Hello tout le monde !
Ceux qui lisent mes écrits sur Fairy Tail, savent que j'adore écrire des longs one-shot, des très long one-shot même. Et je suis désolée, car j'ai de nouveau recommencé mais cette fois sur One Piece.
On se retrouve donc pour un récit entre 14 000 et 15 000 mots, et je souhaite bon courage à ceux qui le liront en entier. Mais sachez que c'est un écrit qui me tiens particulièrement à coeur car il aborde le thème du deuil. Alors même s'il est triste, j'espère qu'il vous plaira.
Un immense fracas, des bruits de verre qui éclate, un choc violent et douloureux et puis le noir. Quelques secondes passent, ou peut être plusieurs minutes et je reviens à la réalité, enfin. Ma tête me fait mal, tout mon corps me fait mal à vrai dire, tout mon être cri de douleur et il me faut plusieurs secondes pour revenir entièrement à moi. Le bourdonnement dans mon crâne ne me laisse aucun répit, mes pensées sont floues, brouillées par la confusion et il me faut un temp fou pour réaliser ce qu'il vient de se passer. Puis au fur et à mesure que mes yeux papillonnent, je me souviens. On rentrait du restaurant, on fêtait nos trois ans de vie ensemble, on venait de passer le dernier feu vert qui nous ramenait chez nous quand on vit des phares de voiture qui ne devaient pas être là. Aucun de nous n'eut le temps de réagir qu'on se faisait percuter violemment. Et alors que je réalisais peu à peu ce qu'ils venaient de nous arriver, je relevais prestement la tête, faisant fi de la douleur lancinante.
- Law ! Murmurais-je en paniquant.
Me retournant rapidement vers le siège conducteur, je vis mon amant inconscient. Alarmé en le voyant ainsi immobile, je me détachais rapidement, rampant vers lui malgré la souffrance dans ma poitrine. Passant mes mains sur son visage afin de le tourner vers moi, je retenais avec peine un sanglot en voyant tout le sang qui s'écoulait de sa tête. Affolé je pressais ma main contre le liquide poisseux espérant arrêter le saignement, mais bien sûr cela ne changeait rien.
- Hé Law, réveil toi. Suppliais-je, en ne le voyant pas réagir.
L'envie de le secouer afin de lui faire reprendre conscience était forte, mais je savais qu'il ne fallait pas le faire au risque d'aggraver ses blessures. Grâce à son métier de chirurgien il m'avait suffisamment enseigné les gestes de premiers secours pour que je sache comment réagir en cas d'accident. Mais malgré qu'il m'ait enseigné les gestes, jamais il ne m'avait enseigné comment ne pas paniquer en le voyant ainsi vide de vie. La façon dont son corps était plié contre la portière de la voiture était étrange, c'est comme si malgré la ceinture tout son corps avait suivi l'impact et s'était encastré dans l'arbre dans lequel on venait de rentrer. Et alors que je continuais d'observer les dégâts, occultant totalement ma propre douleur, j'entendis au loin les sirènes de pompier. Soupirant, voyant là enfin notre salut, j'informais Law de la bonne nouvelle, mais il ne réagissait toujours pas.
- Aller Law, les pompiers sont là, ils vont nous amener à l'hôpital… Je suis sûr Sachi et Pengouin vont se moquer de nous en nous voyant arriver aussi amochés. Law je t'en prie dit quelque chose. Pleurais-je, la terreur prenant peu à peu possession de moi en le voyant toujours aussi inerte.
Je voulais crier, lui hurler dessus de se réveiller et c'est ce que je fis quand les pompiers nous décarcéraient de la voiture, nous amenant chacun dans une ambulance différente. Je me débattais, leur hurlant de me laisser aller avec lui, gémissant face à mes propres blessures, mais je refusais de le laisser seul, quelque chose clochait, je le savais. Je devais rester avec lui.
Soudain, une sonnerie stridente et je sursautais brusquement. Le souffle court, le corps trempé de sueur, je me relevais brutalement, balançant mes jambes par-dessus le lit, appuyant mes coudes contre mes cuisses afin de prendre ma tête dans mes mains. Respire Luffy, respire, ce n'est rien, ça va aller, ça va passer, respire.
- Hum… Lu ça va ? Demandait une voix à côté de moi, la voix de mon compagnon.
- Oui… Répondis-je en m'étranglant.
- Tu es sûr ? Insistait l'autre peu convaincu, apposant une main réconfortante dans le bas de mon dos.
- Ouai… Je te jure Kid ça va. Me dégageais-je, me dirigeant vers la douche, lui faisant comprendre que la conversation était terminée.
Heureusement pour moi Kid n'était pas du matin et il se rendormait rapidement en me voyant m'enfuir. Me glissant sous la douche, je tournais le jet d'eau chaude à fond, souhaitant retirer de ma tête le cauchemar que je venais de faire… Ou plutôt devrais-je dire les souvenirs dont je venais de me rappeler. Cet accident avait beau avoir eu lieu il y a maintenant des années en arrière, il était toujours aussi frais dans ma tête. Je m'en rappelais toujours comme si c'était hier et la douleur des sentiments liés à ce souvenir était toujours aussi vive.
Quand je rêvais de cette nuit-là, je revoyais toujours l'accident, mais jamais la suite. Pendant longtemps cela m'avait laissé croire à l'espoir que tout ceci était sans conséquence, qu'on avait pu reprendre notre vie comme si de rien n'était. Et puis je me tournais dans mon lit et je réalisais qu'il était vide, ou alors que la personne à côté de moi n'était pas Law, n'était plus Law. Maintenant, quand je me réveillais je savais pertinemment que ce n'était pas lui à mes côtés, mais un autre. Cette réalisation m'avait pris des années. Néanmoins, je détestais toujours autant mon cerveau de ne repasser que ça, de ne repasser que le moment où je paniquais tellement que j'en arrivais à oublier ma propre douleur, qu'il ne me repasse que le moment où je croyais qu'il y avait encore une chance de survie.
Jamais il ne me repassait mon réveil à l'hôpital entouré de ma famille, après que les pompiers aient dû m'endormir de force. Je ne revoyais jamais le soulagement sur le visage de mes frères, de mon père, de ma mère puis leur peur, leur tristesse quand ils devaient m'apprendre la mauvaise nouvelle. Jamais, je ne me revoyais hurlant à plein poumon, pleurant tout ce que j'avais quand je refusais de croire que Law n'était plus, quand on m'apprenait qu'il n'avait pas survécu à ses blessures. Que le traumatisme crânien et le poumon perforé qu'il avait subi ne lui avait laissé aucune chance de survie, qu'il était mort avant même d'arriver aux urgences.
Je ne rêvais jamais non plus, des retrouvailles avec son père adoptif Roccinante qui était aussi effondré que moi, ni de celle avec ses amis qui n'arrivaient pas à croire que leur ami n'était plus de ce monde. Je ne revoyais jamais non plus le procès de la nana qui avait grillé ce feu rouge à cause de la drogue et m'avait enlevé l'homme que j'aimais, je ne revoyais pas non plus l'enterrement, mes derniers « je t'aime » donnés à un cercueil noir brillant. Et je ne rêvais pas non plus des longs mois de dépression qui avait suivi sa mort. Je m'étais tellement laissé glisser au fond du trou que je crois sans mes frères, je ne m'en serais pas sortie. Si Ace n'avait pas poussé une gueulante un jour en me demandant si je pensais réellement que c'était ce qu'aurait voulu Law pour moi, jamais surement je n'aurais réussi à remonter la pente.
Cette dispute m'avait sortie de mon état fantomatique et petit à petit j'avais recommencé à vivre, voyant de nouveau mes amis que j'avais laissé de côté trop longtemps après ma perte. Car Ace avait raison, c'est ce que Law aurait souhaité, il aurait voulu que je vive heureux même après lui, que je retombe amoureux… Alors c'est ce que j'ai fait, même si ça n'a jamais été plus pareil. Car jamais aucun d'eux n'a été lui.
On s'était rencontré dans la vingtaine, j'étais jeune sapeur-pompier et il était chirurgien à l'hôpital du coin. Un jour lors d'une intervention qui a mal tourné j'ai dû finir opérer en urgence, c'est lui qui m'avait pris en charge. Il m'avait sauvé la vie et s'était chargé de mon suivi opératoire. J'avais immédiatement flashé sur cet homme grand, brun, aux yeux mordorés et au multiples tatouages. Il avait une prestance folle et dégageait un sentiment de sérénité, de sécurité qui m'apaisait. Law était calme, réfléchi, posé, intelligent, taciturne… Bref, tout mon contraire. J'étais littéralement son opposé, j'étais énergique, atteint d'hyperactivité, d'un trouble de l'attention, doublé d'un haut potentiel que je n'avais jamais su gérer. Ce n'est pas que je n'étais pas intelligent, c'est juste que j'étais incapable de me concentrer sur quelque chose qui ne m'intéressait pas, et je ne m'intéressais pas aux mêmes choses que les autres. Je m'intéressais aux petites choses, aux choses insignifiantes. J'étais également hypersensible et à l'écoute des sentiments des autres, parfois même un peu trop. On disait souvent de moi que j'étais enfantin, naïf, têtu… Même encore aujourd'hui. Mais c'était ma personnalité explosive qui m'avait permis d'oser l'inviter un jour pour le remercier et pour espérer apprendre à plus le connaitre. Bien entendu, il avait refusé disant que ce n'était pas professionnel. Puis comme si le destin voulait qu'on finisse ensemble, on s'était rencontré un jour dans ce bar gay que je fréquentais plus ou moins régulièrement avec mes amis. Je l'avais vu au bar, son aura sombre attirant tous les regards et je n'avais pas hésité à l'aborder, lui disant que cette fois il n'avait aucune raison de me refuser. Il avait alors ri, du rire le plus mélodieux que je n'ai jamais entendu de ma vie et avait accepté ma proposition.
Personne ne croyait que notre couple tiendrait quand on a commencé à sortir ensemble, on était trop différent pour les autres. Et ils avaient raison, on était deux pôles diamétralement opposés, mais c'est ce qui faisait notre force. Law m'apaisait et me concentrait comme jamais personne n'avait réussi à le faire et j'apportais un peu de piquant à sa vie, bosculant son quotidien un peu trop morne parfois. Il me disait toujours que j'étais son soleil, sa petite boule d'énergie et de chaos qui venait chambouler tout son quotidien. Aux yeux des gens Law était surement quelqu'un d'ennuyant, de trop sérieux, de trop terne, de peu aimant mais ils avaient tous faux. Law était juste un admirateur silencieux de la vie, il aimait les choses simples, il aimait sa vie tranquille certes, mais ne voyait pas d'objection à ce qu'elle soit bosculée. Il est vrai qu'il n'était pas très sociable, qu'il était introverti, alors que moi j'étais extraverti et avec plein d'ami, mais Law donnait tout pour ceux qu'il aimait. Et c'est vrai que s'il l'exprimait peu avec les mots, il parlait via ses multiples attentions. Il était très certainement l'homme qui m'avait le plus prouvé qu'il m'aimait à travers ses gestes. Il avait cette façon de me regarder, de me tenir dans ses bras comme si j'étais la chose la plus précieuse au monde qui me faisait toujours me sentir spécial et ce même quand on se chamaillait et se taquinait. On passait notre temps à se chercher comme un vieux couple, ce qui faisait toujours rire tout le monde. Ils disaient qu'on avait notre façon bien à nous de nous aimer, et c'était vrai. C'était peut-être bizarre, non conventionnel pour beaucoup mais on s'aimait ainsi.
