7 novembre 1983

Encore une fois, Harry avait été puni à la place de son petit frère. Ce dernier avait visiblement brisé une vitre d'un des salons préférés de leur père en jouant avec un ballon. Pourtant, il savait bien qu'il n'avait pas le droit de jouer à la balle à l'intérieur du manoir. Thomas, bien conscient de sa bêtise et redoutant la punition, n'avait pas osé se dénoncer. A la place, il s'était caché dans sa chambre toute la journée.

Les dégâts n'avaient été trouvés que le lendemain matin lorsque James pénétra dans le salon pour y lire son journal et boire une tasse de café. A peine avait-il vu le verre cassé, qu'il s'était rué vers la chambre de son aîné. Pour le père de famille, il n'y avait aucun doute, Harry était le fautif. Il était le seul à toujours faire des bêtises.

Sans faire attention à la mine ensommeillée du garçon alors qu'il le tirait hors du lit par le bras, James le traîna avec force jusqu'au salon. Une fois sur place, il propulsa son fils en avant d'un geste sec. Harry avait titubé quelques secondes avant de trébucher et de tomber sur le sol, les mains en avant. Quelques éclats de verre s'incrustèrent dans ses paumes, un petit cri de douleur lui avait même échappé. James, furieux de voir son joli tapi blanc être taché de sang, s'anima d'une colère d'autant plus intense. Alors il cria, tempêta, frappa et punit son fils. Il l'avait mérité.

Puis, après un long moment, sa rage s'apaisa. A bout de souffle, l'homme tourna des talons et quitta le salon en claquant la porte derrière lui. James avait besoin de se détendre et cela ne pouvait que se faire loin de la vision de son horrible fils.

Alors que Harry sortait du salon de son père, il tomba nez-à-nez avec son cadet. Sachant parfaitement que pour l'instant il n'avait qu'une envie, lui mettre son poing dans sa figure, il préféra se détourner de lui. Si Thomas n'avait pas fait son lâche et s'était dénoncé, alors James ne l'aurait pas puni. Bien que ne croyant pas lui-même à cela, Harry préféra s'en convaincre. Il était bien trop dur d'accepter que leur père l'aurait de toute façon blâmée pour une raison ou une autre. Si ça n'avait pas été celle-ci, alors James lui aurait reproché de ne pas avoir mieux surveiller Thomas ou autre.

Harry s'adossa quelques secondes à un mur. Sa chambre lui paraissait horriblement loin. Il devait absolument se faire soigner avant que Miller ne vienne pour ses cours de l'après-midi. Alors Harry reprit difficilement sa route.

Il fut plus que contrarié en sentant son frère le suivre. Très bien, il allait lui montrer à quel point il avait souffert par sa faute. Cela faisait plus de deux ans qu'il cachait tant bien que mal les maltraitances de son père aux yeux de Thomas. Mais si cela voulait dire qu'il continuerait de le balancer à sa place jusqu'à son départ en fin de mois de la famille, alors il préférait briser ses petites désillusions. De toute façon, il doutait que cela entache réellement l'admiration de Thomas à l'égard de James.

Il se rendit jusqu'à sa chambre au troisième étage, toujours suivit par Thomas et y appela Moby. L'elfe sembla perturbé en remarquant la présence du benjamin, cependant ce dernier ne semblait pas vouloir partir malgré les recommandations de l'elfe.

« Laisse donc ce crétin faire ce qu'il veut. On n'a pas le temps Moby, Miller arrive dans quelques heures.

- Bien jeune maître. Si c'est ce que le jeune maître veut, alors Moby obéira. »

Moby chercha plusieurs potions et baumes dans la salle de bain avant de les poser sur le bureau de Harry. Pendant ce temps, Harry avait enlevé son t-shirt et ouvrait déjà le bouchon de la première fiole. Voyant ses difficultés, Moby prit délicatement la potion des doigts de son maître et l'aida à l'ouvrir. Harry la but cul-sec, une grimace de dégoût tirant ses traits. Aussitôt, la douleur s'évapora petit à petit.

Il prit ensuite une autre potion pour stopper le saignement de ses plaies sur son dos. Enfin, il s'agenouilla dos à Moby pour être à sa hauteur. Ainsi, l'elfe n'aurait aucun mal à le badigeonner de baume cicatrisant. Bien que cela n'effaçait en rien les cicatrices, il l'aidait au moins à accélérer le processus de guérison. Pour effacer toutes ces marques, il faudrait faire appel à un médicomage, mais cela lui était hélas impossible.

Une fois soigné, Harry fixa finalement son regard sur son frère. Cela le perturbait beaucoup de sentir Thomas suivre chacun de ses gestes, l'hypnotisant complètement, si bien qu'il n'avait plus bougé depuis plus de trois quarts d'heure.

Harry se rapprocha de lui et afin de lui tapoter le dessus de la tête de son cadet comme à son habitude pour lui montrer qu'il ne lui en voulait plus, le féliciter, le remercier ou dans ce cas pour le sortir de ses pensées. Cependant Thomas crispa inconsciemment chaque muscle de son corps par anticipation. Harry stoppa donc son geste quelques centimètres avant de pouvoir le toucher et laissa finalement son bras retomber le long de son corps.

