Hey ! Me voilà de retour avec un os sur lequel je travaille depuis maintenant presque deux mois, je crois que j'ai jamais écrit quelque chose d'aussi long et qui m'a prit autant de temps, j'espère que ça vous plaira :)
Si jamais cette fic contient la description d'une crise d'angoisse (j'ai essayé de la rendre accurate en fonction de mes propres expériences mais c'est si dur de décrire ça même sur papier) si jamais vous ne le sentez pas ne lisez pas, votre santé passe avant tout !
Sur ce, bonne lecture
23h24 - Lupin
"Héeee M'sieur ! J'vous r'prendrai bien un petit verre de Vin !"
Avachi sur la table du fond de la salle, Nakahara Chuuya, membre exécutif de la mafia portuaire était maintenant à son quatrième verre de la nuit. Et par la même occasion certainement le client le plus éméché du bar.
Il rigolait seul en faisant tourner le mini fond de vin dans sa coupe, attendant avec une grande patience que le patron du bar se dirige de nouveau vers lui avec la belle bouteille du nectar rouge dont il se délectait presque tous les soirs.
Beaucoup de clients vous diraient qu'il n'est pas rare de croiser l'un des mafieux le plus dangereux du Japon dans ce petit pub de Yokohama.
Après tout il venait ici depuis qu'il avait quinze ans et n'avait jamais songé à changer de table.
À la seule différence d'autrefois, c'est qu'aujourd'hui le rouquin venait toujours seul et ne commandait plus du jus de pomme mais beaucoup de verre de vin.
Et il finissait quatre-vingt-quinze pourcents du temps un tantinet soûl.
Puisque contrairement à ce qu'il persistait à affirmer, Chuuya ne tenait pas vraiment l'alcool et pouvait très vite finir bourré. Mais ça ne lui déplaisait pas puisque quand il était alcoolisé de la tête au pied il oubliait facilement ses problèmes et le monde se recouvrait d'un voile de joie et d'hilarité qu'il n'arrivait jamais à voir quand il était sobre.
Mori et ses stupides missions pouvaient bien aller se faire foutre, Akutagawa aussi d'ailleurs, l'obsession du jeune utilisateur de Rashomon pour l'ancien membre de la mafia commençait sérieusement à lui pomper l'air. Et puis l'autre idiots avec ses stupides bombes de débile formes de citron pouvait aussi aller se faire voir. Il n'avait de respect que pour Ane-san dans cette organisation, c'était la seule qui méritait d'être respectée.
Et Chuuya était sûr que si la Mafia n'était pas une organisation si machiste et contrôlée par le dernier des ploucs qui était, il fallait l'avouer, un petit peu intelligent, Ane-san serait à la tête de la mafia. Elle était forte, belle, intelligente et savait prendre soin de ceux qu'elle recueillait, alors oui elle était la femme idéale pour être à la tête de la mafia.
Peut-être que travailler à la mafia serait plus agréable...
Chuuya se perdit dans ses pensées, il imaginait son ancienne tutrice à la tête de la mafia. Et ça ça lui plaisait énormément.
"... sieur ? Monsieur ? Cette voix le tira hors de son état pensif et le fit légèrement sursauter, c'était le patron, un homme très agréable que Chuuya appréciait. Le cheveu légèrement grisonnant et un sourire présentant un homme aimable qui aimait son métier et qui ne se mêlait pas de la vie de ses clients contrairement à d'autres patrons de pub qui adoraient les ragots croustillants, lui ne vivait que pour servir ses clients, avec le sourire et qui les écoutait sans jamais se plaindre ou même oser émettre son avis, c'était le genre de personne que Chuuya respectait parmi les citoyens. -Voici votre verre de vin, vous avez besoin d'autre chose ?"
Le rouquin secoua négativement la tête, il n'avait besoin de rien, juste de son verre rempli de ce liquide rouge carmin qui le faisait planer vers un autre univers beaucoup plus agréable à voir que celui dans lequel il était né. C'était la seule échappatoire à la misère dans laquelle lui et le monde trempait qu'il avait réussi à trouver. Et puis l'alcool ça ne faisait pas tant de dégâts que ça ? En plus il ne buvait pas tant que ça ... Juste plusieurs fois par semaines et ... quand il ne travaillait pas car rien ne pouvait occuper son esprit le forçant alors à voir la laideur du monde.
Non, Chuuya n'était pas alcoolique. Définitivement pas. Le patron de ce bar pouvait l'attester.
Peut-être qu'il avait assez bu pour ce soir ? Il n'était pas sur... Il était déjà prêt de minuit, devrait il s'arrêter ? Non, encore un dernier verre, le vin c'est cool et il aimait bien cet endroit, il était apaisant de rester ici, alors que seul chez lui c'était ... Comment dire ... Anxiogène ? Oui l'ambiance était lourde et stressante, fallait dire que le silence ambiant dans la pièce n'aidait pas à améliorer ça.
Le temps passa, le verre précédemment commandé fut vite terminé, atterrissant rapidement avec les autres verres de vin dans son estomac. Et il recommanda, ses neurones se remirent à fonctionner, il pensa encore à tout et n'importe quoi, il se prenait lui-même la tête. C'était un cercle vicieux.
"Tout ça à cause de ce stupide job ... Argh pourquoi la mafia déjà ?" Il grommela à moitié allongé sur la table, la coupe tenue par le bout de ses doigts. Si ça ne tenait qu'à lui il l'aurait déjà laissait tomber sur le sol. Mais même bourré, le chef exécutant de la mafia avait un minimum de respect pour cet homme qui le supportait pendant des heures lui et ses marmonnements alors que le café était déjà presque vide, et encore, les derniers consommateurs étaient en train de remettre leur manteau et étaient sur le point de partir. Encore une fois, Chuuya allait être seul.
Heureusement que l'alcool avait pour principal effet d'anesthésier sa conscience, empêchant alors les pensées d'Arahabaki de prendre le dessus. Si ça n'avait pas était le cas, Chuuya savait que ça aurait était une catastrophe pour l'humanité et puis pour lui.
Il usa les dernières forces de ses bras pour se repousser et ainsi se relever sur son siège, engloutissant d'une traite le vin restant. La tête lui tourna un peu. Mais il fallait qu'il se lève. Il le fallait.
Puisque Chuuya haïssait être seul dans une pièce avec quelqu'un d'autre, il préférait quand le monde était là, ça le rassurait. Alors il posa ses deux mains à plat sur la table, et se releva en tentant de garder un semblant d'équilibre, il souffla un coup, puis avança, lentement mais en tanguant vers le comptoir son chapeau à la main.
"J'vous doit combien ?" Demanda t'il la voix transformée par le vin ingéré plus tôt. Le barman lui répondit, la note était salée, mais Chuuya s'y attendait, on ne buvait pas autant de vin d'aussi bonne qualité pour 10 euros, alors il sorti un gros billet par fainéantise de chercher dans ses petites pièces pour faire pile le chiffre rond, puis il partit, sans même demander à avoir sa monnaie. Il avait le cœur sur la main ce soir, et puis vu le nombre de fois où ce pauvre patron avait dû écouter ses déboires il méritait bien ça.
Enfin Chuuya ne se plaignait pas si souvent que ça ! N'allait pas croire de tels sottises ! Juste de temps en temps.
Après une dure journée ! ...
... Et quand il était bourré ...
Parce que quand Chuuya venait dans ce bar c'était forcément pour finir alcoolisé jusqu'au bout des doigts.
Et il n'y venait pas si souvent que ça... Juste peut être trois ou quatre fois par mois ... Ou peut-être que c'était par semaine ? Il ne savait plus... Il aimait juste... boire ? Ça lui permettait de faire une croix sur toutes ces émotions négatives qui lui tourmentaient l'esprit quand son travail ne suffisait plus pour songer à autre chose.
Il sourit une dernière fois au gérant, puis renfila son chapeau fétiche sur sa chevelure rousse avant de se diriger à son tour vers les escaliers de bois qui menait vers la porte de sortie.
Qu'allait-il faire maintenant ? C'est une bonne question ... Il ne voulait pas rentrer chez lui, à tous les coups Mori allait essayer d'appeler au beau milieu de la nuit pour lui dire de venir s'occuper de on ne sait qui, qui avait fait on ne sait quoi à Yokohama. Et ce soir il n'avait pas le courage. Il voulait juste s'endormir en étant sur de ne pas se faire réveiller avant l'heure.
Alors il erra, dans les étroites ruelles sombre. N'importe qui aurait pu tenter de l'assassiner, il était seul, pas du tout alerte où sur ses gardes, il était faible, il était affaibli par l'alcool et la fatigue. Mais qu'importe, si quiconque venait à essayer il se rendrait vite compte que même en partie anesthésier Arahabaki ne laisserait personne tuer son réceptacle quand bien même les deux entités ne s'entendaient pas. Parce qu'il savait que si Chuuya mourrait il serait de nouveau très rapidement enfermé dans un autre corps et rien ne dit que cette autre personne soit quelqu'un qui travaille dans une organisation comme la mafia ou qui ai un partenaire lui permettant de prendre le contrôle de son hôte. Alors oui Arahabaki avait décidé d'empêcher Chuuya de se faire buter stupidement dans ses moments de faiblesse
Il ne parlait pas, ni ne gesticulait, comme certains ivrognes pouvaient le faire, non lui il était simplement entrain de marcher vers une destination inconnue, le cerveau complétement vide de toute pensée. Il ne savait pas où il allait. Ses pieds se contentaient de bouger pour lui, et Chuuya leur faisait confiance.
Le ciel était couvert de nuage ce soir, la lune ne pointerait pas le bout de son nez aujourd'hui, ni les astres de lumières. N'éclairant pas alors les allées pavées de leur brillance majestueuse, seuls les lampadaires à la lumière douteuse faisaient office d'éclairage.
"-Fliquiti fliquitou il va surement pleuvoir cet nuit hehehe ..." Il ricana en faisant ce constat, il aimait la pluie, il aimait sentir les gouttes roulaient le long de son corps.
