Chapitre 13
Severus souffla lourdement sous la tension nerveuse qui habitait son corps. Jamais il n'avait été aussi crispé et plein d'appréhension. Le Maître était sortit avec une bonne partie des favoris et des mangemorts. Il s'agissait de mener un raid d'une grande ampleur sur Pré-au-Lard pour prendre d'assaut le dernier bastion de l'Ordre du Phénix avant Poudlard. Lui avait été laissé derrière pour préparer les potions de soins et assister les médicomages. Voldemort avait l'air de vouloir le garder en forme pour l'attaque ultime sur Poudlard. Les premiers échos du champ de bataille étaient très positifs, les aurors et les membres de l'Ordre avaient été complètement pris par surprise. Le mage noir avait volontairement laissé filtrer de fausses informations sur sa prochaine cible, laissant croire qu'il privilégierait la prise du Ministère.
Le professeur de potions songea à Dumbledore qui devait être alarmé de cette imminente défaite. Sûrement avait-il compris que dans quelques jours, Voldemort marcherait sur Poudlard avec la ferme intention d'en finir. Lui-même ne pouvait plus lui être d'une grande aide à présent. Avec un regard autour de lui, il s'assura une dernière fois que le couloir était vide. Puis, il tourna la poignée des appartements du Maître, frémissant sous son action interdite et la peur qui le prenait si jamais ce dernier l'apprenait. En silence, il pénétra à l'intérieur et referma rapidement la porte derrière lui. Le clic de la poignée lui donna la sensation d'un étau autour de sa gorge. Il prit une inspiration un peu tremblante avant de repositionner son masque d'impassibilité et de se rendre dans la chambre.
Snape se tint dans l'encadrement, son regard tombant dans celui vert émeraude de son vis à vis. Cela faisait presque un mois à présent qu'il soignait l'Elu du monde sorcier du sortilège qui lui avait été jeté. La personne l'ayant lancé s'était avérée être un cousin éloigné des Zabini, passé sous la coupe de Dumbledore. Ce garçon d'une branche secondaire de la famille avait vécu dans la jalousie de son cousin Blaise, héritier en titre de la branche principale. Un peu malmené par celui-ci, désavoué par ses parents qui ne le trouvaient pas assez bon, insignifiant pour les membres importants du clan, la rage et la rancœur avaient grandi en lui.
Dans sa soif de vengeance, il avait décidé de tout faire pour punir cette famille qui ne voulait pas de lui, les idéaux des deux camps ayant peu d'importance à côté de son envie tordue de justice. Malheureusement, il n'était ni assez doué, ni assez malin, pour se soustraire au regard du Seigneur des Ténèbres. Celui-ci avait eu tôt fait de le trouver, implacable
dans sa recherche de la personne ayant attenté à la vie de son loup. Autant dire que la découverte de son identité ne lui avait arraché qu'une moue méprisante. Les quatre jours qui suivirent furent rythmés par les longs cris de souffrance émanant du cachot où il l'avait enfermé.
Severus quand à lui, avait fait une promesse. Une promesse envers lui-même, faite il y a bien longtemps, celle de protéger le fils de sa défunte Lily. Il ne pouvait pas avertir Dumbledore, à la seconde où celui-ci serait au courant, il tenterait de récupérer le jeune homme et Voldemort saurait de qui venait la fuite puisqu'il avait l'air d'être le seul dans la confidence. Il se ferait tuer immédiatement et Potter serait mit sous une telle protection que l'atteindre reviendrait du miracle. Pour le moment, il était cloué au lit pour encore deux ou trois jours le temps des dernières prises de potion. Severus le voyait ainsi une à deux fois par jour, afin de contrôler sa bonne rémission. Pour sauver Potter, il devait
impérativement garder ce privilège d'approcher le jeune homme. Et aujourd'hui, il avait une chance du fait de l'absence de Voldemort.
Il s'avança vers le garçon. Potter était allongé dans le grand lit, adossé à plusieurs oreillers, un livre entre les mains. Il avait à nouveau son collier précieux autour du cou, ainsi qu'une chemise noire trop grande sur le dos. Sûrement appartenait-elle au Lord. Il avait remonté les manches jusqu'à ses coudes pour dégager ses mains. Les deux premiers boutons étaient déboutonnés, s'ajoutant aux cheveux noirs en bataille pour donner un air négligé. Severus le voyait toujours dans cette tenue, seule la chemise variait pour une propre tous les jours. Potter n'avait-il pas d'habits, ne serait-ce qu'un pyjama ? Ses grands yeux verts le fixaient avec étonnement. Normalement il n'aurait pas du se trouver là, et encore moins sans la présence de Voldemort qui le surveillait toujours en présence du garçon.
« Q-Qu'est-ce que vous faites là ? S'exclama-t-il surpris. »
Severus le fixa du regard. Il voulait faire sortir le gosse de là, le ramener près de Dumbledore et le soustraire à l'emprise du mage noir. Il ne savait pas pourquoi celui-ci ne l'avait pas encore tué, pourquoi il lui laissait cette liberté apparente, mais tôt ou tard il supprimerait sa vie. Il n'y avait aucun doute là dessus.
« Je suis venu vous sortir de là Potter. Fit-il de la même voix froide que d'ordinaire. »
Le garçon ouvrit la bouche de stupeur, le dévisageant ouvertement. Il laissa tomber son livre sur ses genoux. « Quoi ?! »
« Vous êtes devenu sourd Potter ?! S'agaça le maître des potions. Allez bougez vous avant que le Seigneur des Ténèbres ne revienne ! »
Il s'approcha à pas vif de lui et attrapa son bras.
« Je sais que vous allez avoir quelques difficultés à bouger vu que votre traitement n'est pas encore terminé mais nous n'aurons pas d'autres occasions ! »
Sous l'air hagard du brun qui ne réagissait pas mais continuait de le regarder d'un œil stupéfait, Severus jura et le tira par le bras.
« Potter, nom de Merlin ! »
« Vous êtes un espion de Dumbledore. Souffla soudain le garçon. »
Cela figea le mangemort qui se mit à le fixer à son tour.
