Harry n'eut pas à attendre longtemps avant de voir Snape grimacer de douleur. Sortir de son sommeil profond causé par quelques potions n'étaient visiblement pas très agréable. Lorsqu'enfin, le maître des potions ouvrit un œil, Harry attrapa les dernières fioles de potions qu'il possédait. De ses mains tremblantes, il approcha la première de la bouche du professeur. Voyant que ce dernier ne boirait pas une potion inconnue, Harry se sentit obligé de s'expliquer.

« C'est une potion contre la douleur, celle-ci est contre les effets du Doloris et la dernière est une potion Wiggenweld. »

Harry laissa Snape observer l'aspect des potions avant de les lui présenter une nouvelle fois. Cette fois-ci, le sorcier les avala sans broncher et Harry eut suffisamment pitié de lui pour lui faire boire un peu d'eau afin d'effacer le goût ignoble que devait avoir les potions.

Snape sembla observer la pièce avant de finalement reporter son regard vers le Survivant. Un regard d'incompréhension passa dans son regard et Harry se racla la gorge d'inconfort face à cette inspection.

« Je ne vous garderai pas longtemps professeur. Je voulais juste m'assurer que vous alliez bien … enfin que vous alliez mieux avant de les appeler. » Un silence gênant s'installa entre eux. « Je voulais aussi m'excuser de ce qu'il s'est passé. Si je n'étais pas intervenu, vous n'auriez pas eu à subir tout ça. »

Snape continua de le fixer sans dire un mot. Harry s'en inquiéta quelque peu, habituellement le potionniste l'aurait déjà insulté de toutes sortes de noms d'oiseaux. Snape n'était jamais aussi silencieux en sa présence.

« Est-ce que vous pouvez m'entendre ou parler ?

- Il est stupide, Mr Potter, de me demander si je peux vous entendre en me posant la question. »

Harry soupira de soulagement.

« Je pense juste que si vous ne pouvez pas parler mais m'entendre, vous trouverez un moyen de me le faire comprendre. Sinon, c'est que vous ne m'entendez pas. » se défendit Harry.

Il ne s'attendait définitivement pas au petit sourire qui étira les lèvres de son professeur de potions. Ce n'était pas vraiment un sourire, à peine une grimace mais Harry ne s'y trompa pas. Snape lui souriait d'un air soulagé, aucune trace de moquerie n'était présente dans ce rictus.

Le potionniste fit mine de se redresser et Harry l'aida immédiatement à s'asseoir confortablement contre les coussins de son lit. Dudley lui en avait apporté quelques-uns un peu plus tôt, afin de mettre le blessé plus à l'aise. Snape ne le remercia pas et Harry n'en prit pas offense. Ce serait même étrange de recevoir des remerciements de la part de l'homme. Harry frissonna de peur à cette idée. Oui, si Snape venait à dire merci, alors c'est qu'il s'était trompé de prisonnier en le ramenant avec lui.

Harry avait simplement pensé à vouloir s'excuser jusqu'à maintenant. Il n'avait pas prévu ce qu'il devrait dire ou non à son professeur ensuite. Il s'était juste imaginer s'excuser, s'éclipser quelques instants et prévenir l'Ordre par le biais de Dobby. Cependant, Harry réalisait maintenant que ce ne serait pas très gentil d'agir ainsi avec l'homme.

Ne sachant pas par où commencer, Harry rassembla les fioles vides qui traînaient tout autour d'eux dans son sac. Il devrait les laver plus tard. Il essayait ainsi d'organiser ses pensées, mais aucune idée de début de conversation ne lui venait à l'esprit.

« Où sommes-nous ?

- Chez mon oncle et ma tante. C'est ma chambre. »

Snape observa les alentours de son unique œil valide, l'autre étant encore boursouflé par un vilain coup qu'il avait dû prendre. Harry était conscient que même si le sorcier avait vu ses souvenirs pendant sa cinquième année, Snape avait toujours gardé l'image d'enfant pourri gâté que le statut de Survivant du monde sorcier impliquait forcément. L'homme réalisait seulement que les souvenirs du garçon étaient bien réels.

Le papier peint de la chambre était effrité à divers endroits, le sol n'était pas des plus propres. L'unique armoire de la pièce avait perdu l'un de ses pieds, ce qui impliquait qu'elle était complètement de travers. Le bureau était si petit que Snape doutait que le garçon puisse y poser un livre et un parchemin en même temps. Ça ne devait pas être pratique pour faire ses devoirs. Le lit était confortable, Snape doutait même qu'il y ait un vrai matelas sous lui. Il ne se plaignait cependant pas, c'était toujours mieux que le sol des cachots de Voldemort. Enfin, il y avait la présence de barreaux à la fenêtre ou encore la chatière à la porte.

Finalement, Snape reporta son regard sur le garçon qui avait repris sa tâche précédente. Snape fronça des sourcils en l'observant un peu plus consciencieusement. Le Survivant était sale, comme s'il ne s'était pas lavé depuis plusieurs jours et s'était roulé dans la boue. Quelques égratignures abîmaient son visage et ses mains, mais rien de très grave. Cependant Snape se préoccupa bien plus des tremblements qui secouaient ses mains. C'était léger, mais il en reconnaissait la source facilement. Doloris.

« Où avez-vous trouvé ces potions ? » demanda suspicieusement Snape.

Maintenant qu'il savait que c'était Potter qui l'avait soigné, le potionniste ne pouvait s'empêcher de s'imaginer qu'il avait été empoisonné par accident.

« Dobby a utilisé les quelques Gallions que j'avais dans ma valise pour aller en acheter chez un apothicaire. » Harry ne parla pas de l'Allée des Embrumes. « Il a lancé un ou deux sortilèges de diagnostic sur vous et nous sommes partis des résultats pour nous mettre d'accord des potions à acheter. »

Snape sembla quelque peu soulagé de sa réponse. Visiblement il faisait plus confiance à un elfe libre qu'il ne connaissait même pas ou alors à peine, plutôt qu'à son élève.

