p class="MsoNormal"Lorsque Ron arriva devant la salle de potion où il effectuerait sa retenue, ce matin-là, Blaise patientait déjà. Voyant arriver le roux, il lui sourit jusqu'aux oreilles. Derrière son sourire se cachaient des idées bien plus perfides, et ses yeux reflétaient une malice qui inspirait une grande méfiance, pourtant le Gryffondor sentit son cœur se réchauffer contre son gré./p
p class="MsoNormal"Il s'efforça de le fusiller du regard, avant de se rabattre sur une solution qui lui coûtait bien moins d'efforts : l'ignorance. Il pesta et se tourna en direction de la porte, dans l'attente du professeur McGonagall. Si certes, il nouait des ressentiments à l'égard de la vieille femme pour la situation saugrenue dans laquelle elle l'avait mis, il ne souhaitait rien plus au monde que de la voir traverser le couloir, en cet instant précis./p
p class="MsoNormal"Rare étaient les choses qui le mettaient aussi mal à l'aise que la présence du Serpentard à deux mètres de lui. D'autant plus avec ce rictus stupide collé au visage, qui pouvait laisser croire à son esprit détraqué qu'il était repentant. Ce qui était absurde, et pourtant, il ne se faisait pas à cette idée./p
p class="MsoNormal"Cherchant coûte que coûte un moyen de s'occuper l'esprit et de se focaliser sur autre chose que cette présence, Ron s'intéressa aux gravures qui paraient la porte en bois qui menait à l'entrée de la salle de classe. Quelques coups de baguette, et il devenait bien simple d'inscrite n'importe quoi sur les matières qui le permettaient./p
p class="MsoNormal"Des élèves, de tout âge, de tous temps, faisaient ici l'éloge de leur maison, leur équipe de Quidditch ou leur idole du monde sorcier. D'autres encore exprimaient leur amour, marquaient leur haine, avouaient leurs péchés. Pas un seul des messages n'était adressé au roux, et il s'en réjouit : il ne désirait en rien que quoi que ce soit de lui demeure sur cette porte branlante pour les décennies à venir. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres lorsqu'il remarqua qu'un groupe de Gryffondor avaient exprimé les assentiments qu'ils ressentaient vis-à-vis de Severus Rogue. Cette gravure était moins prononcée que les autres, et le jeune homme comprit que quelqu'un avait tenté de l'estomper, en vain, comme si elle était protégée d'un sort très puissant./p
p class="MsoNormal"Son sourire s'accentua lorsqu'il imagina un Severus Rogue de vingt ans plus jeune, accroupi dans une position disgracieuse et tenta désespérément de faire disparaître ces âneries. Il se surprit à penser qu'il aurait alors pu ressenti une once de compassion à lui égard. Puis il réalisa qu'il faisait fausse route et aurait très certainement jubilé d'un tel spectacle./p
p class="MsoNormal"– Ravie de vous voir si souriants en la compagnie l'un de l'autre, Messieurs, intervint McGonagall derrière eux, faisant sursauter le roux qui n'avait pas perçu sa présence./p
p class="MsoNormal"Immédiatement, son visage se tordit d'une grimace alors que le rouge parait ses joues. Il fulmina à l'idée que sa professeure puisse envisager que son sourire ait quoi que ce soit à voir avec le Serpentard, lui donnant ainsi raison vis-à-vis de son coup de folie. Il s'abstint cependant de répliquer, remarquant la mine rabougrie du Serpentard./p
p class="MsoNormal"Le Gryffondor s'amusa de voir que l'autre ne semblait pas non plus jubiler de l'idée que la directrice le pense prêt à se lier d'amitié au Gryffondor. Ni l'un ni l'autre ne la contredirent, pour le simple plaisir d'embarrasser l'autre./p
p class="MsoNormal"– Bien, poursuivit-elle en ouvrant la grande porte, pénétrant d'un pas lourd dans la salle, vous allez bien gentiment me récurer tous les chaudrons contenus dans cette salle./p
