Chapitre 21
Harry avait peu dormi. Son esprit n'avait eu de cesse de cogiter, de tergiverser sur ce qu'il venait de découvrir. Contrarié, il avait fini par se lever tôt. De très bonne heure, les couloirs du château étaient déserts. Le jeune griffondor tenait fermement la fiole où il avait conservé les souvenirs de Drago. Il ne savait pas trop quoi en faire ni même pourquoi il les avait pris et gardé. Ses pas l'avaient porté jusqu'au couloir qui menait au bureau de la directrice. Harry s'avança jusqu'à la statue qui en gardait l'accès. La gargouille en pierre était d'une extrême laideur, il n'avait jamais compris pourquoi les bâtisseurs du château l'avait choisie pour filtrer les allers et venues vers le bureau du professeur McGonagall. Il observa la statue, caressant du pouce la fiole qu'il gardait dans sa poche. La gargouille s'anima soudain. Surpris, Harry la vit faire un pas sur le côté puis le mur s'ouvrit, laissant l'accès à un escalier en colimaçon mobile qui s'étirait jusqu'à une porte en chêne. Harry fit un pas en avant et se pencha pour observer le sommet de l'escalier. Il vit la porte qui menait au bureau de la directrice, son petit heurtoir en cuivre en forme de griffon brillait.
Surpris de ne pas voir la porte s'ouvrir sur la directrice, Harry monta l'escalier et arriva rapidement devant la porte. Elle s'ouvrit silencieusement. L'ancienne professeur de métamorphe se tenait derrière un bureau, elle semblait travailler, une pile de parchemins devant elle. La sorcière finit par se redresser et regarder Harry par-dessus ses lunettes. Ses lèvres fines s'étirèrent lentement alors que l'adolescent s'avançait. La directrice posa sa plume puis se leva doucement. Harry s'arrêta au milieu de la pièce, ayant comme l'impression qu'elle l'attendait. C'était encore un mystère de Poudlard : la sérénité de celle-ci faisait presque croire qu'elle savait ce qu'il se passait dans chaque recoin de l'école.
« Vous êtes bien matinal, Potter. Je ne vous attendais pas avant la fin du petit déjeuner.
- Vous saviez que je viendrais ?
- Il m'a semblé que votre vie était quelque peu mouvementée ces derniers temps.
- Vous m'espionnez ? » questionna Harry. La sorcière eut un petit rire amusé.
« Je m'intéresse à chacun de mes étudiants, Potter. Auriez-vous besoin de quelque chose en particulier ? »
Harry se mordit la lèvre avant de sortir la fiole de sa poche. Il expliqua à la directrice qu'on lui avait confié ces souvenirs et qu'il voulait les voir, peut-être qu'ils allaient l'aider à comprendre certaines choses. McGonagall fit un geste de la main. Un meuble s'ouvrit doucement et laissa accès libre à l'ancienne pensine de Dumbledore. La directrice alla jusqu'à Harry et posa une main amicale, presque maternelle, sur son épaule.
« Prenez votre temps, personne ne viendra vous déranger.
- Merci, professeur. »
Harry attendit un peu avant de s'avancer jusqu'à la pensine. D'un geste lent et minutieux, il y versa le contenu de la fiole. Les souvenirs grisâtres de Drago remplirent la vasque et se mirent à tournoyer doucement. Le jeune sorcier les observa un instant puis inspira. Il se pencha et plongea la tête à l'intérieur du liquide magique. Il se sentit alors comme aspiré à l'intérieur du récipient en pierre et se retrouva au cœur même d'un premier souvenir. Il vit Drago travailler tranquillement dans une serre, à manipuler soigneusement des petites pousses. Harry fut surpris de l'entendre chantonner doucement. Il l'observa s'éloigner un moment des plantes pour se diriger vers un arrosoir et un robinet. La porte s'ouvrit et Ginny entra. Drago lui rappela d'abord qu'elle devait avoir cours et qu'elle n'avait rien à faire ici. Mais elle insista et lui déclara qu'elle venait lui proposer un marché pour les aider, Théodore et lui. Harry fronça les sourcils en la voyant jeter une bourse remplie d'or vers Drago. Le blond ne semblait pas particulièrement ravi de la situation. La colère monta dans la poitrine du griffondor lorsqu'il entendit sa petite amie proposer à Drago de passer du temps avec lui en utilisant du polynectar. « Ça » contre une coquette petite somme d'argent, non négligeable dans la situation de l'ancien serpentard.
