Bonjour tout le monde,

Ça fait un fameux bail. Je suis désolée pour ce temps assez long où je n'ai rien publié. J'ai certes eu quelques moments de rush au boulot mais je suis surtout passée par une phase de découragement assez énorme. Sur les deux derniers chapitres, j'ai constaté que le nombre de vues était tombé en flèche et ça m'a mis un coup au moral. Je ne sais pas ce qui explique les chiffres, peut-être pas la meilleure période pour lire des fanfics, du hasard ou une lassitude... Comme je n'ai pas eu énormément de retours sur l'histoire, c'est difficile de savoir si l'histoire déplait en termes d'écriture, de sujet ou autre. Alors si vous continuez à lire ma fanfic, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Pretty please :3

J'ai tout de même reçu deux commentaires positifs sur le dernier chapitre et je m'empresse donc d'y répondre :)

Réponse à Charlène : Ravie de te voir de retour sur cette fanfic dans ce cas :D Concernant la grossesse de Ginny, je me suis dit que ça serait un point marquant pour Sirius comme George, les deux comprennent que la vie continue, qu'un nouveau chapitre s'ouvre et que leur famille va s'agrandir. Je suis contente que ça t'ait plu :) Concernant Hermione et sa réaction étrange, on va avoir des ptits éléments de réponse à ce chapitre mais surtout dans le 11 :) Merci pour tes encouragements et à bientôt j'espère !

Réponse à Fleur d'Ange : Je le dis encore une fois mais merci vraiment pour les commentaires que tu postes, ça me fait super plaisir et je me sens moins seule ! :) Effectivement, Sirius ne pourra jamais aller de l'avant s'il ne règle pas les problèmes de son passé, c'est vraiment un arc narratif que j'adore voir chez lui. Merci encore pour tout et j'espère que la suite te plaira ! :)

Second arc narratif maintenant, après le gros pathos bien dark, la remontée aha ! L'histoire n'aura donc plus de flash-back puisque les personnages apprennent à faire le deuil / accepter le passé et tentent d'avancer. Les obstacles sont nombreux mais eh, ainsi va la vie (philosophie de comptoir bonsoir).

J'espère que la suite vous plaira ! À bientôt (vraiment).

SGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSGSG

Sirius Black n'en était pas à son premier sevrage. Pourtant, les quelques semaines qui suivirent son retour à Grimmaurd lui rappelèrent toute les difficultés lancinantes de sa première fois. Et pour cause, son corps avait à peine eu le temps de se remettre de sa convalescence post-disparition qu'il l'avait à nouveau plongé dans un état comateux et enivré. Les journées semblaient durer des semaines sans la moindre goutte d'alcool. Le manque le rendait hargneux. Ce n'est que par la patience extrême de Ginny et de Harry ainsi que par les retrouvailles du monde extérieur que Sirius finit par retrouver petit à petit un sentiment de quiétude, d'apaisement.

Ginny ne manquait jamais une occasion de lui proposer une sortie, que ce soit une simple course à effectuer dans le quartier, ou une longue balade à l'orée des bois jouxtant la capitale. Durant ces moments-là, Sirius se changeait généralement en Patmol afin de profiter davantage de cette nouvelle liberté gagnée. Les journées reprirent leur cours normal et Sirius, lui, reprit peu à peu pied avec le monde qui l'entourait.

o O o

Le mois de septembre était déjà bien avancé lorsqu'Hermione se présenta au square Grimmaurd par une fraiche matinée. Époussetant les quelques gouttes de pluie qui perlaient à ses cheveux, elle toqua plusieurs fois contre la porte sombre. Ginny lui avait proposé de venir chez elle afin de partager un déjeuner copieux et d'échanger les dernières nouvelles entre deux bouchées de brioche. Les premières semaines de sa grossesse semblaient se dérouler au mieux pour elle. Hermione replaça le panier de muffin aux myrtilles sur son épaule et toqua une nouvelle fois. N'ayant toujours aucune réponse, la sorcière tira le loquet et entra par elle-même dans la demeure.

Grimmaurd semblait désert. La jeune femme déposa sa capeline au porte-manteau et s'engagea dans le couloir menant à la cuisine. Un doux ronronnement s'échappait de celle-ci mais nulle trace de son amie. Elle déposa son panier et revint à hauteur de l'entrée.

Alors qu'elle s'apprêtait à donner de la voix, l'apparition d'une silhouette bien familière la coupa net dans son élan. Sirius descendait les escaliers, un livre à la main. Il s'arrêta en plein milieu lorsqu'il découvrit la présence de la sorcière. Ses yeux prirent la teinte de l'acier. Le sang d'Hermione ne fit qu'un tour. Elle aurait aimé ressentir colère et outrage suite à leur dernière entrevue mais c'était surtout une gêne coriace qui dominait son esprit. Elle resta immobile, au pied de l'escalier, ne sachant que dire.

Sirius la regarda un long moment puis finit par descendre pour arriver à son niveau.

« Hermione, murmura-t-il, comme pour ne pas la brusquer.

- Sirius, répondit-elle, tâchant de soutenir son regard.

- Qu'est-ce que…

- Ginny m'a invité à déjeuner, expliqua la sorcière qui constatait l'embarras de son interlocuteur.

- Ah… Elle arrive. Quelques soucis techniques à régler ce matin, expliqua-t-il maladroitement en indiquant la salle de bains.

- Ce que l'on appelle communément nausées, j'imagine, ne put s'empêcher de faire remarquer Hermione.

- Oui, on peut dire ça, confirma Sirius qui continuait de la regarder avec appréhension.

Hermione aurait aimé ne plus être l'objet de son regard insistant. Elle se sentait aspirée par ces deux prunelles anthracites et avait du mal à garder un calme apparent.

- Écoute, je suis vraiment désolé pour tout ce que j'ai pu te dire ces derniers temps, avoua brusquement l'animagus.

La jeune femme ne sut que répondre.