« Pourquoi ne pas vous être soigné dans ce cas ?

- Je n'avais pas assez sur moi pour acheter plus de potions. » rougit le garçon. « Je ne voulais pas que l'Ordre débarque tout de suite, alors envoyer Dobby dans ma voûte ne semblait pas être une bonne idée. »

Le maître des potions hocha finalement de la tête. Il comprenait ses raisons, ou du moins à moitié. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi quelqu'un gaspillerait des potions pour le soigner lui plutôt que soi-même, mais Snape comprenait la situation globale de Potter. De plus, s'il prenait en compte le complexe du héros de l'enfant, alors ses agissements devenaient presque évidents.

« Que s'est-il passé ? Comment suis-je arrivé ici ? » demanda finalement Snape.

Il voyait bien que le Survivant évitait la question depuis le début de leur conversation. Ce dernier détourna le regard pour fixer ses mains nerveusement. Visiblement il avait conscience de ne pas avoir agi de façon recommandable et s'attendait à subir quelques remontrances.

« J'ai eu des visions, de Vol… Vous-Savez-Qui. » marmonna Harry, comme si cela pouvait tout expliquer.

« Je ne vous suis pas, en quoi une vision implique que je me réveille dans votre lit, Potter ?

- C'était une vision de vous, vous étiez avec lui dans les cachots. »

Bien que Harry ne prononça pas le mot torture, Snape comprit immédiatement qu'il retournait de cela ici. Voldemort ne lui rendait visite que pour le torturer. Alors si Harry l'avait vu, c'était forcément lorsque le Lord Noir décidait de se défouler sur lui. Il soupira de frustration en songeant que le garçon l'avait vu dans un tel état de faiblesse.

« Je savais que l'Ordre ne pourrait pas vous chercher. » Snape fut satisfait de ne pas l'entendre dire sauver, mais chercher. « J'étais le seul à savoir que vous n'étiez pas mort et je n'avais personne à contacter. Alors …

- Alors vous avez décidé de me chercher par vous-même. »

Harry hocha de la tête et rougit d'embarras. Cela sonnait extrêmement stupide dit comme cela. Le ricanement moqueur de Snape lui indiqua que ce dernier pensait la même chose.

« Je suis curieux de savoir comme vous vous y êtes pris. » Ce n'était pas une demande, Snape lui ordonnait presque de tout lui expliquer.

« J'ai demandé un peu d'aide à Dobby, l'elfe de maison. Il m'a fait transplaner près du manoir Malefoy et m'a grimé afin que personne ne puisse me reconnaître. J'ai prononcé le nom de Vold… Vous-Savez-Qui et … oh c'est stupide ! » s'énerva finalement Harry. « Je refuse de l'appeler ainsi. » bouda-t-il.

Un silence s'installa et Snape crut que le garçon allait rester ainsi, les bras croisés et le regard furieux pendant des heures. Mais cela ne fut heureusement pas le cas. Sa patience avait des limites.

« J'ai dit le nom de Voldy. » sourit Harry, heureux d'avoir trouvé un moyen de l'appeler sans lui donner le surnom flatteur de Vous-Savez-Qui.

Snape l'observa quelques secondes un air mi-amusé, mi-ennuyé sur le visage. Puis ce fut de la stupéfaction, il n'en revenait pas, le gamin avait volontairement proncé le nom du Seigneur des Ténèbres. Pourtant il semblait savoir qu'un tabou était apposé sur le nom.

« Des Mangemorts sont apparus et je me suis laissé capturer. Ensuite, j'ai juste eu à attendre quelques jours qu'un des gardes s'absente avant l'heure de la relève. Je vous ai rejoins, j'ai appelé Dobby et nous sommes arrivés ici. »

Snape fronça des sourcils. Il était évident que le Gryffondor cachait des choses. Son regard se reporta alors sur les doigts tremblants du garçon. S'il avait en effet passé plusieurs jours dans les cachots, alors Harry avait inévitablement été torturé. Snape serra les dents, il était censé protéger le garçon, pas le mettre en danger.

« Si vous avez été torturé, alors votre baguette a dû être détruite. » fronça-t-il finalement des sourcils.

Le garçon avait été au sein même du quartier général du Seigneur des Ténèbres et il n'avait même pas de quoi se défendre en cas de pépin. Cette réalisation le consterna, était-il suicidaire. Cependant l'air outré sur le visage de Potter lui fit comprendre qu'il avait peut-être sous-estimé un peu le garçon.

« Bien sûr que non, je ne suis pas aussi stupide ! » s'agaça-t-il en montrant la baguette qu'il portait toujours à son avant bras. « J'ai utilisé une autre baguette que j'ai confisquée pendant la bataille de Poudlard. Ils ont détruit celle d'un des Carrow.

- Bien. » approuva Snape avec réluctance.

Visiblement, cela lui coûtait de devoir féliciter un Potter.

A nouveau, un silence gênant s'installa entre eux mais ce dernier fut brisé par quelques coups à sa porte. L'instant d'après, un adolescent passa sa tête dans l'embrasure de la porte. Bien que le garçon avait minci et grandit depuis que Snape l'avait vu dans les souvenirs du Survivant, il le reconnut facilement.

« J'ai apporté à manger.

- Merci Dudley. »

Le Dursley s'approcha et déposa sur la table de nuit un petit plateau contenant deux bols de porridge ainsi que deux autres bols plus petit contenant un peu de soupe. Harry n'était pas habitué à voir de la nourriture aussi scène dans cette maison et fixa son cousin d'un air interrogateur. Ce dernier sembla comprendre sa question silencieuse puisqu'il se justifia immédiatement.

« J'ai dit à maman que je me sentais mal, alors elle m'a fait ça. Je pensais que c'était mieux avec tout ce qu'il vous est arrivé à tous les deux.

