous de moi, Hunt !" me redressant, l'avisant avec des yeux mauvais.

"C'est un secret que nous avons su parfaitement préserver."

La gifle part. Il me fixe, incrédule.

"Espèce de salopard !... Elle avait exactement mon âge à l'époque !"

"Princ..." joue rosissant sous le coup porté.

"Tu m'as monté tout un mytho !" m'asseyant en bord de lit, récupérant mes effets. "Notre différence d'âges, mon corps que tu jugeais à peine formé !"

Il sourit, jouissant de ma jalousie. "Tu ne t'emballerais pas un peu, Princesse ?"

"La ferme, Hunt !" me levant pour enfiler mon pantalon.

Il me retient par le bras, à genoux sur le lit. "Ne me dis pas que tu es à ce point en colère ?"

Je me défais de son emprise jusqu'à ce qu'il mette un pied au sol. "Oh oh, doucement, Princesse." me faisant face.

"Dégage !" le bousculant sur le côté.

Il me retient par la taille, y plaçant une force considérable. "Princesse, stop." ferme. "Oui, je me suis défendu du désir que tu m'inspirais déjà à l'époque, c'est vrai."

"Plus... un mot, Hunt !" barrant ses lèvres d'un index dont il s'empare, le plaçant dans sa bouche, le retirant lentement de la cavité, sous mes yeux agrandis. Mes reins remuent.

D'accord. Je viens de m'emporter sans doute trop vivement...

"Nous fréquentions le même milieu." caressant mes cheveux, avisant le feu qui commence à danser au fond de mes prunelles. "J'ai fermé les yeux sur ses rapines et je ne l'ai jamais dénoncée aux gendarmes... en y posant une condition cependant."

"Tu as négocié... ton silence contre son corps ?..." totalement désarçonnée.

"Elle n'avait rien d'autre à offrir."

Je le bouscule et il retombe sur le lit défait. Pourtant... la situation m'attise !...

Je m'arrête avant de franchir le seuil, désir me montant littéralement à la tête. Je reviens sur mes pas, nouant les bras autour de Hunt pour l'embrasser à pleine bouche, vive.

Son corps répond immédiatement et il agrippe mes hanches pour me presser contre lui, sexe gagnant en fermeté.

Nos soupirs sont lourds, nos bouches se dévorent dans la plus basique impudeur.

Je me laisse couler au sol, le prenant en bouche pour le gâter.

Il s'arque, geignant, cherchant où agripper, ivre de sensations vives.

Il en suinte, corps mis à l'épreuve, tension le tiraillant jusqu'à l'écarteler de sensations.

"Haaaaaan ! Princesse !..." sur le point de jouir.

Je me redresse, quittant rapidement mes vêtements.

"Sur la table... par derrière." directive.

"A ta... guise." incapable de négocier.

Je bascule le haut de mon corps contre le bois.

Il prend immédiatement place, glissant au sein de la moiteur délicieuse.

Quelques mouvements l'encouragent à monter une jambe repliée sur cette même table, me travaillant sous un angle riche en sensations.

Il est surtendu, à bout de souffle.

Puis il me retourne, préférant mon visage à mon dos.

Là, nous consommons l'acte jusqu'à la jouissance.

Il pose le front contre mon épaule, plaçant sa bouche contre mon oreille pour me faire entendre le tumulte que l'échange vient de provoquer, sourire audible.

Sa mémoire le projette à cette époque... par cette chaude après-midi d'été.


Le piège a été efficace. Le lièvre y a laissé bien plus que sa peau.

Hunt pose un genou à terre, libérant le cadavre dont les mouches se régalent déjà, chaleur aidant.

"Mon pauvre... ton agonie a dû être longue à en juger les plaies que tu t'es infligé avec le fol espoir de t'en libérer. Foutu braconnage..."

Un mouvement dans un fourré le figea. Son sourire s'élargit d'un cran, sauvage.