« Je suis privé de balai pour trois semaines de plus, donc jusqu'à la fin du mois.

- C'est tout ? » s'étonna Thomas. Habituellement il avait des devoirs ou des tours de terrain en plus.

« Oui c'est tout. » cracha ironiquement Harry. « Et dire que je voulais au moins voler une dernière fois avec toi avant mon départ. C'est dommage, ma dernière punition se levait demain. » soupira Harry.

« Comment ça ton départ ?! »

Harry se tendit. Il avait oublié qu'il n'avait encore rien dit à son frère quant au reniement et son prochain départ pour le manoir Black.

« J'ai été renié par James. Nous ne sommes plus de la même famille maintenant et dans quelques jours ou semaines, nous ne serons plus autorisés à nous voir. Je partirai et nous nous reverrons certainement seulement à Poudlard dans quelques années. » énonça froidement Harry, essayant de contenir ses larmes.

« Pourquoi ?

- Parce que je t'ai blessé, James préfère que tu sois l'héritier, je ne veux pas que le nom de ma mère disparaisse, je ne corresponds pas à ce que doit renvoyer un Potter, je suis un loup-garou, je suis dangereux et parce que je ne suis pas digne de ce titre. Il y a beaucoup de raisons, Thomas. » souffla-t-il doucement, en détournant le regard.

Harry était le modèle de son petit frère, il en avait parfaitement conscience. Il était tout ce qu'un petit garçon de trois ans voulait devenir à son âge. Il courait vite, était talentueux sur un balai, toujours présent pour lui, ne pleurait pas facilement et était bon dans tout ce qu'il entreprenait.

Alors ne souhaitant pas craquer devant son petit frère qui l'admirait tant, Harry quitta la pièce au pas de course. Ne laissant pas même le temps à son cadet de répondre ou de le questionner davantage.

Harry rejoignit le salon dans lequel son professeur ne tarderait pas à le rejoindre. Il n'avait pas le droit de passer sa colère et sa frustration sur son petit-frère. Thomas n'y était pour rien dans tout cela et il ne tenait pas à le quitter en mauvais termes. Il ne le supporterait pas.

Après avoir pris une grande inspiration, essuyé ses larmes et attendu que son rythme cardiaque diminue quelque peu, Harry poussa la porte du salon et s'installa dans l'un des fauteuils de la pièce tout en attrapant l'un des livres sur la table basse. Quelques minutes plus tard, Miller arriva dans le salon et ils se dirigèrent tous deux vers la bibliothèque où Harry s'assit sagement à son bureau.

Il aimait ses leçons avec Miller. Elles étaient difficiles et l'obligeaient à se concentrer le plus possible. Harry ne pouvait pas se permettre de se perdre dans ses pensées et ainsi, il pouvait oublier quelques instants ses soucis. Il pouvait oublier toutes ses insécurités. Harry avait juste à écouter son professeur et cela était étrangement bienfaiteur pour son esprit constamment agité.

Ses leçons avec le vieux sorciers allaient terriblement lui manquer.

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18 novembre 1983

Harry ressortit du bureau de son père les larmes aux yeux. Ça y était, il allait partir le lendemain dans la matinée et il devait avoir fini d'emballer ses affaires d'ici là.

En pénétrant sa chambre, Harry découvrit avec surprise et dégoût que plusieurs malles et cartons vides l'attendaient déjà. Apparemment James avait véritablement hâte de le voir partir. Le garçon prit une profonde inspiration afin de se donner un peu de courage et surtout, ne pas fondre une nouvelle fois en larmes.

Ne sachant pas vraiment par où commencer, Harry décida de faire à Moby pour l'aider à tout empaqueter. L'elfe accepta volontier de l'aider et demanda même à Borgy, son grand-frère, de venir leur donner un coup de main. Borgy n'aimait pas quitter ses précieuses serres, pourtant il ne pipa mot. Harry était bien plus important que quelques plantes, il était son jeune maître après tout.

Alors sans un mot, Borgy s'enfonça dans sa penderie et fit voleter ses vêtements dans une des malles. Moby quant à elle, décida de commencer à trier la bibliothèque recouvrant l'un des pans de la chambre. Tous les livres n'appartenaient pas à Harry et provenaient de la bibliothèque. Il fallait donc les séparer de ceux que le garçon emmènerait avec lui.

Harry quand à lui se dirigea vers son bureau, entassant précautionneusement ses piles de cours, de parchemins et de manuels scolaires dans une troisième valise. Cela ne lui prit pas bien longtemps. Il n'aimait pas le désordre, alors ses cours étaient déjà très bien rangés.

Bientôt, Harry eut à décrocher les dessins accrochés au-dessus de son bureau. Retirer son album photo d'un de ses tiroirs. Emballer les crayons de couleurs et le livre de coloriage que Thomas lui volait constamment. Vider sa table de nuit et empaqueter le libres de contes qu'il lisait le soir à son frère. Enfin, il ouvrit une petite malle rangée dans un coin de sa chambre. Elle contenait les quelques rares jouets qu'ils possédaient, la plupart étant des cadeaux de Remus ou des peluches qu'il avait avant d'emménager chez James Potter.