Il trouvait la pluie poétique, le rouquin n'arrivait pas à en voir les côtés négatifs, généralement les gens haïssaient la pluie parce qu'elle mouillait (logique vous me direz), rendait les gens moroses, gâchait des sorties que se prévoyaient les gens et tellement d'autres choses que Chuuya ne comprenait pas, lui ne voyait de la pluie que les aspects positifs. Peut-être qu'au fond il n'était qu'un grand romantique incompris. Parce que oui pour lui, pluie rimait avec comédie romantique. Les grandes déclarations d'amour à bout de souffle après avoir couru des kilomètres les larmes aux yeux, les scènes déchirantes d'adieu, les slows avec la personne aimée à minuit sous les rires et les torrents de pluie. Oui c'est comme ça que Chuuya se faisait une vision de l'amour. Beaucoup trouverait ça niais mais qu'importe. Chuuya était un romantique.
Mais ce sont souvent les personnes les plus romantiques qui avaient du mal à trouver quelqu'un avec qui partager leur vie. Ou du moins à les garder...
...
Les rues de Yokohama étaient silencieuses, et désertes, et avant même qu'il s'en rende compte, Chuuya se retrouvait dans le quartier portuaire de la grande cité, il connaissait bien le coin, à vrai dire c'était le lieu de travail de prédilection de la mafia, il ne se passait pas une semaine sans que Chuuya ait à revenir ici, il haïssait cet endroit plus que tout.
Déjà parce qu'il passait le plus clair de son temps à bosser ici, et faut dire que venir alors qu'on est bourré sur son lieu de travail c'est pas extra. Mais... Il y avait aussi...
Cet appartement...
Enfin appartement c'est un grand mot, plutôt le logement ou même le taudis de son ennemi et ancien partenaire Dazai Osamu.
Il n'aimait pas venir ici, parce qu'il se sentait obligé de se rappeler tous les moments qu'ils avaient vécu ensemble.
Ça lui paraissait si loin maintenant. Quatre ans, presque cinq depuis que les deux anciens coéquipiers avaient pris des chemins différents. Il lui en avait probablement voulu énormément, mais ne faisait-il pas plutôt croire qu'il n'en avait rien à faire ?
Il leva les yeux vers le ciel une nouvelle fois, et comme ses pensées, le ciel était toujours couvert d'un voile de nuage, brouillant alors son esprit ainsi que les cieux. Le cerveau du rouquin était perturbé par l'alcool qu'il avait ingurgité dans la soirée, c'était brumeux. Brumeux comme l'horizon, il ne pouvait presque pas distingué l'eau de la mer des nuages du ciel, son avenir était comme ça lui aussi. Brumeux, il ne savait pas vraiment vers où il allait, ni quel chemin il devrait emprunter. Mais qu'importe, ce soir il s'était rendu dans le seul endroit sur Terre qu'il s'était à lui-même promis qu'il n'y remettrait jamais les pieds. Pourquoi est-ce qu'il finissait toujours par revenir ici ?
Il se promettait toujours de ne jamais revenir là. Et jamais il ne respectait cette promesse.
Il soupira lourdement et plongea sa main dans sa poche intérieure. La clef était encore là, ça n'avait pas changé depuis la dernière fois. Rien n'avait changé depuis la dernière fois.
Après tout cela ne faisait que deux mois depuis qu'il avait mis les pieds ici pour la dernière fois. Et comme d'habitude Chuuya avait réussi à tenir un peu plus longtemps que la fois précédente, mais toujours il revenait là. C'était peut-être sa manière à lui de gérer la situation et ses émotions. De les gérer d'une autre manière que par la colère.
Il regarda la porte une dernière fois avant d'enfoncer les clefs à l'intérieur de la serrure, ses mains ne tremblaient pas. Elles ne tremblaient plus depuis longtemps maintenant. Il avait l'habitude de venir ici quand ça n'allait pas. A croire qu'il trouvait du réconfort dans ce lieu.
Puis il poussa la porte, "Je me haïs, d'être aussi faible pour revenir ici à chaque fois..." grommela-t-il en rentrant dans la pénombre du lieu. Il chercha de sa main droite, l'interrupteur qui lui permettrait d'illuminer l'endroit qui hantait son esprit depuis la dernière fois qu'il y était venu.
Quand la lumière fut, Chuuya se laissa glisser le long du battant de bois, et comme un enfant il replia ses genoux contre son torse, et il fixa le mur face à lui. Encore une fois il était ici... S'il y avait un miroir face à lui, il ne se reconnaîtrait probablement pas, il devait avoir l'air si ailleurs, si ivre, si peu lui-même. Ses yeux bleus devaient avoir l'air si vide. Mais personne n'avait semblé l'avoir remarqué. Personne parmi ses proches ne lui avait fait le reproche, pourtant à chaque fois que Chuuya se regardait dans une glace il voyait à quel point le Chuuya d'avant la mafia, et d'avant la fin du Double Noir avait disparu, disparu pour laisser la place à un inconnu qu'il n'était pas capable de reconnaitre.
Parfois le soir, il se demandait, il se demandait si Shirase arriverait lui aussi à le reconnaître, ou si au contraire, il le regarderait dans les yeux avant de lui demander "Excusez-moi ? On se connait ?". Ses anciens camarades lui manquaient, peut-être qu'il aurait dû rester avec les Sheeps.
"NON ! Ils t'ont trahi Chuuya bordel ! Ils ont cru que je les avais quittés pour la Mafia et ont essayé de me buter avec du putain de poison de mes deux ! Pas de regret !" Il hurla ça, tout en donnant un coup de poing sur le sol du batiment.
Les Sheeps avaient beaux lui avoir sauvé la vie, ils n'en restaient pas moins ceux qui lui avaient planté un couteau empoisonné dans l'abdomen. Et il avait tellement cauchemardé à propos de cette scène qu'il ne pouvait pas se permettre d'être triste de ne plus être à leur côté. Et il était ressorti complétement traumatisé de cet évènement, à tel point qu'il lui avait fallu plus d'un an pour ne plus en faire de mauvais rêve toutes les nuits. Et Kôyô avait été d'un soutien exceptionnel pour lui qui n'avait jamais eu de réelle figure maternelle sur laquelle s'appuyer. Il ne la remercierai jamais assez pour tout ce qu'elle avait fait.
Alors qu'est-ce que Chuuya avait fait pour être autant trahi dans sa vie ? C'était une question qu'il se posait tous les jours depuis maintenant plus de quatre ans. "Sale maquereau à la con, tout ça c'est ta faute !" marmonna t'il en se relevant comme s'il n'y a même pas deux minutes de cela il n'était pas en train de s'énerver après ses propres souvenirs.
L'alcool fait vite changer les idées de cap. Il regarda la pièce, et remarqua du premier coup d'œil que des choses avaient bougé, ses lettres avaient été lu, la trousse bleue de ce stupide Dazai n'était plus là, pareil pour les photos sur le mur. Quelqu'un était venu, quelqu'un avait osé mettre les pieds ici. Il grinça des dents, il ne voulait que personne ne vienne là, que personne ne lise ce qu'il avait écrit, ses pensées étaient personnelles, il ne voulait pas, pas qu'on voit son âme tordue et blessée. Son jardin secret avait été envahi par un inconnu, un être indésirable. Il bondit vers la table et poussa d'un coup de bras rapide la chaise bleu pliable.
Les lettres étaient belles et bien lues, "Non non non non ! Merde merde merde ! Pourquoi !?" Il avait l'air complétement fou, il avait peur de ce qu'on allait dire, de ce qu'on pouvait penser de lui.
Il était complétement tétanisé, il avait dit tellement de chose, tellement de chose qu'il aurait voulu garder secrète, il n'avait fait qu'extérioriser ses sentiments sur des morceaux de papier quand il n'arrivait pas à supporter le départ de Dazai, c'était si ... intime. Ce qui se trouvait dans ces lettres permettait l'accès à une partie de l'intimité de Chuuya
Et son regard tomba, sur cette note, à part des autres, avec une autre écriture.
L'encre Rouge Carmin se distinguait des autres, ce n'était qu'une courte note, pas plus de deux lignes. La main rendu tremblante, par l'alcool, ou bien l'appréhension de ce qui était noté, il ne savait pas, Chuuya l'approcha lentement vers le morceau de papier pour s'en saisir, il voulait la lire, et ainsi peut être trouver qui s'était introduit dans son intimité, son jardin secret, sans sa permission.
Et quand le papier fut dans sa main, Chuuya se dirigea vers le sofa miteux en essayant de ne pas se faire révéler le contenu de celle-ci. Il s'asseya, peu confiant, et il la plaça face à son regard azur.
C'était très court comme lettre. Mais les larmes montaient quand même, surement un coup de l'alcool qui le rendait émotif pensait le jeune homme. C'était un mot de Dazai. C'était lui l'andouille qui s'était introduit dans son intimité. Encore une fois. Encore et toujours ce stupide Dazai, pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas définitivement partir de sa vie comme n'importe qui l'avait fait jusqu'alors.
"*Je suis désolé, vraiment désolé Chuuya, je ne me rendais pas compte du mal que j'ai pu te faire. Si jamais tu vois ça, appelle-moi, je viendrais ... Mais sache que tu m'as aussi énormément manqué Chibi ;)
0X XXX XXX XXX"
Ses parents, Verlaine*, Shirase, les Sheeps. Tous étaient parti également de sa vie, ils l'avaient tous abandonnés du jour au lendemain. Mais jamais aucun n'était revenu dans sa vie. Dazai semblait être la seule exception à la règle. Il revenait constamment le hanter, comme un fantôme de son passé dont il n'avait jamais réussi à faire le deuil. Toujours, d'une manière ou d'une autre Osamu Dazai réapparaissait pour foutre le bordel dans le semblant de vie que Chuuya arrivait à se construire.
"Putain de connard égocentrique à la con ! Tu veux pas me foutre la paix bordel de merde ?! Non c'est trop compliqué pour Monsieur la momie ambulante apparemment ! " Il rigola comme un fou en se tenant le front grâce à la paume de sa main, il était ébahi par ce qu'il venait de lire, deux lignes à peine sur un bout de papier et il avait même osé y laisser son numéro de téléphone, après avoir fait le mort pendant quatre ans, être réapparu il y a quelques mois du côté adverse en faisant comme s'ils ne se connaissaient pas plus que ça, il faisait mine de rien et lui laissait son numéro comme on laisse son numéro à quelqu'un qu'on trouve attirant.e dans un bar. Oh cette andouille de maquereau finirait par avoir sa peau.
