Être heureux
Auteur : PlumePlume
Disclaimer : l'univers et les personnages de Supernatural appartiennent à ses créateurs et je ne tire aucun profit financier de cette histoire.
Spoiler : se passe au tout début de la saison 8, Dean vient de revenir du Purgatoire et retrouve Sam.
Pairing : Dean / Castiel, alias destiel
One-shot écrit dans le cadre du défi "Une histoire par jour", du serveur Discord "Le Petit Salon d'Ecriture". Cette histoire correspond au thème 146 "Une dispute fraternelle".
Pour moi le comportement de Dean était complètement illogique et excessif durant cette saison (il n'a jamais souhaité que le bonheur de Sam, et l'a démontré à de nombreuses reprises), donc voilà ma version corrigée de leur scène de retrouvailles !
Bonne lecture !
Être heureux
La porte de la cabine de Rufus trembla sur ses gonds.
– Tu as arrêté de chasser?! Tu te fous de ma gueule, c'est ça ?
Sam soupira, installé dans un des fauteuils, face à Dean, qui tournait comme un lion en cage en agitant les bras dans tous les sens. Il finit par tourner son visage crispé et furieux vers Sam, irrité de son impassibilité.
– Et est-ce que j'aurais droit à une explication, au moins, ou… ?
– Écoute, Dean… (Sam se pinça l'arrête du nez et regroupa tout son courage et sa patience, vu l'état de son frère, il en aurait bien besoin) C'est ce qu'on avait toujours prévu : lorsqu'un de nous deux disparaît, l'autre continue et refait sa vie. C'est ce que tu as fait quand j'étais dans la Cage avec Lucifer, et c'est ce que tu m'as reproché de ne pas avoir fait lorsque tu étais en Enfer.
Dean parut s'étrangler.
– Ce que je t'ai reproché ?! Je ne t'ai jamais reproché de ne pas avoir refait ta vie, je t'ai reproché de t'être tapé un putain de démon qui s'est révélé être une connasse depuis le début ! Et je vois pas le rapport que ça a avec moi !
– Dean, tu étais enfermé au Purgatoire. Un endroit tellement sécurisé qu'il a réussi à contenir tous les Léviathans pendant des millénaires. En plus de contenir au bas mot des milliards de monstres, dont une bonne centaine qu'on a tué de nos mains. Donc excuse-moi de t'avoir cru mort… C'est d'ailleurs complètement illogique qu'il y ait une sortie de secours pour humain dedans.
L'aîné Winchester sembla momentanément à court d'arguments, puisqu'il reprit la bière qu'il avait posée sur la table et se laissa tomber dans l'autre fauteuil. Il avala plusieurs gorgées avant de reprendre, un peu plus calmement.
– C'est pour toi que je suis revenu, Sammy, tu le sais ça ?
Le cadet ne répondit rien, peiné par cette révélation. Dean continua, la colère faisant doucement place à l'amertume :
– Depuis que Bobby est mort il ne me restait plus que toi. C'est pour toi que je me suis battu pour revenir ici, parce que je ne voulais pas – ne pouvais pas – t'abandonner et te laisser gérer tout seul tout le merdier qu'on avait laissé. Parce que j'étais persuadé que tu allais remuer ciel et terre pour essayer de me retrouver, comme tu l'avais fait lorsque j'étais en Enfers…
Sam baissa la tête, coupable, et laissa échapper :
– Je suis désolé, Dean… Je ne pensais pas…
À la grande surprise de Sam, il sentit Dean lui poser une main sur l'épaule, en répondant doucement :
– C'est pas grave, Sammy… Tu as fait ce que tu devais. C'est moi qui me suis trompé.
Le cœur de Sam se serra en entendant la voix exténuée de son frère. Il paraissait tellement usé, à bout…
Un silence plana, lourd. Dean retira sa main et reprit doucement, comme hésitant :
– Du coup, qu'est-ce que tu vas faire ? Retourner avec ta belle pour vivre ta meilleure vie ?
– Dean…
– Non, non, je suis sincère Sam. Je ne veux que ton bonheur et tu le sais. Si tu as trouvé la bonne, fonce, je suis avec toi. Avec la vie qu'on mène, des opportunités pareilles, on n'en a pas des tonnes, donc dès qu'une se présente, saisis-la, Sammy. Et surtout, surtout, ne la laisse jamais tomber.
