Chapitre 292 : Limitless
"Quel goujat !" posant mon sac en le faisant claquer sur le haut de la commode. "Et dire qu'il se pense irrésistible !" défaisant mon haut devant le miroir, paupières fermées, traits froncés de mépris. "Tu vas rapidement retomber sur Terre, Gojô Satoru." irritée.
J'ouvre les yeux, fuyant mon propre reflet. Le fait est... que je suis déjà sous son charme.
Quant à lui, ce n'est pas par hasard qu'il a effectué le déplacement. En effet, depuis le début de ma "relation" avec Mahito, les rêves du Maître du clan Gojô sont parsemés de détails érotiques - lui prodiguant des érections nocturnes remarquables, cela dit ! - La précision est telle qu'il connaît déjà la sensation de mon grain de peau sous la pulpe de ses doigts, comme s'il les vivait lui-même à travers Mahito. Car oui, je l'ignore encore, mais Satoru possède un talent rare et inné - le sixième œil. Il s'agit d'une arme redoutable, bien plus que l'est l'œil de la mort de B. Cet œil est capable de cerner le monde de manière atomique, de repérer un être vivant dans un vaste périmètre et d'en évaluer la puissance, de renseigner son propriétaire quant à la densité des os d'un adversaire, de pouvoir recourir au plein potentiel de cette arme de destruction massive qu'est le pouvoir de l'infini. Posséder à la fois l'œil et le pouvoir de l'infini n'a plus été accordé à qui que ce soit depuis quatre-cent ans.
Autant dire que Satoru Gojô a de fortes raisons de se sentir élu !...
Mais il y a autre chose, de plus troublant encore ; j'ai immédiatement senti une connexion entre nous alors que je n'ai jamais ressenti un tel phénomène avec Mahito.
Par où vais-je commencer avec Satoru ?... Par un combat, histoire de tester sa force ? Ou par un acte sexuel ?... D'une façon ou d'une autre, les hostilités me semblent ouvertes et nous venons, l'un comme l'autre, d'afficher clairement nos ambitions.
Satoru se traîne jusqu'à la salle de bains - le garçon n'est pas du matin mais bien du soir et de la nuit. Il se brosse les dents, paupières tenues à mi-mât, dans des mouvements machinaux.
Puis il ira s'avachir un instant dans le canapé, laissant ses pensées divaguer dans la pièce.
"Elle... entre dans le périmètre." s'étonne Utahime.
"Bien sûr, qu'elle y entre. Je l'y ai autorisée." pose Satoru.
Utahime manque l'attaque cardiaque. "Gojô !"
Le Maître sourit. "Nous avons des choses à nous dire. Je te prie donc de nous laisser."
La... gravité est telle qu'elle ne reconnaît plus Gojô d'ordinaire fanfaron.
Je la croise à mon arrivée et elle m'envisage, me toisant rapidement avant de froncer et se détourner, finissant par m'interpeler alors que je m'avance. "Hey toi ! Tu crois qu'on peut faire partie de notre club rien que parce qu'on séduit cet abruti de Gojô ?"
Je stoppe mon pas. Uh ?... Ainsi donc, je l'aurai séduit ?... Et je note qu'elle est loin de porter le Maître exorciste dans son cœur. Intéressant !...
Je pénètre dans une pièce dans laquelle il patiente, jouant avec son portable.
Je fais glisser une chaise pour m'installer, poitrine contre le dossier, l'avisant.
"Ton assistante n'a pas l'air très contente."
"Comme tout le monde, elle a ses humeurs."
"Notamment lorsque le Maître accorde certains privilèges à de parfaites inconnues..."
Il étend ses jambes interminables. "Ne te la raconte pas. Tu es sous contrôle."
"Tu paries ?"
Il fait glisser quelques photographies représentant des corps calcinés dans un café. "L'œuvre de Jogô, un... allié de ton ami Mahito."
J'en souris. "Ça te reste en travers de la gorge, pas vrai ?"
Il fait la moue. "Je suppose que nous avons été captivés par la même chose : la qualité de ton âme. Même si ça m'écorche de le reconnaître."