Parfois, même encore aujourd'hui lorsque j'étais seul chez moi, je repensais à la façon qu'il avait de me prendre dans ses bras le matin quand je me levais avant lui pour préparer le petit déjeuner. Il venait me prendre par derrière, plaquant mon dos contre son torse, déposant un léger baiser papillon dans mon cou. Des fois, je le revoyais s'installer sur le canapé avec un plaid et un bol de popcorn m'attendant impatiemment pour un film ou une série. Et d'autre fois encore, je rêvais de comment on faisait l'amour, de combien on s'aimait. C'était des moments, des choses, des sensations que je ne voulais pas oublier malgré les années, malgré que je trouvais parfois cela malhonnête envers mon partenaire actuel et Dieu seul sait à quel point ça était dur de passer après lui.
Etrangement, je ne sais pas si c'est que je cherchais totalement son opposé pour éviter le plus de comparaison possible, ou s'il était le seul introverti suffisamment taré pour me faire une place dans sa vie, mais je n'ai plus jamais retrouvé l'amour avec quelqu'un de son tempérament. Tous mes autres copains me ressemblaient bien plus, me correspondait plus selon les dires des gens, mais c'est justement ce qui n'allait pas. Aucun d'eux n'était Law, aucun d'eux n'était capable de m'offrir le même genre d'attention que lui m'offrait. On était dans des relations étonnamment plus houleuse alors qu'on se ressemblait plus, où les mots avaient plus d'importance que les gestes, et ou parfois du coup les mots mentaient.
Mes deux premiers petits copains qui suivaient Law me trompaient. Avec le recul je ne leur en voulais pas, je me serais surement trompé aussi si je le pouvais à l'époque. J'étais encore en deuil et il y avait plein de truc que je ne tolérais pas. Par exemple, aucun d'eux n'avait le droit de me prendre dans ses bras par derrière, surtout au réveil, car c'était un truc que je ne partageais qu'avec Law. Et il y avait plein de truc comme cela, je me souviens que mon meilleur ami Zoro m'avait dit que ce n'était pas sain, que je ne pouvais pas continuer comme cela et il avait raison. Alors j'étais allé voir un psy. Un psy qui m'avait dit que je devais accepter de laisser Law partir, que je devais accepter de m'ouvrir à nouveau à d'autre, accepter que ces marques d'affection n'était pas propre qu'à lui.
Et je l'avais fait, petit à petit j'avais laissé mes amants prendre de plus en plus de place dans ma vie, jusqu'à Kid avec qui j'étais depuis maintenant sept ans et avec qui je vivais depuis cinq ans. Kid était un espèce de gorille géant aux cheveux rouges flamboyant, aux yeux noisette presque rouge et un extraverti, grande gueule de première. Au début on ne s'entendait guère quand il me draguait et finalement je lui avais laissé une place dans ma vie et dans mon cœur. Notre relation était souvent houleuse, peu reposante et on partait facilement au clash, Kid et moi ayant de fort égos – surtout lui à vrai dire – mais on s'aimait. Il était ma relation la plus longue depuis Law et aussi la deuxième à qui je ne parlais pas de mon accident. Bien sûr il savait que j'avais eu un accident de voiture il y a très longtemps, à cause de la cicatrice que je portais à la cuisse gauche depuis. Mais il ne savait pas ce que j'avais perdu ce jour-là. J'avais refusé de lui dire, et mes amis, ma famille avait accepté mon choix. Pour moi le dire revenait à réveiller de vieux souvenirs douloureux, à admettre que cela comptait encore et en soit ça comptait encore, car même aujourd'hui je continuais à en rêver à intervalle plus ou moins régulier mais je ne voulais plus que ça m'impacte comme ça m'avait impacté pendant des années. Je ne voulais plus entendre un seul de mes petits amis se plaindre que j'aimais toujours un fantôme. Et en soi c'était vrai, peu importe les années, les thérapies j'avais fini par comprendre que j'aimerais toujours Law. Il est et resterai toujours le grand amour de ma vie, celui avec qui je me voyais finir ma vie, celui avec qui je voulais me marier, potentiellement adopter pour fonder une famille. Mais ça ne voulait pas dire pour autant que je n'aimais pas mes autres partenaires et en l'occurrence Kid. Juste, c'était différent, moins fort peut être aussi, mais je l'aimais, à ma manière et je savais qu'il me le rendait bien.
Alors, sortant de mes noires pensées, je quittais enfin la douche, mon esprit de nouveau ancré dans le présent. M'essuyant tranquillement, je m'habillais d'un simple pantalon gris et d'un t-shirt noir, me rendant dans la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Me concentrant sur ma tâche, ne pensant à rien je ne remarquais pas immédiatement Kid, jusqu'à ce qu'il me bouscule doucement, me faisant grogner avant d'esquisser un sourire complice.
- Ça va mieux ? Me demandait-il en venant déposer dans un simple baiser, ses lèvres sur les miennes.
- Ouai… Mais pourquoi ça n'irait pas ? Questionnais-je en relevant un sourcil intrigué.
- Ce matin tu n'étais pas bien. Répondait-il vraiment inquiet ce qui était rare venant de lui.
- Oh ça… Juste un mauvais rêve. Esquivais-je la question.
- Je vois… Marmonnait-il, m'offrant un de ses rares regards où j'avais l'impression qu'il sondait mon âme.
- Café et gaufre ? Proposais-je, souhaitant mettre un terme à cet échange qui me mettait mal à l'aise.
De temps en temps, Kid avait ce regard sur moi quand je me perdais ou rêvais à nouveau de Law qui me laissait presque croire qu'il en savait plus qu'il ne le disait. Mais je savais que c'était faux, je m'étais déjà assuré plusieurs fois que jamais personne ne lui avait parlé de tout l'accident.
- Avec joie ! Tu passes l'après-midi avec tes frères, Zoro, Sanji et Nami aujourd'hui c'est ça ? Retrouvait-il son air jovial et bourru habituel.
- Ouai… Ça fait longtemps qu'on n'a pas eu l'occasion d'avoir un jour de repos en même temps. Souriais-je.
Ahaha c'est vrai. Je vous rejoindrais surement ce soir, je dois à tout prix finir cette voiture que m'a amené un client friqué, sinon je vais en entendre parler pendant les dix prochaines années par mon patron. Râlait Kid.
Son mécontentement manifeste me fit rire. Kid était mécanicien pour un des plus gros garages de luxe de la ville, et il pestait très régulièrement contre les demandes plus ou moins farfelus de ses clients riches. Des fois, il me racontait de ces scènes tellement drôles, que j'aurais tout donné pour être une petite souris et y assister. Le pauvre, lui et son caractère pet sec devait composer en permanence avec des richous.
Faussement agacé par mes moqueries, il venait me coincer entre son corps et la table, ses yeux brillant d'une profonde luxure qui me faisait déglutir d'envie, d'impatience. Et j'accueillais avec volontiers ses lèvres contre les miennes, nos langues entamant bientôt un baiser endiablé, mais dès qu'il passait ses mains sous mon t-shirt, ses doigts caressant ma peau, effleurant ma cicatrice sur le torse, celle que Law avait soigné lors de notre première rencontre, je me figeais. Curieux, de me voir tout d'un coup aussi inactif, Kid m'offrait un regard suspicieux, ses sourcils se fronçant en signe d'incompréhension. Et je le comprenais parfaitement, il y a quelques secondes j'étais prêt à ce qu'on fasse l'amour et désormais j'étais totalement tétanisé, surement avec un regard un peu fou, perdu dans la vague.
- Désolé… Je ne sais pas ce qui m'a pris. Secouais-je la tête, essayant de me remettre les idées en place, mentant ouvertement à mon compagnon, tentant de reprendre là où on venait de s'arrêter sans réel envie.
- Hé ne t'en fais pas ça va. Tu as mal dormi, tu es fatigué c'est normal. On a tout le temps de faire ça plus tard. Me refusait gentiment Kid, comprenant que ce n'était pas forcément le bon moment pour moi.
Kid m'offrait un baiser sur le front et je lui rendais un pâle sourire en retour, un léger sentiment de culpabilité prenant place dans mon cœur. A chaque fois que je rêvais de l'accident, ou même de Law, j'étais incapable d'aller jusqu'au bout avec Kid. C'est comme si la sensation de tromper mon partenaire m'envahissait et que je ne pouvais lutter contre. Pourtant je savais que ce n'était pas le cas, je savais que je ne trompais pas Law. Après tout, on ne peut pas tromper un mort. Soupirant, me disant que j'étais vraiment ridicule, je me mis à rire en le sentant me chatouiller les côtés, le remerciant intérieurement de me changer les idées et de savoir se montrer compréhensif par moment.
Quand on terminait notre petit déjeuner, je me sentais déjà plus serein, la tête moins pleine de remord, de tristesse et de « et si… » Fuyant notre appartement, je me dépêchais de rejoindre mes amis et mes frères pour notre rendez-vous. On se retrouvait tous dans le restaurant de Sanji « All Blue » qui était fermé aujourd'hui et j'avais hâte de tous les voir. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu Nami et Zoro, ainsi que mon frère Sabo. Il faut dire qu'on avait tous une vie très remplie. Les seuls que je voyais vraiment régulièrement étaient Ace mais parce qu'on était tous les deux pompiers dans la même caserne, et Sanji parce qu'on passait notre temps chez lui pour manger.
Me dépêchant, je laissais une légère grimace de déception envahir mon visage en voyant que j'étais le dernier arriver. Je pensais au moins arriver avant mon meilleur ami Zoro, qui était un vrai boulet en matière d'orientation.
- Salut tout le monde ! Saluais-je rapidement mes compagnons déjà installés à une table, un jeu de société ouvert devant eux.
- Oh Luffy tu en as mis du temps. S'écriait Zoro, m'offrant une accolade amicale.
- Je suis tellement déçu d'être arrivé avant toi tu n'imagines même pas. Riais-je, faisant grimacer mon ami aux cheveux verts.
- Tais-toi donc morveux. Bougonnait Zoro, me faisant encore plus rire.
- Luffy ça fait tellement longtemps. Ça va ? Me saluait Nami.
- Oui et toi ? La station météo se porte bien ? La taquinais-je faisant référence à son métier de météorologue qui lui prenait tout son temps.
- A la perfection. Se vantait-elle presque.
- Mon petit frère préféré. Me serrait dans ses bras à mon tour Sabo.
- Ahaha je suis ton seul et unique petit frère andouille. Riais-je en lui rendant son étreinte.
