elodidine : Merci pour ta review ! Savoir que ma traduction est bien menée me fait très plaisir !
La Force elle-même criait dans les oreilles d'Obi-Wan. C'était idiomatique, bien sûr, parce que la Force n'avait pas, autant qu'il le savait, de cordes vocales qui lui permettrait de produire n'importe quel bruit audible. Pour utiliser un autre idiome, le silence était tellement assourdissant, que quelqu'un aurait bien pu hurler dans ses oreilles sans causer plus de peine. Cela aurait été moins douloureux.
La présence d'Anakin avait déjà disparu de la Force auparavant. C'était le cas pour tous les deux. Combien de fois avaient-t-ils été capturés ? Trop. Généralement ensemble. Pas cette fois cependant. Et cette fois, Anakin n'avait pas simplement quitté la Force. Il était juste parti.
Il était parti. Anakin était parti. Anakin ne reviendrait plus jamais.
Et tout le monde l'avait vu. Tout le monde, partout. Et même si ce n'était pas le cas, maintenant tout le monde devait le savoir. Il devait, maintenant, être connu de tous que le héros de la guerre des clones était mort.
Mais Anakin n'était pas un héros, il était une personne. Une personne extraordinaire, évidemment, mais néanmoins un humain. Un homme. Un garçon. Un garçon qu'Obi-Wan avait élevé. Un garçon qu'Obi-Wan avait aimé. Un garçon qu'Obi-Wan aimait encore.
Oh Force, pourquoi n'avait-il jamais dit à Anakin qu'il l'aimait ?
Il se pencha en avant et pressa son front sur la table de la cuisine. À côté de lui se trouvait deux tasses de thé, fraichement préparées mais qui devenaient froides, une pour lui et une pour Anakin, même s'il savait. Comment ne pouvait-il pas savoir ? Il l'avait vu de ses propres yeux. Il avait regardé le corps d'Anakin s'assouplir sur le sol avec ses deux yeux.
Le corps. Où était le corps d'Anakin ? Qu'est-ce que Dooku avait fait de lui ? Obi-Wan avait l'impression d'avoir des nœuds dans la gorge et dans l'estomac qui se serraient jusqu'à l'empêcher de respirer. Il ne pouvait penser à rien d'autre qu'au corps sans vie d'Anakin, immobile et étendu sur le sol, de la fumée s'échappant de son dos. Avec Qui-Gon il y avait eu un corps, quelque chose à brûler, mais maintenant il n'y avait rien, peut-être un mémorial, s'il forçait pour cela, mais rien de plus parce que l'attachement est interdit, et qu'il ne faut pas pleurer ceux qui sont passés dans la Force.
Comment pouvait-il continuer maintenant ? Il le devait pourtant. Pourquoi cela n'avait-il pas pu être lui ? Cela n'importait plus, tout était terminé. Mais cela importait, parce que c'était douloureux. Mais ça ne devrait pas importer, parce qu'il était un maître Jedi et qu'il devait passer au travers et qui est-ce que je tente de duper, Anakin est mort et je ne pourrai plus jamais le voir ou le toucher ou l'entendre rire et pourquoi je en lui ai pas dit que je l'aimais ?
Obi-Wan avait pensé qu'il était préparé à cela. Il s'y était préparé pendant onze ans. Il n'était pas prêt.
La Force semblait se retirer doucement. Ce n'était pas juste la douleur qui provenait de la perte de son lien avec Anakin, mais tout qui paraissait moins lumineux. Le fils de la Force était mort prématurément et l'obscurité était sur le point de s'abattre et Obi-Wan souhaitait simplement avoir pu être avec Anakin quand cela était arrivé.
Obi-Wan était effondré sur son siège du conseil, ne cherchant même pas à afficher un visage stoïque. Ce n'était pas comme si les six autres Jedi dans la pièce étaient ignorants de sa proximité avec le dernier Jedi décédé. Quel serait l'intérêt de prétendre le contraire ?
« Médité sur cela j'ai, et aucune présence du jeune Skywalker je sens. Sûr je suis, que ce qu'on a vu est vrai. » Yoda, pour son crédit, semblait attristé par l'idée.
« Pensez-vous que cela veut dire qu'il n'était finalement pas l'élu ? » Demanda brutalement Ki-Adi-Mundi
« J'ai vu dans le passé que Skywalker était directement lié à la Force et à la guerre des clones. Je crois que cela est toujours le cas, même s'il est passé dans la Force » Dit Mace Windu. Obi-Wan ressentit une envie de vomir provenir du plus profond de lui. « La mort de Grievous peut mettre fin à la guerre des clones, et il est toujours possible que l'équilibre soit amené à la Force et que les Sith soient finalement détruits. »
« Mais nous avons toujours cru que Skywalker serait celui qui détruirait les Sith lui-même », ajouta Plo Koon pensivement.
