Note : Hello !

Alors j'ai publié cette histoire en anglais originellement sur AO3 (elle sera postée ici aussi), mais j'ai aussi écrit une version française que je partage pour ceux qui parleraient français et auraient envie de lire l'histoire dans cette langue. J'updaterai les deux versions dans les deux langues :).

Du coup cette histoire est un semi-AU A/B/O, en gros. Tout s'est passé comme dans l'anime/le manga les seuls changement c'est l'omégaverse et bien sûr la dynamique de certaines relations et la façon dont les personnages se voient.
Comme vous le voyez dans les tags, une fois qu'un oméga a ses premières chaleurs, il choisit un partenaire pour être sexuellement "Initié". Tanjiro choisit Gîyu, ce qui va rendre l'alpha très nerveux pour des raisons personnelles aka des traumas et ce sera l'histoire que vous allez découvrir. Attendez vous à bcp de fluff, des personnages réconfortants et du consentement.

Bonne lecture :)


Chapitre 1

Toc, toc

"Entrez."

La voix sèche, tourné vers la fenêtre, Gîyu observait le ciel et ses étoiles naissantes. Il faisait dos à la porte, se murait dans sa contemplation, ne voulant pas croiser le regard de son visiteur. Il s'apprêtait pourtant à fermer les volets. Il fallait que le lieu soit clos. Hormis le candélabre sur la table basse, aucune lueur ne devait perturber la réunion de l'Alpha et de l'Oméga. Ce serait sacrilège.

"Gîyu-san, je suis là."

Soupirant, Gîyu fit coulisser les battants le reliant à l'extérieur, se retournant. Assis sur ses genoux devant la table, il vérifia du coin de l'œil que tout était disposé lorsque Tanjiro entra. Du bol de soupe au sashimi, les beignets de crevettes et la salade fraîche. Tout était prêt pour nourrir l'oméga. Se nourrir également. Les plats étaient leurs favoris. Il y avait même des suppléments. Il aurait presque été heureux. Il n'avait rien mangé de la journée. Tanjiro avait dû faire de même. Ce n'avait pas été complexe pour lui étant donné le nœud qui étriquait son estomac, venant peser jusque dans sa poitrine. Du stress bête et méchant, il le savait. Il n'aurait pas dû le ressentir. Ce n'était pas lui, qui s'offrait ce soir.

Son regard se posa enfin sur l'adolescent légèrement poudré, engoncé dans un kimono bleu foncé aux motifs irréguliers, qui triturait légèrement ses doigts. La timidité, le respect émanait de lui. Tanjiro n'était pas du genre gêné habituellement. Du moins, ce n'était pas aussi ostentatoire. Il pouvait toutefois comprendre. Quelque part, il était rassuré de ne pas être le seul sur qui cette réunion engendrait quelques appréhensions. Il désigna le coussin face à lui, invitant le garçon à y prendre place. Il était beau. De son côté, il portait du noir avec une touche verte sur les bordures des manches. Il avait lui aussi dû se poudrer pour l'occasion.

"Mangeons."

Ce fut sa seule parole. Tanjiro paraissait surpris, comme s'il attendait autre chose. Sans se dégonfler, il prit le premier morceau de sashimi, le déposant du riz et l'engloutit.

"C'est délicieux !" s'exclama-t-il. "Merci, Gîyu-san."

Puis, posant son bol, il déposa également ses baguettes. Se grattant la joue, blêmissant en réalisant qu'il enlevait son maquillage, Tanjiro adopta une voix calme et douce qui, à elle seule, faisait que Gîyu l'appréciait.

"Vous n'êtes pas très content…"

Son embarras sautait encore plus aux yeux. Gîyu ressentit une pointe de culpabilité.

"Ne crois pas ça." Tanjiro redressa le menton vers lui, il avait les yeux entourés de noir, ça rehaussait sa cicatrice. "Ce n'est pas contre toi."

Le garçon opina. Il sembla hésiter, se passant la langue sur ses lèvres, si roses, d'apparence si douces.

"Je peux demander ce qui ne va pas ?"

Il était direct. En soit, Gîyu approuvait ce comportement. Mieux valait, en règle générale, ne pas faire traîner ce qui pouvait être réglé par de la communication pure et simple. Ils en auraient besoin ce soir, les trois soirs suivants, plus d'une fois. Il clôt les paupières, respirant un bon coup.

"Tu es sûr que tu veux être là, Tanjiro-kun ?"

L'oméga eut un mouvement de recul, comme désarçonné. Gîyu savait que c'était rare que les omégas soient considérés lors de ces rituels. Pour lui, il ne s'agissait pas d'un point à occulter. Au contraire, cette préoccupation en était le centre.

"C'est moi qui vous ai demandé," avoua Tanjiro, faisant écarquiller les yeux de Gîyu. "Je… Vous êtes celui que je connais, en quelque sorte, parmi les piliers. Nous avons eu le même maître et je, je vous fais confiance.

—Il n'est pas question d'un entraînement, Tanjiro."

Ce dernier planta son regard dans le sien.

"Je sais. Dans ma montagne, j'ignorais l'existence des démons jusqu'au jour où ils ont pris ma famille. Mais on m'a expliqué très tôt ce qu'étaient les rituels d'accouplement," dit Tanjiro, le visage sérieux. "Je sais très bien à quoi je m'expose, Gîyu-san."

Gîyu garda le silence. Tanjiro, lui, demeura tout aussi imperturbable. Il ne voulait pas baisser les yeux. Il inspira lentement, expirant au même rythme.

"Je m'en doute. Je ne voulais pas te manquer de respect. Seulement, tu es jeune. Tu as 16-

—17 ans. Je viens d'avoir 17 ans.

—Soit. Je ne veux pas profiter de toi avec ce rituel et que tu ne sois pas prêt. Tes chaleurs t'ont pris par surprise. Réfléchis bien. Je ne me fâcherai pas si tu changes d'avis. "

Tanjiro se tut. Il passa une main dans ses cheveux rubis, déglutissant légèrement. Il secoua la tête ensuite, irrité.

"Mes chaleurs sont arrivées. Je les ai passés seul en attendant de trouver un compagnon pour… l'initiation, et un alpha ensuite. Je suis obligé de choisir quelqu'un.

—Ça peut attendre un mois ou deux. Que tu aies bien le temps d'y penser.

—C'est tout réfléchi, Gîyu-san. Votre sollicitude est très touchante mais je sais que je dois le faire. J'y suis préparé, et j'y consens pleinement."

Toujours, ce regard. Cette détermination fulminante. Tomioka était stupéfait, à chaque fois. Ça ne dissipait pas entièrement son stress, toutefois, ça l'apaisait un peu. Cette situation restait déroutante pour lui.

"À moins que vous ne vouliez pas," finit par dire l'oméga, "moi non plus, je ne vous en voudrais pas si vous changez d'avis. Vraiment, je ne veux pas m'imposer et imposer… ça."

Gîyu se sentit surpris. L'oméga qui s'inquiétait du consentement de l'alpha ? Eux qui n'avaient que faire du leur la plupart du temps ? Il se mordit la langue. Il ne pouvait pas dire qu'il ne voulait pas de Tanjiro. Il faisait bien plus homme que quand il l'avait rencontré pour la première fois. Ce gamin déterminé mais faible qui s'acharnait à protéger sa soeur… il l'avait pourtant touché. Il s'était attaché à lui, sentant un potentiel. Son statut ne lui avait pas encore sauté aux yeux. L'oméga ne libérait ses phéromones qu'à ses quinze ans. Là, on sentait le statut de l'individu.

Que Tanjiro ne soit pas un alpha l'avait étonné. Entre ce caractère de feu et son odorat surdéveloppé… À nouveau, il s'était trop fié au stéréotypes. C'était dommage et bête de sa part. Mais non, maintenant, Tanjiro était un magnifique oméga. Son entraînement l'avait rendu musclé, il avait des courbes d'homme et cette senteur caractéristique de son statut. Envoûtante, douce, il en était fou.

C'était ce qui lui faisait peur, imposer son désir.

"Non," finit-il par répondre. "Seulement, j'ai quatre ans de plus que toi et tu as tant paniqué lors de tes chaleurs que je crains que le rituel ne soit pas adapté. Je sais," dit-il en voyant que le gamin voulait arguer, "que tu consens, mais ces traditions n'empêchent pas la crainte ou le malaise. Ainsi, j'aimerais que tu sois franc avec moi si quelque chose te dérange."

Tanjiro fut celui qui soupira, frustré.

"Je n'éprouve aucun malaise quant au rituel, croyez-moi ! Au contraire, ça a été horrible d'être seul et je… j'ai été intimidé lorsqu'on m'a demandé de choisir un pilier, j'ai eu un peu peur, certes, mais… un alpha… j'ai besoin de... je veux être initié, vous comprenez ?"

Le plus âgé le laissa poursuivre, se contentant de ne pas réfuter. Il savait à quel point les omégas souffraient pendant les premières chaleurs sans compagnon. Trouver un compagnon aidait beaucoup. Pour trouver un compagnon, se faire initier était mieux. Un oméga initié était vu comme parfait. Quelque fois, le compagnon était l'initiateur. C'était même mieux pour l'oméga. Dans le cas de Tanjiro, vu qu'il n'avait pas d'alpha, la commission avait tranché. Tant pis si leur lien n'était pas si fort que ça.

"Quant à notre écart d'âge, quatre ans, ce n'est pas grand chose. Puis, j'ai déjà été amoureux de quelqu'un plus âgé, hein," fit le gosse en baissant les yeux, "et je serai franc. Pour commencer, ne me traitez donc pas comme un enfant, je ne suis plus le gamin effrayé que vous avez affronté dans la neige."

Tomioka sourit, cette fois-ci. Tanjiro n'avait pas tort sur tout. Quatre ans, en termes d'expérience de vie, signifiait beaucoup. Toutefois, s'il voulait respecter Tanjiro, il fallait le traiter comme un adulte. Il aurait le temps de vraiment le devenir. Il baissa la tête, s'inclinant ainsi.

"Pardonne-moi. J'en prendrai note."

Tanjiro sourit, longuement, comme ravi que ses arguments aient porté ses fruits.

