Démenti : One Piece ne m'appartient pas !
Le deuil.
Voilà une notion que la princesse Vivi n'avait jamais eu à appréhender de sa vie, sa mère était morte en couches, c'était son père qui avait versé un torrent de larmes. Il se racontait qu'il s'était ensuite renfermé dans un silence, évitant d'évoquer son sujet.
Et voilà qu'il était mort à son tour, sous ses yeux à elle, sous les coups abjects du Cipher Poll 0 dans toute son horreur. Son père avait interpelé le jeune homme blond à leurs côtés, un Révolutionnaire dont ils avaient entendu les exploits.
Et ensuite, dans un fleuve de flammes gigantesques, le jeune homme avait transporté la jeune femme ailleurs, malgré ses protestations, ses pleurs et ses sentiments contradictoires. Or, le garçon avait tenu parole, respecté les derniers mots du roi assassiné.
Sa fille était sauve, c'était tout ce qui importait, le dernier souvenir de sa défunte épouse, il ne s'était jamais remarié après. Finalement, au bout d'un long moment, Vivi avait cessé de se débattre, se conformant à sa nouvelle existence.
Elle n'avait pas le choix, elle devait écouter son sauveur, ou son ravisseur, selon le point de vue. En silence, elle avait fermé les yeux, posé sa tête sur le torse du Révolutionnaire, afin de se reposer, dans ce tourbillon de chaleur qui ne l'atteignait pourtant pas.
Ensuite, ils avaient rencontré un sol dur, le pont d'un navire. La jeune fille s'était écroulée sur le bois, épuisée par ses émotions. Deux mains la rattrapèrent avec le bon équilibre entre douceur et fermeté. Elle soupira de soulagement.
-Tenez bon, Votre Majesté.
Des plumes l'enveloppèrent aussitôt, un corbeau se percha sur l'épaule de Vivi, dans une étreinte qui se voulait protectrice, si elle était surprise, elle ne le montra pas, après une telle mésaventure, plus rien ne le devait.
-Nous vous couvrirons jusqu'à ce que vous ayez trouvée un havre de paix.
Puis, un bruit de moteur, des mains couvertes d'un pelage duveteux, c'était un Mink, aux allures de chat, avec un air un peu fou, qui faillit arracher un sourire à la princesse déchue d'Alabasta. Elle se laissa guider quand le félin l'ausculta.
-Je n'ai pas les dons d'Ivankov, mais je vais faire en sorte que vous vous sentiez au mieux.
Un géant surgit du socle du navire, et avec lui un autre, constitué de métal, couvert de multiples blessures, la jeune femme détourna les yeux de cette vision horrifiante, digne des Dragons Célestes. Elle contint sa nausée.
-Nous avons Kuma et une délicieuse invitée parmi nous.
Il cligna de l'œil, dans un comportement rassérénant, et s'appuya sur une table non loin, montrant une tasse de thé fumant, ainsi que quelques biscuits.
-Des douceurs des Okamas d'Ivankov, idéales pour se rafraichir, et reprendre des forces.
Le blond se précipita vers elle, et l'invita à se relever, avec un sourire serein, une figure qui se voulait peu impressionnable, l'aida à s'installer.
-Messieurs les Révolutionnaires, je crois qu'on peut lever l'ancre !
Karasu et Lindbergh avaient rencontré par inadvertance Jewelry Bonney, une ressortissante du Royaume de Sorbet, la nièce de Kuma, celle qui aurait dû lui succéder sur le trône si le Gouvernement Mondial n'avait pas été à ses trousses.
-Princesse, faites-vous plaisir, mon garde-manger suffit pour nourrir toute une horde d'hommes affamés pendant deux semaines !
Ce fut suffisant pour que Vivi se dégrise un tant soit peu, elle attrapa la cuillère dans le pot de sucre, et se versa quelques grains dans son liquide doré. Elle inspira le fumet, une note de mangue, une autre de goyave, et de fruit de la passion, agrémentées de thé noir.
-Merci.
Le blond posa une main sur son bras.
-Nous sommes à votre disposition.
Cela dit, le chat se hissa à sa hauteur.
-Hey, chef, Sabo !
Le blond opina du chef.
-On peut partir !
Le navire se mit en branle, sur une mer agitée, alors que les bâtiments de la Marine se ruaient dans les eaux tourmentées. Sabo, avec son Haki de l'Observation, percevait chacune des paroles, des mouvements autour de lui.
