Bien le bonjour tout le monde !
Après un an de marathon de visionnage des films et séries Marvel (pile poil achevé pour Thor 4), me voici avec ma toute première fanfiction sur l'univers Marvel ! /clap clap/
Nous nous retrouvons donc aujourd'hui pour une petite histoire entre les deux frangins (par adoption) nordiques, toute simple, sans prise de tête. Je vous avouerais que je suis un peu nerveuse, étant donné que je ne suis pas forcément habituée à cet univers, en espérant lui rendre un bel hommage et que cela vous plaira. Attention, pour lire, il faut au moins avoir vu Avengers: Infinity War, histoire de profiter du moment ;)
Bien évidemment, les droits des personnages et de l'univers vont directement à Marvel, je ne fais que les emprunter le temps de ce récit.
Et quelques mentions sont directement empruntées à la mythologie nordique dont voici un mini glossaire :
Ásgard : monde des dieux Ases
Ases : race des dieux principaux de la mythologie nordique
Bifröst : pont arc-en-ciel faisant le lien entre Ásgard et Midgard
Dag : dieu du soleil dans la mythologie nordique, fils de Nótt
Hrímfaxi : monture de Nótt dont l'écume donne la rosée du matin
Màni : dieu de la lune dans la mythologie nordique
Nornes : divinités du Destin dans la mythologie nordique
Nótt : déesse de la nuit dans la mythologie nordique, mère de Dag
Ragnarök : fin du monde prophétique dans la mythologie nordique
Vanaheim : monde des dieux Vanes, autre groupe de dieux de la mythologie nordique
Bonne lecture !
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La nuit était d'un noir d'encre, Nótt enveloppait la splendeur des jardins dans une obscurité pesante, angoissante. Seule la lueur irisée du Bifröst au loin parvenait à déchirer cette toile imprenable, insaisissable, et pourtant étouffante. Peloté contre le rebord de la fenêtre, il laissa son regard se perdre dans cette immensité unicolore, noyant dans les nimbes nocturnes ceux ayant recouvert ses songes d'un manteau néfaste. Son corps grelottait sous l'épaisse peau de mouton dans laquelle il s'était emmitouflé. Il ne craignait pas le froid, mais la peur issue de ses propres cauchemars, oui. Elle s'accrochait à son âme comme une sangsue à sa victime, s'abreuvait des joies diurnes pour le laisser seul et tremblant dans le silence de sa chambre. Éveillé depuis deux heures, il osait à peine cligner des yeux, de peur de libérer la marée salée retenue à l'orée de ses paupières lourdes. Comme il ne pouvait allumer une bougie, anxieux d'attirer l'attention d'autrui sous le jour de sa porte, il ne pouvait pas même lire pour distraire son esprit, obligé d'attendre. Attendre que cela passe, ou que sa propre fatigue ne l'achève.
Depuis combien de nuit attendait-il, ainsi, observant en silence la course de Hrímfaxi dans les cieux ?
Mais il ne pouvait demander de l'aide. Ses songes étaient perçus comme de mauvais présages à la cour. Son père le ferait taire avant qu'il n'ait pu finir sa première phrase. Sa mère serait folle d'inquiétude, et il serait alors obligé de passer devant de nombreuses personnes pour comprendre ce qui n'allait pas. Car rien n'allait jamais comme les Ases le souhaitaient avec lui. Quant à Thor… son frère, pourrait-il seulement comprendre ? Il émanait du moindre pore de sa peau une lumière intarissable, ses rêves ne devaient être qu'épiques batailles et jeux d'enfants. Oui, connaissait-il seulement le goût de l'effroi, lui dont le moindre mot était cru, dont le moindre désir était pris en otage par un courtisan avide d'être utile ?
Le jeune garçon mordilla sa lèvre inférieure en réponse au venin déversé dans ses veines par ce sentiment honteux. Thor n'y était pour rien. Thor ne faisait pas exprès d'irradier autant de prestance, de plonger son cadet dans son ombre, d'attirer les foules là où Loki les faisait fuir. Thor n'y était pour rien. Et c'était justement la raison pour laquelle il ne pourrait jamais comprendre.