"Bien. Parle-moi de tes chaleurs. N'hésite pas à manger, il y a d'autres plats si tu veux. Nourris-toi bien."

De nouveau, le plus jeune acquiesça joyeusement. Il se jeta sur les sashimi, Gîyu privilégiant les crevettes et la salade. Il avait faim, lui aussi.

"C'était… horrible," finit par avouer Tanjiro après avoir englouti son plateau, la moitié du riz avec. "Je ne savais pas qu'être sans alpha serait si dur…

—Ça l'est souvent pour les jeunes omégas."

Le concerné fixa ses mains, comme si elles en étaient responsables. Gîyu entreprit de le rassurer.

"Les prochaines chaleurs seront plus faciles.

—Vous croyez… ?"

Il le savait bien. Un oméga souffrait lors des premières chaleurs, d'autant plus s'il n'avait pas d'Alpha. Mais ensuite, ça s'améliorait. Plus facilement s'il trouvait un compagnon. Gîyu ne se faisait pas de souci pour Tanjiro. Un oméga avec une odeur comme ça, ça ne resterait pas sans lié bien longtemps. Il eut un sourire, trouvant l'autre particulièrement adorable dans sa naïveté naissante avec ses joues roses qui respiraient l'innocence.

Sans en perdre son sérieux, il dit :

"Évidemment. Il y aura l'initiation, puis ensuite, tu te lieras à un Alpha. Ça deviendra une bonne chose pour toi. Tu verras, tu t'en sortiras.

—Le problème, c'est qu'il me faudrait un alpha qui accepte que je chasse les démons et qui ne me limite pas. Il faudrait qu'il comprenne aussi mon lien avec Nezuko, ça va être compliqué de…

—Tu trouveras, ne t'en fais pas. J'en suis persuadé."

Tanjiro déglutit, sa pomme d'Adam faisant un aller-retour dans sa gorge. Gîyu sourit encore, doucement, un rictus imperceptible. Discuter avec le plus jeune et l'encourager faisait partie de l'accompagnement qu'on attendait de lui. C'était la partie avec laquelle il était le plus à l'aise, sans conteste. Éduquer, écouter, orienter, c'était dans ses cordes. Le reste… Eh bien, il savait le gérer, il n'en était pas à ses débuts et il savait dans quoi il mettait les pieds. Seulement, pas moyen, il avait la trouille que ça ne dérape. Il n'avait jamais initié d'oméga. Il en avait eu quelques-uns, mais jamais qui venaient d'avoir leurs chaleurs et l'avaient explicitement demandé.

Ça le rendait nerveux. S'il n'était pas assez bon, assez doux… ça serait un mauvais souvenir pour Tanjiro, et il n'avait pas envie que ça en soit un. Il voulait que ces quatre nuits soient un bon souvenir pour le jeune homme. Et ayant beaucoup de respect et d'admiration pour l'oméga, il craignait d'autant plus d'outrepasser des limites fragiles.

Ignorant de ses préoccupations, Tanjiro eut un faible sourire.

"Ce n'est pas ma priorité, de toute façon, mais il est vrai qu'avoir un lié… j'aimerais en avoir un, un jour."

Là-dessus, il le comprenait, ressentant exactement les choses de la même façon.

"Êtes-vous lié, Gîyu-san ?"

La question désarçonna le plus âgé.

"Non, je ne le suis pas."

Tanjiro acquiesça. Il rougit un peu, ses mains se joignant. La langue sur les lèvres, il brisa finalement le silence :

"Ça doit être difficile de se lier avec notre occupation." Gîyu vit qu'il était gêné. "J'imagine que je ne suis pas votre premier oméga pour autant… ?"

Oh, c'était à ça qu'il voulait en venir. L'alpha, quelque peu embarrassé, tenta de rester neutre.

"Non, tu ne l'es pas. Mais tu seras le premier que j'initierai. Si ça te fait peur, je suis assez expérimenté pour ne pas te blesser et savoir quoi faire.

—Oh non, c'était surtout de la curiosité. Je m'excuse si c'était déplacé.

—Non, c'est naturel," balaya Gîyu d'un revers de la main. "Ne t'excuse pas pour ça."

Gîyu ne retournait pas la question. Il était évident que Tanjiro n'avait jamais eu de rapports avec un alpha, ou qui que ce soit d'ailleurs. Son odeur était pure. Il saisit un sashimi, le plateau lui faisait envie depuis tout à l'heure. Après avoir mangé, fermant brièvement les yeux, il les rouvrit.

"Tu es nerveux, Tanjiro ?

—Un peu. Mais ce n'est toujours pas parce que je suis mal à l'aise, juste… c'est… pour moi… je n'ai jamais, hm, fait ça.

—Je m'en doute."

Sa voix était douce, complaisante. Tanjiro sourit. Ça rassurait Gîyu qu'il paraisse à l'aise avec le fait d'évoquer ce sujet. Il était nerveux, mais pas effarouché. C'était positif. Il mangea encore un morceau, l'oméga s'affairant autour du riz.

"Convoites-tu un alpha, Tanjiro ? Comme tu dis que tu as déjà été amoureux, peut-être que cette initiation te rendra plus confiant pour te déclarer. "

Ce dernier parut s'étouffer.

"Je… Hem, il s'agit plus d'une amourette d'adolescent que du sérieux, mais je… cet alpha, je ne sais pas si je l'intéresse," il prenait une couleur tomate et évitait son regard, "et je ne tiens pas à embarrasser qui que ce soit avec ce genre de sentiment.

—Même si ce n'est pas réciproque, ça fait plaisir de se sentir apprécié et tu pourrais passer à autre chose. Penses-y. Mais c'est normal que ça te gêne," le rassura le plus âgé.

Tanjiro secoua la tête, puis finit par la hocher.

"J'y penserai peut-être. On verra bien comment les choses évoluent." Il eut un rire gêné. "Et vous… vous convoitez un oméga ? Pourquoi n'avez-vous jamais voulu vous lier ?"

La question surprit de nouveau Gîyu. Il n'aurait pas dû l'être, le plus jeune faisait la conversation, c'était agréable. Il préférait que la conversation dure un peu avant qu'ils se lancent dans le vif du sujet.

"Eh bien, pour le moment, je n'ai pas vraiment l'occasion d'échanger avec eux. Pas plus que de tisser un lien convenable.

—Mais vous avez…

—Batifoler est une chose, se trouver un partenaire en est une autre. Il va de soi que si ça arrive, je prendrai soin de mon lié. J'espère tout de même acquérir assez de maturité avant d'en arriver là.

—Vous ne vous sentez pas assez mûr ?"

Gîyu se mordit la lèvre. Il avait surtout envie de savoir se maîtriser totalement, avant. Pour ne pas être un mauvais alpha.

"C'est plus complexe que cela.

—Oh, je vois."

Non, il ne voyait pas, mais Gîyu ne le lui demandait pas. Il tenta tout de même de clarifier :

"Disons que ça peut paraître étrange, mais j'attends le bon moment.

—Non, je comprends. Je veux dire, c'est très mature de votre part de penser ainsi."

Tanjiro sourit à Gîyu, ce dernier sentant une douce chaleur remonter dans son cœur. La remarque du plus jeune le toucha sans qu'il ne sache pourquoi. Il toussota dans son poing, terminant la dernière bride de sashimi à sa portée.

"C'est gentil. Mais pour moi, le lien est quelque chose d'important et je veux être capable de me consacrer à mon partenaire pour lui donner une bonne qualité de vie.

—Je suis sûr que vous y parviendrez. Vos intentions sont très nobles, en tout cas."

Noble ou pas, il l'ignorait. Tout ce qu'il voulait, c'était une vie de famille la plus heureuse et la plus simple possible, tout en poursuivant son but : vaincre les démons, protéger les humains, protéger sa famille. C'était tout ce qu'il y a de plus basique.

"Je te remercie. Et oui, je ne m'en inquiète pas, ça viendra bien assez tôt. De même pour toi.

—Vous me l'avez dit, je vous remercie encore. C'est réconfortant. Entendre que vous attendez vous aussi l'est également... Le lien est si pressant pour tout le monde que…

—Il l'est, pour les liés. Mais il faut attendre de trouver le bon moment, la bonne personne. Se mettre la pression est inutile."

Tanjiro paraissait bien d'accord. Il arborait cette expression douce, chaleureuse.

"C'est vrai. Mieux vaut construire une relation solide que se précipiter.

—Exactement." Gîyu se sentait plus à l'aise maintenant qu'ils discutaient. " Tu devrais tout de même tenter avec cet alpha, voir où ça te mène."

Tanjiro serra les jambes, prenant un bout de riz.

"On verra bien.

—Aie confiance en toi. Crois-moi, tu es un très bel oméga."

Et pile au moment où Gîyu se dit qu'il aurait peut-être dû se taire, l'oméga piqua un fard monumental, les baguettes encore en bouche.

"M-Merci.

—Excuse-moi," réagit l'alpha avec rapidité," je ne voulais pas que ça soit déplacé.

—Oh non, absolument pas !"

Tanjiro semblait aussi embarrassé que lui.

"Vous allez m'initier, je suis heureux que vous me trouviez à votre goût. C'est très flatteur.

—Très bien. Je m'excuse tout de même."

Il secoua encore la tête, un geste de la main vers le bas, pour lui dire de laisser tomber. L'alpha se résolut à le faire.

"Il ne faut pas," répéta Tanjiro, "ça me fait plaisir. Vraiment, merci beaucoup."

Et il s'inclina respectueusement. Gîyu lui fit signe d'arrêter, le plus jeune se redressant en se grattant l'arrière du crâne. Ils arrivaient à la fin du repas, il ne restait plus que quelques gâteaux et un peu de sashimi sur la table. Ils savaient tous deux ce que ça signifiait.

"Tu veux que je demande un autre plateau ?" tenta Gîyu, le nœud dans son ventre se réveillant. "Un dessert, plus de riz… ? C'est le jour de l'initiation, nous avons le droit de profiter.

—Je crois que je n'ai plus très faim, honnêtement."