"Qui que tu sois, je te conseille de sortir de ta cachette et de m'affronter." main rejoignant le manche de sa dague camouflée dans sa botte.

Nouveau mouvement, fuite.

"Très bien." se redressant, regard affûté, paré à donner la chasse.

La poursuite s'engage. Hunt est sur son terrain ; il en connaît le moindre fourré.

Enfin, la silhouette en fuite se dessine. Minute... il s'agit... d'une femme !

Hunt bondit sur son dos, la faisant chuter. Elle se défend bec et ongles, terrible.

Le Chasseur l'immobilise.

Elle se tortille en étouffant des geignements de rage.

Souillée, Hunt note immédiatement ce qui frappe le plus chez elle : des iris couleur rouge sang.

Elle a tout d'une bohémienne...

"Eh bien... je m'attendais à tout sauf à cela." se redressant, poignets de la jeune femme toujours sous contrôle, retirant son chapeau. "Nous tenons là une véritable sauvage." amusé par la rage qui l'anime. "Voilà un moment que je suis sur ta trace, ma belle. J'espère que les gendarmes récompenseront ma persévérance."

Elle se mord la lèvre, l'avisant.

Il la met debout, lui attachant les poignets au moyen d'une corde solide.

"Pitié... ne faites pas cela..."

Hunt passe devant elle. "Tu sais parler, ma parole !..." amusé.

"Je ferai... ce que vous voudrez."

Hunt glisse les doigts sous son menton. La fille est jolie dans son genre...

"Te sers-tu toujours ainsi de tes charmes ?..."

"Il s'agit de la pire comme de la meilleure arme dont m'ait doté la nature, vous ne pensez pas ?"

Du répondant et du vocabulaire ! Cultivée, la sauvageonne !...

"L'art de te muer en catin lorsque la situation l'exige... je ne puis qu'applaudir la performance. Tu as un nom ?"

"Tout juste un prénom. Mais qu'importe, vous pourrez crier celui qui vous plaira lorsque vous danserez entre mes reins."


Il repose contre moi, corps assaillit par les endorphines.

"Tu es toujours en colère ?..." doucement.

Je secoue mollement la tête, doigts perdus dans la blondeur de ses cheveux.

"Tu lui as sauvé la vie... sans cela elle n'aurait jamais rencontré mon cousin... J'espère néanmoins que tu as été tendre avec elle, Rook..."

Il sourit. "C'était ma première fois, je te le rappelle... elle semblait en savoir plus long que moi."

"C'est elle qui t'a appris l'art des baisers ?..."

"Nous nous sommes peu embrassés, à dire vrai. Je dois la science à Vil."

"Parce que wow... tu embrasses bien." souriante.

"Le compliment après la gifle ?..."

J'embrasse la joue en question. "There." l'avisant, tendre. "Il va falloir que nous dressions un nouveau plan de bataille maintenant que j'ai quitté Octavinelle..."

"Que proposes-tu ?"

"Déjà que nous passions quelques nuits ensemble dans mon appartement... ce qui n'a pas été possible jusqu'à présent sans mettre Octavinelle sens dessus-dessous."

"J'espère que ta porte est bien équipée en verrous... pour empêcher une certaine anguille de débarquer à ton appartement quand bon lui semble."

Je ris. "Ne t'inquiètes pas, Floyd a aussi un planning."

"Quelle organisation admirable." tendrement moqueur.


"Entre, je t'en prie."

Il inspecte les lieux d'un regard circulaire, posant son chapeau à plume sur le meuble de l'entrée.

"C'est donc ici que tu invites tes hommes ?..."

"Cela change un peu de la cabane de chasse, pas vrai ?"

"C'est plus... cosy." accorde-t-il.

"Attends un peu d'y découvrir la literie..."

Je découvre un tout nouveau Hunt... un homme qui apprécie prendre son temps, calme et attentionné. Passionné également. Il laisse se déployer le talent inné qu'il possède pour les caresses et les baisers sous toutes leurs formes, c'est un véritable régal !...

