Retourneuse de Temps
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« Since we're feeling so anesthetized,
In our comfort zone,
Reminds me of the second time,
That I followed you home. »
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Nous sommes la veille de Noël, pendant l'Apocalypse avec un grand A.
Mais pas n'importe quelle Apocalypse, non, celle avec plein de zombis. Merci le Virus Z pour cette version réelle de 'The Walking Dead'. D'ailleurs, tout comme dans ladite série, le plus virulent pour les survivants, ce ne sont pas vraiment les zombis eux-mêmes, mais plutôt... Les Humains.
Eh oui, même la fin du Monde ne change pas les mentalités ! Au contraire, ça les empire bien comme il faut.
Ainsi, notre histoire prend place au milieu d'une grande ville au demeurant normale et anciennement charmante, dans laquelle déambulent des Morts-Vivants et des vivants.
Des survivants, pour être plus précise. Des survivants séparés en deux groupes bien distincts.
Je fais partie d'un groupe précis qui, un beau jour un peu ensoleillé, décide de partir dans les jardins abandonnés avec deux personnes, deux femmes de mon âge.
La trentaine, donc.
Tout se passe bien, les deux femmes flânent au milieu des hautes herbes tout en s'énamourant.
Je souris en vérifiant qu'il n'y a aucun zombi à l'horizon.
Quelques heures plus tard, il est temps de fouiller les centres commerciaux désertés pour voler quelques pitances restantes avant de retourner au camp.
Le soleil éclaire encore pas mal dans le ciel, et nous avançons au milieu des routes désormais vides, que la nature ravage peu à peu.
Malgré l'hiver, je porte une simple robe noire qui s'arrête sous mes genoux, des ballerines de la même couleur et mes longs cheveux châtains sont, comme toujours, coiffés en une tresse qui cascade dans mon dos.
Tout en crapahutant parmi le magasin abandonné, nous rapinons quelques nourritures en conserve, en faisant le moins de bruit possible pour n'attirer ni morts... Ni vivants.
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« We're running out of alibis,
On the second of may,
Reminds me of the summertime,
On this winters day. »
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C'est sans compter sur mon TDA (Trouble Déficit de l'Attention) combiné à mes TSPTc (Troubles du Stress Post-Traumatique Complexe) qui me font dissocier et... Lâcher, avec un tapage évident, quelque chose de lourd qui tombe sur le sol.
Plus personne ne bouge.
La peur nous paralyse.
Les filles me regardent, à la fois énervées et inquiètes.
Nous nous cachons au milieu des débris du bâtiment, le cœur battant la chamade, attendant patiemment que le trouble passe.
Mais il ne passe pas.
Nous voyons, depuis nos cachettes, trois silhouettes arriver vers le magasin. Malheureusement, ce ne sont pas des zombis, mais bien trois personnes de notre groupe de survivalistes rivaux.
Armés jusqu'aux dents, ils commencent à fouiller les ruines.
Dissociant encore et tremblant de surcroît, je bouge et je fais du bruit.
Fuck.
Les trois Humains nous mettent en joue en nous ordonnant de nous lever. Ce que nous faisons. Mes deux amies sont transies de terreur, ce que je peux tout à faire comprendre.
Un des hommes armés nous hurle dessus en nous disant de les suivre.
Je prends mon courage à deux mains, et hurle à mon tour :
- NON !
Le survivant me regarde, fusil en avant, et je rajoute :
- Non, laissez-les partir toutes les deux et prenez-moi à la place. Uniquement moi.
L'homme jette un regard interrogateur vers ses acolytes et, après quelques secondes de réflexion, accepte. Il ne faut que deux minutes pour que mes deux amies prennent la poudre d'escampette, pendant que je marche directement vers le groupe ennemi, les mains toujours levées en signe de reddition. Les trois gardes me font signe de les suivre le long de la route, jusqu'à arriver à une voiture.
Une voiture !
Même mon groupe n'en possède plus, puisque nous avons vidé toutes les stations essence de la ville et de ses environs.
Je grimpe à bord, à l'arrière, à la place du milieu. Entre deux hommes armés, un autre côté passager et une femme au volant.
Je me laisse totalement faire lorsque mes deux voisins sortent des liens de cerclage pour me ligoter les mains et les pieds.
Normal.
La voiture démarre.
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« See you at the bitter end,
See you at the bitter end. »
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Je ne dis absolument rien et je ne me débats pas du tout. Je crois que ça les surprend, puisqu'ils se calment et baissent leurs armes. Je m'attends, logiquement, à me faire tuer une fois arrivé à leur Q.G, seulement la femme au volant n'arrête pas de jeter des coups d'œil dans son rétroviseur intérieur pour me scruter et dire, à voix haute :
- Nous n'allons pas la tuer.