« Oui je suis un espion. Quel brillant esprit que le vôtre de l'avoir compris ! Allez vous vous décidez à me suivre maintenant ?! Je vais vous ramener à Poudlard. »
« Pourquoi est-ce que vous êtes un espion ? Murmura Harry sans sembler entendre ce qu'il lui disait. J'ai toujours eu l'impression que vous détestiez Dumbledore. »
« ÉcoutezPotter, qui je suis et à qui je suis loyal ça ne vous regarde pas. S'exaspéra le concerné. Tout ce que vous avez besoin de savoir c'est que je peux vous sortir de là. »
« Avez vous seulement conscience de ce que vous risquez en venant ici ? Lui demanda Harry calmement. »
« Par Serpentard Potter ! Pourquoi croyez-vous que j'ai attendu l'absence du Maître avant de venir vous chercher ?! Maintenant debout il faut partir ! »
Le brun lui attrapa soudainement la main posée sur son bras. Doucement, il lui fit lâcher prise tout en continuant de dévisager le mangemort.
« Potter mais... »
« Je reste. »
Le silence s'abattit sur eux. Severus avait pour une fois perdu son visage neutre et observait son vis à vis les yeux ronds. Harry quand à lui, lui rendait son regard très calmement.
« Vous...pardon ? Souffla l'espion. »
« Je dis que je reste ici. Je ne viens pas avec vous. »
« Mais... Potter vous... vous ne savez pas ce que vous dites... dit Severus choqué. »
« Je sais que ça a de quoi surprendre, mais je ne veux pas rentrer. »
« Potter ! Cessez de débiter des âneries ! Vous nous faites perdre notre temps ! Gronda Snape en saisissant à nouveau son bras pour le tirer. »
« Non ! Cria le garçon en dégageant son bras violemment. Je ne veux pas partir avec vous ! » « Vous êtes devenus fou ?! Bien sur que vous partez ! Qui voudrait rester prisonnier volontairement ? » « Je ne suis pas prisonnier ! »
Le hurlement figea la pièce. Les deux protagonistes se regardaient, l'un avec stupeur, l'autre avec détermination. Harry s'éloigna de son ancien professeur, se recalant contre les oreilles. Il ferma brièvement les yeux de fatigue, un peu essoufflé. »
« Que voulez vous dire par 'je ne suis pas un prisonnier' Potter ? Demanda Severus d'une voix sourde en se redressant. »
« Exactement ce que ça veut dire Monsieur. Répondit Harry en rouvrant les yeux. Je suis là de mon plein gré, je ne suis pas prisonnier. »
« ... »
« Vous avez vu ma vie ici. Vous croyez vraiment que Tom me voit comme un prisonnier ? »
Le sévère professeur resta silencieux un moment. Lorsqu'il reprit la parole, une sorte de choc se ressentait dans sa voix.
« Quelle est exactement votre relation avec le Seigneur des Ténèbres ? »
Le garçon rougit un peu et cacha son visage d'embarras. Il se passa une main sur le front, soulevant les mèches un peu humides de transpiration due à l'agitation.
« Je m'assoie avec lui aux réunions, je l'accompagne, je suis dans ses appartements et plus précisément dans son lit. Ça ne vous suffit pas pour comprendre ? »
Le visage de Severus devint blanc comme la craie.
« Je n'imaginais pas que... dit-il d'une voix étouffée. »
« Vous croyiez quoi ? Que j'étais dans son lit toute la journée pour récupérer de ce sort, mais que le soir j'atterrissais dans un cachot pour dormir ? S'agaça le jeune homme toujours rougissant et en évitant de le regarder. »
« Comment ? Comment cela a-t-il pu arriver ? Murmura-t-il. »
Harry souffla lourdement, leva les yeux vers le plafond.
« Je ne sais pas. Mais c'est comme ça maintenant. »
« Vous ne pouvez pas... vous êtes le symbole de la lumière... Dumbledore... »
« Dumbledore n'est qu'un menteur hypocrite qui voulait se servir de moi comme d'une arme. Cracha le garçon en le regardant enfin. »
« Vous exagérezPotter, il ne... »
« Vous saviez qu'il me volait ? L'interrompit celui-ci avec dureté. Il était mon tuteur magique -sans que je ne le sache bien sur- et il avait accès à une partie de ma fortune. Il se servait librement, il payait même mon oncle et ma tante pour me garder. Ça correspond à l'image du gentil vieux directeur pour vous ? »
« Je ne le savais pas non. Répondit-t-il surpris. »
« Peu importe, je ne partirais pour retomber entre les griffes de Dumbledore. »
« Vous ne pouvez pas vouloir rester avec le Seigneur des Ténèbres pour autant... »
« Je... »
Harry rougit une nouvelle fois. Il prit une profonde inspiration avant de planter son regard dans celui noir d'encre de son vis à vis.
« Je ne partirai pas Monsieur. Je reste avec Tom. Je veux rester avec lui. »
Severus détailla l'expression convaincue du jeune homme, passant sur ses traits figés de détermination, son air sérieux. Soudain, il eut comme un sursaut.
« Vous l'aimez. Murmura-t-il. »
Ça n'était pas une question alors Harry ne répondit rien. Il se contenta d'observer son professeur, tentant de lui faire comprendre qu'il ne changerait pas d'avis. Severus lui, était complètement perdu et choqué. Jamais il n'avait pensé à ça. Jamais il n'aurait cru que ce genre de chose était possible. HarryPotter, amoureux de Voldemort ? Le même Voldemort ayant tué ses parents ? Le visage de Lily flasha devant ses yeux, le regard émeraude en face de lui n'appartenait plus au fils mais à la mère. Un frisson parcourut le corps tendu de Snape.
« Non... fit-il. Non... Non vous ne pouvez pas ! Vous ne pouvez pas l'aimez ! »
« Monsieur ? S'enquit Harry inquiet. »
« Vous n'avez pas le droit... »
« Monsieur, est-ce que ça va ? »
« Vous n'avez pas le droit ! »
L'exclamation s'acheva sur une respiration rapide. Lily. Lily, sa chère Lily. Lily qui avait donné sa vie pour son fils, qui avait refusé de sauver sa propre existence pour préserver celle de son enfant. Elle qui était morte, dont les yeux magnifiques s'étaient à tout jamais éteint, avant qu'il ne puisse lui demander pardon. Elle était morte pour son fils, pour lui, ce rejeton de Potter, ce môme insolent, cet ingrat qui osait tomber amoureux du meurtrier de sa mère !
« Vous avez un culot monstrueuxPotter ! »
« Que... »
« Votre mère s'est sacrifié pour vous et voilà ce que vous faites pour la remercier ! Vous ne pensez toujours qu'à vous et à votre petit personne ! Vous ne songez jamais aux gens qui donnent de leur temps pour vous, qui essaient de vous sauver, qui meurent pour vous ! »
Harry ouvrit des yeux ronds devant les vociférations de son ancien professeur qui avait l'air d'avoir perdu son sang-froid. Celui-ci s'interrompit, haletant légèrement.
