Auteure : Amanda A Fox
Série : Stranger Things
Couple : Steve Harrington/Eddie Munson + autres couples secondaires possibles
Genre : Romance
Résumé : Croyant réellement mourir aux mains de Vecna lors de la bataille finale, Eddie Munson fut l'immense connerie d'avouer à Steve Harrington qu'il avait été son crush durant le lycée. Le hic dans tout cela, c'est qu'Eddie ne mourut pas ce jour-là et une fois Vecna battu, il fut contraint de vivre avec un stress intense de plus dans sa vie à chaque fois qu'il croisait Steve « the hair » Harrington.
Petit blabla introductif : Me voilà toujours sur le fandom Stranger Things mais sur un nouveau couple pour lequel mon cœur a finalement cédé. C'est donc ma première fic sur ce couple, étant habituée à écrire du Billy/Steve. J'avais très envie de poster ce premier chapitre aujourd'hui, ce qui m'aidera à surement continuer à être dans le déni une fois le volume 2 de la saison 4 sorti vendredi (vous voyez de quoi je parle ? Très bien. J'espère me tromper et relire ces mots en riant !).
Bref, tout ça pour dire que j'espère vous faire aimer ce couple si ce n'est pas déjà fait, via la vision que j'ai. Hormis les premières lignes de la fiction, l'histoire prend place durant les dernières scènes de l'Upside Down de la saison 4, vu d'abord surtout par les yeux d'Eddie, puis on se lance dans l'imaginaire ;)
Quant au titre, il fait référence à une chanson du film The Prom, comédie musicale LGBT.
Je ne préviendrais donc jamais assez mais attention, SPOILERS.
I just want to dance with you
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Chapitre 1
La grosse boulette d'Eddie Munson
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« Steve Harrington ! Veux-tu aller au bal de prom' avec moi ? »
La voix d'Eddie Munson resonna dans toute la forêt, s'envolant avec le doux vent du début de l'été, filant jusqu'à la surface de l'eau du Lover's Lake, accompagnée de feuilles vertes et pollen. Là, perché au sommet du Skull Rock, debout, déterminé et au sourire éclatant, bras levés en l'air et cheveux dans la brise chaude, le lycéen bientôt diplômé après trois ans d'essai, laissa parler son cœur en toute honnêteté.
Steve Harrington, un peu plus loin, au pied du rocher, se tourna lentement vers la formation rocheuse qu'il avait des années auparavant nommé ainsi, où il avait amené des filles de nombreuses fois. Son expression n'était ni choquée, ni dégoutée, ni effrayée. Son regard était apaisé et ses pupilles pétillantes alors qu'un doux sourire partagé entre amusement et émotion, vint se dessiner sur son visage. Le vent vint à lui aussi, brasser ses cheveux impeccablement bien coiffés et les manches de son haut jaune canari, l'enfermant dans une bulle agréable.
Qui aurait cru que le chaos apporté par Vecna sur Hawkins les aurait apportés jusqu'à ce point de l'histoire ? Quelques mois auparavant, si on leur avait décrit cette scène singulière du milieu du mois de mai 1986 leurs réactions auraient été les suivantes : Steve aurait d'abord pensé que son interlocuteur était tombé sur la tête, éclatant de rire dans un premier temps pour ensuite lui dire de réellement se réveiller. Il était un garçon qui adorait les nichons. Eddie quant à lui, aurait d'abord eu le visage en feu tout en tentant un rire étranglé pour ensuite frapper l'arrière du crâne de la personne ayant raconté de telles inepties, accompagné sûrement un doigt d'honneur à la Munson.
Voilà comment auraient réagi Steve Harrington et Eddie Munson si on leur avait raconté cela juste avant de sauter dans l'Upside Down en fin mars dernier.
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Environ 1 mois auparavant, Lovers' Lake, barque surplombant l'ouverture de l'Upside Down découverte par Steve Harrington
La barque flottait silencieusement au-dessus de l'eau immensément sombre, l'embarcation stoppée dès que l'aiguille de la boussole de Dustin avait changé de cape et s'était agitée. La nuit était calme, le genre de moment parfait durant lequel profitaient les jeunes couples à Hawkins pour une petite virée romantique dans le désir de toucher à l'interdit, à l'excitation, néanmoins ce n'était pourtant pas ce qui se produisait aujourd'hui. Le calme interne n'était pas au rendez-vous. Le cœur de chacun des occupants du petit bateau en bois battait à la chamade et le menace que pesait Vecna sur leurs épaules nourrissait leur angoisse.
Ce n'était cependant pas ce qui arrêtait Steve dans sa folie héroïque. Il retirait déjà ses chaussettes alors que Robin lui demandait avec inquiétude ce qu'il était en train de faire, ce qu'il avait en tête. De toute évidence comme vint alors l'indiquer Eddie Munson, il n'avait pas envie de plonger, et les deux jeunes femmes sur l'embarcation non plus. Steve se tint debout près du bord de la barque en gardant l'équilibre qu'il avait appris à avoir au basket quand certains de ses adversaires plus musclés prenaient un malin plaisir à tenter de la mettre au sol tandis qu'Eddie derrière lui protégeait une lampe torche dans un sac plastique –où se trouvait encore quelques restes de weed-.
Lorsque Steve Harrington retira son pull en cachemire jaune, Eddie Munson prétendit s'intéresser grandement à l'enroulement de protection en plastique autour sa lampe pour éviter de voir Nancy Wheeler lorgner sur le torse nu de son ex-petit ami. Il fut néanmoins contraint de lever les yeux vers l'ex-King du lycée pour lui tendre ce qui lui servira de source de lumière sous l'eau –Dieu qu'il avait besoin d'une cigarette-.
« Bonne chance, » fut les simples mots du métalleux.