- Hé Luffy comment ça se fait que tu sois en retard ? Tu m'avais pourtant envoyé un message super tôt ce matin… Kid t'as retenu ? Me charriait Ace notre ainé, ses sourcils jouant entre eux d'un air complice.
- Ahaha non… Il aurait aimé mais non. Riais-je.
- Quoi tu as repoussé ton homme ? N'as-tu pas honte, mécréant. S'offusquait faussement Sanji qui ne m'avait pas encore salué.
- Pourtant j'en avais envie crois moi. Lui tirais-je la langue, faisant rire le blond.
- Bah alors pourquoi tu as dit non ? Tu n'étais pas à cinq minutes de retard près. Continuait de me chambrer Ace.
Et alors que j'allais répondre un truc drôle une fois de plus, je me rappelais pourquoi j'avais repoussé Kid ce matin et je restais muet, mon regard se voilant légèrement, se perdant de nouveau dans ce souvenir qui ne cesserait jamais de me hanter. Remarquant mon trouble, mes amis et ma famille s'inquiétaient immédiatement.
- Hé Luffy ça va ? Tout va bien avec Kid ? S'inquiétait immédiatement Ace.
- Ouai… Ouai… Ne t'en fais pas. Tentais-je de le rassurer, espérant qu'il passerait à autre chose.
Mais je savais qu'il ne le ferait pas, mes proches avaient toujours eu du mal avec Kid. Bien sûr avec le temps ils avaient fini par l'accepter et ne disait plus grand-chose et il appréciait le rouge dans une certaine mesure. Mais nos nombreuses disputes, parfois encore régulière, la violence verbale dont il pouvait faire preuve lors d'excès de rage sans compter le fait qu'il avait déjà cassé du mobilier chez nous, les rendaient toujours méfiant. La peur qu'un jour Kid ne devienne violent avec moi les habitants toujours, peu importe combien je leur soutenais que jamais il n'irait jusque-là.
- Luffy tu peux tout nous dire tu sais ? Insistait à son tour Sabo, son regard brillant d'inquiétude.
- Je sais… Juste… J'ai fait un mauvais rêve cette nuit. Ou plutôt j'ai revécu un mauvais souvenir. Soupirais-je.
- Oh Lu… Se montrait compatissante Nami, en me prenant dans ses bras, sachant parfaitement de quoi je parlais.
- Désolé, je n'aurais pas dû insister. S'excusait Ace.
- Tu ne pouvais pas savoir… Puis ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Haussais-je simplement les épaules, leur disant de façon indirecte que je ne souhaitais pas en parler plus.
Et aucun d'eux n'insistaient. Tous mes proches étaient au courant de mes cauchemars plus ou moins récurent sur Law, sur mon amour qui n'était jamais véritablement passé, malgré le nombre des années et le fait que je sois passé à autre chose. Juste c'était comme ça et tout le monde faisait avec. Parfois c'était plus dur que d'autre, mais dans tous les cas plus personne n'en parlait. Après tout le passé était passé. Même si quand j'y pensais, jamais ma famille et mes amis n'auraient réagi ainsi si la situation avait concerné Law.
La première mauvaise impression passée, que Law renvoyait quasiment toujours auprès des inconnus à cause de son étrange aura sombre et de ses multiples tatouages qui lui donnait un look de bad boy, tout le monde dans mon entourage avait fini par l'aimer. Une fois qu'ils avaient tous compris que malgré nos différences, on s'aimait profondément et on arrivait à vivre en harmonie ensemble, tout le monde l'avait accepté avec joie. En même temps, il fallait être fou pour ne pas accepter l'une des rares personnes qui savait me canaliser. Son tempérament calme, posé ont fait que jamais personne n'ait douté de lui et de ma sécurité, et ce malgré nos multiples taquineries, qui étaient selon les autres adorables.
De temps en temps, je regrettais que mes proches et surtout ma famille, n'accepte pas aussi bien Kid, mais je les comprenais. Je n'étais pas sûr moi-même que j'accepterais le rouge si on venait se plaindre régulièrement de ses colères dantesques. Et pourtant, il savait être compréhensif quand il le voulait, comme ce matin, juste il fallait qu'il soit bien luné et ça je devais l'admettre ça n'arrivait pas souvent. Pourtant plus le temps passait, plus il apprenait à mettre de l'eau dans son vin. Ça faisait bien un ou deux ans qu'on se disputait beaucoup moins, bien qu'il y ait toujours des excès de colère des deux côtés. Mais Kid réussissait à être plus patient dans une moindre mesure et il ne s'était jamais plain des doutes de ma famille, il avouait lui-même ne pas être facile à vivre.
Alors quand en fin d'après-midi il nous rejoignait pour prendre un verre avec nous et que mes proches lui offraient tout juste une salutation cordiale il ne s'en formalisait pas. Il se contentait juste de les ignorer, plantant un petit baiser sur mes lèvres, s'asseyant à côté de moi, prenant simplement de leur nouvelle. Méfiant mais pas non plus totalement médisant, tout le monde lui répondait rapidement, discutant rapidement avec une joie contenue avec lui. Nami expliquait à quel point c'était dur de se remettre dans les couches et les biberons six ans après son premier enfant, elle et son mari Pauli ayant eu leur dernier né il n'y a pas longtemps. Sanji et Zoro qui étaient également tous les deux en couples avec respectivement Violet pour Sanji et Peronna pour Zoro s'accordaient à dire qu'ils ne recommenceraient plus l'aventure du nourrisson passait quarante ans. Cela fit rire Kid qui demandait à Zoro, si son petit garçon était aussi fan de kendo que son père. Les deux hommes fans de sports de combat partaient donc dans une discussion sans fin qui me fit sourire. Pendant ce temps, j'en profitais pour demander à Sabo si ses révisions pour passer d'avocat à juge se passait bien et si Koala arrivait à gérer la maison avec lui moins présent.
- Et vous est ce que vous comptez adopter ? Ça fait longtemps après tout que vous êtes ensemble. Demandait subitement Zoro à Kid sans aucun jugement, amenant le silence sur toute la table.
- Hé bien non. Je ne suis pas vraiment fan des enfants, l'instinct paternel très peu pour moi et Luffy aussi. Riait Kid, amusé par la question.
- Quoi sérieusement ? Mais Luffy tu voulais adopter avant ! S'écriait Nami surprise par la réponse de Kid, avant de brutalement plaquer ses mains sur sa bouche en réalisant sa gaffe.
- Hein ? Tu voulais adopter ? Mais tu ne m'en as jamais parlé. Tu disais même au contraire que c'était bien de ne pas le faire. S'étonnait Kid, n'en revenant pas.
- Oh c'était il y a longtemps… Tu sais quand j'étais jeune… Maintenant ça me dit vraiment plus. Esquivais-je maladroitement la question, refusant de regarder Kid dans les yeux alors qu'il me fixait avec attention.
- Tu ne me mens pas ? Insistait Kid.
- Quoi ? Non bien sûr que non. Me tournais-je enfin vers lui, espérant calmer ses doutes sans pour avoir autant besoin de m'expliquer plus.
Plongeant mon regard dans le siens, je déglutissais bruyamment en le voyant me fixer de ses yeux rubis, m'attendant presque à une nouvelle dispute. Mais après une étude minutieuse, il finissait par soupirer, abandonnant la partie. Je me relâchais alors à mon tour, heureux de devoir esquiver une explication gênante où je devrais lui avouer que oui un jour je m'étais vu adopter mais pas avec lui. Heureusement, Ace me sauvait la vie en me voyant en détresse, en partant dans de grande explication de à quel point l'adoption c'était la galère de toute façon niveau paperasse et que lui et Marco avait cru devenir dingue en faisant ce choix. Riant à ses péripéties, je profitais que l'attention soit tournée vers lui pour glisser ma main dans celle de Kid, lui offrant un petit sourire tendre auquel il me répondit gauchement, me faisant rire. Décidemment peu importe les années il resterait toujours maladroit dans les marques d'affection.
La soirée durait encore un peu, avant que tout le monde ne rentre chez soi. Me baladant main dans la main avec Kid, je lui demandais avec impatience comment s'était passé son rendez-vous client finalement et le pauvre partait une fois de plus dans une explication excentrique. Le pauvre avait dû refaire tout le parechoc de la voiture d'un vieux riche qui finalement une fois arrivé au garage avait tapé un scandale car il trouvait que la peinture ne correspondait pas, alors que c'était exactement la même référence. Au final, Kid se retrouvait donc à refaire toute la peinture de la voiture. Son air exaspéré me faisait rire et malgré ses plaintes je ne pouvais m'empêcher de me moquer de lui. Mais j'imaginais trop bien la scène et le visage rouge vif de mon amant devant prendre sur lui pour ne pas fracasser la tête de ce monsieur contre le capot de sa voiture.
Agacé que je me moque de lui, Kid se mit à me chatouiller en pleine rue, provoquant des cris de protestation mélangés à des rires. Les passants nous regardaient étrangement avant de sourire et de pouffer en me voyant prendre la poudre d'escampette, Kid sur mes talons me menaçant de représailles douloureuses. Slalomant rapidement entre les rues, je ne cessais de rire heureux de vivre le moment présent, pouffant en réalisant que malgré ma petite taille je restais toujours bien plus rapide et agile que lui.
Finalement, je rentrais à la maison sans trop de difficulté, Kid ne réussissant pas à me rattraper. Et je l'attendais patiemment assis sur notre canapé, un verre d'eau à la main. Le pauvre ne me rejoignait que quelques minutes plus tard, tout essoufflé et je riais sous cape en le voyant peiner à reprendre sa respiration.
- C'est de la triche… Tu es… Pompier… Tu as une bien meilleure condition physique que moi. Se lamentait Kid, me faisant glousser.
- C'est vrai… D'ailleurs si tu veux je peux te montrer jusqu'à quel point j'ai une bonne condition physique. Me révélais-je soudain taquin, ouvrant en grand mes jambes, l'invitation clair comme de l'eau de roche.
Ravi de me voir prendre l'initiative après mon refus de ce matin, les yeux de Kid se mirent à briller d'une lueur dangereuse qui me fit frissonner d'impatience de la tête au pied. Se léchant inconsciemment la lèvre inférieure en signe d'envie, il s'avançait vers moi dangereusement me faisait doucement sourire et je l'accueillais avec joie. Se jetant sur ma bouche je laissais un petit gémissement de plaisir s'échapper de mes lèvres en l'attirant à moi. Passant mes bras autour de son cou, je l'entrainais sur moi, une de mes mains se perdant dans sa chevelure de feu. Impatient, Kid passait rapidement ses mains sous mon haut, caressant délicatement mes abdos, avant de venir pincer mes tétons, me faisant haleter bruyamment tout contre lui. Ravi de son petit effet, il détachait ses lèvres de ma bouche afin de venir adorer mon cou, y laissant surement des marques au passage. Gémissant, tremblant de plaisir sous lui, je venais me frotter contre lui, profitant avec délectations de la friction entre nos deux entre jambes.
- Tu me rends fou… Soupirait Kid, ses yeux recouverts d'un voile de plaisir.