« Ce que tu demandes est illégal, Weasley, » dit-il. « Je ne sais pas où tu trouves cet argent mais il est hors de question que je finisse à Azkaban pour toi. Franchement, c'est quoi ton souci pour vouloir que je me fasse passer pour toi ?
- Je gagne cet argent en revendant les articles de mes frères à l'école, » avoua-t-elle. « Je me suis renseignée, je sais que tu n'es pas payé pour travailler ici. Imagine ce que tu pourrais faire avec cet argent. Nott et toi, vous pourriez recommencer une vie après Poudlard. Je peux même demander à ma famille des lettres de recommandation pour ton copain. Mon père et l'un de mes frères travaillent au Ministère. Mon frère aîné est à Gringotts. Je pourrais t'aider, si tu m'aides en retour. »
Harry se déplaça pour mieux observer la réaction du blond. Il semblait hésiter, tiraillé entre une morale et le besoin vital d'avoir des économies. Drago déglutit en observant la bourse que lui avait jetée Ginny. Quinze gallions était vraiment une somme à ne pas refuser, Harry s'en rendait compte. Théodore et Drago étaient dans le besoin, sans ressources pour continuer une vie normale et stable après Poudlard.
« Donc tu veux que je me fasse passer pour toi ?
- Oui.
- Je devrais faire quoi au juste ?
- Je... » commença Ginny avant de s'interrompre et de chercher ses mots. « Si je te demande ça, c'est pour que tu passes du temps avec lui. Et que tu… acceptes certaines de ses avances ?
- Tu veux que je me prostitue ? » demanda clairement Drago. Ginny acquiesça. « J'arrive pas à comprendre pourquoi tu me demandes ça.
- Tout le monde veut qu'on soit ensemble. Tout le monde s'attend à ce qu'un jour on se marie. Mais… je l'aime beaucoup mais pas comme ça. J'ai besoin de temps pour trouver une solution.
- C'est pas plus simple de rompre ? » questionna Drago.
« Je ne veux pas décevoir ma famille et mes amis ! » se défendit la rouquine. « Alors, tu acceptes ?
- Vingt gallions, » marchanda Drago. « Et si quelqu'un le découvre, tu assumeras entièrement ce qu'on s'apprête à faire.
« Marché conclu. Je te ferais savoir les points de rendez-vous avec Harry et je te fournirai le polynectar. Personne ne devra le savoir, pas même ton copain.
- Okay. »
Ginny tourna des talons et quitta la serre. Drago soupira en allant s'asseoir sur un vieux tabouret bancal. Un noueux apparut entre les plantes et se dirigea, boiteux, vers le blond. Harry vit ce dernier se pencher et prendre délicatement l'animal, ressemblant comme deux gouttes d'eau à un hérisson, pour le poser sur ses genoux. La bestiole semblait assez familière et se laissa gratter sous le menton.
« Mon vieux, je crois que je viens de faire une grosse bêtise... » soupira Drago alors que le souvenir s'estompait.
Tout le décor changea autour de Harry. La serre se transforma en prairie. Le griffondor reconnut assez rapidement la classe onze et la clairière où Firenze donnait ses cours. Sa silhouette apparut, allongée sur la couverture, le pantalon sur les cuisses. La fausse Ginny se rhabillait rapidement et s'empressa de l'embrasser.
« Je t'aime, » dit le Harry du souvenir. Sous l'apparence de Ginny, Drago lui répondit en lui offrant un sourire radieux.
« A plus tard, Harry. »
Drago prit quasiment ses jambes à son cou et Harry dû lui courir après pour rester dans le souvenir. Son cœur se serra en voyant le blond pleurer à chaudes larmes en bifurquant dans un autre couloir. Il trouva refuge dans une salle vide où il avait au préalable caché ses vêtements masculins. Harry l'observa donner un coup de pied dans une chaise avant de s'effondrer contre le mur. Le souvenir continua un petit moment, laissant le temps à Harry d'observer la détresse émotionnelle de Drago.
Mais une fois de plus le souvenir se modifia. Harry se retrouva à nouveau dans une serre. Drago travaillait mais semblait ailleurs. Ginny apparut de nulle part et se planta devant lui. Elle n'était visiblement pas contente du tout. Furieuse, elle lui demanda pourquoi il avait embrassé Harry à Pré-Au-Lard.