Steve accepta le prototype et hocha la tête brièvement, leur regard se croisant durant un bref instant qui parut pourtant long et presque lumineux à travers toute cette histoire catastrophique.
« Merci, » dit-il pour ensuite jeter près de lui le pull qu'il avait retiré.
Eddie l'attrapa maladroitement alors qu'il coinçait sa cigarette entre ses lèvres et machinalement, garda le vêtement contre ses genoux, sans un regard vers lui. Tout un chemin de pensées déconcertantes ainsi que terrifiantes dévalaient dans l'esprit du futur diplômé de Hawkins High School. Si on se penchait uniquement sur les pensées les plus effrayantes, il était intérieurement malade à l'idée de voir quelqu'un de leur groupe tout nouveau –l'une des personnes l'ayant bien aidé jusque-là- avoir à sauter dans cette eau profondément noire à la recherche d'il ne savait quoi alors que Vecna rodait.
Savoir qu'il s'agissait de Steve était encore plus terrible. Il aurait honteusement aimé que Wheeler y aille à la place. Vite, une cigarette.
Cependant, au moment où il allumait son briquet pour l'allumer, Robin fut plus rapide et lui arracha la clope du bec pour la lancer loin derrière eux, dans le Lover's Lake. Il eut à peine le temps de lever les yeux au ciel ou grogner quelque chose puisque la voix de Nancy se fit entendre dans le silence de la nuit, tout droit dirigé jusqu'à son ancien petit copain.
« Steve ? »
Evidemment, au grand dam d'Eddie, le concerné se retourna vers elle, tout à son écoute. Eddie allait tuer Robin pour lui avoir privé de sa dernière cigarette, son dernier et unique réconfort n'ayant soit pas pris l'eau, soit pas caché dans la précipitation dans le cabanon où il s'était caché ou bien dérobé par la police une fois son mobil-home fouillé.
« Fais attention, » lui fit-elle avec un léger sourire, l'angoisse se lisant pourtant parfaitement surtout quand on prêtait attention à sa main qui entourait beaucoup trop fermement le bord de la barque.
Un autre hochement de tête, un petit sourire et puis il sauta. Eddie retint son souffle et agrippa les bords de la barque suite au poids de Steve à présent absent de l'embarcation qui s'agita beaucoup. L'eau engloutit tout le corps de Steve qui fut bien heureux à ce moment-là d'être armé d'une lampe torche et d'avoir des compétences accrues en natation –il fut aussi soulagé d'être en printemps, nager là-dedans aurait été un réel enfer en plein hiver-, néanmoins l'angoisse était toujours présente face à l'inconnu.
Sur la barque, les trois pré-adultes restèrent tout d'abord silencieux, jetant de temps à autre des regards par-dessus bord, cherchant à trouver Steve. Nancy serra plus fort la boussole dans sa main crispée alors que les doigts d'Eddie s'enroulèrent plus fermement autour du pull encore chaud de Steve.
« On en est où… ? » finit par demander Robin d'une voix tendue.
Nancy ne fut pas longue à lui répondre, lui indiquant que cela faisait une minute. Un frisson désagréable traversa le corps d'Eddie Munson. Une seule petite minute que Steve était là-dessous ? Il avait l'impression que cela faisait une éternité.
Au même moment, à quelques mètres d'eux sous l'eau, le corps tout entier de Steve était éclairé d'une couleur rouge, lumière émise de la roche, ou plutôt d'une cavité au sein même de ces roches. La porte était là. Ce fut la première fois qu'il fut si proche de l'Upside Down. Jusqu'à présent il n'avait pu imaginer l'endroit que par les récits de Will, Jonathan, Nancy, Hopper ou Joyce. Loin de lui l'envie de se retrouver dans ce cruel endroit mais la curiosité le gagna et il approcha sa main. La surface rouge recouvrait la cavité rougeâtre comme une peau translucide.
A peine sa paume eut-il frôlée la curieuse enveloppe qu'une ombre filandreuse se dessina tout proche de son épiderme. La surprise lui fit lâcher la lampe torche et il manque d'avaler l'eau sombre qui pesait autour de lui. Ravalant un cri de surprise il brassa aussi vite qu'il put jusqu'à la surface afin d'atteindre de l'air. La première chose qu'il entendit lorsque ses poumons purent se recharger, ce fut le cri des filles accompagné d'un « bordel ! » presque strident d'un Eddie pris par surprise.
« Je l'ai trouvé ! » s'exclama alors Steve en nageant jusqu'à l'embarcation, fier de sa trouvaille.
Ils avaient vu juste, une porte était ici ! Ils avaient trouvé la porte sans que les gosses ne viennent risquer leur vie eux aussi. A présent ils allaient pouvoir retrouver Dustin et le groupe sur la rive, discuter de la suite du plan pour mettre Vecna au tapis et leur vie reprendrait son cours normal.
« Il est plus petit que le premier portail, » expliqua-t-il donc en accrochant l'un de ses bras contre le rebord de la barque, débriefant le petit groupe. « Mais quand même. »
Soudain, quelque chose l'attira une demi-seconde dans le fond. Il avala malencontreusement une partie de l'eau douce du lac et remonta aussitôt, le cœur battant, les mains fermement enclavées autour de la barque. Ses amis au-dessus de lui s'étaient tous précipités, mains en avant comme pour essayer de la rattraper. Il fronça les sourcils, essayant de comprendre ce qui venait de se produire, mais il n'eut pas le temps d'aller loin dans sa réflexion.
Quelque chose de ferme vint s'enrouler autour de sa cheville nue et il fut tiré une seconde fois dans l'eau sombre du Lover's Lake. Le groupe sur le bateau cria sous la vue de leur ami être entrainé dans le fond de l'eau, typique d'un film d'horreur. Eddie se jeta en avant entre Nancy et Robin, paniqué, enserrant sa main contre le rebord, dans le vain espoir de trouver quelque chose lui montrant que rien de tout cela n'était réel.