- C'est le but. Me moquais-je, en venant lécher son cou, mes mains venant dégrafer sa chemise.
- Je veux te baiser maintenant. Se faisait-il pressant, son souffle de plus en plus court.
- Alors fait le. Le mettais-je au défi, le désirant tout autant que lui me désirait.
Immédiatement Kid se relevait en me portant dans ses bras, l'une de ses mains se glissant je ne sais comment sous mon pantalon pour venir agripper mes fesses, me portant jusqu'à notre chambre. Nous laissant tomber sur le lit, on se dépêchait de retirer nos vêtements à la hâte, notre désir se faisait de plus en plus grand. Et bientôt on ne fut qu'un désordre de membres enlacés, gémissant bruyamment en cœur, Kid laissant échapper des mots sales auquel je réagissais avec bonheur. On ne perdait pas de temps en préliminaire interminable ce soir, le besoin de le faire de façon brulante et violente étant le plus fort et ce fut incroyablement intense, à tel point qu'on dû tous les deux patienter un long moment avant d'être de nouveau capable de bouger une fois tout cela terminé.
- Tu m'as épuisé, si demain je marche mal au travail c'est ta faute. Le grondais-je faussement en venant me blottir contre lui, passant un de mes bras par-dessus son torse, ma tête venant reposer contre son épaule.
- Ahaha… j'en serais ravi. Se moquait-il de moi, avant de devenir subitement tendre, m'offrant un regard qu'il n'avait que peu souvent. Je t'aime Luffy.
- Je t'aime aussi Kid. Murmurais-je sincère en réponse, avant de sombrer dans un paisible sommeil sans songe.
Comme je l'avais prédit, le lendemain j'éprouvais quelques difficultés à marcher ce qui fit rire mon frère et d'autre collègue au boulot, ce qui leur valu une bonne douche à la lance à incendie sous les plaintes de notre supérieur qui criait au scandale, disant que nous n'étions plus des enfants. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est que malgré nos quarante ans passés à tous, parfois même cinquante pour certain on resterait éternellement des grands enfants.
Je reprenais tranquillement ma petite routine, sans que plus aucun mauvais rêve ne vienne me perturber. Vivant ce qu'on pourrait appeler ma meilleure vie, je jonglais entre mes amis et mon compagnon, fêtant avec joie son anniversaire en compagnie de ses amis à lui. Kid fêtait actuellement ses 47 ans et pour l'occasion son meilleur ami Killer nous avait offert un voyage en bord de mer dans une des îles les plus côtés. On avait fêté tout cela avec joie et profitait du séjour avec délice, appréciant avec délectation cette pause dans nos vies. A vrai dire, on avait tellement du mal à réaliser qu'on devait reprendre notre vie normale une fois revenue de vacances, qu'on s'était accordé une semaine rien que tous les deux en tête à tête sans voir personne d'autre, enchainant les sorties au restaurant et au cinéma. Kid n'hésitant pas à se montrer plus affectueux que ce qu'il ne l'était habituellement sur cette semaine-là. Mais bon aussi attendrissant que cela soit, Kid reprenait bien vite ses manies de bourrins qui m'énervait autant qu'elle me plaisait. Vivre avec un homme ayant la sensibilité émotionnelle d'une petite cuillère quand on était hypersensible comportant pas mal d'incompréhension, mais heureusement pour moi comme je disais depuis quelque temps on gérait beaucoup mieux tout cela. Je ne sais pas exactement à partir de quand Kid a cessait d'exploser pour tout et n'importe quoi, mais ça ne le rendait qu'encore plus attachant à mes yeux. Et le voir montrer de plus en plus d'émotion au fil des ans, me rassurait dans mon choix de rester avec lui malgré les nombreuses montagnes russes qu'avaient pu vivre notre relation.
Je pestais d'ailleurs déjà intérieurement depuis mon lit d'hôpital où je devais attendre le médecin en charge de me recoudre le bras suite à un accident mineur au travail, en attendant Kid hurlait qu'on le laisse me voir. Sérieusement… Il me foutait vraiment la honte, aussi satisfaisante était la sensation de le voir paniquer pour ma santé.
- Mais quel boucan ! Râlait le médecin qui venait me soigner.
- Ahaha je vous le confirme, je vous donne l'autorisation de le mettre dehors. Riais-je, compatissant pour ce pauvre personnel médical.
- Ahaha merci, je transmets l'information à mes collègues immédiatement, en lui disant que l'ordre vient de vous. Riait le médecin bon joueur.
Lorsqu'il se retournait vers moi je me figeais et lui aussi. Face à moi se trouvait un homme pas très grand aux cheveux châtain, tendant vers le roux et au grand yeux marrons. Le visage légèrement plus rond que dans mes souvenirs, mais toujours avec ce menton pointu et ce nez aquilin, je le reconnaissais immédiatement. Mon cerveau me ramenait directement des années en arrière, à une époque où on se fréquentait souvent. Je me souvenais parfaitement des soirées qu'on faisait tous ensemble où je devais parfois l'aider à rentrer, de ces moments où on le réconfortait car il venait encore de se prendre un râteau, je me souvenais des rires, des cris, des effusions de joie et puis je me souvenais des pleurs et de la dernière fois où on s'était vu, devant un cercueil noir comme la nuit.
- Sachi ! Murmurais-je abasourdi.
- Luffy ! Disait en même temps que moi mon médecin du jour.
Se fixant mal à l'aise, ne sachant trop quoi dire, Sachi s'avançait vers moi, et je lui tendais mon bras, lui indiquant silencieusement de commencer son travail. Un silence pesant et interminable régnait entre nous. Aucun de nous deux ne savaient quoi dire pour casser la glace, les années sans nouvelle n'aidant pas. Et en même temps que pouvais-je dire au meilleur ami de mon amant décédé ? Que pouvais-je lui raconter après avoir coupé les ponts avec eux tous lâchement, ne supportant plus de fréquenter quiconque me rappelait Law.
- Tu as l'air d'aller bien… Enfin je veux dire hormis ton bras. Finissait par rompre le silence Sachi, m'offrant une brève œillade, avant de se reconcentrer sur sa tâche.
- Toi aussi… Tu es toujours médecin. Lâchais-je bêtement.
- Comme tu peux voir. Souriait maladroitement l'homme.
- Excuse-moi, réflexion stupide. M'empourprais-je, rouge de honte et de gêne. Décidemment je n'étais vraiment pas doué.
- Ahaha ce n'est rien… Tu as un nouveau compagnon de vie comment dire… Très bruyant. Tentait un vague trait d'humour Sachi, essayant de détendre l'atmosphère par le rire.
- Mes amis disent qu'on se ressemble, peut-être même un peu trop sur certain point. Riais-je doucement. Et toi enfin cassé ? Demandais-je réellement intéressé.
- Ahaha oui. J'ai enfin fini d'écumer les bars. J'ai fondé une famille même. M'avouait Sachi visiblement heureux.
- C'est génial, je suis vraiment content pour toi. Souriais-je sincère.
- Merci… Et toi ? Des enfants ? Poursuivait la conversation maladroite Sachi.
- Non… Kid n'en veut pas et euh… On s'est rencontré un peu trop tard pour adopter je pense. Répondis-je gêné.
- Je vois… C'est donc juste vous deux. Souriait Sachi d'un air mélancolique.
- Ouai…
Notre conversation bancale retombait comme un soufflet et aucun de nous deux ne semblaient prêt à la relancer. Sachi se concentrait sur le fait de soigner mon bras, pendant que moi je l'observais à la dérobe, me demandant ce qu'il pensait réellement de tout ça, de cette rencontre, de moi après toutes ces années. Et sans même que je puise le retenir ma voix s'exprimait toute seule.
- Je suis désolé. M'excusais-je.
- Pour ? Demandait Sachi en relevant le regard vers moi, ne comprenant vraiment pas la raison pour laquelle je m'excusais.
- Pour avoir coupé les ponts après l'accident. Ce n'était pas très honnête de ma part. Précisais-je, en détournant les yeux la honte m'envahissant.
- C'est bon Luffy, chacun gère le deuil à sa manière. Je comprends que tu n'es pas voulu garder contact avec nous, vraiment. On a tous compris tu sais. Me rassurait Sachi, m'offrant un regard compatissant et sincère.
- Comment va Roccinante ? Osais-je demander.
- Il va bien… Enfin autant qu'un vieux. Pengouin et moi on va le voir assez régulièrement, tu sais histoire qu'il ne se sente pas trop seul. M'expliquait Sachi.
- Il est toujours fâché avec son grand frère ?
- Plus vraiment… Après Law ils ont en quelque sorte fait la paix. Doffy s'en veux d'ailleurs beaucoup d'avoir été un parfait connard. M'informait Sachi en haussant les épaules d'un air résigné.
- Je vois… Soupirais-je, ravi d'apprendre que ce vieil homme allait bien.
- J'ai fini de soigner ton bras, je vais te prescrire un arrêt le temps que ça cicatrice et ensuite tu pourras retourner sauver la veuve et l'orphelin. Me taquinait légèrement le châtain, me faisant sourire.
S'éloignant de moi, je l'observais écrire mon ordonnance, marmonnant surement des mots médicaux dans sa barbe. L'observant avec attention, la gêne du début s'envolait presque et je me sentais soudain à l'aise en présence de cet homme que j'avais si bien connu passer une époque et était désormais redevenu un inconnu en quelque sorte. Et une nouvelle fois, sans que je puise le retenir, je lui confiais ce que je ne confiais plus à personne depuis longtemps. Je lui avouais une de mes pensées qui me hantait toujours parfois et que je savais ne cesserais jamais de me hanter malgré les années.
- Parfois j'ai l'impression de le tromper. Avouais-je, blême, toute mon humiliation suintant des pores de ma peau.
Ma soudaine confession stupéfiait Sachi qui cessait tout mouvement, avant de m'offrir un regard triste, un regard rempli de douleur qui me permit de comprendre qu'il savait de quoi je parlais, qu'il savait ce que je ressentais.
- Tu ne devrais pas… Law aurait voulu que tu sois heureux avec un autre après lui. Je le sais. Affirmait Sachi.
- Je le sais aussi… Et ça m'arrive très rarement de me sentir coupable. Mais juste parfois… Je rêve de lui, de nous, de l'accident et je me sens mal pendant quelques heures quand je réalise que ce n'est plus lui à côté de moi. Me confiais-je.
- Je vois… En fait, je crois savoir ce que tu ressens. Il m'arrive aussi parfois de me sentir coupable d'être heureux et de vivre pleinement ma vie alors que lui n'est plus là. Je vais passer devant un truc qui va me le rappeler et juste je vais… Enfin bref tu vois n'est-ce pas ? Se confessait à son tour Sachi.
- Ouai… Mais il aurait aussi voulu que vous aussi soyez heureux. Lui lançais-je au visage ses propres paroles.
- Je sais… Mais rassure-moi tu l'aimes ton homme ? Cette espèce de gorille. Riait doucement Sachi, des larmes brillant dans ses yeux.
