Prologue
« Le souvenir, c'est la présence dans l'absence. C'est la parole dans le silence. C'est le retour sans fin d'un bonheur passé auquel le cœur donne l'immortalité »
Actuelle Mongolie intérieure, 23 Mai 1370
Le soleil atteignait lentement son apogée dans le ciel, éclairant de ses rayons printanier l'immense cour à mes pieds, où se tenait les milliers de personnes venues assister à l'investiture de Sun-hi en tant qu'impératrice.
L'air était léger, le parfum des fleurs s'y mêlait. La musique donnait un air festif à la cérémonie qui s'apprêtait à se dérouler.
Une cérémonie qui marquerait l'Histoire.
Elle arrive, souffla le garde du corps de mon fils, et l'air musical changea pour se faire plus harmonieux.
Nous y étions.
Je ne l'a voyais pas encore, mais je savais qu'elle portait avec fierté et honneur le rôle qui était le sien. En hommage à sa famille, à son titre royal, à son rang. A vous. Ses parents.
Je savais qu'elle ne gardait de vous qu'un souvenir diffus, trop jeune au moment de vos morts pour véritablement se souvenir.
J'avais tenu ma promesse, faite vingt ans plus tôt, au moment où vous étiez partis défendre Daedo. Cette promesse que je vous avais faite de les élever comme mes propres enfants si vous veniez à ne pas revenir de la guerre.
Saeko était devenu haut commandant de la garde du palais, un poste qu'il avait toujours rêvé d'acquérir afin de faire honneur à la mémoire de son père. Et Sun-hi s'apprêtait quant à elle à épouser Ayu, l'empereur de notre nouvelle dynastie.
Mon fils. Notre fils.
Car à toi aussi j'avais fais la promesse de tenir bon, de recréer un nouvel empire à la hauteur de ton souvenir. J'avais tenu bon. J'avais réussis.
Vingt ans que vous m'aviez tous quitté, les uns après les autres, me laissant seule à la régence d'un empire sur le déclin.
J'avais tout perdu. Sauf eux. Et c'était pour eux que je m'étais relevée et que j'avais avancé. Un pas après l'autre.
Sun-hi fit son apparition en haut des escaliers, et je ne pu qu'être émerveillée devant sa beauté et sa prestance. Elle avait revêtu la robe de cérémonie qui convenait à la place qu'elle s'apprêtait à prendre, et en l'a voyant approcher lentement, je ne pu que penser à toi.
A toi, ma chère Jane, ma plus chère amie. Celle dont les années qui défilent ne retirent pas le souvenir. J'ai tenu la promesse que je vous avais faite, celle que j'avais faite à mon très cher mari. J'ai élevé ces trois enfants ensemble, sans distinction, côte à côte. J'ai rempli le rôle de mère que l'on attendait de moi et que tu n'as pas pu remplir.
Jamais je n'aurais imaginé à les voir jouer ensemble que mon fils et votre fille finiraient ensemble. Mais c'est un beau cadeau. Un magnifique hommage.
Elle lui ressemble. Elle a hérité de toi ta grâce, mais c'est le portrait de son père tout craché, que ce soit physiquement ou mentalement. Grande, mince, de longs cheveux bruns et raides, ses yeux en amande, des iris aussi sombres que les siens, sa peau plus mate que la tienne. Son calme en toute circonstance, son implacable sang-froid. Elle a aussi hérité de vous deux son étonnante capacité à tout gérer sans rien laisser paraître, chose qui m'avait toujours beaucoup impressionnée chez vous deux.
Et elle s'avançait, forte du mélange culturel qu'elle portait en elle.
Elle est magnifique, murmura Ayu, et en lui jetant un coup d'œil, je vis le même air enfantin et heureux que tu avais le jour où j'avais moi-même été intronisée impératrice.
Toi aussi, mon cher mari, tu me manque terriblement. Chaque jour me rapproche un peu plus de toi, mais m'éloigne de nos souvenirs.