« C'est quoi ce truc ?! » hurla Eddie, la main libre allant inconsciemment agripper l'épaule de Robin –étant la plus proche-.
Robin avait pourtant l'air tout aussi perdue que lui. Nancy quant à elle, changea de tactique mentale, scrutant l'eau avec profond sérieux, sa poitrine se levant et s'abaissant en un rythme rapide. Malgré l'état de choc total qui embrumait l'esprit d'Eddie il remarqua soudain quelle était l'idée de Nancy Wheeler. Lâchant Robin, il agrippa fermement le bras de la jeune femme avant que cette dernière n'ait plongé dans la gueule du loup, aux deux sens du terme.
« Attends ! Tu ne vas pas y aller ! » s'exclama Eddie, ne comprenant pas d'où pouvait provenir de courage suicidaire.
Personne ne savait ce qui avait attrapé Steve pour l'amener dans le fond. Rien ne disait qu'à la seconde où Nancy sauterait, elle ne se ferait pas dévorer sur le coup pas une quelconque créature de l'Upside Down tout droit sorti de la porte que Steve avait trouvée. Certes, il y a quelques instants il aurait préféré voir Nancy risquer sa vie plutôt que Steve Harrington, mais il ne pouvait décidemment pas laisser la Wheeler sauter ainsi.
« Attendez-ici, » dit-elle fermement avant de tirer sur son bras pour sauter elle aussi.
Robin cria quelque chose en tendant son bras vers l'eau comme espérant pouvoir la faire remonter de par la propre force de son esprit. L'angoisse d'Eddie ne fit que grimper d'un cran. Allait-il encore une fois se retrouver tout seul comme un lâche ? Les seules personnes ayant été assez gentilles pour l'aider toutes décédées alors que lui avait encore le cœur qui battait ?
Au moins, Robin était toujours là, hein ? Pour qu'il puisse déverser ses propos et avoir une oreille à son écoute. Afin qu'il pète vraiment un câble, étant bien trop sobre et au sang ainsi que poumons totalement vierges de substances douteuses pour pouvoir gérer tout ça. Mais en levant les yeux vers elle alors qu'il s'apprêtait à lui crier que la Wheeler et son petit copain étaient totalement zinzins, il vit la jeune femme s'asseoir sur le bord de la barque et-…
« Où tu vas ? » l'intima-t-il d'une voix qu'il essaya calme. « On doit attendre. »
Pas qu'il avait envie d'écouter la Wheeler, mais il préférait clairement cette option au moment présent.
« J'ai entendu, » lui affirma la concernée, la voix nouée.
« C'est elle qui commande, » ajouta Eddie dans un dernier espoir de persuasion.
« Tu rigoles. Je déconnais… »
Puis après ces braves paroles, Robin porta pouce et index à son nez puis ferma les yeux et se laissa tomber en arrière, dos rencontrant l'eau froide du lac sous les yeux dépassés d'Eddie Munson.
Eddie Munson allait tout simplement exploser. Pas de colère, non. Mais de stress et d'incompréhension. Il n'en pouvait juste plus de toute cette histoire. Dans sa panique, il remarqua à peine qu'il s'était hissé sur ses jambes, debout au milieu de l'embarcation qui tangua dangereusement, alors qu'il jurait tout un tas de choses.
Fais chier. Bordel de merde. Ridicule.
Et ses yeux qui se posèrent une petite seconde sur le pull jaune de Steve échoué près des cordes d'amarrage, furent ce qui finalement le poussa. Il prit une plus ample inspiration et se décida à ne plus réfléchir. Dans un mouvement maladroit il plongea lui aussi comme il put dans le lac.
L'adrénaline lui fit presque croire qu'il n'était pas un si mauvais nageur alors qu'il suivait du mieux qu'il puisse l'ombre de Robin à contrejour devant la lumière rouge qui devait probablement être la porte dont parlait Steve. N'ayant pas un très bon souffle –surtout suite à son temps passé à fumer- il fut soulagé de constater que leur destination n'était pas si lointaine que cela. Il vit le corps de Robin être absorbée par cette bien étrange cavité, mais au point en en était le lycéen, il la suivit sans réfléchir.
« Quoi… ? » lâcha-t-il en rouvrant les yeux, remarquant avec surprise que l'autre côté était respirable en plus d'avoir un sol.
Il était à quatre pattes sur ce qui semblait être du goudron parsemé de grosses racines et ses poumons remerciaient l'air qu'ils inspiraient avec joie. Néanmoins la joie fut de courte durée car il entendit des cris de douleur et de peur filer jusqu'à ses oreilles, produisant chez lui un sursaut et il fut aussitôt sur ses jambes. Il ne fut pas le seul à entendre Steve Harrington crier. Près de lui, Nancy Wheeler se penchait avec rapidité vers le sol pour récupérer une vieille rame pour partir en courant dans la direction du son.
Eddie déglutit, ébahi par le courage de la jeune femme, voire quelque peu jaloux. Les cris ne cessaient pas et son cœur se serra, ce qui le poussa à faire de même. Une rame trainait non loin de là, il s'en empara et à une vitesse qu'il ne pensait pas avoir, se mit à sprinter derrière Nancy.
Ne meurs pas. Ne meurs pas… !
Après un sursaut d'horreur en remarquant que Steve Harrington était au sol et se faisait attaquer –ainsi que littéralement picorer par des chauves-souris bien trop grosses pour être normales-, Eddie se décida à éteindre la rationalité de son esprit, et aidé par l'adrénaline, s'élança à son sauvetage.
