Harry se réveilla une nouvelle fois en sueur dans son lit. Il avait encore eu une vision.

Il était sorti de l'infirmerie de Poudlard cinq jours plus tôt. Là-bas, il Harry avait pu éviter les visions de Voldemort grâce à de la potion de Sommeil-Sans-Rêves que Pomfresh lui avait gentiment donnée. Bien que rien dans son traitement ne l'exige. Certainement avait-elle voulu lui donner un peu de répit avant de se rendre chez les Dursley.

« Tais-toi garçon ! » s'écria Vernon de l'autre bout du couloir, depuis son lit.

Visiblement, Harry avait encore crié et cela avait réveillé son oncle. Il pouvait déjà s'estimer heureux que ce dernier n'était pas venu dans sa chambre pour lui mettre une gifle. Harry était fasciné de voir comment sa famille changeait d'un été à l'autre. L'année précédent, Vernon avait eu une étrange lubie qui était de lui lancer ses chaussons à la figure à chaque fois que Harry faisait quelque chose pour lui déplaire. Cette année, Vernon avait décidé de garder ses chaussons à ses pieds, préférant distribuer gifle sur gifle à son neveu.

Quelques minutes plus tard, les ronflements sonores de son oncle furent à nouveau perceptibles à travers sa porte et Harry soupira. Etrangement, bien que les ronflements de Ron ou de Neville ne lui fassent plus aucun effet, ceux de son oncle avait le don de lui taper sur le système.

Sachant pertinemment qu'il n'arriverait plus à se rendormir, Harry plaça ses bras derrière sa tête et se mis à observer son plafond. Un lampadaire placé quelques mètres plus loin dans la rue éclairait sa chambre, lui permettant de fixer les imperfections du plafond blanc. Inévitablement, son esprit se concentra sur sa vision et un soupir lui échappa. Harry regarda l'heure, il était 1h32.

Voldemort n'avait donc rien d'autre à faire à cette heure-ci que de torturer Snape. Cela faisait cinq nuits qu'inévitablement, la fureur dévastatrice du mage noir balayait ses quelques boucliers mentaux et l'assaillait de vision. Visiblement, ce dernier n'arrivait toujours pas à accepter la trahison de Snape et n'était pas près de le tuer tant que sa colère ne diminuerait pas un peu.

Harry eut pitié de son ancien professeur de potions. Du peu de choses que Dumbledore et Remus avait bien voulu lui dire, Harry savait que la base de Voldemort se trouvait au manoir Malefoy, mais que ce dernier ne s'y rendait que pour les réunions de Mangemorts ou pour voir les prisonniers. Autrement, il passait son temps dans son bureau qui se trouvait autre part. Certainement un lieu ignoré de tous afin que personne ne puisse tomber sur ses plans par hasard.

De plus, Harry avait parfaitement conscience qu'étant le quartier général des Mangemorts, le manoir Malefoy bénéficiait certainement de protections parfaitement efficaces, rendant certainement le lieu indétectable à toutes sortes de magie. Autant dire que l'Ordre du Phénix n'avait aucune chance de pouvoir élaborer un plan de sauvetage pour libérer Snape. Ils ne risqueraient pas aussi gros pour l'homme, même s'il avait été un excellent espion et était un des meilleurs maîtres des potions au monde. Harry se sentait mal de penser cela, mais l'homme n'en valait plus la chandelle maintenant que Voldemort l'avait démasqué.

Nauséeux à l'idée de penser cela d'un être humain, Harry se releva précipitamment et commença à faire les cents pas dans sa chambre. Ce ne fut qu'au bout d'une vingtaine de minutes que Harry réalisa la stupidité de sa situation. Il était là, coincé chez les Dursley en train d'essayer de trouver un moyen de convaincre Dumbledore de sauver Snape, un homme qu'il détestait.

Soupirant face à son comportement incompréhensible, Harry s'affala sur son lit. Son regard se porta une nouvelle fois sur son plafond. Un léger rire lui échappa lorsqu'il réalisa qu'une des tâches jaunâtres ressemblait à Dobby, l'elfe de maison qu'il avait aidé à libérer quelques années plus tôt.

Quelques secondes passèrent avant que Harry ne se redresse à nouveau. Mais oui, il avait sa solution. S'il n'existait aucun moyen de convaincre l'Ordre de sauver Snape, alors il n'avait qu'à le faire lui-même. Il savait même qui contacter pour avoir des informations sur le manoir Malefoy.

« Dobby ! » appela d'un air surexcité Harry.

Puis, il plaqua ses mains sur sa bouche d'une façon assez comique, afin de s'empêcher de faire plus de bruit. Les ronflements de Vernon se stoppèrent quelques secondes avant de reprendre de plus belle. Harry soupira.

Au même instant, un jeune elfe de maison apparut devant dans un pop sonore. Harry lui fit rapidement signe de ne pas faire de bruit, avant même que Dobby puisse le saluer aussi joyeusement qu'à son habitude. L'elfe semble comprendre la situation et s'assit calmement à même le sol en face de Harry. Visiblement le garçon voulait lui parler de quelque chose de sérieux et Dobby saurait l'écouter sagement.

« Dobby, j'aurai besoin de ton aide.

- Que peut faire Dobby pour le grand sorcier Harry Potter ? » même en chuchotant, la voix de Dobby était toujours aussi admirative du sorcier qui l'avait libéré, ce qui rendit Harry légèrement mal à l'aise.

« Avant que tu ne deviennes libre, tu travaillais bien pour Lucius Malefoy, n'est-ce pas ? » Dobby hocha de la tête. « Existe-t-il des barrières magiques qui t'empêcheraient d'y retourner sans que les Malefoy ne le sachent ? »

Dobby sembla réfléchir quelques instants avant de répondre.

