Musique : Genie In a Bottle — Sofia Karlberg


Hermione aimait chiner des objets pour habiller son nouvel appartement. Elle trainait dans les ventes aux puces, les vides greniers et les antiquaires. Elle avait recueilli un bon nombre d'objets insolites au cours de ses diverses excursions qui formait chez elle un ensemble hétéroclite assez harmonieux. Pourtant, elle trouvait que son appartement n'était jamais assez rempli.

Elle se baladait dans les rues de Londres par une chaude journée de juin, quand elle repéra une boutique. Cela semblait être un antiquaire. Seulement elle ne reconnaissait pas l'endroit, elle était pourtant sûre d'avoir fait tous les antiquaires dans son quartier. Mais bon, peu importait. Toute guillerette, face à cette découverte, elle décida d'y faire un tour.

Elle poussa la porte du magasin, une cloche sonna pour signaler son arrivée.

« Bonjour ! » s'exclama-t-elle.

Elle tendit l'oreille mais n'entendit aucune réponse à sa salutation. Elle haussa les épaules et entreprit de flâner entre les différents rayons de la boutique. Comme tout antiquaire il avait un espace pour les meubles et un truc pour autres décorations, sans oublier les murs qui supportaient de nombreux tableaux et autres ornements muraux.

Elle se détourna des meubles, elle avait déjà ce qu'il lui fallait, elle s'intéressa aux bibelots et jarres, ces étagères et bibliothèques étaient désespérément vide. Elle souleva certains objets, ignora d'autres mais son regard fut soudain captivé par une sorte de pot métallique avec couvercle qui semblait porté une inscription.

Elle l'approcha d'elle pour qu'elle puisse l'examiner de plus près. Mais l'objet semblait être là depuis longtemps, car aussitôt qu'il fut à moins d'une trentaine de centimètres de son visage elle fut prise d'une quinte d'éternuements. Une fois remise de cet épisode, elle essuya le pot avec son t-shirt en insistant sur l'inscription inconsciemment.

L'objet se mit soudainement à chauffer et surprise elle le lâcha et recula. Le couvercle s'ouvrit et une lumière aveuglante s'échappa de l'objet. Sous l'assaut lumineux, elle ferma les yeux. Quand elle les rouvrit devant elle se trouvait une jeune femme un peu plus grande qu'elle qui semblait tout droit sortir des années 20. Elle était magnifique. Une peau d'albâtre, des cheveux d'un noir de jais coupé au carré qui encadrait un visage d'une incroyable finesse d'où brillait des yeux bleus.

Hermione se frotta les yeux en se disant qu'elle devait rêver ou alors qu'elle venait d'être victime d'une hallucination. Si c'était le dernier cas, elle devait prendre rendez-vous incessamment sous peu avec son généraliste car quelque chose en elle allait très mal. Mais la vision se mit à parler.

« Bonjour, jeune maîtresse. Je suis Pansy, votre génie ou djinn selon ce qui vous est le plus familier. Je suis à votre disposition pour exaucer trois de vos vœux sachant qu'il ne peut pas s'agir de tuer quelqu'un, de faire tomber amoureux quelqu'un de vous ou de ressusciter quelqu'un. Tous vœux cherchant à augmenter la quantité de vœux seront également refusés. Puis-je connaître votre nom et l'année où nous sommes ? »

Hermione était ébahie. Apparemment elle était victime d'hallucinations aussi bien visuelles qu'auditives. Elle se pinça le bras, cherchant à se réveiller. Soudain la jeune femme avança vers elle et lui toucha le bras. Hallucination du toucher également. Elle dévisagea sa main et réussit à sortir de son choc pour entendre.

« Maîtresse ? »

Hermione fit un bond de 2 mètres en arrière et se mit en position de défense en regardant frénétiquement autour d'elle.

« C'est une blague n'essaie pas ? Que les caméras cachées sortent, je sais que vous êtes là ! Harry, Ron si je vous choppe vous êtes morts ! »

Pansy souffla et se pinça l'arrête du nez, semblant exaspérée.