Et une fois débout, voir Steve Harrington se battre ainsi face à l'une des chauves-souris fut un spectacle qu'Eddie espéra ne jamais oublier. Il pouvait oublier Vecna, la mort de Chrissy et tout ce monde improbable qui l'entourait, oui s'il vous plaît. Mais le fameux King Steve torse nu, les cheveux en bataille, le corps trempé, à se battre ainsi, oh que c'était presque excitant. Eddie abaissa son arme résultant à une rame qui manquait à présent de se casser en deux suite aux impacts qu'il avait adonnés, et se mordit inconsciemment la lèvre inférieure pour ensuite respirer un grand coup et se reconcentrer.
Il essaya de calmer son cœur mais la panique de la bataille et la crainte d'un nouveau monde qui l'entourait à présent prit de l'ampleur sur sa petite dégustation rapide du corps de Steve Harrington. La réalité le frappa à nouveau, l'adrénaline n'était plus produite pour lui procurer ce dont il avait besoin pour tenir, et il jeta ainsi brutalement la rame à ses pieds.
Il avait besoin de hurler un bon coup, ce qu'il fit, évidemment :
« Bordel de merde ! »
Plus loin, Robin inspectait les alentours avec la lampe torche tandis que Nancy s'approchait d'un Steve encore tremblant. Elle demanda de ses nouvelles et Eddie, de dos, tendit légèrement l'oreille pour écouter la réponse de Steve. Quelques égratignures disait-il ? Mon œil.
« Vous croyez qu'elles ont la rage ? » s'enquit la voix de Robin, accroupie devant ces étranges racines qu'avait remarquées Eddie en arrivant ici.
Tous les regards se dirigèrent jusqu'à elle, même Eddie, qui pria intérieurement tous les Dieux qui pouvaient exister afin qu'elle ne soulève un nouveau problème sérieux.
« Quoi ? »
« La rage, c'est ma plus grande peur, » avoua-t-elle en se redressant, son faisceau lumineux près de la position de Steve. « Tu devrais vraiment aller voir un médecin. »
Elle commença à se perdre dans ses explications, un de ses mécanismes de défense en plein tourment, et Eddie devait avouer que l'écouter déblatérer permettait de souffler, en un sens. Néanmoins, sans grande surprise dans l'Upside Down, les ennuis débarquèrent à nouveau.
Cette fois-ci, ce n'était pas quatre ou cinq chauves-souris, mais une ribambelle qui arrivaient du ciel par groupes conséquents. Eddie fut intérieurement soulagé d'entendre Nancy Wheeler leur crier de courir s'abriter dans la forêt qu'elle venait de remarquer. Chose qu'il ne se fit pas répéter deux fois. Il fit volte-face et suivit Steve juste devant lui, discernant du coin des yeux que ce monde lui était quelque peu familier.
Durant sa course, il fut persuadé d'une chose. Ce monde était fabriqué comme le leur et actuellement il courait au niveau du Lovers' Lake asséché pour courir jusqu'à la forêt tout proche du Skull Rock. D'où le nom de ce curieux endroit. Tout prenait sens.
Il tenta d'oublier les orages violents au-dessus de sa tête, le ciel rouge menaçant dans la direction qu'il prenait, du vent froid et désagréable ainsi que le cri des créatures volantes derrière eux. Il se focalisa sur son endurance –vraiment piètre- et sur Steve un peu plus loin, n'ayant pas envie de perdre le petit groupe.
Skull Rock apparut alors à leur œil, entouré d'un pollen volant qui n'était sûrement pas du pollen vu leur malchance et éclairé de façon intermittente par le rouge des éclairs du ciel. Eddie avait donc bien eu raison en pensant que l'Upside Down était une facette différente de leur monde. La formation rocheuse était bien ici et dans ce monde, Steve Harrington ne l'avait jamais désigné comme endroit célèbres pour se bécoter.
C'est là-dessous qu'ils se cachèrent pour échapper aux créatures volantes. Nancy leur avait crié à tous durant la course que les chauves-souris auraient probablement du mal à les retrouver et à voler correctement suite aux arbres épais de la forêt. Et elle avait eu raison.
Robin fut la première à bouger après quelques instants de profond silence et d'angoisse collective en espérant qu'ils ne soient pas trouvés.
« C'était moins une… »
« Tu l'as dit. »
Mais Steve ne paraissait pas très attentif. Il avait extrêmement chaud –ce qui n'était pas normal puisqu'il était torse nu, encore mouillé et que l'Upside Down avait toujours été plus froid que le monde réel- et sa tête tournait un peu. Soudain, il se mit à voir des flashs et fut contraint à se presser contre l'une des roches fraîches, la respiration haletante. L'adrénaline passée, il pouvait clairement ressentir la douleur de son bas ventre où les créatures vicieuses avaient planté leurs canines.
Nancy fut la première à arriver jusqu'à lui, remarquant que Steve saignait. Robin ouvrit de grands yeux, surement la plus choquée d'entre tous et Eddie se figea, son sang ne fit qu'un tour. Ils avaient réussi à s'échapper d'une meute sauvage et affamée, Steve ne pouvait pas mourir après coup comme cela !
Robin s'approcha de Steve et se lança dans un monologue, complétement malgré elle puisque la panique la faisait à nouveau parler mais aussi, pour tenir l'esprit de son ami éveillé le temps que Nancy déchire une partie de son haut pour l'utiliser en tant que bandage. Quand la jeune femme s'approcha de son ex-petit ami, Eddie détourna les yeux, faisant mine de s'intéresser aux alentours.
Il fit la sourde oreille, ne souhaitant pas entendre ce que les deux amoureux avaient à se dire. Il avait assez donné dans la jalousie durant toutes ses années lycée, et savait très bien que cela ne menait à rien. Il était fatigué de toujours tomber pour le gars complétement hétéro –ou pour un gars potentiellement du même bord, mais pourri jusqu'à la moelle-. Que Steve Harrington se case avec Nancy Wheeler, ça lui ferait une belle jambe. Il pourrait clairement arrêter d'espérer ce qu'il ne pouvait pas espérer.