« Qu'est-ce que ma mère vient faire ici ? »
La question sur un ton un peu perdu résonna dans la pièce. Severus passa une main sur son visage, pinçant l'arrête de son nez pour essayer de se calmer. Face à lui, le brun eut un éclair de compréhension avant que son visage ne se fasse neutre.
« Monsieur, pourquoi parlez vous de ma mère ? »
Severus ne répondit pas, cherchant toujours à se calmer. Ce qui ne fonctionna pas quand la question suivante fusa dans l'air de la même voix égale.
« Monsieur ? Pourquoi avez vous l'air aussi touché par la mention de ma mère ? »
« Ça ne vous concerne pas Potter. Siffla Severus sur la défensive. »
Harry le détailla quelques minutes en silence. Finalement, il soupira avant de se recaler une nouvelle fois contre les oreilles.
« Vous n'avez pas tord, ça ne me regarde pas. Tout comme ma vie, ce que j'en fais et avec qui je veux la faire ne vous
regarde pas non plus. Je suis HarryPotter Monsieur, je ne suis pas ma mère et je ne suis pas sa réincarnation. Je ne suis pas là pour faire vivre sa mémoire. Cessez de la voir à travers moi et de croire que tout ce que je dois faire, c'est l'honorer. Ma mère est morte. Je dois simplement vivre ma vie au mieux selon ce que moi j'ai envie d'en faire. Je ne partirais pas d'ici alors laissez moi tranquille. »
Ce discours ébranla le cœur du professeur des potions. Il eut un bruit de gorge étranglé et resta figé, debout à côté du lit, incapable de répondre quoi que ce soit à ces mots destructeurs. Tout ce qu'il faisait depuis une quinzaine d'année était en mémoire de Lily. Il avait voué le reste de sa vie à Dumbledore pour essayer de se racheter, pour survivre malgré la culpabilité écrasante qui menaçait à chaque instant de le rendre fou. Et aujourd'hui, son fils, l'être à travers lequel il trouvait sa rédemption, lui disait de passer à autre chose, qu'il préférait demeurer avec le meurtrier de sa mère.
Severus se sentit soudain plus épuisé que jamais. Il était las de tout ça, las de l'espionnage, las de répondre aux attentes de Dumbledore qui savait toujours appuyer subtilement sur sa culpabilité. Il eut le plus grand mal à reprendre contenance. Sans un mot, il se détourna et se dirigea vers la sortie. Il n'avait plus rien à lui dire et plus rien à faire ici. La voix de Potter s'éleva dans son dos, stoppant sa marche.
« Je ne dirais rien à Tom. Mais réfléchissez Monsieur, est-ce que ça vaut bien le coup de rester avec Dumbledore ? N'en avez vous pas marre de tout ça ? Si vous lui révélez quoi que ce soit, je ne pourrais pas me taire encore une fois et je vous dénoncerais à Tom. Ne me forcez pas à ça. S'il vous plaît. »
Severus ne répondit rien et s'empressa de quitter la pièce.
Harry eut un lourd soupir. Il allongea les coussins pour ne plus être assis dans le lit mais avoir seulement le buste un peu redressé. Cette conversation avait été très inattendue, choquante, riche et épuisante. Il se sentait vidé de toute énergie, il faudrait encore deux ou trois jours avant que le sort ne soit définitivement éradiqué de son corps. Tant d'émotions avaient été dur à supporter. Ce fut sans même qu'il s'en rende compte que ses yeux se fermèrent et que le sommeil l'envahit.
Une légère caresse sur son visage le tira des bras de Morphée. Harry papillonna des yeux, tombant dans un regard écarlate. Voldemort était revenu du raid, visiblement victorieux. Il s'était lavé et changé, se glissant sous les draps avec lui. Un bâillement échappa au plus jeune qui s'étira doucement avant de se tourner vers lui.
« Comment ça s'est passé ? Demanda-t-il »
« Bien. Les fausses informations données ont bien fonctionné, Pré-au-Lard est tombé très facilement. Répondit le Lord tout en continuant à faire voyager son doigt sur le visage de son amant. »
« Tant mieux. Baillât-il une seconde fois. Tu comptes toujours attaquer Poudlard ? »
« Dans une semaine, le temps que tu sois complètement rétabli. »
« C'est la meilleure solution tu penses ? »
« Oui, j'en ai assez de Dumbledore. Le Ministère est déjà sous mon contrôle officieux, il ne reste plus que ce vieux fou. Une fois tombé, plus personne ne s'opposera à moi. »
« Je veux venir avec toi lors de l'attaque sur Poudlard. »
« Je préférerais que tu restes là Harry. »
« S'il te plaît, Tom. Demanda-t-il en caressant la main du Lord. Je veux venir avec toi, je te promets que je resterais collé à tes jambes et que je ne m'éloignerais pas. »
Tom prit un instant pour répondre, plongeant son regard dans celui émeraude. Finalement, il hocha brièvement la tête. « Je te poserais des charmes de protection et tu obéiras à chaque ordre que je te donnerais c'est clair ? » « Oui. Merci. »
« Tu as conscience que tu vas sûrement te retrouver face à tes anciens camarades, à tes professeurs et peut-être tes amis ? »
« Je sais... murmura-t-il. Mais je ne veux pas rester là en me rongeant les ongles, je veux rester avec toi. Au cas où. » Tom eut un léger sourire. Puis il se redressa et attrapa une fiole sur la table de nuit.
« Tiens. Severus est passé pendant que tu dormais pour ta potion. J'ai demandé aux elfes de faire monter le repas ici. » « Tu veux qu'on mange au lit ? Rit le brun. Ça ne dévie pas trop de l'image du méchant sorcier ? » « Je suis un méchant sorcier. Fit Tom d'un air narquois. Mais pour une fois, je peux faire une exception. »
Harry eut un léger rire en réponse. Ce genre de moment complice et doux était très rare. Pourtant, c'étaient eux qui justifiaient à eux seuls sa réponse à Snape lorsqu'il lui avait proposé de fuir.
Snape.
Harry était vraiment surpris que ce dernier soit venu le voir pour l'aider à s'évader. Mais plus encore, ce qui le surprenait c'était la relation qu'il avait sûrement eu avec sa mère. C'était très dérangeant de s'imaginer sa mère et Snape, mais il ne voyait pas ce qui pourrait expliquer son attitude à part un probable attachement à Lily. De quelle nature avait été leur relation ? Clairement du côté de Snape il y avait de l'amour. Vu la scène de la pensine l'année dernière, ils s'étaient brouillés tous les deux à cause de James. Peut-être Snape regrettait-il ?