- Merci, c'est gentil. » lui sourit Harry.

Potter attrapa le plateau et le posa sur les jambes tendues du maître des potions. Il avait parfaitement conscience qu'un de ses bras était inutilisable pour le moment. Snape ne pourrait donc pas tenir le bon d'une main et sa cuillère de l'autre. Disposer le plateau ainsi rendait donc les choses plus facile pour le sorcier. D'autant plus que Harry était persuadé qu'il refuserait de recevoir la becquée de la part du Survivant.

Snape remercia les deux garçons d'un hochement sec de la tête. Harry ne s'en offusqua pas, parfaitement conscient qu'il n'obtiendrait rien de plus de la part du maître des potions. Dudley fronça des sourcils, mais ne dit rien.

Le Moldu se sentit à nouveau de trop dans la pièce et retourna rapidement dans sa propre chambre. Visiblement l'ambiance entre ces deux-là n'était pas des plus joyeuse et Dudley ne voulait pas se retrouver au milieu d'une dispute ou quelque chose du genre.

Le repas se passa dans le silence le plus complet. Une fois ses deux bols terminés, Harry quitta sa chaise et se dirigea vers son armoire. Il y attrapa quelques vêtements avant de se tourner vers le potionniste. Ses gestes étaient lents, c'était évident que l'homme souffrait malgré les potions.

« Je vais prendre une douche, vous pouvez prendre votre temps. Je verrai ensuite comment nous pourrons vous faire quitter cette maison. »

Snape fronça soudainement des sourcils, comme s'il venait soudainement de penser à quelque chose. Il stoppa Harry alors qu'il allait passer la porte de sa chambre.

« Pourquoi est-ce que Dumbledore n'est pas ici ? Vous avez dit être parti plusieurs jours.

- Oui, je suis parti cinq jours. » Snape fronça d'autant plus des sourcils. « Je suppose que si l'Ordre ne me voit pas directement quitter la maison, alors ils n'ont aucun moyen de savoir si je suis vraiment là. »

Snape écarquilla ses yeux d'incrédulité. Harry n'était pas habitué à le voir si expressif, mais il supposait que la fatigue, les derniers évènements et finalement apprendre que le Golden Boy n'était si bien protégé que ça, avait de quoi le perturber. Puis, Harry songea à un détail qu'il avait jusqu'alors oublié. Si les membres de l'Ordre le surveillaient, alors il devait certainement en avoir un quelque part dans les environs en train de le surveiller.

« J'ai une idée ! » s'exclama-t-il en descendant deux par deux les marches de l'escalier. Visiblement il n'allait pas prendre sa douche.

Harry déboula dans l'allée de la maison des Dursley et observa les environs. Puisqu'ils étaient en juillet, le ciel était encore clair malgré l'heure tardive et Harry remercia sa chance pour cela. Il resta ainsi figé sur le perron de la porte une bonne dizaine de minutes avant de distinguer un peu de mouvement derrière un lampadaire situé un peu plus loin dans la rue.

Harry fit quelques pas en avant et se concentra davantage sur le lampadaire. Il aperçut difficilement un léger scintillement, mais le garçon ne s'y trompa pas. Il s'agissait là de la preuve que quelqu'un se cachait sous une cape d'invisibilité de mauvaise facture. Harry sourit.

Il s'approcha du lampadaire et s'arrêta quelques pas avant celui-ci. Il fixa dans la direction où il pensait que le sorcier se cachait. Ce dernier comprit visiblement qu'il était repéré et retira prudemment sa cape. Harry fut surpris de découvrir face à lui Hestia Jones. L'Ordre n'avait donc rien à confier de mieux à faire à une sorcière aussi brillante que de le surveiller stupidement.

« J'ai besoin de votre aide. Pourriez-vous m'accompagner. »

Jones sembla hésiter, elle semblait penser que le garçon lui demandait de la faire transplaner quelque part.

« C'est juste pour quelques minutes, ce sera vite fait. » précisa-t-il en montrant la maison du doigt.

Comprenant que le Survivant ne cherchait pas à s'enfuir, la sorcière accepta finalement et le suivit jusqu'à l'intérieur de la maison. Harry fit signe à Hestia d'être silencieuse, il n'avait pas envie que Pétunia quitte son programme télé et ne découvre ce qu'il préparait. Il n'était même pas certain qu'elle était consciente de son retour dans la maison.

Une fois à l'étage, Harry poussa doucement la porte de sa chambre et remarqua avec satisfaction que Snape avait fini de manger. Le Survivant retira de sur ses genoux le plateau désormais vide et le remit sur sa table de chevet. Il le descendrait plus tard.

Hestia Jones était quant à elle restée bloquée dans l'embrasure de la porte. Snape était là, face à elle et parfaitement vivant. Ils pensaient tous qu'il était mort. Finalement, un soupir de soulagement lui échappa et un grand sourire barra son visage. Elle était l'une des rares personnes ne haïssant pas Snape dans ce monde, bien qu'elle n'était pas non plus l'une de ses amies. Si l'homme avait au moins des amis.

« Voilà le problème, je ne peux pas utiliser ma magie et le professeur Snape n'a pas assez récupéré pour transplaner par lui-même. »

Le dit Snape grogna de frustration. Il avait suffisamment honte d'être ainsi allongé à moitié mort devant cette membre de l'Ordre pour qu'en plus, le garçon expose sa faiblesse aussi ouvertement. Hestia hocha simplement de la tête. Elle avait visiblement compris que Harry ne répondrait à aucune question.

« Bien, je peux facilement l'emmener en dehors des barrières et le faire transplaner jusqu'au QG de l'Ordre.

- Je pense qu'il devrait aller chez Poppy Pomfresh. » contra Harry.

« Elle n'est pas au château en ce moment, elle soigne les membres de l'Ordre depuis le QG. »

Harry lui sourit de soulagement avant de froncer des sourcils.