Le plus jeune rougissait et Gîyu sentait qu'il l'imitait. Leurs expressions accordées, ils prirent en même temps une inspiration salvatrice. Ah, bon sang, il n'aurait pas dû être aussi nerveux. Il venait de le dire au gamin et d'y penser il y a quelques instants, il était loin d'être vierge. Mais Tanjiro, si, et…

"Vous êtes stressé, Gîyu-san ?"

De nouveau, l'oméga remarquait son état. Il secoua la tête, se forçant à reprendre contenance.

"Excuse-moi. Et toi, tu es prêt ?

—Oui. Un peu nerveux mais… j'ai bien mangé. Et ne vous excusez pas, je trouve ça rassurant."

Gîyu se sentait quand même un peu idiot. Il allait faire attention à l'oméga. Tout allait bien se passer. Il inspira lentement. Tanjiro faisait de même. Gîyu s'en serait voulu de négliger le dernier sashimi, alors il l'avala. S'en suivi par une grande gorgée d'eau fraîche.

"Bois, toi aussi. Tu auras soif. Est-ce que tu sais ce qu'on va faire, lors de cette nuit ?"

Tanjiro opina. Il but à grande vitesse. Gîyu avait envie de se désaltérer de nouveau, satanée sécheresse buccale, alors il approcha son verre de sa bouche, prenant une longue goulée.

"Je sais que nous ne consommerons réellement qu'à la fin. Qu'avant, vous allez m'apprendre à m'occuper de mon plaisir, à être touché par un alpha, et à m'occuper du sien. Que l'alpha décide quels… exercices… seront pratiqués avant le coït.

—Bien."

Ce côté protocolaire, voilà ce qui gênait tant Gîyu. Il s'était pris la tête toute la journée quant à ce qu'ils allaient faire lors de cette première séance. Et les exercices en question, il en avait plusieurs en tête. Tanjiro aurait été un peu plus âgé, il aurait peut-être été son partenaire, et ils auraient pu essayer ces choses-là pour une découverte plus… naturelle de la sexualité. Il savait ce qui était bien pour qu'un inexpérimenté apprenne. Parce que lui l'avait été. Il songeait à peu près, en avisant de ses erreurs, de ses bons réflexes, ce qui pourrait être utile.

Ici, ce n'était pas exactement le cas. Il allait donc devoir… lisser son approche. Pour paraître neutre et ne pas forcer Tanjiro. Il n'avait pas envie de lui… donner l'impression qu'il profitait de l'initiation pour transposer ses fantasmes personnels sur lui. Pas plus qu'il n'avait envie de le faire inconsciemment. Le fait de se triturer l'esprit ainsi complexifiait sa tâche, il le savait bien.

Dans les faits, il avait seulement envie que Tanjiro découvre à son rythme. Ainsi, il allait lui faire décider ce qui allait être tester. En plus de privilégier son rapport à son propre plaisir. Il savait qu'un oméga était souvent mis de côté par un alpha. Alors il avait envie de montrer à Tanjiro ce que ça faisait que d'être choyé.

"Je vais être honnête. Je ne tiens pas à te brusquer donc j'aimerais d'abord savoir où tu en es à ce niveau…" Gîyu déglutit avant de poser sa question. "Excuse-moi pour cette question. Est-ce que tu te touches ?

—Ne vous excusez pas, on est là pour ça, rétorqua Tanjiro, sans perdre ses belles couleurs. Et… oui, ça m'est déjà arrivé plusieurs fois.

—Je préfère m'en excuser quand même. Je peux te demander comment tu procèdes ?"

Tanjiro déglutit, sans comprendre, cette fois clairement pris de court. Gîyu leva une main, doucement.

"Tu n'es pas obligé de me répondre. Je me demandais si tu… te contentais de stimulation externe ou interne. Et si tu parvenais à localiser ton plaisir.

—Ah, ça… je… j'ai déjà essayé l'interne."

L'alpha fut quelque peu soulagé. Un oméga qui maîtrisait le plaisir interne était moins surpris par les stimulations, donc moins effarouché. Il s'en sentit satisfait. Un peu amusé par ses rougissements intempestifs, certes, toutefois, il ne pouvait que le comprendre. Lui-même se sentait peu à l'aise de questionner le plus jeune sur sa masturbation. Mais puisque c'était aussi un exercice d'initiation, il supposait que c'était adapté. Soupirant, Gîyu reprit la parole :

"Et tu sais te faire jouir, de cette manière ?

—Ehm… je...

—Si tu ne veux pas répondre, pas de souci."

Encore, Tanjiro secoua la tête.

"On va dire que je… ne ressens pas grand chose ? Enfin, un peu, mais c'est plus avec mon… mon pénis, que j'arrive à avoir un… un orgasme.

—C'est normal au début. Ne t'inquiète pas, tu apprendras à te détendre et à apprécier ce que ton corps renferme.

—Très bien. Vous… Pensez-vous que ça viendra, donc ? Avec l'aide de l'alpha, ce sera mieux… ?"

Gîyu marqua une pause. Il y avait un peu des deux. Ça, il le savait, si tant est que l'oméga apprenait à se toucher et à stimuler ses glandes anales, il saurait se faire jouir comme il le fallait.

"C'est surtout par toi-même, que tu apprendras. Tu pourras ensuite montrer à ton alpha comment tu aimes être touché. Mais je peux déjà t'aider à localiser tes points sensibles."

Tanjiro passa une main dans ses cheveux. Il prit un mocca qui trônait sur la table, et tendit l'autre à Gîyu sans esquiver son regard. Ce dernier, attendrit par l'attention, le saisit. Il laissa ses doigts frôler la peau de l'oméga, qui, en réponse, sourit faiblement. Gîyu se pencha, venant croquer dans le bonbon que lui offrait le plus jeune dans sa propre main ; l'incitant à en faire de même du regard. Ainsi, ils scellaient officiellement le commencement des rites d'accouplement. Tanjiro toucha la main du plus âgé, finissant le gâteaux dans sa paume, pendant que Gîyu prit le dernier bout qu'il tenait entre ses doigts pour l'engloutir.

Sa main libérée, il caressa la tête de Tanjiro. Ce dernier se redressa, le plus âgé éloignant son bras. Le sort venait d'être jeté.

"Je… ça va se passer comment ? À partir de là, je veux dire… ? Je suis supposé faire quoi ?"

Gîyu resta calme. La partie intéressante, ou délicate, commençait. Il tendit la main au plus jeune. La saisissant, Tanjiro se laissa faire lorsqu'il entreprit de le pousser à venir vers lui. Il caressa la peau douce et presque fragile. Pourtant celle d'un jeune homme fort. Son dévouement, sa détermination… Gîyu admirait cela, encore une fois.

"Je vais m'occuper de toi. N'aie pas peur. On va y aller doucement, petit à petit. Tu devras me dire si je te brusque ou si ça ne va pas, d'accord ?

—Je n'ai pas peur, Gîyu-san. Mais je vous le dirai, merci. Je… j'attends vos instructions."

Un petit sourire prit place sur les lèvres du plus âgé. Il déposa un rapide baiser sur la main qu'il portait dans la sienne. Il trouvait l'oméga adorable. Sincèrement. Lui, de son côté, gardait toujours sa résolution de faire au mieux pour que ce souvenir ne traumatise pas Tanjiro, et qu'il soit au moins bon. Il allait y arriver. Il allait être un bon instructeur. Le tout était que Tanjiro ne sente pas trop son malaise et que ça ne se reporte pas sur lui. Plus facile à dire qu'à faire. Cependant, Gîyu saurait y arriver.

"Viens contre moi, Tanjiro.

—Est-ce qu'on s'embrasse… ?"

Le plus jeune déglutissait. Gîyu fut étonné de la demande, mais sourit. Un baiser faisait après tout partie des jeux de séduction. Il avait envie de… lui apprendre ça. C'était mieux que se jeter sur lui comme une bête, en tout cas.

"Ouvre les lèvres, et ferme les yeux.

—D'accord."

Obéissant, l'oméga se tenait tranquillement posté contre lui. Gîyu se pencha, et enfin, leurs lèvres s'unirent. Il lui sembla que de manière lointaine, ce n'était pas la première fois qu'il désirait que ça arrive. Il posa ses lèvres sur celles de Tanjiro, les caressant doucement de sa langue, sans entrer. Il les relâcha, et alors que le plus jeune sembla perdu, il le réembrassa. Non, définitivement, embrasser Tanjiro avait quelque chose d'agréable. La façon dont l'autre se tenait à ses épaules, les mains frêles, il trouvait ça définitivement adorable. Tanjiro ne l'embrassait pas comme on était supposé embrasser un instructeur – il ne savait même pas si on était supposé le faire, en fait. Son baiser semblait… sincère. Oui, voilà. La main sur son épaule vint s'agripper à sa nuque, juste quand Gîyu trouva la force de se soustraire au baiser. Tanjiro se précipita vers son propre pantalon, comme pour le dénouer.

Secouant la tête, Gîyu voulut retarder quelque peu l'échéance.

"On… va pouvoir y aller doucement," murmura-t-il en s'essuyant la bouche.

Tanjiro, le visage rouge, se pinça les lèvres.

"Désolé, je dois être encore sous l'effet des chaleurs, et un alpha, ça me…

—Tanjiro, ne t'excuse surtout pas."

Ça ne l'avait pas dérangé. Au contraire, il avait lui aussi envie d'aller plus loin. Mais il ne le dirait pas. Il attrapa sa main pour y déposer un baiser. L'oméga gloussa, devenant encore plus rouge. Gîyu regretta son geste sous le coup de l'embarras. Ça lui avait échappé, et montrer tant de tendresse lui parut soudain étrange.

"Vous voulez… recommencer ? Pour le baiser ? Je promets de ne plus m'emporter, mais j'ai envie de...

—Sois un peu patient, Tanjiro. C'est ce que nous allons faire en premier."

Gîyu se sentait décontenancé, et il n'aimait pas ça. Enfin, pas tellement, du moins. Il voulait garder le contrôle, éviter de se conduire comme un adolescent en pleine séduction. Tanjiro eut un regard contrit, comme s'il se sentait désolé. Gîyu s'adoucit, caressant son épaule avec tendresse, cette fois-ci sans culpabilité. Il convenait de garder l'oméga apaisé, de ne pas lui transmettre ses propres craintes. La main imitait le tissu. Il était doux, soyeux. Gîyu lui fit un sourire.