Il doit limite se pincer en se réveillant à mes côtés, sourire gagnant avant de venir contre moi pour me câliner.

Quant à l'amour, il n'a jamais été aussi passionné !...

Notre appétit semble sans limite.


Lorsqu'il quitte pour servir Vil, il demeure dans l'appartement l'odeur agréable de pomme mentholée qui met plusieurs heures à s'évanouir.

Il nous est enfin accordé de pouvoir nous comporter en véritable couple qui ne se voit plus dans la secret d'une sordide cabane de chasse !...

"Comment dit-on je t'aime en danois ?"

"Jeg elsker dig." souriant, caressant mon dos nu après l'amour.

"Tu as connu tes parents, Rook ?..."

"Non. J'ai été élevé par une veuve avec de maigres moyens. Dès que j'ai été en âge de travailler dans les mines de charbon, je m'y suis employé."

"Oh... quel travail harassant pour un adolescent..."

"Nous vivions mieux grâce à cela. Malheureusement la tuberculose qui sévissait à l'époque l'a emportée alors qu'elle n'avait pas même cinquante ans..." fermant les paupières sur de tels souvenirs. "Alors je suis descendu sur Roquevaire. Puis j'ai servi à Mortelune. Pour terminer chez Vil."

"Tu sais ce que je préfère chez toi ?..."

"Dis-moi."

"Ça... ces merveilles..." passant les paumes sur ses bras. "La musculature que le maniement de l'arc leur a taillé... leur force." les refermant sur moi. "J'adore m'y envelopper."

"Tu sais que... ceci est vraiment nouveau pour moi ?... Cette... domesticité."

"Tu n'as jamais été en couple avant ?"

"Non. Cela n'a été que des histoires fugaces. Je crois que tu es la première de laquelle je sois aussi proche depuis quelques jours."

"Pas même Vil ?..."

"Vil..." petit rire. "Vil, c'est... occasionnel. Et surtout cela ne dure jamais." amer.

Je me glisse derrière lui, mains passant devant, caressant son torse tandis qu'il s'arme de son chapeau.

La manœuvre lui prend un soupir.

"Je... resterai bien." m'avoue-t-il.

"Voyons... tu as une chasse à honorer et moi un étalon à monter."

Petit rire. "Exact." plaçant son chapeau aux larges bords et à l'unique plume fournie.

"Tu reviens quand ?..."

"Dès que je le pourrai." se retournant vers moi pour m'enlacer. "Merci pour ces moments, Princesse." soufflé à mon oreille.


Hunt entra avec fracas dans les bois. A quel gibier allait-il donner la chasse, cette fois ?

Lièvre ? Biche ? Chevreuil ? ou un gibier à plumes ?...

Bah, il laisserait le hasard de ses rencontres en décider pour lui.

Le seul gibier que Vil dédaignait était le sanglier. Le marcassin, passait encore.

Justement, voici une harde.

Hunt libéra sa jument et s'embusqua dans un fourré, armant son arc.

Aujourd'hui, le vent s'était tu, ce qui arrangeait le chasseur.

Il bandit l'arc, visant la progéniture.

En plein !

La harde venait d'être prise de panique et se dispersa.

Il sortit de sa cachette, siffla sa jument, allant cueillir la proie, grimpant à cheval avant l'attaque de la mère.


"Rook." glissant une main sur l'épaule du chasseur. "M'es-tu fidèle ?"

"Pour ce qui est de mes services, vous ne pouvez en douter, ma reine. Pour ce qui est de mon corps..."

Les doigts se crispèrent sur l'épaule du chasseur.

"En effet. Tu empestes la petite dinde à plein nez." sur une moue en disant long. "Pourquoi n'exiges-tu point l'excellence dans ce domaine aussi, Rook ?"

"Je crains, ma reine, de n'avoir point été en mesure de choisir."