Harry attrapa avec délicatesse la petite voiture en bois que Remus lui avait achetée deux ans plus tôt. Puis il caressa sa peluche en forme de loup que Lily lui avait offert, c'était à peine quelques jours après qu'il fut mordu. Il retint un rire en attrapant un lapin rose qui devait autrefois avoir deux oreilles, mais qui n'en avait désormais plus qu'une. Certainement qu'il avait dû être un peu trop turbulent dans ses premières années.

Finalement, il attrapa son tout dernier cadeau que Remus lui avait offert une dizaine de jours plus tôt. Il avait été en retard de quelques jours pour son anniversaire, mais Harry ne lui en avait pas tenu rigueur. Il était déjà si heureux d'avoir reçu un cadeau. Il s'agissait d'un vieux plateau d'échecs et bien qu'un peu confus en ouvrant le paquet, Harry avait très rapidement reconnu le vieux jeu d'échecs de son grand-père Fleamont. Certaines pièces présentaient encore des traces de ses petites dents, Harry avait toujours préféré machouiller les pièces plutôt que d'écouter son papy lui réciter les règles des échecs.

Harry ne savait pas vraiment par quel moyen son parrain avait réussi à convaincre James de lui permettre de fouiller l'héritage de ses parents protégés à Gringotts. Encore moins d'offrir l'une de leurs affaires à son fils honni. Mais Harry ne voulait pas vraiment savoir. Tout ce qui lui importait était qu'il ait reçu un très beau cadeau pour son anniversaire, un cadeau à la valeur inestimable pour lui.

Le garçon fut d'autant plus ravi de découvrir que Remus avait usé de son talent en enchantement pour ajouter sa patte au plateau. Il avait réussi à l'enchanter de telle sorte que Harry puisse choisir d'y jouer à la Moldu, c'est-à-dire en soulevant les pièces lui-même plutôt qu'en leur ordonnant de se déplacer par elle-même. Cela pouvait être pratique s'il voulait un peu de silence ou discuter avec son adversaire sans avoir à supporter les interventions incessantes des pièces. De plus, le plateau pouvait retenir les parties déjà jouées et ainsi permettre à Harry de jouer tout seul face à un adversaire imaginaire s'il n'avait pas de partenaires. Cela arrivait souvent qu'il joue contre lui-même puisque dans son entourage, seul Remus savait jouer et n'était malheureusement pas bien souvent disponible.

Harry serra le plateau contre lui quelques instants. Il avait envie de pleurer si fort, mais Moby n'aimait pas lorsqu'il se laissait emporter par les émotions et Borgy avait peur de lui dans ces moments-là. Alors Harry serra d'autant plus fort son jeu d'échecs, contrôlant avec difficultés ses émotions et les volutes de magie qui tentaient de s'échapper de son corps.

Harry se recroquevilla sur lui-même, écoutant distraitement Moby gronder Borgy pour avoir mal plier une chemise. Un petit rire lui échappa lorsque Borgy marmonna un gros mot et reçut un coup de livre sur le crâne.

« Pas de vulgarité devant le jeune maître ! » gronda très peu discrètement Moby.

Harry aimait écouter les elfes interagir entre eux lorsqu'ils pensaient qu'aucun sorcier ne les écoutait. Ils semblaient alors si libres d'exprimer leurs opinions et leur caractère, Harry aimerait qu'ils se comportent de la même façon envers lui. Il ne voulait pas être considéré comme leur maître, mais comme leur ami. Les elfes de maison étaient si tolérants, ils étaient bien les seuls à ne pas penser constamment à sa lycanthropie lorsqu'ils étaient à ses côtés. Remus ne comptait pas, puisqu'il était lui-même un loup-garou.

Ne voulant définitivement pas que ses derniers instants avec Moby et Borgy se finissent en crise de larmes, Harry prit une profonde inspiration avant de se lever et de placer le plateau d'échecs dans une des trois malles. Il rejoignit la conversation avec un grand sourire, certes forcé, mais tout de même très sincère.

Harry pleurerait plus tard, lorsqu'il serait seul.

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19 novembre 1983

« Pourquoi tu ne peux pas rester ici ? » renifla Thomas en pénétrant la chambre de Harry.

C'était le jour du grand départ. Harry était simplement venu dans la pièce pour vérifier une dernière fois qu'il n'avait rien oublié.

Son frère lui avait déjà posé cette question des dizaines de fois depuis qu'il avait appris la nouvelle. A chaque fois, Harry lui répondait la même chose mais cela n'empêchait nullement Thomas de la reposer, encore et encore.

- Et bien un reniement, c'est comme recommencer à zéro. Vois ça un peu comme une renaissance. De toute façon, un Black qui ne vit pas avec et comme les Black, ce n'est pas un Black. Je dois donc faire le maximum pour me faire accepter au sein de la famille et de l'aristocratie pour me faire reconnaître comme l'héritier de la famille. »

Thomas lui lança un regard septique empli de larmes contenues. Il ne voulait pas à nouveau fondre en larmes. Son grand-frère tenta de lui remonter le morale en lui promettant de lui écrire souvent, mais cela ne fonctionna qu'à moitié. Les deux enfants rejoignirent Remus qui était entre-temps rentré du travail pour dire au revoir à Harry. Après tout, le monde n'allait pas cesser de tourner s'il prenait seulement une petite journée de congé. Une fois que Kreattur, l'elfe des Black, et Moby eurent envoyé les valises du nouvellement Black dans sa chambre au Square Grimmaurd, les deux garçons rejoignirent l'adulte dans le salon.