Je suis surprise.
Les autres non, apparemment.
Voyant mon regard perdu, la conductrice reprend, en me fixant :
- Tu seras de la main d'œuvre gratuite. Genre, pour faire le ménage, à manger et ce genre de choses.
Je hausse les épaules, acquiesçant.
OK, ça me va. Honnêtement, je m'en fiche complètement.
Quelques vingt minutes plus tard, le véhicule se gare devant un bâtiment détruit par l'Apocalypse. Tout le monde descend, moi y compris. Ils me font signe d'avancer, mais avant, me détache uniquement les pieds pour que je puisse marcher.
Les mains toujours liées sur le devant, je les suis sans ne rien dire.
Nous passons dans des coins étroits et cachés aux yeux de tous, dans des labyrinthes de débris, avant d'arriver dans une espèce de Hall délabré. Dans le coin droit, il y a des escaliers de pierres, en colimaçons, qui montent jusqu'à dix mètres de haut, devant des poutres sortant du mur.
Six poutres en tout, fines et étroites, et au bout du parcours du combattant, une entrée secrète.
Je suis époustouflée, ils ont tout misé sur la cachette de leur QG !
Ils me font signe de monter les escaliers, derrière d'autres survivants. Je les vois, un par un, progresser tels des acrobates sur ces fameuses poutres, jusqu'à arriver à la porte ouverte. Je jette un regard aux dix mètres plus bas et mon cœur rate un battement.
Je ne suis pas sûr que mon TDA me laisse réussir ce parcours.
La femme me détache les mains, forcément, et me rassure en me disant que tout ira bien.
Mais je panique tellement.
Tellement...
Je lui demande si ça ne serait pas mieux d'essayer le parcours sans mes chaussures, pour ne pas glisser bêtement. Mais elle me dit que non, mieux vaut avec.
Je laisse passer tout le monde, la peur me paralysant.
Enfin, c'est mon tour...
L'équilibre n'est clairement pas mon fort, mais... Ça passe !
Enfin, je passe l'entrée secrète pour arriver dans leur Q.G...
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« Every step we took that synchronized,
Every broken bone,
Reminds me of the second time,
That I followed you home. »
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L'intérieur ressemble à une caverne, sans fenêtre, mais magnifiquement bien éclairé par plusieurs lampes et bougies. Un grand espace de vie s'ouvre devant moi, avec plusieurs tables, chaises, un semblant de cuisine et des personnes discutant le plus naturellement du Monde.
Je suis un peu intimidé par tout ça, tout est classe et bien pensé.
La conductrice, nommée Sylvie, me présente au groupe. Il y a autant d'hommes que de femmes. Le joyeux drille de la bande semble être un homme embonpoint qui sourit sans arrêt.
Un jeune homme aux magnifiques yeux bleus et aux cheveux châtains clairs, totalement en bataille, et qui répond au doux nom de 'Charlie' me regarde avec joie.
Sylvie m'emmène vers la première porte et l'ouvre pour laisser passer trois énormes chiens, des labradors, je pense. Je me jette presque sur eux avec bonheur. Je n'ai pas vu de chiens depuis l'Apocalypse ! Ils sont tellement adorables !
Je les caresse avec amour.
Les gens me parlent avec intérêt.
Je suis choquée...
Ne suis-je pas une 'Prisonnière de Guerre' ?
Je veux dire, une personne dans ma position dans mon groupe, elle serait morte en dix minutes à peine...
Mais pas ici. Ici, je souris enfin, je parle et j'écoute.
Et je regarde beaucoup Charlie, aussi...
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Je ne sais pas combien de temps se passe, car je suis... Heureuse ?
Ah oui, ça doit être ça. Je souris, je parle, je m'occupe du Q.G et des chiens.
Je crois que plusieurs jours passent, impossible de savoir sans horloge, ni lumière du soleil.
Pourtant, un bruit atroce nous fait sursauter. Un bruit évident d'attaque.
Les zombis ne possédant pas d'armes, et ne sachant pas les utiliser d'ailleurs, nous savons parfaitement qui sont nos assaillants : mon groupe.
Enfin, mon 'ancien' groupe...
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Nous prenons nous aussi des fusils, avant d'ouvrir la porte d'entrée, en haut du mur du Hall, de faire le parcours du combattant à l'envers et de nous retrouver sur les marches en pierre, au-dessus des ennemis Humains.
Une femme de mon groupe me reconnaît et me regarde avec rage.