p class="MsoNormal"Le sang de Ron battit furieusement dans ses tempes lorsqu'il réalisa les heures de travail que cela représenterait, avec la quarantaine de chaudrons qui les attendaient déjà. Il s'apprêtait à répliquer, quand la vieille femme fit un pas vers lui pour se saisir de sa baguette, avant de faire la même du côté de Blaise./p
p class="MsoNormal"Ce dernier afficha une mine indignée, et s'empressa de répliquer :/p
p class="MsoNormal"– Le sort permettant de les remettre à neuf est déjà suffisamment complexe pour que je n'aie pas en plus à le faire à la moldue ! geignit-il avec une moue de dégoût à la mention des non-mages./p
p class="MsoNormal"– Les moldus ne récurent pas de chaudrons, pauvre idiot ! répliqua Ron du tac au tac, furibond./p
p class="MsoNormal"Une veine sembla alors ressortir du front de Blaise, qui semblait à bout de nerfs, outré de s'être ainsi laissé insulté par quelqu'un qu'il était supposé dominé. Son regard changea cependant bien vite alors que l'idée de l'ascendant qu'il avait sur l'autre lui traversa l'esprit. Un sourire suffisant para ses lèvres alors qu'il approchait de Ron à l'allure d'un loup conquérant sa proie./p
p class="MsoNormal"– Tu n'as pas intérêt à t'aviser de m'insulter de nouveau de la sorte, le rouquin, le prévint-il d'un ton doucereux, à quelques centimètres du visage du Gryffondor, imperméable à la présence de la directrice./p
p class="MsoNormal"Ne pouvant combattre, le Weasley détourna le regard et recula d'un pas. Son visage affichait toute la colère que lui provoquait la faiblesse dont il ne cessait de faire preuve, mais il ne pipa mot, se refusant à alourdir cette torture./p
p class="MsoNormal"– Comportez vous en jeunes gens civilisés, par Merlin, les rabroua la vieille femme, avant de se tourner vers le métis. Ce sera sans baguette, Monsieur Zabini, que vous ne vouliez ou non. Tâchez de vous souvenir des conséquences de vos ardeurs, pour la prochaine fois./p
p class="MsoNormal"Suite à quoi elle désigna la quarantaine de chaudrons qui attendant les deux garçons, et tourna les talons, les laissant dans un silence sombre. Contrairement à auparavant, aucune haine réciproque n'était alors palpable, Ron était trop occupé à se flageller mentalement, et Blaise se satisfaisant du pouvoir que McGonagall lui avait conféré sans le chercher./p
p class="MsoNormal" /p
p class="MsoNormal"– Tu es vraiment sûr de toi ?/p
p class="MsoNormal"Théodore hocha la tête, cherchant à décrypter le regard de sa belle. Pourtant, celle-ci ne laissait rien transparaître. Il lui avait exposé ses idées, présenté ses arguments mais également parlé de la forte probabilité d'un échec, risquant d'envenimer une situation déjà fort tendue./p
p class="MsoNormal"Il avait, en somme, était d'une honnêteté sans pareille ; il lui semblait qu'il méritait un retour tout aussi transparent. Cependant, il savait qu'elle ne tentait pas là de camoufler sa pensée, Hermione pesait simplement le pour et le contre, envisageant les possibilités sous un œil nouveau et réfléchissant à la manière dont ils pourraient parvenir à l'effet escompté. C'était aussi ce qu'il aimait, chez elle : la Gryffondor se fiait à ses instincts. Elle ne fonçait pas tête baissée, non, pas plus qu'elle ne s'appuyait sur un autre, même lorsque l'idée venait de lui. Elle s'immisçait dans les entrailles d'un plan, en comprenait les rouages, décoinçait un mécanisme ici et là et s'avançait fièrement vers ses objectifs./p
p class="MsoNormal"Théodore regrettait de se pas avoir fait un pas en avant plus tôt vers elle./p
