Alors qu'il parlait quelques secondes plus tôt à Chourave, Harry se retrouva soudainement projeté au centre d'une salle circulaire. Lentement, il se leva de son trône et se dirigea vers ses Mangemorts agenouillés devant lui. Qu'ils étaient pitoyables, tremblant ainsi de peur face à lui.

Seuls trois d'entre eux ne suppliaient pas pour son pardon. Il y avait tout d'abord Bellatrix qui ricanait follement dans son coin, comme toujours. Elle lui demandait de la punir, pour ne pas avoir réussi à tuer bébé Potter. Il se détourna d'elle en se retenant de soupirer. Si la sorcière n'était pas aussi douée au combat, cela ferait longtemps qu'il se serait débarassé de cette folle.

Greyback était trop fier pour le supplier. Son loup intérieur n'aimait pas qu'il se soumette, alors Voldemort ne lui en tint pas rigueur. De toute façon sa fureur ne se tournait pas vers lui. Non, sa colère était tournée vers le responsable de cette mission et qui avait pitoyablement échoué.

« Snape. » sa voix était basse et cela pétrifia de terreur ses soldats. « Répète ce que tu viens de me dire.

- Je suis désolé Maître, la mission a échoué. Dumbledore est toujours en …

- Doloris ! »

Le sort avait quitté sa baguette sans même qu'il ne s'en rende compte. Il refusait d'entendre ça, Dumbledore ne pouvait pas être en vie. Il refusait ! Son espion lui avait rapporté qu'il s'affaiblissait de plus en plus depuis quelques mois. Et il savait qu'apparemment, sa main gauche était complètement nécrosée. Il en ignorait la cause, mais cela l'arrangeait.

« Et pourquoi ?

- Potter nous a attaqué pendant qu'on le tenait en joue. Ils se sont enfuis par les airs.

- Doloris ! »

Mais quels imbéciles. Ils avaient laissé un gamin de seize ans les mettre à terre. Qu'avait-il fait pour mériter des incapables pareils.

« Continue ton rapport.

- Nous comptons trois morts, quatre blessés graves, douze blessés superficiels et quatre prisonniers.

- Et dans l'autre camp ?

- Aucun mort, aucun prisonnier.

- Doloris ! »

Snape se tordait de douleur devant lui et cela lui faisait un bien fou. Cet inutile bâtard ne lui servait à rien. Il avait tout fait échoué après des mois de préparation. Tout cela pour rien.

« Severus, je commence à me demander comment un esprit aussi brillant a pu échouer à ce point une mission aussi simple. »

Snape reprenait difficilement son souffle à ses pieds. Apparemment, il n'était pas capable de lui fournir de réponse.

« Je me demande… Est-ce que cet échec est intentionnel ?

- Non Maître ! Ma loyauté est vôtre, jamais je ne vous trahirai. » s'exclama Snape, le regard empli de panique.

Qu'il était plaisant de le voir craindre pour sa vie, lui habituellement si imperturbable.

« Doloris ! Toujours les mêmes promesses, mais aucun résultat. Tu as conscience de ne pas être crédible, n'est pas Severus ? » Il ne lui laissa pas le temps de lui répondre. « Doloris ! »

Il ne croyait plus son Mangemort. Snape avait perdu sa confiance. Ses renseignements se faisaient de plus en plus inutiles, cela ne pouvait signifier que deux choses. Soit Dumbledore ne lui faisait plus confiance et ne lui donnait que des informations mineures, soit il l'avait trahie. Dans les deux cas, Snape ne lui était plus utile à rien. Il ne méritait que la mort.

Mais avant ça, il avait besoin de se détendre un peu.

« Doloris ! »

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Harry revint brusquement à lui. Toujours à genoux sur le sol cabossé de la tour d'astronomie, il n'eut qu'à se pencher en avant pour ne pas vomir sur ses propres jambes. Devant ses yeux défilaient les images de torture et il entendait raisonné à ses oreilles les cris de Snape.

« Il est furieux, il est si furieux. » marmonnait-il en boucle. Encore et encore.

Puis, il sentit du mouvement à ses côtés. Dumbledore s'était agenouillé à ses côtés tout en faisant disparaître la flaque de vomis.

« Qu'as-tu vu mon garçon ? »

Harry prit plusieurs profondes inspirations, ne quittant pas le sol des yeux. Il observait ses larmes mêlées au sang s'écoulant de sa cicatrice s'écraser goutte à goutte sur les pavés. Sa gorge lui faisait horriblement mal, il avait dû crier tout au long de sa vision. En y repensant, le garçon vomit une nouvelle fois, mais son estomac était vide. Seules quelques gouttes de bile sortirent de sa bouche.

« Combien de temps ? » demanda le Survivant, ignorant la question de son directeur.

Parler lui faisait mal. Harry toussa.

« Un peu moins de trois minutes. »

Harry pâlit. Il avait l'impression que cela avait duré bien plus longtemps. En moins de trois minutes, Voldemort avait lancé six Doloris à Snape.

« Il va mourir. » réalisa soudainement Harry, ne se rendant pas compte qu'il parlait à voix haute.

« Qui va mourir Harry ?

- Snape. » haleta-t-il. « Snape va mourir. Voldemort ne le croit plus, il veut s'en débarrasser.

- Donc il ne l'a pas encore fait ? » espéra Dumbledore.