Il était fatigué de tout ça, Chuuya voulait que ça s'arrête. Il voulait que la vie se mette en pause, le temps qu'il digère toutes les informations qui venaient d'arriver comme un boulet de canon dans sa vie. Il avait besoin de temps pour procéder avec tout ça. Et il savait que l'alcool ne ferrait bientôt presque plus aucun effet sur lui. La nuit portait conseil comme le disait ce vieux proverbe nul. Alors peut-être qu'il trouverait quoi faire après une courte nuit de sommeil. Il était trop énervé pour le contacter maintenant, trop fatigué pour réfléchir normalement, et pas assez motivé pour envisagé de faire une nuit blanche. Alors il balança ses chaussures d'un coup contre le mur, puis pris une position inconfortable dans le canapé, serrant le papier contre sa poitrine, de peur que celui-ci disparaisse subitement pendant qu'il se repose. Il avait un moyen de contacter Dazai en dehors des missions qui pouvait lier la Mafia à l'Agence. Et ce moyen il ne voulait pas le perdre.
Parce que son départ, il l'avait mal vécu, ça l'avait littéralement détruit. Il avait mis toute sa confiance en cette relation qu'il entretenait avec lui autrefois. Et quand il l'avait abandonné, parce qu'il n'y avait pas d'autre terme pour qualifier la manière dont il était parti, comme un lâche, Chuuya s'était juste senti bizarre. On lui avait enlevé une partie de lui mais la pseudo haine, qu'il usait pour masquer tout l'amour et la confiance qu'il portait en lui, avait réussi à lui faire croire qu'il s'en foutait de ce départ. Ce n'était pas vrai, il ne s'en foutait pas, loin de là au contraire. Il s'en préoccupait tellement qu'aujourd'hui encore il était là.
Le départ de Dazai il n'en avait clairement pas fait le deuil. Il commençait à aller mieux certes. Mais ce n'était pas encore ça.
Il s'endormit au bout de quarante minutes à cogiter dans son esprit, le papier toujours en main comme un enfant avec sa peluche. Des larmes s'étaient formées au coin de ses yeux mais il était trop fier pour les laisser couler. Il était heureux mais en même temps il avait si peur. Ça se trouve Dazai ne voulait plus le revoir. Il avait peut-être écrit ça sur un coup de tête et ne le pensait plus.
Quand il se réveilla, deux heures plus tard, la première chose à laquelle il pensa c'est qu'il avait très mal au dos à cause de l'inconfort que lui procurait le canapé.
"Putain de Dazai de merde, ton canapé c'est de la pierre, espèce d'égoïste !"
Il s'étira, faisant craquer ses os endoloris par le couchage, le poing toujours fermé avec le papier dans sa main, quand il se rendit compte que le papier était toujours dans sa main, il revient vite sur Terre, et s'asseya de nouveau sur le canapé. Il se saisit de sa veste, et de son portable. Il devait le contacter, il n'était que cinq heures du matin. Mais il avait eu le temps d'un peu décuver, il n'était pas entièrement lucide certes, au vu de la quantité de vin rouge qu'il avait ingéré c'était même normal qu'il ne le soit pas, mais il avait suffisamment retrouvé ses esprits pour savoir si oui ou non contacter l'autre grande brindille était une idée de merde. Et selon ses capacités hors du commun Chuuya estima que oui c'était le cas.
Mais il déverrouilla tout de même son cellulaire et entra dans l'application contact quelque peu paralysé par l'angoisse. Peut-être que Dazai avait déjà regretté d'avoir laissé son numéro, ou bien peut être que quelqu'un de la mafia lui faisait une mauvaise blague en lui faisant croire que son ancien partenaire se préoccupait encore de lui. Il y tapa le numéro inscrit sur le morceau de feuille arraché d'une seule traite retenant presque sa respiration jusqu'au moment où il appuya sur le bouton pour enregistrer ce contact nouveau, comme si un seul souffle pouvait briser son téléphone en deux ou réduire en poussière le petit mot.
Il allait regretter, il le savait, il le sentait, c'était une mauvaise chose de le faire revenir dans sa vie. C'était la pire décision qu'il venait de faire, il ne voulait pas que sa vie vole de nouveau en éclat, il avait mis tellement de temps à retrouver un semblant de vie normal grâce à l'aide d'Ane San qu'il ne pouvait moralement pas se le permettre. Mais Chuuya était encore si accro à Dazai, quand bien même il voulait et essayait de se convaincre du contraire, il n'arrivait tout bonnement pas à l'oublier entièrement. L'homme aux milles bandages était venimeux, comme un poison sa personne avait insufflé dans le corps du rouquin une sorte de toxine le rendant alors dépendant, Dazai était toxique, et le pire c'est que Chuuya le savait, il le savait mais il était trop faible pour ne pas revenir vers lui.
Dazai n'était pas un homme toxique dans le sens où l'homme exige de tout savoir du partenaire avec qui il était et qui impose des restrictions à l'autre. Non il l'est dans le sens où il manipule -il manipulait ? est-ce toujours le cas aujourd'hui ? - ses proches, il leur ment pour être dans leur bonne grâce, pour faire d'eux ce qu'il veut, pour ne pas avoir à se justifier de tel ou tel comportement qu'il aurait eu. Il manipule pour sa propre personne. Pour ses propres besoins, pour parvenir à ses fins. Tout pour lui est un jeu stratégique dans lequel les sentiments des autres passent après. Et Chuuya sait, oui il savait que seul l'homme au rang le plus bas de la mafia, Odasaku avait eu l'honneur de ne pas se faire manipuler par Dazai, non l'autre le respectait beaucoup trop pour ça. Et c'est pour ça que la mort de celui-ci l'avait détruit. Parce que devant personne d'autre il ne pouvait exister sans être un homme manipulateur. Mais ce que Chuuya n'avait jamais saisit c'est que Dazai ne savait pas exister sans manipuler. Non pas que cela le pardonnait. Après tout s'il avait laissé son numéro, alors qu'avant ce jour il n'avait jamais pensé aux sentiments de Chuuya, ce n'était que parce qu'il voulait se donner bonne conscience, et ainsi se débarrasser du poids d'être la source du malheur du gravitéen*
Mais maintenant qu'il avait son numéro, que devait-il faire ? Lui envoyer un sms ? Ou bien c'était trop impersonnel ? Peut-être qu'il devrait plutôt l'appeler, pour se prouver que ce n'était pas un copy cat qui avait eu la subite envie de replonger Chuuya dans une spirale de haine envers lui-même pour avoir cru à ces stupidités ? C'était probablement la meilleure solution. Mais il avait peur. Car il savait que s'il n'avait pas de réponse au bout du fil, plus jamais, non plus jamais il ne tenterait de contacter ce numéro, il finirait juste par pourrir au fond de ses contacts.
Il fixait son portable, n'ayant aucune idée de ce qu'il comptait faire, Dazai lui manquait, énormément, même si son caractère entêté lui empêchait de se l'avouer, mais il n'en restait pas moins que Chuuya lui en voulait toujours.
Mais ce numéro, n'était ce pas le moyen de mettre fin à leur différent ? De tenter de redevenir comme avant ? Des amis ? Des partenaires ? Des amants ? Le Double Noir ?
Prit d'un élan de courage le jeune homme appuya sur le téléphone vert tout en fixant l'horloge face à lui, il avait peur, peur de voir la réalité et ses espoirs lui revenir en pleine face comme un boomerang lancé parfaitement. 5 heures et 30 minutes.
...
La sonnerie annonçant que l'appel était lancé commençait à retentir dans l'oreille de Chuuya, plus de retour en arrière possible. Puisque quand bien même il raccrocherait la notification comme quoi quelqu'un avait appelé s'afficherait. Et il connaissait suffisamment Dazai pour savoir que celui ci -si c'était bien lui- devinerait immédiatement à qui appartenait ce numéro inconnu.
...
Deuxième fois que le son resonnait dans les oreilles de Chuuya. 'Il ne va pas répondre c'est sûr, c'est sur... Putain mais quelle idée de merde !'
...
Troisième sonnerie, le rouquin commençait sérieusement à regretter son choix et à envisager de raccrocher illico l'appel puis de par la suite bloquer ce numéro.
...
"- ALLÔ ! ICI DAZAI ! C'est pour un double suicide ?" le bruit sourd retentissait dans les oreilles de Chuuya, Dazai venait de décrocher ? Sa main qui tenait le téléphone tremblait de plus en plus en entendant la voix de son ancien partenaire, à tel point que la voix lui manqua
"-Allô, allô, y'a quelqu'un ? Vous savez c'est pas très drôle d'appeler des inconnus à cinq heures du matin, enfin bon c'est pas comme si je dormais, mais la moindre des choses c'est de répondre à la personne que vous venez d'appeler ! "
Le rouquin respirait de plus en plus fort, enfin non il cherchait plutôt de l'air, il comprenait pas ce qui était en train de se passer, plus rien n'avait de sens dans son esprit. Il était persuadé qu'il n'aurait personne de l'autre côté du fil, mais ce n'était pas le cas. Quelqu'un avait décroché, Dazai avait décroché. Il avait peur, il ne savait pas quoi dire, il voulait raccrocher, faire comme si cet appel n'avait pas exister. Il savait que c'était une mauvaise idée, il aurait dû y réfléchir à plusieurs fois avant de se lancer là-dedans.
"-Heyo ? Y a quelqu'un ? Pas que je m'impatiente mais si c'est po...
-Dazai ? C'est ... c'est toi ? Je ... "
Il raccrocha subitement, il n'avait pas la force de continuer, son corps entier était secoué par les tremblements qui le parcouraient de part et d'autre, il n'était pas non plus maître de sa voix, ses cordes vocales s'étaient comme bloquées, aucun son ne parvenait alors à sortir de sa bouche. Il n'allait pas bien, son esprit était beaucoup trop perturbé et encore concentré sur l'appel précédant, il tremblait, se balançait d'avant en arrière en se tenant les genoux, il venait d'adopter une position fœtale, il ne fallait pas qu'il perde le contrôle, mais plus il essayait de le garder plus il rencontrait des difficultés à se concentrer sur ce qui était en train de se passer. La pièce, tout autour de lui paraissait si grand, il se sentait si petit au milieu d'un espace immense et pourtant il avait l'impression que cet espace l'oppressé. Il avait du mal à respirer, ses yeux s'étaient emplit de larmes. Des grands bruits de respirations rapides et saccadé se faisait entendre il n'arrivait pas à se calmer. Il ne pouvait pas réussir à se calmer tout en empêchant Arahabaki de refaire surface. Il était quasiment sobre maintenant, alors les pensées du dieu destructeur refaisaient elles aussi surface, et Chuuya ne pouvait pas gérer les deux à la fois. Ca faisait si longtemps maintenant depuis la dernière fois qu'une telle crise était arrivée alors qu'il était en parti sobre mais également seul. D'habitude, Ane-San était avec lui, elle l'aidait, le réconfortait et lui changeait les idées. Il avait absolument besoin d'elle, de ses bras maternels, et de sa douce voix. Mais là...