« Tu voulais quoi ? que je le repousse alors qu'il est cruellement en manque d'affection ? » questionna Drago, froidement.
« Tobias vous a vu. Il était jaloux ! Et c'est pour ça qu'il a envoyé ce cognard sur Harry.
- Dans ce cas-là, dépêche-toi de dire à Harry que tu n'as aucun sentiment pour lui.
- Pas encore !
- Si tu veux que je continue ce manège, tu vas devoir accepter que je ne peux pas me montrer distant envers lui. C'est soit ça, soit tu romps avec lui très rapidement.
- Il me faut encore du temps, » soupira Ginny. « Tobias sait que j'utilise une fausse Ginny. Fais de ton mieux de ton côté le temps que je trouve quoi dire à Harry.
- Génial…
- Harry m'a parlé hier matin d'un rendez-vous dans le château, je te ferais parvenir mes vêtements et la potion. »
Sans un regard en arrière, Ginny sortit de la serre. De son côté, Drago n'avait pas l'air bien. Il essaya de retourner à son travail mais sans succès. L'image devint floue et Harry se redressa pour sortir de la pensine. Il en avait assez vu. L'idée de lui mentir et le manipuler venait très clairement d'elle. Drago n'était finalement que la seconde victime de son plan tordu. Harry fronça les sourcils alors qu'il détruisait les souvenirs que Drago lui avait confiés. Il n'arrivait pas à croire que Ginny avait pu lui faire une chose pareille, juste pour ne pas rompre subitement avec lui. Harry sentit la colère monter en lui. Il leva la tête et son regard se posa sur le portrait du professeur Rogue. Celui-ci le fixait de toute sa hauteur.
« Souvenez-vous, Potter. Drago n'est pas un mauvais garçon. Il ne fait que des mauvais choix...
- Luna a dit la même chose la dernière fois. Elle disait que le cœur de sa baguette prouvait que Malefoy n'était pas méchant.
- Cette petite originale a une vision bien plus claire que certains d'entre nous, Potter. »
X
Harry sortit du bureau de la directrice et se mit à errer dans les couloirs de Poudlard. Le petit déjeuner serait servi dans plus de trois quart d'heures. Il en profita pour essayer de réfléchir davantage à la situation, tout en faisant en sorte d'esquiver les endroits qu'il savait fréquentés à cette heure par les redoublants de Serpentard. Il dû bifurquer à un croisement en entendant distinctement le ricanement de Pansy. Harry ne fut même pas surpris de tomber presque nez à nez avec Luna, alors qu'il s'était empressé de s'éloigner de la serpentarde. La blonde semblait attendre quelque chose, serrant contre elle deux manuels. Harry la salua et lui demanda s'il pouvait l'aider. Luna sourit.
« Ou peut-être que c'est moi qui peut t'aider, Harry. Comment vas-tu ?
- Euh, je… J'avais besoin de réfléchir à certaines choses.
- A quoi ?
- J'ai découvert que Ginny m'a menti sur plusieurs choses, » commença Harry alors que les deux élèves se mettaient en marche, l'un à côté de l'autre.
« Et que penses-tu de ses mensonges ? Étaient-ils nécessaires ?
- Pas vraiment, » répondit Harry. « Elle aurait pu être sincère avec moi et ça aurait éviter de faire des choses stupides qui pouvaient avoir de terribles conséquences.
- Pourquoi ?
- Elle a utilisé la faiblesse de quelqu'un pour étayer ses mensonges. Si quelqu'un d'autre l'avait appris, cette personne aurait pu avoir de gros ennuis.
- Et qu'est-ce que tu ressens pour cette personne ? » demanda Luna.
« J'étais en colère quand j'ai tout compris. Mais maintenant, je sais que cette personne n'a été qu'une victime. J'ai de la pitié et peut-être de la compassion pour elle. »
Luna s'arrêta. Son air habituellement absent, dans la lune, se changea subitement. Elle prit une expression plus sérieuse et fixa longuement Harry. Celui-ci fut très étonné de ce comportement inhabituel. C'est alors que Luna, qui semblait avoir gagné en lucidité, lui expliqua qu'elle savait de quoi il voulait parler.