« Non, il veut d'abord le torturer. Il … il veut s'amuser. Il riait. Il riait si fort ! » s'exclama Harry en plaquant ses mains sur ses oreilles. Mais c'était inutile, les rires résonnaient dans sa tête, pas autour de lui.

Pomfresh apparut soudainement à côté de Dumbledore et lui releva le visage en soulevant son menton de deux doigts. Elle essuya ses larmes et sa cicatrice avec un linge humide. Harry plongea dans le regard rassurant de l'infirmière et se força à rester ancré dans la réalité.

« L'objectif était l'assassinat de Dumbledore, mais ils n'ont pas réussi. » murmura-t-il. Il savait à quel point toute information venant de ses visions étaient importantes. « Snape est tenu responsable de l'échec de la mission. Il est puni pour ça, Voldemort pense que c'était intentionnel. Mais c'est faux, c'est de ma faute. J'ai … j'ai fait échouer leur mission, il est torturé par ma faute. »

Les yeux de Harry s'écarquillèrent d'effroi à cette réalisation. Snape était torturé parce qu'il l'avait empêché de tuer le directeur. Le directeur ne s'était pas défendu. Ils avaient un accord, comprit alors Harry. Snape tuait Dumbledore et s'assurait de cette façon que le Seigneur des Ténèbres croit en sa loyauté. Mais Harry avait tout fait foiré et Snape était torturé. L'Ordre avait perdu leur espion par sa faute.

Il voyait la bouche de Poppy bouger et ses bras gesticuler autour de lui, mais Harry n'entendait rien. Snape allait mourir parce qu'il avait agi sans réfléchir. Snape souffrait. Il n'aimait pas l'homme, mais son professeur de potions ne méritait pas un tel sort. Ils avaient parlé cette année, afin de pouvoir mettre leurs différends de côté.

Harry s'était excusé pour le comportement de son père. Snape avait décidé de reprendre les leçons d'occlumancie avec plus de pédagogie cette fois-ci. Désormais, bien que Harry soit toujours sujets à certaines visions, ce n'était plus que lorsque le Lord noir avait de fortes émotions. Il ne pouvait plus accéder à ses rêves et le piéger avec de fausses visions.

Depuis, Snape et Harry se supportaient et avaient cessé leurs enfantillages. Harry avait appris que son professeur était un espion pour Dumbledore et que sa loyauté était sans faille, ou du moins plus forte que sa loyauté envers le Seigneur des Ténèbres. Il s'était avoué qu'il respectait le sorcier, il était courageux pour être un espion et lui avait sauvé de nombreuses fois la vie.

Mais à cause de Harry, Snape était torturé et bien qu'ils n'étaient pas de bons amis, l'adolescent ne se le pardonnait pas.

Harry eut vaguement conscience qu'on lui présentait une potion et il avala sans même le réaliser. Quelques secondes plus tard, il tombait dans un profond sommeil sans rêve.

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Début de la bataille, point de vue d'Hermione.

Hermione était confortablement installé dans l'un des fauteuils de la salle commune des Gryffondors. Elle observait les flammes dansant dans la cheminée, bien qu'elle ne dégage aucune chaleur en cette chaude soirée de juillet. Elle tenait dans ses mains quelques parchemins. La jeune sorcière voulait relire une dernière fois ses notes pour son contrôle d'arithmancie le lendemain. Ce serait son dernier examen.

Du coin de l'œil, elle observait Ron et Dean jouer aux échecs, le premier écrasant largement le second. Puis son regard se déporta sur le portrait à l'entrée de la salle commune. Il était déjà 22h et Harry n'était toujours pas rentré de son entrevue avec Dumbledore. Elle avait vu le directeur le chercher à la fin de leurs examens un peu plus tôt dans la journée, mais son ami n'était toujours pas réapparu depuis.

Hermione espérait juste qu'il n'était rien arrivé à Harry. Avec l'angoisse, elle imaginait toute sorte de scénario. Peut-être que Dumbledore avait appris la mort d'un des membres de l'Ordre, peut-être Remus. Harry se serait alors isolé pour assimiler la nouvelle et surmonter le choc. Ou alors était-il tout simplement en train de papoter autour d'une tasse de thé. Une autre possibilité était que Harry suppliait depuis près de six heures le directeur afin de ne pas avoir à aller chez les Dursley cet été.

Hermione ne savait pas et ça la rendait folle. Elle n'arrivait pas à réviser correctement dans ces conditions et tant que Harry ne serait pas rentrée, elle savait qu'elle ne parviendrait pas à dormir. La sorcière jeta à nouveau un regard au plateau d'échecs et rencontra les yeux bleus de son ami roux. Ron aussi était anxieux.

Et soudain, la voix de Harry avait résonné dans tout le château. Elle mit quelques instants à comprendre que la voix provenait de l'extérieur du château. Elle s'empressa d'ouvrir l'une des larges fenêtres de la salle commune. Harry avait dû lancer un Sonorus extrêmement puissant s'ils pouvaient les entendre depuis l'autre bout du château. Le son lui vrilla les tympans et Hermione hésita à refermer la fenêtre. Finalement elle décida de laisser ouvert afin d'être certaine de ne rien louper.

Lorsqu'un grognement de douleurs et quelques insultes échappèrent à Harry, Hermione se tourna avec inquiétude vers Ron. Il s'était rapproché de la fenêtre et se tenait maintenant juste derrière elle. Plusieurs Gryffondors avaient quitté le dortoir pour venir écouter à la fenêtre avec eux. Les plus jeunes regardaient leurs aînés avec peur et ces derniers tentaient vainement de paraître plus serein qu'ils ne l'étaient réellement.