p class="MsoNormal"Il savait cependant que cette pensée ne lui apporterait plus rien désormais, et il aurait – avec un peu de chance – toute la vie pour rattraper le retard qu'il avait pris. Pour l'heure, ils affrontaient les problèmes, ensemble. Et il ne demandait rien de plus./p
p class="MsoNormal"– Je pense que nous nous devons d'essayer. Si Draco a – si j'ai – pu comprendre qu'il était temps de changer, d'évoluer, je pense que Pansy le peut aussi. Pour ce qui est de Blaise, je n'en suis plus si sûr, mais j'ai connu Pansy à un temps où elle savait écouter./p
p class="MsoNormal"Hermione hocha la tête, cependant le doute subsistait sur son visage./p
p class="MsoNormal"– Ne penses-tu pas que tu devrais lui parler seul ? Elle me déteste, que gagnerait-on à ce qu'elle se braque si je t'accompagne ?/p
p class="MsoNormal"Le châtain sourit doucement./p
p class="MsoNormal"– Prends ça pour un test, si elle est réellement prête à faire des efforts, elle doit au moins tolérer ta présence, ce serait stupide de la ménager au point de t'éloigner de moi à son profit. Et puis, je suis sûr que tu trouveras les mots, affirma-t-il avec conviction./p
p class="MsoNormal"Et cela toucha Hermione, réellement. Parce qu'on lui avait souvent reproché d'être trop franche, de ne pas faire preuve de tact et de manquer d'humanité ou de réalisme. Personne n'avait complimenté sa capacité à parler aux autres. Personne avant lui./p
p class="MsoNormal"C'est sans doute ce qui la fit accepter, malgré une certaine réticence à l'idée d'être la bienvenue dans une telle conversation. Néanmoins les arguments de son petit ami tenaient la route, et elle ne pouvait que l'écouter, alors qu'il semblait si convaincu qu'il parviendrait à changer son ancienne amie. La Gryffondor espérait qu'il ne fondait pas ses espoirs sur un temps révolu./p
p class="MsoNormal"Harry et Draco discutaient dans la tour d'astronomie, Ron et Blaise se salissaient les mains au travail ingrat qui leur avait été confié, la voie était libre à une petite conversation qui, Théodore l'espérait, permettrait d'ouvrir les yeux à Pansy./p
p class="MsoNormal"Ils la trouvèrent dans la salle commune de Serpentard, après dix bonnes minutes à argumenter avec le tableau refusant de s'ouvrir à un traître à son sang et à une née-moldue. Il ne céda – de mauvaise grâce – que lorsque Théodore prétendit qu'il souhaitait y pénétrer de sorte à récupérer les quelques affaires qu'il y avait laissé./p
p class="MsoNormal"La brune était assise dans un coin de la pièce, près du feu. Dans ses mains se tenait un article de la gazette du sorcier. Son regard, lui, s'était fait d'abord interloqué, puis furieux à la vue des deux intrus qui venaient de s'introduire dans son intimité./p
p class="MsoNormal"– Qu'est-ce que tu fais ici, Nott ? Et pourquoi l'avoir emmenée ? ajouta-t-elle d'un ton apathique, sans un coup d'œil pour la Gryffondor./p
p class="MsoNormal"Théodore grimaça légèrement, puis s'approcha d'un pas lent, ne se voulant pas trop brusque, sans pour autant avoir l'air de chercher à l'amadouer. Un amalgame perdu d'avance, la colère redoubla sur les traits de la jeune femme./p
p class="MsoNormal"– Tu as décidé de suivre Draco dans son hystérie, tu assumes, tu n'as rien à faire ici, gronda-t-elle en se levant, comme prête à le chasser./p
p class="MsoNormal"Le châtain avança un bras devant lui pour arrêter son geste, et elle se figea./p
p class="MsoNormal"– Écoute-moi, Pansy, s'il te plaît, lui demanda-t-il d'un ton suppliant, l'implorant presque du regard de ne pas le virer sur-le-champ./p
p class="MsoNormal"La jeune femme resta fixée sur sa main, l'air troublé. Puis elle releva la tête jusqu'à celle du Serpentard, les orbes rivées dans les siennes. Hermione fronça les sourcils./p