- Tu ne me laisseras peut-être pas d'autres opportunités à l'avenir de te le dire, et je ne t'en blâme pas. Je suis désolé pour tout le mal que j'ai causé.

- Sirius, ça n'est pas…

- Je sais. J'ai dépassé les bornes. J'ai été un infâme connard et je m'en mords les doigts », affirma le sorcier avec amertume.

Hermione resta immobile face à lui, les lèvres jointes. L'animagus passa une main à l'arrière de son crâne et reprit.

« Mais j'essaye de changer. Harry et Ginny m'aident beaucoup à me reprendre en main.

- Tu es revenu vivre ici ? demanda vivement Hermione.

- Oui. C'était la seule chose à faire en fin de compte », confirma Sirius, répondant à son regard.

La jeune femme prit un temps pour digérer l'information. Sirius prit une inspiration et tenta de garder la tête haute.

« Encore une fois, pardon pour ce que je t'ai fait subir. Ça ne se reproduira plus, tu peux en être sûre.

Le sorcier lui adressa un dernier regard résigné et se décala pour s'engager dans le couloir. Mais alors qu'il amorçait sa fuite, la voix d'Hermione le rattrapa.

- Sirius !

Il se retourna vivement vers la jeune femme.

- Merci… pour ces excuses. » reprit-elle avec embarras.

L'animagus sentit son cœur cogner dans sa poitrine. Il esquissa un bref mouvement de tête et s'engagea dans le couloir. Hermione resta immobile quelques secondes, puis reprit ses esprits et monta à l'étage retrouver son amie.

Une fois dans la cuisine, Sirius ne sut que faire. Il jeta un coup d'œil au panier. Sortir… Il lui fallait sortir. Le sorcier reprit le chemin en sens inverse, attrapa son blouson à la volée et sortit de la maison en un éclair.

« Je pensais que tu avais un appétit d'ogresse toi ces derniers temps ? »

Ginny releva la tête et discerna le visage de sa meilleure amie dans l'encadrement de la salle de bain. Elle grimaça et lui répondit avec une voix enrouée.

« L'appétit, c'est pas un problème. Mais les matins… C'est un enfer. »

Hermione esquissa un sourire désolé et l'aida à se relever. Ginny passa un coup d'eau fraiche sur ses joues et soupira bruyamment.

« Et ça n'est que le début, Merlin… , soupira-t-elle en ouvrant grand les yeux.

- Je suis de tout cœur avec toi… Mais j'ai bien peur de ne pas avoir été maligne sur le choix de mes viennoiseries.

- Qu'est-ce que tu as ramené ? demanda brusquement la grande rousse.

- Des muffin aux myrtilles… Je pensais que ça te ferait plaisir, grimaça Hermione.

- Descendons tout de suite ! » s'exclama la jeune femme en attrapant son amie par le bras.

Tandis que Ginny décortiquait sa viennoiserie avec une gourmandise manifeste, Hermione la regarda du coin de l'œil et prit la parole.

« J'ai croisé Sirius. »

La sorcière aux cheveux roux releva vivement la tête, les lèvres teintes de bleu.

« Ah.

- Comme tu dis, souligna Hermione qui se servait à son tour dans son assiette.

- Et comment ça s'est passé ?

- On ne s'est que croisés quand je suis arrivée… Je ne m'attendais pas à le voir.

- J'aurais dû te prévenir, soupira Ginny en secouant la tête.

- Je crois que tu as des choses un peu plus importantes en tête en ce moment, répondit Hermione avec un sourire indulgent.

- La grossesse ne pourra pas tout excuser pour les mois à venir… Même s'il est possible que j'abuse de ce privilège une fois de temps en temps. »

Hermione pouffa et laissa son dos reposer contre le dossier de sa chaise.

« Il a l'air… bien.

- Il commence à se relever, oui, confirma Ginny en terminant une bouchée. Les premiers temps, il broyait du noir sans arrêt, il était sur les nerfs… L'abstinence ne lui réussissait pas. Mais il fait des efforts. Vraiment.

- Comment… Qu'est-ce qui l'a fait revenir ? demanda Hermione.

- Je crois qu'il y a eu un déclic avec l'annonce de la grossesse…

- Mmh, se contenta de répondre la jeune femme, les yeux perdus au sol.

Ginny regarda son amie avec embarras. Elle le sentit et se redressa aussitôt, la mine joviale.

- Je crois que ta grossesse a perturbé pas mal de monde en effet.

- C'est peu de le dire ! Harry exulte dès qu'il rentre à la maison, ma mère est encore plus attentionnée que d'habitude, et c'est dire, et mon père ne s'est pas départi de sa mine ahurie… Je crois qu'il ne s'en rendra vraiment compte qu'à l'accouchement, se moqua la grande rousse en passant une main sur son ventre.

- Moi non plus, je n'arrive toujours pas à réaliser, avoua Hermione. Depuis ton annonce, je n'arrête pas de repenser à nos années à Poudlard. Les discussions à n'en plus finir dans les dortoirs, les vacances scolaires passées chez vos parents…

Ginny esquissa un grand sourire.

- Et maintenant… Te voilà enceinte.

- Je sais, j'ai mis un peu de temps à réaliser aussi… Je ne l'attendais pas si tôt.

- Mais tu y pensais ? s'étonna Hermione.

- On en parlait quelques fois avec Harry. C'était dans les plans, mais sans être une priorité.

- Et comment est-ce que tu le vis maintenant que c'est là ? demanda son amie.

- C'est terrifiant, s'esclaffa Ginny en reposant son dos dans le fauteuil. Je me sens invincible dès que je suis sur un balai, rien ne me fait peur, mais ça… Ça, c'est autre chose.

- Qu'est-ce qui t'inquiète ?

- Tout. La peur de mal faire surtout… De ne pas savoir comment m'y prendre, de ne pas réussir à l'élever comme je le voudrais… Je me pose sans arrêt des questions absurdes qui me pompent toute mon énergie ! Ce que je ne faisais jamais avant, déclara Ginny avec des yeux exorbités.