Lorsque Harry finit de parler, Hermione n'avait qu'une seule idée en tête, le rejoindre. Il était seul contre dix Mangemorts, peut-être même plus. Elle ne pouvait pas le laisser se débrouiller seul. Mais alors que Ron et elle se dirigeaient vers la sortie de la salle commune, Neville se dressa devant le tableau. Il voulait les empêcher de passer.

« Neville, qu'est-ce que tu fais ? » s'énerva Ron.

« Désolé les gars, mais Harry a dit que personne ne devait sortir des salles communes.

- Mais il a besoin de notre aide ! » s'insurgea Hermione à son tour.

Neville ne baissa pas le regard, pas même lorsque Hermione prit sa baguette en main. Visiblement elle était prête à se battre contre lui pour pouvoir aller aider Harry. Dean et Seamus se dressèrent aux côtés de Neville. Les cinq étudiants se fixèrent de longues secondes en chiens de faïences. Ils ne remarquèrent même pas le portrait qui s'ouvrit et se fermait derrière eux. Les étudiants suivaient les ordres de Harry et se réfugiaient dans les salles communes.

« Il est seul contre dix Mangemorts, peut-être même plus. Il ne peut pas gagner seul.

- Il a demandé de l'aide aux professeurs, pas à nous. » contra Neville.

« Ils ne seront pas assez nombreux et on ignore quand est-ce que l'Ordre du Phénix ou les Aurors vont arriver.

- Je ne vous voyais pas aussi lâches. » surrenchit méchamment Ron.

Dean et Seamus eurent un mouvement de recul alors que Ron pointait sa baguette sur eux. Ginny apparut soudainement aux côtés de son frère, ils étaient trois contre trois désormais. Neville savait qu'ils n'auraient aucune chance contre ces trois-là et soupira. Il le ferait pour Harry. Il leva à son tour sa baguette.

« L'expérience a montré que nous n'avons pas le niveau contre la plupart des Mangemorts. La dernière fois tout l'Ordre a été mis en danger à cause de nous. Il est plus dur de se battre en devant protéger des enfants ou en s'inquiétant pour sa famille. Ça n'aidera personne d'y aller. »

Ginny sembla hésiter quelques secondes. Il était vrai que pendant la bataille au département des Mystères, ils avaient été des poids morts. Mais depuis, ils s'étaient beaucoup entraînés. Neville le savait très bien, ils étaient puissants.

Hermione s'avança finalement, prête à lancer le premier sort. Cependant, elle n'eut pas le temps de faire un pas de plus qu'elle et les deux Weasley tombèrent au sol, complètement figés. Derrière eux, Lavande Brown et les jumelles Patil sourirent en réalisant que leur plan avait fonctionné. Les trois filles avaient profité de la dispute entre les six autres Gryffondors pour se glisser dans le dos d' Hermione et des deux rouquins afin de les stupéfixer dans leurs dos.

Ce ne fut que plusieurs dizaines de minutes plus tard que les trois amis furent libérés par leurs amis. Ces derniers se jetèrent immédiatement sur leurs pieds et les fusilla du regard.

« Vous avez intérêt à ce que tout le monde aille bien ! » cracha Hermione en courant vers la Grande Salle.

Elle espérait que Harry les y rejoindrait bientôt, sinon elle partirait à sa recherche dans tout le château. Les Gryffondors furent les premiers à pénétrer dans la Grande Salle, ils étaient seuls pour l'instant. Les professeurs n'étaient pas encore arrivés. Ils s'assirent en attendant à leur table, bien que l'anxiété les poussaient parfois à se lever et à faire les cents pas devant leurs amis.

Puis quelques professeurs pénétrèrent dans la salle. McGonagall se dirigea vers l'estrade pendant que Chourave, Sinistra et Vector fermait les grandes portes afin de s'assurer qu'aucun élève ne puisse s'échapper.

« Comme vous le savez tous, une rude bataille à eu lieu ce soir. » commença Minerva une fois le silence obtenu. « Mais j'ai le soulagement de vous rapporter que grâce à la réaction rapide de Mr Potter, des professeurs, des Aurors et de quelques combattants, les Mangemorts ont été défaits. Nous fêterons donc notre victoire ce soir. » sourit-elle d'un air fatigué.

Bien qu'elle ne dit pas clairement que l'Ordre du Phénix était intervenu, la plupart des élèves le comprirent. Bien que l'organisation était restée secrète pendant de nombreuses années, les débuts de la guerre avaient forcé ses membres à agir de plus en plus publiquement.

Quelques élèves applaudirent, tandis que d'autres soupiraient de soulagement. Pendant toute la durée de la bataille, ils étaient restés figés en fixant les portes de leurs salles communes. La peur de voir un Mangemort pénétrer la pièce leur tordant les entrailles. Avoir confirmation de leur défaite de la part de la directrice adjointe était un soulagement.

« Si vous êtes réunis ici maintenant, c'est pour permettre à vos professeurs de faire l'appel et de nous assurer qu'il n'y ait aucun absent. Les professeurs Chourave, Sinistra, Vector et moi-même passerons à chaque table afin d'y faire l'appel. Lorsque nous passerons devant vous, vous n'aurez qu'à nous dire votre maison, votre année, votre nom et votre prénom. Vous serez alors automatiquement comptabilisé comme présents dans nos registres. Merci de ne pas changer de place pendant le comptage. »

Puis, Minerva descendit de son estrade et commença à faire l'appel à la table des rouge et or.