"Il convient néanmoins qu'on prenne notre temps. Il n'est pas nécessaire de se précipiter l'un sur l'autre.

—Oui, excusez-moi. Ce n'était pas très poli de ma part.

—Ce n'est rien, je t'assure. Ça ne m'a pas déplu."

Tanjiro rougit. Gîyu en fit de même. Il lui fit signe de s'avancer, et sur une poignée de seconde, il en profita pour l'imiter. Il posa son front contre le sien. Tanjiro inspira, l'air sifflant dans son nez. Gîyu, lui, vida son esprit. Puis, il déposa ses lèvres contre celles du plus jeune, à nouveau. Cette fois-ci, il mena la cadence, Tanjiro se laissant faire, de peur que ça ne s'arrête. Sa main descendit le long du kimono, ondulant sur sa hanche, soulevant le tissu. Tanjiro gémit lorsque Gîyu vint embrasser son cou.

"C'est un endroit sensible, ici.

—O-oui…

—Je vais travailler la zone, et mes mains vont dénouer tes vêtements. Puis-je ?"

L'adolescent opina contre lui. Son front s'enfouit dans son kimono, les cheveux bouclés rasant son torse grâce au col en V prononcé. Ça le chatouillait. La sensation lui plaisait. Avoir un oméga si près, pour un alpha, il n'y avait pas meilleur sentiment. Sa bouche se perdit de nouveau sur la veine de la nuque, qui palpitait à son approche. Gîyu détacha le haut du jeune, la ceinture tombant à leurs pieds. Sans ôter complètement le tissu, il passa ses mains à l'intérieur. La peau de Tanjiro était chaude. Vraiment très chaude. Il brûlait déjà de désir, ce qui renforçait l'une des craintes de Gîyu.

Les chaleurs le faisaient réagir. Il le sentait lui aussi. L'odeur sucrée qui émanait de lui. C'était caractéristique. Il ne pouvait pas s'y tromper. L'oméga brûlait déjà de désir contre lui alors qu'il n'avait encore rien fait. Cela l'excitait autant que ça le surprenait. Gîyu sentait poindre une érection dans son pantalon, mais il n'allait pas le montrer. Il n'avait pas envie d'avoir l'air trop pressé, ni de ne pas se dominer. Il se doutait que le plus jeune aurait peut-être été flatté, ou que ça ne l'aurait pas dérangé outre mesure. Ça restait pour son estime personnelle. Celui qui prenait les précautions, c'était lui. Celui qui devait mener la danse également.

Doucement, il acheva de faire glisser le kimono le long des épaules du plus jeune. Tanjiro retint son souffle, n'osant pas bouger. Du regard, il l'interrogeait, de peur de détecter un malaise, mais l'oméga ne fit que secouer la tête en guise d'approbation. Il posa son crâne contre le torse de Gîyu, lequel embrassa son front. Il était adorable. Définitivement adorable. Avec douceur, ses bras se refermèrent dans le dos du garçon, lui offrant ainsi une étreinte. Tanjiro se mit à sentir bon. Encore plus qu'il y a quelques secondes. Une odeur d'allégresse, de joie. Oui, sa marque affective le mettait en confiance. Son instinct d'oméga réagissait. Gîyu, lui, pressentait ses réflexes d'alpha, tapis au plus profond de son être, prendre soudainement vie.

Il se visualisa, couchant l'oméga sur lui, léchant sa nuque, le prenant. Mais il se retint. Il ne ferait pas ça à Tanjiro. À la place, il étouffa un grognement, embrassant encore le plus jeune. Ses mains se posèrent sur ses hanches, rasant la délimitation de son vêtement. Tanjiro gémit, cela fit rire Gîyu. Il hésita un peu à toucher plus bas, juste quand l'oméga embrassant son torse, entre l'encolure de son kimono. La sensation… c'était plaisant. Tanjiro participait. Pour sûr, il ne semblait pas être le genre d'oméga à s'allonger sans ne rien faire pour son alpha. Il deviendrait un bon partenaire avec de l'expérience.

"Je peux te demander ce que tu aurais envie de tester Tanjiro ?"

Il l'embrassa sur le front, lui offrant un sourire encourageant.

"Je… vous laisse choisir. Mais j'aimerais bien savoir ce que ça fait, que d'être toucher par un autre," il rougit considérablement, "là, entre mes…"

Il montrait son entrejambe, où pointait déjà une jolie érection. Gîyu déglutit. Oh, qu'il en avait envie. Cette innocence, mélangée à du désir clair qui l'était beaucoup moins, le rendait dur malgré lui. Il avait envie de Tanjiro. Bien sûr. Qui n'aurait pas eu envie de lui ? L'oméga sentait bon, il était fort, puissant. Un jeune homme courageux, intelligent. Bien sûr qu'il le désirait. D'autant que se rendre compte que l'oméga ne se sentait pas apeuré par les circonstances, qu'il montrait un certain entrain… ça avait de quoi le revigorer. Il préférait encore une fois cela à un comportement effarouché. L'alpha se pencha sur lui, plus près, et déposa un baiser dans sa nuque. Il glissa ses mains sous son kimono, dont la ceinture tomba, caressant les flancs inexpérimentés de l'adolescent. Tanjiro gémit en réponse. Gîyu s'enquit quelque peu, le plus petit guidant sa main sur son bas-ventre. Il n'osait pas l'amener plus bas. L'alpha le fit à sa place. Il frôla le pubis, soulevant délicatement le sous-vêtement de Tanjiro, et taquina la zone, évitant consciencieusement de prendre le sexe en main pour le moment. Des soupirs de plaisir faisaient écho à ses gestes, où s'entendait une certaine frustration.

Gîyu ricana. Enfin, après un autre baiser sur la joue de l'oméga, il saisit son pénis et le caressa. Imitant un mouvement de pompe, faisant monter la peau, doucement d'abord. 'Oh, mon dieu…' gémissait Tanjiro. Naturellement, Gîyu se sentit galvanisé. Il ne perdait pas son sang froid. Les odeurs du garçon se libéraient, il y en avait de plus en plus, bien sûr que ça l'enivrait. Mais ça allait. Son instinct d'alpha lui soufflait de faire jouir le plus petit. C'est ce qu'il allait faire pour cette première séance, se concentrer sur son plaisir, ne faire que ce qui lui plairait. Ça lui semblait être le mieux.

Il baissa le caleçon de Tanjiro plus bas, découvrant ainsi une entrejambe érigée et humide. Le plus jeune détourna le regard, serrant ses jambes en réflexe. Gîyu hésita, n'osant pas pousser le tissu plus loin parce qu'il craignait que ça aille trop vite.

"Je peux le remonter, si c'est trop gênant, lui chuchota Gîyu avec bienveillance. Je ne veux pas te mettre mal à l'aise…

—Non, ne vous en faîtes pas." Tanjiro se blottit contre lui, son nez frottant son torse, cherchant de l'affection. "Je suis nerveux mais ça va."

Il sentait en effet la nervosité, mais aussi le désir. L'alpha lui jeta un autre regard, comme pour s'assurer que tout allait bien, qu'il pouvait continuer, et tendit délicatement ses doigts, les passants entre les cuisses de l'adolescent. Il sentit la peau chaude, les traces mouillées, et remonta jusqu'aux testicules du garçon qu'il prit en main. Il les massa, laissant son avant-bras frotter l'érection fine qui perlait. Enfin, il remonta sa main, s'attaquant à la verge en demande d'attention. Ses mouvements de poignet, précis, faisaient s'arquer le corps de l'oméga qui poussait des gémissements équivoques, une main agrippée au kimono de Gîyu, l'autre au sien qui gisait à côté. Il écartait les cuisses de manière soumise, mais pas seulement. Il le fixait avec un mélange d'affection que Gîyu ne comprenait qu'à moitié, de gêne, de curiosité, et d'envie. Être regardé comme ça gênait le plus âgé. Il ne le montrait toutefois pas. Ce qui le subjuguait, c'était que derrière cette soumission apparente, Tanjiro lui montrait son désir. Il osait le regarder, le fait même d'oser s'abandonner était un signe de courage.

Surtout, de confiance.

Gîyu voulait tant en être digne et il se jurait de l'être jusqu'au bout. Quand bien même, il sentait que c'était difficile de rester neutre. Les odeurs de Tanjiro, celles d'un partenaire presque en chaleur, si pur, si innocent, lui retournaient l'estomac. Il le voulait. Il sentait son caleçon devenir étroit, de même que l'érection entre ses mains se courbait de plaisir, devenant de moins en moins maniable tant l'excitation de l'oméga grossissait. Gîyu pensait qu'il n'allait pas tenir longtemps, alors il variait le rythme. De plus rapide à plus lent, s'arrêter même lorsque l'oméga gémissait de frustration, testant ses limites. Il aimait beaucoup taquiner ses partenaires, avant de leur octroyer un bon orgasme, ou de les prendre jusqu'à la garde, de façon à leur faire crier son nom.

Avec Tanjiro et l'initiation, ça ne se passerait pas comme ça. Il allait tout de même se contenter du de jouer avec son plaisir. Tanjiro, à ses rougeurs, son humidité certaine, son érection tendue, lui montrait qu'il aimait ça.

Il branla la verge, accélérant le mouvement, insistant sur les veines avec sa paume. Son index et son pouce rasèrent le gland trempé de liquide pré-éjaculatoire. Il fuyait déjà… Il allait venir d'une minute à l'autre. Baisant le cou de Tanjiro, Gîyu lâcha son pénis pour redescendre à ses testicules, puis glisser un doigt entre son périnée et son anus. L'anneau de chair dilaté se préparait pour sa venue, cela excita d'autant plus Gîyu. Tanjiro appuyait sa tête contre son torse et avait cessé de respirer, comme attendant ce qu'il allait faire. C'était le cas.

Gîyu savait qu'à cet endroit, des petites glandes définissaient le pourtour de l'anus et qu'elles étaient aussi sensibles que le clitoris d'une femme si l'on les massait. Naturellement, il adorait jouer avec lorsqu'il couchait avec un oméga. Les caresser, les lécher, les stimuler avec son propre pénis. Il y avait tant de moyen de faire monter l'excitation de l'oméga au maximum et le mettre au supplice. Même sans faire pénétrer ses doigts à l'intérieur, un oméga pouvait avoir énormément de plaisir de cette façon. Parfois beaucoup plus qu'avec une stimulation interne.