« Je sais pour Tobias, Harry. Presque tout le monde le savait l'année dernière, et Ginny m'a confirmé plus tôt dans l'année qu'elle ne voulait pas de l'avenir que ses parents ont imaginé pour elle : mariée à dix-huit avec le Sauveur et devenir sa parfaite épouse, » affirma la serdaigle. « Elle ne semble pas vouloir vivre dans ton ombre. Elle veut être indépendante, faire ses propres choix, avoir une existence bien à elle.
- Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Tu sais ce qu'elle a fait au moins ? » Luna nia d'un signe de tête. « Elle a fourni à Drago du polynectar pour qu'il se fasse passer pour elle, pour que je passe du temps avec lui et non avec elle.
- Et que s'est-il passé ? »
Harry hésita un instant. Il ne savait pas vraiment quels mots mettre sur ses rendez-vous avec la fausse Ginny. Et puis finalement, il parla sans filtre :
« Les moments que j'ai passé avec la fausse Ginny étaient géniaux. J'avais l'impression de redécouvrir une nouvelle Ginny. J'en tombais encore plus amoureux. J'ai même couché avec Drago sans le savoir. Tout ça pour qu'elle me trompe avec ce Tobias !
- On pourrait accuser Drago de viol, » souffla Luna. « Ginny a vraiment l'air heureuse avec Tobias et il semblait vraiment amoureux d'elle l'année dernière… Mais je pensais qu'elle finirait par faire le choix de te quitter. Est-ce que Ginny sait que tu as tout découvert ?
- Je ne pense pas.
- Alors c'est simple : si elle ne veut pas faire son choix, tu dois le faire pour elle.
Harry sourit, effectivement cela avait l'air assez simple dit comme cela. Mais un doute persista dans son esprit : si c'était lui qui rompait avec Ginny, comment les Weasley allaient-ils prendre la nouvelle ? Est-ce que les gens ne finiraient pas par penser qu'il avait brisé son parfait petit couple pour les beaux yeux de Théodore Nott ? Il soupira en comprenant à quel point il était dans la mouise. À côté de lui, Luna rit doucement avant de lui proposer de se rendre directement en cuisine. Ils y seraient plus au calme que dans la Grande Salle, il pourrait y réfléchir plus sereinement. Harry acquiesça :
« Pourquoi pas ? Et puis, on pourrait ensuite aller à la Bibliothèque, on a encore un devoir à rendre en Sortilèges.
- Faisons ça ! »
X
Tout comme l'avait prévu Luna, Harry mangea son petit-déjeuner en paix. Kreattur était ravi de voir son jeune maître dans les cuisines et s'affaira aux fourneaux pour satisfaire l'appétit des deux étudiants. Après leur repas, Harry avait conclu qu'il ne devait pas prendre de décisions à la légère, qu'il devait avoir une véritable conversation avec Ginny et que demander conseil à Hermione ne serait pas du luxe, comme à chaque fois qu'il se reposait sur sa sagesse et ses raisonnements. Luna hocha la tête en l'écoutant, elle lui avoua qu'elle était contente qu'il décide de faire face à la situation avec autant de calme et de maturité.
Après leur repas, les deux amis se dirigèrent vers la bibliothèque, encore calme durant la première heure de la journée. A peine furent-ils entrés que Madame Pince les accueillit avec son air pincé et son éternel « chut ». Luna grimaça, comme une enfant prise la main dans le sac à chocogrenouilles alors qu'Harry lui fit signe de se diriger vers les tables les plus éloignées du bureau de la bibliothécaire. Ils passèrent devant un groupe de serpentards, concentrés sur leurs devoirs en potions. Plusieurs d'entre eux levèrent la tête pour saluer Harry et le suivre un instant du regard. Une fille se leva soudain et interpella Harry. Derrière son bureau, Madame Pince ordonna le silence.
« Pourquoi vous ne vous joignez pas à nous ? » proposa l'adolescente, visiblement très mal à l'aise.
Mais Harry refusa poliment puis continua à se diriger vers le fond de la salle. Après quelques pas, il se stoppa net en apercevant une chevelure rousse entre deux rayons. Luna suivit son regard et en fit tomber les deux manuels qu'elle portait encore. La langue de Ginny était en pleine exploration de la cavité buccale d'un garçon de Serdaigle, Tobias. Le sang de Harry se glaça face à la brutale évidence des faits qu'il avait appris ces derniers jours. Il souffla par le nez alors que ses poings se serraient fortement. Ginny finit par s'écarter de son autre petit ami. C'est à ce moment-là que le regard de Tobias se posa sur Harry et Luna. À son tour, Ginny se tourna et hoqueta de surprise en voyant Harry.