Hermione fulminait et Ron était lui aussi rouge de colère à ses côtés. Ils n'auraient pas dû se rendre dans la Grande Salle et tout de suite partir à la recherche de Harry et des Weasley. Comme ils étaient placés en début de table, ils furent dans les premiers élèves à être interpellés par McGonagall.

« Excusez-moi professeur, est-ce que vous avez vu Harry ? » lui demanda Hermione d'un air inquiet.

« Et mes parents ? ou mes frères ? » ajouta Ron.

L'enseignante leur sourit gentiment et hocha doucement la tête. Hermione soupira de soulagement.

« Mr Potter a été très impressionnant. Vous pourrez aller le voir à l'infirmerie lorsque nous en aurons fini ici. J'ai croisé vos parents en venant ici, Mr Weasley. Ils vont tous les deux très bien, ils sont juste fatigués. Cependant, William a aussi dû être emmené à l'infirmerie, mais il devrait pouvoir se remettre rapidement. »

Cette fois-ci, la gryffondor devint aussi pâle qu'un vampire. Si Minerva parlait d'infirmerie, alors cela voulait dire que Harry avait été blessé. Elle espérait que cela n'était pas trop grave. Hermione attrapa la main de Ron sous la table sans même me réaliser. Elle avait besoin de réconfort. Ron tourna son poignet de telle façon à pouvoir entrelacer leurs doigts. Un coup d'œil à son ami fit réaliser à la jeune sorcière qu'il était tout aussi inquiet qu'elle, si ce n'était plus.

Quelques minutes s'écoulèrent avant que les portes de la Grande Salle ne s'ouvrent à nouveau. A peine eut-elle reconnu son meilleur ami que Hermione sauta sur ses pieds. Mais elle resta figée d'horreur en voyant Harry éviter son regard et se détourner d'eux. Harry n'avait encore jamais agi ainsi envers eux, la bataille avait vraiment dû être exténuante. Ron attrapa son bras et la fit se rasseoir sur son banc.

Derrière lui apparurent ensuite plusieurs sorciers dont les Weasley. Ces derniers accoururent vers Ron et Ginny, les embrassant et les serrant dans leurs bras. Ils étaient heureux qu'ils n'aient pas quitté leur salle commune. Hermione les salua rapidement avant de retourner son attention vers Harry et Malefoy qui se faisait traîner derrière lui par le bras.

La gryffondor écarquilla les yeux en réalisant que la présence du blond aux côtés de son meilleur ami signifiait qu'il avait participé à la bataille. Il n'était certainement pas un membre de l'Ordre du Phénix, Malefoy était donc un Mangemorts. Une pointe de culpabilité enserra le cœur de Hermione lorsqu'elle repensait aux tentatives de Harry pour la convaincre qu'il était bel et bien un Mangemort. Elle n'avait pas voulu le croire sous prétexte que Drago était trop jeune pour se faire marquer. Elle avait eu tort.

Hermione observa d'un air inquiet son ami marcher jusqu'à la table des Serdaigles. Harry avait une mine grave qu'elle ne lui avait encore jamais vue. Il n'avait pas l'air triste ou désespéré comme à la mort de Sirius ou un air coupable comme lorsqu'ils faisaient des bêtises. Non, Harry était juste froid et fermé. Elle ne lui avait jamais vu ce regard.

Elle remarqua également qu'il boitait légèrement et que l'un de ses bras était étrangement immobile, comme s'il était déboité. Puis, il s'arrêta devant un serdaigle et lui tendit quelques objets et alors, Hermione comprit. Un des sorciers morts au combat ce soir avait un fils qui étudiait à Poudlard. Elle regarda avec pitié ce garçon qui venait de perdre un proche. Ils parlaient trop doucement pour que Hermione et les Weasley entendent les paroles échanger. Puis vint une exclamation de la part du Serdaigle.

« Tu … Tu as tué mon père ? »

La Grande Salle se figea. C'était comme si toutes les personnes présentes retenaient leur souffle en attendant la réponse du Survivant. Hermione aussi était sous le choc. Non, ce n'était pas possible. Harry était un bon garçon, il était trop gentil pour faire ça. Mais Harry ne répondait pas et la jeune femme ne préférait pas penser à la raison de son hésitation. Oui, il devait tout simplement être trop choqué par la question pour pouvoir répondre.

« Oui. J'ai tué ton père. »

Et alors le monde de Hermione vacilla. Elle retomba sur son banc, les yeux écarquillés d'horreur. Elle vit du coin de l'œil Ron se tourner vers ses parents mais ces derniers n'avaient pas de réponse. Les Weasley étaient tout aussi choqués qu'eux. Harry se dirigea d'un pas lent vers eux et Hermione remarqua que ses chaussures étaient pleines de sang. Elle ignorait s'il s'agissait de celui de son ami ou celui de cadavres baignant dans leur sang, mais cette image lui donnait envie de vomir.

Pourtant, elle masqua aussi bien qu'elle le put ses émotions. Hermione ne voulait pas que son ami pense que son expression dégoûtée soit dirigée à son encontre. Ne voulant pas qu'il aperçoive son dégoût, elle se propulsa contre son torse. Enfouissant son visage dans le creux de son cou, son ami ne la dépassait que de quelques centimètres. Harry la serra faiblement avant que Ron ne la tire en arrière. Elle voulut s'insurger de ce traitement, mais un coup d'œil à Harry lui fit comprendre qu'elle lui avait fait mal. Honteuse, elle laissa le rouquin prendre sa place.