Fort heureusement, sa concentration fut redirigée vers toute autre chose. Là aussi, devant lui, ce sentier lui disait quelque chose. Tout était donc exactement comme Hawkins ? Pas seulement le lac où se trouvait la porte ? Mettant de côté ses pensées douloureuses concernant un certain Harrington, Eddie se hissa sur l'un des rochers de la formation afin de voir plus loin. Une fois dessus, il vit ciel dans le lointain s'illuminer de rouge au rythme de l'orage. C'est là-bas où se trouvait la ville et d'ici il pouvait discerner des toits de maisons ainsi que l'immense récupérateur d'eau de pluie. Tout était donc exactement comme chez eux ?
« C'est Hawkins mais avec des monstres et des trucs ignobles ? » lâcha-t-il pour en avoir le cœur net, tout en se retournant vers le groupe.
Tout ça pour voir Steve être aidé par Nancy pour se redresser ce qui eut don de picoter son cœur, mais il fit de son mieux pour l'ignorer et se concentrer sur ce que Nancy avait à dire :
« Attention aux lianes. Elles ont un esprit collectif. »
Un frisson parcourut l'échine du métalleux qui jeta un coup d'œil inquiet autour de lui.
« Euh, OK, ça veut dire quoi ? » fit-il.
« Toutes ces bestioles dans le coin, elles forment un tout, » ce fut cette fois-ci Steve qui précisa cela. « Marche sur une liane, c'est marcher sur une chauve-souris ou Vecna. »
OK, Eddie prit note. Ce genre de détail était vraiment digne d'entrer en tant que péripéties à braver dans un jeu de rôle. Après un « merde » sec de sa part, n'étant finalement même plus étonné, ce fut avec extrême précaution qu'il regagna le sol. Pendant ce temps, c'était au tour de Robin de poser des questions sur cet étrange endroit. Visiblement elle non plus ne semblait jamais y avoir mis les pieds. L'idée qu'elle finit par soumettre étant d'aller chercher des armes en villes était alléchante.
« Inutile d'aller en ville pour ça, » répliqua Nancy. « J'ai des armes dans ma chambre. »
Eddie n'en crut tout simplement pas ses oreilles et haussa un sourcil :
« Toi. Nancy Wheeler. Tu as des armes, au pluriel, dans ta chambre ? »
« Elle nous épateras toujours, » plaisanta donc Robin, grand sourire aux lèvres.
Epater ? Alors ça c'était peu dire. Oui, Nancy Wheeler était badass. Une warrior. Eddie ne pouvait en rien le nier, il l'avait vu depuis le début. Pas étonnant que Steve Harrington ait les yeux braqués sur elle. C'était endgame.
Mais c'était dur, OK ? Quand il s'était rendu compte que Steve Harrington faisait partie du pack sauvetage et qu'il allait devoir se le farcir en plus du lycée l'an dernier, il n'aurait pas imaginé que ses sentiments puissent à ce point être chamboulés et ça le rendait fou. Au lycée il avait plus d'une fois eu les yeux attirés par Steve le King du bahut, tous comme les nénettes à ses pieds, mais n'était jamais entré en interaction réelle avec lui, ça avait aidé. Ce Steve au lycée ? C'était juste un beau visage qu'il pouvait se permettre de rêver parfois. Son caractère de merde en soit n'était pas réellement un problème puisqu'il n'avait aucune raison de lui adresser la parole et encore moins d'espérer un quelque chose.
Cependant depuis trois jours, sa vie tournait autour de l'Upside Down et de son nouveau groupe d'amis, incluant le fameux Harrington qu'il avait malheureusement appris à connaitre et à apprécier. C'était plus qu'un beau visage. Honnêtement, il aurait préféré le savoir totalement con et méchant. Tout ceci aurait été moins douloureux.
Il retint un soupir agacé en entendant Nancy et Steve flirter sous ses yeux et pour couper court à tout ça, il retira sa veste en jean sans manches qu'il jeta sans douceur contre son visage. Ceci pourrait aussi faire barrage entre ses yeux et le torse de Steve, et ainsi garder confiné le secret qu'il portait concernant ses préférences.
« Un peu de pudeur, » lâcha Eddie sans le lâcher des yeux.
Steve allait surement répliquer quelque chose mais il n'en eu pas le plaisir puisqu'une bruyante secousse vint naître juste sous leurs pieds. Robin perdit l'équilibre et fut éjecté contre Eddie qui n'eut pas la force de rester debout sous l'impact, tombant tous deux au sol. Seul Steve et Nancy restèrent debout malgré le soudain chaos et au grand dam d'Eddie, la jeune femme fut plaquée contre le torse de son ex. Vecna et son délire n'étaient donc pas une torture mentale assez conséquente pour lui ? Il fallait que le monde en rajoute une couche avec ce genre de scène juste sous ses yeux ?
Il se redressa en ignorant le futur couple ainsi que Robin toujours pressée contre lui et concéda qu'il était bien d'accord pour récupérer les armes dans la chambre de Nancy Wheeler. Au plus vite.
Steve fut curieusement le premier à bouger, allumant une lampe torche pour se repérer plus facilement dans l'Upside Down. Quand il passa près d'Eddie, il avait déjà enfilé la veste en jean et le métalleux crut un instant s'étouffer suite à la sensation que lui avait procuré cette simple vision. OK, ça n'avait surement pas été l'idée la plus ingénieuse qui soit. Dieu que cette veste lui allait bien.
Mais la meilleure idée à l'instant présent, c'était de suivre Nancy sans un mot, éviter les lianes à ses pieds et rester attentif. Voilà ce qu'il fit la plus grande partie de son temps durant leur petite balade dans les bois d'un Hawkins défectueux, sentant parfois que derrière lui, Steve posait ses yeux jusqu'à lui. Surement à jouer le super-héros encore une fois, à inspecter partout, vérifier que ses amis allaient bien et que tout le monde suivait.
