Hello... Y a-t-il encore du monde ici ?
Je sais, ça fait un moment que j'ai disparu des radars, et je m'en excuse.
Ces derniers temps, la vie réelle m'a pris pas mal de mon temps libre et de mon inspiration.
MAIS ! Sachez que je reprends doucement l'écriture. J'espère retrouver mon ancien rythme assez rapidement.
Pour celles et ceux qui suivent Twisted Games, l'histoire est en hiatus quelques temps, le temps de reprendre assez d'avance sur l'écriture.
En ce qui concerne cet OS, vous l'avez sans doute déjà lu dans le cadre du Dark Fest, organisé par le Festumsempra. Il s'agissait d'écrire sur un Mangemort tiré au sort (je ne vous raconte pas ma joie quand je suis tombée sur Tom), avec comme contrainte supplémentaire la limite de mots et l'incipit imposé.
Bref, trêve de blabla, je vous laisse lire, ou relire, ce petit OS qui, je l'espère, vous plaira.
Je vous retrouve très vite pour de nouvelles choses, et la suite de Twisted Games.
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« Il est difficile et obscène d'éviter le regard d'un homme qui saigne à mort, mais plus difficile encore de le soutenir et de surnager dans le tourbillon de passions troubles et de secrets posthumes. »
Et alors que le dernier souffle de vie s'échappe des lèvres de Lord Voldemort, elle est assaillie par des images qui paraissent venir de nulle part. Étourdie, elle s'accroche à la personne à côté d'elle, et tandis que le Seigneur des Ténèbres s'effondre au sol, pour la première fois depuis cinquante-cinq ans, elle se souvient.
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1943
Elle ignore pourquoi elle déambule dans les couloirs, ce soir-là. Le désir d'être seule, ce besoin de se retrouver, de pouvoir penser sans avoir à subir le brouhaha infernal du dîner.
Il y a bien des sujets qui se bousculent dans son esprit et pour une fois, les examens n'en sont pas les acteurs principaux.
Elle n'a jamais été ce genre de fille qui papillonne des cils devant un garçon, aussi beau soit-il. Elle se moque pas mal des bals, des rumeurs et des jeux de séduction qui circulent au château.
Mais il y a quelque chose chez Tom Jedusor… quelque chose de fascinant et dangereux qui l'attire et la tient en même temps à l'écart.
En se dirigeant vers le deuxième étage, elle repense à ses yeux noirs, aussi noirs qu'une nuit sans lune, qui la fixent trop souvent pour être le fruit d'une simple coïncidence. La regarde-t-il parce qu'il se sent observé ? Il en aurait tous les droits. Elle l'admet bien volontiers : son regard se perd bien trop de fois sur le Serpentard.
Pourtant, leurs chemins n'étaient pas censés se croiser. Ils ne sont ni dans la même année, ni dans la même maison. Néanmoins, il lui semble que Tom Jedusor est partout : sur l'herbe couverte de rosée des jardins, tôt le matin ; au détour d'un couloir, la journée ; dans les recoins de la bibliothèque, tard le soir.
Cette année, ses nouveaux devoirs de préfet l'ont fatalement mis sur sa route. Contempler l'élève modèle de loin était une chose ; se retrouver face à face avec lui en est une autre.
Il lui parle toujours avec cette voix mesurée et polie. Ses traits sont neutres, détendus, ne laissant pratiquement jamais transparaître la moindre émotion. Tom Jedusor est appliqué, travailleur et ne rechigne jamais à la tâche. Des qualités qui font écho en elle. Elle qui, souvent moquée par ses camarades car trop studieuse, se retrouve un peu en ce garçon solitaire mais entouré, scolaire sans être ennuyeux, curieux de tout sans trop en faire.
Comme elle, il est plein de contradictions et de paradoxes qui le rendent aussi captivant qu'inaccessible.
Ce qui les différencie, en revanche, est sûrement cette façade légèrement inquiétante qu'il arbore et qu'elle est certaine de ne pas afficher. Si elle est autoritaire et sans doute même crainte des plus jeunes, elle doute posséder cette aura si spéciale qui entoure Jedusor.
Aura qui scintille d'une lumière sombre et qui l'attire comme un vulgaire papillon de nuit près d'une torche.
C'est ainsi qu'elle se sent à chaque fois qu'il vient la trouver dans la bibliothèque, alors que, comme souvent, elle tarde à la quitter. La toute première fois, il lui avait simplement demandé si elle comptait bientôt finir avec le livre de Métamorphose sur lequel elle travaillait. Elle était sûre d'avoir rougi et, le pire, c'est qu'elle était sûre qu'il l'avait vu.
En fait, elle est même sûre qu'il sait pertinemment ce qui se passe dans sa tête à chaque fois qu'elle le voit. Elle est loin d'être la seule, c'est évident. Tom Jedusor attire les regards de tous, et surtout de toutes, mais elle a le ridicule espoir d'être la seule à qui il rend ses coups d'œil.
