NdA : Ceci est une courte OS humoristique sur la série Fringe. Il est préférable d'avoir vu au moins les deux premières saisons (jusqu'à l'épisode 16 saison 2) pour l'apprécier pleinement, ainsi que de connaître un minimum l'univers de Rick et Morty.
Walter Bishop était désespéré. Peter était très gravement malade : s'il ne trouvait pas vite le remède, son fils mourrait d'ici moins d'une semaine.
Il avait tout fait pour trouver une solution. Cela faisait des jours qu'il n'avait pas dormi, s'acharnant dans son labo comme un demeuré. Il ne répondait plus quand on lui parlait, mangeait à peine... mais son dur labeur avait fini par porter ses fruits.
Les mains tremblantes, l'éminent scientifique ajusta le cadre doté d'une membrane irisée et brancha les câbles qui le reliaient au générateur. Il ferma les yeux et prit une longue inspiration pour se donner du courage : tout ce temps, il l'avait passé à fabriquer cet engin, c'était sa dernière chance de sauver son fils ! Le front moite de sueur, le docteur Bishop actionna le levier...
... et la membrane qui composait le cadre luisit comme un écran de télévision, donnant bientôt une image nette de son labo !
C'était là tout son plan : il allait espionner un Walter-ego d'une autre dimension pour voir quel remède il allait trouver pour son fils ! La technologie dans son univers n'était pas assez avancée, notamment en matière de biochimie... mais le Multivers était suffisamment vaste pour qu'au moins un de ses doubles infinis ait trouvé la réponse !
Son corps tremblant de manière incontrôlable face à la tension de sa situation, Walter s'approcha de l'écran pour mieux voir...
...avant de s'écrier, complètement outré :
« Hein ?! »
Face à lui, à travers la membrane, il voyait son alter-ego d'une dimension parallèle observer un écran identique au sien pour espionner un alter-égo d'une autre dimension encore, qui lui-aussi bricolait un écran permettant de voir les dimensions parallèles.
« Oh bordel... », marmonna Walter en enfouissant son visage dans ses paumes.
Pourquoi fallait-il que ses alter-égos raisonnent exactement comme lui ?!
OooO
« Carla ?
« Oui, Walter ?
« Vous pouvez m'expliquer ce qu'ils foutent ?
« On dirait qu'ils essayent de regarder dans une dimension parallèle... comme vous...
« Mais pourquoi tous en même temps, d'un coup ? Qu'est-ce qu'ils espèrent découvrir ?
« Aucune idée, Walter. Vous devriez aller dormir...
« Vous avez raison, Carla, vous avez bien raison... Bon sang, ça fait des mois que je bosse sur ce foutu écran inter-dimensionnel, et quand je l'invente enfin, c'est pour voir une bande de mes doubles complètement dégénérés s'espionner entre eux dans je-ne-sais-quel-but ! Ils doivent bien avoir une raison, non ?
« Certainement. Au fait, entre Bell et vous... ça ne va pas fort, ces derniers temps... je me trompe ?
« Oh, ne m'en parlez même pas ! William désire faire chambre à part, apparemment je ronfle trop... qu'est-ce qu'il peut inventer comme sottises celui-là...
« Et pour vos démarches d'adoption ? Ça se passe comment ?
« Pfff... William voudrait une fille, je n'arrive absolument pas à le raisonner là-dessus...
« J'espère pour vous que vous allez finir par tomber d'accords tous les deux ! En attendant, bonne nuit Walter, je rentre chez moi.
« Bonne nuit, Carla. Je crois que je vais débrancher cette saleté d'écran, ça ne fait que m'embrouiller l'esprit de voir tous ces Walter-egos agir de manière aussi absurde et incompréhensible... »
OooO
« Oh, regardez Carla ! Il a réussi ! Il a enfin réussi !
« Mais oui, vous avez raison ! Votre Walter-ego a trouvé le remède on dirait !
« C'est génial, je vais écrire la formule tout de suite ! Hé hé, j'avais bien eu raison d'espionner une dimension parallèle, j'aurais eu beaucoup trop la flemme de me creuser l'esprit à trouver cette saloperie de remède tout seul ! Heureusement que le Walter-travailleur est là pour filer les réponses au Walter-flemmard !
« Vous êtes un génie, docteur Bishop !