"Cette fille est médiocre, Rook." se tenant debout entre les jambes écartées du Chasseur, doigts glissant sous son menton. "Elle est une ombre au tableau d'excellence de Pomefiore." cherchant les émeraudes profondes de son homme de main. "Allons, Rook. Renonce. Laisse-la se souiller dans l'eau salée d'Octavinelle."

Rook dessina un léger sourire. "Je ne le peux, ma reine."

Les doigts se crispèrent autour du menton. "Renonce, Rook."

"Serait-ce un ordre, ma reine ?..."


Je caresse la peau, notant le joli frisson que mon doigt déclenche. "De la peau humaine ou de celle que t'offre l'océan, laquelle est la plus remarquable, Floyd ?" curieuse.

"Ah, jamais réfléchi. Attends... bon, l'eau y joue un rôle, j'pense."

"Hmm mmm. Sans doute."

"C'est assez différent, je dirai."

"Au niveau des sensations ?"

"Aussi." caressant mon bras en retour. "Mais comme dit, l'eau doit jouer un rôle évident. Sous l'eau, j'ai l'impression que ma peau entière en capte la moindre vibration, le plus petit courant... c'est assez dingue !..." sur un petit rire. "Mais tes caresses, wow ! Je décolle chaque fois !..."


Mais me voici de retour à l'époque victorienne pour m'amuser aux dépens d'un certain démon déguisé en majordome. Sebastian Michaelis - nom d'emprunt pour une bête venue tout droit des ténèbres.

"Tu donnes merveilleusement le change, majordome Michaelis."

Le sourire s'allonge naturellement. "Tiens, tiens, tiens. La pièce rapportée de l'armée d'Hadès qui vient me saluer en personne." chargeant les emplettes du jour dans la calèche. Il est certain qu'il ne me fera aucun cadeau !...

J'ose le geste, doigts passant dans les mèches lâchées à l'avant de sa chevelure de jais.

"Toi qui te sers des charmes, dont tu t'es toi-même octroyés, pour exercer la séduction à des fins personnelles..." faisant référence à la façon, totalement délibérée, dont il se sert du sexe pour soutirer des informations de toute nature.

Il se redresse, tirant sur son gilet pour le remettre en place ainsi que les rebords de sa veste queue-de-pie.

"Veuillez ne point me toucher de la sorte, jeune demoiselle."

"Pourquoi, butler ? Ceci t'est-il désagréable ?" laissant passer un silence. "Tu sais, depuis que tu fréquentes le monde des humains, tes émotions ont gagné d'un cran. Je demeure même persuadée que tu... parviendrais à éprouver du plaisir."

"Je le pourrai. Si cela s'avérait nécessaire."

Il me fait face, proche.

"Allons."

"Dois-je vous rappeler que je demeure sous contrat ? J'ai un maître plutôt jeune et exigeant à servir, mademoiselle-la-Spectre."

"Je demeure certaine que tu parviens à t'acquitter de toutes tes tâches avec vitesse et précision. Ce qui te laisse une marge de manœuvre considérable pour... le divertissement."

"Ma parole !... Vous tentez aussi bien que le diable lui-même, Mademoiselle." amusé que j'use ainsi de ses propres pratiques. "Fort bien. Nous nous verrons donc au manoir tout à l'heure, attendu que mon jeune maître vous y a convié. Et ne y soyez pas en retard ; mon maître déteste cela !" sévère.

"Ce n'est assurément pas pour ton jeune maître que je m'y rends." jouant un instant avec le pan de sa cravate.

"Faites en sorte que cela ne se remarque pas. Mon jeune maître est très susceptible."


Je vois avouer que l'imposteur de Ciel Phantomhive est divertissant ; il a conservé une véritable âme d'enfant qu'il camoufle derrière une façade adulte. Nous nous livrons même à quelques jeux de société.

Michaelis a présidé lui-même tout le service ; une ombre discrète et terriblement efficace.

J'entre dans la cuisine.

"Ainsi... c'est ici ton antre ?..." en faisant le tour du regard avant de tomber sur la silhouette svelte et fortement agréable du majordome.