-Karasu ?
Un nuage noir se dissipa sous les iris éberlués de Vivi, qui n'avait jamais vu le Corbeau à l'œuvre, le sinistre sire, selon l'appellation des Dragons Célestes, de la Révolution, l'Ombre qui ne devait jamais poser le pied à terre.
-Personne ne se dirige vers nous, Sabo.
Sabo, ce nom, Vivi l'avait entendu quelque part, et à plusieurs reprises lu dans les journaux. Elle avait porté un intérêt normal pour les Révolutionnaires, estimant que c'était une obligation royale de se porter sur les mouvements politiques en faction. Même les plus agressifs.
-Vous êtes le frère de Luffy ?
Un grand silence assourdissant accueilli sa déclaration subite, le blond en particulier affichait une mine étonnée, pour ne pas dire ébahie. Les Révolutionnaires reportèrent leurs pupilles sur le dos de leur meneur.
-Oui, comment connaissez-vous mon frère ?
La jeune fille afficha un sourire, en réponse à des vieilles images qui resteraient gravées en elle pour le restant de ses jours, qu'elle chérirait tout le temps, qu'elle répéterait quand elle se sentirait mal, comme présentement.
-J'ai atterri sur le Going Merry, et j'ai voyagé plusieurs semaines en sa compagnie. Il m'a aidée à défaire l'emprise du Corsaire Crocodile sur mon royaume natal, et l'a ainsi libéré.
Elle leva les yeux vers les nuages, comme s'ils contenaient les secrets de ses songes les plus intimes, porteurs d'amour et de rêves.
-C'est quelqu'un de joyeux, d'innocent, d'insouciant et d'aventureux. Je crois bien que la notion de danger est inexistante à ses oreilles.
Ce qui arracha un rire à Sabo, dont les iris bleus étincelèrent, ridant l'affreuse cicatrice qu'il portait sur sa joue gauche. Et pourtant, ce trait ne cassait pas son charisme, bien au contraire. Et Vivi en avait connu des meneurs dans sa vie !
-C'est bien mon jeune frère que vous décrivez.
Cependant, la jeune fille n'avait pas terminé son récit, le menton sur le poing, l'œil perdu dans le vague, à l'évocation de réflexions bien à elle.
-Et vous utilisez le Mera Mera no Mi. J'ai aussi rencontré son ancien utilisateur. Ace.
Cette fois, Sabo ne cacha pas son trouble, et les Révolutionnaires l'avisèrent avec compassion, en sachant très bien dans quelles circonstances il avait retrouvé ses souvenirs, et surtout, ce qu'il avait perdu pour l'éternité.
-Vraiment ?
Vive leva sa tête de sa main repliée, une légère trace rouge déformait son épiderme, néanmoins, elle sa beauté n'en était pas affectée. Elle essuya un grain de poussière sur l'étoffe désormais déchirée de sa robe.
-Je sais que les articles le dépeignent comme un individu brutal, sanguinaire, cela dit, j'ai pris le temps de l'observer pendant les cinq petits jours qu'il a passé avec nous. C'était une personne très courtoise, polie, agréable, qui voulait que tout se passe bien pour les autres. Il avait plus de manières que bien des Nobles à la cour ! Et dire que c'était un pirate ! J'ai regretté sa mort pour Luffy.
Des mots de doléances que Sabo avait eu besoin d'entendre, malgré lui, il masqua une larme traitresse sur sa joue, toutefois, ses camarades n'étaient pas dupes. Ils étaient au courant de la façon dont il avait recouvré la mémoire, de ses regrets, de sa honte, de ses cauchemars, et de la peur de revoir Luffy en face.
-Il a bien évolué depuis notre enfance.
Effectivement, quand ils étaient petits, Ace était souvent bien plus belliqueux que Sabo et Luffy réunis. Il avait fallu toute la patience de Sabo pour tranquilliser son frère dans ses moments les plus sinistres. Cela dit, il avait saisi son désir de mort bien plus tard.
-Vous pouvez être fier de connaître ces deux jeunes gens, d'appartenir à la même famille.
Finalement, Vivi était peut-être l'être dont il avait besoin, de narrer les exploits de ses frères d'un point de vue plus intime, plus éclairé. Ace avait été perçu tel un démon pendant sa vie, et Luffy était vu comme un trublion.
-À mon tour de vous remercier.