« Ah, présumer des choses nous ne devons pas » dit Yoda « Ne jamais prévoir quoique ce soit, nous devons, quand la menace du côté obscur est si épaisse. Perdue, la guerre n'est pas. Avantage de la mort de Grievous nous devons prendre. Aucune erreur nous ne devons commettre, à partir de maintenant et jusqu'à la fin de la guerre »
« Et qu'en est-il de la jeune Padawan Tano ?» Questionna Mace « On doit lui donner un nouveau maître »
Obi-Wan porta la main à sa barbe. Oui, une part de lui voulait désespérément s'occuper d'Ahsoka, avait besoin de garder ce qui restait d'Anakin près de lui. Mais il voulait également qu'elle ait le meilleur maître qu'elle pouvait avoir et il savait qu'il ne pourrait pas l'être. Pas maintenant, pas quand il avait le sentiment que toute lumière avait disparue.
« Deux options je vois, » dit maître Yoda en croisant ses mains ensemble. « Maître Kenobi et maître Plo Kloon. Proches d'elle, vous deux êtes. Utile ce serait, pour qu'elle s'adapte plus rapidement au changement. Jeune, elle est . Une période de tentation cela sera. » Il fut pensif un moment avant de reprendre. « Penser à cela, vous devez tous deux, et décider de ce qui est mieux. »
« Vous devriez le faire » Prononça Padmé en s'adressant à Obi-Wan, plus tard dans la journée. « Je n'ai pas souvent parlé au maître Plo Kloon, mais je pense que cela serait bon pour vous. Et pour elle »
Obi-Wan secoua négativement sa tête. « Il serait un bien meilleur maître, j'en suis sûr. Il la connait depuis son enfance et a été au Conseil plus longtemps que moi »
« En quoi cela importe ? » Demanda-t-elle impatiemment. « Vous êtes sage et expérimenté et vous vous êtes battu avec elle depuis des années. Aujourd'hui, c'est de cette familiarité dont elle a besoin. De plus, elle est probablement plus habituée à votre style qu'au sien. »
Obi-Wan remua à nouveau sa tête, et Padmé soupira. Il ne pouvait pas lui admettre ses raisons de refuser. Il ne pouvait oser lui dire qu'il était terrifié de perdre Ahsoka, de la même façon dont il avait perdu Anakin, encore et encore. Il ne voulait pas lui admettre que, même si Anakin était devenu un excellent chevalier Jedi, il aurait pu devenir bien plus en ayant un maître qui était prêt, qui savait comment entrainer un Padawan, et qui lui aurait donné le type de discipline dont il avait besoin.
Il n'était certainement pas prêt de lui admettre que la perte d'Anakin avait laissé un trou béant dans sa poitrine, trou déjà formé pas la mort de Gui-Gon et toujours couvert de croûtes, et qu'il était terrifié à l'idée de perdre quique ce soit d'autres. Comme un autre Padawan par exemple. Peut-être que ce serait moins douloureux de passer le reste de sa vie triste et seul.
« J'aurais pensé que vous connaissiez tout ce qu'il y avait à savoir à propos des adolescents, Obi-Wan » Dit-elle « Avec l'expérience de votre dernier Padawan, que pensez-vous que vous devriez faire ? » Face à l'absence de réponses, elle gronda, frustrée, « Vous évitez vos problèmes. Vous évitez le fait que vous avez des problèmes. »
« Et n'est-ce pas exactement ce que vous avez fait ? » Rétorqua-t-il ironiquement. Elle pinça ses lèvres puis soupira à nouveau.
« C'est vrai. C'est ce que j'ai fait. Mais je planifie de prononcer un discours important au Sénat, la semaine prochaine, et si je n'évitais pas mes problèmes, je ne serais pas sur le point de faire un appel à la paix, n'est-ce pas ? »
« Je suppose que non »
Quand Padmé le regarda à nouveau, ce fut sympathiquement. Obi-Wan devait lui donner raison : elle avait l'incroyable capacité à mettre sa propre peine en attente pour le besoin des autres. Il avait honte, d'avoir, visiblement, besoin de son aide pour se sentir mieux. Il espérait qu'elle n'était pas trop dure avec elle-même, mais savait que ce n'était pas le cas.