Elle était quelque peu jalouse en réalisant que pour une fois, Ron semblait bien mieux comprendre la situation. Le fait que Harry reste dans l'étreinte du Weasley bien plus longtemps que dans la sienne en était la preuve selon elle. Hermione détourna le regard, elle avait un peu honte de penser ainsi dans ce genre de situation. Peu importait qui réconfortait Harry, du moment qu'il se sentait mieux.

Puis, Harry fit asseoir Malefoy à leurs côtés et bien qu'étant généralement pour l'entente inter-maison, Hermione retint de justesse un mouvement de recul. Hermione ne croyait pas son ami. Il avait passé un an a essayé de prouver que le blond était un Mangemort et tout ça pour quoi ? Pour le couvrir en utilisant l'excuse de l'Imperium. Elle ne le comprenait pas.

Hermione le dévisagea quelques secondes, cherchant désespérément une justification à son comportement dans son regard. Pourtant, elle ne trouva aucune réponse et comprit que son ami ne lui en donnerait aucune. Ou du moins, pas pour l'instant.

Elle détourna le regard et c'est ainsi qu'elle remarqua que les vêtements de son ami étaient imbibés de sang. Hermione en avait presque oublié que ce dernier était blessé. Elle l'inspecta de la tête au pied et il ne lui fallut qu'une seconde pour réaliser dans quel état se trouvait le Survivant.

Son visage était couvert de poussière et du sang séchait le long de ses tempes. Son bras gauche ne bougeait pas, certainement à cause d'une blessure à l'épaule qui empêchait tout mouvement. Mais le plus inquiétant était le torse partiellement visible à travers les vêtements déchirés de Harry. Une immense balafre traversait son torse et un trou se trouvait à côté de son nombril. La blessure ne saignait plus, mais n'était pas pour autant refermée, laissant voir la peau déchiré et les intestins touchés de son ami.

Encore une fois, Hermione retint de justesse un haut le cœur tant bien que mal. Elle ne put même pas soigner quelques unes de ses blessures que Harry était déjà reparti, leur laissant Malefoy sur les bras.

« Vous avez vu, il lui manquait un doigt. » murmura Dean à ses camarades mais il se tint bien vite fasse au regard noir des deux meilleurs amis de Harry.

« Hermione, Ron, vous êtes couverts de sang. » s'horrifia Neville.

La gryffondor lança un sortilège de nettoyage sur elle-même et son ami avant de tourner son attention sur Drago. Elle avait besoin de réponse et le serpentard était le seul à pouvoir lui en offrir à cet instant. Hermione érigea donc une bulle de confidentialité autour d'elle, des Weasley, de Neville et de Malefoy, ainsi personne d'autre ne pourrait entendre leur conversation. Puis elle retira le sortilège de silence apposé sur Drago.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Comme si j'allais te répondre Granger. » se moqua Drago.

Hermione empêcha Ron de s'énerver sur Malefoy en levant une main devant lui.

« J'ignore quelle est ta situation actuelle. Mais si tu es vraiment un Mangemort, alors le fait que Harry te protège en faisant croire que tu es sous Imperium ne va pas plaire à Tu-Sais-Qui. En plus de ça, tu t'es fait capturer. Tu-Sais-Qui te punira s'il te remet la main dessus. Si j'étais toi, je réfléchirais sérieusement au fait de répondre ou non à nos questions. Peut-être que d'ici quelques heures et selon l'évolution de la situation, ta seule option sera de demander l'asile à Dumbledore.»

Malefoy grimaça en s'imaginant en train de supplier Dumbledore. Mais d'un autre côté, il n'avait pas vraiment aimé son expérience chez les Mangemorts. Cela n'avait rien à voir avec ce que son père lui avait raconté. Il n'y avait rien de gratifiant à l'idée de lécher les bottes de leur maître, même si c'était pour la bonne cause. En plus de tout cela, il avait échoué. Drago n'avait pas pu tuer Dumbledore, il serait puni pour ça. D'un autre côté, il était presque certain que le côté de la lumière ne laisserait pas un enfant comme lui combattre en première ligne. Et comme l'avait dit Harry plus tôt, sa famille n'avait plus grande valeur aux yeux du Lord noir, même si ça lui faisait mal de l'admettre.

« Bien, je vais vous raconter ce qu'il s'est passé. » soupira le blond.

Et alors il leur raconta tout ce qu'il avait vu ce soir. La chute de Dumbledore, son sauvetage par Harry, Harry qui se battait seul contre sept, la mort de Gibbon, l'arrivée des renforts de la Lumière, la mort de Rodolphus Lestrange, la fuite de Bellatrix et Greyback, les blessures de Harry que Maugrey avait soigné. C'était tout ce qu'il avait vu, mais les Weasley complétaient déjà son récit avec la suite de la bataille qui s'était déroulée dans les escaliers de la tour d'astronomie et dans le parc de Poudlard.

Hermione était horrifiée mais aussi impressionnée par tout ce qu'avait fait Harry ce soir. Si seulement elle avait pu être là, elle aurait peut-être pu lui éviter quelques plaies. C'est ce qu'elle aimait penser tout en essayant d'ignorer la petite voix qui lui disait que peut-être, elle n'aurait fait que le freiner. Que peut-être, si elle avait été là, Harry se serait fait tuer à cause de sa faiblesse.