- Oui ! Oui bien sûr. Juste c'est un amour différent et je… Enfin, comment dire ça sans que ça paraisse trop étrange. Me débattais-je avec les mots.
- Tu aimeras toujours Law. Me coupait Sachi.
- Ouai…
- Je comprends. A vrai dire, c'est même surement normal votre relation n'a pas pris fin à cause d'une rupture et puis… Merde il avait ce truc quoi. Riait jaune Sachi.
- Il avait ce truc ouai. Baissais-je les yeux, repensant une fois de plus à son aura magnétique, cette aura qui m'avait immédiatement attirée vers lui.
- Je te jure, si le paradis existe et qu'il nous voit il doit bien se moquer de nous. Riait Sachi, peinant de plus en plus à retenir ses larmes.
- Il doit même nous engueuler d'être aussi stupide je pari. Riais-je à mon tour, l'émotion me gagnant de plus en plus.
- C'est certain… Aller file ! Et sèche moi tes larmes, je ne veux pas que ton petit ami vienne me casser la figure en pensant que je t'ai fait pleurer. Me virait gentiment Sachi, non pas par méchanceté je le savais, mais par pudeur. Il ne voulait pas pleurer ouvertement devant moi.
- Ahaha promis. Et euh Sachi… Ravi de t'avoir revu. Le saluais-je avant de m'enfuir, ordonnance en main.
Essuyant de ma manche les légères perles salés coulant de mes yeux, je poussais un profond soupir afin de redevenir maitre de mes émotions, avant de me diriger vers la sortie où m'attendait je le savais Kid et Ace. En me voyant franchir la porte, tous les deux se jetaient sur moi, mais en tant que grand frère protecteur à vie, Ace devançait Kid sous son regard ennuyé. M'enserrant dans ses bras à m'étouffer, je ne pus tenir un petit sanglot, la vague de nostalgie que je venais de me prendre dans la face me revenant de plein fouet. Mes grands frères avaient toujours eu ce pouvoir sur moi et même si c'était souvent libérateur, c'était quelque chose que je ne voulais pas vivre maintenant. Pas face à Kid. Alors je me dégageais rapidement de son étreinte afin de rejoindre celle de mon compagnon, lui offrant un baiser rapide en signe de réconfort, lui signifiant à ma façon que tout allait bien. Mais si Kid n'y voyait que du feu, pensant juste que j'étais secoué par mon accident, Ace savait parfaitement que ce n'était pas ça qui me chamboulait autant. Mon frère me connaissait par cœur et savait lire en moi comme dans un livre ouvert, il savait quand quelque chose me bouleversait vraiment ou non, une partie de son adolescence ayant consisté à savoir gérer mon hypersensibilité. C'était une analyse de lecture de Kid ne possédait pas et ne possèderait sans doute jamais. C'était un bourru souvent peu conscient des sentiments des gens, il lui fallait des années de pratiques pour commencer à comprendre les gens, le prouvait notre relation de sept ans qui fonctionnait réellement bien depuis seulement un ou deux ans. C'était un trait de sa personnalité que j'avais appris à accepter, même si au début ça me rendait fou. Et au fil du temps, je lui avais trouvé un certain intérêt car elle me permettait de me cacher.
- Je te propose un bon bain, un bon film et au lit. Me tentait Kid, se voulant réconfortant.
- Hum… Ça me va mais est ce qu'on peut oublier la partie film ? Je veux juste aller me coucher. Dis-je.
- Bien sûr, tout ce que tu veux Luffy. Resserrait-il sa prise sur moi.
- Ton bras ça va ? S'inquiétait Ace.
- Oui… Ce n'était trois fois rien. Je dois juste attendre deux semaines que ça cicatrice bien avant de reprendre le travail. Lui appris-je, le faisant souffler de soulagement.
- Tant mieux. Bon aller les tourtereaux on y va ? Proposait qu'on s'en aille Ace, me faisant sourire.
Et alors que je marchais tranquillement à côté de Kid, Ace trouvait un prétexte pour me ramener vers lui, nous tirant suffisamment en arrière pour être à l'abri des oreilles de Kid. Mon frère savait que si je n'avais rien dit devant lui, c'est que je ne voulais pas qu'il soit au courant, peu importe la raison.
- Luffy qu'est-ce qui te met réellement dans cet état ? Et ne me dis pas la blessure, je sais que c'est faux. Tu as connu bien pire que ça et tu as gardé le sourire. Me menaçait Ace, me faisant bien comprendre que j'avais interdiction de lui mentir.
- Le médecin qui m'a soigné était Sachi… Le meilleur ami de Law. Soufflais-je, abdiquant, sachant parfaitement que ça ne servait à rien de se battre contre la tête de mule qu'était mon frère.
- Merde… Sifflait Ace, ayant surement l'impression d'avoir fait une gaffe.
- Ne t'en fais pas ça va. Juste c'était un peu gênant au début, puis émouvant vers la fin. On s'est rappelé deux, trois trucs et ça m'a fait me sentir nostalgique. Haussais-je les épaules, mentant en partie sur le vrai sujet de notre conversation.
- Je te comprends, ça a dû te faire bizarre depuis tout ce temps. Réfléchissait Ace.
- Ouai… Vingt ans à peu près. Soupirais-je.
Une fois sorti de l'hôpital, on reprenait chacun la route de notre chez soi et je ne manquais pas de demander à Ace de saluer Marco pour moi, lui souhaitant de passer une bonne soirée. De mon côté je n'avais qu'une hâte me laver et me glisser sous ma couette bien chaude avec mon homme. Et Kid devant voir mon humeur grise et épuisée, décidait de m'offrir dans un élan de bonté extrême un massage. Ne refusant pas la proposition, je me laissais gentiment dorloter, appréciant avec délectation la pression de ses mains sur les muscles de mon dos tout tendu. Je savourais tellement le moment, que je commençais même à sommeiller et ne réalisais même pas que le massage était terminé, jusqu'à ce que Kid ne me rejoigne sous les couvertures, me planquant contre son torse, sa bouche déposant un baiser sur ma tempe, me soufflant un bonne nuit à l'oreille. Lui répondant d'une voix endormie, je savourais sa présence chaleureuse quelques secondes avant de plonger dans le pays des rêves.
Les deux semaines d'immobilité qui suivait mon arrêt de travail me rendait fou. Mon hyperactivité avait besoin de bouger et je devenais dingue à rester enfermé chez moi à rien faire, si ce n'est jouer à la console ou regarder des films et des séries. J'étais tellement surexcité pour un rien que je crus bien que Kid allait me tuer de fatigue, le pauvre je l'épuisais. Pourtant ce n'était pas faute d'essayer de trouver des occupations, j'allais même garder les nombreux enfants de tous mes amis le mercredi mais non rien n'y faisait j'avais besoin de retourner au travail ou de voyager, au choix. Enfin, quelque chose qui me procurait suffisamment d'adrénaline quoi. A un moment donné je rendais Kid tellement dingue que la seule chose qu'il trouvait à faire pour me supporter était soit de m'épuiser avec du sexe, soit de m'envoyer directement passer un jour ou deux chez mon frère Ace, Sabo étant officiellement overbooké par ses révisions. Le malheur de mon petit ami faisait rire beaucoup de monde et notamment son patron Franky qui était aussi un ami à moi, qui se moquait de lui tous les jours. Je crois que c'est dans ces moments-là que Kid se demandait pourquoi il m'aimait, mais bon il pouvait parler, il était très souvent aussi excité que moi, juste il avait son travail pour le canaliser. Sauf que bien évidemment à trop tirer sur sa corde sensible, on finissait par se disputer et même si on ne se parlait plus pendant deux jours, donnant à l'appartement où nous vivions une atmosphère de guerre froide, je savais que cela ne durerait pas.
Et en effet, dès que je retournais au travail tout s'arrangeait et Kid s'excusait pour s'être comporté comme un parfait connard une fois de plus, pendant que moi je m'excusais pour avoir été si insupportable pendant deux semaines. Bien évidemment, pour fêter nos retrouvailles on finissait au lit à s'emmêler à l'infini et je savourais avec délice notre proximité retrouvée. Mes sentiments de tristesse et de culpabilité étaient de nouveau loin derrière moi et je vivais ma vie pleinement, sachant très bien qu'il y aurait de nouveaux de mini bas par moment, mais malgré ça j'étais heureux. Mes amis, ma famille et Kid me rendait heureux. D'ailleurs je prévoyais à l'heure actuelle nos prochaines vacances de couple et j'avais hâte de lui proposer la destination à laquelle j'avais pensé, j'étais persuadé qu'elle allait lui plaire. Mais avant cela je devais me rendre sur un incendie qui ravageait un immeuble.
- Luffy promet moi d'être prudent. S'inquiétait Kid en me voyant me dépêcher pour enfiler mon uniforme en quittant notre lit au milieu de la nuit.
- Je suis toujours prudent Kid. Criais-je en courant à travers tout l'appartement à la recherche de ma veste.
- Je sais… Mais ça à l'air d'être un sacré feu cette fois-ci. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Angoissait mon homme.
- Je sais. Mais ne t'en fait pas tout va bien se passer, des interventions comme ça on en a connu un paquet. Je te promets de vite revenir et si tu es sage, je te dirais peut-être où est ce que j'ai prévu nos vacances. Le charriais-je, revenant vers lui afin de l'embrasser.
- Hum… Vraiment ? Dans ce cas revient vite. Se détendait-il légèrement dans notre baiser.
- Promis. Je t'aime. Criais-je en m'enfuyant à travers la porte, me précipitant pour rejoindre mon frère qui passait me chercher pour aller à la caserne.
- Je t'aime aussi ! Entendis-je Kid me crier au loin, avant que je ne claque la porte de notre chez nous.
Courant jusqu'en bas de la rue, je sautais de façon express dans la voiture de mon frère, celui-ci profitant du mini trajet qu'on avait à faire pour me faire un debrief sur la situation, Ace ayant déjà eu Shank notre chef à tous au téléphone.
- Apparemment le feu s'est rapidement propagé dans les étages de l'immeuble et a fragilisé la structure. M'informait Ace le regard grave.
- Quoi déjà ? M'étonnais-je. Normalement le feu n'aurait pas dû progresser aussi vite et causer autant de dommage matériel déjà.
- Ouai… Il s'agit d'un vieil immeuble avec pas mal de travaux à faire dedans, ceci explique surement cela. Dans tous les cas, ça va être une intervention chaude, surtout qu'il y a des personnes coincées dedans à ce que je sais. Grognait Ace, visiblement peu ravi du sérieux de la situation.
- Autrement dit, c'est un code rouge. Dis-je, faisant référence aux différents noms de code que mon frère et moi on avait donné aux interventions.
- Ouai… Soupirait-il.
Lorsqu'on était devenu tous les deux pompiers avec mon frère, on avait très vite baptisé les interventions en fonction de leur niveau de difficulté et de risque. Code bleu pour les plus simple, code orange pour les moyennes, code noir pour les difficiles et code rouge pour les situations d'extrême urgence où on savait que notre vie pouvait basculer à tout moment. C'était d'ailleurs un code rouge qui m'avait valu ma super cicatrice sur la poitrine. Mais j'avais confiance en nous et en notre professionnalisme, j'étais sûr qu'on allait s'en sortir haut la main. Et puis de toute façon on n'avait pas le temps ni de penser, ni de paniquer une fois à la caserne.