"Tu as déjà touché, ici ?" demanda Gîyu en effleurant l'une des glandes.

Tanjiro glapit, sursautant sous la sensation.

"O-oui… Mais, c'est trop sensible, je…

—Trop sensible ?" Gîyu sourit, son doigt bousculant à nouveau la petite glande. "Je crois au contraire que tu adores ça. Tu es tout mouillé."

Un "aaah" lui répondit. Il frôla les autres glandes sans appuyer son toucher, Tanjiro fermant les yeux tout en se laissant aller contre lui.

"Tu veux que je continue ? Ou ça fait trop d'un coup pour toi ?"

Il était sincère, évidemment. Il n'allait pas lui faire subir quelque chose de trop stimulant s'il ne savait pas le gérer. Ça viendrait. Doucement, mais sûrement. Tanjiro le fixait droit dans les yeux, le cœur se soulevant dans sa cage thoracique. Oh, que son corps inspirait à Gîyu du désir. Qu'il avait envie de voir ce que ça faisait quand l'oméga s'abandonnait et le suppliait de le prendre. Ça viendrait bien assez tôt, ça aussi. Gîyu savait qu'il ne devait pas s'emporter, et rester concentré. Tanjiro tendit les lèvres, réclamant tacitement un baiser. Cela fit rire Gîyu. C'était une façon un peu primaire, un peu gamine de faire, mais c'était adorable. Il s'exécuta, caressant ensuite la tête de l'oméga de son autre main, la première toujours entre ses fesses.

"Tu es adorable, Tanjiro. Si tu savais à quel point. Mais ça ne répond pas à ma question…

—J-Je veux bien. Mais ne vous moquez pas de moi si je sursaute ou quoique ce soit, c'est vraiment très intense pour moi.

—C'est normal, répondit Gîyu avec complaisance, c'est l'une des parties les plus sensibles d'un corps d'oméga. Mais tu vas aimer ça, crois-moi. Un orgasme venant de cette partie est très intense."

Tanjiro opina. Cette fois-ci, Gîyu l'embrassa de lui-même, posant sa bouche sur son front, puis descendant chercher sa bouche. Il commença à masser l'endroit de trois doigts, alternant entre les glandes du bas et du haut, en un mouvement circulaire, arrachant des gémissements à l'oméga dans le baiser. Tanjiro ne cessait de sursauter, émettant des sons de plus en plus adorables. Oh que Gîyu voulait le prendre, le plaquer sous lui et lui bouffer le cul jusqu'à ce qu'il supplie pour plus. Jusqu'à ce qu'il implore de prendre son nœud. Tanjiro ne paraissait pas loin de le faire. Ses odeurs se mêlaient avec les siennes, comme avant un accouplement, il se frottait contre lui et lui balançait des coups d'œil gênés si par mégarde il frôlait son érection de ses fesses. Gîyu se surprenait à adorer ça.

Son massage prenant en dextérité, Tanjiro émit un "nnngh" aigu qui se répercuta dans la colle vertébrale de l'alpha, sa propre érection pulsant dans son caleçon.

"Je… Alpha, je veux jouir. S'il vous plaît."

Oh, bon dieu. Gîyu crut qu'il allait venir dans son caleçon alors qu'il n'avait même pas été touché tant la supplication l'excita. La façon de demander la permission, de se laisser aller de la sorte… Gîyu était subjugué par Tanjiro.

"C'est ce qui était prévu, bredouilla-t-il avec une confiance feinte, n'aie pas peur. Tu n'as pas besoin de me demander.

—Oh, j-je, je croyais que… aaah, que vous aimiez ça, vous, les aanh, les alphas."

Il bégayait parce que Gîyu massait ses points sensibles, sa main libre venant caresser un téton de l'oméga, serpentant sur son ventre jusqu'à sa verge tendue. Tanjiro était beaucoup trop bandant. Gîyu secoua la tête.

"C'est excitant, d'entendre votre soumission. C'est un signe de confiance. Ça flatte l'égo. Mais ce n'est pas obligatoire. Pas plus que nous appeler "alpha". Cela étant," dit-il en calant sa bouche sur l'oreille de Tanjiro, "je trouve ça particulièrement adorable dans ta bouche. Si tu me permets de te le dire."

Bien sûr, Gîyu se refusait toujours à outrepasser les limites. Il flirtait avec. Pouvait-on l'en blâmer ? Tanjiro était à se damner. Il avait toujours pensé qu'il était un joli oméga, déjà lorsqu'il l'avait rencontré, d'autant plus lorsqu'il avait commencé à montrer un corps d'homme à défaut d'un préadolescent. Personne, même pas lui, n'aurait refusé un tel oméga. Il devait garder pied, il ne devait pas s'emporter, surtout pas. Pour le bien de Tanjiro et le sien. Ce n'était qu'une initiation, qu'importe si les hormones et les phéromones suggéraient le contraire, Tanjiro ne serait pas sien à la fin de cette nuit. Il ne ferait rien contre son consentement. Même s'il y consentait, ce dont Gîyu doutait, ils ne pouvaient pas se laisser emporter. Ils seraient tous deux soumis à une vague ignoble de phéromones, comme de l'absinthe, ils embrumeraient leur sens.

Ils se devaient d'être plus forts que ça. Et lui, au lieu de bander devant les marques de soumissions sexistes de Tanjiro, il se devait de lui apprendre qu'il valait mieux que ça et d'agir en instructeur intelligent au lieu d'un pervers libidineux.

"Vous le pensez vraiment ?

—Oui. Mais sache que dans un rapport consenti, entre deux êtres, il n'y a nul besoin de soumission. Nous sommes égaux. Tu dois être égal avec ton alpha. Te soumettre si tu le désires, si vous le désirez à deux. Pas pour plaire. Tu n'as pas besoin de ça."

Tanjiro glapit.

"Merci beaucoup. Vous pouvez quand même continuer… ?"

Gîyu eut un sourire amusé. Evidemment. Encore sous l'effet de la stimulation, Tanjiro n'était pas apte à réfléchir. Il voulait juste jouir. Et Gîyu n'allait pas le lui refuser. Il n'était pas le genre à ignorer un partenaire. Il ne serait pas ainsi cette foi-là non plus. Il devait satisfaire l'oméga, il en mourrait d'envie. Ainsi, ses mains reprirent leur fière besogne. Tanjiro gémissait avec de moins en moins de retenue, il était mignon, et Gîyu avait envie encore plus de le prendre. Patience, se répétait-il. Ça viendrait. Son alpha aurait tellement de chance. Un oméga si réceptif, prêt à s'abandonner, peu farouche… Il était timide mais pas effarouché et ça lui plaisait définitivement.

Ses mains s'activaient, et au bout de quelques gémissements, Tanjiro respira plus fort. Gîyu comprit que c'était le moment. Sans cesser de caresser ses glandes, il embrassa son cou et tendit son autre main pour masturber sa verge. Tanjiro éjacula en un râle léger. Son sperme chaud emplit sa main, pourtant Gîyu continua les stimulations, il attendait que Tanjiro le repousse pour ne pas ruiner son orgasme trop tôt.

Tanjiro posa un regard presque perdu sur lui, comme fébrile. C'était la première fois qu'il lui adressait un tel regard. Évidemment, Gîyu avait besoin de sa confiance. Il l'embrassa donc, l'accompagnant dans ce sentiment d'après si particulier lors des actes de la première nuit. En vérité, il était similaire aux sentiments d'un premier rapport sexuel. Mais… ce n'était pas forcément une cérémonie. Pas pour les alphas, du moins. Les omégas devaient passer par là. Qu'ils le veuillent ou non.

"Tout va bien ?" demanda Gîyu avec tendresse.

Il s'essuya les mains sur du papier hygiénique mis à disposition dans la chambre. Tout en nettoyant Tanjiro, il l'embrassait sur la joue. Le plus jeune hocha la tête, il ne parlait plus.

"N'hésite pas à verbaliser ce que tu ressens. Si tu as peur, si tu es triste ou si ça ne t'a pas plu, tu peux me le dire."

Il se faisait rassurant. Naturellement. Tanjiro secoua la tête.

"Du tout, c'était parfait. Vraiment. Je suis juste… Très fatigué et gêné. Un peu."

Il eut un rire nerveux que Gîyu jugea adorable.

"Tu es magnifique.

—Après avoir eu vos doigts entre mes fesses, je ne vois pas en quoi je suis agréable à regarder… Je dois plutôt avoir l'air idiot."

Gîyu ricana. Il secoua la tête. Son inexpérience parlait. Évidemment, il ne se rendait pas compte encore de l'effet que ça faisait aux alphas, à lui, à tous ceux qui auraient pu sentir ses fragrances, observer ses joues fines, sa douceur, et la fascination d'être l'instigateur d'un émoi tel en lui. Gîyu se pencha pour l'embrasser, chuchotant contre son oreille qu'il n'avait pas idée qu'à quel point ce qu'il disait était faux. À quel point il avait l'air d'être tout, sauf un idiot. Tanjiro glapit mais lui rendit son étreinte, cramoisi.

Lui caressant le crâne, Gîyu s'enquit :

"Tu te sens bien, alors ?

—Je…" Tanjiro se tut. "C'est bizarre, mais oui… Assez. Je crois. Je ne sais pas. Pardon, ça… va. Merci pour vos compliments."

L'adolescent était troublé, c'est normal. Gîyu ne s'inquiéta pas et décida de lui proposer un bain. Tanjiro accepta avec joie, ça faisait après tout parti du rituel. Faire les "activités initiatiques", puis se laver pour purifier les corps et les âmes. C'était un peu vieux jeu en termes de tradition, toutefois le bain apaisant généralement les omégas et les alphas après le premier soir de l'initiation. Il permettait de faire baisser le niveau de stress, due aux complications ou tout bêtement à la situation en elle-même. L'eau chaude détendait les deux protagonistes du rituel, et leur donnait l'occasion d'échanger dans un contexte plus sain. Il s'agissait de faciliter la communication pour que personne ne soit traumatisé par ce qui venait d'arriver. Tanjiro ne se sentait pas ainsi. Gîyu en avait l'impression.

