Bonjour tout le monde, petit one-shot pour ShipDay du 28 juillet 2022 ! Invit: Fishing ;) Cette fic est aussi disponible en anglais (sans doute approximatif, pardon d'avance)
Merci à Dana pour les corrections!
Notes: Stargate, son univers, ses personnages ect. ne m'appartiennent pas, mon but est juste mon divertissement et le vôtre, j'espère.
Balises d'épisodes: Fin de Threads/Moebius, saison 8.
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Partir à la pêche.
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— Vous êtes certain d'avoir pris tout ce qu'il vous faut, O'Neill ?
L'amusement perçait nettement dans la voix du jaffa, Jack se retourna en fronçant les sourcils :
— Ce n'est pas drôle Teal'c.
Ce dernier leva un sourcil et le coin de sa bouche d'un même mouvement :
— Je n'ai jamais rien dit de tel O'Neill.
— Mouais… j'entends ce que vous ne dites pas.
Teal'c pencha légèrement la tête :
— Auriez-vous des problèmes d'audition O'Neill ?
Jack arrêta son mouvement, un sac beaucoup trop lourd dans les bras :
— Vous plaisantez, n'est-ce pas ?
Il fixa Teal'c un moment jusqu'à être certain de voir dans son regard l'éclat d'amusement qu'il cherchait :
— Vous plaisantez, affirma-t-il avant de se retourner vers son coffre, beaucoup trop plein.
Jack soupira en regardant la masse de sacs et de malles qui gisaient en vrac à ses pieds sur le parking de la base et son coffre qui en contenait déjà au moins autant.
— Je n'avais pas souvenir que nous ayons emporté tant de choses la dernière fois, fit remarquer doctement Teal'c.
Jack voyait bien où son ami voulait en venir, il essayait lui-même d'éviter d'y penser mais il n'y arrivait pas. Cela tournait encore et encore dans sa tête, comme un carrousel infernal, et merveilleux, et angoissant, potentiellement magnifique ou mortel. Les différents scenarii virevoltaient dans son esprit, le réveillaient la nuit, le déconcentraient la journée. Évaluer les possibilités, les imprévus, les risques, il savait faire, ça faisait partie de son travail, c'était même devenu maintenant l'essentiel de son job mais là… Du coup, il avait cherché à anticiper. À chaque problème une solution, à chaque situation son matériel. Et maintenant, il avait toute cette pile de choses foutraques, inarrangeables dans le camion et il se sentait merdique.
— Vous avez encore des choses à charger dans le camion, Teal'c ?
— Non O'Neill, j'ai posé mes affaires en premier dans le coffre.
Évidemment, le gars était prévoyant.
— Je suggère que nous placions ce qui ne tient pas sur la banquette arrière.
Jack grimaça :
— Et où vont s'assoir Daniel et Carter ?
Le jaffa inclina très légèrement sa tête :
— Nous aviserons. Au besoin, nous pourrons peut-être laisser une partie des affaires chez le docteur Jackson, ou chez le colonel Carter ?
Jack grommela, peu convaincu, et ouvrit malgré tout la portière arrière avant de commencer à lancer les sacs sur la banquette sans vraiment se soucier de leur position, ils avaient assez perdu de temps comme ça. Jack détestait être en retard, surtout pour aller chercher Carter, surtout maintenant, il ne voulait l'inquiéter, elle n'avait pas besoin de ça, et ils devaient en plus passer chercher Daniel avant ! À tous les coups, space monkey ne serait pas prêt. Ils ne seraient jamais à l'heure chez Carter.
— On aurait vraiment dû prendre deux voitures, marmonna Jack en se glissant derrière le volant.
— Un problème O'Neill ?
D'un regard en coin, Jack surprit l'air rieur de Teal'c, ce qui n'arrangea pas vraiment son humeur :
— Non.
— Pourquoi n'avez-vous pas été à la cabane uniquement avec le colonel Carter ?
Jack toussa par réflexe pour masquer le fait qu'il avait failli s'étrangler.
— Ce sont des vacances d'équipe Teal'c ! Donc avec tout SG1.