p class="MsoNormal"– Tu as deux minutes pour me dire ce que tu fiches là, murmura-t-elle plus doucement, laissant retomber ses bras le long de son corps, les épaules légèrement affaissées./p
p class="MsoNormal"Théodore soupira de soulagement, et sembla se détendre instantanément. Il se lança rapidement :/p
p class="MsoNormal"– Je sais que tu es en colère. Que tu penses que nous avons trahi Serpentard, que nous t'avons trahie. Mais ce n'est pas toi que nous rejetons, c'est les actes odieux de cette maison et les valeurs qu'on nous a mis en tête. Cela ne veut pas dire tout laisser derrière nous./p
p class="MsoNormal"Pansy eut un sourire amer qu'Hermione ne sut interpréter./p
p class="MsoNormal"span style="mso-spacerun: yes;" /span– Je n'ai pas besoin de ton réconfort, Nott, pas plus que de tes belles paroles : n'as-tu pas déjà renoncé à ta vie d'avant, pour t'enticher d'une nouveauté ?/p
p class="MsoNormal"La Gryffondor comprit qu'elle était la nouveauté en question, principalement en raison du ton mauvais avec lequel ce mot avait été prononcé. Il avait la certitude qu'elle ne parviendrait jamais à s'entendre avec la Serpentard, elles n'avaient pas le moindre atome crochu et des années de bourrage de crâne intensifs empêchaient l'ombre d'un contact réciproque. Ne restait que le maigre espoir qu'elle fasse confiance à Théodore, ce qui ne semblait pour l'heure pas à l'ordre du jour./p
p class="MsoNormal"Le châtain regarda Hermione en coin, mal à l'aise. Cette dernière avait le front barré de quelques lignes inhabituelles, alors qu'elle réfléchissait. Quelque chose ne tournait pas rond, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus./p
p class="MsoNormal"– Je ne cherche pas à remettre en cause ce en quoi tu crois, j'aimerais juste que tu essaies d'envisager autre chose, tu pourrais ?/p
p class="MsoNormal"Il sembla à Hermione que Théodore était bien conciliant à l'égard de celle qui lui parlait avec tant d'aigreur, qui avait l'air de le mépriser à un tel niveau. Elle ne releva pourtant pas, ne chercha pas à intervenir, réalisant que son petit ami s'était précédemment trompé : elle ne saurait pas trouver les bons mots. Sans doute parce qu'elle n'était pas la bonne personne pour les prononcer./p
p class="MsoNormal"Pour la première fois, la Serpentard porta un centième d'attention sur sa rivale de la maison adverse, la fusillant ouvertement du regard, avant de s'adresser de nouveau à son camarade de maison, une colère nouvelle dans la voix :/p
p class="MsoNormal"– Et à quel titre, Théodore ? Tu as déjà choisi ton camp, pourquoi chercher à rallier les membres de ton ancien clan ?/p
p class="MsoNormal"– Les temps ont changé, nous avons dépassé ça. S'il te plaît, fais-le pour moi, l'implora-t-il priant pour que ces paroles suffisent./p
p class="MsoNormal"Il ne réalisa son erreur que lorsque la flamme de la colère s'embrasa au fond des prunelles de la brune, alors que ses traits se métamorphosaient, laissant place à une rage sans pareille./p
p class="MsoNormal"– Pour emtoi/em ? s'écria-t-elle avec hystérie. Je ne te dois rien, pauvre imbécile ! Tu as déjà tout gâché, ne crois pas que tu pourras recoller les morceaux simplement en m'offrant la rédemption ou quelque bêtise de ce genre. Fiche le camp et emmène ta petite sang-de-bourbe avec toi, tu as déjà détruit assez pour elle, acheva-t-elle avec hargne, avant de dégainer sa baguette, jetant un sort qui propulsa les deux jeunes gens en arrière./p
p class="MsoNormal"Le tableau s'ouvrit pile au bon moment, et ils atterrirent dans le couloir dans un bruit sourd, alors que la porte de la salle commune claquait bruyamment./p