Il était seul, tout seul, chez Dazai, ce qui l'empêchait de contacter celle qui considérai comme sa mère. Après tout elle pensait que le rouquin avait réussi à tourner la page et que Dazai était maintenant de l'histoire ancienne. Il ne pouvait pas se permettre de l'appeler. C'était la honte. Il avait peur, si peur de perdre la main et de se mettre à tout casser, mais également peur de mourir, il avait l'impression qu'il était en train de faire une crise cardiaque, sa cage thoracique le brulait, il avait mal, si mal. Oh bordel qu'est-ce qu'il haïssait Dazai, tout ça c'était de sa faute.
"Non ... non non non putain pas ... pas ça pu... putain pas ...pas maintenant !"
Il haïssait également se sentir comme ça, il n'avait pas l'impression d'être maître de lui-même et ça l'énervait au plus haut point il avait envie de tout casser, mais pour l'instant il ne se sentait capable de rien. Si ce n'est de pleurer, il n'avait absolument rien à se rattacher pour tenter de se calmer, il était juste là, enfoncé dans le canapé, les genoux repliés contre sa poitrine dans l'attente que ça passe seul.
Sauf qu'il n'était pas dupe ça ne passerait pas seul. Au mieux, il l'enterrera au fond de lui et ne vivra qu'en surface, comme un automate, comme s'il n'existait pas réellement tout en existant pourtant. Mais est ce qu'il existe réellement ? S'il n'est pas humain, peut-il s'autoriser à dire qu'il existe ?
Non définitivement pas.
Il n'était pas humain après tout.
De l'autre côté de la ville, alors qu'il était encore que cinq heures du matin, le membre de l'agence était déjà prêt. Il venait juste d'enfiler son trench beige et s'apprêtait à sortir de chez lui juste après avoir reçu l'appel qu'il attendait depuis maintenant quelques mois déjà.
Mais que dire de cet appel... Il avait deviné que c'était Chuuya, dès l'instant où il avait prononcé la première syllabe. Il le connaissait trop bien, et les vibrations qu'émettaient sa voix étaient toujours aussi reconnaissable même à travers le combiné du téléphone. Mais il semblait si paniqué, si perturbé, et étant probablement la personne qui le comprenait le mieux, il savait, oui il savait déjà ce qu'il se passait. Chuuya était seul et était en train de remettre son humanité en question, tout en additionnant à cela le fait que son départ devait avoir laisser chez le rouquin des séquelles. Pas qu'il se croyait assez important pour son ancien partenaire, mais parce qu'il n'était pas débile et que Chuuya détestait se faire abandonner. Probablement depuis les Sheeps.
Et Dazai l'avait trahi lui aussi. Alors il savait que d'une manière ou d'une autre il avait contribué au mal être de celui-ci. Après tout, il l'avait lu.
Alors pour une fois, pour la première fois depuis longtemps, il allait redevenir pour Chuuya, l'ami qu'il était pour lui autrefois. Celui à qui le rouquin pouvait se confier et tout dire. Il devait le redevenir, et il voulait le redevenir.
Quand bien même certains membres de l'agence trouveront que c'est une idée pas très recommandable, il n'en avait que faire. Que Ranpo et Kunikida le jugent ce n'est pas très grave, parce que même s'il les appréciait et qu'il aimait ses amis de l'agence, certaines amitiés ne sont pas remplaçables, et celle qu'il entretenait avec Chuuya faisait partie de ces rares amitiés irremplaçables. Ils avaient beau eu pour passe-temps à l'époque de se hurler dessus, il n'en restait pas moins l'un de ses plus chers amis.
Jamais personne ne pourra remplacer la présence d'Oda et celle de Chuuya. C'était un fait indéniable.
Et ça mis à part Dazai, peu de personne en avait connaissance. Peut-être Ango, et peut être qu'un soir en étant saoul ou complétement en transe il l'avait confié à Atsushi, c'était fort probable, le boss devait le savoir aussi, c'était un homme intelligent tout comme Ranpo. Enfin même si ça faisait quatre personnes, sur la totalité de gens qu'il connaissait, ça n'en faisait qu'une petite poignée.
Enfin, il n'en reste pas moins qu'il devait s'activer pour rejoindre le quartier portuaire. Il y avait bien trente minutes s'il courrait pour s'y rendre et qu'il ne s'arrêtait pas à cause d'un point de côté.
Il se saisit de son portable et tapa un court message au numéro qui l'avait appelé il y a quelques minutes de ça. Je serai là dans 30min
Il avait juste besoin de le prévenir, pour en un sens lui confirmer qu'il tenait parole, qu'il serait là et qu'il ne devait pas paniquer plus qui ne le faisait déjà, car non Dazai ne l'abandonnerait pas une seconde fois. Il serait de nouveau là pour lui.
Il entama alors sa longue course en direction du port, il allait lui falloir être rapide s'il voulait pouvoir tranquillement pénétrer le chantier naval mais aussi pour rejoindre le rouquin avant qu'il ne se blesse dans sa panique.
Et Dazai refusait que celui-ci se blesse par sa faute. Il s'en voudrait pour sûr. Chuuya ne méritait pas de se faire mal, ni même d'être en proie aux attaques de panique à cause de l'égoïsme et la stupidité sans fin du brun
Peut-être qu'au fond de lui, Dazai n'était pas aussi égoïste que ce que l'on pouvait penser.
Il courrait, courrait, courrait, se précipitant, haletant, il ne voulait pas le laisser seul, alors il se ruinait à la tâche poussant le plus possible sur ses jambes pour rapidement arriver dans la zone qu'il souhaitait rejoindre. Ses jambes tiraient, hurlaient qu'elles n'en pouvaient plus, mais qu'importe, pour une fois, oui pour une fois il pouvait faire abstraction de la douleur, la supporter, pour son ancien partenaire à qui il avait fait tant mal il devait passer outre.
Bordel, pensa-t-il pourquoi j'ai pas passé ce satané permis !
Quand une vingtaine de minutes furent passé, Dazai s'autorisa enfin à relever la tête. Il avait reconnu l'odeur de la mer, le son des oiseaux qui passaient généralement au-dessus de ce quartier. Il se sentait à la fois mal à l'aise à l'idée d'être une nouvelle fois revenu ici, mais à la fois il était comme libéré d'un poids, libéré d'un poids quand il ne vit aucun objet volant non identifié se balader dans le ciel tout en détruisant tout sur son passage.
Il continuait toujours de courir, mais il savait qu'il n'était plus qu'à quelques mètres de Chuuya. Et rien qu'à cette pensée, il se contenta d'accélérer tout en souriant bêtement. Le paysage portuaire défilait en parfaite harmonie avec l'image de lui avançant. N'importe qui, qui verrait cette scène pourrait y voir soit un parfait abruti, soit un homme épris d'un sentiment inconnu près à retrouver une personne lui étant -malgré ce qu'il pouvait en dire- chère.
Face à la porte de bois, Dazai prit une grande inspiration comme pour se rassurer et se donner du courage puis il toqua délicatement sur le pan de celle-ci, annonçant alors sa venue pour ne pas brusquer celui qui se trouvait à l'intérieur.
Car il connaissait Chuuya.
Oui il le connaissait, et il savait comment le rouquin vivait ce genre de moment. Et il voulait respecter Chuuya, pas le paniquer encore plus que ce qu'il ne l'était déjà.
Il poussa délicatement la porte.
Recroquevillé dans le canapé Chuuya tremblait, il n'en pouvait plus, il voulait tellement que tout ça s'arrête, les voix, les pleurs, les pensées intrusives, les tremblements, sa vie. Oui il voulait juste que tout s'arrête, pour toujours. Il se détestait, se détestait pour réagir comme ça. Comment avait-il pu tomber si bas ? La vie semblait si belle et simple pour tout le monde. Alors pourquoi lui n'y avait pas le droit ? A cette vie qui pour lui était tel un paradis doré quand pour d'autre c'était une cage pendue au-dessus d'un gouffre d'ennui.
La vie était cruelle certes mais encore plus avec lui qu'avec un autre.
Arahabaki était maintenant de nouveau pleinement conscient, et le dieu de la destruction s'amusait à embrouiller l'esprit de Chuuya. Des pensées, qui n'avaient plus lieu d'être, faisaient surface à nouveau. L'effet de l'alcool ne suffisait plus pour contenir celui qu'il abritait dans son frêle corps.
La difficulté à respirer mêlée à la difficulté à contenir à l'intérieur de lui Arahabaki rendait Chuuya tout étourdi, ses pensées s'entrechoquaient à celle du démon, les tremblements témoignaient de l'état pitoyable dans lequel se trouvait le rouquin à l'heure actuelle, et ses pleurs incontrôlables le rendaient si honteux. Peut-être que la mort serait une solution à tous ces problèmes et douleurs qu'il vivait, ressentait au quotidien ?
Après tout, la mort ne constituait qu'un simple sommeil éternel et paisible qui était si tentant. Tout lâcher pour trouver la paix. C'était si beau, si poétique. Et était la solution à tout. Si proche de lui, elle le tentait, comme la pomme avait tenté Adam, c'était le fruit interdit, dans lequel Chuuya rêvait de croquer pour se laisser aller.
Trois petits coups retentirent soudainement coupant alors Chuuya un court instant de ses pensées.
"Chuuya ? Fit une voix qu'il connaissait que trop bien C'est Dazai ... je vais entrer d'accord ? "
Sa porte de sortie.
Elle venait d'arriver.
Paradoxalement Dazai était la cause de sa détresse mais également la solution alternative, celle qui lui permettait de rester en vie.
Il était sauvé.
Enfin.