— Vous ne faites plus partie de SG1.
Jack accusa le coup, même s'il le savait, ça restait difficile et douloureux, ça l'avait été dès le premier instant et cela avait perduré toute l'année. Il avait beau savoir qu'il avait fait le bon choix en prenant la succession d'Hammond, il savait aussi que cela n'était pas fait pour lui, il avait juste gardé la place au chaud, en attendant de trouver le bon gars qui lui aussi pourrait tenir la boutique quelques années jusqu'à ce que Carter prenne la relève. Ça avait toujours été l'objectif, tout le monde le savait, sauf elle sans doute, ce n'était pas juste une lubie personnelle de voir son second devenir général à la tête du SGC, toutes les huiles au courant du programme envisageaient cette possibilité comme une inéluctable prophétie. Des dents grinçaient à ce sujet, c'était certain, mais Jack était bien décidé à les faire taire si besoin. Carter méritait amplement tout cela, mais avant, elle avait encore des choses à vivre et il le savait, elle devait encore courir les galaxies avant de se poser dans ce fameux fauteuil que Jack avait trouvé bien trop grand pour lui. Et dire qu'il allait le quitter pour un autre encore plus grand, au Pentagone ! Mais cela aussi était nécessaire, Hammond raccrochait, il ne pouvait pas laisser le Home World Security entre les mains de n'importe qui, et Jack confiait la base à Landry en toute confiance. Tout allait bien se passer. Et puis c'était aussi nécessaire pour le reste, si reste il y avait bien finalement à l'issue de ces vacances…
— Tout va bien O'Neill ?
Il força un sourire en direction de Teal'c :
— Ouais.
— Nous n'avons pas besoin d'être une équipe pour être une famille.
Il se tourna vers le jaffa qui lui offrait un sourire réconfortant. Il avait raison, évidemment, comme toujours, grande sagesse jaffa : cela faisait bien longtemps qu'ils avaient quitté le stade de l'équipe pour devenir une famille, même s'il avait essayé de fermer les yeux là-dessus. Cela le soulagea tout en ajoutant une couche supplémentaire à son angoisse : il menaçait ça aussi. Et si ça ne marchait pas ?
— Nous serons toujours une famille, ajouta Teal'c confiant.
Jack fronça légèrement les sourcils. Teal'c le surprenait régulièrement dans ce genre de moment, et Jack en venait à se demander s'il n'avait pas une capacité spéciale qui lui permettait de lire dans les pensées, dans les siennes en tout cas. Il savait bien que non mais parfois c'était… troublant.
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Bien évidemment, récupérer Daniel n'arrangea pas les choses, bien au contraire :
— Vous êtes vraiment obligé d'emmener tout ça, Daniel ?
D'un doigt, l'archéologue remonta ses lunettes et le fixa :
— Vous vous fichez de moi, Jack ? Vous avez vu tout ce que vous avez pris ?
— Oui mais ça c'est nécessaire.
Le ricanement de Daniel fit vibrer l'air entre eux :
— Vraiment ? Mais ça aussi c'est nécessaire !
— Vous avez pris une valise de bouquins Daniel ! On part juste une semaine !
Daniel leva les bras :
— Mais justement, on part une semaine !
— Et vous lirez tout ça en une semaine ?
— Évidemment. Et j'ai encore la tablette de P…
— Ah ! Jack leva un doigt sous le nez de Daniel, on a dit « pas de travail pendant une semaine » Daniel !
Ce dernier grimaça :
— Non, vous avez dit « pas de travail pour Sam », pas pour moi.
— Pour tout le monde Daniel ! Même pour vous ! Randonnée et pêche, pas de travail !
— Pfff.
Jack ravala un rire devant l'air dépité de Daniel et attrapa sa valise :
— Du coup, ça, ça reste là.
— Non, ça c'est juste les livres que j'ai envie de lire. Les dictionnaires et les carnets sont dans l'autre.
— Le sac de voyage ? demanda Jack dubitatif tandis que Teal'c empoignait l'énorme et informe chose noire par la sangle. Ça ?
Daniel hocha la tête.