"Mahito a fini par également apprécier mon corps. Serait-ce aussi ton cas, Gojô Satoru ?"
"Je suis parfaitement au fait de ce qui plaît à ce démon." reniflant. "Et j'y suis également sensible, pour lever toute ambiguïté à ce sujet."
Il est cash ! Je kiffe !...
"Cependant... Mahito n'est que l'un des pions judicieusement placés par Geto."
Si je m'étais attendu à la suite...
"Si Sukuna fabule sur l'annihilation du monde, Geto, lui, ne rêve que de revanche sur moi. Et je n'ai aucune pitié pour les exorcistes tournés maîtres des fléaux. Aucune." serrant le poing.
Vache !... Ce qu'il laisse monter est impressionnant de puissance ; ça gronde comme un feu infini, prêt à engloutir dans ses entrailles les impudents se dressant sur sa route.
"Je l'ai déjà rencontré. Et je dois dire que j'ai été bluffé par son aura."
"Tu n'as pas idée de ce dont Geto est capable." grave. "Bien plus qu'une affaire personnelle, il s'agit d'un combat à mort."
Il y a, à l'évidence, un fort passif entre eux. Et je veux en connaître la nature.
"Camarades ?"
"Nous avons été amis proches... avant de devenir amants."
Je tâche de camoufler l'émoi qui m'anime.
"Mahito demeure une porte d'entrée pour Geto. Je te demanderai donc de prendre grand soin de toi." comme mise en garde.
"Well." me levant, m'avançant jusqu'à lui, glissant un index sous le bandeau qui camoufle son regard, le soulevant lentement, demandant l'accès à ce qu'il cache.
Il en empêche la progression.
"Quoi ? Ne me dis pas que c'est réservé à ta nuée de fangirls ?"
Le terme lui arrache un rire.
Il ne me montrera que ce qu'il voudra bien. Et la quintessence de son regard, ce n'est pas pour tout de suite.
Je repars de l'école, chamboulée.
Mahito m'alpague au détour d'une chaussée : "Il t'a retourné le cerveau ? Il paraît qu'il est assez calé en la matière."
Cette façon dont Mahito se meut est... féline au possible.
"Alors ? Qu'est-ce qu'il t'a raconté, ce grand malade ? Un truc sur Geto, j'suis sûr !"
Deux doigts viennent alors se poser sur son épaule. "Tu me sembles bien curieux pour un fléau, dis-moi."
"Et toi bien protecteur." annonce la voix posée et profonde de Geto.
Je sens Satoru se raidir.
"Voilà bien longtemps, Satoru." avisant son ami d'antan.
Je dois avouer qu'ils étaient - et sont toujours - parfaitement assortis. Grands, de belle allure.
Satoru reprend consistance une fois la stupeur passée, affichant ce sourire arrogant, s'adressant à Mahito. "Ça ne t'a pas suffit de te faire trucider par Sukuna ?"
Mahito crispe la mâchoire. Dans le mille !...
Geto ricane. "Mahito est jeune. Il manque d'expérience. Ce qui est loin d'être notre cas, pas vrai, Satoru ?"
Geto et Satoru se tournent autour alors que nous nous trouvons au centre, Mahito et moi.
"Geto, si nous..." commence Mahito.
"Silence." lui faisant ployer les genoux au moyen d'un sort maîtrisé.
Le jeune fléau ne moufte pas.
"C'est un chapitre auquel tu n'as pas mot, Mahito-kun." réaffirmant sa suprématie sur le jeune fléau.
Geto désigne une haute tour pour débuter le combat.
Ils s'y rendent en une fraction de seconde.
Voilà un moment que Geto a conscience de la supériorité de Gojô... partir dans un combat régulier le ferait immanquablement perdre. Il a un plan. Sceller l'âme de Satoru.
Pour ce faire, il a besoin d'un objet maléfique.
"Que manigances-tu, Geto ?"
Satoru lit si aisément ses pensées que Geto s'en amuse, arborant un sourire presque doux.
"Tu le sauras en temps et en heure."
Le parcours est parfait. Et je me classe première, fière de mon trophée.