« Pourquoi ils me font toujours ce coup-là, pourtant c'est bien marqué sur le pot qu'un puissant djinn se cache à l'intérieur. M'enfin, bref. Maîtresse, tout cela est bien réel. Oui je suis bien sortie de ce pot que vous avez lâché, d'ailleurs j'ai quelques bleus après cette chute et je dois à nouveau ranger tout l'intérieur...
- Oh désolé, mais vous voyez je ne m'attendais pas à ce que cela devienne aussi chaud. » dit nerveusement Hermione en rougissant.

Pansy plissa les lèvres et tapa du pied.

« Bref. Pouvez-vous répondre à mes questions, s'il vous plaît ? »

Des questions... Elle avait posée des questions ?

Pansy semblait de plus en plus exaspérée, elle leva les bras et les yeux au ciel.

« Bon sang, je suis tombée sur un cas... Votre nom ? L'année en cours ? »

Hermione rougit violemment.

« Je m'appelle Hermione Jean Granger, vierge, 24 ans, londonienne, travaille secrétaire au Parlement pour la Chambre des Lord, …
- Je ne t'ai pas demandé une biographie complète, maîtresse, ricana Pansy désabusée. »

Hermione rougissait tellement qu'elle virait au violet.

« L'année ? » demanda gentiment Pansy pour la troisième fois.

« Oh ! Nous sommes le 16 juin 2022 après Jésus-Christ selon le calendrier moderne-
- Stop ! C'est fréquent les diarrhées verbales chez vous ?
- Euh... Enfin... Ce n'est pas tous les jours que je me retrouve devant un djinn... Puis j'ai tendance à radoter quand je suis nerveuse ou intimidée ou les deux... »

Pansy ricana. Cette humaine était amusante. Beaucoup mieux que son dernier maître qui s'était servie d'elle comme escorte et pour détourner plein de fonds pour faire plongé son adversaire en affaires. Pansy soupira en repensant à Gellert. Quel boulet. Il avait été si peu original dans ses demandes.

Pansy fit un calcul rapide. Presque un siècle... La barbe...

« Donc je ne rêve pas ? Je ne suis pas victime d'hallucinations ? Si je vais chez mon médecin, il ne va pas me trouver un tératome incurable ? »

Pansy éclata de rire.

« Non non. Je suis bien réelle. Par contre pour le tératome je ne peux rien vous garantir vu que je n'ai aucune idée de ce que cela peut bien être... »

Hermione souffla, visiblement soulagée. Pansy l'observa amusée. Hermione sembla hésiter, elle se dandinait sur ses pieds en restant sur place. Pansy qui n'était pas de nature très patiente, voulut couper court à ce moment absurde.

« Oui maîtresse ?
- Euh... Oui... Enfin... Vous savez Hermione c'est très bien, vous n'avez pas à m'appeler maîtresse, je suis après tout une personne très ordinaire, je ne fais pas partie de la famille royale ou quelque chose de ce sorte... Je me demandais... Est ce que vous avez toujours été un djinn ? Cela fait combien de temps que vous êtes enfermée ? Et si vous n'avez pas toujours été un djinn, cela combien de temps que vous en êtes une ? Et puis vous pouvez me tutoyer vous savez... »

Le retour de la diarrhée verbale...

« Et bien je n'ai pas toujours été une djinn. La dernière fois que l'on m'a invoqué c'était en 1927. Je dois être devenue djinn lors de la dynastie des Ptolémées sous la seconde domination perse pendant le règle de Cléopâtre VII Philopator. Très bien Hermione, je te tutoierais, si tu me tutoies également cela s'entend... »

Hermione qui avait un intérêt très marqué pour l'histoire fit rapidement le calcul. Le règne de Cléopâtre était de 59 à 30 avant notre ère... Cela voulait dire...

« Vous êtes une djinn depuis plus de 2000 ans ?! Enfin... Tu... Non, vous ! Non, tu ! Enfin c'est dingue comment cela se fait ? Comment es-tu devenue djinn ? »

Pansy était sincèrement surprise cela faisait des siècles qu'on ne lui avait pas posé la question. Une douce mélancolie s'éprit d'elle, quand elle se souvint de son passé.