— Bien, alors ça reste chez vous, décida Jack alors qu'il remettait la valise dans le camion.
Pendant que Teal'c remontait le sac de Daniel dans son appartement, ce dernier poussa comme il put les affaires pour essayer de s'attacher à l'arrière :
— C'est étroit, commenta-t-il sarcastique.
— Vous allez tenir.
— Et Sam ?
Jack soupira et attrapa le rétroviseur pour regarder Daniel sans se retourner :
— Quoi Sam ?
— Où est-ce qu'elle va s'assoir ?
— Je rangerai mieux, grommela Jack.
Daniel pinça ses lèvres et secoua la tête :
— Hum, Hum.
Jack avait horreur quand il faisait ça :
— Ok, crachez le morceau Daniel.
L'homme se passa une main sur la nuque, visiblement un peu mal à l'aise avant de capter le regard de Jack par l'intermédiaire du rétroviseur :
— C'est pour elle que vous avez pris tout ça ?
— Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
— Jack…
— Daniel ?
Daniel leva les yeux au ciel :
— Sérieusement ? Vous voulez encore jouer à ça ?
Jack soupira :
— Non.
— Bien. Sam donc…
— Sam, répéta Jack essayant d'ignorer comment son cœur s'agitait quand il prononçait ces trois lettres, ce qu'il s'était longtemps interdit sauf en cas de mort imminente ou de rêve fiévreux.
— Sam, reprit Daniel en le fixant toujours.
Jack se rendit, de toute façon, Daniel n'allait pas le laisser tranquille :
— Je veux juste…. Rah, écoutez Daniel, je ne sais pas, on est vraiment obligé de parler de ça ?
— Oui, je crois.
Jack sentit ses épaules s'abaisser :
— Je voudrais juste qu'elle passe un bon moment. Elle vient de perdre son père…
— Et son mariage, ajouta Daniel en remontant ses lunettes.
Jack frissonna malgré lui, il n'avait pas envie de penser à ce mariage, il n'avait surtout pas envie de penser à Pete. Quant au reste, pour l'instant, il évitait de trop se regarder dans le miroir, il évaluerait sa part de responsabilité dans ce massacre plus tard, après la semaine de vacances, la culpabilité arriverait toujours bien assez vite de toute façon. Cette compagne familière avait ses habitudes, elle connaissait tous les chemins menant à son âme, il lui faisait confiance.
— Ouais ça aussi, admit finalement Jack. Bref, je voudrais juste que tout soit parfait donc j'ai essayé de parer à toutes les éventualités.
— Hum hum.
— Quoi ? grogna Jack.
— Rien, sourit Daniel alors que Teal'c se réinstallait dans le camion.
— Est-ce que j'ai loupé quelque chose, Daniel Jackson ? demanda ce dernier.
Un sourire étira les traits de Daniel alors qu'il tournait la tête et contemplait l'extérieur sans but apparent :
— Rien, je disais juste à Jack que ce n'étaient pas quelques objets qui allaient rendre le weekend de Sam parfait.
— En effet, valida Teal'c.
Jack rongea son frein pour ne pas laisser échapper le puéril « gnagnagna » qui lui brûlait les lèvres. Il regarda une dernière fois dans le rétro et remit la voiture en route :
— Dites-moi une chose space-monkey, si le sac de voyage contenait votre travail et votre valise vos livres à lire, vos vêtements de rechange sont où ?
Daniel ravala brutalement son sourire satisfait :
— Arrêtez la voiture !