Après avoir évité une énième racine mouvante, Eddie crut sincèrement être épargné un peu par ses émotions agaçantes qui l'empêchaient d'être focalisé entièrement sur le problème actuel, mais il avait tort. Il entendit la voix de Steve appeler son nom derrière lui.
« Hey mec, écoute, » fit-il en se rapprochant d'Eddie, son faisceau lumineux filant sur le sol boueux à leurs pieds alors qu'Eddie avait ralenti sa marche malgré lui. « Je voulais te remercier. Pour m'avoir sauvé la vie. »
Adorable. Eddie haussa simplement les épaules et rétorqua aussitôt :
« Arrête, tu t'es sauvé tout seul, mec. Tu t'es pris pour Ozzy pour le coup. »
Il ne put s'empêcher d'ajouter la petite précision à propos du chanteur, un léger sourire s'étant étalé sur ses lèvres, parlant avec le cœur.
« Ozzy ? »
Était-ce étonnant que Steve Harrington n'ait jamais entendu parler d'un certain Ozzy ? Non. Absolument pas. Et Eddie sourit plus largement à cela, soudain plus entrain à discuter avec Steve. C'était vraiment facile de converser avec lui, il ne savait pas pourquoi ni comment, mais c'était comme ça. Il se haïrait plus tard.
« Quand tu as mordu la chauve-souris, » précisa donc Eddie qui par précaution, n'oubliait pas de regarder où il marchait entre quelques regards dirigés vers son interlocuteur. « Tu sais, Ozzy Osbourne. Black Sabbath ? »
Peut-être que le groupe lui dirait quelque chose. Voyons, il ne pouvait pas être si inculte que ça !
« Il a décapité une chauve-souris avec ses dents, » renchérit Eddie qui voyait que ça n'éclairait aucune lanterne chez le pauvre Steve. « OK, c'est pas grave. Juste pour dire que c'était très métal. »
Ça y est c'était dit. Il était tout à fait honnête après tout, sans trop cracher certains de ses secrets ou des choses qui ne se disaient pas.
Après le rapide « merci » de Steve, Eddie ne perdit pas une seconde pour continuer la conversation, comme pressentant que Steve pouvait lui échapper –ce qui était totalement le cas-. Mais il savait que bientôt, s'ils s'en sortaient vivants, ce genre de moment ne se reproduirait plus jamais. Ils ne discuteraient plus ainsi avec lui et son cœur parlait pour lui, contre la raison qui lui ordonnait de tout de suite passer à autre chose et ne plus rien dire pour stopper tout lien qui se serait potentiellement tissé entre eux. Car le résultat des courses ne pourrait être que mauvais.
Il parla de Dustin, de ce que les gosses disaient sur Steve, de ce que lui-même pensait connaître chez Steve. De sa surprise d'ailleurs, à voir que Harrington n'était pas un gros con et avait brutalement changé depuis les dernières fois où il l'avait croisé dans les couloirs du lycée. Il lui dit même être jaloux, en s'approchant peut-être un peu trop pour la rigolade, ce qui fit rire Steve malgré le léger coup de coude qu'il lui infligea pour respecter une distance entre eux.
Dans un ton plus grave il évoqua son jeu favori D&D, indiquant que lui n'était en rien un héros –il avait été le dernier à sauter du bateau alors que son stupide crush était en grave danger-. Et dans un élan résigné, il mentionna Nancy et son courage. En scrutant Steve Harrington droit dans les yeux, il dissimula tous sentiments qu'il avait envers cet idiot et lui présenta la jeune femme comme son endgame. C'était mieux ainsi. C'est ce qu'il avait décidé. Plus vite cet imbécile sera casé, plus vite il pourra les oublier, retourner dans son mobil-home et fumer jusqu'à évanouissement.
Un nouveau tremblement de terre un peu moins puissant que le premier, coupa court à la discussion et les firent retomber sur terre. De toute façon Eddie avait dit ce qu'il avait à dire, point. Les deux garçons rejoignirent ainsi les filles et ils accélérèrent le pas.
Néanmoins alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques mètres de la maison des Wheeler – Nancy venait de leur crier cela en pointant du doigt l'une des demeures usées par le temps et enroulées de verdure- un autre tremblement de terre fit vibrer le goudron sous leur pied. Juste au-dessus de la tête d'Eddie, le lampadaire tangua dangereusement mais il ne le remarqua pas, trop occupé à essayer de rester stable, bras tirés devant lui. Ainsi, lorsqu'une main agrippa son poignet pour le tirer sur le côté à l'abri de tout projectile, la surprise et le sol toujours en mouvement lui firent décidément perdre l'équilibre.
Il poussa un « outch » quand il percuta le sol… Non pas le sol, puisque la douleur était moindre et le goudron parsemé de liane, chaud. Ses yeux se rouvrirent vivement pour remarquer qu'il avait atterri de tout son long sur le corps de Steve Harrington, le preux chevalier qui l'avait écarté sur le côté. Ce même Steve allongé de tout son long au sol, en sueur, les bras nus, veste en jean lui appartenant sur le dos et aux magnifiques yeux plongés dans les siens.
« T'es plus lourd que tu en as l'air, » lâcha Steve qui avait l'air réellement surpris.
Les yeux d'Eddie s'arrondirent et avant même que son esprit tout entier ne comprenne ce qui s'était passé il se redressa en vitesse, prenant soin de ne pas écraser Steve au passage. Malgré cela, son coude, là où s'était placé automatiquement la main de Steve lorsqu'il s'était échoué tous les deux au sol, brûlait encore de la chaleur que lui avait insufflé l'ex lycéen.