Nous précipitant vers les camions où on rejoignait nos équipes avec Ace, on écoutait avec attention les instructions données par Shanks, hochant simplement la tête en signe de compréhension avant de démarrer. M'installant avec mon frère, on se lançait un regard complice avant de dire à notre collègue et ami Baggy de foncer. Immédiatement l'homme à la chevelure bleu, fonçait tel un fou à travers la ville, le deuxième camion de pompier juste derrière nous.
Quand on arrivait enfin sur les lieux, nos yeux s'agrandissaient d'effroi en voyant l'ampleur des dégâts. Sur l'immeuble de cinq étages, les trois derniers étaient en feu, une imposante fumée noire s'échappant des fenêtres, des habitants refugiés sur les balcons, suppliant pour qu'on leur vienne en aide. Immédiatement en voyant la scène de désolation, on se mettait en action, ne perdant pas une seule seconde pour intervenir.
- Baggy, déploie l'échelle Luffy et moi on monte évacuer les civils prisonniers ! Ordonnait Ace, le bleu se mettant directement au travail.
- A tes ordres ! Criait Baggy, se mettant immédiatement au travail.
Se positionnant avec mon frère on s'offrait un signal avant de grimper à l'échelle, suivi de la deuxième équipe d'intervention. Se répartissant intelligemment les différents étages commençant par les étages les plus à risque, Ace et moi on se relayait pour aider tout le monde à sortir. Ace restait sur l'échelle encourageant les personnes à descendre, pendant que moi je rentrais dans le bâtiment en feu allant chercher les victimes. Bravant le feu, je me dépêchais de faire sortir le plus rapidement possible les personnes, n'hésitant pas à les rassurer afin de les aider à sortir de leur état de tétanie. Parfois, je devais même en porter certain, leurs blessures les empêchant de bouger comme il faut. On réussissait à évacuer en un temps records deux appartements, ce qui nous rendait incroyablement fier mon frère et moi, la sensation de l'adrénaline coulant dans nos veines, mêlé à la fierté et la joie de venir en aide aux autres nous rendant euphorique. Mais on savait qu'il ne fallait pas se relâcher et qu'ils nous restaient encore beaucoup de personnes à évacuer.
On passait donc à l'étage du dessus et immédiatement à peine posais-je un pied dans l'un des appartements, que je sus que la structure était particulièrement fragile à cet endroit-là. Soufflant un grand coup, je me tournais vers mon frère lui signalant l'énorme problème auquel on était confronté. Il m'offrait alors un regard rempli de stress et de peur, mais il me faisait quand même signe d'y aller doucement. Il savait parfaitement que jamais je ne laisserais des gens derrière moi peu importe le danger, et lui non plus ne le ferait pas. Je m'avançais alors prudemment dans l'enceinte de l'appartement, respirant le plus calmement possible, soufflant régulièrement afin de réguler mon rythme cardiaque afin de me concentrer au maximum et de ne pas faire d'erreur. Tendu, je faisais signe aux habitants de ne surtout pas bouger, d'attendre que je vienne jusqu'à eux. Comprenant mon geste de la main, la mère retenait ses deux enfants contre elle, essayant de retenir au maximum ses pleurs de détresse. Une fois arrivé jusqu'à eux, je pouvais voir le soulagement dans ses yeux et je lui offrais mon plus beau sourire afin de la rassurer.
Je vais vous faire sortir d'ici. Mais il va falloir me suivre scrupuleusement et prendre votre temps d'accord ? Je sais que c'est difficile mais le plancher est fragile, le moindre faux mouvement et on risque de passer à travers. Leur expliquais-je.
Je vis la terreur s'imprégner dans les yeux de la femme qui resserrait dans un geste protecteur et inconscient ses enfants contre elle. Néanmoins, elle hochait vivement la tête en signe de compréhension. Je commençais donc à les guider vers la sortie, grimaçant dès que j'entendais le plancher craquer sous nos pieds. Mon instinct de survie me criait de courir le plus rapidement possible jusqu'à la fenêtre où m'attendait mon frère, mais je savais que ça serait surement la pire chose à faire. Le stress et l'angoisse commençaient à monter en réalisant à quel point on se trouvait dans une situation critique, mais je ne pouvais pas me permettre de flancher maintenant. Si je craquais, la famille ne s'en sortirait pas. Je sentais la main de la mère broyer la mienne, je pouvais même entendre ses sanglots et les cris de terreurs de ses enfants malgré le vacarme assourdissant des flammes.
Les sens aiguisés au maximum, je réussis à sentir je ne sais comment le plancher commencer à craquer sous nos pieds et je prenais immédiatement la femme dans mes bras, la tirant brutalement vers moi, nos corps s'écrasant contre le sol côté fenêtre. Au moment même où je nous projetais j'entendis un immense craquement et de suite après, une partie du sol s'effondrait dans l'étage inférieur. Terrorisée, la femme poussait un hurlement qui me brisait les tympans, mais qu'importe, au moins elle était sauve et ses enfants aussi. Enfin, un. Sur les deux enfants, l'un d'entre eux étaient restés coincé de l'autre côté du trou qui venait de se former et il hurlait à la mort, la panique le saisissant clairement. Immédiatement, je balançais la femme et l'autre bambin vers Ace, lui criant de s'occuper d'eux, que j'allais chercher le petit.
J'entendais mon frère, me hurler que c'était de la folie, que c'était trop risqué mais il était hors de question que je laisse cet enfant ici. Jamais plus je ne pourrais me regarder dans une glace si je prenais mes jambes à mon cou maintenant. Je me glissais donc sur le sol, rampant, essayant de répartir au mieux mon poids du corps, ma protection ignifugée ne m'offrant qu'une protection partielle face à la chaleur torride de la pièce.
- Hé petit ! Hurlais-je captant l'attention de l'enfant.
Les joues noyées de larmes, sa gorge s'obstruant à cause de la fumée, il ne me répondait pas, mais je sus que j'avais tout son intérêt quand il posait sur moi ses yeux remplis d'eau salé.
- Je vais te sortir de là. Mais pour ça il faut que tu me fasses confiance. Tu vas devoir venir vers moi et sauter d'accord. Je te promets de te rattraper. Lui expliquais-je, lui tendant les bras.
Hésitant, je voyais bien à quel point il avait peur, mais malheureusement on n'avait pas d'autre choix. Je continuais donc lui parler, faisant fi de la fumée, des flammes et du bâtiment que j'entendais de plus en plus craquer. Priant intérieurement tout ce que j'avais et tous les dieux que je connaissais pour qu'on sorte de là vivant, que ce petit bout de chou réussisse à trouver le courage nécessaire pour faire ce que je lui demandais. Et quand enfin, il se relevait, s'avançant fébrilement vers moi je soupirais. La partie était loin d'être gagnée, mais au moins il bougeait. Je continuais donc de l'encourager encore plus fort, me retenant avec peine de jeter un coup d'œil autour de moi en entendant une des poutres du dessus faire un bruit d'enfer, sonnant les cloches de la mort. Je savais que si je détournais mon regard de lui ne serait-ce qu'un instant, il arrêterait sa progression, et puis je devais me concentrer sur lui pour me préparer à le rattraper. Portant toute mon attention, toute mon énergie sur lui je lui criais de sauter, le suivant de mes yeux fous son geste désespéré, le rattrapant de justesse.
J'avais réussi ! Bon dieu j'avais réussi, j'avais le petit dans mes bras. Me relevant précipitamment, je me dépêchais de courir le plus rapidement possible vers la sortie, serrant à en l'étouffer le petit dans mes bras, fixant mon frère qui me criait dessus de me magner en émoi je lui offrais un regard rassurant car j'étais persuadé qu'on allait s'en sortir. Je pensais que le plus dur était derrière nous mais j'avais tort. Soudain, alors qu'on y était presque j'entendis la poutre craquer, se rompant sous le poids des flammes. Je réagissais alors instinctivement, mon cerveau ne réfléchissant même pas avant qu'on ne saute, mes bras lançant le garçon vers Ace qui le rattrapait de justesse. Et alors que j'allais moi aussi sortir, je sentis un poids mort s'écrouler sur mes jambes et mes reins. La douleur était insoutenable et je m'entendis pousser un cri de supplice abominable avant de chuter dans le néant.
La tête lourde, j'avais l'impression de vivre dans du coton. J'essayais vainement d'ouvrir les yeux, mais j'en étais incapable, mes paupières étaient bien trop pesantes et le bourdonnement incessant à mes oreilles ne me donnait pas envie de me battre plus que nécessaire pour les ouvrir. Mes oreilles ne me renvoyaient qu'un bruit sourd, lourd, ennuyeux, accentuant mon mal de crâne. Pourtant dans la cacophonie ambiante il me semblait entendre la voix de Ace. Elle était forte, criante, il semblait en proie à la panique la plus totale et je ne savais pas pourquoi. Je voulais le rassurer, lui dire que peu importe pourquoi il s'affolait ce n'était pas grave, que tout allait bien. Mais je n'eus le temps de ne rien dire, si ce n'est peut-être de soupirer son prénom avant de retomber dans le néant.
La prochaine fois que je me réveillais tout était étonnamment clair autour de moi. A vrai dire, tout était trop clair. J'étais assis sur un banc blanc placé au milieu d'une immense pièce blanche qui ne semblait ne pas avoir de fin. Je ne voyais aucun mur, juste du vide immaculé à perte de vue et cela m'intriguait. Ce n'était clairement pas normal ce qu'il se passait, aucun lieu au monde que je ne connaissais ne ressembler à cela et pourtant je ne paniquais pas. J'aurais dû angoisser de me trouver dans un lieu inconnu, aussi éthérée, mais je me sentais étrangement apaisé.
- Tu ne devrais pas être ici, tout du moins pas déjà. S'exclamait une voix calme, grave à côté de moi, me faisant sursauter.
Bordel, je n'avais même pas remarqué que quelqu'un était venu me rejoindre sur ce banc, étais-je devenu sourd ou quoi ? Me retournant vers le nouveau venu, j'allais le gronder pour s'être montrer aussi impoli mais mes mots mourraient dans ma gorge à peine posais-je les yeux sur lui.
Un corps mince mais musclé, des grandes jambes, une peau caramel, des tatouages sur les mains et les bras, d'autre cachés sous sa chemise jaune, des cheveux noirs aux reflets bleutés et des yeux mordorés aussi brillant que le firmament me fixait, un petit sourire moqueur au coin des lèvres un sourire qui m'avait tant manqué.
- Law ? C'est impossible tu es… Murmurais-je, incapable de réaliser ce qu'il m'arrivait.
- Mort ? Ouai je sais. A vrai dire, je le suis toujours rassure toi on ne revient pas à la vie comme ça, ça serait trop facile. Se moquait-il.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Ne comprenais-je pas.