Puis elle soupira et un fin sourire naquit sur ses lèvres.

- Mais malgré tout ça, je ressens paradoxalement une grande quiétude. C'est comme si ça tombait sous le sens. J'ai rarement été aussi sûre de moi, affirma la sorcière tandis que son sourire s'étirait.

Hermione resta silencieuse quelques secondes. Cette maternité paraissait tomber comme une évidence pour elle. La jolie brune lui enviait quelque part cette confiance.

- Je suis vraiment heureuse pour toi Ginny », déclara Hermione, mettant de côté son introspection.

Ginny lui adressa un sourire radieux et toutes deux continuèrent à discuter durant un long moment.

o O o

Il était à peine huit heures du matin lorsque George s'installa à la table à manger des Weasley. Molly lui adressa un sourire radieux lorsqu'il vint lui déposer un baiser sur la joue. Arthur quant à lui termina sa tasse de thé, prit son fils dans ses bras et se dirigea vers la cheminée. Depuis que le jumeau avait arrêté la bouteille, les nuits étaient certes plus paisibles, mais aussi plus courtes. Son corps semblait se remettre progressivement du régime drastique qu'il lui avait imposé depuis maintenant des mois et des mois. Il sentait un regain d'énergie le parcourir à mesure que le temps passait.

Ce qui arrangeait fortement Mrs Weasley. Elle l'avait ainsi embauché sur de nombreux travaux du Terrier. George s'était occupé de donner un coup de peinture dans les anciennes chambres de Ron et de Percy, avait réparé bon nombre d'appareils Moldus ramenés par son père et entreposés dans la réserve et s'était même attaqué à une partie du jardin. Le mois de septembre n'étant pas encore parvenu à son terme, le sorcier passait souvent toutes ses journées à l'extérieur, espérant terminer le plus gros de sa besogne avant l'arrivée des mauvais jours.

Aujourd'hui n'y faisait pas exception. George se servit une tasse de thé ainsi qu'une assiette généreuse de porridge alors que sa mère prenait la parole.

« Si tu pouvais t'occuper des gnomes dans le jardin ce matin, tu me rendrais un fier service, mon chéri.

- Je me doute. Je pensais que depuis le temps, papa nous aurait trouvé un répulsif quelconque pour éviter d'avoir à nous en occuper tous les ans.

- Ton père a bien essayé quelques produits de son cru mais le résultat a toujours été à la hauteur de mes pires cauchemars », se lamenta Mrs Weasley avec un air atterré.

George s'esclaffa. Il termina son petit-déjeuner et se leva de table. Il s'engagea dans le jardin et jeta un œil aux alentours. Les grognements désagréables des créatures parvinrent rapidement à ses oreilles. George redressa ses manches et poussa un profond soupir.

o O o

Le sorcier était affalé sur un monticule de terre, le bras gauche enfoncé dans un des terriers, lorsqu'il entendit une voix résonner devant lui.

« Tu y trouves ton bonheur ? »

George releva les yeux et distingua une paire de Converses bleu et rose. Son regard se porta plus haut : une jeune sorcière blonde le regardait en souriant poliment.

« Bonjour George, le salua Luna en tendant une main vers lui.

- Luna, répondit-il surpris.

Il regarda la main tendue vers lui et s'excusa :

- Je suis dans une mauvaise posture.

- Ce n'est pas grave, j'ai connu pire, remarqua-t-elle en haussant les épaules.

George balaya sa main droite contre son pantalon et répondit à son accolade.

- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? lui demanda le sorcier.

- Ta mère m'avait parlé des gnomes dans votre jardin. Je lui ai demandé si je pouvais venir en étudier certains et vous prêter main forte par la même occasion.

Luna s'agenouilla à son tour près du terrier, sans prêter attention à l'humidité du sol.

- Les gnomes sont des créatures pleines de sagesse, tu sais… , expliqua-t-elle tandis qu'elle fouillait dans son sac en perles.

- Je connais surtout leur propension à détruire tout ce qui touche de près ou de loin à des plantes cultivables, rétorqua George avec un sourire narquois.

- C'est parce que ce sont de grands territoriaux dans l'âme.

Le sourire du jeune homme s'amplifia tandis qu'il inspectait davantage le terrier profond. Luna sortit une pincée de champignons émiettés qu'elle dissémina aux abords du trou. Puis son regard se reporta sur George.

- Les gens les traitent comme des nuisibles sous-prétexte qu'ils sont un peu bourrus et maladroits… Mais ils n'ont pas le mal en eux. Ils ont seulement une façon bien à eux d'agir lorsqu'ils se sentent menacés.

George fronça les sourcils et joignit son regard à celui de la jeune femme.

- Qu'est-ce qui te fait penser qu'ils ne sont pas bêtes et méchants comme tout le monde s'accorde à le dire ?

- Parce que c'est un peu facile de tirer ce genre de conclusions… C'est comme juger quelqu'un sur un comportement néfaste qu'il va avoir sur lui-même, répondit la belle blonde en fixant ses yeux bleus sur lui.

Le sorcier sentit une pointe de honte étreindre sa poitrine. Il baissa les yeux et se reporta à son terrier. Mais la jeune femme reprit.

- On ne peut pas comprendre ce qui se passe réellement dans l'esprit de tout le monde. Alors on en tire des conclusions qui nous arrangent, sans avoir à chercher plus loin. Je ne pense pas qu'il y ait de créature naturellement néfaste, tout comme il n'existe pas de chose permanente en ce monde. Tout peut changer. La nature comme les êtres qui la composent.

- Alors… Tu me dis que les gnomes sont en vérité de grands incompris ? finit par arguer George avec un rictus.

Luna émit un rire discret, ses yeux pétillants de malice.

- Et comment tu réagirais, toi, si on passait son temps à te faire tournoyer dans les airs ou qu'on lançait un chartier à tes trousses ? rétorqua-t-elle au jeune homme.