Juste avant de passer la porte, Harry s'arrêta devant son petit-frère et plongea son regard dans le sien. Il posa un de ses genoux à terre. Il était très légèrement plus bas que lui désormais mais au moins, leurs regards se croisaient plus facilement.

« Je sais que c'est dur pour toi, Tom. Mais je compte sur toi pour tenir bon et aider Moby en ne faisant pas trop de bêtises, d'accord ? » Le petit garçon hocha de la tête. « Tu seras toujours mon petit-frère, peu importe ce que les adultes disent. Moi je t'aimerai toujours. Est-ce que … Est-ce que je peux te faire un câlin ? »

Thomas sembla confus quelques instants, ne comprenant pas la raison de cette demande. Habituellement les gens ne lui demandaient pas cela et ça ne l'avait jamais contrarié. Il aimait les câlins. Alors, sans trop comprendre la réelle signification de son geste pour son frère, il hocha de la tête et tendit ses bras vers lui.

Son frère le serra longtemps, mais cela n'importait à aucun d'entre eux. Harry profitait du contact de son précieux cadet, cela était devenu rare venant de sa part ses derniers temps. Alors le sentir se détendre à son contact était le plus beau des aux revoirs qu'il pouvait lui offrir. Thomas, quant à lui, retrouvait avec satisfaction la sensation de protection que lui assuraient les bras de son aîné depuis qu'il était un tout petit bébé.

C'est à cet instant qu'ils réalisèrent que c'était la fin de quelque chose, d'une époque. Certes, ils pourraient se revoir de temps en temps ou bien échanger des lettres. Mais plus rien ne serait réellement pareil. Plus de bisou du soir ou du réveil, plus de câlin réconfortant suite à un cauchemar, plus de contes et de légendes avant d'aller au lit, plus de jeux à deux, plus de repas en tête à tête tous les midis.

Thomas réalisait à quel point son frère prenait continuellement soin de lui. Il avait toujours trouvé ça naturel de l'avoir à ses côtés, alors imaginé un monde où il serait seul le terrifiait plus encore que les monstres qui se cachaient probablement sous son lit. Thomas ne voulait pas que Harry parte. Mais il savait aussi que pleurer ne ferait que compliquer les choses pour ce dernier, alors il se retint de toutes ses forces et se promit de ne pas rendre les aux revoirs plus difficiles encore pour eux.

Harry se recula et plongea son regard humide dans celui de son cadet. Il semblait encore plus au bord des larmes que Thomas, mais aucun d'eux n'y prêta attention. Doucement, il se pencha sur son front et l'embrassa une dernière fois.

« Merci. » lui souffla-t-il avant de se relever et de rejoindre finalement Remus pour lui offrir à lui aussi une dernière étreinte avant de pénétrer dans la cheminée.

Il entendit vaguement Thomas souffler un « Merci pour quoi ? », mais il ne lui répondit pas.

Il avait tant de raison de le remercier, mais cela il ne voulait et n'arriverait certainement même pas à le dire à voix haute. Merci d'avoir été un petit frère aussi mignon, gentil et amusant. Merci de lui avoir offert tant de bons souvenirs. Merci de l'avoir accepté dans la famille. Merci de ne pas avoir suivi l'exemple de son père et de ne pas l'avoir détesté. Merci de l'avoir pardonné pour son mauvais caractère. Merci de ne pas l'avoir repoussé après avoir découvert sa lycanthropie. Merci de lui avoir offert une dernière étreinte. Merci d'avoir été à ses côtés. Merci de lui avoir donné une raison de vivre.

Il y avait tant de choses pour lesquelles Harry voulait remercier son frère qu'il ne saurait même pas par laquelle commencer. Il avait conscience que s'il se retournait pour lui expliquer cela ou pour lui répondre, il n'aurait plus la force de partir. Alors, Harry lança une poignée de poudre verte à ses pieds et cria le nom de sa destination.

Derrière lui, il entendit un sanglot retenu de son petit-frère. Il avait l'horrible impression d'abandonner Thomas et cela lui brisait le cœur. A bout de nerf, Harry ne put empêcher une larme solitaire de lui échapper, cependant il la fit rapidement disparaître d'un revers de la manche.

Il prit une grande inspiration et son masque de Sang-Pur reprit sa place sur son visage au moment où il arriva à destination. Lorsqu'il sortit de la cheminée, il tomba nez-à-nez avec Walburga Black. La femme avait l'air horriblement vieille pour lui, bien qu'elle n'eût en réalité que cinquante-neuf ans. Sa posture était droite et stricte malgré qu'elle doive s'aider d'une canne. Ne voulant pas faire mauvaise impression, Harry s'inclina légèrement devant la sorcière.

Cette dernière le salua d'un simple signe de tête tout en lui donnant sa main. Harry s'en saisit et la baisa tout en se présentant.

« Harry Remus Altaïr Black, enchantée de vous revoir Lady Black.

- Appelle-moi grand-mère. Tu es un Black et pourtant tu t'appelles Harry, quelle honte. Nous utiliserons ton troisième prénom désormais, même si ça n'aura rien d'officiel. Kreattur va te guider jusqu'à ta chambre, le repas est à douze heures tapantes. » commanda la sorcière avant de disparaître par une porte à l'autre bout du salon.