Je hurle au milieu du brouhaha des tirs de balles :
- ARRÊTEZ ! STOP !
Les gens relèvent la tête vers moi, avec tout autant de véhémence dans leurs yeux, et je reprends :
- STOP ! Je suis vivante, je suis là, tout va bien !
La femme de tantôt se dirige vers moi et crache :
- TRAÎTRE !
Elle sort une grenade de sa veste militaire pour me la jeter dessus.
Par ses soins machiavéliques, elle a créé un dispositif vicieux sur ses grenades. Elles sont 'aimantées' et s'accrochent au métal. Par exemple, comme j'ai des bagues à mes doigts, la grenade atterrit dans ma main droite et s'englue à ma paume, comme une moule sur son rocher.
Merde.
Je compte mentalement, en essayant d'arracher l'arme de ma main. Je n'ai que 7 secondes pour survivre à l'explosion.
1... Je tire sur la grenade, mais la douleur est un supplice. Comme si de la super-glu lie le métal à ma peau.
2... Je serre les dents et je tire, encore et encore, et ça commence à saigner.
3... La peau se détache de la paume de ma main et je hurle à la mort.
4... Je vois la chair sous l'arme et les fragments d'os de ma main.
5... Je pleure de douleur en tirant de toutes mes forces d'un coup sec.
6... La main droite en sang pend lamentablement le long de mon corps. Avant que la grenade ne s'attaque à ma main gauche, je la lance sur l'envoyeuse.
7... Elle n'a pas le temps d'éviter l'explosion. La déflagration arrache son visage, en la tuant sur le coup.
Une personne de mon nouveau groupe m'attrape par les épaules pour m'emmener loin de la bataille pour atteindre une porte secrète. Une minuscule porte secrète, qui mène dans des couloirs souterrains. Charlie me tient le poignet droit pour me tirer vers la sortie.
Puis, nous courons.
Nous courons le plus vite possible.
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« You showered me with lullabies,
Had you walking away,
Reminds me that its killing time,
On this fateful day. »
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Nous sommes 5, Charlie, Sylvie, l'homme joyeux embonpoint que nous appellerons Hugo, puis un nommé Garret et moi. Tous ensemble, nous courons dans les boyaux de pierre, jusqu'à enfin arriver dehors.
Nous sommes en pleine journée, le soleil éclaire vivement nos pauvres yeux trop habitués à l'obscurité. Nous arrivons jusqu'aux berges d'une immense rivière. La végétation très dense nous empêche de bien progresser. Les ronces, les racines, nous nous accrochons à tout pour ne pas tomber. Et surtout... Pour éviter les tirs de balles, puisque mon ancien groupe nous poursuit avec acharnement. Dans la poursuite, Hugo et Garret tombent...
Entendez par là que, oui, ils meurent.
Charlie me tient toujours par le poignet, jusqu'à arriver dans un centre commercial abandonné.
Au milieu d'une étrange brume froide et blanche, nous avançons en silence pour nous cacher.
Seulement, voilà, vous vous souvenez que, à la base, nous sommes en pleine Apocalypse zombie ? Justement, entre ces murs sombres, au détour d'un couloir, surgit un chien zombi...
Un Demogorgon...
Une affreuse bestiole, qui marche à quatre pattes, vers nous. Reniflant le sang de nos corps et celui qui coule le long de mon bras...
Nous essayons de nous taire, de nous cacher 'en hauteur' même si le Monstre est grand et peut facilement nous attraper. Nous sautons de cachettes en cachettes, remarquant des vestiges d'anciens Humains qui, autrefois, ont utilisé cette même cachette pour échapper à la créature.
Bon, nous sommes dans la merde.
Il va falloir que j'utilise ma botte secrète pour nous sortir de là.
Je vais devoir retourner dans le Temps pour sauver tout le monde.
Je ferme les yeux et je murmure mon sort, en vieil Anglais :
- Awendaþ eft wansæliga neat, atot-oilg a chomlae, ablinn ðu forlæte ðu nu !
Le Temps s'arrête.
Puis se retourne...
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« See you at the bitter end
See you at the bitter end. »
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Nous sommes la veille de Noël, pendant l'Apocalypse avec un grand A.
De retour dans le Temps. Lorsque le groupe m'attrape et m'emmène dans leur Q.G secret. C'est là où mon corps se trouve.
Mon esprit, quant à lui, voyage dans l'espace.
Sachant pertinemment ce qu'il se passe dans le groupe opposé au mien, je retourne chez moi. Tel un fantôme invisible, je débarque dans mon propre Q.G.
Incognito.