George haussa les sourcils et hocha longuement la tête.

- Ça se tient.

- Il faut savoir sortir des sentiers battus et s'intéresser davantage aux autres pour les comprendre. »

George ne comprit que trop bien le parallèle dressé par son interlocutrice. Il releva ses manches de manière un peu bourrue et toussa. Les yeux de la jeune femme pétillèrent de nouveau et elle se reporta au terrier. De petits yeux luisants les regardaient avec méfiance. Puis quatre doigts crochus se saisirent rapidement des miettes de champignon laissées là et repartirent aussitôt dans le trou. Le sourire de la sorcière s'étira. George la regarda un instant, un sourire semblable naissant sur son visage.

o O o

Le mois tempéré de septembre laissa sa place au pluvieux octobre. Hermione apparût dans l'encadrement de la porte alors que résonnait l'averse. Luna lui ouvrit aussitôt, avec un grand sourire. Elle installa son amie sur le canapé tandis qu'elle amenait théière et biscuits maison. Hermione croqua dans l'un d'eux qui lui rappela brusquement les sablés coco concoctés par Hagrid.

« Ça fait quelques semaines que je ne te vois plus dans mon bureau, une part de moi s'inquiète, lança la belle brune avec un sourire amusé.

- Je n'ai pas fait de grands progrès ces temps-ci. Le temps est morose, les créatures aussi, annonça Luna en faisant tournoyer sa cuillère dans sa tasse en porcelaine.

- Je veux bien te croire… J'espère que tu auras de nouveau de quoi t'occuper dans les jours prochains. Même si j'appréhende parfois le récit de tes découvertes, je suis toujours ravie de te recevoir dans mon bureau.

Luna répondit au sourire de son amie et but une gorgée.

- Je suis tout de même allée au Terrier la semaine dernière, annonça la magizoologiste.

- Ah oui ?

- Mrs Weasley m'a autorisé à venir observer les gnomes dans son jardin. C'était très sympathique. J'ai même été mordue plusieurs fois. »

La sorcière montra fièrement le bout de ses doigts rougis par les marques des petites dents. Hermione refoula les mots qui pointaient à ses lèvres. Des années d'amitié avec Luna la faisaient travailler sur son esprit critique ainsi que sur son méchant penchant pour la condescendance. Elle pencha la tête de côté pour inspecter les morsures et reprit une gorgée de thé.

« George était là aussi… J'étais contente de le voir.

- Qu'est-ce qu'il faisait là-bas ? demanda Hermione étonnée.

- Il s'est réinstallé chez eux depuis le mois dernier. Il dit que ça l'aide à se sevrer.

- Oh…

La jeune femme se mordit la lèvre, songeuse.

- Il m'a dit que Sirius et lui avaient décidé d'un commun accord de se séparer pour se laisser une chance d'aller mieux, expliqua Luna en regardant sa camarade.

- Ils ont eu raison… murmura cette dernière, plongée dans ses pensées.

- Est-ce qu'il s'en sort bien ? demanda-t-elle à sa camarade après un temps conséquent.

Luna reposa sa tasse de thé sur la table basse et vint jouer avec les franges d'un coussin.

- Tant bien que mal, répondit-elle, pensive. Il y met de la bonne volonté et chaque moment de sa journée le tient bien occupé. Mais on voit dans son regard que la bataille est rude. Il semble fatigué et encore hanté par le passé… »

Le cœur d'Hermione se serra suite à la remarque de son amie. Elle avait toujours apprécié George, même lorsqu'il menait la vie dure à sa fonction de préfète. C'était quelqu'un de profondément bon. La mort de Fred avait été un traumatisme pour tout le monde, et une déchirure pour lui. Depuis ce drame, ils ne s'étaient plus adressés que de brefs échanges ponctuels. Et la sorcière devait bien admettre qu'il lui avait manqué. Avait-elle fait suffisamment d'efforts pour faire un pas vers lui et l'aider ? Hermione n'aurait su le dire.

« C'est difficile de voir nos proches souffrir sans qu'on ne sache correctement les aider, murmura Luna, semblant lire dans l'esprit de son amie.

- C'est un euphémisme », soupira Hermione.

Ces pensées la ramenèrent malgré elle à Sirius. Il devait être dans le même cas que George. Davantage désorienté même… La jeune femme ne put s'empêcher de ressentir un poing au cœur à l'idée de l'imaginer lutter pour s'en sortir, comme il avait dû tant de fois le faire par le passé.

« Je pense qu'il y a tout de même quelque chose à faire…, reprit la sorcière aux grands yeux bleus.

- Leur tendre la main ? Proposa Hermione en relevant les yeux vers elle.

Le sourire de Luna éclata sur son visage.

- Exactement. »

Hermione esquissa un début de sourire à son tour. Les deux jeunes femmes reprirent le fil de la conversation et l'après-midi s'écoula en un instant.

o O o

Lorsque Harry et Ginny revinrent à Grimmaurd en cette surprenante douce soirée d'octobre, ils remarquèrent vite la délicieuse odeur qui embaumait les lieux. Se jetant un regard intrigué, ils s'avancèrent dans le couloir de la maison jusqu'à atteindre la cuisine. Sirius était dos à eux, occupé à mélanger consciencieusement le contenu d'une grande marmite tandis qu'une cuillère lévitait à côté de lui, tournoyant de manière régulière dans un autre plat en terre cuite. L'animagus se retourna vers eux.

« Bonsoir vous deux, installez-vous, les accueillit-t-il en désignant la table d'un geste empressé.

- Sirius, ça sent divinement bon, qu'est-ce que tu fais ? demanda Harry les yeux exorbités.

- Un mijoté de veau aux airelles et champignons. Molly m'a donné la recette cet après-midi, répondit-il en retournant à sa préparation.

- Ça a l'air succulent… Qu'est-ce qui te prend ? » l'interrogea à son tour Ginny qui s'asseyait bien volontiers.