« Vraiment toujours le bon samaritain, Stevie, » lâcha Eddie en se raclant la gorge, regardant partout ailleurs sauf vers son sauveur. « Aller jusqu'à protéger mon sublime corps de la chute, tu es d'une douceur. »
« Moi en tant qu'airbag n'était pas vraiment intentionnel, mais soit, » répondit Steve qui grimaça légèrement en se redressant. « Si ça peut te faire plaisir. »
Avec ça, il avait presque oublié que Steve c'était fait à moitié dévorer par des chauves-souris un peu plus tôt. Eddie reporta son regard vers lui, quelque peu penaud.
« Désolé, j'espère ne pas avoir encore plus empiré la blessure. »
« Je pense que je préfère ça plutôt que de voir Eddie Munson sur le trottoir, le crâne explosé, » lui indiqua le Harrington en pointant du doigt quelque chose derrière lui.
Eddie suivit l'index pointé et vit que le lampadaire sous lequel il se tenait un peu avant s'était décroché sur sol et gisait lourdement parmi boue, vieux goudron et lianes mouvantes. Hic. Il allait donc le remercier mais la voix de Robin se fit entendre dans le lointain, leur demandant de se dépêcher un peu, ce qu'ils firent sans se poser de question.
Ils fouillèrent la maison de Nancy pour ne finalement que trouver qu'une paire de chaussures à talon dans la boite qui était censée contenir les armes en question. Leur plan tombait à l'eau mais le petit groupe parvint à trouver un moyen de communiquer avec le monde réel comme Will Byers il y a quelques années quand il était au collège.
Eddie dut avouer que de la maison de Nancy jusqu'à l'ouverture de la porte dans son mobil-home, tout se passa sans trop d'accroches. Quel bonheur de voir la tête de Dustin et ses potos juste au-dessus de leur tête.
Si seulement tout s'était arrêté là. Si seulement !
Nancy Wheeler ne passa pas par le nouveau passage créé au plafond du mobil-home d'Eddie. Le groupe fut contraint de la retrouver, cette dernière entre les griffes de Vecna. Steve Harrington était complétement horrifié à la voir ainsi, et cela serra le cœur d'Eddie.
« Top Gun ! » cria soudain Robin près du drap qui pendait et qui menait jusqu'au salon du monde réel.
« Quoi Top Gun ? C'est pas un film ça ? » lâcha Lucas en arquant à un sourcil vers la jeune femme, imaginant que ça y est, elle avait complétement pété un plomb sous la tension.
« Il vient de sortir, Tom Cruise est dedans et Kenny Loggins chante ! » continua Robin avec énergie alors que Dustin et Steve tentait de réveiller leur amie en la secouant et que Max grognait contre son walkman qui même sur les oreilles de Nancy, ne l'aidait en rien. « J'ai vu des cassettes de Loggins dans la chambre de Nancy ! A coup sûr elle kiffe ce chanteur. Eddie, prends ta guitare joue nous un morceau ! »
« Tu demandes à ce que mes doigts glissent sur ma chérie pour faire du Kenny Loggins ! C'est un sacrilège Robin ! »
« Ça le sera surement aussi si j'explose ta guitare au sol, Munson. »
OK, Robin avait été très claire et très flippante sur ce coup-là. Dustin et Erica avaient été les plus vifs et les plus rapides pour remonter du côté réel et récupérer la guitare d'Eddie –ce dernier priant pour que rien n'écorche sa beauté-. C'est ainsi qu'il parvint à tirer Nancy de sa transe, la sauvant d'une mort certaine grâce à un son de Kenny Loggins. Il sourcilla à peine quand il vit Steve serrer fort la jeune femme dans ses bras. Après tout, c'était la normalité des choses.
Cependant, ça ne s'arrêta pas là. L'aventure continua un peu et au moment de fuir l'Upside Down, les choses devinrent catastrophiques. Vecna était là, face à eux, et ils avaient besoin d'Eleven qu'ils savaient en route pour Hawkins. La fuite était nécessaire, mais chacun savait qu'ils n'y parviendront pas tous ensemble.
Vecna n'aimait pas le son, ou un truc comme ça, avait compris Eddie dans la précipitation. Il avait sa guitare à portée de main et un amplificateur pas loin. De plus, ce qu'il savait faire de mieux, c'était des mélodies hardcore. Quoi de mieux pour exploser les sens de Vecna et pourvoir s'échapper ?
Néanmoins, le monde autour de lui était de plus en plus hostile. Vecna appelait ses sbires, le vent soufflait plus fort, le tonnerre était juste au-dessus de sa tête et le tyran lui-même s'approchait de lui. L'estrade sur laquelle il devait se tenir pour brancher sa guitare et protéger toute la clique était en plein dedans. S'il y allait, c'était un ticket de non-retour. Eddie Munson déglutit, le cœur lourd, ses doigts enserrant sa fidèle guitare.
Fini de courir. Fini d'être un lâche. Il avait trop profité jusque-là. Sans lui, ce n'était pas que Steve qui se fera cueillir par Vecna, mais aussi la gentille Robin qu'il s'était pris à apprécier pour son humour –et du fait que son gaydar s'illuminait un peu près d'elle-, Nancy qu'il ne pouvait pas détester. Il y a avait aussi son grand pote Dustin accompagné de Lucas et sa petite sœur. Ainsi que la rouquine, Max s'il se rappelait bien, la petite sœur d'un relou au lycée.
C'était la normalité des choses, hein ? Qu'avait-il à apporter dans le monde réel ? Aucun diplôme, pas d'argent, dépendant à la drogue, connu pour être un freak et un tueur.
« Courez ! Je m'occupe de le ralentir ! » leur cria Eddie, regard déterminé vers Vecna un peu plus loin.