Et depuis ce jour, souvent, trop souvent pour son propre bien, il la rejoint dans le lieu qu'ils affectionnent le plus tous les deux dans ce château. Il l'accompagne dans sa soif de savoir, il lui dit qu'il ne la voit pas du tout travailler au Ministère, mais qu'il l'imagine davantage devenir professeur. Lui aussi aimerait l'être, d'ailleurs, et rester dans cette école qu'il considère comme son seul foyer depuis cinq ans.
Alors oui, elle ignore pourquoi elle déambule dans les couloirs, ce soir-là, mais il est clair que ça ne peut être un simple hasard. D'habitude, elle se promène toujours dans les environs de la Tour d'Astronomie quand elle désire être seule. Cependant, aujourd'hui, ses pas l'ont menée au deuxième étage, juste au-dessus de la Grande Salle, près des toilettes des filles.
C'est un mauvais pressentiment qui la force à y rentrer. Une sensation étrange qui lui prend la gorge et qui lui susurre que quelque chose ne va pas.
Elle pense à Tom, à ses prunelles noires et à son visage parfait, et cette image ne la quitte pas une seconde lorsqu'elle découvre une élève à terre, près des lavabos.
Après un instant de paralysie, elle se précipite sur elle, s'agenouille pour constater que la jeune fille est complètement immobile. Elle la reconnaît : Myrtle Warren, élève de Serdaigle en troisième année. Ses yeux sont grand ouverts, apeurés, son corps allongé dans une position qui lui fait penser qu'elle est simplement tombée.
Son cœur commence à battre à une vitesse folle. Elle regarde autour d'elle mais il n'y a rien aux alentours à part le bruit de l'eau qui s'écoule d'un robinet encore ouvert.
Lentement, elle pose ses doigts sur un poignet encore chaud. Rien.
Myrtle Warren est morte.
La panique commence enfin à s'insinuer en elle. Poussée par l'affolement, elle se relève, mais prise de vertige, elle titube et se retient au lavabo derrière elle. Elle s'accorde quelques secondes pour reprendre son souffle. Elle irait prévenir le professeur Dippet dès qu'elle s'en sentirait capable. Pour le moment, elle a l'impression qu'elle s'écroulerait sur le champ si elle venait à essayer de marcher.
- Minerva.
Sursautant, elle relève la tête en entendant cette voix qu'elle connaît bien. Tom se trouve à l'entrée des toilettes et comme à son habitude, il a l'air serein et son ton est égal, presque indifférent. Son allure est impeccable : son uniforme, bien que vieux et quelque peu rapiécé par endroit, est parfaitement lissé et semble avoir été fait pour lui ; ses cheveux aussi noirs que ses yeux retombent en quelques boucles parfaitement travaillées sur son front. Et comme à chaque fois qu'il se trouve dans son champ de vision, Minerva ne peut plus regarder ailleurs. Lui aussi a les yeux rivés sur elle, ignorant complètement le cadavre qui git pourtant à ses pieds.
- Tom… je l'ai… je l'ai trouvée comme ça…
Elle balbutie, peu sûre de ses mots. A-t-elle peur qu'il pense qu'elle a la moindre chose à voir avec cet incident ?
Il se contente d'acquiescer et s'approche. A son tour, il s'accroupit à côté du corps avant de passer sa baguette au-dessus, marmonnant des formules que Minerva ne comprend pas. Quand il relève les yeux vers elle, il hoche la tête une nouvelle fois, comme pour confirmer ce qu'elle sait déjà.
- Qu'est-ce que… je ne comprends pas ce qui a pu se passer, dit-elle en reprenant peu à peu ses esprits.
- Ce n'est pas à nous de le découvrir, Minerva, répond Tom en se remettant debout.
Sa voix est toujours aussi posée, comme s'ils parlaient d'un sujet banal. En entendant son prénom, elle frissonne. Il a cette habitude troublante de toujours regarder son interlocuteur dans les yeux quand il parle, et surtout, de toujours prononcer son nom. Il appelle toujours les autres par leur nom de famille, mais elle…
- Il faut prévenir le professeur Dippet.
Minerva se décolle du lavabo, les mains encore tremblantes et le souffle court.
- Calme-toi, Minerva. Tu es en état de choc.
Sa voix a quelque chose de rassurant. Comme un ronronnement destiné uniquement à l'apaiser. Il se place devant elle, baissant la tête pour la regarder dans les yeux.
Au fond de ses prunelles semble briller une lueur rougeâtre qu'elle ne lui connait pas.
- Qu'est-ce que tu fais là, Tom ?
Elle veut bouger, se reculer un peu, juste un peu, mais elle se cogne contre les lavabos, prisonnière de son regard, captive de son emprise.
- Tu n'as rien à faire ici… tout le monde est en train de dîner et ce sont les toilettes des filles… pourquoi, tu…
- Que veux-tu insinuer, Minerva ?
En s'enfonçant dans les orbes onyx de ses yeux, elle a l'impression de plonger dans les profondeurs du Lac Noir. C'est la même sensation glacée que celle de l'eau du lac qui vient se draper autour d'elle.