ATTENTION, J'UTILISERAI DÉSORMAIS LE NOM ALTAïR ET NON PLUS « HARRY ».

Je trouvais juste que laisser le nom de Harry était en fait une assez grosse incohérence scénaristique, selon moi, lorsqu'on connaît la tradition Black qui veut qu'ils aient tous des noms d'étoiles.

De plus, pour moi le reniement, dans le cas de Harry, se fait avec la création d'une nouvelle identité, donc on peut facilement imaginer que les Black ont sauté sur l'occasion pour rectifier cette erreur. La différence avec par exemple le reniement de Sirius ou Andromeda, c'est qu'on ne veut pas juste écarter l'individu, on veut vraiment faire comme si Harry n'avait jamais existé en tant que Potter.

Aussi, cela est aussi un moyen pour les Black de faire comme si Harry était un Black pure souche de naissance. En gros, le prénom Harry indiquait qu'il s'agissait de l'héritier des Potter avant tout et c'est seulement le second enfant d'Aquila et de James qui aurait été l'héritier Black. En changeant son nom, on masque qu'il appartenait à une autre famille avant d'être un Black. Cela pourrait aussi faire penser qu'il n'est pas de Sang-Pur, puisque son nom ne respecte pas les traditions.

Voilà, donc maintenant Harry sera Altaïr (enfin la plupart du temps) :)

Finalement, Altaïr et Thomas n'avaient pas perdu contact puisqu'ils s'écrivaient une ou deux lettres par semaine ce qui exaspérait au plus haut point leurs tuteurs respectifs. Heureusement que Moby était là pour aider le plus jeune à lire et écrire les siennes. Ils avaient également gardé leur petite tradition qui était de se retrouver tous les dimanches chez Remus. Bien sûr, James n'avait pas été mis au courant qu'Altaïr se rendait aussi chez son meilleur ami ce jour-là. Sinon, il n'aurait jamais laissé Thomas s'y rendre.

Altaïr recevait un enseignement à domicile par l'un des professeurs les plus renommés du pays tous les matins pendant deux heures. Puis un professeur de langue prenait la relève et enseignait le latin au garçon pendant une heure tous les après-midis. Enfin, son enseignement était complété pendant deux heures en fin d'après-midi par Walburga et parfois même son beau-père, Arcturus, qui était le Lord régnant de la famille.

Les deux sorciers lui apprenaient comment un Black devait se comporter, comment il devrait gérer les affaires plus tard ou encore les habitudes et secrets familiaux qu'il se devait de connaître. Bien que cela n'occupe qu'une petite partie de son programme à cause de son jeune âge. Ce genre de choses s'apprenait plus au fil des conversations, de toute façon.

La suite de sa journée était consacrée à ses devoirs, ses lectures personnelles, quelques promenades dans le jardin, un peu de sport et beaucoup de temps passé en compagnie de Kreattur. Le vieil elfe n'aimait pas vraiment Altaïr, mais le simple fait qu'il l'appelle « stupide jeune maître Altaïr » et non « stupide malhonnête et traître jeune maître Black » comme il le lui avait demandé prouvait qu'il ne le haïssait pas autant qu'il semblait vouloir le lui faire croire.

Altaïr aimait bien passer du temps avec le vieil elfe grincheux. Cela lui rappelait ses souvenirs avec Moby et Borgy, même si les elfes des Potter étaient bien plus gentils et attentionnés. Kreattur quant-à-lui préférait prendre soin de ses maîtres dans l'ombre, or ce garçon l'obligeait à cuisiner devant lui parce qu'il aimait piocher dans les casseroles pendant la cuisson des aliments ou bien il tenait absolument à l'aider lorsqu'il nettoyait sa chambre ou sa salle de bain.

Altaïr aimait bien vivre ici. Il n'avait pas besoin de vérifier chaque pièce avant d'y entrer pour savoir si oui ou non son père s'y trouvait. Il était libre d'agir comme il le souhaitait tant que cela ne dérangeait pas le silence du manoir ou cassait le mobilier ancestral de la demeure. De plus, il y avait ici des dizaines de portraits à qui parler, même si la plupart d'entre eux détestaient être dérangés. Chez les Potter, les murs étaient recouverts de peinture et autre décoration, mais aucun portrait de famille n'était accroché. Alors qu'ici le passé et l'histoire de cette famille emplissait les murs des étages supérieurs.

Cependant ce manoir avait bel et bien quelques défauts. Il y avait tout d'abord les têtes d'elfes morts accrochées dans l'entrée, les vieilles tapisseries qui recouvraient les murs et enfin sa localisation. Bien que cela puisse paraître pratique de vivre au plein cœur de Londres, non loin de King's Cross et du Chemin de Traverse, cela n'arrangeait en rien Altaïr. Lui qui adorait passer ses dimanches dans le jardin et dans les serres des Potter à s'occuper de ses plantes, ne pouvait aujourd'hui plus que planter quelques pousses dans le petit jardin du Square Grimmaurd.