« Dobby n'en est pas certain. Mais Dobby pense qu'il peut transplaner chez les Malefoy parce qu'il y a déjà été avant, mais que des alertes les en informeront. La demeure ancestrale des Malefoy est très bien protégée.

Harry resta silencieux quelques instants. Cela n'arrangeait pas ses affaires. Il avait espéré pouvoir s'introduire en douce grâce à Dobby, chercher Snape et repartir tout aussi discrètement. Cependant, il ignorait exactement où était emprisonné Severus. Il ne pouvait donc pas se permettre d'être repéré dès son arrivée, il ne pourrait pas faire ses recherches en paix. Harry soupira.

Il allait devoir trouver un plan pour pouvoir pénétrer le manoir Malefoy sans l'aide de Dobby. Il ne pourrait compter sur lui que pour la fuite.

« Dobby, j'aurai une mission à te confier. Mais tu ne dois en parler avec personne, pas même Dumbledore ou Winky. » précisa Harry en se rappelant l'amitié liant les deux elfes, ou que le directeur de Poudlard était l'employeur de l'elfe.

Dobby hocha vivement de la tête, lui faisant signe qu'il comprenait.

« Bien. Je vais me rendre au manoir Malefoy pour libérer le professeur Snape. »

Dobby haleta en le fixant de ses grands yeux globuleux. Comme s'il n'arrivait pas à comprendre ce que Harry venait de dire.

« Mais Harry Potter déteste Severus Snape. Harry Potter ne peut pas faire ça, c'est trop dangereux !

- Chut Dobby, il ne faut réveiller personne. » chuchota Harry.

Dobby plaqua ses mains sur sa bouche et sembla sur le point de pleurer pour avoir commis une faute.

« Je ne t'en veux pas. » le rassura Harry. « Ecoute Dobby, Snape n'est pas aussi mauvais que ce que je pensais. Il m'a beaucoup aidé par le passé et j'aimerai lui retourner la faveur. Je suis le seul à pouvoir lui sauver la vie. »

Harry attendit que l'elfe se calme avant de poursuivre.

« J'agirai dans deux jours. » Harry jeta un coup d'œil à sa montre et se rectifia. « Enfin demain plutôt. Pour le moment, je ne peux pas utiliser la magie ici, ni toi. Le Ministère risque de nouveau de m'envoyer une convocation pour usage abusif de magie alors que je ne suis pas encore majeur. Je vais donc avoir besoin d'un peu de temps pour tout préparer, mais je dois agir vite avant que Snape ne soit exécutée. »

Harry se plongea dans ses pensées et Dobby attendit patiemment qu'il lui donne ses instructions. Le Survivant pesta mentalement en réalisant qu'habituellement, c'était Ron et Hermione qui élaborait les plans. Étrangement, il était celui qui avait toujours le rôle principal, il était en quelque sorte le leader de leur petit trio. Mais c'était toujours les deux autres qui avaient un plan, une idée ou une solution. Ils lui manquaient.

« Mercredi à onze heures, je ferai en sorte d'être dans ma chambre. Tu me rejoindra ici, est-ce que tu pourras me faire transplaner à proximité du manoir Malefoy ?

- Oui, Dobby peut faire cela.

- Bien. Ensuite, tu devras me laisser seul pour ne pas te faire repérer tout de suite. Je trouverai un moyen de pénétrer dans le manoir et je t'appellerai lorsque j'aurai trouvé Snape. Tu devras immédiatement nous attraper et nous faire transplaner ici, à Poudlard ou au Square Grimmaurd.

- Transplaner avec deux sorciers est très dur. Dobby ne pense pas pouvoir aller jusqu'à Poudlard.

- Où se trouve le manoir Malefoy ? » Harry se trouva bête de ne demander cela que maintenant.

« Dans le Wiltshire.

- Alors tu nous transplaneras dans ma chambre, le Surrey est un peu plus près que Londres du Wiltshire. » L'elfe hocha de la tête, d'accord avec le plan. « Bien, maintenant pourrais-tu me dire tout ce qu'il y a d'utile à savoir sur le manoir Malefoy ? »

Pendant le reste de la nuit, Dobby et Harry élaborèrent un plan suffisamment crédible pour pouvoir être mis en pratique. Dans le pire des cas, Harry espérait au moins pouvoir appeler Dobby afin de s'enfuir seul. Il essayait d'occulter de son esprit qu'en réalité, le pire des cas était d'être tué à vue par un Mangemort avant même de pouvoir appeler Dobby à l'aide. Harry frissonna d'horreur à cette pensée et la repoussa au fond de son esprit.

Ce ne fut qu'aux premières lueurs du jour que Dobby quitta la pièce, laissant Harry rassembler ses pensées pendant quelques minutes avant que sa tante ne le sorte de sa chambre pour qu'il fasse ses tâches.

Par chance, Pétunia avait prévu de faire des courses et de prendre le thé ce jour-là chez une voisine, Vernon travaillait et Dudley avait disparu jusqu'à tard dans la soirée. Ainsi Harry avait été seul la majorité de la journée. Il s'était donc faufilé avec facilité dans la chambre de sa tante et de son oncle afin de récupérer les clés du placard sous l'escalier. Bien que Vernon ne le sache pas, Harry savait très bien qu'il cachait la clé dans le second tiroir de sa table de nuit.