Son esprit tourne à une vitesse folle. Elle essaye d'organiser ses pensées, mais une fois n'est pas coutume, l'exercice est difficile.
- Je voulais seulement te parler. Alors, je l'avoue, je t'ai suivie.
- Me parler ?
- Oui. J'avais des choses à te dire. Mais tu te doutes que nous nous en occuperons plus tard.
Il se retourne pour regarder le corps sans vie de Myrtle.
- Tu devrais partir. Je me chargerai de prévenir le directeur.
Il récite son texte comme le premier de la classe qu'il a toujours été. Cependant, il ne la regarde pas, et quelque chose sonne faux dans son discours.
Quelque chose qui lui retourne l'estomac. Quelque chose qui lui hérisse les poils des bras, qui provoque un frisson désagréable le long de sa colonne vertébrale.
- Tom, pourquoi tu es ici ? insiste-t-elle.
Elle s'écarte de sa position et reste à quelques pas de celui qu'elle idéalise autant qu'elle craint. Son palpitant bat toujours aussi vite et cette sensation étrange ne la quitte pas.
Elle repense soudainement à tous ces moments qu'ils ont partagé dans la bibliothèque, cette année. Tous ces livres lus, toutes ces discussions. Elle repense aux frissons qu'il lui a procurés, incapable de discerner s'ils étaient dus à son charisme ou au malaise qu'il peut lui inspirer, parfois.
- Tom…
Il finit par se retourner, la toisant d'un regard qui l'empêche de bouger. Ils se retrouvent à nouveau face à face, et elle qui est pourtant bien consciente de sa valeur, elle se sent… minuscule à ses côtés. Elle suit du regard sa pomme d'adam qui se meut dans sa gorge tandis qu'il déglutit, hypnotisée.
- Tu n'aurais jamais dû te retrouver ici, Minerva…
Il lève la main et elle tressaille, reculant imperceptiblement la tête, lui arrachant l'ébauche d'un sourire.
Elle doit rêver. Tom Jedusor ne sourit jamais.
Il continue son geste, étonnamment doux et prévenant, et arrange une mèche rebelle de ses cheveux qui s'est enfuie de son chignon strict. Lorsque ses doigts frôlent sa peau, elle frémit.
- Qu'est-ce que tu as fait ?
Sa voix n'est plus qu'un murmure, mais elle est sûre d'elle. Il a fait quelque chose. Elle en est certaine. Parce qu'il est en train de la charmer pour détourner son attention et que malgré tous ses efforts, elle ne peut se dérober. Parce qu'elle commence à trop bien le connaître pour croire que sa présence dans ces toilettes à ce moment précis n'est qu'une pure coïncidence.
- Tu étais censée être dans la Grande Salle…
Il capte son regard dans le sien et elle la revoit. Cette lueur rouge, presque imperceptible, mais bien présente.
- C'est tellement dommage…
Elle voudrait lui demander ce qui est dommage, elle le voudrait vraiment. Mais elle commence à penser qu'il est en train de lui lancer quelque sortilège. Elle est incapable de bouger, incapable de ne serait-ce que détourner les yeux de lui.
- Si les circonstances avaient été toutes autres… j'aurais beaucoup aimé te garder près de moi.
Et tout doucement, il se penche, frôlant ses lèvres d'un baiser qui lui déchire le cœur et lui entaille l'âme. Elle ferme les yeux, les murmures étranges de Tom étant la dernière chose qu'elle entend avant de sombrer dans les ténèbres..
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- Minnie ! Minnie, réveille-toi !
Minerva se redresse en sursaut sous les secousses violentes de sa voisine de chambre. Quelque peu sonnée d'être ainsi tirée de son sommeil, elle essaye de se rappeler où elle est.
Autour d'elle, l'atmosphère familière et rassurante de son dortoir.
- Que se passe-t-il ? demande-t-elle une fois qu'elle a retrouvé ses esprits.
- Quelque chose d'horrible s'est produit ! Olive Hornby dit qu'elle a retrouvé une élève morte dans les toilettes des filles du deuxième étage !
Minerva se fige, choquée.
- Quoi ? réussit-elle à dire tandis que sa camarade sort de la chambre.
- Descends ! Le professeur Dumbledore nous attend dans la salle commune. Je n'arrivais pas à te réveiller, tu dormais trop profondément.
A la hâte, elle sort du lit avant d'enfiler sa robe de chambre et de rejoindre les autres Gryffondor en bas. En descendant les marches, elle essaye de sortir son esprit de ce brouillard épais qui ne semble pas la quitter. Elle se souvient s'être couchée directement après le dîner, assaillie d'une lourde fatigue.
Elle a une étrange sensation, cependant.
Comme si…
Comme si elle avait oublié quelque chose d'important..
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Oui, il est difficile et obscène d'éviter le regard d'un homme en train de mourir.
Mais alors que le sortilège de Tom Jedusor s'efface en même temps qu'il se meurt, Minerva ne détourne pas les yeux. Et dans ce cadavre davantage reptile qu'humain, elle croit apercevoir l'ombre du souvenir du jeune homme qu'elle a oublié avoir un jour aimé.