Resserrant ses jambes contre sa poitrine, le second prince d'Ásgard laissa sa tête retomber contre la fenêtre à sa gauche, avant de croiser le regard de son reflet. Assombri par de profonds cernes, le vert de ses yeux ressortait terne sur le manteau nocturne, accablé de tourments, dilué dans les prémices d'un chagrin contenu. Il ne pouvait pas pleurer, il valait mieux que cela. Même si la fatigue était forte, il l'était bien davantage, prêt à combattre jusqu'à l'aube si nécessaire, à accueillir la relève de Nótt par son fils. Alors, la nuit s'achèverait, l'obscurité s'effacerait, et les démons disparaîtraient. Alors, il pourrait noyer sa peur dans mille et une pages de vieux grimoires, compenser par la connaissance ce temps perdu à trembler comme une feuille insignifiante.
Jusqu'à la prochaine nuit. Jusqu'au prochain cauchemar.
Un gémissement mourut dans le fond de sa gorge nouée. Ses doigts se crispèrent contre ses genoux, froissèrent la surface lisse de sa tunique. Ses dents se resserrèrent de plus belle sur sa lèvre, déchirant sa surface pour laisser le goût ferreux de son incapacité chatouiller ses papilles. Il était pathétique, pathétique. Pathétique.
« Loki ? » Une voix appela son prénom dans un murmure, si faible qu'il n'y prêta pas attention toute de suite. Ni au grincement de la porte lorsqu'elle fut refermée, ni aux frôlements de pas sur le parquet de sa chambre. Ce ne fut que lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule droite, à quelques centimètres de sa nuque, qu'il perçut la présence de l'intrus.
Surprit, il bondit sur place pour se débarrasser du contact soudain, puis chercha - sans grand succès - la dague qu'il avait pris l'habitude de conserver avec lui. Hélas, elle était restée sur le bord de son chevet.
« Hé, doucement » le convia la silhouette en posant cette fois-ci ses mains sur les deux biceps de l'enfant afin de calmer ses soubresauts instinctifs. Et alors, Loki laissa la chaleur familière des mots calmer quelque peu l'angoisse resurgit de ses songes. Ses iris croisèrent ceux d'un bleu céleste de son aîné, perché au-dessus de lui dans ce qu'il reconnaissait être sa tunique de nuit. Ses mèches blondes étaient grossièrement tressées vers l'arrière et certaines s'échappaient de l'étreinte pour boucler sur ses tempes, donnant un air chaotique au prince héritier. Bien loin du portrait parfait affiché face aux foules, mais pas moins lumineux. Aux portes du sommeil, l'adolescent conservait sans crainte l'admirable prestance dans laquelle il semblait avoir été moulé. À la fois admirablement et détestablement parfait.
« Thor ? » marmonna le plus jeune, une fois sa stupeur envolée et son bon sens de retour, « mais qu'est-ce que tu fiches ici ?! ». Il n'osait pas hausser le ton davantage, de peur d'attirer l'attention d'une quelconque patrouille à proximité. Quelle image conserveraient-ils alors du second prince, emmailloté comme un nourrisson dans son couffin, les larmes au bord des yeux ?
Non, jamais. Et certainement pas à cause de son idiot de frère.
« Tu pleures ? Et tu saignes ! » La voix du blond fouetta les murs de sa chambre, grave, profonde, mais surtout bien trop forte.
Un soupir mourut au bord de ses lèvres. Pour la discrétion, on repasserait plus tard. À moins d'espérer une soudaine surdité des troupes d'Ases peuplant les couloirs à une heure si tardive.
Sans attendre une réponse de sa part, Thor prit place à ses côtés, poussant ses jambes pour se rapprocher. Ses doigts migrèrent vers le visage de son cadet pour le saisir aux joues et le tourner sous plusieurs angles. Les rares rayons de Màni ne suffisaient pas à éclairer ses traits, aussi se demanda-t-il ce que son frère cherchait tant à y observer. Cependant, tout comme le jugement d'Odin, les actions du dieu Tonnerre demeuraient parfois - si ce n'était souvent - incompréhensibles, sans aucune explication apparente.