Cependant il se réconfortait en se disant qu'au moins ici la salle de potion était correctement aménagée. Bien que pour l'instant il ne s'occupait que de créer des potions permettant de changer la couleur des cheveux ou des dents de sa grand-mère. Il n'était pas encore assez grand pour brasser des potions plus complexes. Cela se faisait toujours en compagnie d'Arcturus pour qui les règles de sécurité étaient très importantes.

En réalité, Altaïr n'avait pas vraiment le droit de pénétrer la salle de potion seul, même si c'était pour faire des potions sans risque. Mais Kreattur lui ouvrait parfois la porte discrètement et restait à ses côtés en s'agrippant à sa jambe afin de le faire transplaner rapidement en cas de pépins.

Il avait eu un peu de mal au départ à ralentir son rythme de vie. Ici il avait bien moins de devoirs et de leçons que chez James. L'homme lui en avait toujours demandé de trop pour son âge, l'obligeant parfois à réciter encore et encore ses leçons jusqu'à l'épuisement afin de s'assurer qu'il est tout mémorisé. De plus, il n'avait pas non plus à s'occuper de son petit-frère, ce qui lui retirait une bonne charge de dépense énergétique.

Dans l'ensemble, Altaïr était satisfait de sa nouvelle vie.

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17 septembre 1984.

Au fil des semaines passées chez les Black, Altaïr réalisa qu'Arcturus était si présent au Square Grimmaurd qu'il y vivait presque totalement désormais. Walburga avait un jour chuchoté à l'oreille de son petit-fils que c'était parce qu'il était complètement gaga de lui. Altaïr n'avait pas eu de mal à la croire puisque le vieux Lord lui offrait cadeau sur cadeau au grand mécontentement de sa tutrice.

De plus, il passait beaucoup de leur temps ensemble, Arcturus était toujours présent dans un coin de la bibliothèque pendant ses temps d'études. Ou bien il lui proposait une partie d'échecs après le dîner, une promenade sur le Chemin de Traverse pendant le week-end ou encore de concocter l'une de ces potions dont Walburga serait la cible, si ce n'était Kreattur.

La sorcière répétait sans cesse que des deux, c'était Arcturus le gamin et Altaïr qui devait toujours le reprendre comme devrait le faire un adulte. Mais cela ne faisait qu'amuser le vieux bonhomme qui lui répondait souvent par un rire, des manières très peu aristocratiques qui agaçaient encore davantage Walburga.

Altaïr avait également découvert avec le temps pourquoi Arcturus, malgré son grand âge, continuait de se rendre au Magenmagot toutes les semaines alors qu'il ne semblait plus vraiment s'intéresser à la politique du pays. La raison était au final très enfantine, il souhaitait simplement faire tourner en bourrique Lucius Malefoy, le fils de son rival de toujours, Abraxas, aujourd'hui décédé.

Cela amusait beaucoup Altaïr de voir le vieil homme se comporter comme un enfant lorsqu'il s'installait à ses côtés dans la bibliothèque et lui demander conseil sur quelle solution était la plus adaptée afin d'embêter Malefoy. D'autres fois, Arcturus l'emmenait avec lui dans sa salle de potion, autorisant le garçon à touiller sa mixture ou jeter les ingrédients qu'il avait lui-même préalablement préparés. C'était les seuls moments où Altaïr avait le droit de s'approcher d'un livre contenant des recettes sensibles.

Le vieux politicien lui avait même écrit un petit livret regroupant des potions simples mais très utiles qu'il pourrait s'amuser à fabriquer. Altaïr avait donc décidé de réaliser toutes les potions de ce carnet et en était désormais à sa cinquième. Les effets de celles-ci ne lui donnaient que plus envie de découvrir les autres et de les tester sur sa grand-mère.

Ce jour-là était une matinée comme celle-ci, Altaïr avait été autorisé par son arrière-grand-père à utiliser la salle de potion. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à occuper un petit coin du laboratoire d'Arcturus tandis que ce dernier travaillait sur l'un de ses nombreux projets de potion en cours sur le bureau central malgré son grand âge. Il parlait même d'améliorer la potion Tue-Loup afin qu'elle soit également accessible aux enfants et non uniquement aux lycanthropes adultes.

Cela touchait beaucoup Altaïr de le voir se donner autant de mal afin de l'aider. Il avait bien conscience que dans le fond, Arcturus ne se préoccupait pas de l'amélioration des conditions de vie de tous les loups-garous, mais seulement des siennes. Il était heureux d'avoir rencontré la route des deux Black, il avait l'impression de revivre l'époque où il vivait encore avec ses grands-parents paternels.

Soudain, Altaïr fut tiré de ses rêveries lorsqu'un cri lui parvint. Par réflexe, il se plaqua au sol. Heureusement pour lui, son corps avait agi avant son cerveau car moins d'une seconde plus tard, une explosion s'échappa du chaudron fumant d'Arcturus. Sous ses yeux terrifiés, Altaïr assista impuissant à la mort tragique du vieil homme.

Ce dernier avait préféré se jeter sur lui pour le protéger avec son corps des projections dangereuses qui pourraient l'atteindre même à cette distance. Il avait attrapé Altaïr dans une étreinte forte, cependant pas assez rapidement pour lui éviter une brûlure sur son bras gauche, allant de son coude à son épaule.