Il espérait vraiment que l'espion choisirait une autre voie, qu'il ne donnerait pas d'informations à Dumbledore. Il ne voulait pas lui faire du mal, mais il n'aurait pas le choix si des fuites avaient lieu alors qu'il ne restait que Poudlard à prendre. Dans ce cas, il devrait le dénoncer à Voldemort et il n'avait aucun doute sur ce que ce dernier lui ferait subir pour trahison.
En tout cas, lui ne regrettait pas. Il n'avait pas mentit à Snape, il aimait Tom. Harry se tut, restant silencieux tout en contemplant le visage de son amant, lequel lui lança un coup d'œil interrogateur. Oui, il l'aimait vraiment. Même s'il n'était pas un ange. Même s'il était un monstre souvent. Tout le temps ? C'était ça l'amour après tout non ? Aimer l'autre comme il est, peu importe les défauts et les qualités, sans pouvoir l'expliquer rationnellement. Harry n'avait aucune explications au fait qu'il aimait Tom. Il ne pouvait même pas dire que c'était par réciprocité, Tom ne l'aimait pas. Pas comme lui du moins. Voldemort n'était pas capable de ressentir de l'amour conventionnel. Ses sentiments pour lui étaient forts, mais ils n'étaient pas de l'amour tout beau et rose que l'on retrouve dans les romans.
Peu importait après tout. Ça lui convenait, Harry ne voulait pas d'un autre homme, il voulait celui-ci. Même si cela signifiait de vendre son âme au diable. Avec un soupir tremblant, il se redressa sous le regard curieux de Tom. Il vint entourer son visage de ses mains, caressant ses joues du pouce. Il plongea ses yeux dans les siens, les fouillant comme pour y trouver une étincelle. Douceur. Plaisir. Attachement. Tendresse. Fermant les yeux, le jeune homme approcha son visage du sien pour y déposer un murmure frémissant.
« Je t'aime. »
Tom ne répondit rien. Il le fixa, impassible, avant de l'attirer contre lui, une main sur ses reins et l'autre derrière sa nuque. Il prit ses lèvres entre les siennes, les caressant doucement, pinçant le rebondi. Harry passa ses bras autour de sa nuque, s'accrochant à lui fermement. Leurs bouches se pressèrent d'avantage l'une contre l'autre, leurs langues entrant dans le jeu. Harry laissa échapper un gémissement sous l'ardeur que Tom mettait à l'embrasser, se détachant de ses lèvres de quelques millimètres avant d'y revenir.
Petit à petit, ils se calmèrent et s'éloignèrent en douceur. Un pop à côté d'eux leur signala l'arrivée du repas directement envoyé par les elfes de maison. Harry se détacha un peu de son amant pour prendre sa fiole, l'ouvrir, et avaler la potion dans une grimace. Lorsqu'il eut fini, Tom exerça une pression sur ses reins pour qu'il s'approchât plus près. Il le guida sans rien dire jusqu'à ce que le jeune homme fut assis entre ses jambes, le dos contre son torse.
Harry rougit de plaisir devant leur position. Jamais le mage noir ne l'avait prit contre lui de cette manière sans arrière pensée, simplement pour la sensation d'être l'un contre l'autre. En général, mis à part pour dormir, dès qu'ils étaient proches physiquement c'était pour des rapports plus physiques. Manger sereinement en s'appuyant contre le torse de son amant, sentir ses cuisses entourer les siennes et ses bras l'enfermer entre eux... c'était plus qu'il n'en espérait. Un sourire niais vint fleurir sur ses lèvres tandis qu'il commençait à manger gaiement. Non, il ne regrettait pas du tout sa décision.
XXX
On était le matin. Un beau matin avec un grand soleil resplendissant qui baignait les alentours d'une lumière chaleureuse. Les reflets du soleil courraient sur le lac, lui donnant un aspect scintillant. L'herbe était à nouveau bien verte après les longs mois d'hiver puis ceux timides du printemps. Des bosquets de fleurs égayaient la pelouse de leurs couleurs et on entendait des oiseaux chanter dans les branchages. C'était une belle journée de juin. Une de celle qui donne envie de flâner sans rien faire d'autre que de profiter de la clémence des températures.
Le grand château de Poudlard s'élevait majestueusement au milieu de ce cadre idyllique. La plus vieille école sorcière du monde avait été le lieu d'apprentissage de nombreux étudiants et de plusieurs grands noms de la sorcellerie. Elle était l'un des bastion les plus solides d'Angleterre. Sa valeur historique n'avait aucun prix. Aujourd'hui, par cette matinée enjôleuse, aux pieds de Poudlard, se déroulait l'une des bataille les plus meurtrières de ce siècle.
Les aurors accompagnés des membres de l'Ordre du Phoenix se heurtaient avec violence aux mangemorts. Le ministère de la magie n'avait officiellement aucune position, complètement paralysé par les hommes influents au service du mage noir qui le maintenaient immobile. Alors les aurors un peu moins aveugles que les autres, un peu plus impliqués dans la guerre, étaient partis d'eux-mêmes à l'appel de Dumbledore. Les sorts mortels fusaient dans toutes les directions, provenant des deux camps sans distinction. Il n'était plus l'heure de parler ou de faire des prisonniers, tout le monde l'avait bien compris. Les élèves avaient été évacués dès la défaite de Pré-au-Lard il y a une semaine. Depuis Poudlard s'était transformé en forteresse de résistance.
Les mangemorts étaient survoltés, plus nombreux, et galvanisés par la sensation de faire reculer le camp adversaire. Il y avait beaucoup de jeunes recrues, les sympathisants affluant en masse ces derniers temps. Ils avaient été durement entraînés presque jusqu'à l'épuisement. En face d'eux, les forces de « la lumière » étaient d'avantage composées d'aurors plus âgés, des derniers membres de la première guerre, de l'Ordre et des professeurs. Ils avaient certes l'expérience en plus, mais la fougue et l'exaltation de la jeunesse qui leur répondaient sapaient lentement leur endurance. Sans oublier les mangemorts d'élite qui faisaient des ravages.