Thor marmonna quelque chose dans sa barbe - ou plutôt dans son duvet d'un blond translucide - avant d'incruster son regard plus profondément dans celui humide pour demander : « Encore un cauchemar ? »
Loki ne répondit pas, jamais. La larme, vaillante et solitaire, qui finit par lui échapper, le fit à sa place. Sans mots, car il sentait déjà l'acide gagner sa langue pour protéger son esprit fragile.
« Oh, Loki… » La valeureuse fut réceptionnée par un pouce affectueux au sommet de sa pommette saillante, amaigrie par des semaines d'anxiété. « Mon frère, pourquoi n'es-tu pas venu me voir ? »
La boule se contracta dans sa gorge, douloureuse. Incertain de sa voix, il tenta tout de même de parler, car dans des moments pareils, le silence était la pire des défenses face à l'esprit de son frère sujet aux surinterprétations. « Tu étais rentré ? Je l'ignorais. » Il pria pour que le mensonge fonctionne. Le haussement sourcilier qu'il reçut en réponse lui fit comprendre que non. Après tout, avec le chant des cors, les étendards drapés aux quatre vents, la cour en ébullition et toute cette profusion, comment aurait-il pu échapper à l'annonce du retour de son frère de sa première mission ? En une matinée, sa nourrice le lui avait rappelé sept ou huit fois, et son précepteur peut-être deux fois de plus. « Comment était Vanaheim ?
- Sans doute plus paisible que tes nuits. Par les Nornes, Loki, depuis combien de temps cela dure-t-il ? »
Après une seconde d'hésitation, il haussa les épaules d'un mouvement vague. À quoi bon mentir ? Il avait cessé de compter après la cinquième nuit à se réveiller en sursaut, en sueur, des hurlements retenus au bord de ses lèvres et les yeux embués d'une peur qu'il ne parvenait pas à comprendre, ni à contenir. Il avait passé l'âge de raison, pourtant continuait de laisser ses songes l'envahir comme un bambin apeuré par l'ombre sous son lit.
« Mon frère… » Le soupir de Thor chatouilla ses joues qu'il découvrit humide. La seconde d'après, un efflux salé se mêla sur sa langue à l'aigreur de son sang.
Il était faible, faible. Pathétique.
« Non ! » Les doigts de l'Ase blond se resserrèrent autour de son visage, l'obligeant à relever le menton, à retrouver cette dignité trop souvent tarie par ces nuits à attendre, paniqué, le retour de Dag dans les cieux. « Tu n'es pas faible, ceci n'est pas une forme de faiblesse. Mère aussi voit des choses. Ces pressentiments sont une bonne chose, une oreille tendue vers l'avenir que nous devons écouter. »
L'éternel optimisme du grand Thor. Un grand frère qui cherchait perpétuellement à comprendre, mais qui ne le pourrait jamais. Car Loki ne voyait pas seulement des choses. Car ce qu'il voyait n'étaient pas de bonnes choses. Car l'oreille tendue vers l'avenir ne saurait jamais rapporter autre chose que chaos et désolation.
Des flammes, brûlantes et dévastatrices…
« Je t'écouterais » rajouta Thor en séchant de nouvelles larmes avec ses pouces. Une promesse qu'il savait sincère et qui, pourtant, lui arracha un faible rire moqueur. « Loki, je suis sérieux. Je suis ton frère, entre nous ne peut s'étendre qu'un pont de confiance, de bienveillance, de soutien. » Le chagrin semblait noyer son propre regard, assombrissant son ciel oculaire. « Alors, je t'en prie petit frère, n'aie jamais peur de me parler. »
D'un mouvement brusque mais sans douleur, Thor vint poser son front contre le sien, mêlant ses mèches blondes à celles d'un noir profond du plus jeune. Une main demeura sur sa joue quand l'autre migra jusqu'à l'arrière de son cou, dans un geste, ce geste de réconfort qu'ils avaient pour l'autre depuis leur plus tendre enfance. Au-dehors, les ténèbres semblaient se dissiper quelque peu, s'évaporant comme la boule lourde dans sa gorge. Loki tenta de résister un instant, un court instant dicté par sa fierté légendaire, par ce bouclier perpétuellement dressé pour le protéger des commérages. Cependant, épuisé par ses nuits de lutte, vaincu par cette soudaine chaleur, Loki finit par accepter l'étreinte et prendre appuie contre le torse de son aîné. Ses paupières clignèrent une première fois, avant de se fermer. Puis, comme maintenu en apnée depuis trop longtemps, il expira longuement. C'était agréable, confortable, familier. De l'attention, une oreille à qui se confier, la chaleur de son frère.