Hermione ne savait pas et cela la rendait folle. Était-elle vraiment aussi faible que ce que tout le monde disait aujourd'hui ? Était-elle devenue un poids-mort pour Harry ?

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Lorsqu'il reprit ses esprits, Harry reconnut immédiatement le plafond de l'infirmerie de Poudlard. Il s'était réveillé si souvent avec cette vue qu'il lui était aisé de reconnaître cet environnement en un battement de paupière. L'adolescent sourit en songeant que même à deux jours des vacances d'été, il avait réussi à se retrouver une dernière fois dans l'antre de Poppy Pomfresh.

Puis, son sourire disparut. Ses derniers souvenirs se rappelaient à lui et Harry perdit rapidement des couleurs. C'était la première fois qu'il tuait de sa propre main un homme. Non, deux hommes. Il s'était toujours senti coupable de la mort de ses parents depuis que le garçon connaissait l'existence de la prophétie, de celle de Cédric Diggory ou encore du décès de son parrain, décédé en essayant de le secourir. Il y avait d'innombrables autres morts dont Harry se sentait responsables.

Mais le sentiment de culpabilité et de colère envers lui-même et sa faiblesse n'était rien face aux tumultes de ses émotions à cet instant. Harry n'avait pas voulu ses morts, mais il n'avait pas non plus tenté de les esquiver. Il aurait pu se contenter de Stupéfix et d'Expelliarmus comme à son habitude ou bien faire un peu plus attention à ce qu'il attirait à lui pour se protéger du sort de mort de Carrow. Harry savait que ces morts auraient pu être évitées par bien des moyens, mais il n'avait pas jugé utile d'utiliser la moindre de ces alternatives. Parce qu'ils étaient en guerre, qu'il y aurait forcément des morts, parce qu'aucun de ses compagnons ne le blâmerait pour la mort d'un Mangemort, parce que cela permettait d'affaiblir les troupes de Voldemort.

Mais Harry ne voyait pas ces raisons qui pourraient atténuer sa culpabilité. L'adolescent ne voyait en Gibbon qu'un père, un mari, un ami, un fils et peut-être même un frère ou un grand-père que lui, Harry Potter avait arraché à ses proches. Il refusait d'atténuer la gravité de ses actes en se trouvant des excuses. Harry se le refusait.

Puis il se sentit d'autant plus coupable en songeant qu'il avait complètement occulté de son esprit la mort de Rodolphus Lestrange. Comme si cet homme avait moins de valeur que Gibbon. Harry se haïssait de penser cela, Rodolphus avait un petit-frère, il avait lui aussi une famille. Même si rien au monde ne pourrait le faire se sentir désolé pour sa femme Bellatrix, le Survivant pouvait au moins culpabilisé en songeant à Rabastan Lestrange.

Harry avait grandi toute son enfance en entendant aux JT des Dursley que seuls des monstres dénués de sentiments, des fous obsessionnels ou des malades mentaux pouvaient commettre des meurtres. Puis une fois arrivé dans le monde magique, on lui avait parlé des Mangemorts et de leurs crimes affreux durant la première guerre. Mais jamais, au grand jamais, on ne l'avait préparé à apprendre que chez les sorciers de la Lumière, il y avait aussi des meurtriers. Que cela se fasse en temps de guerre ne lui importait pas, Harry réalisa juste que le camp de Dumbledore n'était pas blanc comme neige. Ils avaient eux aussi du sang sur les mains.

Sa poitrine le compressait et sa tête le faisait atrocement souffrir. Harry réalisait petit-à-petit toute la portée de ses actes. La culpabilité était remplacée par de la compassion envers les victimes. Puis la compassion laissait place à une colère sourde envers lui-même, rapidement remplacé par une haine profonde. Enfin, la haine disparaissait et la culpabilité revenait en force. Harry se sentait monstrueux.

Soudain, un haut le cœur le secoua et il n'eut que le temps de se pencher vers le bord de son lit avant de régurgiter quelques restes de potions et de bile sur le sol. Harry songea distraitement qu'il avait certainement plus vomit dans les dernières heures que depuis le début de sa scolarité. Puis il se fustigea de songer à de telles futilités alors qu'à l'autre bout du château, un Serdaigle pleurait la mort de son père par sa faute.

Les larmes coulèrent toute seule sur ses joues alors que Harry se remémorait l'air dévasté et profondément perdu qu'Aleister lui avait renvoyé la veille. Par Merlin, il avait été si froid face à lui. Mais Harry n'avait pas réalisé toute la portée de son geste la veille, il n'avait pas pris pleinement conscience de ses actions. Comment avait-il pu se présenter sans aucune honte devant le fils de sa victime. Il ne se comprenait plus lui-même, l'adolescent se souvenait simplement qu'à ce moment-là, c'était la chose la plus logique qu'il avait trouvé à faire.

Harry entendit vaguement quelques sons étouffés autour de lui. Certainement Mrs Pomfresh qui lui lançait quelques sortilèges de diagnostic et soudain, il sentit une profonde fatigue l'envahir. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se rendormir.

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Harry ne reprit conscience que trois jours plus tard, soit quatre jours après la bataille. A son réveil, il n'eut pas le temps de replonger dans ses sombres pensées, Dumbledore lui parlait déjà. L'adolescent eut du mal à suivre toute la conversation, mais il en comprit les idées principales. L'homme ne lui parlait que de banalités.