« Merci, merci Carla, vous pouvez diminuer le mode « lèche-pompes » de trente pourcents. »
Le Walter-flemmard se précipita sur son matériel de chimie pour synthétiser le remède. Son assistante, le docteur Carla Warren, s'affairait tout autour de lui pour faire ce qu'il demandait. Ils avaient tous les deux complètement oublié l'écran inter-dimensionnel, reposant dans un coin de la salle.
Les différentes mixtures bouillaient dans les fioles, tout avait l'air en ordre. Satisfait, le Walter-flemmard se mit à siffloter, observant d'un oeil tranquille les bulles apparaitre dans les nombreux erlenmeyers. Il avait toujours su que ces foutus cours de chimie organique ne lui seraient jamais d'aucune utilité : pour être un scientifique de génie, il lui suffisait d'espionner un Walter-ego travailleur qui lui, n'avait pas séché tous ces cours si ennuyeux à la fac ! Bien qu'il soit un très grand physicien – plus ou moins autodidacte – il n'y comprenait strictement rien en biochimie, c'était un domaine qui ne l'avait jamais attiré.
Il aurait cependant sans doute mieux fait de ne pas passer tous ces cours à sniffer du benzène au fond de la classe...
La mixture qui était censée donner le remède explosa soudain, le tuant sur le coup, de même que sa collègue.
De l'autre côté de l'écran, le Walter-travailleur regarda sur le petit écran irisé placé hors du champ de vision de celui qu'utilisait le Walter-flemmard de l'autre dimension. Satisfait, il fit un grand doigt d'honneur en direction de la fenêtre ouverte de l'autre dimension.
« Crétin, ricana-il, je t'ai bien eu ! Hé hé, c'est sans doute le meilleur prank inter-dimensionnel de tout le Multivers ! Pas vrai, Carla ? »
OooO
Walter Bishop alluma l'écran et...
... rien ne se produisit.
Dans une dimension voisine, un Walter-ego arrivait au même résultat.
Dépités, les deux Walters débranchèrent et démontèrent leur invention pile au même moment. Dommage, ils avaient dû faire erreur dans l'une de leurs équations...
Pourtant, leurs machines respectives avaient parfaitement fonctionné : mais, manque de bol, elles étaient placées pile au même endroit et avaient été allumées pile au même moment, ce qui avait annulé leur effet. Le Walter de la dimension 1 avait voulu observer la dimension 2, sauf que son écran était placé à l'endroit où l'écran de la dimension 2 renvoyait l'image de la dimension 1 : à la manière d'un système optique qui agrandit puis rétrécit un objet d'un même facteur, donnant au final une image de mêmes dimensions que l'objet initial, les deux écrans superposés avaient annulé leurs effets respectifs.
Suite à cet échec, les recherches en matière de dimensions parallèles ne progressèrent pas davantage dans ces deux univers-là.
OooO
« Herr Doktor Bishoff ?
« Jawohl, mein Allgemeines ?
« Ist es fertig ?
« Jawohl, mein Allgemeines ! Das Dimensionsfenster ist geöffnet !
« Ruhm für Deutschland ! Heil Hitler !
« Heil Hitler ! Wurst, Bier und Kartoffelsalat !
« Jawohl, Deutsch, Bier und Kartoffelsalat !
« Jawohl !
« Jawohl ! »
Le docteur Walter Bishoff de la dimension où les Nazis avaient envahi le monde trinqua joyeusement avec le général SS. En espionnant les Walter-egos des autres dimensions, ils espéraient trouver une solution pour éradiquer tous les non-Aryens de la Terre : le fameux « remède pour l'humanité », comme ils l'appelaient affectueusement.
OooO
« Peter ? Viens là mon garçon, Papa a trouvé un truc génial !
« Oh, c'est vrai P'pa ?
« Mais oui, fils ! Regarde l'écran !
« Oh ! Mais c'est toi, P'pa ! Qu'est-ce que tu fais ?
« Ça, fils, c'est moi dans une autre dimension ! Et tu vois l'écran, là, derrière le Walter-ego ?
« Oui ! Oh, on dirait le nôtre !
« Mais oui, fils ! Il a construit exactement le même écran que moi, et que de très nombreux autres Walter-egos de très nombreuses autres dimensions !
« Mais qu'est-ce qu'il fait ? Celui dans l'écran de celui qui est dans l'écran, il regarde aussi un écran...
« Oui ! Et c'est là que ça devient drôle, fils : tous ces Walter-egos tentent désespérément de trouver un remède pour te guérir de ta maladie !