Tout ce dont il avait besoin pour affronter une énième nuit douloureuse, un énième cauchemar. La preuve que, par-delà l'obscurité, une lueur n'attendait que de brûler.
Brûler, comme les flammes mortelles du Ragnarök emportant dans l'horizon, lointain mais prophétique, les immenses tours d'Ásgard et les couleurs iridescentes du Bifröst. Des images qu'il ne pourrait jamais dévoiler, une catastrophe qu'il ne pourrait que craindre, attendre, oublier dans les paroles de Thor : « Je t'assure, mon frère, que le soleil brillera toujours sur nous. »
Une promesse qu'il espérait voir survivre à la fin des temps.
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« Je t'assure, mon frère, que le soleil brillera à nouveau sur nous. »
O
La main se resserra autour de son souffle, le temps lui manquait pour se souvenir. Pourtant, sa mémoire, au bord de l'asphyxie, avait fait son choix. Ce souvenir parmi tant d'autres, cet instant de réconfort parmi les nombreuses ruses et tromperies, parmi les cris, parmi les tueries. À force de mourir un peu pour revenir, à force de ressasser le passé avant de succomber, son esprit semblait ne vouloir conserver que ce moment, cette nuit unique, sans gloire ni importance. Cette simple image de deux frères dans l'obscurité d'une chambre, enveloppés dans une couverture partagée contre une fenêtre glacée, sur un rebord bien trop petit. Des cauchemars, Loki en avait fait toute son enfance, et même bien après. Avec le temps, il avait appris à se passer de la présence brûlante de son aîné à ses côtés, à cacher ses cernes et ses angoisses derrière des farces et des sourires faux.
À présent, alors que la personnification même de ses néfastes songes lui faisait face, il n'espérait qu'une chose : éloigner son idiot de frère le plus possible de cette noirceur glaçante. Pour protéger sa lueur, pour tenir cette promesse enfantine à laquelle il s'était malgré lui, malgré sa fierté, toujours raccroché.
Car, après toutes ces années de tromperies, de mensonge, Thor lui avait toujours pardonné. Même après la découverte honteuse de son adoption, Thor ne lui avait jamais tourné le dos. Même après la mort de leur mère, fauchée par les mains de sa propre colère, Thor ne l'avait jamais abandonné. Il avait au contraire conservé sa main tendue, son oreille prête, son cœur ouvert.
Car, après toutes ces années, après la fin du monde, Thor poursuivait encore cette promesse d'admirer ensemble l'éveil de Dag. Car ils demeuraient des frères.
La douleur scanda dans ses veines de manière anarchique, sa vision se brouilla sur les yeux écarlates, sans prunelles, sans la moindre once de lumière, de ce despote fou. Sa fin était proche, son dernier jeu de scène.
« Tu ne seras jamais un dieu ! »
Mais Thor vivrait. Il lui devait bien ça, au moins pour toutes ces nuits d'attente, pour toutes ses tromperies, pour toutes ces mains refusées.
« ! » Le cri étouffé de son frère lui parvint à l'instant où sa lueur s'éteignit. Pour de bon.
Oui, Thor vivrait. Et si Loki n'avait jamais été le meilleur des deux pour dire la vérité, il espérait que ces mots en deviennent une. Car cela signifierait alors qu'ils pourraient de nouveau partager cette chaleur familière.
oOoOo
O
Tadaaah !
Ne cherchez pas vraiment un sens à cette histoire, je l'avais écrite en quelques heures, après des semaines à tenter de faire mon deuil de cette scène affreuse (pourquoi Loki ? TwT). C'est juste sorti comme ça et, même si c'est pas parfait, c'est pile poil ce dont mon cœur meurtri avait besoin (oui oui, on parle bien d'un personnage fictif, mais j'étais pas prête, ok ? XD)
Peut-être que je reviendrais un jour sur ce fandom, qui sait ;) En attendant, j'espère que vous avez apprécié la lecture et merci pour votre intérêt !
Câlin câlin !
Chu ~