"Vous avez fortement diverti mon jeune maître. Vous aussi, vous avez su conserver une âme d'enfant. Avez-vous pris la peine de le laisser gagner ?..."

"A toi de le deviner, butler."

Il libère ses mains gantées de ses corvées en cours pour me faire face.

"Ainsi, tu ne t'agenouilles que devant un seul et unique maître ?"

"Je suis plutôt fidèle dans mon genre." sourire gagnant d'un net cran. "J'y ferai peut-être exception si vous savez m'en persuader."

Ses iris, d'ordinaire camouflées sous un marron profond, viennent de prendre cette teinte dangereusement carmin.

666 est éveillé. Et il me fixe droit dans les yeux, se frayant un chemin jusqu'à mon âme.

A ce petit jeu de la séduction, nous sommes très forts tous les deux.

"Quelle délicieuse noirceur tapisse votre âme." langue glissant d'une commissure à l'autre. "Je pourrai m'en régaler."

"Je ne suis pas ici pour te régaler de mon âme, Sebastian, mais de mon corps."

"Certes. Veuillez m'en excuser." sur une brève courbette. "Ainsi, vous préférez le majordome à l'homme de pouvoir ?..."

"L'homme ?! C'est un gamin !..." ri. "Ne nous y trompons pas : ici, la créature de pouvoir, c'est toi, Michaelis."

"Trop d'honneur." proche. "De quelle façon souhaitez-vous que cela se passe ?... Doucement, sensuellement ou... brutalement et sauvagement ?..." posant l'avant-bras au-dessus de ma tête, m'envisageant d'un regard qui me plonge déjà dans un lit.

Je glisse les mains entre les pans de sa veste en pure laine d'Écosse, caressant le gilet, m'en mordant la lèvre.

"I want... foreplay."

"Oh, I see." humant mes cheveux, glissant une main sur ma hanche pour s'y agripper. "Je vais donc être obligé de me fournir en accessoires."

"N'oublie pas... le principal..." levant lentement la jambe pour l'appuyer contre son entrejambe.

Il glisse une main gantée sous ma cuisse, s'y comprimant davantage. "Very well."


C'est dans la soirée, laissant la garde du manoir à sa troupe d'élite, que le majordome se présente à mon domicile.

Là, il tombe la veste et s'installe dans le salon, jambes élégamment croisées, goûtant un excellent cru.

"Vous êtes une des seules à m'inviter à de tels jeux tout en connaissant ma véritable nature."

"Penses-tu vraiment que je t'accorderai le moindre intérêt si tu n'étais qu'un simple majordome, Michaelis ?"

Il fouille un instant dans sa poche intérieure et en tire une corde qu'il dépose sur la table basse.

Le message est clair.

J'en souris. "J'aime les démons armés d'ambition. Et toi, tu n'en manques guère. Bondage ?... Bien vu, Michaelis." ventre remué.

"Je suis flatté que l'ouverture proposée remporte ainsi tous les suffrages."

"Je n'en attendais pas moins d'un démon qui porte des bottes montées sur talons ouvragés." faisant référence à sa forme ordinaire.

"Le bon goût n'est pas affaire de tous." soupiré.

"Fort heureusement, je tiens là un démon qui en possède à revendre."

Petit rire flatté en face. "J'ai longtemps demeuré enchaîné, pour tout vous dire."

"Vraiment ? Qui est donc parvenu ainsi à bout de vous ?"

"Ma gourmandise."

Je pose ma tasse. "Votre gloutonnerie serait un terme plus juste."

"Touché. J'ai donc dû apprendre à me montrer plus... raffiné."

"Cuisiner les âmes aux petits oignons."

Il rit, décontracté. "Comme cela est rafraîchissant de pouvoir ainsi l'évoquer sans frein."

"A présent..." n'y tenant plus, m'approchant, montant une jambe entre les siennes, écart, tirant sur le nœud de cravate.