Ensuite Harry récupéra sa baguette ainsi que quelques fioles de potions qu'il gardait toujours dans sa malle. Il semblerait que les remontrances de Maugrey et ses « Vigilance constante » criés à tout va, l'influençaient plus que Harry ne l'avait pensé. Ainsi, il cacha dans un sac quelques potions de soins, un baume d'asclépiade tubéreuse, de l'essence de dictame, des bandages, de la gaze, de la poudre d'obscurité instantanée du Pérou (toujours utile en cas de fuite), le couteau qu'il avait hérité de Rodolphus Lestrange, une boîte de gâteaux secs et de l'eau. Il attrapa également une tenue sorcière noire de combat, majoritairement faite en peau de dragon. Heureusement qu'il en avait acheté deux exemplaires, au cas où la première serait détruite. Puis, il cacha les vêtements et le sac dans sa chambre en y ajoutant sa cape d'invisibilité au passage.

La prochaine étape fut d'intercepter son cousin. Bien qu'il ne lui fasse pas tout à fait confiance, Harry avait bien conscience qu'il avait besoin qu'au moins une personne autre que Dobby sache où il allait et ce qu'il allait faire. Il était hors de question de prévenir un membre de l'Ordre, ce dernier tenterait de l'empêcher d'agir. De même pour oncle Vernon ou tante Pétunia, ils lui colleraient une paire de claques avant de l'enfermer dans sa chambre. Et même si Harry pouvait en sortir grâce à Dobby, il n'avait pas envie qu'ils sachent ses plans. Il ne restait donc que Dudley.

Ce dernier rentra vers 22h et fut assez intrigué en entendant Harry l'appeler depuis sa chambre pour qu'il prenne la peine de le voir. Dudley avait beaucoup changé ces deux dernières années. Depuis l'incident des détraqueurs, ce dernier s'était radouci avec Harry. Et bien qu'ils s'ignoraient cordialement la plupart du temps, il arrivait de rare fois que Dudley engage un début de conversation avec son cousin. Il était donc surpris que Harry fasse le premier pas, c'était bien la première fois que ça arrivait.

« J'ai une faveur à te demander.

- Qu'est-ce que c'est ? » demanda Dudley surpris.

« Demain matin, je partirai pendant quelques heures, voire jours. Personne ne doit le savoir.

- Pas même les … les sorciers ? » Dudley butta sur le mot que Vernon lui avait toujours interdit de dire.

« Oui, surtout les sorciers. Ils le sauront à un moment donné, enfin je pense. Mais tu ne devras rien leur dire. Si jamais un vieux sorciers avec une longue barbe blanche un peu comme Merlin l'Enchanteur, vient ici, ne le regarde pas dans les yeux. Il peut lire dans les pensées. Normalement, c'est le seul qui puisse le faire. »

Dudley blêmit quelque peu. Il n'avait aucune envie qu'on lise dans son esprit.

« Et que vas-tu faire ? »

Harry fut surpris de détecter dans le ton de sa voix plus d'inquiétude que de suspicion.

« Je ne sais pas si tes parents te l'ont dit, mais il y a une guerre dans mon monde. » Dudley hocha de la tête. « L'un des nôtres à été capturé par le camp adverse. Personne n'ira le chercher, il y a trop de risques alors il a été décidé d'un commun accord qu'on devait le laisser mourir. Il ne révèlera de toute façon aucune information, même sous la torture. »

Cette fois-ci, Dudley ne put empêcher un halètement choqué de lui échapper. Il savait bien sûr que pendant les précédentes guerres Moldues et que même aujourd'hui à travers le monde, des soldats ou autres personnes pouvaient être torturées en échange d'informations. Cependant il n'avait pas réalisé que quelqu'un d'aussi proche que son cousin pouvait faire face à cette éventualité.

« Si je ne suis pas là dimanche soir, alors j'aimerai que tu postes ce colis ou que tu le donnes à un sorcier s'ils viennent ici ce jour-là.

- Qu'est-ce qu'il y a dedans ? » demanda avec crainte Dudley.

« Une copie de mon testament, quelques informations que je dois transmettre à Dumbledore et des lettres pour mes amis. »

Dudley attrapa la grosse enveloppe d'une main et attira de l'autre son cousin dans une étreinte forte. Ce n'était pas aussi réconfortant ou chaleureux que lorsque Ron ou Hermione le prenaient dans leurs bras, mais Harry se sentit étrangement bien. C'était la première fois que Dudley le touchait pour faire autre chose que de le frapper. Cette constatation fit mal à Harry, mais le libéra également d'un poids qui pesait sur sa poitrine. Visiblement, il avait encore une famille qui l'aimait, ou du moins à qui il allait manquer.

« Ne fais rien de trop stupide, okay ?

- Oui, je prendrai le moins de risque possible. Je veux juste parer à toutes les éventualités. »

Dudley le serra encore quelques instants avant de s'éloigner de deux pas. Il se racla la gorge d'un air gêné avant de lui souhaiter bonne nuit.

« Bonne nuit à toi aussi Dudley. » lui sourit Harry.

Une fois son cousin partit, Harry se rapprocha de son lit et se baissa afin de soulever la latte qui se trouvait en dessous. Il y fouilla quelques secondes avant d'en tirer une petite fiole contenant une dizaine de gouttes d'une potion violette. Harry la posa sur sa table de nuit et se prépara à aller au lit.

Il avait réussi à voler quelques échantillons de potion de Sommeil-Sans-Rêves à Slughorn cette année pendant l'une de ses retenues sans que l'homme ne s'en rende compte. Harry se félicita d'en avoir gardé une pour un cas de force majeur. Il était important qu'il soit bien reposé pour ne pas tomber de fatigue au mauvais moment le lendemain. Le stress ou une vision ne devaient pas nuire à sa mission.

Une fois confortablement installé dans son lit, ou du moins aussi confortablement installé que possible sur son lit de camp, Harry avala sa potion et plongea rapidement dans un sommeil des plus profond.