« Soigner les membres de l'Ordre ? Il y a eu des combats ? » comprit-il aussitôt.

Jones sembla surpris qu'il ne soit pas au courant et l'expression soulagée de Harry se transforma en colère.

« Au cas où vous l'avez oublié, j'ai interdiction de recevoir des chouettes ici, même celles de la gazette du sorcier. Je n'ai pas non plus le droit de prendre contact avec quiconque du monde magique pour ma propre sécurité. » cracha Harry avec rancœur. « Alors, y a-t-il eu des combats ?

- Oui, oui. » balbutia finalement Hestia, surprise par son éclat de voix. « Il y a eu deux attaques sur le Chemin de Traverse. Visiblement Vous-Savez-Qui veut s'en prendre à Gringotts cette fois-ci. » expliqua Jones en fixant les deux sorciers.

Harry hocha de la tête et réfléchit quelques secondes avant de finalement se reconcentrer sur ses deux invités.

« Ah oui, j'avais une autre question ! Drago Malefoy est-il au Square ? »

Snape sembla surpris par la question. Il devait être au courant que Drago avait été fait prisonnier à la fin de la bataille, mais pas que Harry l'avait empêché de finir en prison. Hestia quant à elle se contenta d'hocher curieusement de la tête. Harry soupira de soulagement, heureux que Dumbledore ait compris qu'il ne voulait pas voir le garçon Malefoy à Azkaban ou dans l'une des geôles du Ministère.

Puis, Harry se baissa et farfouilla quelques instants sous son lit. Il sentait le regard des sorciers sur son dos, mais l'adolescent n'y fit pas attention. C'était déjà suffisamment humiliant de se retrouver ainsi accroupi juste devant Snape. Cependant, il ne lui fallut que quelques secondes avant de trouver ce qu'il chercha. Harry se redressa rapidement, deux baguettes magiques à la main.

« C'est celle de Malefoy, est-ce que vous pourrez la lui rendre ? » Hestia hocha de la tête. « Et celle-ci est l'ancienne baguette d'un des Carrow, je ne sais plus laquelle. Vous pouvez l'utiliser en attendant d'en trouver une nouvelle si vous le souhaitez. » proposa Harry à Snape.

Le potionniste attrapa précautionneusement la baguette dans ses doigts fins et l'inspecta quelques secondes avant d'hocher de la tête. Visiblement cette dernière lui convenait pour le moment.

« Il faudra aussi donner ceci à Mrs Pomfresh. » ajouta Harry en attrapant un parchemin posé sur son petit bureau. « C'est la liste des potions et des sorts de soins que j'ai utilisé sur vous. Vous pourrez aussi dire à Dumbledore qu'il n'a pas besoin de venir ici. Je lui expliquerais tout lorsque je vous rejoindrai à mon anniversaire. Nous n'avons pas besoin d'attirer davantage l'attention sur cet endroit. »

Hestia hocha sombrement de la tête. Elle avait entendu parler des tensions qu'il y avait eu récemment entre le Survivant et le directeur de Poudlard, notamment de la façon dont Harry avait ouvertement critiqué Albus devant le Ministre. Jones avait cependant espéré qu'avec les vacances, Potter en veuille un peu moins à Dumbledore.

Snape quant à lui ne comprit pas vraiment la conversation, encore une fois. Visiblement il avait manqué beaucoup de choses pendant sa courte absence de l'Ordre. Il allait devoir corriger cela au plus vite.

Puis quelques minutes plus tard, Jones et Snape disparurent du 4 Privet Drive. Laissant Harry seul avec ses pensées.

Il s'était passé beaucoup de choses ces jours-ci. Cependant Harry préféra ne pas songer à tout cela pour le moment, il devait prendre une bonne douche et aller au lit. C'était le plus important pour le moment, il devait se remettre rapidement de son séjour au manoir Malefoy.

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Hestia Jones rattrapa comme elle put Snape à leur arrivée devant le 12 Square Grimmaurd. Elle avait malheureusement dû stopper son sort de lévitation afin de pouvoir transplaner. L'homme avait donc faillit s'écraser par terre à l'atterrissage, ses jambes ne le portant pas du tout. Mais grâce à ses bons réflexes, elle évita à Snape une douloureuse rencontre avec le sol.

Hestia lui offrit un petit sourire désolé. Snape lui répondit par un grognement sans qu'elle ne sache si sa réaction voulait dire « merci de m'avoir rattrapé » ou bien « j'ai quand même super mal ». La sorcière finit par hausser des épaules. Elle leva sa baguette sur le maître des potions afin de lui lancer une nouvelle fois le sortilège de lévitation.

« Je préfèrerai marcher. » la stoppa Snape.

Hestia lui lança un regard désapprobateur, il était évident que l'homme arrivait à peine à tenir debout. Cependant, elle comprenait aussi qu'il devait être dur pour un sorcier comme lui de se montrer aussi faible fasse à elle, Potter et les autres membres de l'Ordre. Finalement, elle opta pour un sortilège d'allègement, ainsi Jones pourrait plus facilement soutenir Snape jusqu'à l'infirmerie.

Lorsque la sorcière pénétra dans le hall d'entrée du Square, elle ne fut pas surprise de voir quelques baguettes pointées sur elle. Après tout, Hestia devait actuellement se trouver devant la maison de Potter. Soit elle avait déserté son poste, soit ce n'était pas réellement elle.

« Un épouvantard prend la forme d'un immense tas d'algues de mer devant moi. » déclara la femme et aussitôt, les baguettes se baissèrent.

Jusqu'à maintenant, Snape avait été poussé un peu en retrait derrière elle. Mais lorsqu'il fit un pas en avant afin de reprendre appuie sur son épaule, Remus Lupin et Nymphadora Tonks hoquetèrent de surprise tandis qu'Arthur Weasley se précipitait déjà à ses côtés pour l'aider à soutenir Snape. Les trois sorciers ne posèrent aucune question, l'aidant simplement à monter Severus jusqu'à l'infirmerie improvisée dans l'une des chambres.