« Prenez Ahsoka en tant que Padawan, » ordonna-elle gentiment « Entrainez-la, protégez-la, attachez-vous-même à elle. Je vous donne ma permission pour le faire. »
Il sourit tristement, malgré lui. « Si seulement c'était aussi simple. »
« Le conseil a décidé de qui allait être ton nouveau maître, » dit Obi-Wan à Ahsoka le jour suivant. Maître Plo avait décidé qu'Obi-Wan faisait un meilleur choix que lui, néanmoins, Obi-Wan ne pouvait se résoudre à être de son avis.
Elle s'indigna. « Cela ne fait même pas une semaine ! » Eh bien, au moins elle parlait à nouveau.
Obi-Wan détourna son regard vers le sol. « Je sais. »
« Est-ce que l'un d'entre eux à des sentiments ? »
Il croisa ses bras. « Ils ont un devoir envers la République et la guerre, tout comme nous. La guerre n'attendra pas que l'on se sente mieux. »
Ahsoka le regarda, incrédule. « Mon maître est mort. Je me fous de la guerre. »
« Je sais que c'est dur, Ahsoka, mais – »
« Non, » dit-elle, remuant sa tête. « J'ai dû regarder mon maître mourir en diffusion galactique sur l'HoloNet, sans aucun avertissement et maintenant le Conseil Jedi veut le remplacer quatre jours plus tard ? »
« Ahsoka – »
« Qu'est-ce qui ne va pas chez eux ? » S'exclama-t-elle en colère. « Je me fous de ne pas être supposée avoir ces sentiments, parce que je les ai et qu'ils s'en moquent ! Ils prétendent que je vais bien et présument que je peux passer au travers ! Flash info : je ne vais pas bien ! »
« Ahsoka, ce sera moi. »
Elle le fixa pendant un long moment, comme si elle essayait de déchiffrer quelque chose. Puis elle se détourna et s'en alla au loin. Obi-Wan tenta de prétendre que ça ne le blessait pas.
Rêver ne lui donna aucune échappatoire.
Le champ de bataille était recouvert de corps, clones tombés sur clones tombés. Les restes jonchés de la 501e. Certains d'entre eux étaient déchirés par des rayons lasers, d'autres avaient un trou, causé par un blaster, au travers le ventre. Tous étaient vêtus d'une similaire armure blanche, avec des rayures et motifs bleus uniques. Tous sauf un : un corps portait des vêtements marrons et noirs et était étendu sur le sol, dans un tas froissé, comme les autres.
Obi-Wan courut aussi vite qu'il le put au travers les nombreux corps, et se jeta sur le sol, à côté d'Anakin. Il attira son ancien Padawan sur ses genoux, comme s'il était fait de verre brisé.
« Maître… ? » Murmura Anakin. Ses yeux bleus étaient flous et se fermaient. Il y avait du sang sur son visage pâle et partout sur son corps.
Obi-Wan lissa ses cheveux et le berça. « Je suis là, Anakin, » dit-il de façon apaisante. « Tout ira bien. » Il savait que ce ne serait pas le cas.
« Je ne… veux pas vous quitter maître. Je vous aime… » Il regarda, interdit, son vieux Padawan lutter pour rester en vie. Une minute plus tard, Anakin ferma les yeux et son corps se relaxa dans les bras d'Obi-Wan.
Il sentit une sombre présence et regarda brusquement au-dessus de lui, repoussa ses larmes, et vit Dooku se tenir en face de lui. Soudainement, Obi-Wan ne put rien ressentir d'autre que le désir de tuer le maître de son maître. Il déposa avec précautions le corps d'Anakin sur le sol et alluma son sabre laser, le dirigeant vers Dooku. Quand il le lança vers ce dernier, le Sith disparut dans une fumée blanche et Obi-Wan se réveilla, baignant dans sa sueur.
Quelque chose devait être fait à propos de la chambre d'Anakin, il le savait. Les affaires d'Anakin. Anakin avait eu beaucoup de possessions, et bien plus qu'il aurait dû en avoir en tant que Padawan et chevalier Jedi. Mais c'était l'une des parties pour lesquelles Obi-Wan avait été laxiste. Qui pouvait empêcher un ancien esclave d'embrasser sa liberté par la possession d'objets ? Il n'avait certainement pas été capable de la faire. Encore un autre échec en tant que Maître Jedi.
Encore maintenant, au moment où il avait trouvé le courage de s'approcher de la chambre de son apprenti, la Force l'avait heurté si fortement avec la présence d'Anakin, qu'il ne put que s'écrouler, dans le hall, haletant.
