Bonjour, bonsoir tout le monde ! Je vous présente mon défi 5, ou on devait écrire une même scène de deux point de vue différent ! Ce défi est une suite du défi 1 qu'il est mieux d'avoir lu pour comprendre.

bonne lecture !


Les crocus et les muguets valsent ensemble au gré du vent, soigneusement protégés par le verre d'un vase. Les crocus plus violets que l'améthyste et les muguets blancs comme la neige fraîche réunit harmonieusement. Les crocus multiples enroulés autour des muguets épars.

Et pourtant, Kota sent comme un creux dans sa poitrine.

Il regarde la mer qui s'étend en bas de la falaise sur laquelle est perchée leur maison. Il observe les oiseaux marins qui volent près de la côte. Il contemple Eri, splendide et ravissante Eri, dansant avec les cheveux portés par les embruns.

Eri qui sourit et rit sereinement, comme si le monde ne se résumait qu'à eux et leur bonheur. Eri qui tourne et tourne dans sa robe rouge, comme une ravissante rose en pleine floraison. Eri qui le regarde avec des yeux si tendres que Kota croit pouvoir détruire le monde entier pour préserver cette tendresse.

Mais cette Eri, la Eri qui chante dans le matin, la Eri qui l'accompagne au marché, la Eri qui ne cauchemarde pas, cette Eri n'est pas la même que celle dont il est tombé amoureux un soir d'automne.

Cette Eri là, celle que les balles ont emporté, Kota sait qu'il ne la reverra pas.

Il le sait, l'a su dès l'instant où il a entrepris sa dangereuse aventure. Il le savait mais même en pleine conscience de la situation, la réalisation est douloureuse.

La Eri devant lui, celle qui danse et chante sans peur, est différente de celle que Kota a enterré une nuit d'été.

Oh, qu'on ne s'y méprenne pas, Kota l'aime, l'aime comme jamais il ne pourra à nouveau aimer, l'aime comme si son cœur allait exploser sous les sentiments qui l'assaille, l'aime à devenir fou.

Mais ce n'est pas pareil.

Eri enchaîne quelques pas gracieux et se stoppe, le souffle court. Elle se retourne et rit à gorge déployée, les yeux braqués sur Kota.

Et Kota ne peut que sourire face à son bonheur.

Pas un instant il ne regrette ses actions. Il sait que s'il le fallait, il recommencerai un millier de fois. Tout pour Eri. Tout pour lui offrir le meilleur.

Mais parfois, la nostalgie le prend et lui rappelle que la Eri qui lui a appris que rien n'est jamais perdu n'est plus.

Eri ouvre grand les bras et penche la tête sur le côté. Elle regarde Kota quelques instants et pousse un soupir amusé.

"Tu comptes venir me prendre dans tes bras ou pas ?"

Kota secoue la tête et s'avance pour la serrer contre lui. Il enfouit son visage dans ses mèches claires et respire leur parfum d'orange.

Même si les crocus et les muguets ne sont plus les mêmes, ils sont toujours unis et Kota ne pourrait jamais rien demander de plus.

XxX

Debout près de la falaise au bord de laquelle est bâti leur maison, Eri respire les embruns. Quelques années plus tôt, elle n'aurait jamais pensé vivre aussi près de la mer. Pourtant, le jour où elle a soumis l'idée à Kota, il ne lui a pas fallu plus de quelques semaines pour l'emmener jusqu'à la presqu'île et les y établir.

Eri se rappelle de son rire incrédule quand il lui a annoncé qu'ils quittaient la campagne pour la mer.

Elle se rappelle les heures de trajet, blottis l'un contre l'autre. Elle se rappelle les efforts de Kota pour retaper cette vieille bâtisse qui est devenue leur chez eux. Mais plus que tout, elle se rappelle son regard amoureux qui ne la quitte jamais.

Et Eri ne peut retenir un rire heureux alors que les oiseaux se mettent à chanter.

Sa vie est comme un doux rêve de printemps.

Et elle se met à tourner sur elle-même, sautillant légèrement d'un pied à l'autre. Et petit à petit, la voilà qui danse.

Elle sait ne pas être très douée mais ça ne l'empêche pas d'y mettre tout son cœur.

Alors que ses mouvements s'intensifient, elle se retourne et voit Kota debout sur la terrasse. Un sourire grignote ses lèvres tandis qu'elle s'applique davantage sur ses mouvements. Elle tourne et bouge et virevolte et vollete.

L'espace d'un instant, elle croit pouvoir s'envoler comme une colombe, droit vers la plus pure des libertés.

Elle se stoppe et regarde Kota. Kota et ses mèches indisciplinés, Kota et ses yeux sombres, Kota et son grand cœur, Kota et son amour à toute épreuve.

Kota qui ne voit pas les papillons se poser sur ses cheveux. Kota qui ne voit pas leur chat se préparer à leur sauter dessus. Kota qui ne voit pas Moustache prendre son élan et s'écraser lamentablement sur la carrelage, à peine un mètre plus loin.

Et Eri rit, fort et librement, comme elle ne se permet de le faire que depuis Kota. Elle rit et sourit si largement que ses joues deviennent douloureuses. Elle rit jusqu'à ce que Moustache lui lance un regard indigné et ne se réfugie dans la cuisine.

Et alors, Eri ouvre grand les bras, ses yeux plongés dans ceux de Kota.

Puis, comme Kota ne semble pas décidé à bouger, elle déclare.

"Tu comptes venir me prendre dans tes bras ou pas ?"

Et Kora s'avance et entrelace ses doigts dans son dos. Eri se coule dans son étreinte et ferme les yeux.

L'hiver et les blessures ne sont aujourd'hui que des mauvais souvenirs que le temps à rendu flous. Mais Kota, sa chaleur et ses mots doux, eux, sont bien réels.

Réels au point d'emplir Eri d'une sensation si chaude et si tendre qu'elle a l'impression qu'elle pourrait fondre.

Et sur la terrasse, les crocus rit quand sourit les muguets.