« J'étais une suivante de Cléopâtre VII, Marc-Antoine lors de ces conquêtes avait rapporté un objet qui semblait renfermer un grand pouvoir. Cléopâtre avait essayé de l'ouvrir sans succès, elle me l'a donc offert. Une fois, dans mes quartiers, je l'ai examiné sous toutes ses coutures, j'ai relevé une inscription. Vu que j'étais une fille de scribe, je savais lire et écrire, j'ai pu donc déchiffrer les gravures. Elles disaient : "Pour obtenir un grand pouvoir, il vous faudra caresser cet objet par trois fois, grâce à cela trois de vos souhaits les plus chers se réaliseront". J'étais survoltée, j'allais pouvoir guérir ma mère et aider financièrement mon père, nous apporter à tous prospérité. »

Pansy se tut. Repenser à sa famille lui était douloureux. Cela faisait tant de temps qu'ils étaient morts, mais la douleur restait toujours aussi forte. Puis quand elle savait ce qu'elle allait subir, elle avait envie de revenir en arrière pour se secouer et se dire de lâcher cet objet de malédiction de suite avant que tout ne soit trop tard.

« Je frottais l'objet trois fois, un djinn magnifique apparut sous mes yeux et se présenta. Il se nommait Djer, et il m'annonça comme je venais de le faire les conditions pour les vœux. Je le remerciais et je fis part de suite de deux de mes vœux à savoir que ma mère se rétablisse et que ma famille prospère. Il les accorda sans aucun soucis. Mais je n'avais plus aucune idée pour le vœu qu'il me restait. Je décidais donc de me lier d'amitié avec lui en attendant que je fasse mon choix. Vois-tu, Djer était un djinn qui voulait se libérer de mes chaînes. Il aurait pu me demander de le libérer que je l'aurais fait, à ce stade cela faisait plusieurs mois que nous nous connaissions et je commençais à tomber sous son charme. »

Pansy se traita de stupide, depuis lui, elle s'était juré des hommes.

« Sais-tu qu'il y a deux moyens pour les djinn de se délivrer de leurs entraves ? Que celui qui les invoque fasse le vœu de les libérer ou que celle-ci fasse le vœu d'avoir plus de vœux, dans ce cas-là, la personne qui fait ce vœu prend la place du djinn et celui-ci se retrouve libérer. »

Hermione poussa une exclamation, elle avait peur d'avoir raison...

« Il m'a dit que si je ne faisais pas mon vœu bientôt que notre amour ne pourrait continuer. Qu'il fallait que je le fasse impérativement sous peu sinon tout serait perdu et que même mes précédents vœux seraient annulés. Prise de panique je lui confiais que j'avais peur de faire ce dernier vœu et de le gâcher quand j'en aurai plus tard besoin. À cela, il me dit qu'il n'y avait pas de soucis que je n'avais qu'à souhaiter à avoir plus de vœux comme ça je n'aurais aucun regret. La prochaine chose que je sais c'est que je me retrouve dans un endroit exigu cerné de murs métalliques. Puis je sens que l'on me force à sortir et d'un coup je me retrouve devant Djer qui m'explique mon nouveau rôle et comment je me suis retrouvé à sa place et qu'il ne m'avait jamais aimé, que je n'avais jamais été qu'un outil pour lui. Puis il fit ses trois vœux que je fus obligée de réaliser afin de me retrouver face à d'innombrables maîtres et maîtresses. Et maintenant, je me retrouve ici et aujourd'hui devant toi, à te raconter mon histoire... »

Hermione avait ses deux mains devant sa bouche, les yeux écarquillés avec de nombreuses larmes qui coulaient le long de ses joues. Pansy lui fit un sourire penaud, puis Hermione se jeta tout d'un coup dans ses bras et l'enlaça de toutes ses forces. Pansy se retrouva figée, ne sachant que faire. Puis tout doucement, elle referma ses bras et serra Hermione à son tour, puisant du réconfort dans sa chaleur.