Ils retournèrent à la guerre comme si rien n'avait changé. Obi-Wan pensait que c'était une mauvaise idée, que c'était trop tôt, mais il accepta les ordres du conseil et alla à Umbaran sans protester. Ahsoka participa seulement aux batailles spatiales, ce qu'Obi-Wan n'aimait pas non plus, parce qu'il voulait garder un œil sur elle et s'assurer qu'elle ne laissait pas ses sentiments prendre le dessus sur sa mission. À la fin, cependant, il était satisfait, parce les regards sur les visages de ses soldats, quand ils rapportèrent le tour de Krell, était une chose qui serait ancrée dans son esprit pour les semaines à venir.
Quand il écouta ce que les soldats d'Anakin avait fait – voler les troupes d'Umbaran puis se rebeller contre le traître, le Général Krell – il ne put s'empêcher de ressentir une once de nostalgie. Il avait rencontré de nombreux clones, venant de nombreuses légions, qui avaient servi différents généraux, mais il n'en avait jamais vu d'aussi créatifs, uniques et conscients d'eux-mêmes, que ceux de la division 501. Anakin avait fait forte impression sur eux.
Il retourna à Coruscant et s'écroula sur son lit, retournant à un vortex de cauchemars et de désespoir.
Dans certains de ses rêves, Anakin était déjà mort. Dans d'autres, Obi-Wan arrivait juste à temps pour voir la lumière quitter ses yeux. Sa blessure était toujours différente – poumon percé, hémorragie interne, tout et n'importe quoi qui pouvait se détraquer en temps de guerre. À chaque fois, Obi-Wan attirait le corps d'Anakin proche du sien et s'autorisait à pleurer dans ses cheveux. À chaque fois, Obi-Wan levait sa tête et voyait Dooku se fondre dans les ombres et ressentait une indomptable rage de tuer celui qui lui avait enlevé Anakin. À chaque fois il se réveillait, ravi de sortir de ce cauchemar, et se souvenait qu'Anakin était vraiment mort.
Rêver de la perte d'Anakin n'avait rien de nouveau, il avait eu ces rêves pendant des années et des années, mais il ne les avait jamais eus à une telle fréquence, et jamais ils n'avaient été si réels.
Obi-Wan se tenait à l'entrée du repulsorpode du Sénat d'Alderaan et regardait Padmé, qui se tenait sur le podium central. Il était venu s'acquérir de Bail Organa quand ce dernier lui avait rappelé que Padmé s'apprêtait à lancer un appel à la paix au Sénat.
« Honorables représentants de la République, » la voix de Padmé se répercuta au travers nombreux haut-parleurs dans la Grande Chambre de Convocation. Elle semblait majestueuse et calme, bien qu'Obi-Wan, même de là où il se tenait, pouvait sentir plus de troubles en elle qu'elle ne le montrait.
L'intervenante Mas Amedda regarda son pod flotter au centre de la salle et constata l'évidence, « la Sénatrice Amidala a la parole »
« Il est bien connu, à travers la République, que je me suis souvent positionnée au Sénat en tant que voix apportant la paix. Je suis ici aujourd'hui, pour être cette voix une nouvelle fois. Avec la défaite du Général Grievous, la dernière chose que l'on doit faire est de continuer de se battre. » Obi-Wan entendit de vives protestations mais Padmé ne laissa rien paraître. « Je réalise qu'il est impossible d'arrêter subitement l'effusion de sang, mais ce n'est pas impossible de parler avec les Séparatistes afin de trouver une solution pacifique à ce conflit. Je crois que nous n'avons jamais eu d'aussi bonne opportunité maintenant que Grievous est mort. »
Elle prit une nouvelle inspiration avant de continuer. « Certains d'entre vous ont possiblement entendu dire que j'ai aidé à la capture du Général Grievous. Je ne prétends pas prendre le crédit pour cela, néanmoins. Cette action est le fruit du dur labeur de mon peuple, qui a réussi à le capturer et à empêcher les Séparatistes de le récupérer. J'utilise cet exemple pour montrer que mon peuple n'est pas sans défense. Nous envisageons le combat quand il est une nécessité. Ma planète a eu son lot de guerres. Mais avant d'avoir recours à un conflit violent, nous faisons tout ce que nous pouvons pour l'éviter. »
« Dans cette galaxie, il est trop tard pour stopper le conflit avant qu'il ne commence. Je le réalise. Mais ne sommes-nous pas fatigués, de voir la déchéance que cette guerre apporte ? Ne voulons-nous pas mettre une fin à la destruction pour nous focaliser sur la reconstruction ? Je ne pense pas que quiconque veuille voir plus de civils, ou clones ou – » Obi-Wan entendit sa voix faillir juste un instant. « Ou Jedi tués, juste parce que nous refusons, en tant que République, de simplement envisager la paix, en tant que solution. »