Notre repaire n'est pas aussi sympa et classe que celui de nos 'ennemis' malheureusement. Bien moins chaleureux.
Je flotte là, regardant les gens qui, pour l'instant, ne savent pas que j'ai 'disparu'.
Ils parlent entre eux, discutent de tout et de rien.
Puis, lorsque les deux femmes qui gambadaient dans les jardins reviennent au Bunker, elles expliquent toute la situation à notre Patronne.
Cette dernière commence à s'enrager, en hurlant :
- De quoi ?! Alisone est une Prisonnière de Guerre ?!
Elle lève le poing et prend les armes.
Forcément, le groupe suit la Boss.
J'essaye de hurler, de leur dire que NON, je ne suis PAS prisonnière, mais rien à faire. Ils ne m'entendent pas.
Il va y avoir un bain de sang...
Bon, pas le choix, je murmure derechef :
- Awendaþ eft wansæliga neat, atot-oilg a chomlae, ablinn ðu forlæte ðu nu !
Le Temps s'arrête.
Puis se retourne...
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« From the time we intercepted
Feels a lot like suicide,
Slow and sad, getting sadder,
Arise a sitting mine (see you at the bitter end). »
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Nous sommes la veille de Noël, pendant l'Apocalypse avec un grand A.
De retour dans le Temps.
Je ne suis pas allée assez loin dans le temps... Ma magie diminue drastiquement.
Me voici quelques minutes avant l'attaque de mon ancien groupe contre le 'nouveau'.
Je dois me dépêcher de les prévenir et de sauver le plus de monde possible.
Au moment où le Temps du passé s'affronte avec le Temps du présent, la ligne Temporelle reprend sa place, et moi aussi. Me voilà moi, dans mon corps, au présent... Dans le passé.
Euh... Vous suivez ?
OK.
Je préviens mes nouveaux amis et j'en profite pour attraper Charlie par la main, pour courir dans un immeuble abandonné, bien loin du centre commercial et de son horrible Demogorgon.
Mais, à quelques secondes prêt, mes anciens amis nous suivent à la trace. J'ai à peine le temps de grimper dans un ascenseur un peu branlant, appuyant 200 fois sur le bouton '3'.
Les portes se referment... Et s'ouvrent à nouveau.
Oh non... Je vois les visages familiers se tordre de rage en courant vers nous. Mais je continue de marteler le bouton, '8' cette fois-ci, en priant mentalement.
Les portes se ferment, un 'boum' retentit et l'ascenseur monte enfin...
Le couloir qui s'offre à nous est 'neuf', en tout cas, pas aussi délabré que le reste des appartements. Je pense donc que des survivants se cachent ici. N'ayant pas le temps de frapper à toutes les portes, dans l'espoir qu'une bonne âme nous ouvre, je cours au fond du corridor, vers la porte sur ma gauche et je murmure :
- Tospringe.
Un 'clic' retentit et le battant s'ouvre. Je m'engouffre à l'intérieur, en agrippant Charlie à mes côtés et je ferme à clef derrière moi.
Pile au bon moment, car j'entends l'ascenseur s'ouvrir pour laisser sortir mes assaillants.
Je reste collée à la porte, en priant. J'écoute encore les gens dans le couloir, toquer à tous les appartements pour nous attraper. Jusqu'à arriver à ma cachette.
Je murmure :
- Forþ fleoge.
Pour verrouiller la serrure par magie.
Pendant que mes anciens collègues hurlent, je jette un coup d'œil à l'appartement.
Vide.
Mais propre, telle une chambre d'hôtel prête à être utilisé.
Un joli lit deux places, blanc et douillet, dans une chambre aux murs jaunes qui me fait penser aux Backrooms.
Peut-être que j'y suis, en réalité.
Les deux personnes de l'autre côté de la porte s'énervent dessus, en disant qu'ils savent pertinemment que je me cache ici.
Eh merde...
J'ai une idée un peu nulle, j'imite une petite vieille qui crie contre eux, leur demandant de la laisser dormir en paix.
Ça passe... Moyen...
Mais je continue mon mensonge grotesque, en murmurant tantôt :
- Forþ fleoge.
Et tantôt :
- Wansæliga neat.
Pour verrouiller encore et encore la porte, par paranoïa évidente.
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Je souffle de soulagement quand les coups cessent enfin et que le 'ding' de l'ascenseur retentit, révélant que mes assaillants quittent le couloir.
Ou pas.
Car, au moment où je souris à Charlie, soulagé lui aussi, j'entends une voix murmurer derrière la porte.
Une voix qui murmure... Un sort magique.
