Petit mot de l'auteure : première tentative sur le fandom ! Ce texte a été écrit pour un jeu du FoF (répondre à ces contraintes : une forêt, trois personnages, "Tu as peur ?", un tissu tâché de sang) et en l'honneur de l'anniversaire de Alexander Vlahos


Philippe n'avait jamais été particulièrement dérangé par le noir.

Pourtant, ce soir-là, le noir l'oppressait. Il fallait dire qu'ils avançaient dans la nuit profonde, la chape d'obscurité qui s'abattait sur eux seulement entrecoupée par la frêle lumière tenue par le garde qui cheminait à leurs côtés. Louis avait dit qu'il ne voulait pas de lui, qu'il ne l'aimait pas, mais leur mère s'était faite intransigeante, arguant qu'il était le plus qualifié.

« Le plus qualifié pour quoi ? » avait-il demandé.

« Pour vous protéger » avait-elle répondu en leur disant de s'en aller.

C'est là que Philippe avait comprit que les choses n'allaient définitivement pas bien. C'était avec cette impression d'angoisse qu'ils étaient partis, leur petit groupe à l'écart pour mieux fuir si besoin. Comme s'ils n'étaient pas déjà en pleine évasion, à marcher comme ils étaient en pleine forêt pour leur sécurité... Alors oui, en ce moment là, Philippe aurait donné cher pour retrouver les lumières du palais.

Louis était-il traversé des mêmes frayeurs ? Ou était-il intérieurement aussi sûr de lui qu'il ne le paraissait extérieurement ?

Comme conscient de ses interrogations, il se tourna vers lui.

- Tu as peur ? Lui demanda-t-il, une pointe de provocation dans la voix.

Philippe détestait quand il utilisait son statut d'aîné pour lui faire comprendre qu'il n'était qu'un petit gamin – ils n'avaient que deux ans de différence ! Rappelait-il en protestant. Ce soir-là, pourtant, ces deux petites années lui pesaient fortement. Comme il aurait aimé avoir l'assurance de son frère... Néanmoins, il était hors de question de lui montrer qu'il avait peur, de passer encore pour un gamin pleurnichard.

Malheureusement, tout à son émoi, il trébucha sur une racine que l'obscurité et son manque de concentration l'avaient empêché de voir.

Il réussit heureusement à se rattraper mais sa main s'écorcha. Un peu de sang tomba sur le tissu de son vêtement. La blessure n'était pas douloureuse, le sang ne coulait pas en si grande qualité mais entre le choc et la frayeur de la chute, il se mit à pleurer.

Leur garde étant occupé à vérifier qu'aucun ennemi ne s'approchait, ce fut Louis qui vint l'aider à se relever. Magnifique, il ne manquait plus que ça, songea Philippe, s'attendant à la raillerie.

Toutefois, Louis se contenta de lui donner son mouchoir et de lui éponger doucement le sang.

- Ne t'inquiète pas, murmura-t-il. Tu sais, moi aussi j'ai peur.

Puis, ils se remirent à marcher, main dans la main. Pour la première fois depuis leur fuite, Philippe eut l'impression que les choses se termineraient bien.