« Mais je ne suis pas malade, P'pa !
« Je sais bien, fils. Pas dans cette dimension en tous cas – grâce à Dieu ! Mais leurs Peter-egos à eux sont très malades. Alors, ils essayent tous de pomper la solution du remède sur les autres...
« Mais c'est stupide, Papa : pourquoi ils n'essayent pas simplement de trouver par eux-mêmes ? C'est sûrement beaucoup plus simple...
« Walter ? Peter ? qu'est-ce que vous faites là tous les deux ? »
Elizabeth Bishop, la mère de Peter, venait d'entrer dans le labo, ne se doutant encore de rien.
« M'man ! On regardait la télé inter-dimensionnelle de P'pa !
« Quoi, encore ? Et... mais qu'est-ce que tu lui montres, Walter ?!
« Chérie ! C'est très cocasse, tu verras ! Tous ces Walter-egos sont complètement désespérés, leurs Peter-egos sont gravement malades et ils s'espionnent entre eux pour trouver le remède...
« Mais... mais c'est horrible ! Comment peux-tu montrer de telles choses à un enfant ?! Peter, ne regarde pas !
« Mais M'man...
« Tu ne peux pas plutôt brancher le câble inter-dimensionnel sur la dimension avec les pizzas qui mangent des téléphones ? Tu sais, où il y a des humains à la place des fauteuils et des fauteuils à la place des téléphones...
« Très bonne idée, c'est aussi très amusant à regarder ! Viens donc t'installer avec nous, chérie ! »
OooO
« P'pa, regarde, le Walter-ego a changé de câble !
« Ah oui, tiens ! Ils regardent la dimension où les pizzas mangent des téléphones...
« Beurk, Walter, tu ne peux pas changer de câble ?
« Pourquoi, chérie ?
« Ça me donne la chair de poule, ces pizzas... tu sais très bien qu'à chaque fois qu'on regarde ce genre de chaine, j'ai du mal à décrocher ma pizza quand on m'appelle...
« Bon, d'accord, je change de programme... Installez-vous confortablement dans vos téléphones, je vais juste commander quelques fauteuils à manger... où est-ce que j'ai encore rangé ma pizza, bon sang ? »
OooO
Elizabeth Bishop accourut au labo pour y trouver son mari, au chevet de leur fils sous perfusion.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle d'emblée. Tu as trouvé un remède ? »
Walter acquiesça sombrement.
« Oui. J'en ai trouvé un.
« Mais... c'est une excellente nouvelle ! »
Elizabeth se précipita pour prendre tendrement son fils malade dans ses bras. Pourtant, Walter continuait de faire la moue, visiblement contrarié.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda sa femme, soudain anxieuse.
Walter ferma les yeux et prit une grande inspiration, avant de déballer son sac :
« Il se trouve que le Walter-ego que j'observe depuis des mois pour essayer de lui voler la formule du remède a fait la même chose avec moi – il m'a espionné pour avoir MA solution. J'ai heureusement fini par l'inventer moi-même, abandonnant l'idée d'espionner le Walter-ego... sauf que lui a fait pareil sans que je ne le sache. Puis j'ai vu que son fils avait vraiment l'air très mal en point, et puisque je ne savais alors pas qu'il avait lui-aussi trouvé de son côté, j'ai voulu... soigner l'autre Peter...
« Quoi ?! Mais... je ne comprends pas... On a deux Peter, maintenant ?!
« Justement, j'y viens... »
Une goutte de sueur coulait le long de la tempe de Walter. Il sentait que cette histoire complètement improbable allait finir par le rendre dingue – voire même l'amener à l'hôpital psychiatrique !
« Il se trouve... que l'autre Walter a réfléchi exactement comme moi... Alors, comme deux gros glands, on est allés dans nos dimensions respectives et on a kidnappé nos Peter respectifs... donc en gros, lui a notre fils et nous, nous avons le sien... »
Elizabeth posa ses mains sur sa bouche, horrifiée.
« Mais... mais c'est horrible ! Il faut absolument faire l'échange inverse !
« Impossible, ma chérie... Le Walter de l'autre dimension est absolument intraitable, il vient d'un monde où les Nazis ont gagné la guerre ! Impossible de discuter avec lui...
« Par Staline ! se lamenta Elizabeth. Que diront les camarades du Parti quand ils sauront que ce Peter est en réalité un affreux Nazi ?!