Altaïr, encore sous le choc de la douleur qui se diffusait dans son membre, ne pensa pas immédiatement à se relever et quitter la pièce, ni même à se défaire de l'emprise du vieil homme qui s'était évanouit dans cette position. Bien mal lui en pris car moins d'une minute plus tard, il s'évanouissait à cause des vapeurs toxiques que dégageait toujours la substance visqueuse qui recouvrait désormais les murs de la pièce.

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Lorsqu'il reprit enfin conscience, ce fut pour ouvrir les yeux sur un plafond anormalement blanc, pas une seule tâche ne perturbait cette pureté dérangeante. Un toussotement à sa droite lui fit rediriger son regard sur la femme en uniforme d'infirmière à ses côtés.

« Bonjour Mr Black, est-ce que vous m'entendez ? » un simple hochement de la tête suffit à la satisfaire. « Parfait, j'aimerai vous faire passer quelques tests afin de m'assurer que vous allez parfaitement bien. » lui sourit gentiment la jeune femme.

Peu de temps plus tard et après avoir prouvé qu'il arrivait à bouger ses dix doigts, parler malgré sa gorge sèche ou encore à ressentir chaque parcelle de son corps, Altaïr put enfin s'adresser librement à la sorcière.

« Où est Arcturus ? » L'infirmière tressaillit. Elle adorait son métier, pourtant elle lui trouvait un horrible défaut, celui d'avoir le rôle d'annoncer les mauvaises nouvelles.

« Votre tuteur est décédé il y a dix heures à la suite d'un accident de potion. Vous n'avez échappé que de peu à la mort Mr Black. Nous vous avons plongé dans un sommeil magique afin de pouvoir vous soigner correctement. Les vapeurs que vous avez inhalées ont toutes été purgées de votre organisme et vos plaies ont été soignées. Vous devriez avoir seulement avoir quelques cicatrices superficielles grâce à l'intervention rapide des médicomages. » Un léger silence s'installa. « Je suis désolée.

- Je me souviens maintenant. Comment avez-vous su si rapidement ?

- C'est votre elfe de maison qui vous a emmené ici Mr Black. » répondit doucement l'infirmière.

Pauvre enfant, elle aurait préféré qu'il ne se souvienne de rien, cela aurait été préférable pour lui.

Altaïr ne prononça plus un seul mot jusqu'à ce que l'infirmière ne prenne congé. Ses yeux fixaient les bandages qui recouvraient sa main gauche sans pour autant les voir réellement, son esprit était bien trop perdu pour cela. Ce fut finalement la fatigue et le sommeil qui le tirèrent de sa contemplation. Altaïr ne résista pas à l'appel de Morphée, il était bien trop épuisé aussi bien physiquement que psychologiquement pour cela.

Il fut cependant tiré de son sommeil quelques heures plus tard par un horrible cauchemar. Il revoyait les souvenirs de la mort de son arrière-grand-père dans les moindres détails. Les larmes dévalaient ses joues sans qu'il ne puisse les stopper, des sanglots déchirants s'échappaient de sa gorge et ses épaules étaient secouées par les pleurs.

Il remarqua alors pour la première fois depuis son réveil que sa grand-mère était à ses côtés lorsqu'elle le serra dans une étreinte forte. Walburga n'aimait pas les câlins et autres gestes d'affection. C'était la première fois qu'elle s'autorisait à un contact aussi long et aimant envers Altaïr. Ce fut seulement lorsqu'il sentit les propres larmes de sa grand-mère humidifier son pyjama de malade qu'Altaïr réalisa qu'elle était aussi touchée par la mort du vieil homme que lui. Après tout, il s'agissait aussi de l'oncle de Walburga.

Les deux Black restèrent longtemps blottis l'un contre l'autre. Les larmes se tarirent, mais ils ne se lâchèrent pas. Ils avaient besoin de l'un et l'autre, de sentir qu'ils n'étaient pas seuls. Ils avaient besoin de s'assurer qu'Arcturus était le seul à les avoir quittés, qu'il y avait encore quelqu'un à leurs côtés.

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21 septembre 1984

Altaïr tenait fermement la main de sa grand-mère tandis qu'ils observaient le caveau familial dans lequel Arcturus reposait désormais.

Les autres membres de la famille et proches étant venus à l'enterrement étaient partis depuis plusieurs dizaines de minutes, mais la sorcière n'avait toujours pas bougé. Altaïr comprenait. Depuis qu'elle était toute petite, Walburga avait toujours été très proche de son oncle. En réalité, il n'avait pas vraiment changé puisque déjà à l'époque, c'était lui qui entraînait ses enfants et ses neveux dans les bêtises bien plus que l'inverse.

Ils avaient pourtant été en froid à la fin de son adolescence et ne s'étaient réconciliés avec Arcturus et son père, Pollux, qu'à la naissance d'Aquila, sa première fille. Walburga et Orion, son mari, n'avait jamais accepté que leurs parents respectifs signent un contrat de mariage entre eux afin de préserver la « pureté des Black ». Walburga appréciait son cousin et inversement, mais jamais ils n'avaient éprouvé plus que cela l'un pour l'autre. Leurs nuits de noces et celles qui suivirent pour assurer une descendance à la famille avaient été des cauchemars éveillés pour eux.