« Bonjour Harry, je suis heureux de voir que tu te réveilles enfin. Tu as loupé quelques magnifiques journées, cet été commence très bien » sourit le vieil homme, continuant de babiller joyeusement.

Harry eut du mal à se retenir de demander au vieux sorcier de se taire. Sa tête le faisait atrocement souffrir et sa voix ne faisait qu'aggraver sa migraine. Cependant il avait trop de respect pour Dumbledore pour pouvoir lui demander de se taire. Alors Harry attendit patiemment qu'il termine son long monologue afin de lui poser ses questions.

« Alors j'ai loupé le train ?» réalisa–il soudainement.

S'il était inconscient plusieurs jours, alors l'année scolaire devait être terminée. Albus hocha de la tête.

« Le train est parti mercredi et nous sommes vendredi. Tes amis m'ont demandé de te remettre ces quelques lettres et cadeaux de rétablissement. » lui apprit le directeur.

Il lui pointa du doigt sa table de chevet et Harry écarquilla des yeux en apercevant la pile de chocolat, de sucreries et de lettres qui était empilée dessus. Il sourit en songeant à ses amis, bien qu'il était déçu de ne pas avoir pu leur dire au revoir.

« Je ne me souviens plus trop de ce qu'il s'est passé après la bataille. Je crois que je parlais à des Aurors. » songea finalement Harry à voix haute.

Il remarqua qu'à ses côtés, Dumbledore avait perdu son perpétuel sourire en coin et cela l'inquiéta quelque peu. Le directeur de Poudlard ne perdait que très rarement son sourire et le pétillement joyeux de son regard.

« Tu as eu une vision. » souffla finalement Albus en portant son regard sur sa cicatrice.

Harry la toucha machinalement d'un air confus. Puis, ses yeux s'écarquillèrent d'effroi en se rappelant des derniers évènements précédents sa perte de connaissance. Il avait vu Snape se faire torturer par la main de Voldemort. Snape était peut-être même mort à l'heure qu'il était. Tout cela par sa faute, parce qu'il avait empêché le maître des potions d'accomplir sa mission. Parce qu'il s'était immiscé dans la l'arrangement de Snape et de Dumbledore.

En se souvenant de ce détail, Harry se rappela soudainement de sa colère envers son directeur. Ce dernier avait décidé de mourir, ou plutôt de se laisser tuer, sans même le prévenir alors que tout cela se passerait devant ses yeux. Est-ce que le vieil homme avait seulement imaginer le désespoir qui avait traversé Harry à ce moment-là ? Avait-il pensé au traumatisme que cela pouvait être de voir le sorcier en qui il avait certainement le plus confiance mourir devant ses yeux ? Le voir abandonner aussi facilement ?

Toute la colère qu'il avait ressenti en réalisant tout cela quelques jours plus tôt submergea à nouveau Harry. Il se redressa difficilement dans son lit et porta son regard accusateur sur Dumbledore. Ce dernier eut le toupet de lui renvoyer une expression d'incompréhension et cela fut la goutte de trop pour Harry.

« Vous aviez prévu de mourir. » accusa-t-il sombrement.

« En effet. »

Harry serra ses poings autour de ses draps lorsque Dumbledore lui répondit d'un ton tout à fait calme. C'était comme s'il trouvait cela étrange que Harry ne comprenne pas ce choix. Harry explosa face au calme agaçant de l'homme.

« Et à quel moment vous êtes-vous dit que c'était une bonne idée ? Je sais très bien que vous détestez parler de vos plans, vous parlez toujours des choses lorsqu'il est trop tard. Mais avez-vous au moins parlé à quelqu'un de vos intentions ? » voyant que Dumbledore allait parler, Harry poursuivit rapidement. « Et Snape ne compte pas.

- Professeur Snape » le reprit machinalement Albus, Harry n'y prêta pas attention.

« Pensez-vous vraiment que votre mort aurait été utile si personne n'était au courant pour comprendre que Snape obéissait à vos ordres. On aurait tous pensé qu'il était un traître, on lui aurait tourné le dos. Il aurait assuré sa place d'espion auprès de Voldemort, mais ça n'aurait servi à rien s'il ne peut plus contacter l'Ordre parce qu'on pense que c'est un traître. »

Harry reprit difficilement sa respiration, mais ne laissa pas Dumbledore s'exprimer pour le moment. Il leva de façon très irrespectueuse sa main afin de le faire taire. Il ne lui fallut que quelques secondes avant de reprendre.

« Si vous n'avez pas voulu m'en parler, je comprends. Mais avez-vous au moins laissé des instructions à suivre pour L'Ordre. » l'air coupable d'Albus lui suffit comme réponse. « Vous êtes notre leader, si vous mourrez, alors l'Ordre du Phénix n'a aucune raison d'exister. Vous n'avez même pas désigné de successeur si vous venez à disparaître. Pour les membres les plus importants, il est évident que je ne ferai pas un bon leader. Alors que les membres plus secondaires et pour ceux qui ne me connaissent pas, il est évident que c'est au Survivant de prendre le flambeau. Cette situation n'aurait fait que créer des tensions, de plus, je vois mal McGonagall ou Maugrey prendre votre place. Peut-être Shacklebolt, mais il a déjà assez à faire avec le Ministère en tant que chef du bureau des Aurors. Quant à moi, la recherche des autres Horcruxes ne m'aurait peut-être pas permis de diriger correctement l'Ordre, en plus du fait que je ne connais rien aux stratégies de guerre. Alors Dumbledore, répondez-moi honnêtement, avez-vous prévu un testament répondant à toutes les problématiques que votre mort aurait causé ? »

Harry était à bout de souffle, sa tête lui tournait et ses blessures au torse s'élançaient. Sa respiration saccadée tirait sur la peau de sa poitrine. Pourtant, il ne prêta pas attention à sa douleur et Harry plongea son regard furieux dans celui désabusé du directeur. Visiblement il ne s'attendait pas à de telles remontrances, surtout venant d'un de ses élèves. Pourtant il devrait bien savoir que les colères de Harry n'épargnaient personne, pas même le sorcier le plus puissant de ce siècle.