« Je ne sais pas, chérie... nous allons devoir lui lire du Marx et du Lénine tous les soirs, pour le guérir de leur affreuse propagande fasciste », soupira Walter en s'épongeant le front de son mouchoir rouge brodé d'un marteau et d'une faucille.
OooO
Walter Bishop gara sa voiture avec difficulté et, encore tremblant de froid, tous ses membres gelés et l'organisme à deux doigts de l'hypothermie, prit Peter dans ses bras et le porta en courant dans son laboratoire, dans les sous-sols de Harvard. Là, il le déshabilla de ses vêtements trempés pour lui mettre des habits chauds et secs, lui évitant une mort certaine, et se précipita vers les flacons de son labo pour lui injecter le remède dans ses veines.
Il venait de récupérer un Peter d'une dimension voisine, dans laquelle il allait mourir parce que son Walter-ego avait raté la réaction qui donnait le bon remède. Après être revenu, ils étaient tombés dans le lac gelé et avaient été secourus de justesse par un homme chauve. À présent, tout ce qui obsédait ses pensées, c'était de soigner Peter – peu lui importait qu'il ne s'agissait pas de son vrai fils.
Il ignorait qu'un autre Walter l'observait au même moment, curieux de connaître le remède à la maladie de son fils.
Dans cette autre dimension, le Walter-ego se frotta pensivement le menton, songeur.
« Hmmm... c'est donc ceci, la solution pour avoir un Peter en bonne santé... »
Il venait lui-même d'enterrer son propre fils, quelques jours auparavant. Cette perte terrible lui avait quelque peu dérangé l'esprit : à présent, souriant comme un dément, ce Walter empoigna fermement une mallette dans laquelle était rangé tout son matériel de voyage inter-dimensionnel et se précipita dehors, à l'endroit adéquat.
Lorsque le premier Walter revint pour soigner son fils, il trouva la table d'opération vide, à sa plus grande horreur.
Le second Walter reparut chez lui, dans sa dimension, portant Peter dans ses bras. Voilà, c'était ça, la solution : voler Peter à un autre Walter !
Il ne s'aperçut pas du Walter-ego derrière son dos, brandissant un pied-de-biche...
Un troisième Walter les avait tous observés, et avait agi de la même manière que ses deux prédécesseurs. Il kidnappa Peter et revint dans sa dimension... où l'attendait sournoisement un nouveau Walter pensant avoir trouvé LA solution en les espionnant...
Puis vint un cinquième Walter, puis un sixième, puis un septième...
Lorsque le petit Peter se réveilla enfin, ce fut pour voir le visage souriant d'un genre de dauphin doté d'une vingtaine de pattes et émettant des sifflements bizarres.
« Peter, dit la créature, je suis Walter – ton père ! Malgré le fait que tu sois un primate issu d'une lointaine dimension parallèle, tu restes mon fils ! »
Et il le prit dans ses mandibules pour l'étreindre affectueusement.
OooO
« Par la magie noire de Sauron ! J'invoque un Portail maléfique donnant sur un autre monde ! ABRACADABRA !
« Ooooh ! Ouaaaah, maître Deux-Chopes ! Vous y êtes parvenu !
« Merci, dame Karlala. Puisque ma magie n'est pas assez puissante pour invoquer les morts, je vais pouvoir retrouver mon fils en allant dans un autre monde, semblable au nôtre mais différent... Mon précieux fils... mon prrrrécieux...
« Vous êtes le plus grand mage de tous les temps, maître Deux-Chopes ! Laissez-moi devenir votre apprentie !
« Ah, çà, certainement pas ! Je déteste les apprentis ! Allez plutôt voir Gandalf ! »
OoooO
« J'me fais chier, Rick...
« Ouais, moi-aussi...
« Ils auraient pas dû mettre les Walter-Nazis !
« J'suis d'accord, Morty. C'est devenu carrément malaisant, ce programme...
« Ouais, grave... déjà, ce jeu de mots pourrave, « Walter-ego »...
« Pfff... on dirait une blague de Jerry...
« Viens, changeons de chaîne !
« T'as raison, Morty ! Regarder un savant-fou essayer de sauver son enfant unique d'une mort inévitable à travers le Multivers, c'est d'un chiant...
« Je perçois comme un léger sarcasme empreint de mélancolie dans ta voix...
« Dis pas d'conneries bordel, change plutôt de chaîne ! C'est toi qui as la télécommande du câble inter-dimensionnel ! »
