14 juillet – Un homme et une femme ne peuvent pas être meilleurs amis : Michel de Montaigne & Marie de Gournay – La vraie vie

Montaigne en avait été persuadé pendant une grande partie de sa vie : les femmes n'étaient pas capables de ressentir de l'amitié. Comment le pourraient-elles, alors que leur esprit n'était occupé qu'à satisfaire leur mari, entretenir leur logement, révérer Dieu ? C'était bien dommage d'avoir une âme si frêle… Le magistrat aurait tellement aimé pouvoir lier le plaisir charnel à la chaleur constante et rassise, toute douceur et polissure, d'une tendresse vraie des âmes. Mais l'amitié n'existait qu'entre hommes.

Et puis, comme toujours, la vie se chargea de lui montrer qu'il se trompait. Cette jeune fille qui était arrivée vers lui un jour, alors qu'il entrait dans sa cinquante-cinquième année, elle avait tout d'une âme… virile. Elle était de sexe féminin, pourtant, et dotée de ce tout qui caractérise les femmes, il n'était pas permis d'en douter. Et pourtant… elle ressentait l'amitié.

Elle la ressentait même très bien. Presque sans crier gare, Marie de Gournay entra dans sa vie et refusa d'en ressortir. Non pas qu'il aurait voulu qu'elle en ressortît, de toute façon… C'était si agréable d'avoir de nouveau quelqu'un à qui se confier. Quelqu'un à qui de nouveau lier son âme à la sienne, comme ça n'avait plus été le cas depuis plus de vingt années.

Montaigne retrouva de nouveau cette « alliance » qu'il avait perdue : Marie devint sa fille, son amie, comme La Boétie avait été son frère avant elle.

Naturellement, la jeune femme se confronta beaucoup au magistrat disparu. Montaigne n'était pas absolument sûr qu'ils soient tous deux comparables, même s'ils étaient effectivement les deux amitiés à avoir vraiment compté dans sa vie.

Mais il la laissa faire. Il ne pouvait pas lui en vouloir pour quoi que ce soit. Tout ce qui importait vraiment, c'était que Marie, seule femme entre toutes qu'il avait aimée vraiment – sa seule amie ! –, soit toujours là pour se promener avec lui sous le soleil illuminant son domaine d'orange et or.

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15 juillet – Demande importante : Aquila & Colombe – Dragon Quest IX : Les Sentinelles du Firmament

Aquila effleura l'idée, pendant un court, un bref instant, de renoncer à plonger dans les périls toujours plus mortels qui l'attendaient afin de sauver son maître. Il avait une élève, maintenant, et c'était de sa responsabilité de veiller sur elle et de lui venir en aide dès qu'elle en aurait besoin. Mais il renonça vite à cette potentialité.

Corvus, il devait le retrouver. Et personne, jamais, ne pourrait l'en dissuader.

Pour autant, il ne voulait pas que Daisy se retrouve à souffrir, un jour, à cause de cette décision dont elle ne saurait jamais rien.

« Colombe, j'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi, dit-il un jour d'un ton grave, alors qu'ils étaient occupés à observer les étoiles.

-De quoi s'agit-il ? s'inquiéta son amie, interpelée par les accents douloureux de sa voix.

-Si jamais, un jour, je dois ne pas revenir du Protectorat, j'aimerais que tu t'occupes de Daisy pour moi.

-Elle sera sûrement assez grande pour se débrouiller seule, tu sais, sourit la Célestellienne tristement.

-Ce n'est pas que de ça qu'il s'agit et tu le sais bien. Je refuse qu'elle soit, elle aussi, perdue et livrée à elle-même comme moi je l'ai été. »

De sa petite main fine, Colombe recouvrit doucement le poing de son ami, qui, accroché à la rambarde, s'était mis à trembler.

« Je te le promets, chuchota-t-elle en essayant de ravaler ses larmes. Mais peux-tu me dire qui m'empêchera, moi, d'être seule et livrée à moi-même si cette situation devait arriver ?

-Ne pleure pas, répondit, touché, un Aquila toujours un peu brusque. Je ne veux pas te faire de peine, mais tu sais que ça pourrait arriver. »

Il s'interrompit un instant, puis reprit :

« Tiens… Voici des fleurs pour me faire pardonner. »

Le Célestellien venait juste d'apercevoir ces iris sauvages qui avaient poussé, un peu aléatoirement, contre l'une des barrières de l'Observatoire et les avait tendus à son amie. Colombe les prit en ravalant ses larmes, ce qui fut grandement facilité par le rire que ce geste spontané et vraiment gentil lui inspira. Même si c'était douloureux, elle ne pouvait pas dire Non à Aquila car veiller sur son apprentie, c'était la chose la plus importante du monde pour lui.