Un rapace se positionna sur l'omoplate du blond, l'intelligence et l'empathie lisibles dans ses pupilles noires comme la nuit étaient limpides.
-D'avoir pris le temps de parler à Ace.
Il n'évoquait pas totalement les implications de toute sa gratitude, cela dit, à travers chacun de ses mots, elle pesait lourdement. Il s'empara des mains de la jeune princesse, tel un gentilhomme, geste qu'il avait l'habitude de faire avec les personnalités du monde entier, les baisa.
-C'est très important.
Le Corbeau serra davantage son support, qui ne grimaça pas, tandis que le félin s'affairait autour de la jeune femme, que Morley lui servait l'infusion, que Bonney aboyait des ordres à son équipage restant. Ceux qui avaient bien voulu la suivre dans ses péripéties.
-Je pense que la Carte Vitale de mon jeune frère sera utile les prochaines semaines.
Sabo avait eu des échos de la destination de Luffy, le pays de Wano, il espérait y être accueilli convenablement par les habitants. Qu'il ne soit pas perçu comme une nouvelle menace à éradiquer, à l'instar de Kaido.
-Tiens ? Le journal ?
Le blond écarquilla les yeux, Luffy avait vaincu son ennemi ? Il avait été tellement occupé par ses tâches à la Rêverie, que le reste du monde avait été secondaire. Sa nouvelle prime était colossale, digne d'un Empereur !
-Bravo ! Eh bien, nous pouvons voguer calmement vers Wano, mes amis !
Jewelry Bonney dressa ses couleurs, assurant ainsi la couverture des Révolutionnaires, et de leurs alliés. Cela dit, les couleurs du Gouvernement Mondial et les symboles de la Marine les tenaient autant.
-J'y vais !
Pour tester sa nouvelle machine, comme la surnommait affectueusement Lindbergh, il s'envola au-dessus des flots marins, et balança quelques missiles bien placés sur les navires de leurs ennemis. Sabo eut malgré lui une pensée pour Fujitora qui le tenaillait. Les aspirations de l'Amiral avaient été plutôt nobles à Dressrosa, c'était dommage qu'il doive couler ses hommes.
-À mon tour !
Les ailes de Karasu se dispersèrent, aux quatre vents, et atteignirent les voiles adverses, et les transpercèrent, les bâtiments perdirent largement en allure, et ils purent distancer leurs opposants. Enfin, les militaires jouèrent leur dernier atout, une flotte du Cipher Poll.
-C'est pour moi.
Sabo avait un compte personnel à régler avec Rob Lucci, la personne qui avait mis en danger la vie de son jeune frère à Ennies Lobby, un endroit à la réputation bien glauque, hélas connu des services des Révolutionnaires.
-Écartez-vous !
La vague orange, teintée de rouge et de jaune frappa violemment les coques des navires, qui explosèrent ensuite, les cales avaient été atteintes, conformément aux attentes de Sabo, elles contenaient tellement de poudre qu'elles pouvaient détruire un village entier !
-Cette fois, la voie est libre !
Quelques vivats accueillirent sa déclaration, à la manière des pirates, alors que les Révolutionnaires acquiescèrent plus sereinement, concentrés sur les événements à venir, conformément aux instructions de Dragon.
-Préparons notre arrivée chez mon jeune frère !
Il observa un instant la Carte Vitale, elle demeurait au même endroit, avec un peu de chance, il saurait atteindre l'île secrète bien avant tout le monde, il n'était pas dupe au point de croire que le Gouvernement accorderait du temps festif à Luffy.
-C'est une course contre la montre, si vous acceptez la compétition !
Les Révolutionnaires étaient fiers de leur jeune meneur, il était capable d'appâter la foule avec des discours bien percutant, et surtout, il avait acquis connaissances du monde de la piraterie depuis petit, un atout majeur.
-Moi, je suis pour !
Vivi s'était levée de son siège, la perspective de revoir ses amis qui avaient bien grandi, et vu leur réputation grandir depuis quelques mois, avait ravivé la flamme dans son cœur. Elle presque bondi à la gauche de Bonney, qui cligna de l'œil, la complicité entre filles serait en rendez-vous !
-Nous aussi !
Les hommes redoublèrent d'efforts pour accélérer la marche de leur bâtiment.
-Wano, on arrive !
Les étoiles dans les yeux, l'assistance partit pour leur prochaine aventure, le monde caché de feu Kaido.
Une petit commentaire pour la fin ? :)