D'un autre côté, les défaites s'accumulaient depuis quelques mois pour Dumbledore et ses partisans, perdant peu à peu du terrain en Angleterre et en politique. Le désespoir du à ses mauvaises nouvelles à la chaîne, combiné à la disparition de HarryPotter que personne n'avait revu, avaient bien entamé leur moral. Sans le héro pour les mener à la victoire, quelle chance avaient-ils ? Nombreux étaient ceux qui avaient perdu espoir, pas seulement parmi les combattants mais aussi parmi la population, devant l'absence de réaction du jeune homme à la montée du pouvoir des mangemorts.
Et puis, il y avait les leaders de chaque camp. Dumbledore, sérieux et loin de son visage bienveillant ordinaire, gardait cette puissance impressionnante qui était la sienne. Mais, le vieil homme se fatiguait légèrement malgré son regard déterminé. Il était également loin d'égaler le charisme de Voldemort. Ce dernier laissait libre court à sa magie qui l'entourait comme un halo divin, les yeux écarlates balayant le champ de bataille, abattant ses ennemis les uns après les autres. Ases côtés, l'énorme loup grondant renforçait l'image de sauvagerie et de force qu'ils dégageaient tous les deux.
Millimètre par millimètre, les mangemorts avançaient, faisant reculer leurs adversaires jusqu'à les pousser dans leurs retranchements à l'intérieur du château. L'issue de la bataille était presque certaine si elle ne dépendait que de ça. Cependant, tous le monde savait que la bataille pencherait définitivement en faveur du camp qui perdrait son chef. Tout le monde attendait le duel décisif qui mettrait fin à ses années de guerre.
Harry avait les babines retroussées, crocs en avant, collé aux jambes de Voldemort. Dès qu'ils avaient été plongés dans l'effervescence de l'affrontement, il avait lâché la bride à son loup interne, préférant se plonger dans l'instinct de prédateur animal en lui plutôt que de prendre le temps de voir les visages de leurs ennemis. Si jamais il commençait à réfléchir à qui se trouvait en face de lui, si jamais il reconnaissait un Gryffondor ou un autre élève de septième année s'étant joint à l'Ordre... il n'était pas sur d'avoir la force de se battre contre eux. Il serait incapable de faire du mal à un gamin de son âge, incapable de faire du mal à Ron et Hermione. Il priait de toutes ses forces pour ne surtout pas les croiser, les voir. Tant qu'ils ne les voyaient pas, il pouvait imaginer que les deux tourtereaux étaient loin d'ici. Pour autant, il aurait été incapable de ne pas être avec son amant.
Harry n'attaquait personne, il se contentait de suivre Voldemort comme son ombre, de repousser les assaillants qui pourraient avoir la mauvaise idée de s'en prendre au mage noir dans son dos. Il baignait dans l'atmosphère enivrante de la magie de Tom, la laissant s'infiltrer en lui, ne faisant rien pour la retenir pour une fois. Malgré lui, il ne pouvait s'empêcher d'être admiratif devant sa puissance et son efficacité redoutable. Ils se retrouvèrent rapidement au cœur de la mêlée, Voldemort se frayant un chemin implacable jusqu'à Dumbledore que l'on apercevait quelques mètres plus loin.
Le vieil homme les aperçus, se détournant des autres mangemorts pour marcher sur eux lui aussi. Les deux leaders se retrouvèrent face à face, l'espace autour d'eux se dégageant rapidement tandis que les autres s'éloignaient tout en continuant à se battre. Ils se dévisageaient sans mot dire, le regard empli de la même dureté froide et résolue. Pas de
discussion, de moqueries ou de railleries cette fois, ils n'en avaient ni l'envie ni le besoin. Harry, légèrement derrière le mage noir, posa le museau dans le creux de la hanche de l'homme. Celui-ci baissa les yeux sur lui, plongeant son regard dans le sien. Un éclair de compréhension mutuelle passa entre eux, puis Harry ferma les yeux, s'ouvrant totalement à lui comme ils l'avaient décidé. Il sentit sa magie se mêler à celle du mage noir, la renforçant, la soutenant.
« Protego »
Le sort de protection chuchoté par le mage noir vint envelopper le loup. Il l'enferma à l'intérieur d'une petite bulle de magie légèrement bleuté, l'isolant du champ de bataille et de ses dangers. Harry n'était même pas un sorcier diplômé, il était très loin d'avoir le niveau pour se mesurer à Dumbledore comme Tom le lui avait fait remarquer. La constatation avait été dure à accepter pour son orgueil mais il avait du le reconnaître. Hors le temps leur faisait défaut pour que Harry ait le temps d'apprendre d'avantage la magie et le duel. Il était impossible de le l'entraîner assez vite. Il pourrait certes faire des dégâts en loup, mais Tom avait catégoriquement refusé de le laisser quitter son champ de vision pour se perdre dans la foule. Harry avait approuvé, pas franchement ravi à l'idée de ne plus être avec lui non plus.
La solution qu'ils avaient trouvé était d'exploiter leur lien afin que Voldemort puisse bénéficier pleinement de la puissance du jeune homme pour renforcer la sienne et l'utiliser contre leur ennemi, puisque son légitime propriétaire ne pouvait le faire. Lorsqu'ils avaient fait un essai et que le mage noir avait senti intimement pour la première fois la magie de son amant, il en fut légèrement étourdi sous la sensation. Sauvage, fougueuse, démonstratrice et passionnée, l'essence magique de Harry lui avait fait ressentir un intense bien-être et une bonne dose d'excitation. Aujourd'hui, on aurait presque dit qu'elle savait le moment important car tout ce qu'elle lui transmis fut de la détermination et une volonté de fer.
Sans attendre d'avantage, le combat des deux puissances de cette époque débuta. Dès le début, les sorts destructeurs fusèrent, détruisant le paysage alentours. Harry observait la situation avec angoisse, regardant son amant parer des lames de feu et des sorts de coupures à la chaîne. Celui-ci répliquait avec des sorts de mort et de tortures qui passaient près du directeur de l'école. La sueur et la fatigue se firent rapidement voir chez les deux hommes qui mettaient tout leur potentiel dans leurs attaques. Au bout d'un moment, Harry dut s'allonger au sol, terrassé par l'épuisement qui le gagnait comme il sentait Voldemort piocher dans ses forces.
« Doloris ! »
« Destructum ! »
Voldemort se jeta au sol pour éviter le sort mauve qui volait droit vers lui. Vif comme un serpent, il se redressa en enchaînant avec un maléfice pour distraire le vieil homme. Celui-ci l'évita promptement, répliquant avec une vivacité qui ne laissait pas deviner son âge. Voldemort grinça des dents tout en réfléchissant à toute allure. En terme de tactique et de stratégie, Dumbledore et lui se valaient, même si cela lui écorchait la bouche de le dire. Leurs connaissances étaient aussi étendues l'une que l'autre. Un duel classique prendrait longtemps, beaucoup trop de temps et il n'était pas sur de pouvoir l'emporter définitivement sans laisser de chance à son adversaire.