- Il se passe que tu es à l'embranchement des chemins. La vie, la mort à toi de choisir… Ou pas. Malheureusement parfois on ne choisit pas. Expliquait par énigme mon ancien amant.
- Hein ? De quoi est-ce que tu parles ? M'écriais-je, ne voyant pas où il voulait en venir.
- Tu te souviens de ce qu'il s'est passé avant que tu ne perdes connaissance ? Me demandait sérieusement Law, se penchant vers moi, ses yeux se plongeant dans les miens.
- Je… Je… Bégayais-je, essayant de me rappeler.
Incapable de me souvenir, je commençais à angoisser, mais Law me calmait rapidement, m'ordonnant de respirer, de reprendre mon calme et de juste attendre que ça revienne. Et comme par le passé j'écoutais sa voix apaisante et je me concentrais, écoutant ses conseils. Et petit à petit je me souviens. Je me souvenais de l'appel en plein milieu de la nuit, de mes au revoir à Kid, de l'intervention prévue, du feu, de la famille, de l'appartement qui s'écroulait, de la poutre et de la douleur.
- L'incendie… Je… J'ai été blessé dans l'incendie… Oh mon dieu est ce que je suis mort ? Paniquais-je, hyperventilant.
- Pas encore, je te l'ai dit tu es au carrefour. Tu es juste… Mourant ! M'apprenait platement Law, comme si tout cela ne lui faisait ni chaud, ni froid.
- Tu es toujours aussi calme. Ne pus-je m'empêcher de relever, essayant de ne pas paniquer face aux vérités qu'il sortait.
- Ahaha toujours… Et toi toujours aussi maladroit à ce que je vois. Riait-il.
- Hé ce n'est pas ma faute si une poutre m'est tombé dessus. Me défendais-je, avant de m'affoler. Oh mon dieu Ace, Baggy et les autres…
- Hé hé calme toi, ils vont tous bien. Seul toi a été touché. Actuellement tu es à l'hôpital en soin intensif. Ta famille, tes amis et ton amant sont là. M'apprenait Law.
- Dieu soit loué. Soupirais-je de soulagement, retombant dans un silence réconfortant le temps de tout assimiler.
Toujours assis sur ce banc, je commençais à prendre la pleine mesure de ce qu'il se passait. J'étais actuellement mourant, mes proches étaient à l'hôpital avec moi, attendant surement que je me réveil et moi j'étais coincé dans une sorte d'espace-temps entre la vie et la mort en compagnie de mon ex décédé. Tout ceci n'avait foutrement aucun sens et ressemblait plus à un délire sous psychotrope qu'autre chose.
- Est-ce que tout ceci est réel ? Osais-je demander à Law, la voix fébrile.
- Hum… Peut-être que oui, peut être que non. Qui sait ! Je ne suis peut-être que le fruit de ton imagination à cause des médicaments. Me répondait Law légèrement moqueur, appuyé négligemment contre le banc.
- Je voudrais que ça soit réel. Avouais-je sans pouvoir le retenir en l'observant.
Ma réponse honnête semblait le choquer et il reportait son attention sur moi, ses yeux se perdant dans les miens. En voyant ses pupilles briller d'amour, je ne pus retenir un sanglot et toute l'affection que j'avais toujours gardé pour lui au fond de moi à travers les années, me revenait en pleine poire. C'est comme si un tsunami d'émotion me frappait et que j'étais incapable de le gérer. Je voulais juste le prendre dans mes bras, le serrer à en mourir, l'embrasser, lui dire à quel point je l'aimais même encore aujourd'hui et j'allais craquer, j'allais me rapprocher de lui, une de mes mains se tendant vers son visage qui m'avait tant manqué, vers ce visage dont j'avais oublié les moindres petits détails malgré moi.
- Luffy arrête… Tu as Kid maintenant. Me stoppait Law, se reculant.
- Je sais… Soupirais-je.
- Tu l'aimes n'est-ce pas. Me demandait Law en inclinant la tête, un tic qu'il avait toujours eu quand il réfléchissait.
- Oui… Mais c'est différent… Il n'est pas toi et je… Je t'ai toujours aimé malgré le temps. Me confiais-je.
- Je sais…
- Est-ce que tu m'aimes toujours ? Osais-je demander.
- Bien sûr quelle question. S'offusquait-il, à croire que ma question était idiote.
- Alors pourquoi est-ce que tu me repousses ? M'énervais-je, ne comprenant pas ses actions et ses paroles contradictoires.
- Parce que je suis mort et pas toi. Parce que je veux que tu te battes, que tu vives, que tu retournes auprès de ta famille, de tes amis, auprès de Kid. Luffy, je n'ai jamais voulu que tu t'accroches à moi, je voulais que tu aimes après moi. Me grondait Law.
- Et je l'ai fait. Mais ça n'a jamais été et ça ne sera jamais toi. Il y a des projets que je n'avais qu'avec toi et que je n'aurais jamais avec personne d'autre, je le sais. Que tu le veuille ou non tu es l'amour de ma vie. Criais-je, n'acceptant pas son refus tout en le comprenant parfaitement.
- Et tu es le miens. Mais ma vie à prit fin il y a des années. La tienne doit continuer, c'est ce que je désire le plus au monde. Je veux que tu vives encore des années, je veux que tu continus à être heureux avec cet homme même si ce n'est pas moi. Alors Luffy je t'en prie promet moi d'essayer, promets-moi de t'accrocher, pour ta famille, pour tes amis, pour Kid. Tu ne peux pas partir en les laissant là-bas, tu ne veux pas être responsable de leur douleur crois moi. Promets-moi que si tu reviens ici, ce n'est parce que tu n'as pas eu le choix. S'agenouillait devant moi Law, prenant mon visage entre ses mains, caressant de ses pouces mes joues, déclenchant en moi des frissons de plaisir oubliés, des frissons de plaisir que je désirais toujours.
Ses yeux dorés m'offraient une lueur d'adoration sans borne, me coupant le souffle. Il possédait toujours cette aura, cette façon de me regarder, de me tenir qui me faisait frémir d'émoi. Apposant mon front contre le siens, nos nez se frôlant, j'inspirais fortement, respirant de nouveau son odeur de pins, de terre humide et de quelque chose de médical que je n'avais su identifier. Me droguant à cette sensation, à ce bonheur déchirant, j'attrapais ses mains avec les miennes, me penchant un peu plus dans le contact, fermant les yeux de douleur. Je savais qu'il avait raison, je savais que je devais tout donner, tout faire pour me battre, pour vire, pour que mes proches ne connaissent pas la douleur que j'avais connu lors de sa perte. Alors doucement, j'hochais la tête, incapable de retenir mes larmes, n'arrivant pas à croire que je laissais s'enfuir encore une fois, peu importe que tout ceci soit réel ou non.
- Je te promets d'essayer. Murmurais-je, avant d'être brutalement aspiré loin de lui, retombant dans la noirceur la plus profonde.
Subitement la douleur de l'accident, me frappait de nouveau et je redevenais brusquement conscient de mon environnement. Je sentais sous mon corps meurtri sur le lit d'hôpital, j'entendais des voix autour de moi, mais j'avais du mal à identifier qui me parlait, alors que je sentais mes yeux papillonner. Et honnêtement pour le moment je m'en fichais. Tout ce qui importait pour l'instant était ma souffrance physique et psychique. Mon corps me brulait, et je ne sentais plus mes jambes, mais mon cœur saignait aussi. J'avais l'impression de revivre mon deuil et je voulais crier, pleurer, appeler Law à m'en casser la voix.
- Luffy oh mon dieu. Infirmière venait vite il se réveil ! Entendis-je crier et il me semblait reconnaitre la voix de Ace.
- Luffy dieu soit loué tu es là… Est-ce que ça va ? Tu nous entends ? Demandait une autre voix masculine qui me prenait la main dans un geste tendre si je sentais bien. Mais malheureusement, je n'arrivais à remettre une identité sur cette voix.
- Law… Appelais-je, lamentablement, incapable de penser à autre chose, faisant reculer la présence à mes côtés.
- Messieurs sortaient d'ici tout de suite. Punaise appeler le médecin il est en plein délire à cause des médicaments et de la douleur. Criait une voix féminine que je ne reconnaissais pas.
Après ce bref interlude conscient, je retombais dans le néant encore une fois et je dormais pendant je ne sais combien de temps. Je savais que j'oscillais entre conscience et inconscience d'une certaine manière, car parfois même si je ne me réveillais jamais, j'entendais des voix. J'entendais mes proches qui me parlaient, même si ça semblait loin. C'est comme si j'étais sous l'eau et que je les entendais à travers. Je savais plus ou moins toujours qui me parlait, mon esprit reconnaissant je ne sais comment les personnes présentes, malgré la brume qui l'englobait en permanence. Très souvent je percevais leur douleur, leur peine, leur encouragement, la plupart d'entre eux croyant dur comme fer que j'allais me réveiller et je faisais tout pour, après tout je l'avais promis à Law. J'avais promis à Law de me battre et de donner tout ce que j'avais pour rester avec eux, pour ne pas le rejoindre, pas encore. Mais la souffrance était inimaginable. Mon corps était perpétuellement en feu, ma chair au cœur d'un brassier surement digne de celui des enfers et je souffrais tellement. Chacun de mes muscles, de mes os me faisaient mal et si je pouvais pleurer de douleur je savais que je le ferais. Mais j'étais incapable d'exprimer quoique ce soit, j'étais là mais prisonnier. Mon âme coincée à l'intérieur de mon corps.
Pourtant j'aurais aimé rassurer tout le monde. Je voulais promettre à Ace qu'on partirait bientôt de nouveau en intervention ensemble, à Sabo qu'on fêterait bientôt son nouveau diplôme, à Sanji que j'allais venir vider son frigo, à Zoro et Nami que j'allais apprendre encore des bêtises à leurs enfants, à Kid que j'allais bientôt revenir vivre à la maison et que malgré toute la souffrance que je ressentais à l'heure actuelle, malgré toute la peine à laquelle j'étais en proie, j'étais capable de l'aimer encore, de l'aimer en plus de Law.
Malheureusement, c'étaient des choses que je serais incapable de leur dire, que je serais incapable de faire. Et j'étais désolé, tellement désolé de les laisser, de les abandonner, de devoir leur faire vivre la douleur de la perte fulgurante, le chagrin incommensurable que provoque la disparition d'un proche. Je le sus au moment même où j'entendis des bruits de panique intense dans ma chambre d'hôpital, et où malgré tous mes efforts j'étais incapable de me raccrocher à mon environnement ambiant. Je pouvais sentir mon esprit partir, disparaissant petit à petit, et soudain, je n'eut plus mal. Plus aucune douleur physique ne me traversait et je me sentis léger. Juste je disparaissais.
Quand je me réveillais à nouveau, j'étais de retour dans cette immensité blanche, sur ce banc, une vague voix agissant comme un écho qui criait en fond « on est entrain de le perdre ». Pleurant à chaude larme en réalisant pourquoi j'étais là, la tête dans mes mains, je ne remarquais pas immédiatement que mon aspect physique avait changé, que j'étais revenu à mon corps des vingt ans.