Ses mains gantées gagnent mes hanches.

Je plonge le nez dans ses mèches sombres, sur le haut de sa tête. Odeur épicée. Presque comme du... pain d'épices !...

J'enroule la cravate d'un tour, le basculant en avant.

Ses mains descendent sur mes fesses qu'il masse, m'arrachant un premier soupir.

"J'aime tes manières... Sebastian."

Son sourire se fait carnassier, appétit prenant un pas charnel, commandant à son sexe.

"Je sens que... le moment va être exquis." canines se découpant de la dentition parfaite.

"Parviendrais-je à te rendre accroc ?... Les paris sont ouverts, démon Michaelis."

"Fort bien. Voyons ce que vous serez capable de... m'arracher." prononcé d'une façon lascive, mains passant sous mes jupons.

Il me fait basculer sur le fauteuil, se glissant jusqu'au bas, un genou à terre, m'adressant un regard explicite avant soulever mes jupons, retirant l'attache de chaque bas, ma jambe placée sur sa cuisse fléchie.

La force du métier.

"Combien de siècles d'existence possèdes-tu, Sebastian ?..."

"Oh, bien plus que je ne saurai dire." glissant lentement les bras, retirant une bottine après l'autre, notant ma peau qui granule sous le toucher de ses gants immaculés.

Je m'avance pour le défaire. Il m'en empêche.

"Non. Jamais la première fois." montrant ses petites manies.

Il me défait jusqu'au corset qu'il me fait conserver.

Puis il attache mes mains et me fait tenir debout, jambes écartées, haut du corps en appui sur les bras maintenus sur le haut du dossier du fauteuil.

A sa merci !...

Il caresse à présent à pleines paumes, toujours ganté.

"Les vêtements pour ultime défense... je ne te savais point aussi frileux, butler. Tu... m'offenses." frustrée.

"Vous n'y trouverez plus à redire d'ici quelques instants, mademoiselle." se défaisant lestement pour se faire saillir, appuyant l'entrée suintante à m'en faire suffoquer.

"So ?" à mon oreille, littéralement lové sur moi, mains gantées remontant le long de mes avant-bras nus.

"You, bastard... HAAAAAH !" sur un coup de reins diablement efficace.

"Vous n'êtes pas en position de répliquer, mademoiselle." toujours à mon oreille, langue s'y immisçant, tentatrice.

Il tire un peu plus le lien, étouffant mes poignets.

"Tu t'es... toujours servi du sexe comme... monnaie d'échange !... Haaaan..."

"Je n'ai rien à attendre vous. Ni vous de moi."

Mon corps suit les mouvements habiles de ses hanches.

Sa main est plaquée sur mon ventre, me retenant contre lui sans faillir.

"What kind of... demon !"

"Vous le saviez avant même de proposer, mademoiselle. N'est-ce pas ce qui vous a séduit chez moi ?"

Le plaisir qu'il appelle est tout bonnement fou !...

"A présent, permettez que je prenne ma part." balançant plus fort, sons commençant à naître pour éclater dans sa gorge, roulant en rauques de plus en plus puissants.

Engoncé jusqu'à la garde, il stoppe un instant, allant mordiller ma nuque dégagée.

"Assurément, c'est plaisant."

Voilà qui est bien plus intéressant qu'un jeu de société !...


"Où étais-tu passé, Sebastian ? Qui t'a autorisé à quitter ainsi le service ? J'ai dû me servir moi-même un lait chaud étant donné l'incompétence en matière culinaire du personnel en place."

"Pardonnez-moi, young master." se penchant en avant.

"Je ne tiens pas à savoir ce que tu es allé faire. Tâche que cela ne se reproduise plus."

Voilà qui est fâcheux. Sebastian doit réfléchir à une autre façon de procéder pour ne point se mettre son jeune maître à dos.

Car oui, Sebastian n'en a pas encore terminé avec moi.


(*) Il est chanté sur les rêves des parfums dans des volutes verbales.