« Oh Harry ! Je peux tout t'expliquer. »
C'en fut trop pour le jeune griffondor qui se précipita sur le garçon de Serdaigle. Plusieurs livres chutèrent alors qu'il plaquait Tobias contre des étagères et le frappait au visage. Le second petit ami de Ginny se défendit assez rapidement et ils tombèrent tous les deux au sol, se rendant coups pour coups. Le charivari qu'ils firent alerta le groupe de Serpentard et Madame Pince, qui accoururent. Deux paires de bras tentèrent à plusieurs reprises de séparer Harry de Tobias en le tirant en arrière. Ils réussirent, lorsqu'un vilain coup du serdaigle cassa les lunettes du brun. Attrapé par deux serpentards, Harry se débattit, accusant Ginny de lui avoir mentit et d'avoir sciemment utilisé Drago pour mettre au point un plan sordide.
« Putain, si tu étais avec ce mec, pourquoi tu m'as fait croire que t'avais encore des sentiments pour moi ? Hein ! » hurla Harry, furieux.
« Sortez ce sauvage de ma bibliothèque ! » tempêta Madame Pince alors que les serpentards se regroupaient autour de Harry pour le tirer hors de la bibliothèque.
Une fois passée la porte, Harry se débattit pour se défaire des mains qui le retenaient encore. Il entendit alors un des garçons dire aux autres qu'ils devaient prévenir Drago. Le griffondor se figea et le fixa un long moment avant de lui demander pour quelle raison il disait une chose pareille. Les serpentards échangèrent alors un regard gêné puis une fille s'avança et lui répondit qu'ils avaient toujours fait ainsi : dès qu'il se passait un truc avec Harry Potter, tous les serpentards se devaient d'aller le rapporter au blond. Il était leur prince autoproclamé et tous savaient que personne ne devait s'en prendre au célèbre griffondor sans son aval. Accord que Drago donnait rarement, comme si Harry était sa chasse-gardée.
« Tu veux dire que Drago avait un rapport complet de ce que je faisais ?
- Oui, ça a toujours été comme ça, » fit une autre fille.
« On comprend mieux pourquoi, maintenant que tout le monde sait qu'il en pince pour toi, » ajouta un garçon.
Harry fit un pas sur le côté. Il était loin de se douter que Drago, d'une façon toutefois très particulière, avait veiller d'une certaine manière sur lui durant toutes ses années. Il se rendit alors compte qu'effectivement, à y réfléchir davantage, Drago et son groupe d'amis étaient bien les seuls à s'en prendre à lui ou à ses amis. Même lors du Championnat des Trois Sorciers, le blond semblait être l'un des meneurs des blagues faites contre lui.
X
Théodore était assis au milieu de son lit, les jambes en tailleur. Il fixait silencieusement Drago qui faisait les cent pas devant lui. Il était visiblement nerveux et l'empathe aurait donné cher pour savoir ce qu'il se passait réellement dans l'esprit du blond. La dernière fois qu'il l'avait vu ainsi, c'était lorsque les Malefoy avaient appris que Voldemort voulait le marquer. Drago lui avait annoncé qu'il fallait qu'il lui dise la vérité, avant de répéter à plusieurs reprises, au bord de la crise de nerf, qu'il allait le détester. Théodore ne comprenait rien à ce qu'il se passait mais il savait que cela avait certainement avoir avec le comportement étrange de son petit-ami et des agissements que certains élèves de Serpentard leur avaient rapporté concernant Harry. Le brun s'était battu avec le petit-ami serdaigle de la rouquine et Drago semblait terrifié.
Cela ne présageait rien de bon et se confirma lorsque l'ancien duc se mit à parler. Sa nervosité et sa peur augmentaient son débit de parole et Théo devait se concentrer pour comprendre le raisonnement de ses phrases. Le blond parlait comme son père lorsqu'il s'était échappé d'Azkaban, encore fortement traumatisé par les Détraqueurs. Il parla de Ginevra. Il raconta une histoire de potion, du polynectar. Théo l'entendit également parler de Harry et de rendez-vous. Mais les phrases de son ancre n'avaient ni queue ni tête. L'empathe finit par soupirer et se lever. Lentement, il se déplaça jusqu'à Drago et le saisit soudainement aux épaules. Il força Drago à lui faire face et à le regarder dans les yeux.