« Impedimenta ! »
Il répliqua par un sort de défense suivi d'une pluie de sortilèges qui obligèrent son ennemi à battre en retraite provisoirement le temps de se protéger. Il devait arrêter ce duel et en finir avec lui. La méthode classique était trop longue et incertaine. Voldemort jeta un bref coup d'œil derrière lui en direction du gros loup gris derrière sa bulle bleue protectrice qui le regardait avec inquiétude. Harry pouvait lui apporter la solution. Il devait tirer avantage de leur lien et du fait qu'ils étaient deux puissances magiques réunies pour surpasser celle de Dumbledore par la force brute en un seul coup. Théoriquement, jamais le directeur de Poudlard ne pourrait éviter l'attaque et y résister. Le mage noir lança un gigantesque serpent de feu en attaque d'un moulinet gracieux du poignet, avant de fermer les yeux, profitant de la diversion. Dumbledore occupé à contrer l'animal, il fouilla en lui jusqu'à leur lien et commença à rassembler toute la magie de Harry et la sienne.
Harry haleta sous la sensation désagréable de sentir sa magie aspirée comme dans un siphon en direction de Tom. Pour autant, il n'imposa aucune limites, le laissant prendre tout ce dont il avait besoin. C'était son seul moyen d'intervention pour aider son amant, c'était à cette condition que ce dernier l'avait laissé venir pour participer à la bataille. Les yeux braqués sur les deux chefs, Harry ne voyait plus les autres autours d'eux qui se battaient avec la même rage. Tout ce qui existait était Tom.
Soudain, il le sentit récupérer toutes les forces qu'il possédait en lui, laissant un Harry à la limite de l'évanouissement, puis, lancer un sort de destruction. Un énorme éclair de lumière emplit le ciel, forçant tout le monde à se couvrir les yeux sous l'intensité du flash lumineux. Un fracas monstrueux, comme l'explosion d'une bombe leur vrilla les tympans, laissant un bourdonnement irritant derrière lui. Le souffle qui en résulta balaya les personnes proches et le sort autour du loup se désagrégea sous l'impact. Quand le jeune homme put à nouveau regarder, son cœur battit plus fort.
Voldemort se tenait debout, essoufflé et vacillant imperceptiblement sur ses jambes. Son expression était celle de la surprise et de la satisfaction en même temps. Devant lui, le directeur de Poudlard avait disparu, vaporisé par l'intensité du sort. Il ne restait de lui que quelques morceaux de tissus sur le sol et ses lunettes en demi-lune. Les aurors et
mangemorts à côté ayant été projetés au sol par le souffle, se relevaient avec un visage incrédule. Leurs yeux écarquillés étaient fixés sur le seul chef restant et naviguaient parfois à l'endroit de la disparition de Dumbledore. Les sourires euphoriques commencèrent à apparaître chez les uns, tandis que le visage des autres se décomposait.
« LE SEIGNEUR DES TENEBRES AGAGNE ! DUMBLEDORE EST MORT ! »
La clameur enfla, grossit, se répercuta comme une traînée de vent sur tout le champ de bataille. Elle fut reprise en chœur par tous les mangemorts sous les cris de désespoir des partisans de la lumière. L'allégresse gagna les hommes de Voldemort qui maîtrisèrent promptement des adversaires ayant perdu toute velléité de combat. Partout, des partisans de Dumbledore jetèrent leur baguette à terre en signe de reddition, l'amertume marquée sur leurs traits qui avaient définitivement perdus toute trace d'espoir.
Le mage noir leva la tête vers le ciel et ferma les yeux quelques instants. Il savoura le déferlement de soulagement qui parcourut son corps alors qu'il prenait conscience de la défaite de son ennemi. Ses muscles se relâchèrent, ses jambes eurent un moment de faiblesse, prêtes à le laisser tomber au sol.
Enfin, il était débarrassé de son ancien professeur qui avait toujours eu le don de lui mettre des bâtons dans les roues. Ce dernier lui avait tenu tête pendant des années, il ne voulait plus jamais en entendre parler à présent. Baissant la tête, il posa son regard sur Harry, une étincelle affectueuse à l'intérieur. Le pauvre avait l'air mort de fatigue, il faut dire que le mage noir s'était servi de lui pour tenir bon et surpasser Dumbledore. Il revint vers lui et posa une main sur la nuque du loup qui le regarda.
« Merci de ta contribution, je te renvoies au château. Reposes-toi, je te rejoins dès que possible. Pour le moment il va falloir s'occuper des prisonniers et je ne pense pas que tu veuilles être là. »
Harry émit un petit jappement d'approbation avant de frotter rapidement son museau dans la paume de son amant. Celui-ci sourit très brièvement. Il activa ensuite une des pierres précieuses du collier, ce qui fit transplaner le jeune homme directement au château. Voldemort soupira une nouvelle fois de fatigue. Il balaya les alentours du regard, observant les duels restants, l'euphorie de ses hommes, et l'agitation qui régnait. Ses yeux se posèrent sur l'un des derniers duels en cours qui passait quasiment inaperçu sous les acclamations.
En silence, il fixa Severus qui venait de se redresser péniblement, la baguette pointée sur Kingsley. L'auror était à terre, la plaie béante dans son ventre na laissant aucun doute sur ses chances de survie. Visiblement le combat avait été rude, Snape était en nage. Il ferma les yeux d'épuisement un bref instant. Profitant d'un dernier regain d'énergie, Kingsley leva son bras et lança un Avada en direction du professeur de potion. Snape avait le temps de l'éviter, le sort partait un peu trop vers la droite, il serait facile à esquiver. Mais, à sa grande surprise, son corps refusa de lui obéir. La panique le submergea lorsque, entravé par des cordes invisibles, il vit la lumière émeraude courir vers lui. Elle le percuta au niveau de l'épaule, et il retomba mort sur le sol.