« Je ne questionne l'amour et la dévotion de personne, envers la République. Je pense simplement que nombreux d'entre nous avons perdu de vue ce qui était important : les Hommes. Les Hommes qui meurent, frigorifiés et affamés. Ceux qui ont été frappés par les souffrances de la guerre. Ceux auxquels nous ne pensons pas, parce que nous sommes saufs dans nos appartements à Coruscant. S'il vous plaît, souvenez-vous des Hommes. Merci. »
« J'ai entendu votre discours, » dit Obi-Wan plus tard dans la journée. Padmé était assise dans son bureau, elle semblait épuisée. De l'extérieur, elle apparaissait toujours comme l'imperturbable sénatrice, mais il savait, à cause de la lassitude dans son regard et la façon qu'elle avait de s'enfoncer dans son siège, qu'il n'y avait rien pour la distraire de, eh bien… « Il était excellent. Je ne peux qu'espérer que plus de personnes vous aient écoutée, cette fois. »
« J'en doute, » dit Padmé, prenant deux verres et une bouteille d'un vin Alderaanian du tiroir. « Il y a-t-il eu une fois où l'on m'a seulement écoutée ? »
« Ne doutez pas de l'effet que vous avez sur les gens disposés à vous écouter, Padmé. Vous êtes une sénatrice depuis de nombreuses années maintenant. » Il prit la boisson qu'elle lui tendit et avala la moitié de cette dernière d'un coup. Sa saveur était aussi excellente que celle de n'importe quel vin Alderaanian, mais il ne lui fournit pas l'abandon qu'il aurait apprécié. « Je suppose que vous n'avez rien de plus fort que cela ? »
« J'aurais apprécié, » dit Padmé, se penchant en arrière sur sa chaise. « Les Jedi peuvent-ils même être souls ? »
Obi-Wan sourit ironiquement. « Seulement si l'on s'y autorise. » Il prit une autre gorgée. « Vous devriez continuer à vous battre pour la paix. Un jour, peut-être, assez de gens écouteront et aucun Padawan n'aura besoin d'aller à la guerre. »
Elle l'étudia difficilement. « Que se passe-t-il avec Ahsoka ? »
Il soupira tristement. « Je l'ai pris comme ma Padawan, comme vous l'aviez suggéré. Elle n'était pas ravie. »
« Elle se remettra. Elle est forte. Ce sera bon pour vous, d'être ensemble, vous vous connaissez déjà si bien. »
Il soupira et n'ajouta rien.
« Peut-être que si plus de monde connaissait les Jedi personnellement, ils comprendraient pourquoi la paix est si importante, » prononça Padmé, rêveuse. « Peut-être que s'ils connaissaient les Hommes envoyés mourir, ils se formeraient une différente opinion. »
« Eh bien, vous avez été impliquée depuis le tout début, » il dit, se servant plus de vin. « Je suis sûre que vous savez que je ne pense pas plaisamment des politiciens par défaut. »
Elle renifla. « Je commence à être d'accord avec vous. »
Ils restèrent silencieux pour plusieurs minutes, regardant paresseusement le trafic.
« Quand repartez-vous en mission ? » Demanda-t-elle
« Probablement dans la semaine. »
« Prenez soin de vous. » Elle présenta sa main sur le bureau.
Il la prit et le serra brièvement. « Vous aussi. »
Les rêves ne prenaient pas toujours place sur le champ de bataille. Parfois c'était sur le lit d'hôpital d'Anakin, et Obi-Wan pouvait sentir la Force elle-même s'écrouler avant que le moniteur ne trace une ligne blanche. Parfois il regardait impuissant, depuis le pont de son vaisseau, le chasseur jaune et argent exploser après avoir été frappé au mauvais endroit au mauvais angle. Chaque rêve se concluait de la même façon : Anakin était mort et Obi-Wan ne l'était pas.
Une partie de lui, malade, masochiste, tordue, la partie qui se faufilait régulièrement dans l'arrière de son cerveau et lui rappelait qu'il avait dansé avec le côté obscur et qu'il n'y avait pas d'échappatoire, était contente de ses rêves. Aussi douloureux qu'ils étaient, aussi petit qu'était le sommeil qu'il avait à cause d'eux, ils étaient la seule chance qu'il avait de revoir encore Anakin.
Obi-Wan ne savait pas exactement comment Ahsoka avait trouvé la location du camp d'esclaves Zygerrian, bien qu'il ait le sentiment que cela impliquait des négociations musclées de sa part. Il savait simplement que, quand elle se montra avec Maître Plo Koon et le libera avec tous les Krios Togruta, il était incroyablement fier d'elle, pour ne pas laisser ses sentiments interférer avec la mission.