Les voix dans sa tête allaient pouvoir se taire pour un instant, et ainsi le laisser pleinement céder à la panique.
Le bruit de la porte s'ouvrant doucement pour ne pas le brusquer se fit alors entendre aux oreilles du jeune homme qui ne bougea pas d'un pouce de l'endroit où il était assis.
Dazai s'approchait aussi lentement qu'il le pouvait, Chuuya le sentait, il n'était pas stupide, il savait très bien que ce que faisait Dazai c'était pour son bien à lui, il le connaissait par cœur maintenant, et Chuuya avait vite compris que même s'il essayait de garder certaines parts de lui à l'abri des regards, de garder des secrets lourds à porter pour lui seul, il n'y arriverait pas. Pas car il ne le voulait pas, non car l'homme aux yeux noisette était capable de lire en lui comme on lisait dans un livre ouvert. Rien n'avait de secret pour Dazai.
Et la seule chose qu'il avait réussi à garder pour lui pendant plusieurs années, il n'en avait été capable que parce que lui et le brun avaient coupé -furent contraint- tous contacts entre eux. Silence Radio pendant près de quatre longues années.
Quand Dazai arriva à sa hauteur, aucun d'eux n'osa bouger un seul millimètre de leur corps. Il se passa bien une bonne et longue minute avant que le plus grand des deux décide de s'agenouiller face au rouquin dans le plus grand des silences. Il ne dit rien, il se contenta de fixer le plus petit, il craignait de l'effrayer, peur de le casser encore plus qu'il ne l'était déjà.
Il s'écoula un autre long temps avant que Dazai ne se décide à poser sa main sur celle de Chuuya. Il allait doucement, car il savait qu'il fallait être patient, calme et compréhensif dans ce genre de situation, si Dazai avait été brutal, il aurait juste ruiné le peu de confiance entre eux qui demeurait encore. Et il aurait juste effrayé Chuuya. Il le savait, il avait beau n'être qu'un égoïste, il se rappelait encore parfaitement comment agir lorsque son partenaire était dans cet état. Il savait aussi à quel point malgré ses apparences de gros dur sans cœur qu'il essayait de se coller au corps, Chuuya était probablement l'un des êtres les plus brisé de la mafia tout comme l'un des plus sensible et fragile, il fallait constamment le rassurer et encore plus dans ce genre de moment.
Car quand bien même Chuuya ne se voyait pas comme un être humain à part entière, il était probablement la personne la plus humaine de la Mafia Portuaire.
Alors que celui-ci tremblait de tout son être et reniflait le plus discrètement possible entre deux sanglots, la voix de l'homme aux yeux de noisettes s'éleva alors dans la pièce brisant alors ce silence pesant qui régnait dans l'atmosphère "-Chuuya ... ça va aller ok ? Concentre-toi sur ma voix, et à trois on commence à respirer tous les deux d'accord ?" Le concerné hocha faiblement la tête, signe qu'il posait toute sa confiance sur Dazai rien que le temps d'un instant. Alors il commença à caler sa respiration sur celle du plus grand, ça lui permettait de se concentrer sur autre chose que sur ses propres pensées.
Dazai usa de son pouce pour délicatement commencer à faire des petits mouvements ronds sur le dos de la main du rouquin, c'était un petit tour que Dazai avait pris l'habitude de faire auparavant pour calmer Chuuya.
C'étaient des petits gestes tout simples pourtant si efficace et porteur de l'affection que Dazai lui portait toujours. Car Dazai n'avait pour le moins du monde oublié les gestes qui apaisaient autrefois son partenaire et qui aujourd'hui semblaient toujours faire effet.
Cependant Dazai n'était pas dupe ce n'est pas simplement cela qui permettrait à l'autre de se calmer complétement, ça n'allait pas prendre cinq minutes, mais ils savaient tous les deux que tant qu'ils étaient près l'un de l'autre rien d'horrible ne pourrait leur arriver.
"-Ca va aller Chuuya d'accord ? Je suis là maintenant, il ne pourra rien faire, tu peux lâcher prise, accepte là, pleinement. Je sais à quel point ce n'est pas agréable, mais ça va passer d'accord ? Je suis avec toi, on est seul dans ma vieille maison sur mon vieux canapé, personne ne va venir ici. Je vais juste te poser une simple question et tu hoches la tête en fonction de ce que tu veux ou non ? Tu es maître de la situation Chuuya, et moi je suis là pour te soulager ok ?" Le rouquin hocha une nouvelle fois la tête les larmes aux yeux et la respiration encore saccadé "Est ce que tu veux venir dans mes bras, je sais que c'est bizarre, mais ça peut t'aider actuellement. Si tu ne veux pas c'est totalement ok ne t'inquiète pas avec ça"
Chuuya le regarda l'air ébahi, "Me regarde pas comme ça ! Il rigola, Je te jure que ça marche, enfin pour certaines personnes, pas sûr que pour une limace comme toi ça fasse quelque chose" Dit-il en se moquant gentiment.
Dazai réussit alors à décrocher un maigre sourire de la part de Chuuya, sans pour autant que celui-ci arrête de pleurer et de trembler.
Le rouquin acquiesça soudainement d'un mouvement de tête rapide, et laissa alors Dazai le prendre dans ses bras. Quand il passa ses bras autour du corps frêle du mafieux et qu'il commença à doucement lui caresser le dos pour le réconforter, Chuuya sursauta mais se laissa tout de même faire.
« -Je …. Tu sais que ça va aller Chuuya ? »
Il n'eut pour réponse qu'un simple reniflement « -Arahabaki ne va rien faire, et tant que tu es dans mes bras rien ni personne ne pourra t'atteindre, enfin même si la plupart du temps c'est toi qui sauves ma peau. »
Plongé dans une sorte de mutisme, Chuuya se nicha dans les bras de Dazai et agrippa du bout des doigts le trench beige de Dazai et les deux trouvèrent réconfort dans cette position improbable. Les mèches rousses de Chuuya tombaient en cascade sur l'épaule du plus grand, qui lui fixait l'horloge qui ne fonctionnait plus tout en massant le milieu de la colonne vertébrale de son ancien partenaire.
Dazai semblait s'en vouloir de plus en plus au vu du petit sourire triste qui était ancré sur son visage, il était rare de la voir autant montrer ses propres émotions, d'habitude il se cachait derrière un grand sourire, mais maintenant en plus de ses propres problèmes mentaux à lui, il se rendait compte d'à quel point son égoïsme avait pu blesser un être cher. Même si honnêtement, à la suite de la perte d'Oda, l'égoïsme était une réaction tout à fait normale et raisonnable. Mais Chuuya aurait probablement pu mieux s'en sortir si Dazai l'avait directement prévenu.
« -Désolé … murmura le détective, c'est de ma faute tout ça...
-… … C'est pas grave … » La voix de Chuuya s'éleva pour la première depuis l'arrivée de l'autre à l'intérieur du batiment. Il savait que Dazai n'avait jamais voulu qu'il se retrouve aussi pitoyable après son départ. Personne n'aurait pu imaginer que l'un des capitaines de la mafia puisse tomber si bas car son partenaire l'avait abandonné. Sa respiration se calmait doucement, tout comme les battements de son cœur. Il appréciait sentir ce sentiment de calme après la tempête. C'était si agréable.
« -… Merci d'être venu … j'aurai pas réussi à gérer ça tout seul… Enfin … si surement … Ouais je sais… je sais pas trop… » Il parla tout en se détachant délicatement de l'étreinte de Dazai et en regardant ses pieds, comme un enfant honteux il jouait avec ses doigts et ne soutenait pas le regard.
Dazai attrapa la main du plus âgé(4) l'empêchant alors de jouer avec ses doigts « -Tu n'es pas seul Chuuya … »
Il hocha la tête pour la énième fois de la journée pour montrer qu'il avait entendu, puis recula d'un pas avant de se rasseoir sur le canapé du salon toujours en regardant le sol.
Car certes, il s'était calmé un peu, mais ce n'était pas pour autant qu'il était totalement près à faire face à Dazai et faire comme si rien ne s'était passé.
Dazai lui avait compris, à vrai dire il comprenait toujours tout et tout le temps. Ce qui était un tantinet énervant du point de vue de Chuuya, c'était donc presque impossible pour lui de mentir à son ennemi -ami ?- ou de lui cacher quoique ce soit.
« -J'ai lu les … tu sais ce que … Enfin t'as compris quoi ?
-Oui… » le moment que Chuuya redoutait commencé à arriver, il voyait où Dazai voulait en venir même s'il tournait clairement autour du pot et que Chuuya n'avait clairement aucune envie de s'expliquer à ce propos «- Je veux pas en parler… oublie » Durant le moment où il parlait jamais il ne dirigea pas le regard vers l'autre, il ne savait pas trop ce qui l'en empêchait mais il n'y arriva pas, il avait peur peut-être ? Il était un peu perdu à l'heure actuelle sur ce qu'il ressentait.
« Je comprends. Sache que je suis désolé la limace, et c'est peut être la première et dernière fois que tu m'entendras m'excuser à une limace.
-C'est … C'est la deuxième fois aujourd'hui que … que tu t'excuses … le maquereau »
Le rire de Dazai s'éleva dans la pièce, qui en profita pour se jeter sur le canapé au côté du rouquin « -Ça va mieux ? » Demanda-t-il quand même par précaution.
Dazai, malgré les apparences, se préoccupait beaucoup des autres humains qui l'entouraient, enfin certains beaucoup plus que d'autre, même s'il ne le montrait pas directement, il s'assurait toujours d'une manière ou d'une autre de vérifier s'ils allaient bien. Enfin sauf pour Chuuya durant ces quatre dernières années, sans trop savoir pourquoi il avait toujours résisté à l'envie de voir ce que son partenaire faisait. Et étrangement il regrettait maintenant son choix. S'il avait su, oui s'il avait su il aurait agi plus tôt.
« -Ouais, un peu…
-C'est de ma faute si tout est arrivé non ?
-Je sais pas … en partie je pense …
-Putain … Je suis vraiment con… J'aurai du le savoir pas vrai ?
-….
-Chuuya, je te connais si bien j'aurais du réfléchir à deux fois avant de partir…
-Un … un mot … un simple mot aurait suffi »
Il releva la tête et s'osa à la poser sur l'épaule de Dazai. « -Tu veux en parler ? Je veux dire … tu veux m'expliquer tout ce que j'ai fait comme conneries qui ont bousillé ta santé mentale ?