Ce ne fut qu'une fois Poppy Pomfresh sur les lieux et qu'elle les eut éjectés de sa nouvelle antre que Remus brisa finalement le silence.

« Snape est en vie. » souffla-t-il d'incrédulité.

« Jai eu la même réaction. » ricana Jones avant de prendre une mine plus sérieuse. « Il était chez Potter. Ou plutôt chez les Dursley.

- Quoi ? Mais comment a-t-il fini là-bas ?

- Aucune idée. » Hestia secoua confusément sa tête de droite à gauche. « Potter m'a trouvé sous ma cape d'invisibilité il y a une vingtaine de minutes pour me demander de l'aide. Lorsque j'ai compris que c'était pour une aide à l'intérieur de la maison et non pour le faire transplaner je ne sais où, j'ai accepté. Je ne m'attendais pas du tout à trouver Snape dans son lit.

- Ça ne répond pas à la question. » fronça Tonks des sourcils. « Il n'a pas pu apparaître comme par miracle chez Harry.

- Je n'en sais rien. Potter a juste dit qu'il en parlerait à Dumbledore lorsqu'il viendrait à la fin du mois. Il a l'air plutôt remonté contre lui. » grimaça Hestia. « Mais je suppose que Snape pourra nous en dire un peu plus, lorsqu'il ira un peu mieux. »

Les trois autres sorciers hochèrent de la tête, d'accord avec elle. Puis, ils descendirent à la cuisine et y découvrirent quelques membres de l'ordre à qui ils partagèrent la nouvelle. La plupart était juste surpris, peu d'entre eux étaient réellement soulagés de savoir leur maître des potions sain et sauf. Cela fit sourire amèrement Hestia.

« Si vous voulez bien m'excuser, je vais contacter Dumbledore avant de retourner à Privet Drive. »

Les sorciers présents la saluèrent rapidement avant de finalement la laisser vaquer à ses occupations. Hestia rejoignit le salon avant de s'accroupir devant l'âtre de l'immense cheminée. Une poignée de poudre de cheminette à la main, elle prit une profonde inspiration avant de la lancer dans le feu.

« Bureau du directeur de Poudlard, Albus Dumbledore. »

Elle espérait seulement que Dumbledore la libérerait bientôt.

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Albus Dumbledore était perplexe. Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, il ne comprenait pas comment Severus avait fini par atterrir chez les Dursley. Pour l'instant, sa théorie la plus probable était que son espion avait réussi à s'échapper par un quelconque moyen des griffes des Mangemorts. Mais trop épuisé pour transplaner jusqu'à Londres, il avait atterri à Privet Drive qui était un lieu sûr un peu plus proche du manoir Malefoy que Square Grimmaurd.

Mais cette hypothèse ne satisfaisait pas Dumbledore. Cela ne faisait aucun sens que Severus Snape se rende consciemment chez Harry Potter. L'homme aurait certainement préféré prendre le risque de se désartibuler et atteindre Londres plutôt que de demander de l'aide au fils de sa némésis. Ou alors, Snape avait été complètement inconscient d'où il avait transplaner, voulant simplement s'éloigner des Mangemorts.

Dumbledore secoua sa tête de droite à gauche. Non, cette pensée était absurde. Snape était bien trop méfiant pour transplaner au hasard. Mais alors, pourquoi aller chez Harry Potter ?

Une autre problématique apparut alors dans l'esprit du directeur de Poudlard. Il était impossible de transplaner directement dans la maison des Dursley, il s'en était assuré. Mais alors comment Harry aurait pu trouver le professeur de potions avant lui, si l'homme avait atterri dans la rue.

Non, décidément cette hypothèse présentait beaucoup trop d'incohérences pour être plausible. Mais alors, cela voulait dire que Snape avait été emmené chez Harry. Dumbledore soupira presque de désespoir en songeant à cela, le problème restait le même. Même si quelqu'un avait déposé Severus là, alors comme Harry avait pu le trouver avant les membres de l'Ordre qui patrouillait la rue.

Un toussotement à ses côtés le fit soudainement sortir de ses pensées. Albus leva son regard sur les quelques membres de l'Ordre assis autour de lui et qui le regardait d'un air inquiet. Il était rare que Dumbledore se perde aussi profondément dans ses pensées, ou du moins devant un public et encore moins pendant une réunion.

Le sujet de cette réunion était justement de savoir comment Snape avait atterri chez le jeune Potter. Apparemment, même Hestia Jones ne savait rien sur le sujet et Albus avait très bien compris le message que Harry lui avait fait passé à travers la jeune femme. Il n'était visiblement pas encore près à lui parler.

Soudain, le sujet de toutes les conversations ouvrit avec fracas la porte de la salle à manger. Cette dernière frappa brusquement le mur avant que Snape ne la referme au nez de Mrs Pomfresh. La sorcière s'époumona quelques instants de l'autre côté du pan de bois avant de finalement faire demi-tour en rouspétant.

Snape s'avança en claudiquant jusqu'à la chaise libre la plus proche et s'y laissa tomber. Il était visiblement encore trop épuisé pour afficher son air de dédain et sa droiture habituels.

« Bonjour Severus, j'espère que tu as passé une bonne nuit. » le dit Severus répondit simplement par un regard noir. « Nous parlions justement de toi et du jeune Potter. Nous nous demandions comment tu avais atterri là-bas. »

Snape fronça des sourcils. Visiblement il ne s'attendait pas à ce que Dumbledore ne soit pas déjà au courant. Il avait imaginé que peu importait à quel point Potter semblait remonté contre l'homme, Albus irait tout de même l'interroger.