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Sam redescendit son allée, regarda à droite, remonta son allée puis se laissa tomber sous son porche en soupirant : une heure de retard. Elle fixa son écran de téléphone : pas de message. Elle referma prestement le claquet avant d'envoyer un message ou pire, de passer un appel. Il avait juste du retard. Le général n'était pas en retard. Mais là, ce n'était pas le général, n'est-ce pas ? C'était Jack. Peut-être que Jack pouvait être en retard ? Peut-être que Jack avait changé d'avis ? L'idée lui tordit les entrailles bien au-delà du raisonnable. Non, c'était forcément Daniel et Teal'c qui l'avaient mis en retard, oui voilà, c'était forcément ça. Elle essaya d'ignorer la partie médisante de son être qui lui soufflait qu'elle se voilait la face. Elle ne voulait pas d'une peine supplémentaire, l'année avait été suffisamment difficile : réplicateurs, Numéro Cinq, Anubis, et puis Janet, son père, Selmak, Catherine. Les ciments de sa vie avaient cédé, emportant avec eux une partie de ses fondations. Il lui restait les garçons mais elle avait été tellement proche de les perdre aussi… Daniel n'était revenu que depuis dix jours. Teal'c avait failli mourir dans le piège d'Anubis. Et trop souvent dans ses cauchemars, elle revoyait Jack piégé dans la glace de l'Antarctique.
Même pour elle, ça faisait beaucoup.
Et puis il y avait eu aussi tout ce cirque avec Pete et cet horrible mariage. Bon sang, comment avait-elle pu se laisser empêtrer dans un truc pareil, encore ? Elle se sentait coupable. Coupable déjà d'avoir accepté de sortir avec le type, coupable ensuite de lui avait dit oui, coupable de l'avoir laissé espérer alors qu'au fond d'elle, elle avait toujours su que ça ne marcherait pas. Coupable de s'être menti à elle-même, coupable d'avoir fait souffrir Jack surtout. Coupable au fond de ne pas se sentir assez coupable vis-à-vis de Pete…
Elle en était là de ses réflexions quand le son familier et rassurant du moteur du 4x4 résonna dans son quartier. Sans même réfléchir, elle bondit sur ses pieds, attrapa son sac de voyage et remonta l'allée presque en courant.
Tu t'emballes, lui souffla une petite voix dans sa tête, arrête de faire l'enfant…
Sam l'ignora. Jack lui avait dit « toujours », il avait été là, il avait géré les obsèques, il l'avait serrée dans ses bras, il avait quitté Kerry, ou plutôt Kerry l'avait quitté, elle le savait mais Jack l'avait accepté avec soulagement, il avait dit qu'il trouverait une solution… elle aussi avait trouvé une solution… Et puis il y avait eu sa main sur la sienne pendant le briefing sur la découverte de l'E2PZ et de l'étrange cassette, et puis ce baiser, doux, presque chaste, hier, sous le porche, quand il l'avait redéposée à la maison pour qu'elle fasse ses bagages. Il n'avait pas changé d'avis, il n'allait pas changer d'avis. Il avait dit « toujours », c'était leur moment, c'était maintenant et pour toujours.
Jack immobilisa la voiture à sa hauteur et lui adressa un sourire timide.
— Désolé Carter, commença-t-il en contournant la voiture pour la rejoindre, on a eu quelques soucis de euh… logistique.
Elle posa ses mains contre le carreau pour mieux voir à travers le verre teinté. Daniel descendit la vitre et elle se trouva nez à lunettes :
— Salut Sam !
— Bonjour Daniel !
Un des sacs de la monstrueuse pile d'objets qui encombrait la banquette arrière perdit l'équilibre et termina sa chute sur la tête de l'archéologue qui grimaça. Bien malgré elle, Sam explosa de rire, la tension de ces derniers jours qui cherchait à s'évacuer sans doute.
— Qu'est-ce que c'est que tout ça ? hoqueta-t-elle en regardant Jack mais ce fut Daniel qui répondit.
— Jack a voulu parer à « toutes les éventualités ».
Il mima des guillemets avec ses doigts, ce qui lui valut un regard noir du général et Sam dut se mordre la lèvre pour ne pas rire de plus belle. Elle inspira un grand coup, papillonnant des cils pour chasser les larmes d'amusement qui perlaient au coin de ses yeux :
— Bien, alors, je vous propose qu'on vide tout et qu'on essaie de ranger cela autrement.
— Le Général O'Neill s'est employé à chercher à le faire pendant plus d'une heure sur le parking de la base, sans résultat, précisa Teal'c, le sarcasme sur le bout de la langue et le sourire aux lèvres.
— Merci Teal'c, gronda l'intéressé et Sam tourna vivement la tête pour éviter un fou rire.