Il commença à changer d'avis cependant, quand il vit son regard s'illuminer alors qu'elle regardait le camp exploser pendant que leurs tirs laissaient une trainée de vapeur dans l'atmosphère. Elle semblait planer, se délectant de la destruction des esclaves qui avaient causé tant de souffrance à son peuple.
Ils auraient besoin de parler de cela, Obi-Wan le savait. Elle avait besoin de se souvenir que les Jedi ne s'amusaient de la mort de personne, même s'ils étaient le mal incarné et ne se souciaient pas de la souffrance des autres êtres vivants. Mais il était tellement fatigué, tellement las de subir l'esclavage, et il savait qu'Anakin aurait le même sentiment qu'elle, s'il avait été là. Alors Obi-Wan laissa couler pour l'instant parce que qui savait si Ahsoka serait à nouveau heureuse ?
De retour à Coruscant, Obi-Wan entra dans leur - sa – suite, enleva ses bottes et sa ceinture, et s'arrêta devant la porte de sa chambre. Il hésita, et réfléchit pendant un moment, puis fit demi-tour et entra dans la chambre d'Anakin.
Il fut frappé par la même présence dans la Force d'Anakin qu'avant, même si ce n'était pas aussi puissant, mais cette fois, il garda ses résolutions et s'écroula sur le lit d'Anakin. Il laissa ses mains parcourir les draps. Il sentit l'odeur de shampoing sur l'oreiller. C'était pathétique. Il s'en moquait.
Son coeur souffrait. Tout comme tout son corps, un cadeau des esclaves Zygerrian.
Il ferma ses yeux et s'appuya contre l'oreiller. Il imagina cette voix lui parler. Maître, vous vous sentez bien ? Et ne me mentez pas, car je le saurai.
À voix haute, en s'adressant à personne, il dit, « je vais bien, Anakin. »
Vous n'avez pas besoin de prétendre avec moi, Maître. Je sais mieux que personne ce que l'esclavage fait à une personne. Allez, laissez-moi au moins mettre un peu de bacta sur ces blessures.
« Je peux prendre soin de moi, tout seul. »
Je sais, mais le fait est que vous n'y êtes pas obligé.
Cette nuit, il rêva d'esclavage. Au matin, il se réveilla sur des draps qui n'étaient pas les siens et sur des débris de droïdes dispersés dans la pièce, et il se sentit comme un imbécile.
Ahsoka devenait imprudente, et Obi-Wan était incapable de l'en empêcher. Elle fonçait dans les batailles, brandissant son sabre, sautant sur des tanks de séparatistes pour embrocher les droïdes à l'intérieur, à découvert des tirs de blasters et de canons, et il était effrayé jusqu'à la moelle mais il ne savait comment aborder le sujet.
Il tenta de lui suggérer de meilleures façons de gérer les choses. Il l'encouragea à méditer, soit en s'asseyant calmement soit en marchant, comme Anakin l'avait toujours fait. Il essaya de la restreindre, mais plus il s'impliquait dans sa guérison, plus elle s'éloignant de lui.
Il ne voulait pas la perdre. Il ne pourrait pas supporter de perdre un autre apprenti.
Quand ils retournèrent à Coruscant, Obi-Wan alla voir Padmé. C'était en quelque sorte embarrassant, de devoir aller voir quelqu'un d'extérieur à l'ordre pour chercher de l'aide, mais elle était amie avec Ahsoka et peut-être qu'elle aurait des conseils pour lui.
« Je ne peux pas vraiment vous aider, » dit Padmé alors qu'ils s'asseyaient dans sa véranda. « Elle m'évite à chaque tournant. La seule fois où je l'ai vue fut lors de vos fausses funérailles. Ce qui était plutôt cruel de votre part, d'ailleurs, » ajouta-t-elle sèchement.