« A ce propos, j'aimerai savoir comment est-ce qu'aucun de vous n'a vu que Potter était absent pendant cinq jours ? »

Le ton de Snape était cassant, il se moquait clairement d'eux. Cependant personne ne releva, trop surpris d'apprendre que le Golden Boy avait réussi à quitter la maison sans qu'aucun ne s'en aperçoive.

« Il y avait de la lumière tous les matins et tous les soirs dans sa chambre. Es-tu sûr de toi Snape ? » demanda gentiment Hestia, elle ne voulait pas avoir l'air de ne pas le croire.

« Oui, il me l'a dit lui-même. Je pense que son cousin était dans la confidence et a fait en sorte que vous pensiez que la chambre était occupée. » songea Snape.

« Et si vous nous racontiez tout ce qu'il s'est passé, mon garçon ? » lui demanda Dumbledore, bien que Snape était conscient qu'il s'agissait plus d'un ordre qu'autre chose.

Snape se remémora quelques instants les derniers évènements, fermant brièvement les yeux. Avec la fatigue, la douleur et son état à semi-conscient, il avait un peu de mal à trier correctement tous ses souvenirs. De plus, son inconscience avait duré quelques jours, rendant sa courte période de conscience d'autant plus flou. Cependant, il finit par relever son regard sur Dumbledore et commença son récit.

« Il y a trois jours, Potter est apparu dans ma cellule au manoir Malefoy. »

Quelques exclamations surprises, horrifiées ou indignées surgirent autour de lui. Cependant un seul regard noir de sa part suffit à tous les faire taire. Ils n'avaient pas intérêt à remettre sa parole en question, il était déjà suffisamment douloureux d'avouer qu'un Potter l'avait aidé.

« Je ne me souviens pas de ce passage là, j'étais inconscient. Je sais juste qu'il m'a donné les premiers soins avant de transplaner avec un elfe de maison du nom de Dobby jusqu'à Privet Drive. Je n'ai repris conscience qu'en début de soirée. C'est à ce moment-là qu'il m'a expliqué la situation. » soupira Snape.

Les sorciers autour de lui se plongèrent dans leurs pensées quelques instants. Finalement, ce fut Remus qui brisa le silence.

« Je ne comprends pas, tu as dit qu'il est parti cinq jours. Mais avec un elfe de maison, cela n'aurait pu lui prendre qu'une trentaine de minutes pour faire ça ? »

Snape soupira, il n'avait aucune envie de répondre à une question venant d'un Maraudeur. Cependant il ravala rapidement sa fierté et finit par ouvrir la bouche.

« Selon lui, les barrières Malefoy ont détecté l'intrusion de l'elfe de maison intrus dès qu'il est apparu dans le manoir, bien que ne pouvant pas le stopper. Potter ne voulait pas prendre le risque de se faire remarquer dès son arrivée, surtout qu'il ne savait pas si je serai seul à ce moment-là ou si mon état serait assez bon pour transplaner immédiatement. D'après ses dires, je ne l'étais pas. » grogna amèrement Snape.

« Alors comment a-t-il fait pour pénétrer le manoir Malefoy ? » s'enquit énergiquement Tonks.

« Il a agit comme un stupide Gryffondor, j'imagine ? » soupira Lupin, ce qui surprit tout le monde.

Snape hocha sèchement de la tête avant de répondre à la question.

« Potter, avec l'aide de l'elfe, a transplané jusque dans le Wiltshire et s'est apparemment grimé de telle sorte à ne pas pouvoir être reconnu. Il m'a dit avoir prononcé le nom du Seigneur des Ténèbres afin d'attirer quelques Mangemorts en utilisant le tabou placé sur son nom. Après ça, il m'a dit s'être laissé capturer. Il a attendu pendant cinq jours une brèche dans les rondes effectuées par les garde jusqu'à réussir à s'évader de sa cellule. Après ça, il m'a trouvé, soigné brièvement et l'elfe nous a fait transplané. »

Un silence pesant s'abattit autour de la table. Tous les sorciers présents étaient profondément choqués par les nouvelles. Heureusement qu'ils n'étaient pas nombreux, juste quelques membres principaux disponibles à cette heure de l'après-midi.

Puis soudain Lupin, se leva brusquement, fit les cents pas dans la pièce et un grognement de sa part fit comprendre à tous les sorciers présents que le loup n'était pas bien loin. Visiblement il n'arrivait pas à comprendre comment est-ce que même Dumbledore n'avait pas pu être averti de la disparition de Harry. Remus comprenait pourquoi il avait été empêché de faire partie des sorciers montant la garde à Privet Drive, il aurait passé tout son temps à rendre visite à son filleul de cœur et non à se dissimuler ou surveiller.

Mais il avait accepté cette situation car Remus avait imaginé Harry en parfaite situation. Apprendre que visiblement ce n'était pas le cas, rendait le loup en lui fou de rage. Harry, un précieux membre de sa meute, le fils de James, avait été dans les cachots de Voldemort pendant presque une semaine. Et lui, alors qu'il était censé prendre soin du garçon, n'en avait absolument rien su.

Finalement, Remus quitta la pièce en claquant la porte derrière lui. Dumbledore ne le retint pas, Lupin savait très bien qu'il ne devait pas se rendre à Privet Drive. Il ne craignait donc pas que le lycanthrope s'y rende en douce. Certainement allait-il plutôt se défouler en participant à un duel d'entraînement avec un autre membre de l'Ordre.

« Comment a-t-il su que vous étiez en vie ? » demanda Dumbledore abruptement.

Minerva lui donna un coup de pied sous la table très peu discrètement. Visiblement elle trouvait cela très déplacé de poser une question comme celle-ci alors que Snape venait d'échapper que de peu à la mort.

Cependant, Snape ne sembla pas touché plus que cela par la remarque du directeur. A la place, il parcourut du regard les membres assis autour de la table. Il évalua du regard rapidement Dumbledore, Minerva et Arthur Weasley. Ces trois-là savaient forcément pour le lien reliant Potter au Seigneur des Ténèbres. Puis, il porta son regard sur l'Auror Tonks et Hestia Jones. Snape n'était pas certain que ces deux-là soient au courant par contre.