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16 juillet – Besoin de réconfort : Robin de Locksley « Robin des Bois » & Pierre Dubois – Robin des Bois : Prince des voleurs

La rumeur selon laquelle la chambre du fils de Locksley était devenue un lieu de désolation et d'anarchie s'était répandue jusque dans les châteaux alentour.

Apparemment, il refusait de laisser entrer qui que ce fût dans son espace, même pas son père, même pas Duncan, qu'il connaissait depuis le berceau, même pas sa nounou qui était revenue de son village exprès pour lui. La seule personne qui aurait pu mettre fin à son tourment, c'était Lady Locksley, sa mère… Hélas, la gentille et belle comtesse s'était éteinte de maladie une semaine plus tôt.

Robin ne parvenait pas à s'en remettre. Il n'arrivait pas à endurer cette idée et rien qu'imaginer l'état dans lequel il se trouvait brisait le cœur de Pierre. Il ne pouvait pas rester là sans rien faire ! Il se moquait bien que ses royaux cousins Richard et Jean les honorent actuellement d'une de leurs visites. Il devait voir son meilleur ami, tout de suite !

À la première occasion, le jeune noble s'enfuit. Il cavala à bride abattue dans la campagne jusqu'à arriver au château des Locksley, où il trouva le maître des lieux désespéré, impuissant et brisé. Il venait déjà de perdre sa femme bien-aimée, voilà qu'il n'était même pas capable de réconforter son fils adoré… Pierre lui assura qu'il ferait tout son possible et courut vers la chambre de Robin.

Au début, son ami refusa de nouveau, en criant d'une voix cassée par les pleurs sur ses domestiques, de bien vouloir ouvrir sa porte. Mais, à la stupéfaction générale, lorsque la voix douce, compatissante, câline de Pierre traversa le battant de bois, les va-et-vient frénétiques cessèrent dans la pièce. Il y eut un cliquetis et une main jaillit de l'interstice qui s'entrebâilla pour saisir la tunique de Pierre et le tirer à l'intérieur.

Le jeune noble n'avait aucun besoin de lumière pour deviner à quel point la chambre de son ami devait être un champ de bataille : étagères renversées, livres jetés à terre, jouets fracassés… Tout cela, tout ce désespoir, il ne l'imaginait que trop bien.

Alors, il se contenta de s'assoir sur le lit derrière son ami et de l'enlacer de toutes ses forces, ses jambes croisées avec les siennes. Il n'avait pas l'intention de bouger avant un long moment. Tout ce qui importait, c'était de tenir Robin contre lui, de sentir les battements désordonnés de son cœur dans sa poitrine et de tenter de l'apaiser, une main caressant son bras et l'autre frottant doucement son ventre. Il savait que ça marchait toujours, au moins pour l'endormir… Et peut-être que ça lui permettrait de profiter, dans ses bras, d'un repos un peu relaxant, le premier depuis des jours… Peut-être qu'il aurait les idées moins noires au réveil… Peut-être que leur amitié l'aiderait à surmonter cette terrible perte.

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19 juillet – Franchir une étape importante : Tamaki Suou & Kyouya Ootori – Ouran High School Host Club

Kyouya n'avait pas l'habitude que l'on devine ses véritables sentiments, pas plus ses camarades de classe que sa famille. Le truc, c'était que, parfois, il ne connaissait pas ses propres émotions non plus. Même clairvoyant et intelligent, il se voilait parfois la face quand il s'agissait de tout ce qui ne concernait pas ses prouesses intellectuelles, les relations de sa famille et son brillant avenir.

Et puis, il y eut cette boule d'énergie blonde beaucoup trop survitaminée, naïve, heureuse, qui le décréta son meilleur ami uniquement parce que, sur ordre de son père, Kyouya était venu nouer des relations avec celui qui serait l'héritier d'un grand empire financier.

Pour l'adolescent, évidemment, il n'était pas question d'avoir un meilleur ami et encore moins que ce soit Tamaki.

Il était bien trop bête et survolté. Kyouya détestait sa façon de le traîner aux quatre coins du Japon, de le forcer à faire des trucs de touriste complètement clichés et stupides et de le prendre dans ses bras à tout bout de champ. Il sautait trop partout, il partait trop dans des délires complètement absurdes, il était trop souvent avec lui.

Et puis, il l'éloignait de ses brillantes études, des relations qu'il devait nouer avec les autres élèves et de son avenir qu'il pensait tout tracé.

Et puis, petit à petit, sans que Kyouya s'en rende compte, évidemment, les choses commencèrent à se réchauffer de son côté, jusqu'à une étape particulièrement importante dans l'amitié : celle de l'acceptation.

Cette étape importante fut franchie quand Kyouya ne se contenta pas d'étouffer dans l'étreinte écrasante et par trop enthousiaste que Tamaki lui donnait en répétant « Mon ami ! » en français. Non, il sourit aussi. Il se rendit enfin compte qu'il aimait bien Tamaki. Il se dit qu'il voulait bien, après tout, qu'ils soient vraiment amis.