« Je suis désolé, » dit Obi-Wan. « Je sais que le moment était mal choisi mais c'était la seule solution, face au complot contre le Chancelier, que l'on a trouvé. J'avais averti Ahsoka avant, mais… » Ahsoka n'avait pas été heureuse avec sa fausse mort. Elle ne voulait pas prétendre perdre ses deux maîtres. « Elle continue de me rejeter. Ça ne devrait pas me déranger autant. Je sais que je devrais lui donner de l'espace. Mais elle a besoin d'aide. Vous ne pensez pas que vous pourriez- »
« Elle me blâme pour ce qui s'est passé, Obi-Wan. J'ai été capable de le dire à chaque fois qu'elle m'a regardée après la mort d'Ani. » Elle soupira. Elle semblait autant apathique que terriblement épuisée. Les sombres poches sous ses yeux lui disaient qu'elle dormait encore moins que lui, si c'était possible. « Je devine que l'on a tous nos propres problèmes. »
« Dans ce cas, que pensez-vous que je devrais faire ? Elle est incroyablement imprudente, elle met constamment sa vie en danger, et elle m'évite quand je tente de lui en parler. »
Elle l'inspecta. « Obi-Wan, » dit-elle difficilement. « Je pense que vous vous sentez isolé. »
« Quoi ? »
« Je pense que vous essayez de passer plus de temps avec Ahsoka pour ne pas vous sentir si seul, » prononça-t-elle doucement. « Je pense que vous avez besoin d'une pause et de prendre soin de vous avant de pouvoir prendre soin d'elle. »
« J'ai pris soin de moi, » dit-il obstinément. « Ce n'est pas moi qui ai besoin d'aide. »
« Repensez-y. Ne vous souvenez pas d'à quoi ressemblait Anakin quand il a perdu son bras et sa mère ? »
Obi-Wan porta sa main à sa barbe. « Je suppose que je vois ce dont vous voulez parler. » Il se souvenait trop bien. Anakin avait été perdu et solitaire et avait hurlé constamment envers Obi-Wan pour l'étouffer, quand tout ce qu'il voulait faire était de l'aider pendant sa réhabilitation. Aider Anakin à se sentir mieux avait été sa seule mission et il avait commencé à négliger ses propres besoins. C'est n'est qu'après s'être éloigné qu'Anakin avait commencé à s'ouvrir à lui.
Il soupira. « C'est différent, cependant. À l'époque, Anakin était sauf à Coruscant. Maintenant Ahsoka se précipite dans les conflits, cherchant gloire et vengeance. »
« Alors parlez au Conseil, » suggéra Padmé. « Retirez-la du front. Ensuite vous pourrez tenter de l'aider à composer avec tout ce qui lui arrive. » Elle fronça les sourcils. « Une enfant de quinze ans ne devrait pas être au front de toutes façons. »
Il frotta son front. « J'ai déjà essayé de le faire. Ils ont besoin de tous les Jedi qu'ils peuvent avoir. Mais j'essayerai à nouveau. » Il savait qu'Ahsoka voulait se battre, mais il devait admettre qu'il préfèrerait avoir une Ahsoka en colère contre lui qu'une Ahsoka morte.
Finalement, le Conseil ne la retirerait pas de la guerre. Pas maintenant, en tous cas, pas avant qu'ils ne puissent être sûrs que ses actions n'apportaient que du mal. En tant que maître, cela l'effrayait. En tant que membre du Conseil, il comprenait. Pourtant, il était malade à l'idée de risquer sa santé parce qu'elle n'avait prouvé être trop imprudente. Où définiraient-t-ils la ligne ?
Si le Conseil ne faisait rien, Obi-Wan décida qu'alors il agirait.
Il poussa légèrement la porte de la chambre d'Ahsoka et elle le laissa entrer. Elle ne semblait pas heureuse à ce propos.
« Quand retournons-nous à la guerre ? » Demanda-t-elle. Il fronça les sourcils : ils n'étaient rentrés que depuis une semaine, et elle était déjà agitée et impatiente.
« Je ne sais pas, » dit-il. Il s'assit en face d'elle. « J'aimerais te parler. Je sais que tu as évité cette conversation mais nous devons l'avoir, Ahsoka. »
Elle croisa ses bras contre son ventre. « Si vous me dîtes encore de méditer – »
« Non. Je veux juste savoir comment tu te sens. »
Ahsoka sembla surprise. « Quoi ? »
« Tu as été tendue récemment, je peux le voir. Et si tu veux en parler, je suis là pour écouter. Sans jugement, et sans reporhces, si tu le souhaites. »
Elle considéra l'idée un moment. « Je suis en colère. » Dit-elle simplement.