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Le lendemain, Harry se réveilla en pleine forme.

Il fit ses tâches comme si de rien était. Puis, lorsque le programme de télé-achat préféré de sa tante débuta à 10h45, Harry s'éclipsa discrètement dans sa chambre. Il serait tranquille jusqu'à son départ, une fois devant son programme, Pétunia n'entendait et ne voyait plus rien d'autre.

Harry attrapa son sac et ses vêtements et jeta le tout sur son lit. Sa main glissa sur quelques photos qui se trouvaient également cachées sous la latte et les contempla quelques instants. Regarder ses parents s'aimer ainsi lui apportait toujours un peu de réconfort. Il voulait les rendre fiers, de plus il était sûr que cela ferait plaisir à sa mère de le voir aider Snape. Ils avaient été amis d'enfance, après tout.

Harry était en train d'enfiler son pantalon lorsque quelques coups furent portés à sa porte. Harry fronça des sourcils et n'autorisa l'intru à entrer que lorsque la voix de Dudley résonna dans le couloir.

« Tu vas vraiment y aller alors ? » soupira ce dernier, seulement à moitié surpris par sa décision.

Harry hocha sèchement de la tête. Une fois la ceinture de son pantalon fermement accroché à ses hanches, Harry retira son t-shirt afin d'en enfiler un autre, noir cette fois-ci. Bien que n'ayant pas voulu demander d'aide à Hermione afin de ne pas trop l'inquiéter, il avait tout de même réussi à lancer quelques charmes de protection sur les vêtements.

Harry ne comprenait pas pourquoi les tenues de combat était généralement entièrement en cuir, il pouvait comprendre pour les capes de protection, les gants ou les bottes, mais cela ne lui semblait pas pratique pour les pantalons ou les t-shirts. Il avait donc décidé de simplement ensorceler un de ses propres t-shirts.

Un halètement choqué à ses côtés lui rappela soudainement la présence de son cousin dans la pièce. Harry ne s'était pas encore habitué à l'état de son corps. Il avait récolté ses premières cicatrices après la bataille du Ministère. Depuis, il n'avait combattu qu'à trois reprises, lors d'attaques pendant ses sorties à Pré-au-Lard. Cependant, il n'avait jamais eu de cicatrices aussi imposantes que lors de la dernière bataille au sommet de la tour d'astronomie.

La balafre sur son torse s'était quelque peu atténuée grâce au soin de Mrs Pomfresh, cependant Harry savait bien qu'elle ne partirait jamais. Sa blessure au niveau de son estomac était bien plus laide. Elle donnait l'impression qu'elle allait se rouvrir à n'importe qu'elle instant et c'est ce que Dudley devait certainement penser. Poppy Pomfresh n'était même pas certaine qu'un jour, cette blessure perdrait son aspect de plaie pour devenir une véritable cicatrice. Les blessures par lame maudite n'étaient jamais belles.

« Tu es sûr que ça ira ?

- Oui oui, la plaie ne se rouvrira plus. Elle n'en donne juste pas l'impression.

- Comment ça ? » demanda Dudley en fronçant des sourcils.

Harry fouilla quelques instant dans son sac avant d'en sortir la lame maudite qui l'avait blessé. Maugrey lui l'avait confiée et Dumbledore lui avait trouvé un étuis pour y ranger le petit poignard. Harry avait donc pris cela comme un signe qu'il devait la garder et s'en servir si nécessaire. Il le tendit à son cousin.

« Ne te coupe pas, je n'ai pas de quoi refermer la blessure ici et je ne connais pas le bon sortilège pour refermer une plaie maudite.

- Maudite ? » le questionna l'adolescent tout en admirant les pierres ornant le manche et la garde du poignard.

« Ce poignard est ce qu'on appelle une lame maudite. C'est illégal d'en posséder une dans mon monde. » Dudley le regarda d'un air moqueur. « Enfin, je suppose que comme c'est un Auror qui me l'a donné, ce n'est pas illégal pour moi. Un policier d'élite. » expliqua Harry lorsqu'il vit que son cousin ne comprenait pas le mot Auror. « En gros, c'est un poignard normal au départ, mais des malédictions sont lancées dessus de telle sorte que si quelqu'un est blessé avec, la plaie ne peut pas se refermer et ne disparaîtra jamais. C'est ce poignard qui m'a fait cette blessure, c'est pour ça qu'elle a cet aspect et qu'elle le gardera pendant des mois, voire des années. »

Dudley hocha de la tête en lui rendant son poignard. Harry l'accrocha à sa ceinture de telle sorte que personne ne puisse le voir une fois sa cape de combat enfilée. Il plaça son attache baguette à son bras et glissa celle-ci dedans. Il finit tranquillement de se préparer. Dudley le regardait sans dire un mot, il semblait plongé dans ses pensées.

Soudain, ce dernier fit un bond en arrière et un glapissement surprit lui échappa. Harry s'esclaffa de rire pendant de longues secondes en voyant la tête que faisait son cousin en regardant Dobby. Ce dernier était pile à l'heure et était apparu comme prévu à onze heures tapantes.

« Bonjour Dobby.

- Bonjour Harry Potter ! » s'exclama l'elfe de maison, puis il se tourna vers Dudley.

« Dobby, voici mon cousin, Dudley Dursley. Dudley, voici Dobby, il est un elfe de maison. Il va m'aider pour ma mission, comme je n'ai techniquement pas le droit d'utiliser la magie et qu'il peut entrer et sortir facilement de là où je me rend.

- Bon… Bonjour. » bégueilla Dudley, toujours sous l'effet de la surprise.

« Bonjour Dudley Dursley. » sourit l'elfe, s'il était un ami de Harry Potter, alors Dobby lui faisait aussi confiance.