— Est-ce qu'on peut ouvrir le coffre, mon général ? gloussa-t-elle à demi, cachée par la voiture qu'elle avait déjà contournée.
— Oh mais je t'en prie Carter, fais-toi plaisir !
Son cœur accéléra quand il effleura le bas de son dos en passant derrière elle pour aller ouvrir. Il se colla un peu plus à elle pendant que le hayon se relevait, révélant le massacre instable qui après avoir hésité un instant, leur tomba finalement dessus. Les vieux réflexes ayant la vie dure, Jack la tira contre lui et se retourna, offrant son dos à la cascade de valises et la protégeant de son corps. Elle ferma les yeux une seconde pour savourer la chaleur de sa poitrine contre son dos, et essaya de ne pas renifler de manière trop visible alors qu'elle prenait conscience qu'il avait mis de l'après-rasage. Il lui serra brièvement la taille avant de la lâcher :
— Bon, je crois que la partie « vidons le coffre » est déjà bien avancée.
— On dirait bien, mon général.
Il grimaça, faussement contrarié :
— Qu'est-ce que j'ai dit à ce sujet, Carter ? On est en vacances. C'est Jack.
— Alors c'est Sam, Jack, ajouta-t-elle se sentant soudain l'âme légère et aventureuse.
Il lui adressa ce sourire, celui qui lui renversait toujours le cœur. Il lui tendit la main pour l'aider à monter dans la voiture et elle commença à lui passer ce que contenait le fond du coffre.
— Pourquoi est-ce qu'il y a une glacière pleine de glace ?
— C'est à Teal'c, lui répondit Jack alors qu'elle continuait ses excavations.
— Ça aussi je suppose ?
Elle tira la lance Jaffa coincée sous un sac de barres chocolatées et la tendit à Jack.
— Euh… Teal'c, mon ami, je sais que je vous ai dit que vous pouviez mettre les affaires que vous vouliez dans le camion mais vous croyez vraiment avoir besoin de ça ?
— On ne sait jamais O'Neill, je préfère être préparé, répondit très sérieusement le Jaffa.
— Nan mais sérieusement, il n'y a pas de goa'uld dans mon lac !
Daniel toussa dans son poing :
— Déjà qu'il n'y a pas de poissons…
— Hé ! s'offusqua Jack.
Teal'c leva un sourcil et cette fois, Sam n'y tint plus et le fou-rire qui menaçait l'emporta sur le reste.
Jack carra ses poings sur ses hanches, faussement énervé :
— Colonel, on ne glousse pas ! Et Daniel, je vous assure qu'il y a des poissons dans mon lac !
Sam utilisa toute sa volonté pour ne pas s'écrouler de rire, elle avait même du mal à reprendre sa respiration. Jack faisait semblant de s'en offusquer mais elle voyait dans ses yeux qu'il n'était pas loin de la rejoindre.
— Et bien, ce sera l'occasion de nous le prouver dans ce cas, siffla Daniel avec son petit air suffisant qu'il prenait toujours pour énerver Jack et lui donner envie de l'étrangler.
— Mais j'y compte bien Daniel ! J'y compte bien ! il se tourna vers Teal'c, la lance toujours dans la main, mais je ne vois toujours pas l'intérêt de prendre ceci avec nous.
Daniel passa aux sarcasmes :
— Et bien, cela aidera éventuellement à débusquer le poisson…
Teal'c se tourna vers lui très sérieux :
— Ne serait-ce pas ce que l'on appelle la pêche aux gros, Docteur Jackson ?
— Quoi ? s'étrangla Jack. Non !
Sam tendit le bras pour récupérer la lance :
— Je vais la caller là.
— Très bien mais je vous interdis de l'utiliser contre les poissons, c'est bien clair pour vous trois ? Sinon je vous envoie en vacances avec Maybourne ! menaça Jack.
— Pourquoi, il pêche au pistolet ? tenta Sam.
— Pire, à la grenade !
— Est-ce que vous voulez que j'aille chercher vos affaires Colonel Carter, demanda gentiment Teal'c.