- Tu as donc décidé d'apparaitre sous cette apparence… Demandait sans réellement demander Law.
- Tu… Tu es là… Pleurais-je, en le voyant s'avancer vers moi.
- Bien sûr. Me souriait-il, triste.
- J'ai essayé…. Je te jure que j'ai tout tenté… Mais… Mais je n'ai pas pu le combattre… Pourtant je voulais vraiment rester avec eux…. Je te promets que je n'ai pas voulu te rejoindre trop vite… Ni papi… Ni…. Pleurais-je encore et encore incapable de m'arrêter.
- Hé hé calme toi. Je sais. Je sais tu as tout fait pour rester en bas, je le sais, je te crois. S'accroupissait de nouveau Law en face de moi, se plaçant de nouveau dans une position miroir de la dernière fois.
- Tu me diras comment on fait pour ne plus pleurer ? Questionnais-je, en passant mes bras derrière sa nuque, laissant mes yeux se perdre dans les siens.
- Je te dirais tout ce que tu dois savoir sur ce monde. Susurrait-il.
- On est donc enfin réunis ? Demandais-je, la voix pleine d'espoir, mon cœur tiraillé entre la joie de le revoir à nouveau, d'être là avec lui et la culpabilité de ressentir ce bonheur alors que j'abandonnais tous mes proches en bas, alors que j'abandonnais Kid aussi facilement pour lui dans mon cœur et dans mon âme.
- Bien sûr… Si tu veux toujours de moi. Se penchait-il vers moi, nos visages n'étant plus qu'à quelques millimètres l'un de l'autre, nos souffles se mêlant.
- Toujours. Murmurais-je, comblant l'espace entre nous.
Et là, pour la première fois depuis presque vingt ans, j'étais enfin complet, je la ressentais à nouveau : l'étincelle. Et avant qu'on ne disparaisse ensemble je l'entendis une dernière fois, cette voix en écho : « C'est terminé, je suis désolée ».
Quelque part, ailleurs en bas - à condition qu'un au-delà existe - dans un cimetière un immense groupe de personne se tenait, offrant un dernier au revoir à leur ami. Tous les proches de Luffy s'était réunis ce jour-ci pour l'enterrer dignement, et même la famille du petit garçon qu'il avait sauvé des flammes était ici. Le petit homme avait tenu à rendre un dernier hommage à son héros qui avait donné sa vie pour lui. En effet, Luffy n'avait pas survécu à ses blessures, ses jambes et son bassin ayant été écrasé et brûlé malgré la combinaison par la chute de la poutre. Les médecins avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour le sauver, allant jusqu'à le placer dans un coma artificiel mais les plaies étaient trop grandes pour être soigner. Monkey D. Luffy s'était donc éteint à l'âge de 45 ans, un mois après l'accident.
Considéré comme mort en service, tous les pompiers de la ville était venu lui rendre un dernier hommage, offrant leur condoléance et leur soutien à la famille et aux personnes les plus proches de l'homme. Même certain vieux amis était venu pour dire un dernier au revoir au petit brun qui avait illuminé tant de vie par sa présence. Parmi eux, on pouvait y apercevoir Corazon, Sachi et Penguin. Car bien que n'ayant plus eu de contact avec l'homme, ils tenaient à être là pour ce jour, le brun ayant un jour énormément compté pour eux et surtout pour Law.
Juste à côté du cercueil, on pouvait apercevoir la famille Monkey D. encore vivante au complet. Les deux frères se tenant dans les bras avec leur père et leur mère, pleurant à chaude larme, maudissant le destin de leur avoir enlevé le plus jeune d'entre eux. Juste à côté d'eux, se tenait Kid accompagné de son meilleur ami Killer. Lui aussi pleurait à chaude larme et n'arrivait pas à s'arrêter, n'arrivant pas à croire une seule seconde qu'il ne verrait plus son petit brun l'accueillir à la maison avec son immense sourire de trois kilomètres. Qu'il ne verrait plus Luffy dévorer toute leur réserve de nourriture en même pas deux jours, qu'il n'aurait plus à supporter son hyperactivité épuisante, qu'il n'aurait plus son corps chaud blotti contre lui la nuit. Kid refusait de croire que tout cela était fini, il refusait d'admettre qu'il n'était plus et pourtant il le devait. Mais dans le fond, peut-être était-ce un mal pour un bien essayait-il de se dire. Peut-être qu'il n'aurait plus à vivre avec le poids des secrets de Luffy, à vivre dans l'ombre d'un autre malgré lui.
- Kid… Est-ce… Est-ce que tu veux venir manger avec nous ce soir ? Proposait Ace, faisant soupirer le rouge. Il fallait que Luffy meurt pour que sa famille l'accepte ? Quelle ironie.
- Non… Je préfère rester seul. Déclinait l'invitation le rouge.
- Tu es sûr ? Insistait le brun, se sentant mal de laisser le copain de son petit frère seul après son enterrement.
- Ouai… S'entêtait Kid.
- D'accord… Dans ce cas… Kid, je sais qu'on ne t'a jamais vraiment accepté, mais… Tu aimais Luffy et il t'aimait alors si tu as besoin, n'hésite pas. Tentait de se montrer prévenant Ace, maladroitement, avant de partir.
- Tu crois qu'il l'a retrouvé ? Demandait Kid, la voix brisée, le cœur en mille morceaux.
- De quoi est-ce que tu parles ? Questionnait Ace, se figeant dans sa marche, se retournant vers le rouge, ne voyant pas de quoi il voulait parler.
- Je te parle de Law… Est-ce que tu crois que s'il existe un paradis il l'a retrouvé ? Demandait une fois de plus Kid, ses yeux débordants encore plus de larme à l'idée que son amant soit quelque part ailleurs, heureux dans les bras d'un autre qu'il n'avait jamais réussi à être.
- Que… Comment tu sais pour Law… Je suis sûr que Luffy ne t'en a jamais parlé. S'exclamait Ace abasourdi, ses larmes s'arrêtant pour le moment à cause de la surprise.
- Il ne l'a jamais fait en effet… Mais tu sais ton frère parlait la nuit quand il rêvait. Au début je n'y faisais pas gaffe et puis j'ai remarqué qu'à intervalle irrégulier un prénom revenait toujours : Law. Et à chaque fois qu'il rêvait de ce mec, il était bizarre après, il agissait comme s'il était coupable. J'ai cru qu'il me trompait, alors j'ai essayé de le faire avouer… Expliquait Kid, sa tête tournée vers le ciel, se remémorant surement des dizaines de souvenirs.
- C'est pour cela que vous vous disputiez autant passer un temps ? Réalisait Ace.
- Ouai… Il ne semblait pas comprendre ce que je lui reprochais et ça me rendait fou. Alors je suis allé voir mon ami Smoker qui est policier et j'ai pété un plomb, je voulu l'obliger à enquêter sur Luffy, je voulais qu'il le suive ou je ne sais quoi. Il a dû me prendre pour un fou et j'ai bien cru il allait m'arrêter. Cependant, voyant que je ne me calmais pas il m'a enfermé dans une salle d'interrogatoire avant de revenir avec un dossier et de me le balancer à la figure. Il m'a dit qu'il sortait ça des archives et que j'avais intérêt à fermer ma gueule. J'ai alors ouvert le dossier et j'ai vu l'horreur devant mes yeux. La première chose sur laquelle je suis tombé ce sont les photos de ce mec Law, dans la voiture. Ensuite il y avait les photos de Luffy blessé dans l'ambulance. J'ai lu le rapport, un des premiers que mon ami avait faits, son premier accident de la route. Et j'ai compris, j'ai su que celui que Luffy appelait dans ses rêves parfois n'était pas un amant, mais son ex décédé depuis plus de dix ans. Pleurait Kid, l'émotion lui nouant la gorge.
- Et tu es resté malgré tout ? N'en revenait pas Ace, n'arrivant pas à croire que celui qu'il avait toujours considéré comme une brute ait décidé d'accepter de vivre avec ça, avec ce secret que son frère avait toujours gardé depuis leur rencontre.
- Ouai… Je t'avoue qu'à un moment donné j'ai hésité à rester. Je veux dire qui veut vivre dans l'ombre d'un fantôme toute sa vie ? Au début je voulais même le confronter là-dessus, puis je suis rentré à la maison et il avait préparé une surprise pour moi. Je me suis dégonflé, il était là avec son immense sourire et je me suis dit qu'il avait assez d'amour pour nous deux. Je suis resté en ayant conscience qu'il y aurait toujours ce type dans son cœur, mais aussi en sachant que ça ne voulait pas dire qu'il ne m'aimait pas. Se confiait Kid le cœur lourd.
- Ce que tu as fait… Merci… Merci d'être resté… Je peux t'assurer que Luffy t'a aimé, différemment de Law bien sûr, mais il l'a fait. Et je sais que c'est ce que Law aurait voulu. Le réconfortait Ace, ému de voir que son frère avait eu raison une fois de plus, derrière cette grosse brute il y avait bien quelque chose de tendre.
- Ouai… Mais il n'empêche que quand il était là-bas, c'est lui qu'il réclamait. Souffrait Kid.
- Il n'en avait pas conscience… Soupirait Ace, comprenant à peine la douleur de l'autre.
- Je sais… C'est pour cela que j'espère au moins que s'il y a un paradis ils sont ensemble. Luffy le mérite. Souhaitait Kid, ne pensant qu'au bonheur de son amour perdu.
- Ils le méritent tous les deux, crois-moi. Pleurait Ace, touché par la sollicitude de Kid.
- Je te crois… Soit heureux Luffy… Ou que tu sois. Priait une dernière fois Kid, avant de quitter le cimetière, Ace sur ses talons.
Les deux hommes s'imaginant, pour apaiser leur douleur, les deux anciens amants enfin réunis et heureux, quelque part ailleurs, dans un monde meilleur.
A tout ceux qui serront arrivé jusque ici merci !
J'espère que cette lecture, bien que triste vous aura plus.
J'ai tenté de traiter de la perte d'un être cher, du choc émotionnel que ça provoque et dont on ne se remet parfois jamais, à tel point que même si la vie continue, même si on passe à autre chose, on garde toujours cet amour enfoui, juste on l'oublie la plupart du temps.
J'espère d'ailleurs que vous avez aimé ce Luffy qui aimait toujours Law, mais était quand même amoureux de Kid (en espérant qu'on ressente bien son amour pour les deux). Mais qui lors de sa mort a choisi de "rejoindre" Law. J'ai d'ailleurs volontairement laissé le doute sur leurs retrouvailles, à savoir si elles étaient réels ou non, ou si c'était juste Luffy qui se les imaginait à cause des médicaments. C'est à vous de vous faire votre propre opinion sur le sujet, disons que vous choississez la fin que vous préférez.
Et j'espère aussi que vous avez aimé Kid et sa relation avec Luffy, même si ce n'est peut être pas le couple que vous êtes venu chercher de base.