Sirius resta quelques instants devant la marmite puis, satisfait de l'avancée, se retourna pour s'installer avec eux. Il les regarda sérieusement.

« J'ai voulu me montrer utile.

- C'est très gentil, tu n'aurais pas dû.

- Si, justement. Ça fait un peu plus d'un mois maintenant que je suis chez vous…

- C'est ton foyer aussi, rétorqua aussitôt Harry.

- Certes… Mais le problème n'est pas là. Vous m'avez accueilli à bras ouverts et vous vous êtes occupés de moi pendant que je bataillais avec mon problème.

Ginny et Harry l'écoutèrent avec la plus grande attention.

- C'est rude mais je commence à en voir la fin. Et ça n'aurait pas été possible sans vous, continua Sirius avec le même sérieux.

- On est heureux que tu te sentes mieux, affirma Harry tandis que Ginny opinait vivement.

- Je sais que c'était loin d'être facile pour vous deux et vous avez fait preuve d'une patience infinie. Surtout toi, Ginny. Il y a des jours où j'ai été exécrable, avoua le sorcier, contrit.

- C'est déjà oublié. Et puis quelque part, ça m'a préparé aux discussions retorses que nous aurons avec lui, ajouta la grande rousse en passant une main sur son ventre.

- Justement, comment s'est passée la visite chez le médicomage ? demanda Sirius en se rapprochant d'eux.

- Très bien, répondit la jeune femme avec le même sourire épanoui que son amant. La grossesse se déroule à merveille et le médicomage s'est assuré que le bébé ne risquait rien.

- Tu aurais dû voir ça Patmol, c'était incroyable ! s'exclama Harry à sa suite. Il a lancé un sortilège informulé et alors le ventre de Ginny s'est illuminé. On a vu apparaître un réseau de liens brillants qui dessinait la forme du bébé.

- Harry exagère un peu, on discernait des contours un peu flous, tempéra Ginny avec ironie.

- Je l'ai pourtant vu de mes yeux vus ! Et il est magnifique.

Sirius s'amusa à son tour de l'enthousiasme de son filleul et il partagea une œillade de connivence avec Ginny qui levait les yeux en l'air en pouffant.

- Et ça ne t'a pas fait mal ? demanda-t-il à la principale concernée.

- Du tout. Les sorciers et sorcières spécialisés dans cette branche sont parvenus à créer des sortilèges indolores depuis bien longtemps maintenant. Ça n'est finalement qu'un artifice destiné à voir si le bébé va bien et si sa croissance suit son cours. C'est le cas et j'aborde tranquillement mon quatrième mois.

Harry conservait son air de bienheureux ahuri. L'animagus secoua la tête, ébahi par ce nouveau chapitre qu'il découvrait. Il prit un temps avant de parvenir à se lancer.

- Les choses ont changé pour vous deux. Et ce petit être va continuer à pousser.

Le couple le regarda sans comprendre. Sirius soupira et tritura la poche de son veston où reposaient ses cigarettes.

- Je comprendrais que vous souhaitiez savourer cette aventure rien que tous les deux… Vous vous êtes suffisamment occupés de moi comme ça.

Ginny et Harry se tournèrent mutuellement pour se regarder. Puis la jeune femme reprit la parole.

- Sirius… Tu n'es ni un poids ni une responsabilité que nous nous sommes imposés. Tu es de la famille.

- Et on veut que cet enfant grandisse entouré de cette famille, compléta Harry.

Sirius prit une longue inspiration et se mordit la langue pour étouffer l'émotion qui enserrait sa gorge. Il hocha plutôt la tête, d'un air entendu. Son regard gris se concentra sur les deux jeunes gens.

- Je vous promets de tout faire pour vous aider au mieux à gérer ce nouveau chapitre et l'arrivée de ce bébé dans vos vies » affirma-t-il, déterminé.

Le sourire de Ginny s'accentua tandis que Harry essuyait vivement ses lunettes, un sourire dévorant illuminant son visage. Sirius les imita et pressa sa main contre leurs épaules.

« En parlant de cela justement… , commença Ginny.

- Mmh ?

- C'est un Potter qui fera son entrée dans notre famille, affirma Harry, resplendissant.

Les sourcils de Sirius se haussèrent de surprise.

- Un garçon ?

- Oui, confirma Ginny en posant une main sur son ventre.

- C'est formidable, assura le sorcier aux cheveux longs. Vous avez déjà une idée de prénom ?

Harry et Ginny se jetèrent un nouveau regard entendu. Ce fut finalement le jeune homme qui prit la parole.

- On pensait l'appeler… James Rémus Potter.

Le cœur de Sirius se serra violemment dans sa poitrine. S'il avait réussi à réprimer les larmes jusqu'à présent, cette annonce venait tester de nouveau ses remparts. Il s'éclaircit la gorge avant de réagir.

- C'est… C'est merveilleux vous deux. »

Ginny hocha la tête, des larmes au coin des yeux.

Tous les trois portèrent un toast ce soir-là à ce nouveau chapitre de leur vie. Lorsque Sirius rejoignit sa chambre, il ferma doucement la porte derrière lui et poussa un profond soupir. Le sorcier aux cheveux bouclés resta de longues secondes adossé, les yeux au plafond. Son regard se dirigea ensuite vers les murs défraichis de sa chambre où étaient placardées de nombreuses photographies. Les visages rieurs de ses amis répondirent à son regard. Sirius s'approcha du mur et contempla les images de James et de Rémus face à lui. Un sourire naquit alors sur ses lèvres. Il posa doucement la main sur la photographie et se laissa envahir par un sentiment inédit. Celui d'appartenir de nouveau au monde des vivants, sans tourner le dos à son passé.

o O o

Une semaine plus tard, ce fut une autre surprise qui attendit Sirius au tournant. Ce dernier était installé dans le salon, un livre à la main, lorsqu'il entendit des coups résonner contre la porte. Il se releva du canapé dans lequel il était allongé et se dirigea vers le hall. Lorsqu'il ouvrit, son souffle se fit court. Hermione attendait sur le pas de la porte, avec un air gêné.