— Non merci, tout est là, répondit Sam pas peu fière de pouvoir exhiber un seul sac, et de taille raisonnable par-dessus le marché, face au bric à brac des garçons. Je me contente de l'essentiel.
« Vraiment ? » demandèrent les yeux de Jack.
Elle lui répondit par un clin d'œil et un sourire.
— Euh, pourquoi il y a un sac entier de préparation pour gelée ? Il y a au moins vingt boites ! demanda Daniel en commençant à décharger la banquette arrière.
Jack grimaça :
— Vous connaissez la notion de « surprise » Daniel ?
Le fou rire de Sam repartit de plus belle.
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Finalement, Sam avait fait des miracles avec le coffre et son contenu. Comme une championne de Tetris, elle avait tout imbriqué ou presque : seul son propre sac reposait maintenant entre eux sur la banquette arrière. Ils roulaient depuis maintenant plus de trois heures, les paysages se succédaient et se ressemblaient atrocement depuis qu'ils étaient sur l'autoroute. Daniel bailla, se maudissant un peu de ne pas réussir à dormir comme Sam, sans doute épuisée par les évènements récents, le faisait depuis presque une heure, se reprochant aussi de ne pas avoir pensé à prendre un livre avant que Sam ne cale sa valise tout au fond du coffre. Aucune chance maintenant d'en récupérer un. Il fixa le sac de Sam, puis Jack et Teal'c, occupés à l'avant à se chamailler au sujet de la station de radio, puis à nouveau le sac…
Daniel secoua la tête et se força à regarder à nouveau dehors… Il n'allait quand même pas fouiller dans le sac de Sam… Au pire, quand elle se réveillerait, il pourrait toujours lui demander de lui prêter un livre, elle en avait forcément pris au moins un. Sans doute très différents des livres qu'il lisait habituellement, mais là il s'ennuyait tellement qu'il aurait été prêt à lire un traité de physique quantique. Il croisa ses mains sur ses genoux, lorgnant malgré tout sur la fermeture éclair du sac. Il observa encore Jack et Teal'c quelques minutes puis finalement, tenaillé par l'ennui, il attrapa l'objet du délit et commença à l'ouvrir doucement. C'était sans compter sur l'ouïe quasi-bionique de Sam qui ouvrit un œil, puis l'autre, suffisamment rapidement pour le surprendre littéralement la main dans le sac à moitié ouvert.
— Je cherchais juste un livre, bafouilla-t-il.
Il s'attendait à ce qu'elle crie, ou au moins à ce que l'orage gronde dans son regard mais au lieu de cela, ses yeux s'écarquillèrent et elle vira pivoine. Il comprit quant, au lieu de tomber sur un livre, sa main pêcha un sac en satin au couleur d'une grande marque de lingerie.
— Range ça tout de suite Daniel, siffla-t-elle, cette fois menaçante et blême.
Daniel s'exécuta précipitamment, elle attrapa le sac, le fourra sur ses genoux et replia ses bras dessus.
— Juste l'essentiel, c'est ça ? ne put s'empêcher de se moquer gentiment Daniel.
Elle lui lança un regard noir. Jack percevant immédiatement la tension avec ce qui lui servait de sixième sens, surtout lorsqu'il était question de Sam, risqua un œil dans le rétroviseur :
— Alors les enfants, qu'est-ce qui se passe derrière ?
— Rien du tout, bafouilla Sam d'une voix beaucoup trop aigüe pour être honnête.
Dans le rétro, Jack fronça les sourcils.
— Rien Jack, tout va bien. Je ne voudrais pas gâcher la surprise, ajouta Daniel un ton plus bas mais assez fort pour que tout le monde l'entende.
Sam lui enfonça son coude dans les côtes :
— Aïe ! s'écria -t-il malgré tout.
Teal'c qui s'était retourné et avait levé un sourcil, partit dans un grand éclat de rire, et Jack et Sam échangèrent un regard amusé dans le rétroviseur :
— Bien joué, Sam !
Daniel secoua la tête, riant à demi, il voulait bien être le dindon de la farce si cela permettait à ces deux-là de se trouver, enfin.
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Fin