« Je veux que s'il arrive quoi que ce soit, tu préviennes Dudley et uniquement lui. Il saura quoi faire, compris ?

- Oui, Dobby a compris. » hocha vivement de la tête l'elfe de maison.

Puis, Harry s'assit à même le sol en face de Dobby. Ce dernier passa ses mains sur son visage en se concentrant et un hoquet surpris de Dudley lui apprit que la magie de l'elfe faisait effet. Harry était conscient que si les Mangemorts capturaient Harry Potter, alors Voldemort serait immédiatement appelé. Il devait donc se grimer, mais pas suffisamment pour que les Mangemorts l'abattent à vue en le pensant totalement insignifiant. Harry devait titiller leur curiosité.

Une fois que Dobby eut fini, Harry attrapa un petit miroir que l'elfe avait invoqué et hocha de la tête d'un air satisfait. Puis, il demanda à l'elfe de rétrécir son sac afin qu'il puisse le glisser dans sa poche. Dobby y ajouta même quelques sorts de discrétion et d'invisibilité, ainsi même s'ils fouillaient ses vêtements, les Mangemorts ne trouveraient pas son sac. Il fit de même pour la baguette qui se cachait sur son avant bras et son poignard. Une fois prêt, Harry se redressa et se plaça face à son cousin. Ce dernier le prit brièvement dans ses bras, comme la veille.

« Je suis désolé Harry, pour tout ce que je t'ai fait et pour mes parents aussi. Tu ne méritais pas tout ça. Je voulais juste que tu le saches, je suis vraiment désolé.

- C'est bon Dudley, tu n'étais qu'un enfant. »

Dudley le relâcha et Harry fut surpris de le voir essuyer une larmes qui roulaient le long de sa joue.

« Bonne chance Harry.

- Merci. A bientôt. »

Dudley tenta tant bien que mal de rendre son sourire à son cousin. Il n'arrivait même pas à comprendre pourquoi Harry l'avait pardonné aussi facilement, il était beaucoup trop clément pour son propre bien. Puis, le sorcier attrapa la main de l'elfe et tous deux disparurent en un « pop » sonore.

Harry ferma les yeux, se sentant nauséeux. Le transplanage par elfe de maison était encore plus désagréable que le transplanage d'escorte qu'il avait déjà subi à quelques reprises. Même un portoloin aurait été plus agréable.

Une fois remis, Harry répéta une dernière fois son plan avec Dobby et une fois certain que tout était bon, ce dernier disparut. Lorsqu'il fut seul, Harry prit une profonde inspiration avant d'attraper l'une des autres baguettes qu'il possédait et qu'il cachait dans sa chambre. Il avait confisqué ces dernières à Drago Malefoy et les jumeaux Carrow pendant la bataille. Il avait ensuite oublié de les donner aux Aurors et visiblement, Dumbledore, Pomfresh ou ses amis n'avaient pas fouillé ses poches pendant qu'il était à l'infirmerie.

Il leur en était désormais bien reconnaissant. Harry n'aurait pas aimé sacrifié sa propre baguette pour cette mission. Cela aurait été du suicide. Il avait préféré prendre l'une des baguettes Carrow. Le Survivant avait bien conscience qu'en se rendant au manoir Malefoy, il risquait de tomber sur l'un d'eux. Hors il n'avait aucun doute sur le fait que Narcissa ou Lucius reconnaîtraient la baguette de leur fils.

Une fois la baguette en bois de châtaigner dans sa main, Harry prit une profonde inspiration.

« Voldemort. » murmura-t-il dans le silence de la forêt.

Depuis un peu plus de trois mois, le Seigneur des Ténèbres avait placé un tabou sur son nom. Ainsi peu importe la personne qui prononçait son nom, ses Mangemorts en étaient directement avertis et pouvaient transplaner auprès de l'imprudent grâce à leur marque. Harry avait gardé l'habitude de dire son nom car aucun Mangemort ne pourrait venir l'arrêter à Poudlard. Il allait pourtant devoir faire attention dans le futur.

Comme il s'y attendait, Harry n'eut à attendre qu'un peu moins de deux minutes avant que quelques personnes apparaissent autour de lui. Cinq Mangemorts l'encerclaient. Le garçon fit mine de lever sa baguette d'un geste tremblant, mais aussitôt une salve de sorts se dirigèrent droit sur lui. Il ne prit la peine que d'éviter deux sortilèges de morts, laissant les autres l'atteindre. Harry ne voulait pas avoir l'air d'un trop bon duelliste à leurs yeux.

Malheureusement, il y eut un Doloris dans le lot et Harry ne put empêcher un cri de douleur en le sentant le frapper avec force. Les Mangemorts rirent grassement autour de lui, le Survivant serra les poings de colère. Il avait envie de leur flanquer une raclée, mais il ne pouvait pas, pas pour le moment. Un nouveau sortilège l'atteignit et Harry fut aussitôt plongé dans le noir. Il espérait seulement que les Mangemorts ne le tuerait pas pendant son sommeil.

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Lorsqu'il reprit connaissance, Harry n'eut pas le temps de prendre conscience de son environnement qu'un sortilège rouge l'atteignit de plein fouet. Il se tordit de douleur.

« Qui es-tu ? Pourquoi étais-tu ici ? Pourquoi as-tu prononcé le nom du maître ? »

Harry n'eut même pas le temps de répondre qu'un nouveau sortilège l'atteignit. Il grogna. Cet imbécile répéta sa question mais une nouvelle fois, il n'eut pas le temps de répondre que déjà, un nouveau Doloris l'atteignait. Visiblement le Mangemort n'avait pas réellement l'intention de l'interroger, il voulait juste le torturer et s'amuser. Il ne pensait certainement pas qu'il était assez intéressant pour avoir un quelconque renseignement, certainement un jeune imbécile ayant cru qu'il pouvait affronter des Mangemorts tout seul.