« Je n'y comprends rien ! » siffla Théo. « Parle plus lentement : sujet, verbe, complément. »
Drago acquiesça tout en déglutissant. Il tremblait sous les paumes de sa moitié.
« Ginevra m'a proposé de nous offrir de l'argent si je me faisais passer pour elle lors de rendez-vous planifiés avec Harry. J'ai dû utiliser du polynectar.
- Par Salazar…
- Harry l'a découvert. Il était furieux contre moi.
- Morgane, » souffla Théo, en comprenant soudain pourquoi le griffondor savait que Drago était dans la Salle sur Demande. « Il pensait avoir affaire à Ginny, il retombait amoureux…
- Mais c'était moi. Ginevra devait gagner du temps pour trouver comment rompre avec lui.
- Parce qu'elle était déjà avec le serdaigle. Harry a tout découvert, c'est pour ça qu'il fuit depuis ce soir-là et qu'il s'est battu, » conclu Théodore.
Drago acquiesça une nouvelle fois tandis que toute la logique des derniers évènements se faisait dans l'esprit de Théodore. Celui-ci relâcha doucement le blond, qui lui demanda s'il n'était pas furieux contre lui. Après tout, il l'avait trompé avec Harry. Théodore grogna en se détournant et en haussant les épaules. Cela faisait des années qu'il s'était fait à l'idée que Drago était éperdument amoureux du griffondor.
« Je t'en veux surtout de t'avoir mis dans cette galère sans m'en avoir parlé avant.
- Je dois partir de Poudlard, Théo. Harry est furieux contre moi et Ginevra m'a déjà menacé si ce qu'on a fait venait à se savoir.
- Tu veux t'en aller d'ici ? » fit Théo en faisant volte-face, surpris.
« Je n'ai pas le choix. Imagine ce qu'il se passera si on découvre ce que j'ai fait. Je serai le monstre qui a osé manipuler, violer même le Sauveur. Je dois partir, faire profil bas. Je vais demander à Chourave et Pomfresh des lettres de recommandations, peut-être que ça m'aidera à trouver du travail.
- Du travail, » répéta Théo, encore plus surpris. « Attends, je me suis démené pour qu'on ne soit pas séparés, pour qu'on puisse vivre ensemble et toi, tu penses partir ? J'ai récupéré le château et l'or de mon père. Mais tu sais qu'il est hors de question que je retourne là-bas, je hais cet endroit ! On va parler à Harry, on va trouver une solution mais on ne peut pas être séparé.
- Je sais mais j'ai vraiment fait quelque chose de grave. Je ne veux pas que tu sois impliqué. Tu pourrais finir tes études, obtenir tes ASPICS, avoir un vrai avenir…
- Mon avenir, c'est toi, sombre idiot ! » vociféra Théodore. « Il est hors de question que tu partes comme ça. Laisse-moi arranger ça et si Harry ne veut plus rien avoir à faire avec nous, si Ginevra veut se venger de toi alors nous partirons ensemble. Donne-moi juste encore un peu de temps.
- Les vacances de Noël approchent, c'est le seul sursis que je peux te donner, » céda Drago.
Il était épuisé. Il craignait que la fille Weasley finisse par aller pleurer chez la Directrice, déformant sciemment la vérité pour tout mettre sur son dos. Après tout ce qu'il s'était passé entre leurs familles, c'était bien la réaction qu'on pouvait attendre d'elle, surtout maintenant que Harry l'avait vu avec son serdaigle. Et surtout, le blond détestait l'idée de vivre aussi proche du griffondor alors que celui-ci devait le mépriser sûrement encore plus qu'avant. Un mur de pierres séparait leurs chambres mais c'était comme si l'univers s'était ouvert en deux entre eux.
Coucou
et voilà le chapitre 21, cette semaine j'attaque le 28 : Noël !
Il y aura sûrement entre 30 et 35 chapitres ! Je n'ai plus qu'un mois et demi pour finir cette fanfiction avant notre grand départ vers les cocotiers et les lagons !
Bonne nouvelle pour ceux qui me suivent depuis un moment : j'ai demandé à ma bêta de faire une relecture/correction de Coeurs de Loups…
des bisous !
A vos reviews !