« Hermione, murmura l'animagus, interdit.

- Bonjour, répondit cette dernière avec un sourire pincé.

Son cœur battait la chamade mais la sorcière était décidée à mener à bien sa résolution.

- Je peux entrer ? demanda-t-elle alors que Sirius restait immobile devant elle.

- Bien sûr », s'exclama-t-il, reprenant ses esprits.

Le sorcier aux cheveux bruns se décala pour la laisser passer. Il referma la porte et contempla sans trop y croire la sorcière devant lui. Hermione piétinait dans le couloir, ne sachant pas vraiment où se placer. Sirius se sentait aussi mal à l'aise qu'elle.

« Harry et Ginny ne sont pas là, ils étaient de repas de famille chez les Weasley, expliqua-t-il.

- Non, je sais, affirma Hermione en hochant vivement la tête. Je voulais… Je venais te voir, en vérité.

Le cœur de l'animagus eut un raté. Il afficha rapidement un masque tranquille face au regard de la jeune femme.

- D'accord. Installons-nous dans le salon alors. »

Hermione acquiesça et pénétra dans la pièce adjacente. Elle s'installa sur l'un des fauteuils en cuir tandis que Sirius s'asseyait en face d'elle, à une distance qu'il jugeait raisonnable. Se retrouver seul avec son ancienne amante n'était pas un événement que le sorcier avait anticipé. Pour autant, il tâcha de faire bonne figure.

« Comment vas-tu ? lui demanda-t-il, voyant qu'elle ne savait comment se lancer.

Hermione lui jeta un regard étonné. Tous deux se fixèrent un instant et un rire nerveux saisit l'animagus.

- Pardon, j'ai conscience que je suis rouillé là-dessus. Toutes mes questions anodines ont l'air de peser des tonnes.

- Non, pas du tout, s'empressa de répondre Hermione. Je vais bien… Et toi ?

Sirius lui adressa un sourire indulgent. Ce fut au tour de la jeune femme de rire.

- Tu as raison, c'est dramatique, dit-elle en secouant la tête.

- Comment a-t-on pu devenir aussi mauvais en conversation mondaine ? s'interrogea Sirius avec un rictus.

- Je crois qu'on n'a jamais vraiment été bons là-dedans, soupira Hermione avec un sourire.

- C'est possible », approuva le sorcier.

Ils se contemplèrent pendant un moment, en silence. Sirius reconnut les expressions de la sorcière avec qui il avait passé tant de semaines dans l'intimité. Et Hermione sembla se souvenir de ce temps lointain. Cela lui donna la force de reprendre.

« J'ai vu Luna récemment et elle m'a dit que George était retourné vivre chez ses parents.

- Oui, on s'envoie quelques lettres ces temps-ci pour se donner les dernières nouvelles, affirma Sirius.

- Mais vous ne vous voyez plus ?

L'animagus prit une inspiration puis releva les yeux vers la jeune femme.

- Il est encore un peu trop tôt pour ça. J'aurais peur de ruiner nos efforts communs.

Hermione hocha la tête, touchée par la franchise de son interlocuteur.

- Comment tu t'en sors ? le relança-t-elle tandis qu'elle s'installait mieux dans le fauteuil.

- Mieux. Vraiment mieux. Ça fait maintenant six semaines que je n'ai pas touché à une goutte d'alcool. Depuis que j'ai réemménagé ici.

- C'est formidable. Je suis contente pour toi Sirius », affirma Hermione.

Il la remercia d'un sourire. Cela prendrait du temps avant qu'ils ne puissent se reparler normalement, mais la sorcière souhaitait de tout son cœur que cela fonctionne. Elle continua sur sa lancée.

« Comment s'organisent tes journées ici ?

- Ça dépend de ma motivation. Je sors souvent avec Ginny dans les parcs voisins. Je reprends l'ascension de ma lecture de cette bibliothèque… Et puis je me remets à cuisiner. Je pense que je vais bientôt m'attaquer à la rénovation de ma chambre. Histoire de coller davantage aux changements de la maison, annonça-t-il.

- Et ainsi te débarrasser des posters de playmates ? demanda Hermione avec un rictus.

- Eh, elles peuvent encore servir ! , rétorqua Sirius faussement offusqué.

Tous deux partagèrent un rire de connivence. Une part de la sorcière se demanda si les grandes heures du Sirius Black séducteur étaient derrière lui. Elle mit de côté cette pensée et reprit :

- Tes journées sont largement remplies à ce que je vois.

- On pourrait s'attendre de fait à ce que le sommeil n'ait pas de mal à me trouver, enchaîna l'animagus avec un sourire amer.

- Tu as du mal à dormir ?

Il hocha la tête, les lèvres jointes. L'information perturba Hermione. Elle se demanda brièvement si le passage du Voile pouvait en être la cause. Comme il la voyait réfléchir, Sirius reprit la parole.

- Ça va s'arranger.

- Pas avec l'arrivée du bébé, non, objecta Hermione en levant un sourcil circonspect.

Sirius esquissa un rire bref.

- Certes, mais j'ai encore cinq mois devant moi pour reprendre un rythme normal.

- Des cauchemars ? le questionna-t-elle à nouveau.

- Pas tout le temps », répondit Sirius en ancrant son regard dans le sien.

Hermione comprit sans détour le non-dit de son interlocuteur et saisit à sa manière de la regarder qu'il n'en dirait pas plus pour le moment. Sirius était toujours dans la retenue après ses frasques passées et il faisait son possible pour rester conciliant.

La sorcière hocha la tête et jeta un œil à la pendule murale.

« Je dois retourner au bureau », indiqua-t-elle à son interlocuteur.

Le grand brun acquiesça et se leva pour la raccompagner. Tous deux retournèrent dans l'entrée.