Pour autant, quelque chose d'autre lui disait que le jeune oméga semblait perturbé. Il ne voulait pas laisser le non-dit macérer, donc le livrer à parler. Ça se ferait bien.

Tanjiro le suivit dans la salle de bain sans sourciller. Il titubait un peu sur ses jambes, tout en cachant nerveusement son corps. Gîyu ne le lui fit pas remarquer. Il voulait lui laisser le temps de reprendre ses esprits, de se calmer un peu. Ça faisait beaucoup d'émotions à encaisser. On l'avait prévenu — d'autres piliers qui avaient déjà été Initiateurs, notamment Rengoku — qu'un oméga pouvait pleurer après tout ça. Qu'il ne faudrait pas que ça le surprenne ou qu'il le prenne contre lui. Aux yeux de Gîyu, ça signifiait bel et bien que ce qu'ils faisaient pouvait représenter une forme de violence pour l'oméga. Il avait essayé de faire au mieux. Ça ne changeait rien au fait que le procédé en lui-même n'était pas des plus sain.

Plus qu'une loi, c'était une tradition. Les premières se changeaient avec un peu d'encre, les autres avec beaucoup de temps.

L'eau était déjà préremplie, chauffée par un foyer sous la bassine, maintenant éteint, mais des pierres volcaniques placées autour du feu gardaient la chaleur. Ils auraient le droit à quarante minutes de pur délice. Ça lui permettrait de calmer son excitation, à Tanjiro de faire redescendre son taux de phéromones. Il pénétra dans le bain le premier, fermant brièvement les yeux dû au bien-être de l'eau chaude sur ses membres, aidant Tanjiro à rentrer à l'intérieur. Le garçon passa une main dans ses cheveux violets, qui lui tombaient sur le visage. Gîyu le trouva encore une fois magnifique. Assis dans le bain, ils se faisaient face. La bassine n'était pas bien grande, suffisamment large pour qu'ils puissent s'asseoir l'un en face de l'autre en entremêlant leurs jambes.

Tanjiro ferma les yeux, profitant comme lui de la chaleur. Prenant l'éponge de bain qui se trouvait juste à sa droite sur une petite étagère murale, Gîyu la mouilla et la passa sur le cou de l'oméga. Ce dernier sursauta, ce qui fit rire l'alpha. Il rit lui aussi, visiblement de bon cœur, écartant sa nuque pour se laisser faire. Gîyu déglutit, ça semblait si intime… Même pour lui, c'était quelque chose de perturbant. Tanjiro soupira de bien-être. Des phéromones d'apaisement chatouillaient le nez de Gîyu.

À son tour, l'oméga prit l'éponge, il l'attrapa depuis les mains de Gîyu. Il nettoya le cou de l'alpha, son torse, pressant la substance mousseuse contre lui, pour qu'elle rejette le savon et l'eau. Ils ne se quittaient pas du regard durant tout le procédé. Comme s'ils étaient fascinés, qu'ils prenaient enfin le temps de s'observer dans leur nudité la plus complète. Tanjiro avait les pommettes cramoisies, c'était sans doute à cause de l'eau chaude. Bien que plus résistant, l'alpha se trouvait dans le même état. Ils continuèrent à se laver l'un l'autre. Le torse, les bras, la nuque, toutes les zones sensibles. Gîyu avait encore du désir pour Tanjiro. Le bain ne fonctionnait qu'à moitié sur sa libido… Ses odeurs, il commençait à les avoir dans la peau. L'eau produisait de la vapeur. Ils y étaient bien, ça avait le mérite de les relaxer.

L'oméga ferma les yeux.

Le silence. L'écoulement. La vapeur. L'imitant, Gîyu ferma les yeux aussi. Il avait l'impression que ça pouvait durer des heures avant qu'il n'en ait marre.

Peut-être qu'effectivement, il s'endormit. Il eut l'intuition qu'un long moment s'était passé entre une inspiration et un mouvement de Tanjiro. Ses jambes lui faisaient des légères crampes, toutefois peu douloureuses. Ce qui acheva de le réveiller fut que Tanjiro se redressa, pour se coller contre lui. Au lieu d'être face à lui comme tout à l'heure, il était venu collé sa tête contre son torse, désirant visiblement un câlin. Gîyu déposa un baiser sur le crâne mauve, humant pour la énième fois cette odeur qu'il aimait tant.

Il aurait aimé avoir un oméga qui sentait aussi bon. La pensée le frappa contre tout bon sens.

Ils restèrent comme ça, dans le silence, dans les bras l'un de l'autre. En dépit de cette atmosphère d'aisance, ils finirent par quitter le bain, Gîyu réveillant Tanjiro alors qu'il s'endormait à son tour. Avec de la réticence visible du côté du plus jeune, qui gémit dans son sommeil, ils vidèrent l'eau et rejoignirent la chambre.

Elle était aménagée de la façon suivante : le lit, un futon, était fait pour deux personnes. Après les exercices d'initiation, l'alpha et l'oméga dormaient ensemble.

Ça créait un cocon plus intimiste, et ça aidait les deux partis à discuter une fois apaisés par le bain.

Gîyu ouvrit le lit, faisant signe à Tanjiro de se mettre à côté. L'oméga s'exécuta, et l'alpha le rejoignit, bordant leurs deux corps.

Il y eut de nouveau un silence, puis, l'oméga agrippa son yukata d'une poigne hésitante.

"C'est intimidant…

—De dormir contre moi ?" questionna Gîyu.

Tanjiro opina pour toute réponse. Venant lui embrasser le crâne, l'alpha voulut le rassurer.

"Tu n'as pas à avoir peur. Je ne te ferai rien… Je te le promets.

—Ça ne m'effraie pas." Il prit une inspiration, ils n'avaient pas encore éteint les bougies. " C'est juste…. si intime. Je n'ai pas l'habitude, et ça… m'a manqué. J'en avais tellement besoin."

Sans qu'il ne puisse se contrôler, l'oméga se mit à pleurer. Interdit d'abord, l'alpha se rappela de l'histoire du plus jeune : il avait perdu sa famille, ses parents, qui représentaient la source d'échange d'odeur primordiale d'un oméga. Il avait peu de monde autour de lui pour le sentir régulièrement. Sa soeur, en tant que démone, ne pouvait pas échanger ses odeurs avec lui. Ça devait forcément l'attrister. Et en plus, il avait un odorat développé, ce qui le rendait sensible aux phéromones. Bien sûr qu'il craquait. Ce gamin était seul, il avait seul la responsabilité de sauver sa soeur sur les épaules, il faisait tout en son pouvoir pour y arriver, c'était admirable. Il ne montrait aucune vulnérabilité, ne se plaignait jamais. Alors forcément, forcément, il fallait que ça finisse par sortir. Ça ne serait pas sain pour lui, le cas échéant.

Quelque part, Gîyu était soulagé qu'il pleure pour cette raison plutôt que pour une autre. Il comprenait sans mal que ce n'était pas de sa faute. Ça l'attristait néanmoins que Tanjiro souffre, et il se sentit égoïste pour ce léger soulagement qu'il ressentait.

Il le serra contre lui, les sanglots de l'oméga résonnant contre sa cage thoracique.

"Tout va bien, Tanjiro, souffla-t-il. Pleure autant que tu veux. Je suis là."

L'oméga renifla bruyamment.

"Désolé, je ne veux pas que vous pensiez que…

—Je sais," le coupa Gîyu.

Et c'était vrai.

"Je sais, reprit-il. Je pense seulement que tu en as besoin. Tu es si courageux, Tanjiro. J'espère que tu sais à quel point."

Le regardant les yeux, l'oméga hoqueta. Il rougit, entre ses larmes, les mains toujours harponnées à l'encolure de Gîyu. Il semblait perdu. En pleine crise d'angoisse. Il n'était qu'un jeune adolescent, c'était bien normal.

"Je suis persuadé que tu ne te laisses jamais aller, fit Gîyu. J'ai tort ?"

De nouveau, Tanjiro frémit contre lui. Mais il hocha la tête, montrant à Gîyu qu'il avait raison. Ce dernier, la main glissant dans ses cheveux, déposa un autre baiser sur son crâne et chuchota en l'enlaçant tendrement :

"Alors pense à toi, ce soir. Ce moment n'est qu'à toi. Qu'à nous. Je suis là."

Cette fois-ci, le plus jeune opina et lui offrit un sourire entre ses larmes.

"Merci, Gîyu-san. Merci. Je n'aurais pas rêver mieux que vous comme alpha pour mon initiation."

Oh, Gîyu crut qu'il allait s'étouffer avec sa salive, ou bien devenir cramoisi lui-même. Sans doute l'était-il.

Il fit de son mieux pour ignorer son propre cœur qui battait trop vite, faisant de son mieux pour consoler Tanjiro. L'oméga finit par se calmer, suite à une longue crise de larmes. Il s'était endormi entre ses bras, respirant difficilement tout d'abord, pour laisser échapper un filet d'air doux, régulier, son corps prenant un rythme respiratoire d'endormi. Gîyu avait sombré à son tour, songeant que dans l'ensemble, la première nuit ne s'était pas si mal déroulée.


Le lendemain, entourés de sa sœur, Zenitsu et Inosuke, sur le porche intérieur de la résidence, Tanjirô était gêné. Vraiment gêné. Hormis Nezuko qui ne réalisait qu'à moitié ce qui se passait autour d'elle, ou le comprenait très bien mais était incapable de réagir comme une humaine, ne pouvant prononcer aucune remarque ni exprimer la moindre inquiétude, les deux autres le fixaient étrangement. Ils avaient des questions. Bien sûr qu'ils en avaient. Tanjiro ne savait pas quoi leur dire. Il aurait aimé avoir matière, déjà, plus que des coup d'oeils répétitifs. Le jeune garçon en était agacé. Il n'avait pas envie de se disputer avec eux, seulement, leur façon de le dévisager…

Arf, il allait falloir qu'il parle le premier.

S'éclaircissant la gorge, l'oméga soupira.