Le supplice dura un long moment, si bien que Harry perdit le compte des sorts reçus lorsque le Mangemort partit. Heureusement pour lui, le sorcier avait l'air d'être assez faible et ses sortilèges du Doloris n'étaient pas aussi douloureux que ceux de Bellatrix ou Voldemort.

Harry prit un peu de temps avant de réussir à réguler correctement sa respiration. Dans son malheur, il avait eu la chance de ne recevoir aucun autre sortilège autre que le Doloris ou le sortilège de Sommeil. Ainsi, il pouvait se déplacer assez facilement en dehors des courbatures et des tremblements.

Harry se leva sur ses jambes flageolantes en s'aidant des barreaux de sa cellule pour se maintenir debout. Dans des gestes lents, il passa sa tête entre deux barreaux et regarda les alentours. Le Survivant retint difficilement un juron en réalisant qu'un garde se trouvait sur une chaise à moins de trois ou quatre mètres de lui. Visiblement, il avait hérité d'une des cellules les plus proches de la sortie. Les Mangemorts ne le prenaient vraiment pas pour quelqu'un ayant de l'importance et cela était d'un côté arrangeant, mais aussi terriblement ennuyeux. Harry était persuadé que Snape se trouvait bien plus loin.

Ne voulant pas attirer l'attention du garde, Harry se rassit au fond de sa cellule. Il tâtonna son bras et fut ravi de sentir que son étui à baguette était toujours présent, invisible aux yeux de tous. L'adolescent en fit de même avec son sac rétrécit et sa dague et soupira de soulagement en découvrant que les Mangemorts ne lui avait rien pris. Enfin, si ce n'était sa cape de protection et ses bottes en peau de dragon.

En attendant de pouvoir agir, Harry allait observer le comportement du garde et des Mangemorts descendant parfois dans les cachots. Oui, Harry allait chercher la moindre faille.

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Harry fut subitement réveillé en sentant sa cicatrice chauffer doucement. Puis, la sensation de picotements s'intensifia rapidement jusqu'à devenir une douleur suffocante.

Le Survivant se fustigea mentalement pour ne pas avoir pensé que Voldemort pourrait descendre au cachots pendant sa présence au manoir Malefoy. Dans un acte désespéré, Harry dressa les plus puissantes barrières mentales qu'il n'eut jamais créer alors qu'il entendait des bruits de pas se rapprocher de plus en plus rapidement.

Puis, comme au ralentit, Harry vit Voldemort passer devant lui d'un pas rapide, sa cape claquant derrière lui. Il ne l'avait même pas remarqué, trop plongé dans ses pensées. Harry ne s'autorisa à soupirer que lorsqu'il fut certain que le Lord noir était loin de lui. Le garde qui le surveillait un peu plus loin ricana méchamment.

« Tu es bien trop insignifiant pour que notre Maître s'intéresse à toi, sale gamin. »

Harry l'ignora, il savait mieux que personne à quel point il intéressait son Maître. Cependant le garçon ne le dirait certainement pas à son geôlier. Ce dernier continua de ricaner quelques instants avant de finalement reprendre la lecture de son magazine.

Soudain, un cri épouvantable déchira le silence des cachots. Harry se redressa immédiatement, reconnaissant ce son entre mille. Il avait suffisamment entendu Snape se faire torturer dans ses visions pour reconnaître le timbre de sa voix lorsque l'homme criait sour la torture du Lord Noir.

Le Mangemort ricanna une nouvelle fois. Harry crut l'entendre marmonner un « connard de Snape » et « sale traître » ou quelque chose de semblable, mais n'y prêta pas attention. Pour l'instant, il était simplement concentré sur ses boucliers d'Occlumancie, essayant vainement de faire abstraction des cris.

Ce ne fut qu'après ce qui lui sembla être des heures que les cris cessèrent. Harry ne fit même pas attention à la brûlure de sa cicatrice lorsque le Seigneur des Ténèbres passa à ses côtés. Il était bien trop inquiet pour Snape. S'il n'agissait pas bientôt, alors il prenait le risque que Voldemort le tue avant qu'il n'ait le temps de le sauver.

« Quel jour ? » demanda Harry au garde.

Ce dernier le regarda d'un air surpris, c'était la première fois que le garçon parlait depuis son arrivée ici.

« Samedi 12, il est 3h30 du mat'

- Merci. » Harry se sentit stupide de remercier un Mangemort, mais ne retira pas ses propos.

Bien, si aucune ne se présentait aujourd'hui, alors il attaquerait directement le garde et tenterait une fuite par la force le lendemain. De toute façon, s'il n'était pas dehors le lendemain au soir, alors Dudley posterait la lettre et dès le lundi matin, Dumbledore apprendrait son décès. Il n'avait pas le choix.

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Au final, Harry n'eut pas à tenter de s'échapper par la force. Alors qu'il hésitait de plus à lancer un Stupéfix sur le garde, il entendit ce dernier saluer l'un de ses camarades. Harry fronça des sourcils, habituellement c'était un Mangemort avec des cheveux noirs qui prenaient la relève, pas un châtain clair.

« Qu'est-ce que tu fais encore là ? Je t'attendais pour aller manger. » grogna le châtain.

« Cet enfoiré de Mulciber est en retard.

- Tu sais dans combien de temps il arrive ?

- Dans vingt minutes. » soupira le garde en lançant un Tempus.