-Pas maintenant. Il était ferme dans sa réponse, montrant alors qu'il ne souhaitait pas aborder le sujet pour l'instant, il reprit, Plus tard… peut être… Et puis … je pense, je pense qu'il faut que tu me dises comment toi aussi tu vas ? Fin' tu sais Oda… ça n'a pas dû être simple … »
Chuuya n'était pas égoïste, au contraire, il faisait même passer les autres avant sa propre personne, et ce au détriment peut être de lui-même. On disait de lui qu'il avait la main sur le cœur. Enfin… malgré le fait qu'il soit dans la mafia il aimait bien se rendre utile aux autres, il pensait qu'il devait quelque chose à ces autres qui parfois ne savaient même pas qui il était, alors il les aidait, il les aidait quitte à se tuer la santé.
Il avait accordé tant de fois sa confiance à tant de personne différente, et combien de fois l'avait-il retrouvé complétement piétiné ?
A chaque fois, oui chaque fois qu'il avait fait don de sa confiance elle lui était revenu en pleine tête. Il n'arrivait jamais à voir les gens autour de lui qui le manipulait, pour son pouvoir, où plutôt pour l'entité qu'il abritait.
Dazai n'était pas une exception à la règle, quand bien même celui-ci semblait toujours l'apprécier, il l'avait tout de même trahi. Mais c'était mieux que rien comme on dit.
Shirase et les Sheeps étaient parti et jamais n'étaient revenu, Dazai lui au contraire était parti, mais avait fini par retrouver son chemin vers Chuuya.
Et Ane-san l'engueulerait probablement si elle le voyait actuellement, car elle lui avait promettre qu'il ne tenterait jamais de renouer contact avec Dazai en dehors du travail et il lui avait mentit également en lui disant qu'il avait tourné la page depuis longtemps maintenant. Or ce n'était clairement pas le cas. Et sa réaction de tout à l'heure le prouve clairement.
Il était encore totalement accro à Dazai. Et il le savait
Oui il savait, il avait connaissance de son propre attachement pour le jeune détective.
« Tu sais … il chuchota la tête toujours appuyée sur l'épaule du plus grand, je crois que ton départ m'a anéanti … Mais pas… pas parce que tu as trahi la mafia, non parce que tu m'as laissé seul… et tu as, au passage, complétement brisé mon cœur… Je pensais … oui je pensais que pour toi aussi j'étais important… Mais tu sais… Quand … quand Oda est mort et… et que tu as disparu j'ai vite compris… oui j'ai compris que j'avais pas la première place dans ton cœur, alors que pour moi tu étais… omniprésent, tu remplissais mon cœur, mon âme, mon être tout entier, tu me faisais me sentir complet, et quand tu es parti… tu… Tu étais nulle part et partout à la fois. Ahah c'était assez horrible… comme expérience pour tout te dire. Je… Car je savais que tu n'étais plus là, que… Que tu m'avais, enfin, nous avais trahi et pourtant … Pourtant je te voyais constamment… C'est comme si ton fantôme, ton souvenir était enchainé à moi et que je … Je trainais ton image partout avec moi. Dès que je faisais la moindre… La moindre chose que je faisais me rappelais les trucs qu'on avait pu faire ensemble ou… ou que je savais tu appréciais, ou détestais. C'était horrible … ENFIN ! Après je dis ça, mais je pense que ta douleur devait être encore pire… Je veux dire… Tu as quand même perdu la personne, que tu préférais, que tu adorais et respectait, mais définitivement… Alors bien sûr ce qu'on a ressenti quand c'est arrivé n'est pas du tout comparable … Mais … Enfin … Bref peu importe. »
Le concerné ne répondit rien à rouquin suite à sa tirade, il ne savait pas quoi lui dire. Il ne s'attendait pas à ça. Il avait clairement compris ce que Chuuya avait essayé de lui faire comprendre.
« -Je devais partir Chuuya, pas parce que je ne t'aimais pas… mais car c'était sa dernière volonté, et… Je voulais respecter la dernière volonté d'un homme si honnête. »
Le roux hocha la tête, il comprenait, Chuuya était compréhensif, même si la majeure partie du temps il s'énervait il finissait toujours par comprendre.
«- C'est rare de ne pas t'entendre t'énerver Constata Dazai
-Pas la force … Je suis … je suis juste épuisé
- Ahah tu m'étonnes, tu ne peux pas stocker suffisamment d'énergie dans ton tout petit corps pour tenir une journée complète
-Tais toi nom de dieu…
- Tu m'en veux ?
-Pourquoi ?
-Tout.
-Pas pour tout… pour … pour beaucoup de chose
-Tu veux dormir ?
-Non … j'ai pe… j'ai pas envie !
-Tu sais que je ne compte pas partir ?
-Je te fais plus confiance… » Il afficha un léger sourire triste en constatant en effet que la confiance qu'il avait posée auparavant en Dazai avait maintenant complétement disparu.
Alors que Dazai ne lui répondit rien à cela, un long silence envahit de nouveau la pièce. Plus personne n'osait bouger, plus personne n'osait parler, plus personne n'osait faire la moindre chose. Dazai était juste assis dans le canapé, fixant et observant chaque coins et recoins du logement. Cependant, il omettait toujours de regarder le rouquin qui était niché contre son épaule.
La crise de Chuuya semblait s'être passée, et ça, ça rassurait beaucoup le détective, car il n'avait plus vraiment l'habitude de gérer les attaques d'angoisses du mafieux. Ca faisait quatre ans depuis la dernière fois qu'il l'avait aidé a traversé cela. Maintenant le rouquin respirait avec un rythme plutôt normal, et ne tremblait presque plus, quant aux sanglots ils n'existaient désormais plus.
Mais ça faisait mal. Oui ça lui faisait horriblement mal d'entendre Chuuya lui dire qu'il ne lui accordait plus sa confiance.
Avait-il détruit à ce point leur relation ? Au point où Chuuya ne croyait plus un seul instant en lui ? En eux ?
Le Double Noir n'avait donc plus d'importance ?
Alors qu'il tourna la tête pour lui poser directement la question. Dazai constata que le rouquin qui était avachi sur son épaule s'était profondément endormi. Ce qui expliquait donc le silence depuis maintenant plus de vingt minutes.
Ses mèches rousses encadraient son visage et le rendait semblable à une poupée dont l'innocence et la candeur étaient les principales qualités.
Dazai se surprit alors à faire comme une inspection en détail du visage de celui-ci.
Chuuya avait un visage très fin sans pour autant que ça ne le fasse paraitre à un enfant ou une jeune femme, de plus le nez fin du jeune homme harmonisait tous les traits de son visage, celui-ci était si droit et fin qu'on avait presque envie de faire glisser son doigt tout son long. Des taches de son tachetaient également ses pommettes, et contrairement à ce que le propriétaire de ce visage pouvait en dire, Dazai lui les trouvaient magnifique et contribuaient à embellir cette figure qui était la sienne presque toujours déformé par la haine. Pourtant là, appuyé sur son épaule, Chuuya semblait si calme, -quand bien même il ne paraissait pas très serein- ses boucles rousses tombaient en cascades sur son visage, Dazai avait toujours aimé cette chevelure de feu qui appartenait à son ami.
Jamais Dazai n'avait pris le temps de réellement le regarder en détails, et maintenant qu'il dormait il pouvait prendre en mémoire tous les détails qui rendaient ce visage si attractif aux yeux du brun.
Parfois il se demandait pourquoi il était parti sans Chuuya.
Souvent il se le demandait
Tous les jours il y réfléchissait, qu'est ce qui aurait changé s'il n'avait pas quitté la mafia ?
Est-ce que lui et Chuuya, Chuuya et lui, seraient toujours amis, auraient t'ils continuer à se soutenir mutuellement, à rire ensemble jusqu'aux larmes, à dormir dans les bras l'un de l'autre après une dure mission pour calmer les cauchemars de l'autre ? Ou est-ce qu'ils étaient voués à se détester et à se séparer comme les événements passés en avait fait une réalité ?
Est-ce qu'ils se détestaient vraiment d'ailleurs ?
Dazai ne le détestait pas en tout cas, même s'il avait longtemps cru que c'était le cas.
Et il ne pensait pas que Chuuya le détestait non plus, mais il ne lui faisait plus confiance du tout.
Alors Dazai décida de rester, il lui avait promis, il allait donc rester là, avec la tête de Chuuya posé sur son épaule. Il leurs fallait du repos à tous les deux, mais surtout au petit roux. Il puait l'alcool et donc n'avait probablement pas dormi, il était en plus de cela venu ici à pied depuis très probablement le Lupin ou un autre de leurs spots préférés de l'époque, et l'avait ensuite appelé complétement bouleversé et paniqué.
Quand à lui, Dazai n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit suite à sa énième insomnie du mois alors oui ils méritaient tous les deux de se reposer avant de parler.
Il sortit alors son portable et envoya un message à Kunikida pour le prévenir de sa probable absence en disant devoir régler une affaire personnelle, soulignant bien évidemment que pour une fois c'était autre chose que partir à la quête d'une damoiselle prête à mourir avec lui.
Il se laissa par la suite aller et posa sa tête sur la chevelure de son ancien coéquipier, et posa sa main sur la cuisse de ce dernier le rassurant alors et empêchant par la même occasion à Arahabaki de sortir alors que Chuuya était encore vulnérable.
Et pour la première fois depuis plusieurs années, ils arrivèrent tous les deux à dormir paisiblement.
Trois bonnes heures avaient du passer depuis que Chuuya s'était endormi sur l'épaule du maquereau, ils n'avaient certainement pas eu suffisamment d'heures de sommeil, mais pour eux deux c'étaient largement suffisant pour être efficace.
Chuuya fut le premier réveillé, et fut quelque peu décontenancé en sentant un poids sur son crâne qu'il identifia vite comme étant celle de Dazai, puis il remarqua la main posée sur sa cuisse ce qui lui tira un léger sourire moqueur.
Alors comme ça le maquereau était vraiment resté ? Pensa Chuuya en s'extirpant légèrement de l'emprise de Dazai. Il avait beau avoir répondu à son appel de détresse, Chuuya ne lui accordait pas sa confiance pour si peu. Même si c'était déjà pour quelqu'un d'égocentrique comme Dazai un énorme pas. Le rouquin ne voulait pas être blessé une fois de plus par l'homme aux bandages.