« On se revoit bientôt ? » lança Hermione empressée, en se retournant vers lui.

Sirius tâcha de cacher le mélange d'ébahissement et d'espoir qu'il ressentait à cet instant précis.

« Tu sais où me trouver » acquiesça-t-il.

Hermione lui sourit à son tour. Elle hésita à l'embrasser avant d'ouvrir la porte mais se résigna. Il était encore trop tôt. La sorcière esquissa un salut discret de la main et quitta le square Grimmaurd. Lorsque Sirius ferma la porte derrière elle, Hermione relâcha le souffle qu'elle n'avait pas conscience d'avoir gardé. Elle ferma les yeux, se reposant contre le bois de la porte puis transplana en un éclair.

o O o

Sirius se démenait rageusement avec les boutons de sa chemise lorsque Harry apparût à nouveau dans l'encadrement de sa chambre.

« Où en es-tu ? demanda le jeune homme.

- Précisément nulle part », pesta son aîné en continuant ses gestes brusques.

Harry secoua la tête, avec un sourire las. Pas de doute possible, Sirius Black était bien de retour et égal à lui-même. Son tempérament de feu avait retrouvé toute sa superbe ces derniers temps. Le jeune homme se rapprocha de son parrain et s'occupa des boutons de la manche droite. Sirius se laissa faire, poussant un soupir résigné.

« Des boutons de manchette ? Vraiment ? lança Harry dans un haussement de sourcil.

- Je voulais être présentable, asséna Sirius en projetant son regard sur le miroir.

- Et quant est-il de ton élégance innée ? répondit narquoisement son filleul.

Sirius abandonna sa posture grincheuse et un sourire railleur naquit sur ses lèvres.

- Respecte tes aînés, veux-tu.

Harry éclata de rire et s'occupa de la manche gauche.

- Ça va très bien se passer, assura-t-il.

L'animagus finit par hocher la tête, préoccupé. Ginny apparut à son tour dans la chambre, la mine ravie.

- Vous êtes prêts ? demanda-t-elle vivement aux garçons.

- Maintenant oui, lui assura Harry qui contemplait l'allure de son parrain avec satisfaction.

- Quelle élégance Sirius, opina Ginny avec un sourire.

- Remercie ton satané mari », répondit l'intéressé en décochant un regard mordant à celui-ci.

Ils quittèrent tous trois la chambre de Sirius et se dirigèrent dans le salon. Harry et Sirius prirent chacun un paquet sous leur bras et ils disparurent de Grimmaurd dans une gerbe d'étincelles vertes.

Le trio arriva dans une pièce vivement éclairée par la lueur du soleil perçant les portes-fenêtres. Une femme arriva à leur hauteur, un sourire timide au coin des lèvres. Sirius avait toujours été frappé par la ressemblance qu'il existait entre les deux sœurs. Mais là où le regard de Bellatrix ne portait que haine et folie, celui d'Andromeda débordait de bienveillance et d'amabilité. Le sorcier tâcha de dissimuler le choc que lui provoqua la vision de sa cousine. La chevelure auparavant brune d'Andromeda s'était transformée en une cascade argentée et son visage était marqué par les nobles traits de la vieillesse. Sirius ne l'avait pas revu depuis leur adolescence : Azkaban l'avait rattrapé avant qu'il n'ait l'occasion de rencontrer son mari Ted. Tous deux se contemplèrent un instant, d'un même air stupéfait. Puis Andromeda fit un pas vers lui.

« C'est bon de te revoir Sirius. »

Ce dernier s'approcha à son tour et la serra dans ses bras. Ils restèrent ainsi un long moment avant de se séparer.

« Tu m'as manqué, avoua l'animagus en lui souriant.

- Toi aussi… Cela fait bien trop longtemps, soupira Andromeda.

- Trop longtemps en effet.

- Pourtant tu n'as pas changé d'un iota, affirma-t-elle avec un amusement dans les yeux.

- Peut-être pas physiquement mais je ne suis plus le même chien fou qu'avant, assura Sirius.

- Oh que si », s'empressèrent de rétorquer Ginny et Harry d'une même voix.

L'assemblée éclata de rire. Andromeda se tourna vers Ginny, plus radieuse encore.

« J'avais tellement hâte de le voir par moi-même… Tu es resplendissante.

- Pour être tout à fait honnête, je ne le ressens pas vraiment comme ça, fit remarquer la jeune femme avec une grimace.

- Elle est éblouissante, c'est évident ! s'exclama Harry qui n'avait d'yeux que pour elle.

Ginny lui donna un coup dans les côtes et leva les yeux en l'air. Mais ses joues rosirent de plaisir.

- Venez, installez-vous, le repas est bientôt prêt », indiqua leur hôtesse en désignant la table haute sur laquelle était dressée une décoration fastueuse.

Harry et Sirius se jetèrent un coup d'œil. Sous l'impulsion du premier, l'animagus se dirigea vers sa cousine.

« Andromeda… Est-ce que Teddy est là ?

- Bien sûr, il terminait de ranger ses jouets lorsque la cheminée m'a indiqué votre arrivée. Sa chambre est au premier étage.

Sirius hocha la tête mais resta immobile, les mains crispées. La sorcière le remarqua et posa sa main sur son bras.

- Va le voir, il sera ravi de te rencontrer », lui indiqua-t-elle dans un sourire confiant.

L'animagus la contempla un instant puis, déterminé, s'engagea dans l'escalier. Harry le suivit. Arrivés sur le palier de la porte, une seule pièce était ouverte, donnant sur des bruits précipités. Sirius parvint à l'encadrement de la porte. Son regard se porta sur la chambre d'enfant, aux murs colorés et revêtus d'innombrables dessins puis sur le lit soigneusement fait avant d'arriver sur le sol où un petit garçon était assis, le dos face à eux. Son souffle se fit plus saccadé.

« Bonjour Teddy », lança Harry.