« Non, je ne sais pas. » nia Snape en passant une main lasse sur son visage.

Puis, il se gratta quelques secondes le front, à l'emplacement de la cicatrice de Potter. Dumbledore hocha gravement de la tête, visiblement il avait compris le message.

La réunion ne s'éternisa pas beaucoup plus longtemps et bientôt, Dumbledore fut seul en compagnie de son espion, ou plutôt ancien espion. Les deux hommes étaient assis à une bonne distance l'un de l'autre. Dumbledore sembla penser que cette ambiance froide ne correspondait pas à la conversation qu'il souhaitait avoir avec son ami. Alors il se rapprocha pour prendre la chaise à côté du potionniste.

« Comment te sens-tu Severus ? »

Snape soupira avant de croiser le regard du directeur. Il en voulait quelque peu à l'homme pour les derniers évènements, mais se garda bien de partager son opinion. Après tout, si Albus avait un peu mieux contrôler le gamin Potter, alors sa mission n'aurait pas été un tel désastre.

D'autre part, il se sentait quelque peu soulagé de savoir que le vieil homme participerait un peu plus longtemps à la guerre. Avec le recul Snape avait fini par comprendre que ce n'était pas le bon moment pour l'homme de partir. Actuellement, si le côté de la Lumière perdait son leader, alors Voldemort n'aurait pas beaucoup d'efforts à fournir pour gagner la guerre. Ou au moins imposer son régime politique au Ministère et à Poudlard.

« Je vais bien. » soupira finalement Snape, ce n'était qu'un demi mensonge.

« Et Harry ?

- Il a passé plusieurs jours dans les cachots des Mangemorts. Comment pensez-vous qu'il aille, Albus ? »

Le directeur se renfrogna sur son siège. Il n'aimait pas lorsque son employé lui parlait sur ce ton sarcastique. Cela lui donnait l'impression de paraître stupide, alors qu'il était simplement inquiet.

« Visiblement, vous l'avez mis en colère. » sourit sarcastiquement Snape.

« Oui, il semblerait qu'il n'ait pas apprécié le développement de la dernière bataille. » soupira le vieil homme.

Severus n'ajouta rien, se levant simplement de sa chaise. Il n'était pas doué pour réconforter les gens. Si Dumbledore voulait pleurnicher sur l'épaule de quelqu'un, alors Minerva serait une meilleure option. De plus, il ne tenait pas énerver davantage Poppy Pomfresh en fuyant plus longtemps son infirmerie.

Une fois seul, Albus plongea son regard dans le thé qu'il venait de faire apparaître. Son expression calme qu'il affichait constamment l'avait quitté pour laisser place à une profonde lassitude.

Il avait un peu honte de se l'avouer, mais organiser son propre décès l'avait quelque peu soulagé et libéré de quelques démons. Cependant il semblerait qu'avec Harry à ses côtés, Dumbledore n'était pas prêt de créer à nouveau un tel plan. Ses doutes, ses incertitudes et ses peurs le regagnaient petit à petit.

Qu'il avait hâte que cette guerre cesse, pensait-il avec culpabilité. Il savait très bien ce que la fin de la guerre signifiait et pourtant, Albus ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'elle arriverait bientôt à terme.

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Drago était surpris de l'accueil qu'il avait reçu en arrivant au sein de l'Ordre du Phénix.

Au départ, il avait pensé être retenu dans une cellule ou au moins confiné dans une chambre s'il était chanceux. Mais à la place, il avait un accès presque totalement libre à l'entièreté de la demeure Black. La seule pièce à laquelle Drago n'avait pas accès était la cuisine lorsqu'une réunion de l'Ordre avait lieu.

De plus, il avait été plutôt agréablement surpris du comportement des autres sorciers habitants la demeure. A temps plein, il n'y avait que les Weasley, Hermione Granger, Remus Lupin et depuis peu, Nymphadora Tonks. Maugrey passait aussi beaucoup de temps ici, mais Drago ignorait s'il dormait sur place ou bien venait tôt dans la journée et partait tard dans la nuit.

Bien qu'étant un peu mal à l'aise dans cette antre de Gryffondor, Drago fut soulagé de découvrir que Tonks semblait plutôt curieuse à propos de lui, en plus d'être une Poufsouffle. Après tout, ils étaient cousins et pourtant, ils ne s'étaient jamais rencontrés auparavant. Ils avaient donc envie de faire un peu plus connaissance.

Le jeune Malefoy avait découvert que Tonks, bien que pleine de vie et d'entrain, pouvait aussi se montrer très sage et mature par moment. Elle était une Auror après tout, Nymphadora savait que parfois il valait mieux ne pas plaisanter sur certains sujets.

Pourtant, Tonks n'était pas toujours présente au Square Grimmaurd puisqu'elle travaillait généralement au Ministère toute la journée. Afin de s'occuper, Drago avait décidé de commencer quelques lectures intéressantes dans la bibliothèque. Après tout, il s'agissait de la demeure ancestrale Black, les livres devaient forcément y être précieux.

C'est en passant la plupart de ses journées dans un fauteuil de la bibliothèque que Drago finit immanquablement par tomber sur Hermione Granger. Drago ne comprit pas immédiatement pourquoi elle était présente ici. Puis il se rappela qu'étant née de Moldus et meilleure amie du Survivant, il valait mieux pour elle et sa famille qu'elle ne soit pas avec eux.

La conversation avait été vraiment gênante au départ. Ils avaient tous les deux conscience de devoir faire des efforts et pourtant, ils ignoraient comment mettre six ans de rancunes de côté pour pouvoir faire la paix. Finalement, ce fut étrangement Ron Weasley qui débloqua la situation en pénétrant dans la bibliothèque afin d'apporter un goûter à Hermione. Et donc à Drago également par conséquent.