Sa voix se brisa légèrement sur la fin. Dean répéta plus bas, comme pour lui-même :
– Promets-moi que tu ne la laisseras jamais tomber.
Le visage de Dean était défait, et Sam sentit son estomac se contracter douloureusement en croisant le regard dévasté de son grand frère. Il s'était définitivement passé quelque chose au Purgatoire, quelque chose de si horrible que ça en avait brisé Dean… Et pourtant même les tortures de l'Enfer n'avaient pas réussi cet exploit.
– Dean… ?
Une larme roula sur la joue de l'aîné, et s'écrasa silencieusement sur le vieux parquet. Puis Dean s'exprima, la voix enrouée.
– C'était Cas…
Sam ne comprenait pas.
– C'était Cas, mon opportunité, Sammy…
Oh. Oh… Sam trembla en appréhendant peu à peu l'ampleur de cette révélation. Dean était revenu. Mais pas Cas. Une autre larme vint s'écraser aux pieds de Dean.
– Je l'ai abandonné. Je l'ai… Je l'ai laissé tomber. Alors qu'il avait besoin de moi ! Tu l'aurais vu Sammy, il était si fatigué, si désespéré quand je l'ai retrouvé… Si vide…
Sam se leva et en deux enjambées, il était devant Dean, le serrant dans ses bras. Il sentit son grand frère trembler légèrement, puis deux mains agripper désespérément le dos de sa chemise. La voix de Dean lui parvint, étouffé contre son torse.
– Je l'ai cherché pendant des mois, là-bas ! Des mois à tuer, massacrer et torturer tous les monstres qu'on trouvait, pour les forcer à nous dire où Cas était…
Sam ne comprenait pas grand-chose de ces morceaux d'histoire décousus, mais le temps n'était pas encore aux explications. Il se contenta de resserrer son étreinte et de caresser doucement le dos de Dean pour l'apaiser.
– Puis on l'a retrouvé, mais il était brisé. Si vide. Ça faisait tellement mal à voir. Il ne voulait pas partir avec moi ! Il voulait… (sa voix se brisa à nouveau) Il voulait se sacrifier pour me protéger, Sammy… Il avait passé tout ce temps à me fuir pour éloigner les Léviathans de moi.
Sam sentit son cœur se déchirer. Bien-sûr que Cas avait fait ça…
– Et moi je l'ai laissé tomber ! Alors qu'il m'avait sauvé. Il m'a sauvé des Enfers, il m'a sauvé des anges, des démons, de l'Apocalypse ! Il m'a même sauvé des Léviathans ! Et je n'ai même pas été foutu de le tirer de ce merdier !
Sam sentit sa chemise s'humidifier. Il tapota doucement le dos de Dean, qui tressaillait par intermittence.
– On était… on y était presque. J'étais dans le portail, je le tenais par la main. On allait y arriver. Mais non ! (la poigne de Dean se crispa sur sa chemise) Il a fallu que je lâche sa putain de main !
Sam fronça les sourcils. Quelque chose ne collait pas.
– Tu as lâché sa main ?
Dean se crispa violemment contre lui.
– Sa main glissait, je le tenais mais… J'ai pas réussi à… Je n'ai pas… Elle a glissé. Je l'ai lâché. Je ne le tenais pas assez fort. J'aurais dû…
Il tremblait de tout ses membres. De colère, de tristesse, de frustration. Sam re-serra son étreinte, comme pour le protéger de ses mauvais souvenirs.
– Dean. Tu ne l'as pas laissé tomber. (un gémissement lui répondit, il reprit, plus fermement) Dean. Écoute-moi. Tu ne l'as pas laissé tomber. Je le sais. Tu tiens à lui comme tu n'as jamais tenu à personne, tu ne l'aurais jamais laissé tomber. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais ce n'est en aucun cas de ta faute, ok ?
Dean ne répondit rien et se serra encore davantage contre lui. Sam lui caressa lentement le dos.
– On va trouver une solution, je te le promets. On va le ramener, et on pourra être heureux, tous les deux.
FIN
Alors, que pensez-vous de ces retrouvailles revisitées ?