"Tu as bien bossé, fils." tapotant l'encolure immaculée, récoltant un hennissement de victoire.
"Il a le triomphe modeste !..." se fend une voix caressante.
Inutile que je me retourne face à l'énergie qui en émane.
Na'ir avise l'inconnu avec curiosité. Son énergie n'est pas hostile à ce stade.
"Tiens, tiens."
Il s'approche pour caresser Na'ir sans crainte.
Ce dernier le hume, finissant par souffler.
"Je termine et je t'offre un verre ?"
"Volontiers."
Je défais la sangle de la selle, allant me trouver nez-à-torse avec lui, souriante. "Dis-moi... combien de temps on va se courir encore après comme ça ? Non que ce soit désagréable, entendons-nous bien..."
"Jusqu'à ce que l'un de nous chute ?..." amusé.
Une cavalière, Suzanne, passe à proximité, sifflant à la vue de la haute stature qui m'accompagne.
"Hey ! Non mais dis donc, Suzanne ?!" amusée par le succès de Satoru.
"Bah eh !... Il est du genre BG, faut dire !..."
Nous nous installons à une table, commandant.
"Il paraît que tu as méchamment dégommé un allié à Mahito récemment. En le décapitant pour être précise..."
"Ah, Jogô ? C'était une expédition punitive. En représailles aux combustions de plusieurs employés d'un café pour étudiants dont je t'ai montré les sordides clichés l'autre jour."
"Tu me racontes ?"
Il hausse les épaules. "Qu'y a-t-il à dire ? Il a beau être ancien, il ressemble à tous les fléaux ; trop sûrs d'eux."
"Et toi, tu ne l'es pas, peut-être ?"
"Si. Mais pas pour les mêmes raisons."
"Ben voyons." lucide. "Tu as toujours eu ce pouvoir ?"
"Je l'ai peaufiné. Avec les années. Comme toi lorsque tu étais Tueuse... tu n'as pas non plus jeté ton don aux orties, ni ne t'es reposée sur tes lauriers."
On vient nous apporter nos boissons, il remercie avec un regard appuyé pour la serveuse.
"Tu ne peux pas t'en empêcher !..." claquant des doigts devant son regard camouflé derrière les verres teintés.
Après nous être désaltérés, je lui propose une petite pause dans le parc en haut du centre hippique. A ma grande surprise, il accepte. Je récupère donc un petit plaid dans le coffre, qu'il charge sur son épaule et nous voici en chemin.
Il observe un moment ma main avant d'en formuler la demande : "Je peux te prendre la main ?..."
Je lui souris et lui l'offre. La sienne est chaude, enveloppante.
Nous nous installons au tronc d'un immense chêne.
Il étale le plaid, quitte ses bottines sombre et s'y allonge, m'invitant à poser ma tête sur son torse, couchée à la perpendiculaire.
"Et s'il y a un danger qui surgit ?"
"Alors tu verras l'homme le plus rapide au monde sauter dans ses bottines !..." rit.
Je m'installe, fixant un instant le ciel limpide, le jeu des rayons à travers le feuillage fourni, finissant par fermer les paupières, me laissant bercer par la légère brise et les mouvements réguliers de sa respiration qui s'approfondissent, signe que la somnolence le gagne.
J'observe un moment son bras en croix, posé le long du mien, sans toutefois le toucher.
"Tu dors ?..."
Il secoue la tête. "Somnole. Il n'y a qu'un seul moment où je dors..." sur un sourire explicite.
Je me tourne sur le ventre, l'observant. "Après l'amour ?"
"Hmm mmm. Comme un bébé et plusieurs heures d'affilées."
"Quand ça a été bon, j'imagine."
"Ah oui. Si ça a été mauvais, j'attrape ma veste et je me sauve par la première fenêtre venue !..." taquin.
"T'es bête !..." calant le menton sur son épaule. "Ça fait longtemps que tu les combats ?"
"Depuis le lycée. Généralement ce genre de pouvoir s'éveille à l'âge où les corps changent. Le mien me provient d'un héritage familial."
"Et quels en ont été les signes ?"