Plus loin, Voldemort sentit le sort d'entrave qu'il avait lancé disparaître en même temps que la mort de Severus. Severus était au courant de l'identité de Harry, il était le seul dans la confidence bien malgré lui du fait de ses compétences médicales. Cela déplaisait fortement au mage noir. D'autant plus qu'il avait toujours eu un doute sur la véritable loyauté de son mangemort. Fallait-il être stupide pour ne pas comprendre les sentiments du sombre professeur lorsque ce dernier l'avait supplié d'épargner la sang de bourbe Potter. Et une dernière raison moins avouable, était que Severus avait parfois eu un regard étrange sur le jeune homme. Il l'avait surtout quand il examinait Harry, quand il observait son corps. Un regard qui avait extrêmement contrarié Voldemort. Peut-être se faisait-il des idées, mais là encore, il y avait une accumulation de raisons suffisantes au Lord pour qu'il se débarrasse de ce mangemort un peu trop malin, un peu trop doué et pas assez fiable. Maintenant que la guerre était finie, il n'avait plus besoin de ses services.
Pleinement satisfait de la matinée qui venait de s'écouler, Voldemort regarda un Goyle rayonnant s'avancer vers lui pour lui faire un rapide premier compte rendu de la situation. Il avait tout un pays à remettre sur les rails à présent. Le soleil ne brilla que plus fort, comme pour se moquer de cette énième déchirure entre les êtres humains qui fit de nombreux morts et blessés.
XXX
Voldemort avait été très rapide dans sa prise de pouvoir. Sitôt Poudlard tombé, il avait révélé au grand jour son emprise sur le ministère. Deux jours après, ses hommes infiltrés avaient sortit les armes, soumettant immédiatement tous les bureaucrates et politiciens incapables de se battre. Les aurors restant qui n'avaient pas participé à la bataille de Poudlard s'étaient retrouvés complètement désorganisés. Toute leur organisation avait été démantelée, les aurors enfermés en attendant de déterminer qui était favorable au changement de direction et qui ne l'était pas.
Fudge avait été récupéré traumatisé et terrorisé sous son bureau. Face à Voldemort, il n'avait pu que couiner de panique. Il avait obtempéré sans discuter quand celui-ci lui avait ordonné de lui céder les pleins pouvoirs sous peine
d'endurer beaucoup de souffrance. Ensuite, il avait été envoyé pourrir en cellule en attendant son jugement pour faute grave envers la nation dont il avait la charge.
Le titre de ministre ayant été obtenu de façon légale, Voldmeort avait aussitôt pu disposer des pleins pouvoirs et du total contrôle des infrastructures comme il l'avait prévu. Plusieurs membres du Magenmagot avaient été mis en détention en attente d'un procès qui déterminerait leur sort. Les plus farouches opposants ayant résisté aux mangemorts s'étaient vu purement et simplement exécuté sans sommation.
Quand aux créatures magiques d'Angleterre, elles finissaient toutes par se rallier au nouveau dirigeant, de plus ou moins bonne volonté. Aucunes n'étaient dupes après tout, le changement était inévitable, il fallait s'adapter aux nouvelles politiques. Les créatures dites maléfiques comme les lycanthropes et les vampires furent les premiers bien sur. Les centaures montrèrent toute leur arrogance en dédaignant reconnaître leur affiliation au nouveau ministère, mais s'y conformèrent tout de même. Ils étaient bien trop peu nombreux aujourd'hui pour se permettre d'émettre des critiques ou des conditions. Les sirènes firent de même, encouragées à cela par les moldus qui détruisaient de plus en plus la flore maritime. Elles furent imitées par les autres habitants des forêts qui perdaient leur lieu de vie pour les mêmes raisons. Voldemort fit la promesse qu'une fois la situation du pays stabilisée et consolidée, il s'occuperait des problèmes que posaient l'extension des moldus.
Diverses poches de résistance existaient encore dans le pays. Elles étaient assez faibles et ne disposaient que de peu de pouvoir, mais les actes de vandalisme qu'elles commettaient empêchaient une atmosphère plus sereine de se mettre en place. La situation restait instable et vacillante comme au lendemain de la guerre. Voldemort avait envoyé pas mal de ressources à la recherche de ces opposants pour en finir une bonne fois pour toute, et pouvoir enfin s'atteler à la reconstruction de ce pays au bord du gouffre par des années de négligence.
Autant dire que la tâche paraissait n'avoir pas de fin pour l'instant. Il faudrait encore des mois voir des années avant que la paix ne soit véritablement de nouveau instaurée et que tout le monde se soit accordé à l'issue de la guerre en faveur des mangemorts.
Loin de ces préoccupations politiques, Harry était allongé de tout son long sur le tapis devant la cheminée, dans le grand bureau de ministre de son amant. Il bailla en ouvrant grand la gueule avant de reposer sa tête sur ses pattes avant, laissant la chaleur du feu le réchauffer agréablement. Il était épuisé. Cela faisait six mois que Tom avait prit le
pouvoir depuis la bataille de Poudlard et sa prise de fonction dans la foulée. Depuis, il était très occupé, encore plus qu'avant lorsqu'ils étaient en guerre. Bien souvent, il laissait le jeune homme seul.
Harry s'ennuyait pas mal et hier soir, il avait explosé de colère. Il avait passé une bonne demie-heure à hurler sur son amant, vociférant des insultes à tout va sur celui-ci qui ne tenait pas compte de lui, qui disparaissait en permanence, qui travaillait sans arrêt, que lui derrière s'ennuyait à crever et que merde, il n'était pas une fichue bonne femme attendant le bon vouloir de son mari pour quémander un peu d'attention ! Un peu surpris par ce déferlement de rage alors qu'il voulait juste se rendre au bureau jouxtant leur chambre pour terminer un rapport urgent, Tom l'avait écouté vider son sac sans rien dire. Ce fut que lorsque Harry lui cria que ras le bol il redevenait humain en public, que le mage noir se décida à bouger.
Avec une passion brutale et exigeante, il avait attrapé le brun, l'avait plaqué au mur avant de sauvagement attaquer sa bouche. Harry avait tenté de résister, outré de ce manque de considération envers ses plaintes, avant de céder à l'envie qui lui taraudait les reins depuis deux semaines d'abstinence parce que Monsieur le Ministre était trop occupé. Tom ne lui laissa aucun répit, le manipulant et l'envoyant au sommet du plaisir tout en l'empêchant de jouir sans aucune pitié. Il le prit et le reprit durant toute la nuit, semblant infatigable sous l'avalanche de désir qui l'avait consumé lui aussi.
Son sexe était profondément enfoncé dans son amant alors qu'il bougeait avec frénésie quand Harry laissa échapper quelques larmes d'épuisement et de plaisir mêlés. Il le supplia d'en finir, de lui accorder enfin sa délivrance. Respirant lourdement, le corps trempé de sueur, il s'était laissé retourner sur le ventre avant de se cambrer de bonheur lorsque Tom revint en lui. Un nouveau vas et viens intense et rapide lui fit à nouveau perdre la tête jusqu'à ce qu'ils jouissent tous les deux.