Puis, la porte s'ouvre sur...
- Loki ?! hurlais-je, perdue.
Il sourit à son tour, ouvre les bras, et dit :
- Come on, Ali... What did you expect ?
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« I love to see you run around,
And I can see you now,
Running to me,
Arms wide out. »
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Loki met bien du temps à m'expliquer qu'il est de mon côté.
Étrangement, je le crois.
Nous devons nous échapper, tous les trois, mais pas par l'ascenseur, ni par les escaliers, au risque de croiser nos ennemis. De fait, nous décidons de sauter par la fenêtre.
Oui, depuis le 8e étage.
Pas d'inquiétude, Loki et moi utilisons notre magie en même temps pour ne pas mourir dans la chute.
La nuit est tombée, le croissant de lune éclaire faiblement un ciel noir étoilé, et notre petit trio court dans les ténèbres de minuit.
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Nous arrivons au port, vide, forcément.
Je dis à Charlie de partir retrouver les survivants de son groupe, qui doivent être plus nombreux que la première fois, puisque je les ai prévenus juste à temps.
Je dis au revoir à Charlie, puis me retourne vers Loki.
Il porte son costume Asgardien émeraude, sans son casque à cornes bien sûr. Ses cheveux ébène tombent au ras de ses épaules et il continue de me sourire.
Nous avons un plan :
Détruire nos ennemis.
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« See you at the bitter end,
Reach inside,
Come on just gotta reach inside,
Heard your cry. »
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Mais nos ennemis sont fourbes et connaissent notre magie.
Tout se passe si vite, dans le noir de la nuit, au bord de la mer, lorsqu'un groupe étrange débarque devant nous avec violence. Cela devient très inquiétant lorsque je me rends compte qu'ils n'ont pas d'armes à feu... Mais des seringues !
Quoi ?
Des seringues qu'ils utilisent à la place des balles dans leurs fusils et ils tirent à vue sur Loki. Pour, à la fois lui injecter un produit inconnu, mais également lui prélever du sang.
Très vite, le pauvre Loki devient faible.
Très faible.
Je me jette sur lui pour le tenir et l'éloigner des fous qui nous entourent. Utilisant le peu de magie qu'il me reste, je crie avec douleur :
- Awendaþ eft wansæliga neat !
Pour nous engouffrer dans une ruelle sombre, loin du port.
Dans un coin éloigné, sans zombi apparent. (Oui, je rappelle que nous sommes toujours en pleine Apocalypse Z !)
Loki paraît faible, si faible.
Nous discutons et je comprends avec horreur que le sang que nos ennemis lui ont prélevé, l'empêche d'utiliser à 100% sa magie.
OK.
Je l'abandonne quelques secondes dans la ruelle sombre pour courir vers le port.
Incognito.
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Je rase les murs décrépis, essaye de voir où les laboratoires se situent pour m'y faufiler dans le noir de la nuit, tout en murmurant mes sorts, bien que cela m'affaiblit à mon tour.
Lentement, mais sûrement, je vole les seringues sous les regards inattentifs de nos ennemis.
Et je ne cherche pas à rester plus longtemps, je cours rejoindre Loki.
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« Six months time,
Six months time (see you at the bitter end),
Prepare the end. »
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Loki est toujours allongé, camouflé par la pénombre. Je me jette sur lui pour lui injecter à nouveau tout le sang perdu, et ainsi réactiver sa magie.
J'attends en priant quelques minutes, jusqu'à ce qu'il rouvre ses beaux yeux bleus vers moi.
- Eh, ça va ?
- Je crois...
Je l'aide à le relever, je le supporte presque de mon côté droit pour ne pas qu'il tombe à nouveau.
C'est là, que je sens son odeur.
Une odeur qui me Trigger et commence à gentiment me faire dissocier.
Comme c'est étrange...
Oh oui, il sent bon.
Le moment n'est pas aux souvenirs olfactifs, car je vois un groupe de Morts-Vivants qui débarquent dans la ruelle.
Je lève mon bras gauche en avant, le seul de libre, pour clamer :
- Writ thas gelicnesse ond afæstna tha thæm clute tha !
Un bouclier invisible sort de mes doigts pour nous encercler Loki et moi.
Les zombis ne peuvent plus passer et nous pouvons sortir de là sains et saufs.
Décontenancé, Loki admire mon bouclier et dit, entre rire et raillerie :
- Tu pouvais faire apparaître un bouclier magique depuis le début, et tu ne l'utilises QUE maintenant ?
Oups.
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Puis, je me suis réveillée.
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Chanson : 'The Bitter End' de Placebo.
01.09.2022
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