"Les gars, ne me regardez pas comme ça, je n'ai pas changé en une nuit…

—Non, non, on sait," s'empressa de dire Zenitsu, "mais c'est juste que… Gîyu-san, il t'a fait du mal ? il t'a... euh ?

—Pas la première nuit, vous le savez très bien.

—Oui," commença le jeune alpha blond, se grattant rapidement sous le cou. Il semblait nerveux. "Mais je me dis que, le jour où j'aurais mon oméga, tu vois, je veux savoir être suffisamment doux pour ne pas qu'il se barre en courant… alors si t'as des conseils...

—Commence déjà par ne pas le harceler comme tu harcèles chaque individu du sexe opposé que tu vois, débile, intervint Inosuke.

—Tanjirooooo ! Il est méchannnnt !"

On aurait dit un enfant… Tanjiro soupira encore, regardant ses deux amis. Nezuko était partie jouer avec un pissenlit du jardin, à quelques mètres d'eux. L'oméga surveilla du coin de l'œil qu'elle n'abîme pas les fleurs qui semblaient soignées, sans quoi ils se feraient réprimandés.

"Je n'ai pas de conseils en particulier, tu devrais demander à Gîyu-san, ça se voyait qu'il avait de l'expérience. Il pourra t'aider plus que moi."

Ses joues rosirent un peu. Zenitsu arrêta de pleurnicher, et se tourna vers Inosuke.

"Au fait, ton statut ne s'est toujours pas présenté ?

—Tu veux quoi, bâtard ?"

Se plaçant en posture défensive, Inosuke grinça des dents. Ses poings se serrèrent. Et merde, pensa Tanjiro. Ça recommençait… Zenitsu eut un petit sourire.

"Si tu es un oméga, tu peux me le dire maintenant, je pourrai m'occuper de ton initiation. Maintenant que mon odeur d'alpha s'est relâchée. Il ne manque plus que la tienne sorte, et…

—Je vais te casser la gueule de mes propres mains !" hurla Inosuke, se précipitant vers le blond qui lâcha un cri de surprise.

Tanjiro se redressa, venant se placer entre les deux.

"Doucement, vous deux. Zenitsu, un peu plus de tact, bon sang…Inosuke, rien ne sert de se battre.

—T'as vu ce qu'il a dit !" continua de gueuler le brun, Tanjiro ayant du mal à retenir son torse qui chargeait contre lui.

Le jeune oméga soupira.

"J'ai entendu, oui, c'est très idiot, mais restez calme, s'il vous plaît."

Il pouvait d'autant plus comprendre l'énervement d'Inosuke que lui sentait déjà poindre l'odeur d'un oméga sous son épiderme. Et il était logique qu'Inosuke ne veuille pas le lui révéler aussi facilement. Zenitsu, de son côté, bouda. Il partit dans son coin, Inosuke se retrouvant à croiser les bras devant son torse, les dents serrées, à fulminer. C'était souvent plus de la maladresse qu'une réelle intention d'être désobligeant et irrespectueux. Zenitsu ne savait que se conduire comme un lourdeau pour avoir l'attention des autres. Même avec eux, il avait encore du mal à changer son comportement de façade, une façade qui le desservait plus qu'autre chose — l'oméga était persuadé qu'il le savait lui-même. C'était sans doute pour ça qu'il était parti, il se sentait honteux d'avoir déclenché un conflit. Comme, encore une fois, un gamin pris en tort.

Avant que Tanjiro ne puisse dire quoique ce soit pour apaiser l'autre garçon, Inosuke attaqua :

"Tu sens, toi ?"

Le jeune oméga sursauta légèrement.

"Je… hm…

—Mens pas, c'est pas la peine.

—Je sens, oui."

Avec son odorat surdéveloppé, ces choses là ne lui échappaient pas. Inosuke grogna, croisant les jambes, contrarié.

"Dans ma montagne, être vu comme un oméga, ça y change rien. Je reste le plus fort. Pour cet imbécile, si mon statut se déclare, je ne serai qu'un bout de viande.

—C'est faux. Il est… comme il est… mais il t'apprécie vraiment. Il s'est mal exprimé.

—Il reste chiant."

Ça, Tanjiro ne pouvait pas dire le contraire. Il baissa toutefois la tête, un peu contrit.

"Il n'est pas facile, mais tu sais, il tient à toi, j'insiste.

—J'sais même pas si je veux qu'il soit mon alpha, j'y comprends rien à ces conneries… L'initiation, comment tu fais ? Ça m'fait trop chier !

—J'aime Gîyu-san…"

Tanjiro avait murmuré, mais vu le regard de son ami, il avait parlé à voix haute, du moins ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Inosuke eut un mouvement de recul, et le pointa du doigt, éberlué :

"Mais, attends, genre, tu l'aimes, t'es amoureux ?! C'est ça ?! Tu te fous de moi !

—Inosuke, doucement ! J'ai pas envie que tout le monde le sache !"

Le brun sautillait sur place, riant, surexcité. Tanjiro ne voyait pas ce qu'il y avait de si hilarant, mais soit, il n'était plus étonné au vu du caractère exubérant de l'autre garçon. Ce n'était pas si idiot que ça le surprenne, ou que ça lui paraisse ridicule, il n'en savait rien, mais le crier haut et fort… Il se mordit la lèvre, c'était de sa faute en premier lieu. Il était un peu vexé que son ami se moque de lui.

"Nan mais, genre, t'as profité de ça pour te rapprocher de lui ? C'est du génie putain ! Tu lui as dit ?"

… Encore une fois, Tanjiro fut sur le cul. Là, c'était lui qui était surpris. Alors Inosuke ne se moquait pas, au contraire, il approuvait sa stratégie… qui n'en était même pas une, en fait. Il avait choisi Gîyu à cause de ses sentiments. Sans rien attendre en retour, pourtant. Il voulait juste que ce soit lui, le premier. Gêné au possible, il sentit que les mots ne voulaient pas arriver dans sa tête, et se bousculaient pourtant dans sa gorge.

"N-non, je, pas encore, je… Je sais même pas si…

—Faut lui dire !"

Panique. Tanjiro se sentit paniquer. Vu comme Inosuke était excité, on aurait dit qu'il allait le crier sur tous les toits et même aller voir le principal intéressé. Il réagit au quart de tour, mettant la main devant la bouche de son comparse.

"Inosuke, stop. Je ne veux pas lui dire… C'est compliqué. S'il te plaît, tais-toi. Garde ça pour toi."

Il le suppliait presque. Non, carrément. Il ne voulait pas que Gîyu soit au courant. Plutôt mourir crucifié sur place.

Inosuke grogna contre sa main, Tanjiro le lâchant.

"C'est bon, je vais rien dire. Mais pourquoi tu veux pas qu'il sache ? Alors que vous allez vous accoupler ?"

S'il eut la décence de rougir en prononçant ces mots, Tanjiro lâcha un rire à la mention d'accouplement… Ça faisait si bestial. Pas étonnant venant d'Inosuke.

"Il est très occupé," commença Tanjiro en reprenant son sérieux. "Et comme je suis plus jeune, je pense qu'il n'a jamais envisagé notre relation comme ça. Je ne veux pas être un fardeau pour lui en me confessant."

Il baissa les yeux, soudain un peu attristé par ses propres mots. Mais oui, c'était bien ça. Il ne voulait pas que Gîyu se sente obligé d'accepter à cause de ses sentiments, de crainte de ne paraître insensible en continuant l'initiation après son refus, ou au contraire qu'il mette fin au rituel. Ou pire encore, qu'il se montre en effet évasif et insensible, comme si son béguin était ridicule. D'un côté, Tanjiro ne pensait pas qu'il serait comme ça. Sauf qu'il ne le connaissait pas et on ne pouvait jamais le savoir. Il n'avait peut-être pas envie de s'encombrer, dans tous les cas. Forcer les choses mènerait à un mauvais moment pour eux deux. Il avait envie de profiter de l'initiation pour le connaître plus. Ce pourquoi il avait tant aimé leurs discussions.

Alors se mettre à dos son mentor pour des futilités… Tanjiro ne voulait pas de ça.

Inosuke secoua la tête.

"Non mais, allez, il doit bien t'apprécier. J'ai entendu dire que l'initiation crée des liens forts," Inosuke fit un grand geste avec ses bras, mimant en effet plutôt un lien grand que solide," et qu'on peut faire ça avec un partenaire. Pourquoi tu fonces pas ?"

Pour le brun, ça semblait vraiment impossible à comprendre. Tanjiro haussa les épaules.

"Je sais pas ce qu'il ressent, on n'est pas très proches, et je te dis, je veux vraiment pas l'embêter avec ça…

—Ok. C'est dommage. Moi, je pense que tu devrais pas t'inquiéter autant."

Il lui sourit, se voulant sans doute encourageant. Tanjiro eut un rire nerveux, rendant à l'autre garçon son sourire. Il trouvait quelque peu attendrissant que son ami essaie de le réconforter, à sa façon.

"En tout cas, glissa un Tanjiro taquin, si toi, tu veux faire ça avec un partenaire, tu devrais parler rapidement à Zenitsu…

—Tu veux que je te casse la gueule, à toi aussi ?"

Comme il commençait à montrer les crocs, Tanjiro éclata de rire. Inosuke finit par se calmer. Il croisa les bras sur sa poitrine, vexé.

"Je vais aller voir où il est. Il doit pleurnicher dans un coin. Il est si faible…

—Il est sensible, Inosuke. Ce n'est pas la même chose."

Le brun haussa les épaules.

Tanjiro ne batailla pas. Il savait très bien qu'Inosuke galérait avec les notions de relations humaines, et de sensibilité, bien qu'à sa façon, il l'était également. Inosuke partit, lui adressant un signe de la main, Tanjiro regardant sa sœur se rouler dans l'herbe joyeusement.

Il enviait parfois la candeur de sa jeune sœur. Puis il se sermonnait lui-même pour ça. Nezuko se battait contre une transformation quotidiennement, elle n'avait pas le choix que d'agir selon ses instincts. Il n'avait, pour sa part, pas le droit de l'envier. Surtout pas alors qu'elle n'était pas redevenue humaine, qu'il devait lui rendre son humanité. Il se sentait horrible de penser ça. En étant une démone, elle n'avait certes pas à gérer les statuts et la difficulté de se trouver un partenaire, mais sa place n'était pas forcément plus enviable. C'était juste différent. Tanjiro aurait tout de même aimé que les choses soient différentes pour lui.