"Mes... yeux. Au lycée, je les camouflais à l'aide de bandages tant j'en craignais la capacité."
"Tu me montres ?" curieuse.
Il sourit, lève la main pour retirer la monture de ses solaires, donnant sur des paupières closes agrémentées de longs cils clairs, finissant par lentement les ouvrir. Ils sont magnifiques ; quasi-translucides.
"Wow !"
Petit rire. "Elles disent toutes ça."
"Pfff !" lui frappant l'épaule.
"Enfant, je possédais déjà une grande conscience de mon pouvoir et de mon clan. Mais je n'étais pas le seul, visiblement. Les puissances adverses aussi. Elles ont tout fait pour me dissuader d'intégrer l'école d'exorcisme, notamment auprès des pontes qui la dirigent. Voilà pourquoi je ne m'entends avec aucun d'entre eux et je n'ai aucun égard pour leurs sous-fifres quels qu'ils soient." sec et cassant.
Je siffle. "Ils doivent se faire dessus en te voyant arriver !..." laissant ses doigts caresser les miens. Son toucher est extraordinaire... à la fois doux et électrisant ; un délice. Il y met réellement une intention.
"C'est un peu ça. Je les casse comme du petit bois malgré les injonctions, c'est assez fun. Tu devrais m'y accompagner un jour, ça t'amuserait beaucoup !..."
"Tu proposes ?" intéressée.
Il hausse les épaules. "De toute manière, ils vont me questionner à ton propos. Et je sens que ça va m'énerver."
"J'ai jamais dit que j'allais bosser pour toi." guettant sa réaction.
"Tu es déjà impliquée."
"Hey, je n'ai signé aucun contrat !..."
Il sourit. "Bah, je peux demander à un ex-fonctionnaire tourné exorciste de t'en présenter un en bonne et due forme, si ce n'est que ça."
"Shut the fuck up, Gojô Satoru."
Son autre main remonte dans mon dos, caressante.
"Tu m'emmènes ?"
"Où ?"
"Dans ton domaine."
"Je ne l'ai jamais utilisé à d'autres fins que le combat mais... pourquoi pas." levant la main pour croiser l'index et le majeur. "Ryōiki Tenkai: Muryōkūsho."(1)
Aussitôt, nous nous trouvons projetés, dans la même position, dans une bulle à l'intérieur même d'un vaste mouvement ralenti de cosmos.
Satoru glisse une main sous sa tête. "Ah... on n'est pas mal, là." souriant.
"Ça te demande beaucoup d'énergie ?"
"Fort heureusement non." amusé par ma curiosité. "J'ai appris à maîtriser pour ne pas me retrouver à sec."
Je me place à nouveau tête sur son torse et il passe un bras sur mon ventre.
J'en soulève l'avant-bras pour passer quelques doux revers sur l'intérieur, faisant granuler la peau, observant cet effet pour le moins épidermique.
"Je sens que nous deux, ça va être quelque chose de fort..."
"Parti comme ça l'est..." me rendant la réplique.
Je m'amuse à calquer ma paume de main sur la sienne, immense. Semblable à celles que possèdent les Leeches.
Tout ce territoire à découvrir... je m'en délecte par avance !...
"Si j'ai bien compris, tu ne regardes plus les hommes depuis Geto ?..."
"Il y en a pourtant qui ne me laisse pas insensible... Je te le présenterai à l'occasion. Enfin, il faut aimer la rigueur fonctionnaire pour apprécier !..." évoquant les traits de Nanami Kento. "Nanami est insaisissable. J'ai beau m'y prendre de toutes les manières possibles, il me file entre les doigts, quelque chose d'ahurissant."
"Parle-moi de Geto... enfin... si ça ne te dérange pas, évidemment."
"Que... veux-tu savoir ?..." glissant lentement ses doigts entre les miens, portant le dos de ma main à ses lèvres, gentleman. "Comment nous en sommes arrivés à... devenir amants ?..." me fixant de la clarté de ses yeux de husky avant de faire retomber les verres fumés en écran protecteur. "Bah, on était ados et affamés hein !..." reprenant ce ton perché qui le caractérise lorsqu'il cherche à se camoufler de ses émotions. "Et puis pour faire ce job, franchement, faut être un minimum timbré !..."