Hermione finit par la relâcher et elle recula en s'essuyant les joues.

« Pansy. J'ai mon premier vœu. »

Pansy eut un sourire amer, au final Hermione n'était pas si différente que ça des autres. Peut-être bien qu'elle avait écouté son histoire mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne voulait pas ses vœux. Mais intérieurement elle remercia ce mignon brin de femme qui avait au moins pris la peine de la connaître avant de lui demander ses vœux.

« Pansy... »

Elle la fixait de ses grands yeux, ses yeux ambres qui semblaient avoir des morceaux d'or à l'intérieur et qui brillaient de milles feux. Pansy essaya d'afficher un sourire rassurant et avenant. Lui disant que c'était okay de faire ses vœux que c'était pour cela qu'elle était là. Hermione ferma les yeux et prit une grande inspiration, semblant rassembler son courage.

« Pansy, mon premier vœu est... C'est... Enfin... Je souhaite que tu sois libre. »

Pansy écarquilla les yeux, une lumière sembla émaner d'elle puis elle sentit un souffle la quitter et ses bracelets qu'il l'entravait à sa fonction tombèrent au sol. Elle rouvrit ses yeux qu'elle avait fermé sous l'assaut de la lumière et essaya de retourner dans son pot, mais son pot était introuvable. Ne croyant pas à ce qui venait de se passer, elle se mit sous les yeux désabusés d'Hermione à quatre pattes et ratissa tout le magasin.

Quand au bout d'une heure, elle ne le trouva pas. Elle comprit. Ce n'était pas un rêve. Elle était libre. Hermione venait de souhaiter qu'elle soit libre. Elle se retourna vers elle, les larmes aux yeux. Elle la vit au même endroit qu'elle l'avait laissée, avant de partir dans sa recherche frénétique, un doux sourire aux lèvres.

Pansy se mit à courir vers elle, se saisit de son visage et l'embrassa. Hermione se figea avant de répondre à ce baiser. Pansy finit par se dégager d'elle.

« Je suis libre ?
- Oui. » répondit rougissante et timidement Hermione
« Je suis libre ?
- Tu es libre.
- Tu m'as libérée ?
- Je t'ai libérée. »

Pansy laissa échapper un léger rire.

« Vite, souhaite quelque chose. »

Hermione la regarda d'un air ahuri. Pansy reprit son visage dans ses mains et lui dit d'un ton implorant :

« S'il te plaît... Souhaite quelque chose, n'importe quoi... »

Hermione fit un léger hochement de tête. Pansy lui sourit et recula.

« Je souhaite... Euh... La paix dans le monde ? »

Pansy ferma les yeux. Elle ne ressentit rien. Aucune chaleur qui montait dans son corps et qui demandait à être expulsé pour exaucer ce vœu, juste son cœur qui battait de toutes ses forces sous l'espoir d'être réellement libre. Et elle réalisa enfin. Elle l'était. Libre.

« Tu m'as vraiment libérée. Merci, je ne sais pas quoi te dire... »

Hermione lui sourit doucement, les joues roses.

« Tu n'as pas à me remercier. C'était ce qu'il fallait faire.
- Quand même. Merci. »

Elles se regardèrent en souriant doucement.

« Tu sais où tu veux aller ?
- J'ai parcouru le monde à toutes les époques, pour une fois je n'ai absolument aucune idée de ce que je vais bien pouvoir faire. Je n'ai rien faire pour moi-même depuis près de 2000 ans, tu sais...
-Et bien si ça te dit, ma colocataire vient de partir donc j'ai un lit pour toi, enfin... Si tu veux... »

Pansy avait la gorge nouée, après tout ce qu'elle venait de faire, elle continuait de lui proposer son aide.

« Avec plaisir.
- Je sens que toi et moi nous allons bien nous entendre. »

Pansy eut un rictus narquois.

Hermione ne savait pas à quoi elle se mêlait, Pansy s'était juré des hommes, mais elle n'avait rien dit à propos des femmes...