Que Gîyu-san le voie comme son partenaire. Quand il pensait à sa douceur, il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que ça ne pourrait pas être plus parfait. Il pensait aux mots d'Inosuke et aurait vraiment aimé pouvoir envisager de se déclarer, sans craindre les conséquences. Il ne voulait pas que ça gâche tout, ça lui faisait trop peur.

Nezuko s'était arrêtée de jouer, remarquant visiblement qu'il n'était pas dans son assiette. La jeune fille fronçait les sourcils, prenant Tanjiro par la main. L'oméga leva les yeux sur elle, et fut immédiatement ému. Nezuko restait si gentille. Il se rendit compte qu'il pleurait parce que la fillette leva sa main libre pour essuyer l'une de ses larmes.

"Ce n'est rien, bredouilla Tanjiro, refusant de l'inquiéter avec ça. Je… je me rapproche enfin de Gîyu-san, et je suis content. Bon un peu perdu, mais ce n'est pas grave. C'est tout."

Nezuko ne dit rien, comme toujours. Elle lui caressait la joue avec douceur. Enfin, après quelques instants, elle le prit dans les bras. Tanjiro eut l'impression qu'elle avait compris, il se sentit compris, ce qui le toucha. L'étreinte de sa sœur, échanger ses odeurs avec elle, ça faisait vraiment du bien. Il se mit à sangloter, pareil à un enfant. Il se savait ridicule, mais relâcher ses émotions lui faisait du bien malgré tout. Il avait trop l'habitude de garder les choses en lui. Gîyu avait raison, de temps à autre, il fallait qu'il s'autorise à être lui-même, à prendre contact avec son intériorité et à la laisser s'exprimer.

Il déglutit, se reculant, laissant un peu d'espace à sa sœur. La petite semblait sourire. Elle était si adorable. Tanjiro l'aimait tellement, et il s'en voulait aussi de se montrer faible devant elle. Comme pour le rassurer, cette dernière frotta joyeusement sa tête contre sa main. Sans doute une façon de lui signifier que tout allait bien.

Tanjiro sécha ses larmes, reniflant bruyamment. Il se força à sourire à Nezuko, mais son éclat était sincère. Sans qu'elle ne le sache, elle l'avait vraiment empêché de craquer. Heureusement qu'elle était là.

Des pas retentirent derrière lui, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Inosuke et Zenitsu se posèrent à côté de lui sur l'estrade, Inosuke avec la grâce d'un phacochère, et Zenitsu blêmissant en avisant de ses yeux rouges.

"Tu as pleuré, Tanjiro ?!"

Il semblait scandalisé. L'oméga ne sut quoi dire, se sentant un peu honteux.

"Je…

—Je suis désolé pour tout à l'heure. D'avoir posé la question, par rapport à ton initiation. Je t'ai peut-être blessé. C'était…

—Oh, non, du tout…

—Crois pas que c'est à cause de ça qu'il pleure, crétin !" intervint Inosuke. "Tes âneries ont pas autant d'impact !"

Il le dévisageait lui aussi, pouvant se douter que c'était à cause de sa relation avec Gîyu plus qu'autre chose.

Zenitsu devint cramoisi.

"Non, mais c'est comme avec toi, j'ai pas été délicat et je m'en veux…

—T'es jamais délicat."

Et c'était reparti ! Ils étaient vraiment incorrigibles. Au moins, ils avaient le mérite de le faire rire. Nezuko semblait plutôt confuse en les regardant intéragir. Son visage perplexe amusa aussi Tanjiro.

"Stop, vous deux. Je ne pleure pas à cause de ça, mais j'apprécie tes excuses, Zenitsu. Merci. L'initiation est juste… dure pour moi."

Les deux autres arrêtèrent de se prendre le bec. Zenitsu se gratta l'arête du nez.

"Hm, je sais que je suis un alpha et que ça peut être bizarre, mais si tu veux un câlin… Je peux… enfin.

—Bien sûr que oui, tu es un ami. J'apprécie."

Visiblement jaloux, Inosuke jeta un regard mauvais à Zenitsu. Il se reconcentra rapidement sur Tanjiro, cependant.

"Je suis désolé aussi. J'aurais pas dû.. bref."

Il s'était tû, regardant le jeune alpha. Ce dernier fronça les sourcils.

"Pourquoi tu t'excuses, toi ?

—Pour rien."

Avant qu'ils ne recommencent à se chamailler, Tanjiro ouvrit ses bras.

"Et si on se faisait tous un câlin ? Hm ? Viens ici, Nezuko."

Cette fois-ci, le groupe d'adolescent échangea un sourire complice. Zenitsu et Inosuke s'étaient apparemment rabibochés, et Nezuko se blottit avec plaisir contre son frère et leurs amis. Tanjiro craignit instinctivement qu'avoir l'odeur d'un autre alpha sur lui n'indispose Gîyu, pourtant, l'échange d'odeur était purement amical. Les odeurs de sa sœur et d'Inosuke atténueraient le parfum d'alpha de Zenitsu. Ce dernier semblait d'ailleurs particulièrement ravi d'être collé à eux, s'il en avisait son visage cramoisi mais ses battements de cœur et ses odeurs agréables. Ça devait être rare pour lui, de partager autant d'affection avec ses amis. Puis, lorsqu'il échangeait des regards avec Inosuke, Tanjiro se doutait bien que c'était de lui, que le blond était particulièrement heureux d'être proche. Ces deux-là avaient la chance de s'aimer, mais la bêtise de ne pas le remarquer.

Ça viendrait bien.

"Quand je pense aux nombres d'alpha qui tueraient pour être à ma place, fanfaronna Zenitsu, avec deux omégas et une fille dans leur bras…

—Je vais te crever !" gueula Inosuke. "Je suis pas un oméga !"

Évidemment, le calme ne pouvait pas durer très longtemps avec eux.

Tanjiro consentit tout de même à éclater de rire, parce que ça eut le mérite de le faire rire.


Plus tard dans la journée, après un entraînement, Tanjiro marchait dans les couloirs de la résidence. Il se rendait à la salle de bain pour prendre une bonne douche, afin d'être prêt pour ce soir, sa deuxième nuit d'initiation. Il avait autant hâte de partager de nouveaux moments avec Gîyu-san, que peur de ce qui allait se passer, une certaine appréhension, un désir, une crainte. Tout à la fois. C'étaient des sentiments beaucoup trop diffus pour lui. Il espérait que Gîyu n'avait pas été perturbé de son éclat en sanglots de la veille, il avait très peur qu'il pense que ça ne soit de sa faute malgré ses paroles réconfortantes, parce qu'il paraissait extrêmement soucieux de ne pas le heurter et Tanjiro avait adoré ça. Littéralement, ça l'avait charmé.

Au détour du couloir, il vit une silhouette marcher dans sa direction. Il s'agissait de Gîyu-san.

Les deux jeunes hommes se reconnurent en même temps. Gîyu parut surpris de le croiser, et Tanjiro un peu embarrassé avec ses pensées.

En même temps, il se força à reprendre contenance et sourit. Arrivé à sa hauteur, l'alpha lui rendit son sourire.

"Tout va bien, Tanjiro ?"

Sa voix était douce. Tanjiro s'en voulut quelque peu de sentir la sueur de l'entraînement, mais tant pis. Il avait tellement envie d'être dans ses bras.

Devoir interagir normalement avec lui le frustrait énormément. Avalant sa salive, le jeune oméga se passa la langue sur les lèvres.

"Très bien, et vous ? Vous passez une bonne journée ?"

C'était tellement bâteau. Tout ce qu'il voulait, c'était sa peau contre la sienne. Il devait être cramoisi parce que dieu que ça le gênait de réagir ainsi !

"Plutôt bonne. Je discutais des prochaines missions avec Rengoku-san.

—Oh, vous allez repartir ?"

Tanjiro se sentit quelque peu triste à cette idée. Gîyu secoua la tête.

"Pas avant la fin de l'initiation." Gênant. Tanjiro baissa les yeux. "Mais c'est lui qui s'en va le premier. Il prendra l'un de tes amis avec lui, d'ailleurs. J'avais encore des consignes à transmettre."

L'oméga opina. Ça le soulageait un peu. Peut-être qu'ils pourraient encore se croiser et se parler, après ça..

"Je vais vous laisser, dans ce cas. À ce soir."

C'était si embarrassant. Gîyu hocha la tête. Il reprit sa route. Et Tanjiro se tâta. Ce soir, c'était la deuxième nuit d'Initiation. Celle où l'oméga devait faire plaisir à l'alpha. Ça le gênait horriblement mais il en avait aussi très envie. Il voulait dire quelque chose à Gîyu. Il voulait vraiment montrer qu'il n'était pas traumatisé par cette nuit et qu'il était déterminé à aller jusqu'au bout.

Se faisant violence, il leva la voix.

"Gîyu-san !"

Le hélant, il se retourna vers lui. Gîyu avait aussi fait demi-tour. Il le dévisageait, perplexe.

"Je… Je ferai de mon mieux pour ce soir. Je voulais vous le dire."

Et il s'inclina aussi bas que possible. Son cœur battait à la chamade. Il se releva, faisant face au visage toujours aussi circonspect de Gîyu. L'alpha finit par se reprendre, hochant la tête. Tanjiro lui sourit avant de disparaître, prenant ses jambes à son cou.

Bon sang, c'était plus facile que je ne l'aurais cru…

Excepté qu'il n'avait sans doute jamais autant rougi de toute sa vie.

À suivre...


Note : Voici la première partie. Alors n'hésitez pas à commenter pour me dire ce que vous en avez pensé, si vous avez aimé ou pas etc... c'est important pour moi d'avoir vos ressentis :3 ! J'ai vu qu'en FR le fandom était tout petit et qu'il y avait pas de fics hétéros (ce qui est chouette, hein !) donc j'espère que ce yaoi sera bien accueilli TwT.

Merci d'avoir lu !