Il y eu des exclamations, toutes emportées avec le vent soufflant. Il fut contraint de se retourner vers eux, les menacer et leur ordonner de partir. Il leur promit de revenir mais même lui savait que c'était probablement un mensonge. Nancy finit par accepter malgré elle, agrippant Dustin et Erica pour les obliger à retrousser chemin. Robin fut reluctante mais Eddie fut plus convaincant dans son regard.
Seul Steve resta un instant seul face à lui, lampe torche toujours en main mais le visage livide et l'expression dépassé et inquiète.
« Ça vaut aussi pour toi, Harrington, » lui adressa Eddie d'une voix lourde. « Tu as assez joué le héros pour aujourd'hui. A mon tour. »
« Tu as sauvé Nancy, » répliqua Steve aussitôt, s'approchant alors. « Et même si ça n'était pas le cas, on n'a pas à se juger par nos actions héroïques ! Eddie, je suis pas un idiot j'ai capté que tu sais que tu ne vas pas revenir et -… »
« Moi ou vous. J'en ai assez de courir. C'était moi ou la réouverture de tes blessures tout à l'heure, tu as fait ton choix tout à l'heure. A moi de faire le mien. »
Il pressa une main contre le torse de Steve pour le pousser en arrière, mais la force qu'il émit fut moindre. En réalité, Eddie était compétemment effrayé, il aurait voulu hurler de peur. Il savait qu'il allait clamser d'ici quelques minutes. Dans ce monde totalement dément, sombre, loin de la lumière et du réel. Il déglutit, retint ses larmes et poussa à nouveau plus fort Steve en arrière.
« Dégage, Harrington, s'il te plaît. »
Mais l'expression qu'avait Steve fit chavirer son cœur. Il paraissait totalement terrifié à l'idée de perdre un membre du groupe, mais aussi, impuissant et triste. Ses grands yeux noisette brillaient à la lueur du tonnerre rougeâtre et Eddie laissa parler son cœur, pour une dernière fois. S'emparant plus fermement de sa guitare, il s'approcha de Steve et le regarda droit dans les yeux :
« Dernières paroles du condamné, Eddie Munson, » il introduisit cela et Steve grimaça mais Eddie continua avant même qu'il ne réplique. « Septembre 83, première année de Terminale pour moi, entrée en Première pour toi. Premier jour de la rentrée, j'ai tout de suite haï le genre de type que tu étais. Dommage pour moi… » Eddie ricana alors, ses yeux se perdant jusqu'au bout de ses baskets plus si blanches. « Je kiffais ton visage et ton sourire, » puis il fut pris d'un immense courage et reporta son regard vers Steve qui ne pipait mot. « Voilà c'est dit Stevie, tu étais mon stupide crush de lycée. »
Un éclair de surprise fila dans les yeux de Steve qui entrouvrit la bouche mais Eddie ne lui laissa pas le temps de lui dire quoi que ce soit et se pencha vers lui. Non pas pour l'embrasser sur la bouche évidemment, même s'il aurait voulu. Le pauvre Harrington et son hétérosexualité auraient été épouvantés et il ne pourrait plus en dormir. Non il se pencha pour l'embrasser rapidement sur la joue. Juste un baiser rapide loin des lèvres, contre la joue chaude de Steve Harrington, dans un dernier élan pathétique du condamné.
Aussi vite qu'il s'était penché, Eddie recula légèrement pour pousser Steve en arrière, une main contre son épaule, contre la veste qu'il lui avait donnée et sans un autre regard lui déclara « maintenant, hors de ma vue. »
Le temps pressait, Eddie n'attendit rien. Il avait le cœur allégé d'avoir pu au moins se confier comme cela. Que quelqu'un dans ce fichu Hawkins sache qui il était vraiment. Que ses stupides sentiments ne meurt pas totalement avec lui.
Il courut au sens inverse, loin de la porte, loin du monde réel, guitare en main, du Black Sabbath en boucle dans sa tête, sachant déjà ce qu'il allait jouer pour terrasser Vecna et le mettre hors d'état de nuire le temps que son groupe puisse survivre.
Sur l'estrade, il joua comme jamais il n'avait joué. L'estrade du parc de Hawkins où il avait tant espéré jouer afin de se faire remarquer et que son groupe puisse décoller. Il parvint à ralentir Vecna alors que ses chauves-souris implosèrent sous le son intense qui explosait aussi les oreilles du concerné.
Vecna était si proche de lui. Le vent si puissant. Il allait mourir ça y est. Eddie ferma les yeux, ne s'arrêtant pas de jouer, la gorge en feu et-…
La musique et le vent amoindrirent le bruit mais Eddie comprit qu'il s'agissait d'un tir de balle. Quand il rouvrit les yeux, Vecna avait été un peu éjecté en arrière, l'impact d'une balle se dessinant dans son épaule explosée qui commençait déjà à se recomposer.
« Qu'est-ce que… »
Mais il fut coupé dans sa surprise par une main puissante allant attraper son biceps, ce qui le fit sursauter. Il fit volte-face et vit Steve Harrington, sourcils froncés, regard déterminé, le fusil de son oncle Wayne en main –Dustin avait été rapide à le lancer vers Steve qui hurlait au groupe avoir besoin d'une arme pour aller sauver Eddie avait-il annoncé-. Puis après un bref hochement de tête de la part de Steve il tira sur son bras pour l'emmener avec lui, le tirer hors de l'estrade, loin de Vecna qui prenait du temps à recomposer une partie de son corps meurtri par l'unique balle du fusil Munson, sans qu'Eddie ne jette un coup d'œil derrière lui, focaliser sur Steve Harrington le sauvant d'une mort certaine.
Merde, il n'allait pas mourir.
Qu'est-ce qu'il avait fait comme connerie… ?
Voici une très grosse introduction pour un début de fanfic. Je m'amuse déjà comme une folle à écrire sur ces deux-là.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ça fait toujours super plaisir. A très vite pour la suite ^^