Quand il s'écarta à l'opposé de Dazai sur le canapé, il ne fit rien, il resta là dans le silence, à observer la pièce où le soleil avait commencé à emplir l'espace autour de lui. Et pour une fois il trouva ce silence réconfortant, aucune voix n'envahissait son esprit comme pendant ces quatre dernières années.
Il ne fallut pas plus de dix minutes pour que Dazai se réveille à son tour, qui contrairement au deuxième homme dans la pièce était extrêmement bruyant quand il s'éveillait, il baillait très fort et s'étirait de tout son long.
« -Mmmmmh jour' Chuuya … souffla Dazai dans son bâillement
-S'lut … il répondit »
Le brun se pivota dans le canapé de sorte à ce que son dos touche l'accoudoir et à faire face au rouquin, il ramena ses jambes contre sa poitrine et regarda son ami - ? ancien ami ?- il ne savait pas trop par où commencer, mais le fait est que Chuuya sembla en meilleur forme que la veille alors ça le rassura.
« -Alors … T'as bien dormi ?
-Hum, fit-il en secouant la tête positivement, je pensais que tu serais reparti pour être honnête constata Chuuya
- Surprenant n'est-ce pas ? Il sourit »
Chuuya répondit à son sourire, ça faisait vraiment longtemps qu'il ne s'était pas senti un peu apaisé, ça lui changé des réveils brutaux auxquels il s'était habitué depuis les dernières années.
« -Merci …
-Pourquoi ?
-D'être venu… ça m'arrache la gueule de te dire ça mais je sais pas ce que j'aurais fait sans toi
-Hahaha c'est un peu de ma faute je pense si tu étais dans cette situation Chuuya »
En effet, Dazai n'avait pas tort, c'était l'appel qui l'avait mis comme ça mais l'alcool avait aussi eu son rôle à jouer dans tout ça, et puis il était venu ici de lui-même.
Le silence envahit une nouvelle fois la pièce, ne trouvant ni l'un ni l'autre quelque chose à dire. Il faut dire qu'après quatre ans sans réelle discussion c'était dur de savoir par où commencer, ils avaient surement tellement de choses à se dire, à se reprocher, mais rien, rien ne sortit de la bouche d'un des deux hommes, ils se regardaient juste dans le blanc des yeux, comme s'ils arrivaient à lire l'un en l'autre comme dans un livre ouvert.
Or, ce n'était plus le cas. Dazai était un être tellement énigmatique que peu de personne savait déchiffrer, Chuuya y arrivait avant mais plus maintenant, Dazai avait trop pris l'habitude de faire en sorte d'être un homme extravagant qui ne laisse rien paraître sur son passé pour cacher le maximum de chose à Ranpo que maintenant plus personne ne savait lire en lui.
Quand à Chuuya, c'était un peu la même chose, il avait pris la fâcheuse manie de prétendre que tout allait bien depuis le départ de son partenaire que toute la mafia pensait réellement qu'il était heureux de l'avoir perdu. Mais au fond, oui au fond de lui son départ l'avait juste complétement brisé, le peu de joie qui auparavant habitait Chuuya s'était juste volatilisé en même temps que son ami. Et ça seule Kôyô le savait. Car elle était ce qui s'approchait le plus d'une figure maternelle pour le petit roux, alors il lui racontait -presque- tout et elle l'aidait quand ça n'allait pas et pendant un temps il allait vraiment mieux, un petit peu.
Mais maintenant, maintenant que Dazai était réapparu après quatre ans sans aucun signe, et en plus de l'autre côté, Chuuya retombait dans ses addictions et ça c'était mauvais. Car ça lui avait pris trois longues et dures années pour arrêter d'avoir de si grosses crises et il a fallu qu'il débarque il y a de ça quelques mois.
« -Pourquoi ? Pourquoi t'es parti sans même me prévenir, putain je suis désolé de commencer comme ça mais j'ai besoin de savoir, en faite non je suis pas désolé mais bref …
-Je ne sais pas …
-Purée, tu vas pas me dire que t'es parti sur un coup de tête puis qu'ensuite tu t'es volatilisé dans la nature pendant quatre ans. Tu m'as pris pour qui franchement ?
-Oda…
-Ca je sais, tu lui as promis quand il était mourant et je conçois la chose ! Chuuya essayait de garder son calme, il était trop fatigué pour se disputer. Mais tu aurais pu avoir, je ne sais pas moi ! La décence de me prévenir directement ! Rien ne t'empêchais de me contacter aux dernières nouvelles. Putain mais Dazai est ce que tu es au courant que je pouvais littéralement décrocher la lune pour toi ? Tu étais tout ce que j'avais à la mafia … Rien ne m'attachais réellement à ce lieu, alors oui bien sûr je t'aurais demander pourquoi vouloir tout quitter alors qu'on avait un job certes pas du tout moral mais qui nous payait suffisamment pour s'acheter tout ce qu'on voulait alors qu'on était que des enfants, j'aurais était triste de devoir quitter Ane-san mais bordel de merde je t'aurais suivi jusqu'à l'autre bout de la planète même si t'avais aucun plan pour nous faire survivre. Des fois je me demande si tu savais à quel point je tenais à toi…
-Oh …
- Oui « oh » ! Putain Dazai, pourquoi tu m'as rien dit ? »
Dazai ne répondit rien, il se contenta juste de regarder Chuuya dans les yeux, il savait très bien pourquoi il n'avait pas voulu lui faire part de sa décision de partir. Il ouvrit la bouche à plusieurs reprises, il fallait qu'il lui réponde, car il voyait très bien que Chuuya s'impatientait, s'il ne parlait il allait louper sa chance, sa seule et unique chance de s'expliquer.
« -Je …
-Tu ?
-Je crois que je n'avais plus confiance en personne … Enfin, il détourna le regard, la situation le mettait mal à l'aise car c'était la première fois qu'il en parlait réellement à quelqu'un, ce que je veux dire, c'est quand il est mort dans mes bras, il ne m'avait pas prévenu qu'il partait en mission suicide, il n'avait plus confiance en moi … Ou plutôt mon esprit s'est persuadé que c'était le cas quand je l'ai retrouvé à moitié mort sur le sol, alors je sais pas pourquoi je me suis dit que si plus personne n'avait confiance en moi, je ne devais plus accorder ma confiance à personne si c'était pour qu'on finisse par me blesser. Enfin ahah c'est ridicule de parler de ça … Il ria jaune
-Non, ça ne l'est pas, tu as définitivement besoin d'en parler et j'ai absolument besoin de réponses sur pourquoi tu es parti, alors ça ne peut nous faire que du bien Dazai, même si c'est dur à dire et dur à entendre.
Le brun rigola de nouveau – Depuis quand tu t'es fait psy la limace ? »
Chuuya lui lança un regard blasé par la remarque de Dazai, voulant littéralement dire « arrête de te foutre de ma gueule ?! »
« -Bon tu développes ?
-Le jour où il est mort j'ai cru que le monde entier était contre moi, et pour être honnête j'ai agi encore une fois comme un égoïste
-C'est bien que tu reconnaisses ce que tu es! Il le coupa, un rictus se dessinant sur le visage du rouquin
- T'as vu ça, enfin… quand je suis partie de la mafia, c'était vraiment sur un coup de tête, je voulais à tout prix respecter sa dernière volonté, et je pensais que je ne pouvais plus faire confiance à personne, alors je suis pas venu te voir, je pensais que t'allais m'enfermer dans ton appart et appeler Mori pour lui dire que je comptais partir, que tu m'aurais forcé à rester. En faite j'ai cru que tu allais agir de la manière dont moi j'aurai agi face à une telle situation. Chuuya le regarda avec incompréhension Ne me fixe pas comme ça Chuuya, je te l'ai dit j'étais bouleversé… mais … Je n'ai jamais regretté d'avoir quitté la mafia, Oda avait raison, il existe un monde un peu plus doux en dehors de la mafia… Mais s'il y a bien un truc que j'ai toujours regretté c'est de ne pas t'en avoir parlé. Car avec le recul j'ai compris que t'aurais rien fait de tout ça, que tu m'aurais aidé, mais à la place j'ai pensé que tu ferais ce que j'ai pensé que t'aurais fait, et je m'en veux. »
Chuuya lui en voulait ça se voyait dans son regard, il lui en voulait d'avoir pensé ça.
« -T'aurais pu me contacter par la suite ? Putain mais je te croyais plus intelligent que ça Dazai, ne me dis pas : Oui mais la mafia m'aurait retrouvé. Car tu savais très bien que je savais déchiffrer tes codes, et t'aurais pu les laisser dans des endroits où on allait souvent, enfin je sais pas moi! Je comprends que la mort d'Oda t'a détruite mais en quatre ans t'as jamais pensé à faire ça ? Tu m'as vraiment pris pour un con non ?
-Après faut dire que le coup de me faire kidnapper pour te voir c'était pas mal non ?
-Je rigole pas Dazai, est ce que tu te rends vraiment compte d'à quel point tu … tu m'as … Bref tu vois de quoi je parle. Tu savais très bien à quel point j'ai du mal à gérer le fait d'être laissé pour compte, et pourtant ça ne t'as pas empêché de me laisser derrière toi bordel ! Merde à la fin ! J'ai passé tellement de nuit dans ce putain de taudis dans l'espoir que tu reviennes, allongé dans ton putain de lit à me noyer dans mes propres larmes en regardant cette saloperie de Polaroid et en tenant dans mes mains ta vieille console de merde en priant pour que tu sois vivant ! Je ne dis pas que tu n'as pas souffert, mais bordel tu n'as même pas pensé à moi un seul instant ! Je sais ce que c'est de perdre quelqu'un qu'on adorait plus que tout, j'ai perdu moi aussi ce que j'avais de plus précieux quand j'étais qu'un gosse, puis après les premiers amis que j'ai jamais eux, oui je parle des Sheeps, m'ont littéralement laissé crevé dans un recoin de la plage et toi ! Toi la personne sur qui je croyais pouvoir compter toute ma vie, celui qui m'a sauvé et m'a redonné goût à la vie -ce qui est assez ironique en soit- tu m'as à ton tour abandonné. Alors oui je vais surement paraître égoïste là, mais comme toi j'ai souffert Dazai. J'ai souffert de ton départ, et je ne savais même pas si tu étais encore vivant, tu étais déjà si fragile et la mort d'Oda est arrivé et Mori m'a appelé en me disant que tu nous avais lâché, sans rien me dire d'autre, j'ai eu peur bordel ! Chaque jour pendant quatre ans j'ai espéré recevoir un message, par n'importe quel moyen, un simple mot qui me disait que tu étais vivant, et chaque jour j'ai checké tous les journaux, tous les registres mortuaires possibles et inimaginable dans l'angoisse de voir une description qui te correspondait. Je ne sais pas si tu te rends compte d'à quel point c'est horrible de vivre comme ça. Putain ! »
Le plus grand lui lança un regard désola, ses yeux noisette habituellement si vide c'était rempli d'une culpabilité certaine. « -Je ne pensais pas que …
-Que quoi !?