Harry découvrit par la même occasion que les deux gardes parlaient du déjeuner et non du dîner ou du petit-déjeuner. Ils étaient donc dimanche aux alentours de midi. Il n'avait plus beaucoup de temps pour agir.

« Et tu dois vraiment rester là pour vingt petites minutes ?

- Pas le choix. » grogna le garde.

« Il n'y a que ce con qui reste assis à regarder le vague depuis des jours. » grimaça le châtain en pointant Harry du menton. « Et le traître ne peut même pas bouger. » insita le châtain.

Soudain des pas se firent entendre en haut des escaliers.

« Alors Francis, il vient ? » cria une femme.

« Tania vient manger avec nous ?

- Je serai presque vexé de voir à quel point tu réponds à chacun de ses appels alors que tu m'ignores tout le temps. »

Le garde se renfrogna quelques instants et posa son regard sur Harry. Ce dernier regardait le sol d'un air vague. Peut-être que les Doloris l'avaient transformé en légume, comme pour les Londubats. Il haussa des épaules et se leva.

« Ouai, je suppose que t'as raison Jonas, il n'ira nulle part. »

Puis, les deux sorciers quittèrent les cachots.

Harry compta jusqu'à cent voulant être certain que plus personne n'était présent ou qu'un des Mangemorts ne risquait pas de faire demi-tour en changeant d'avis. Puis, il se leva en grimaçant. Rester aussi statique après avoir subi le Doloris n'avait pas été une bonne idée. Tous ses membres le faisaient atrocement souffrir. Cependant Harry se refusait à gaspiller des potions, Snape en aurait bien plus besoin.

Harry s'approcha de sa porte et plaça ses mains autour du cadenas qui la bloquait. Il ferma les yeux afin de se concentrer sur son objectif et après une trentaine de secondes, un clic se fit entendre. Harry poussa la porte et soupira de soulagement en sentant la porte s'ouvrir. Bien qu'étant une méthode plus longue, l'adolescent préférait pour l'instant ne pas utiliser sa baguette. Il avait peur que des sortilèges de détections soient placés dans les cachots.

Une fois hors de sa cellule, Harry courut au fond des cachots tout en essayant de faire le moins de bruit possible. Il appelait de temps en temps le nom de son professeur à voix basse en espérant recevoir une réponse. Cependant, aucune réponse ne lui vint, de plus la plupart des cellules n'étaient pas occupées par quelqu'un ressemblant de près ou de loin à Snape.

Il n'avait plus beaucoup de temps et Harry commençait à désespérer de trouver le potionniste. Cependant ses efforts furent récompensés lorsqu'il s'arrêta devant la dernière cellule. Là, gisait un corps couvert de sang et d'ecchymoses, ses membres s'agitant pas moment à cause de quelques spasmes.

Une nouvelle fois, Harry enveloppa le verrou de la cellule de sa magie et bien que mieux protégé que la sienne, il réussit à l'ouvrir en moins d'une minute. Le garçon s'engouffra dans le cachot et tourna Snape sur le dos, le fixant d'un air critique. Il ne savait même pas par où commencer ses soins sommaire.

Prenant une décision rapide, Harry sortit son sac et se concentra pour lui rendre sa taille normale. Il ne pouvait pas encore appeler Dobby, sa présence alerterait tout le manoir. Puis, Harry attrapa une potion contre la douleur et l'enfonça dans la bouche du maître des potions. Imitant les gestes que l'infirmière avait effectué de nombreuses fois sur lui même, il massa la gorge de Snape. Harry ignorait si cela l'aidait vraiment à avaler la potion, mais il aimait croire que l'air légèrement moins crispé de Snape était un signe que oui.

Puis, il lança un Evanesco sur la robe de sorcier et la chemise du sorcier, laissant son pantalon en place. Harry ne voulait pas dépasser les limites. Enfin, pas plus qu'il ne le faisait déjà. Cette fois-ci, il n'avait pas eu d'autres choix que d'utiliser sa baguette. Le jeune Potter n'était pas très bon en informulés.

Harry jeta ensuite quelques sortilèges de nettoyage suivit de sorts de soin mineur. C'étaient les seuls qu'il connaissait. Le plus important était d'apporter les premiers secours à Snape, pas de le guérir complètement. Il avait bien conscience de ne pas pouvoir le faire, de toute façon.

Harry arrosa ensuite le torse de l'homme d'essence de dictame, puis de différents baume avant de le retourner sur le ventre afin d'avoir accès à son dos. Il recommença l'opération. Puis, une fois la plupart des blessures mineures soignées, Harry s'attela à s'occuper des balafres un peu plus importantes, appliquant une bonne couche de baume cicatrisant sur ces dernières avant de les bander. Il grimaça en songeant qu'il ne pourrait rien faire pour le bras tordu dans un drôle de sens du potionniste.

Soudain, du vacarme se fit entendre à l'autre bout du couloir et Harry sut aussitôt que la relève était enfin arrivée. Son absence avait donc dû être découverte. Décidant que désormais, garder son identité secrète n'était plus une priorité, le Survivant supprima les glamours qui couvraient son visage tout en appelant Dobby.

L'elfe de maison apparut soudainement à ses côtés, ses grands yeux globuleux le fixant avec soulagement et admiration. Certainement n'avait-il pas entièrement pensé que son plan ne marcherait pas, mais Harry ne lui en voulait pas vraiment. Lui non plus n'y avait pas cru jusqu'à maintenant.

Mulciber apparut soudainement derrière eux. Harry attrapa son sac alors qu'il vit du coin de l'œil Dobby s'agripper à sa jambe et tenir l'une des mains de Snape. Harry lança quelques sorts offensifs et défensifs tout en veillant à bien faire apparaître sa cicatrice sur son front.