"Tu l'as beaucoup aimé, Satoru... je dirai même... jusqu'à ne plus en pouvoir."
Il reprend son air mélancolique. "Il est bien loin ce temps où... nous partagions tout."
"Tu l'aimes encore."
"Tout en haïssant ce qu'il est devenu."
Je claque des doigts, faisant céder son domaine.
"J'ai très peur pour toi le moment où il se tiendra à nouveau devant toi."
"J'y suis préparé." laconique.
Il se redresse, me faisant quitter la place si confortable, récupérant ses bottines.
"Hey..." posant une main sur son épaule. "Ne reste pas comme ça, Satoru..."
"Ravale ta pitié." d'un ton sans doute plus cassant qu'il ne l'aurait souhaité.
Il se lève, chaussé, prenant la direction de la sortie du parc, s'arrêtant un instant, levant le visage au ciel, laissant passer l'ombre d'une larme avant de lever le bras, m'y invitant.
Je souris et viens m'y placer.
"Il y a un endroit que je souhaiterai te montrer."
Nous nous arrêtons devant le jardin et il avise la demeure derrière ses verres fumés.
"Mmm... ça grouille."
"Je me disais aussi..."
"D'ailleurs... ça vient à notre rencontre."
"Et c'est... hideux..."
A quatre pattes, haut perché, ne ressemblant à rien.
"OK. C'est un véritable repaire." accumulant de l'énergie pour exorciser la demeure entière.
Je ris. "Une colocation."
Il sourit, amusé par ma petite blague. Puis se concentre. "Tobari." faisant tomber un voile opaque sur la demeure, se préparant à l'éradication.
"Jutsushiki Hanten・Aka."(2)
Et quand je dis éradication... il n'en reste rien !
"Euh... ce n'est pas un peu expéditif ?"
"Je ne m'embarrasse plus." se tournant vers moi. "Évidemment, ça ne plaît pas du tout en haut lieu." amusé, affichant ce joli sourire de guerre.
J'observe le néant en lieu et place de la demeure.
"Bon, OK, je n'ai pas fait dans la dentelle." accorde-t-il, fourrant les mains dans ses poches.
Je le raccompagne jusqu'à son véhicule stationné là - une magnifique Ducati.
"J'ai passé une excellente fin de journée, Satoru. Merci." posant la main sur son épaule, me hissant sur la pointe des pieds. "... j'aimerai que ça continue..." lui laissant le loisir de décrypter ma demande.
"OK. Alors... on pourrait la terminer par là." m'indiquant la fête foraine de la plage.
Mais c'est qu'il fourmille d'idées, ce garçon !...
"Je vais... vomiiiiiiiiir !..." riant aux éclats, descendant d'un manège à sensations.
"Pas sur mes pompes, je les ai cirés ce matin !..." s'asseyant à un stand pour déguster une friandise.
"Ta ligne, bon sang !..." taquine.
"J'aviserai demain."
Nous passons un excellent moment puis nous regagnons mon quartier. Je soulève son bras pour me glisser dessous, appuyant ma tête contre sa poitrine.
"Tu restes ?..."
"Tu proposes ?..." sur le même ton.
Je glisse les doigts sous son menton pour qu'il m'accorde un baiser, ce qu'il fait sans tarder.
Wow ! Rien que le baiser qu'il m'offre est renversant !... Très grande et belle maîtrise. Ça aime le sexe, plus aucun doute n'est permis. On reconnaît les bons amants à leurs baisers. Et là, je dois dire que je ne suis pas déçue, bien au contraire !...
"Tu m'emmènes chez toi ?..."
"Hmm mmm."
"Cool."
J'ouvre la serrure tandis qu'il patiente dans mon dos.
Je me raidis un instant en craignant d'y trouver Mahito ou ses pairs !... Le soulagement me gagne en découvrant l'appartement vide de toute présence.
Il inspecte les lieux d'un regard bref.