-Que tu tenais à ce point à moi… Enfin je savais qu'au fond de toi tu ne me détestais pas. Mais pas que j'étais si important à tes yeux.
-Mais tu te fous de ma gueule là ? Mais ?! Chuuya se leva indigné et stupéfait Putain mais Dazai ?! T'as vraiment cru que j'étais rentré dans la mafia pour l'autre clown pédophile ? Que je serais resté cinq années à être ton partenaire si je t'haïssais ? Que je continuerai à faire équipe avec toi alors qu'on ne travaille plus pour la même organisation si je tenais pas à toi ? Mais putain de merde comment tu peux être aussi con ?
-Tu m'en veux ?
-Mais t'en as d'autres des questions connes comme ça?! Oui je t'en veux Dazai ! Putain mais t'as vu jusqu'où ton égoïsme il m'a foutu ? Je ne peux plus dormir sans me réveiller toutes les deux heures à cause d'un stupide cauchemar, je ne passe pas une semaine sans avoir une crise d'angoisse, je n'arrive plus à accorder ma confiance à qui que ce soit ! Putain mais Dazai comment il faut que je te le dise ? Il prit une grande inspiration et s'accroupit tout en fixant en sol Sans toi je suis rien ok ? Sans le Double Noir je sers à rien ! Pendant ton absence j'étais une loque, je vivais sans vivre, je voulais juste que tu reviennes c'est tout ce que je demandais. Et maintenant t'es revenu mais ça me parait juste irréel, j'ai l'impression que c'est un rêve et que quand je vais ouvrir les yeux t'auras encore disparu et putain mais merde à la fin ! Je veux juste plus que tu partes Dazai, je veux que tu restes. Que pour une fois tu me fasses passer avant n'importe qui d'autre dans ta vie… Et je te déteste pour être partie sans moi, pour me faire me sentir comme ça et … j'en ai juste ras le bol ! »
Chuuya s'arrêta de parler, et laissa sa conscience se reposer un instant, il avait trop vidé son sac, il voulait juste que tout s'arrête. Dazai lui ne savait pas quoi lui répondre, il n'avait par ailleurs aucune idée de comment réagir, devait il s'agenouiller à son niveau ? Le prendre dans ses bras ? Dire quelque chose ? Il ne savait pas …
Alors il se leva du canapé, et s'asseya par terre à côté de Chuuya. Et comme un enfant il poussa gentiment de sa tête le bras du rouquin comme pour lui demander de relever la tête. Quand celui-ci le fit, Dazai lui offrit son plus beau sourire accompagné d'un petit « Je ne compte plus partir maintenant Chu' », ce qui lui fallu une explosion de larmes du dit Chu' qui n'en pouvait juste plus, et le plus grand saisit alors l'opportunité pour le prendre dans ses bras et le bercer tendrement.
C'était doux, apaisant, et Chuuya se sentit en sécurité. Dazai lui chuchotait tout en lui caressant le dos qu'il était là, qu'il ne partirait plus jamais, qu'il le contacterait souvent et que s'il le voulait, ils pouvaient s'organiser des rendez-vous hebdomadaires.
« -Tu m'as manqué aussi la limace. Finit par sortir Dazai en embrassant le front de Chuuya. Beaucoup plus que ce que tu peux croire… Désolé, mille fois désolé d'être parti sans te prévenir, désolé de t'avoir fait vivre tout ça, désolé de n'être qu'un égoïste. »
Chuuya se nicha un peu plus dans les bras de Dazai, ses larmes avaient cessé de couler le long de ses joues de porcelaines et maintenant un petit sourire habitait son visage ainsi que des rougeurs qui venaient de s'y loger. Chuuya était un romantique et ce genre de petite attention étaient ses préférées.
Dazai avait envie de rester là, avec lui, aussi longtemps qu'il le pouvait, car il se sentait bien pour la première fois depuis un bon moment. Mais il savait très bien qu'ils allaient tous les deux devoir repartir à leur vie quotidienne, Kunikida ne tarderait probablement pas à l'appeler, et s'il ne répondait pas il savait très bien que le membre de l'agence se lancerait à sa recherche pensant que Dazai allait encore se suicider. Pourtant, à l'heure actuelle, le membre de l'agence ne s'en préoccupait pas le moindre du monde, car il voyait très bien qu'une relation, quelque soit son genre, entre lui et Chuuya était doucement en train de se reconstruire.
Et peut être que cette fois il se rendait d'à quel point le lien entre lui et sa limace préférée était unique au monde, et que rien sur Terre ne serait capable de remplacer cela. Il l'aimait tellement, tellement mais tellement fort que la pensée même de l'avoir fait souffrir lui brisait le cœur.
Mais maintenant il était là pas vrai ?
Alors tout irait mieux. Il voulait se faire pardonner, il voulait montrer à Chuuya que le Dazai d'autrefois, celui qui malgré tout se préoccupait de lui, celui sur qui il pouvait compter, celui avec lequel il jouait aux jeux d'arcades et aux jeux vidéo, celui à qui il pouvait se confier sans crainte de se faire juger, oui lui montrer que ce Dazai là, celui que seul Chuuya était autorisé à voir, était toujours là.
Et peut être que ça prendrait du temps avant qu'il arrive de nouveau à faire confiance à Dazai. Mais maintenant le brun avait grandi, il était plus patient, un tantinet moins égoïste et il devenait une personne meilleure de jour en jour.
Dazai laissa son regard descendre pour fixer la chevelure rousse du gravitéen blotti dans ses bras, et à l'instant présent il se sentait juste chanceux de l'avoir dans sa vie.
Putain mais qu'est-ce qu'il l'aimait
Chuuya était ce genre de personne, avec laquelle vous tombez tout de suite amoureux.
Du moins c'est ce que Dazai se disait depuis qu'il l'avait rencontré.
Le coup de foudre au premier regard. C'est comme ça que le commun des mortels qualifiait le fait d'être totalement obnubilé par la beauté d'une personne que vous rencontrez pour la première et qui en un battement de cils fait tout changer à l'intérieur de vous.
Pourtant c'était plus que ça. Entre eux c'était comme une évidence. Comme le bleu qui se marie si bien avec le rouge. La beauté de la force brutale et destructrice allié à la singularité de ce qui pouvait empêcher cette force brute de se consumer d'elle-même. La lumière qui dansait avec la noirceur. La mort qui s'emmouracher de la vie. L'idiot suicidaire et l'homme voulant vivre plus que tout.
Et nombre de fois Dazai s'est demandé si le roux lui irait bien.
Surtout après son départ de la mafia.
Et maintenant qu'il est de retour, il se rendait à l'évidence, le roux lui allait à merveille.
« -Chuuya… souffla Dazai en passant ses doigts entre les mèches du mafieux qui lui répondit d'un simple bruit, Je ne veux plus te perdre, plus jamais, je m'en veux tellement si tu savais… Putain je suis si désolé, je suis désolé d'être parti, je suis désolé de ne pas t'avoir emmené avec moi alors que mon cœur ne désirait que t'avoir à mes côtés, je suis désolé de n'être qu'un égoïste qui n'a pas pendant une seule seconde pensé à comment toi tu allais te sentir après mon départ, je suis désolé d'être un stupide maquereau suicidaire. Et putain… Chuuya… Il baissa le ton de sa voix en sentant les mains de son partenaire s'agripper à sa chemise effrayer à l'idée que celui se lève et décide de parti et posa sa tête sur la chevelure du plus petit, Je t'aime… Je t'aime tellement Chu… »
La voix de Dazai s'évanouit alors, retombant alors au fond de la gorge de celui-ci, le silence envahit de nouveau la pièce, et Chuuya ne dit rien non plus.
Il n'avait pas besoin de dire quoique ce soit pour que Dazai comprenne.
Après tout le rouge carmin des lèvres du rouquin se mariait si bien avec la pâleur de la joue du brun.
Ce n'était pas un baiser qui disait je suis désolé, je ne t'aime pas de la même manière. Mais plutôt un de ceux qui voulait dire Je t'aime, je t'aime à en crever, mais tu m'as tellement brisé qu'il faut que tu reconquises ma confiance.
Et peut être que ce serai dur, mais ils allaient apprendre à de nouveau se connaître, à se découvrir, se sentir, se faire confiance, se réapproprier ces sentiments qui étaient les leurs et qui ne demandaient juste qu'à être sorti du fond de leur cœur.
Ce matin, pourtant tout à fait normal pour l'univers, était devenu pour le Double Noir, le symbole d'une nouvelle ère.
L'ère du Rouge flamboyant d'une explosion de sentiments.
Le chemin vers la guérison de ces quatre ans de douleurs venait juste d'être emprunté par deux hommes. Un grand et fin jeune homme au tendance suicidaire marchait tranquillement en chantonnant, à ses côtés, un homme plus petit, dont la rousseur de sa chevelure pouvait rappeler d'indomptables flammes qui s'associait parfaitement à son caractère, lui parlait, essayant alors tous les deux de trouver un moyen de se soigner de toutes les douleurs passées.
LA FIN
1) Voir mon autre fic Noir de Jais
2) Voir Storm Bringer (Je ne l'ai pas lu mais je sais qu'il existe un lien entre eux qui est expliqué dans ce light novel)
3) Gravitéen : néologisme crée et utilisé pour parler de quelqu'un en capacité de manipuler la gravité, ici Chuuya
4) Et oui Chuuya est canoniquement plus âgé que Dazai aussi étonnant que ça puisse paraître