« Pourquoi vous ne parlez juste pas de potions ou un truc du genre ? Vous êtes tous les deux des rats de bibliothèque apparemment. »

Ron s'enfouit ensuite rapidement en évitant quelques sortilèges vicieux de sa meilleure amie. Visiblement elle n'aimait pas être traitée de rat. Drago se demanda alors si elle n'avait réellement pas conscience d'être le cliché de la Miss-je-sais-tout, première de la classe et constamment fourrée dans un livre. Cependant il ne se risqua pas à poser la question à granger, gardant ses réflexions pour lui.

Par la suite, les deux jeunes adultes firent comme Ron Weasley leur avait conseillé. Leurs sujets de conversations s'étoffèrent petit à petit du simple devoir de potions qu'ils avaient à faire pendant les vacances, à quelques critiques sur des lectures communes à la décortication complexe de théorie magique.

Maintenant que Drago avait quelqu'un avec qui parler, ses journées passèrent un peu plus rapidement. Le jeune Malefoy fut même surpris de découvrir qu'il pouvait passer plus de quelques minutes en compagnie de Ronald Weasley sans avoir envie de le frapper.

Drago avait essayé de jouer aux échecs avec Hermione, mais cette dernière était vraiment une horrible joueuse, si bien qu'ils abandonnèrent rapidement l'idée. C'est alors que Granger lui proposa de jouer contre Ron à la place. Bien qu'avec réluctance, le bond suivit ses conseils et désormais, les deux anciens ennemis partageaient parfois une partie dans un silence des plus complet.

Enfin, ça c'était jusqu'au jour où Hermione avait glissé une fois à l'oreille du rouquin d'un ton manipulateur « Tu as Ron, Drago aime beaucoup les Canons de Chudley ». Weasley n'avait même pas relevé que sa meilleure amie appelait désormais le blond par son prénom, déjà trop préoccupé à se lancer dans un long monologue sur son équipe préférée.

Drago fut quelque peu admiratif de constater à quel point Ron maîtrisait les échecs. Même en babillant joyeusement d'un air distrait sur du Quidditch, le blond ne parvint jamais à atteindre le roi de son adversaire. C'était frustrant.

Bien que n'ayant plus l'impression d'être un parfait étranger dans cette demeure, Drago ne comprit que deux semaines après son arrivée au manoir que Hermione et Ron le considéraient déjà comme un ami.

Le blond avait réalisé qu'il arrivait fréquemment que les plus jeunes quittaient précipitamment les pièces des étages inférieurs pour s'enfermer dans l'une de leurs chambres. Généralement celle des filles, puisque Drago partageait sa chambre avec Ron. Malefoy ne faisait pas vraiment attention à ces étranges réunions. Il avait bien conscience de ne pas pouvoir s'immiscer dans une amitié d'aussi longues dates.

Pourtant, cette après-midi là, Ron et Hermion lui firent signe de le rejoindre dans la chambre des filles.

« Mets-toi à l'aise, ça dure parfois un moment. » lui sourit mystérieusement Hermione alors que Ron roulait des yeux.

Bien que curieux sur la raison de sa présence ici, Drago préféra se taire en attendant que quelque chose d'intéressant se passe.

Quelques minutes plus tard, Ginny Weasley apparut dans la chambre.

« C'est bon, tout est prêt. »

Elle était rouge d'avoir couru dans les escaliers. Ron hocha vivement de la tête et attrapa la radio posé devant lui. Il en tourna les boutons quelques instants jusqu'à ce que la voix grésillante de Dumbledore résonne dans la pièce. Ginny ne prêta pas un seul regard au blond alors qu'elle s'installait un peu plus loin sur son propre lit.

Drago ne fut pas surpris de son comportement. En fait, elle était la seule qu'il parvenait à comprendre ici. Selon lui, c'était bien plus logique de vouloir l'ignorer froidement après plusieurs années de haine réciproque plutôt que de vouloir faire ami-ami avec lui. Bien qu'en réalité, cela ne le gênait pas vraiment de copiner avec Ronald et Hermione.

Chassant ses pensées futiles, Malefoy se reconcentra sur la radio. Il comprit alors en quoi consistait les cachotteries des trois Gryffondors, ils espionnaient les réunions de l'Ordre du Phénix. Drago sourit d'un air qui voulait dire « oh non, la Miss parfaite de Gryffondor fait des bêtises » à Hermione qui leva les yeux au ciel face à son comportement puérile.

Soudain, des cris résonnèrent dans la radio. En fait, les quatre écoliers pouvaient entendre de leur chambre Pomfresh crier après Snape. Les Gryffondors rigolèrent quelques secondes face aux injures hautes en couleurs de l'infirmière avant de se reconcentrer sur la conversation. Drago quant à lui était bien trop soulagé de savoir que son parrain était enfin réveillé pour penser à autre chose.

Durant les trois derniers jours que l'homme avait passé inconscient, Drago avait passé la plupart de son temps à son chevet. Cependant, Mrs Pomfresh avait semblé agacé de le voir traîner dans ses pattes et l'avait à la porte de son infirmerie tôt dans la matinée. Lui promettant tout de même de le prévenir dès que Snape se réveillerait. Visiblement, ce dernier avait décidé de prévenir les autres membres de l'Ordre de son réveil par lui-même. Drago sourit en reconnaissant bien là son parrain.

Puis, vint le récit de Snape. Drago connaissait assez bien l'homme pour savoir qu'il omettait très certainement quelques détails, certainement ceux qui n'étaient pas avantageux pour lui ou Potter.

Harry fixait le plafond de sa chambre.

Son anniversaire serait dans deux jours, tout comme son transfert du 4 Privet Drive au 12 Square Grimmaurd. Il ne doutait pas qu'à ce moment-là, il devrait rencontrer le directeur