C'est lui qui appose un sort sur la porte, discrètement. Bouclés. A double-tour !
Nous nous installons dans la cuisine où je prépare rapidement une salade gourmande.
Il met évidemment la main à la pâte.
Nous soupons en nous envisageant. Ses yeux sont... des merveilles comme j'en ai peu vues !...
"Husky."
"T'as pour projet de m'atteler ? Je te préviens : chef de meute, tu as tout intérêt de me placer en tête de file !..."
Ses vêtements sombres ne font que ressortir davantage le blond scandinave de ses cheveux et le clair de ses yeux.
"Avec Geto aussi, tu étais le... dominant ?"
Il m'envisage avec un air particulièrement chenapan. "A ton avis ?"
"Et avec les femmes ?"
"C'est changeant. Tout dépend. Toi... j'aurai bien envie de te laisser les rênes, pour te dire."
"OK." quittant mon tabouret de bar pour me diriger vers lui, contournant la table. Il a déjà pivoté, m'invitant entre ses jambes ouvertes - des jambes interminables comme celles des Leeches ! - dos contre lui. Il pose le menton sur mon épaule, littéralement voûté sur moi, mains remontant le long de mes cuisses. Le toucher est... électrisant, sensationnel.
Il est à même la peau vu que je porte un short.
Ses paumes sont immenses, emprisonnant mes cuisses pour mieux remonter, doigts tournés vers l'intérieur, apportant ce qu'il faut de sensations exquises.
Et il prend son temps !...
Mon menton se lève à mesure, respiration s'accélérant à mesure que ses caresses remontent.
Il referme lentement ses jambes autour de mes tibias dans une prise qui me rappelle furieusement celle prisée par Floyd.
Ses caresses dosent comme il faut la pression et le toucher. Tout y est parfait.
"Il n'y a, à l'évidence, pas que... tes yeux et ton aura qui sont redoutables..." sourit. "Toi... tu vas me faire monter très haut..."
"Je m'assure... que tu aies la bonne dose de sensations pour la soirée..." à mon oreille, mordillant puis lapant, glissant le long de l'entrejambe, m'en faisant durement frissonner.
"Sa... toru..." levant la main pour la glisser dans ses cheveux clairs, caressant l'undercut.
Il me laisse me tourner vers lui et ses caresses reprennent, derrière les cuisses, remontant visiter les fesses - là, son souffle s'emballe joliment.
"Ne t'en fais pas. Je me cale sur ton rythme."
"Ne t'oublie pas en route quand même..."
Je m'attendais à ce que ce soit fort mais c'est en train de dépasser toutes mes espérances !
Nous nous accordons un baiser, langoureux, nous savourant comme après une longue attente.
Ce qu'il offre à ses baisers est indescriptible. L'intention... toujours.
"Chambre..."
Nous nous y rendons, nous tenant par la main.
Il quitte ses bottines et s'allonge sur le lit. Je le chevauche. Le baiser reprend et nous lui offrons d'autres allures, plus profondes et attentionnées.
J'ai une telle conscience de lui que c'en est incroyable !... Nos corps se brûlent, faisant monter les sensations qui deviennent aiguës à force de frottements lascifs.
Il fait glisser mon bas pour me caresser, visitant des doigts les lèvres gorgées.
Ce que j'extirpe n'a rien à envier au meilleur des Leeches.
Et les sensations montent, montent encore...
Mes caresses le font joliment suffoquer alors que nous ne précipitons rien, gestes mesurés.
Nous n'en pouvons plus et je l'insère avant d'osciller sur lui.
A mesure que l'orgasme s'annonce, il halète puis lâche tout, râle de pur plaisir accompagnant la manœuvre. Je le suis de près.
Son orgasme se prolonge à délice, corps d'autant plus sensible de partout, décuplant chaque source de sensations.
Je sens que nous avons encore une partie à jouer et ne m'en prive pas, oscillant sur lui, lui arrachant un nouveau bouleversement étouffé dans mon cou tandis qu'il donne tout au fond de moi.
(1) "Extension du territoire : sphère de l'espace infini"
(2) "Sort inversé : rouge"