Un rire moqueur lui échappa alors qu'il entendit le Mangemort crier un tonitruant « POTTER ! » alors qu'il disparaissait grâce à Dobby.

Lorsque Harry eut à nouveau les pieds sur terre, il eut du mal à rester debout. Le transplanage par elfe de maison était vraiment désagréable. L'adolescent regarda prudemment autour de lui et sourit en reconnaissant sa chambre chez les Dursley. C'était bien la première fois qu'il était heureux de voir cette maudite chambre.

Un gémissement à ses côtés lui fit se rappeler de l'état lamentable de Snape et qu'il devait finir les premiers soins. Harry s'agenouilla à ses côtés et réalisa que le transplanage n'avait pas arrangé son état, bien que ne l'ayant pas non plus autant amoché que ce qu'il avait imaginé.

Ce ne fut qu'une heure plus tard que Harry fut satisfait de son travail sur le maître des potions. Avec l'aide de Dobby, il avait même réussi à se procurer quelques potions utiles pour soigner ses blessures internes, les effets du Doloris et son bras cassé. Envoyer l'elfe sur l'Allée des Embrumes ne l'avait tout d'abord pas enchanté, mais maintenant Harry était content d'avoir écouté son ami.

Bien sûr, il avait conscience que ces soins ne seraient pas suffisants. Mais Harry contait bien l'envoyer à Mrs Pomfresh donc ce point ne serait pas un problème très longtemps. Il voulait simplement être le premier qui parlerait à Snape. Harry pensait être en droit de faire ce petit caprice après avoir risqué sa vie pour se sauver.

Alors que Harry hésitait entre réveiller le blessé ou attendre qu'il n'ouvre les yeux par lui-même, la porte derrière lui s'ouvrit brusquement. Le Survivant fit volte-face, baguette à la main mais il l'abessa rapidement réalisant qu'il ne s'agissait que de Dudley.

« Tu m'as surpris. » soupira Harry en se tenant le cœur, comme s'il venait de faire une attaque cardiaque.

Dudley s'était figé dans l'encadrure de la porte. Un instant, l'expression qu'avait eu Harry lui avait fait peur. C'était la même que son grand-père paternel lorsqu'il parlait de la guerre. Le regard inexpressif et l'expression froide qu'il avait arboré lui avait glacé le sang. Et deux secondes plus tard, Harry lui souriait comme si rien ne s'était passé.

Encore plus que les cicatrices, la mention de torture ou la rédaction d'un testament, ce fut ce réflexe digne d'un vétéran qui fit comprendre à Dudley que Harry ne blaguait pas. Il était réellement en guerre. Il pouvait mourir à tout moment, disparaître en un claquement de doigts et lui, il ne le saurait peut-être même pas. Après tout, il n'était qu'un Moldu, les sorciers ne le préviendraient certainement pas si l'un des leurs mourrait.

Effrayé à l'idée que peut-être un jour, Harry disparaîtrait de sa vie alors qu'ils venaient à peine de faire la paix, Dudley fut pris d'une soudaine envie de pleurer. Un premier sanglot lui échappa, puis un second et enfin une myriade d'autres. Il finit par s'accroupir à même le sol, les mains cachant son visage larmoyant.

« Désolé, c'est juste que tu ne revenais pas. J'avais cette enveloppe et j'avais si peur de devoir aller la poster. »

En voyant son cousin ainsi secoué par les derniers évènements, Harry s'approcha de lui et le serra quelques instants dans ses bras. Il n'avait pas réalisé que la tâche qu'il avait demandé pour Dudley serait aussi dure à surmonter pour lui. Harry avait juste pensé que Dudley s'en ficherait comme d'une guigne de sa disparition. Cependant il devait avoué qu'il s'était bien trompé sur le sujet, Dudley avait changé.

Pendant le reste de l'après-midi, Harry raconta brièvement le déroulement de son escapade, sans rentrer dans les détails. Dudley lui expliqua quant à lui qu'étrangement personne n'était venu demander des nouvelles de Harry. Ce dernier fronça des sourcils à cette nouvelle, mais ne releva pas. Il y penserait plus tard, lorsqu'il serait seul. Puis, Dudley se découvrit une étrange fascination pour le monde de la magie et harcela son cousin de question.

Depuis sa plus tendre enfance, Dudley n'avait pas eu le droit de prononcer les mots « magie » ou « sorcier ». Il n'avait pas pu regarder les cassettes de Merlin l'Enchanteur ou lire les aventures de Frodon le Hobbit, si ce n'était chez des amis. Alors il se rattrapait pour toutes les questions qu'on se posait enfin, lorsque les enfants normaux croyaient encore au Papa Noël ou à la petite souris.

Leur discussion fut finalement interrompue plus de trois heures plus tard, lorsque Snape commença à bouger à leurs côtés. Dudley comprit aisément que son cousin voulait parler seul à seul à son … camarade de guerre ? En fait Dudley réalisa qu'il n'avait même pas demandé qui était l'homme que son cousin avait sauvé. Il avait bien trop été occupé à en apprendre plus sur l'univers de son camarade.

« Je vous apporterai à dîner tout à l'heure, papa n'est pas là ce soir et maman ne me posera pas de question si je dis que je veux manger dans ma chambre.

- Merci Dudley. » lui sourit Harry.

Une fois seul avec le maître des potions, Harry soupira profondément. Finalement, il ne pensait pas que cela avait été une si bonne idée que cela d'attendre le réveil de Snape avant d'appeler l'Ordre. L'homme serait sûrement en colère.

Harry prit une profonde inspiration, attrapa la chaise branlante de son bureau et la plaça à côté du chevet de Snape. Il s'y installa aussi confortablement que possible et attendit patiemment que son professeur se réveille doucement.