Bref, aujourd'hui, il tombait de sommeil étant donné qu'un certain mage noir ne l'avait pas laissé dormir avant le petit jour. Mais il était loin de s'en plaindre, ses hormones qui hurlaient au scandale hier soir étaient pleinement contentées ce matin. Tout son corps était détendu et repus, son esprit aussi. Rassuré en quelque sorte d'avoir pu constater que oui Tom le voulait toujours, non il n'avait pas d'autres amants ou maîtresses quelque part qui l'accaparaient. Cela avait été sa crainte non avouée devant les absences répétées du ministre, celle qui lui avait fait faire une crise de rage comme ça. Même s'il n'avait rien dit, Tom avait l'air d'avoir compris les raisons implicites de la colère et de la panique de son compagnon.
Dès leur réveil, il l'avait emmené avec lui au ministère et lui avait dit qu'il pouvait rester avec lui autant qu'il le souhaitât
ainsi que l'accompagner partout. Heureux de cette proposition, Harry avait accepté, passant tout son temps collé à l'homme qu'il aimait, oubliant son envie de redevenir un humain à part entière et pas uniquement dans l'intimité. Il aurait pourtant bien aimé pouvoir parler à quelqu'un d'autre.
Ron et Hermione avaient disparus, Harry n'avait jamais su ce qui leur était arrivé. Alors il se plaisait à les croire en vacances en amoureux au bord d'une plage, tentant de se convaincre que c'était la réalité. Snape et Kingsley s'étaient entre-tués lors de la bataille. Remus était en fuite, il avait entendu Greyback se plaindre de n'avoir pas pu corriger son chiot désobéissant. Harry espérait qu'il allait bien. Narcissa s'était épuisée avec la guerre, le deuil de son époux, et la gestion de la famille Malfoy. Fort heureusement, la noble famille Malfoy remettait doucement la tête hors de l'eau grâce à l'aide précieuse de Lord Nott qui aidait grandement la veuve à gérer les affaires courantes. Draco était d'ailleurs entré en cure à St Mangouste, poussé par ses amis Serpentards Blaise Zabini et PansyParkinson. Peu à peu, le jeune homme exorcisait ses démons et commençait enfin à grandir et à se reconstruire. Harry soupira en fermant les yeux.
Voldemort leva le nez de son parchemin quelques minutes, observant son compagnon. Il savait que Harry voulait parfois parler à d'autres personnes, pouvoir marcher sur deux jambes et non sur quatre pattes. Le jeune homme lui avait crié sa menace hier soir, une menace qui l'avait fait bondir aussitôt. Quoi que le brun souhaitât à ce sujet, jamais Voldemort ne le permettrait. Harry resterait sous sa forme de loup devant tous, jamais ses mangemorts et le peuple ne saurait qui il était vraiment.
Aux yeux de tous, HarryPotter avait disparu il y a plus d'un an et personne ne saurait ce qui lui était arrivé, ce qu'il était devenu. Voldemort n'autoriserait personne à poser son regard sur son jeune amant, à l'approcher, à le toucher. Il le garderait jalousement pour lui, lui permettant de retrouver sa forme humaine uniquement entre les murs de leur appartement. Et peu lui importait si Harry en voulait plus. Le jeune homme avait choisi d'être le compagnon d'un mage noir, après tout. Un sourire pleinement satisfait et un brin cruel aux lèvres, le ministre reporta son attention sur son travail, un sentiment de contentement l'envahissant. L'Angleterre était enfin sienne. Et Harry était à lui, uniquement à lui.
Fin.
Fichtre alors, ça fait bizarre d'écrire ça.
Alors, vous avez été nombreux tout au long de cette fiction à m'avoir parlé du moment où Harry se révèlerait au grand jour, où tout le monde saurait enfin qui est le loup. Et bien, navrée de vous décevoir, mais cela n'arrivera pas. Et autant ce que j'avais en tête durant les derniers chapitres était très différent des premiers, autant ça c'est un point de l'histoire que j'ai su dès le début. Il n'a jamais été prévu que Harry sorte de l'ombre.
Cette fiction vous semble peut-être assez douce avec une relation amoureuse, principalement parce que j'ai changé dans ma manière d'écrire et que ça ne se ressent pas assez dans les premiers chapitres. Mais ça n'est pas foncièrement le cas pour autant. Voldemort est Voldemort. Ce n'est pas un bisounours amoureux. Il a tué Ron et Hermione sans aucun regret ni culpabilité parce que c'est ce qui convient le mieux pour lui. Pas pour Harry. Il lui mentira toute sa vie sur ce qui leur est arrivé parce qu'il n'éprouve absolument aucun scrupule et qu'il n'a pas besoin de se justifier auprès de qui que ce soit. Et vous avez été plusieurs à dire "si Harry le sait ça va chauffer". Déjà comment le saurait-il ? Ensuite, et même si cela arrive, que va-t-il faire ? Il a prêté un serment inviolable à Tom qui l'enchaîne complètement, il a renoncé à tout pour lui, et plusieurs fois il s'est laissé manipuler sans s'en rendre compte. Ce sont les mêmes raisons qui font que Voldemort à tuer Severus. Personne ne doit détenir le moindre "pouvoir" sur Harry excepté lui. Et donc Harry restera sous sa forme de loup pour qu'il n'appartienne qu'à Voldemort et dépende entièrement de lui.
Après la question de savoir s'il éprouve vraiment de l'amour pour Harry ou si ce n'est que de la possessivité extrême, je vous laisse prendre la réponse qui vous convient. Harry lui-même ne le sait pas complètement après tout.
Voilà, il s'agissait de mes dernières explications, j'espère que je n'ai rien oublier ou laisser dans le flou, n'hésitez pas à me le faire remarquer dans le cas contraire. J'espère que vous avez passer un bon moment à suivre cette histoire, malgré les délais faramineux et les chapitres très inégaux. Je vous donne rendez vous sur ma prochaine fic, en espérant qu'elle vous tentera et vous plaira :)
Encore un énorme merci à tous vos messages de soutiens et d'encouragement, tous vos petits mots m'indiquant que vous êtes passé et que vous aimez mon écriture. Vous avez été supers.
Je vous souhaite un bon 31 décembre et une bonne année 2015 un peu en avance !