« Je dois avouer que bien qu'ayant rédigé un testament, je crains ne pas avoir songé à toutes ces éventualités. »

Son ton était incertain et Harry fut surpris de réaliser que c'était bien la première fois qu'il voyait Dumbledore ainsi. Pourtant il n'était pas près de le pardonner de si tôt. Il n'avait même pas envie d'écouter ses justifications ou ses excuses. S'il jugeait que des excuses étaient de mise.

« Je ne veux pas vous entendre. » Harry s'était retenu de justesse de lancer à son directeur un irrespectueux « taisez-vous ! ». « Sortez d'ici !

- Harry, je dois encore te parler des dispositions pour cet été. Bien que je comprenne ta colère, nous devons parler des Dursley. »

Harry se dit à cet instant que peut-être que Ron avait raison, Dumbledore était sénile. Ce n'était évidemment pas le moment de parler des Dursley, il était déjà bien assez en colère.

« DÉGAGEZ ! »

Cette fois-ci, Harry ne prit pas la peine de retenir sa colère ou de faire attention à son langage devant un adulte. Un vent fort se leva soudainement et moins d'une seconde plus tard, Dumbledore se retrouvait en dehors de l'infirmerie, les portes claquant derrière lui. Harry fut choqué de voir sa magie jeter le directeur hors de la pièce, si bien qu'il n'entendit même pas Pomfresh se précipiter à ses côtés.

Le directeur avait demandé à l'infirmière d'aller dans son bureau quelques minutes afin de pouvoir parler avec Harry à ses réveil de quelques sujets importants. Bien que réticente à l'idée de ne pas être la première personne à parler à son patient, Poppy avait accepté. Mais seulement pour dix minutes. Cependant elle fut obligée de rejoindre Harry plus tôt que prévu en entendant le raffut qui provenait de son infirmerie.

Quelle ne fut pas la surprise de Poppy Pomfresh de voir le directeur de l'école être mis à la porte par l'un de ses élèves d'une des pièces du château dont il avait le contrôle. L'infirmière aurait presque pu rire de l'expression du vieil homme. Mais la respiration saccadée de son patient et la teinte rouge que prenaient les bandages de ce dernier l'en empêcha. Sa blessure au ventre s'était rouverte.

Poppy soigna rapidement Harry qui, pour une fois, ne fit aucune protestation. Elle qui rêvait de ce jour depuis la première année du garçon avait envie de lui demander de retrouver son caractère rebelle. Elle savait très bien que le garçon n'aimait pas se retrouver à l'infirmerie et il essayait toujours de la fuir le plus rapidement possible. Alors voir Harry aussi docile et calme avait de quoi la rendre aussi inquiète.

Ce ne fut que lorsqu'elle finit de ranger les derniers baumes et bandages non utilisés dans ses placards que Harry prit enfin la parole. Sa voix était basse, il était évident qu'il était épuisé de sa précédente conversation.

« Dumbledore a parlé des Dursley. Quand dois-je aller chez eux ? »

Poppy fronça des sourcils. Elle avait parfaitement remarqué que le garçon avait dit "chez eux" et non « rentrer chez moi ». Tout comme McGonagall avec qui elle en avait déjà parlé, Poppy se doutait que Potter n'était pas heureux chez ses tuteurs. Mais peu importait le nombre de fois qu'elle essayait d'en parler à Albus, ce dernier faisait la sourde oreille. Il prétextait toujours que Harry devait se rendre chez ses Moldus pour sa propre sécurité.

« Je suppose que je peux prétexter devoir vous garder encore une semaine. Peut-être même deux. » sourit Pomfresh d'un air complice.

Harry la regarda avec surprise avant de lui offrir un sourire amusé et reconnaissant. Cependant, il secoua doucement sa tête de gauche à droite.

« Merci Mrs Pomfresh, mais ce ne sera pas nécessaire. Je n'ai pas envie de rester ici trop longtemps. » il attendit quelques secondes avant d'ajouter. « Je veux dire à Poudlard, avec Dumbledore. Pas dans votre infirmerie. »

Poppy lui sourit gentiment, elle comprenait. Bien qu'elle puisse interdir l'accès de son antre aux élèves ou à certains professeurs, il était impossible de bloquer complètement le directeur.

« Bien, dans ce cas je suppose que si vous restez immobile et ne rouvrez plus vos blessures, alors vous pourrez partir d'ici deux ou trois jours. Nous verrons selon l'évolution de votre cicatrisation. »

Harry hocha de la tête. Puis, il s'installa dans une position un peu plus confortable avec l'aide de l'infirmière afin de pouvoir manger son petit-déjeuner. C'était bien la première fois de sa vie qu'il avait hâte de retourner chez les Dursley.