« Contre quoi es-tu en colère ? »
« Tout ! »
« Tu peux te lâcher. Je ne t'interromprai pas, je le promets. »
Ahsoka le fixa pendant un long moment, comme si elle s'attendait à ce que ce soit une blague. Finalement, elle éclata, « Je suis folle de rage, ok ? Je suis vraiment, vraiment, folle de rage. Contre Dooku parce qu'il a tué mon maître, contre Padmé parce qu'elle a tué mon maître, contre vous pour n'avoir aucun sentiment, contre les Jedi pour ne se soucier de rien et pour me forcer à aller à la guerre à quatorze ans. » Elle s'arrêta, prenant des profondes et brutales, puis elle ajouta, « Et contre Anakin pour être parti ! »
Elle se leva soudainement et fit les cents pas dans la pièce. « Tout le monde me dit de 'libérer mes émotions dans la Force' mais je ne sais même pas ce que ça signifie et encore moins comme le faire ! Je ne peux parler à aucun ami parce qu'ils ont tous été envoyés au front et ils ne comprennent pas et personne ne pourrait comprendre de toutes façons parce personne n'a jamais eu un maître qui était l'Élu. Tout le monde s'attendait à ce qu'il soit parfait et à cause de ça, ils s'attendaient à ce que je sois parfaite mais je ne suis pas parfaite et maintenant il est mort et je ne sais pas quoi faire et maintenant je suis coincée avec un maître qui n'a aucun sentiment ! Vous n'arrêtez pas de me dire de ne pas être imprudente mais vous ne pourriez jamais comprendre comment je me sens parce que vous n'avez jamais été dans cette situation ! »
Soudainement, elle s'écroula sur le sol, semblant misérable et drainée. « Ce n'est pas comme si je n'étais pas familière avec la mort. J'ai tué un tas de gens. J'ai vu des milliers de clones mourir, des milliers de personnes. Mais ce n'est pas un clone ou un civil ou un Séparatiste. C'est Anakin et j'ai l'impression de ne pas pouvoir vivre sans lui. »
Elle s'essuya les yeux avec ses manches. Il se pencha vers elle. « C'est naturel de sentir comme ça, Ahsoka. »
« Je suis un Jedi, » elle renifla, « ressentir quoique ce soit n'est pas censé être naturel. Vous en êtes le parfait exemple. »
« J'ai des sentiments, Ahsoka, » dit gentiment Obi-Wan. « J'ai simplement de nombreuses années de pratique, qui m'ont appris à les gérer. Quand le temps viendra, tu apprendras à libérer tes émotions dans la Force »
« Avez-vous écouté ce que je viens de dire ? » Hurla-t-elle pratiquement. « Tout le monde me dit de libérer mes sentiments, mais personne ne me dit jamais comment, ou ce que ça veut dire ! »
Il tenta de ne pas soupirer. La dernière fois qu'il avait eu à gérer un adolescent datait d'une autre époque. « Avant que tu ne puisses faire cela, tu dois accepter ce que tu ressens. S'il te plait, écoute-moi - » ajouta-t-il rapidement, avant qu'elle ne recommence à hurler. « Il y a d'autres manières de gérer tes émotions. Des manières saines. Combattre, ou t'entraîner, ou apprendre quelque chose de nouveau, par exemple. Je sais que tu as l'impression que le conflit est ta seule issue, mais il n'a pas besoin de l'être. »
Ahsoka le fixa silencieusement, les yeux grands ouverts. Obi-Wan savait que c'était un signe de rejet.
Il se redressa. « Considère simplement les autres options, c'est tout ce que je demande. Et je suis là pour toi si tu as besoin de parler plus."
Aussitôt qu'il fut sorti, il laissa échapper un soupir épuisé. Force, Anakin lui manquait.
Les cauchemars venaient toujours le hanter, mais plus tous les jours. Il rêvait toujours d'Anakin mourant, et d'Anakin étant mort et d'Anakin étant torturé. Il avait toujours l'image de lui s'affaissant sur lui-même, avec de la fumée s'élevant de son dos, mais il pouvait maintenant la congédier. La relâcher. L'expier.
Finalement, Obi-Wan commença à rêve d'Ahsoka mourant, à la place ou aux côtés d'Anakin, et il n'y avait aucun confort là-dedans. Sa vie était un trou noir qui attirait la misère, sans jamais la laisser partir, et il se demandait s'il n'y aurait jamais une issue. À l'heure actuelle, il semblait qu'il n'y en aurait jamais.
NDA : Sans offense, mais j'espère que ce chapitre vous a rendu bien tristes parce que c'est tout l'objectif ! merci à tous ceux ayant commenté et ajouté ! Lire toutes vos reviews me rend tellement . Dans ce chapitre, vous avez peut-être remarqué quelques références à la saison 4 de TCW et j'ai peut-être mis une phrase du Soldat de l'hiver quelque part* ;) Ah et Les titre des chapitres 1 et 3 sont inspirés de chansons de Byoncé*, si jamais vous vous le demandiez. On se voit plus tard !
*N'ayant jamais regardé ce film, je ne peux pas garantir d'avoir conservé la phrase, désolée TT
* Start Over (chap 1) et Haunted (chap 3)