Je sais que, tout comme eux deux, tu veilles sur nous.
Ayu te ressemble beaucoup. Parfois même un peu trop souvent, je te revois en lui. Comme une bride de souvenirs. Un instant de bonheur d'une époque à présent révolue.
Le peuple l'aime déjà tellement, sourit le Grand Conseiller. Elle était déjà impératrice avant d'en porter le titre.
Sun-hi s'immobilisa devant nous, et leva doucement ses yeux pour les poser sur nous.
Je fus une nouvelle fois happée dans le passé lorsqu'elle regarda Ayu.
Elle a les yeux de son père, mais ton regard. Ce même regard sûr, droit et franc.
Le même regard que toi, ma chère amie, quand tu les posais sur ton mari. Aujourd'hui encore, je me souviens à quel point votre histoire a été aussi improbable que magnifique.
Tu lui étais restée fidèle et loyale jusqu'à la fin, le suivant dans la mort.
Bien que je le sache déjà depuis plusieurs années, je su à cet instant en voyant Sun-hi poser le même regard sur mon fils qu'elle en ferait de même pour lui jusqu'à son dernier souffle.
Je regardais Ayu descendre les quelques marches pour la rejoindre sur l'estrade, là où je le savais, tout notre peuple pouvait les voir.
Ensemble, ils accueillirent les applaudissements et les acclamations, et je sentis mon cœur se serrer quand mon esprit fut de nouveau tenté de se perdre dans les souvenirs.
Quinze années auparavant, c'était moi qui me trouvait à la place de ma belle-fille. A l'époque, je montais sur ce trône avec fierté, mais sans aucune joie. Aujourd'hui, je réalise que, bien qu'elles soient parsemées de doutes, de peur et de colère, il s'agissait de mes plus belles années.
Après être restée quelques minutes à les admirer, et après un dernier sourire à leur égard, je les laissais prendre leurs nouveaux rôles d'époux et de dirigeants.
Descendant les marches dans l'autre sens, je refusais la présence de mes serviteurs et de mes gardes du corps. A contrecœur, ils acceptèrent ma demande et s'éloignèrent, me laissant gagner seule les jardins en contrebas.
Il y avait certains voyages que l'on se devait d'effectuer seul. Sans famille, sans amis, sans proches. Juste seul.
Celui là en faisait partit.
Le vent souffla plus doucement, caressant ma joue, et avec un sourire, je me surpris à avoir l'impression que vous m'entouriez.
Alors seulement je m'autorisais à laisser ressurgir tous ces souvenirs enfouis au plus profond de moi. Ceux d'un temps si lointain, qui ne fut pas si simple à vivre, mais qui avais composés mes plus beaux moments.
GROS DISCLAIMER : ma fiction ne fait que s'inspirer de certains faits réels, et elle prend son appui uniquement sur la série. Je n'ai pas fait de recherches spéciales sur les personnages qui ont réellement existés, je ne connais rien à l'histoire de la Chine, Mongolie et Corée à l'époque où se déroule l'histoire, mes connaissances sont donc quasiment inexistantes en la matière, et si vous vous y connaissez un peu mieux que moi, vous saurez sans l'ombre d'un doute distinguer la moindre des incohérences et exactitudes qui s'y trouveront.
J'ai parfaitement conscience que le territoire de la Dynastie des Yuan et le Royaume de France étaient à des milliers de kilomètres, et évidemment, je sais que certains faits décrits dans ma fiction seront totalement incohérents et irréels. Et bien que j'ai tenté de rester le plus possible réaliste dans la majorité de mes écrits, évidemment, par déduction, une certaine partie de ma fiction ne l'est pas.
Cette fiction, je l'ai écrite parce que le personne de Taltal m'a beaucoup plu, que j'apprécie beaucoup l'acteur, et parce que les mots me sont venus tout seul pour écrire. Je la publie par plaisir, avec la seule volonté de partager.
Je tiens également à préciser que je ne publie pas de façon régulière.
Je vous souhaite une belle lecture.