L'enfant se retourna vers les deux visiteurs. Sirius sentit une vague d'émotions déferler dans sa cage thoracique. Il porta son regard anthracite stupéfait sur le petit garçon. Ted Lupin avait les yeux de son père. Ses cheveux étaient aussi ébouriffés que ceux de sa mère, mais de la même teinte cendrée que Rémus. Son regard se porta aux deux nouveaux arrivants et après quelques secondes d'ébahissement, un grand sourire naquit sur ses pommettes, illuminant son visage ovale.

« Oncle Harry ! s'exclama le garçon en se relevant précipitamment pour lui tomber dans les jambes.

Le jeune homme le souleva de terre et déposa deux baisers sur ses joues.

- Comment vas-tu ?

- Bien ! Mamie m'avait dit que tu viendrais manger avec tante Ginny, j'ai plein de dessins à te montrer ! annonça Teddy en souriant.

- Avec plaisir. Avant cela, j'ai quelqu'un à te présenter…

Il redéposa le garçon à terre et se tourna vers Sirius qui était resté dans l'encadrement de la porte, interdit. Le garçon tourna la tête, étonné, vers le nouveau venu.

« Je te présente Sirius Black, annonça Harry en posant une main sur l'épaule de Teddy.

Le garçon regarda le sorcier avec de grands yeux ahuris. Puis sa figure s'éclaira.

- C'est toi Sirius ?! s'exclama-t-il tandis que ses cheveux viraient à un rose pétant.

- Euh, je… Oui, c'est moi, bafouilla l'animagus, tentant de reprendre son calme.

- C'est toi le meilleur copain de mon papa ?! demanda Teddy avec la même énergie.

Sirius mit un genou à terre pour se retrouver au niveau du garçon. Il se mordit l'intérieur de la joue pour réprimer son émotion.

- Oui. Ton papa et moi, on s'est rencontrés il y a longtemps, à Poudlard. Et on était les meilleurs amis du monde, affirma-t-il d'une voix rauque.

- Et maman ? Tu la connais ?

- Oh que oui, je me suis souvent occupé d'elle quand elle était enfant. C'était ma petite cousine, affirma Sirius tandis qu'un sourire naissait progressivement sur ses lèvres.

- T'as vu, je sais faire comme elle !

Teddy ferma fort les yeux et ses cheveux prirent cette fois-ci une teinte bleutée.

- Exactement comme elle... Elle serait fière de toi. Tous les deux seraient fiers de toi, murmura Sirius.

Le garçon redoubla son grand sourire et tira avec insistance le pan de la chemise de l'animagus.

- Tu veux voir toi aussi les dessins que j'ai fait avant votre arrivée ?!

- Avec grand plaisir », conclut Sirius qui se laissa volontiers emmener par Teddy vers son bureau.

Harry le regarda avec un grand sourire et se reporta aux dernières œuvres de son filleul. Sirius réagit à chaque interpellation du gamin, les yeux pétillants d'émotion. Dans un coin de la pièce, trônait une photographie des Maraudeurs lors de leur deuxième année à Poudlard, les visages souriants face à l'objectif.

o O o

Le trio repartit en fin d'après-midi de la maison d'Andromeda. Teddy fit promettre à Sirius de revenir très vite pour lui montrer ses talents d'animagus. Ce dernier lui donna sa parole et serra fort le garçon dans ses bras. Lorsque Ginny, Harry et Sirius réapparurent dans la cheminée de Grimmaurd, ce dernier poussa un profond soupir. La journée avait été chargée en émotions et il n'attendait plus qu'une chose : se retirer dans sa chambre pour méditer sur tout ce qu'il avait ressenti aujourd'hui.

Alors qu'il se dirigeait dans les escaliers, la voix de Ginny l'arrêta.

« Sirius, tu as de la visite. »

Surpris, ce dernier fit demi-tour et se dirigea vers la cuisine où l'attendait une silhouette familière. Hermione lui adressa un sourire gêné et fit un discret coucou de la main. Sirius battit des paupières. Il lui sembla que cette journée finirait par avoir raison de lui.

« Hermione.

- Bonsoir… Je suis désolée d'arriver comme ça, Ginny vient de me dire que vous étiez chez Andromeda toute la journée, s'excusa la sorcière, embarrassée.

- Non c'est… On vient de rentrer. Mais tout va bien, bafouilla-t-il à son tour.

« Décidément, ce 20 octobre sera un jour à marquer d'une pierre blanche, le jour où le fabuleux Sirius Black sera à court de mots » pensa l'animagus, sardonique.

- De toute façon, je ne fais que passer en coup de vent, je voulais juste te donner ça, indiqua Hermione en sortant une fiole de son sac et en la lui tendant.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Sirius, examinant avec étonnement la couleur violette se dégageant de la flasque.

- Une potion de Sommeil sans rêves, répondit-elle en levant son regard vers lui. Il me restait quelques ingrédients en stock et je me suis dit que tu en ferais bon usage.

Ginny haussa un sourcil en l'écoutant mais ne pipa mot. Sirius planta son regard dans celui de la belle brune. Il mit quelques secondes avant de réagir.

- Merci Hermione… Merci beaucoup, murmura-t-il.

- Aucun problème, assura cette dernière en souriant et en se dirigeant vivement vers le couloir. Je ne vous dérange pas plus longtemps, bonne soirée à vous, à bientôt ! »

Avant que Sirius n'ait le temps de rajouter un mot, la sorcière aux cheveux bouclés s'était évaporée en trois vives enjambées.

L'animagus se retourna vers Ginny, l'air décontenancé. Cette dernière lui adressa un sourire confiant.

« Un soucis en moins ! » lança-t-elle avec enthousiasme.

Sirius hocha la tête, pensif. Puis il fit un signe pour lui souhaiter la bonne nuit et s'engagea à nouveau dans les escaliers le menant à sa chambre. Ginny le regarda monter, son visage trahissant son désarçonnement.