Mais une fois réconcilié, il n'avait pas fallu longtemps à Arcturus et Walburga pour retrouver leur complicité. Puis à l'arrivée d'Altaïr dans la famille et l'aménagement de son oncle dans le manoir à ses côtés, elle s'était à nouveau attachée fortement à lui.

Le perdre seulement quelques mois après cela était très dur à surmonter pour elle et cela se voyait. Le décès de l'homme n'avait eu lieu que cinq jours plus tôt et pourtant, la santé de Walburga s'était déjà bien dégradée. Elle ne mangeait plus beaucoup, ne dormait pas non plus. Elle passait son temps à fixer le vague devant elle et les larmes coulaient parfois toutes seules le long de ses joues.

Altaïr ne la quittait jamais du regard depuis et si ce n'était pas lui, Kreattur prenait rapidement la relève. Walburga avait la soixantaine passée et si ce n'était pas très vieux pour un sorcier, les nombreux soucis de santé qu'elle accumulait depuis quelques années impliquaient qu'elle puisse faire une rechute à tout moment.

Si au moins son père avait été présent, peut-être que tout cela aurait pu être moins douloureux. Cependant, Pollux était injoignable depuis des années, perdu quelque part en Amérique du Sud à profiter de sa retraite. Cela faisait des années que ni ses enfants, ni son désormais défunt frère ne l'avaient vu depuis son départ et ils n'avaient pas reçu beaucoup plus de lettres ou de nouvelles. Walburga savait uniquement qu'il était encore en vie grâce à la tapisserie familiale.

La sorcière frotta finalement ses joues afin d'en essuyer les traces séchées de larmes qui y résidaient toujours. Puis elle attrapa à nouveau la main de son petit-fils et quitta le cimetière. Une fois sur le chemin de gravier menant à une route un peu plus loin, Walburga sortit sa baguette dans le but de transplaner.

Elle fixa quelques instants son bout de bois, se rappelant du jour où elle était allée la chercher chez Ollivander en même temps que son cousin puisqu'ils avaient le même âge. Leurs parents étaient avec eux. Cela remontait à si loin, elle aimerait parfois retourner à cette époque où tout semblait si simple et merveilleux à ses yeux encore enfantins.

Walburga secoua finalement sa tête de gauche à droite et resserra sa prise sur sa baguette. Elle pensa fortement au Square Grimmaurd mais au dernier instant, les images des membres de sa famille apparurent devant ses yeux. Ses enfants n'étaient plus là, ses parents non plus, ni ses cousins, ses nièces ou ses tantes et oncles, elle était même en froid avec son propre frère depuis des décennies. Plus personne ne vivait là-bas. L'image d'eux tous, réunis sur le Chemin de Traverse réapparut alors dans son esprit et inconsciemment, son transplanage se déclencha.

Lorsqu'elle réalisa cela, Walburga tenta tant bien que mal de reprendre le contrôle du transplanage mais c'était trop tard, le pire était arrivé. Le cri de peur mêlé de douleur du petit garçon à ses côtés lui fit réaliser à quel point elle avait été égoïste. Elle avait tout faux, elle n'était pas seule. Elle avait un merveilleux petit-fils à ses côtés qui prenait soin d'elle et l'aimait certainement aussi fort qu'elle-même le chérissait.

« Je suis désolé Altaïr, je t'aime si fort. » lui cria-t-elle aussi fort que possible.

Elle en était certaine maintenant, son transplanage avait totalement foiré.

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3 octobre 1984

Altaïr se réveilla une nouvelle fois à Ste-Mangouste. La même infirmière que la fois précédente était à ses côtés et comme la fois précédente, elle lui expliqua la situation. Les souvenirs revenaient dans la mémoire d'Altaïr en même temps qu'elle lui contait les faits. Il se souvenait de tout, de la prise de sa grand-mère sur sa main, de la douleur le tiraillant de part en part, de son épaule se désartibulant, d'atterrir en face de la boutique d'Ollivander, des derniers mots de sa grand-mère, du sang partout autour de lui et puis, plus rien.

L'infirmière finit par le quitter afin de le laisser reprendre doucement ses esprits. Mais à l'inverse de se calmer, ses esprits ne faisaient que s'échauffer. Les morts dansaient devant ses yeux. Fleamont et Euphemia, Lily, Arcturus et Walburga. Pourquoi était-il toujours le seul survivant ? Pourquoi n'avait-il pas le droit lui non plus de rejoindre ses proches perdus ? Pourquoi devait-il constamment survivre à tout cela et accumuler les traumatismes ?

Des larmes de rage, de tristesse, de désespoir, de colère, de culpabilité et de bien d'autres sentiments mêlés s'écoulaient le long de ses joues pour s'écraser sur ses poings serrés autour de ses draps. Autour de lui, sa magie faisait tournoyer encore et encore le mobilier de sa chambre. Les meubles et bibelots s'écrasaient sur les murs blancs de la chambre, brisant ses derniers en divers débris qui s'envolaient à leur tour.

Et au milieu du chaos se trouvait Altaïr sur son petit lit blanc, des infirmières lui criant de se calmer. Mais il n'entendait rien. Altaïr était bien trop perdu dans ses sombres pensées et souvenirs pour avoir conscience de ce qui se passait autour de lui.

Il fallut finalement qu'un médecin intervienne en lui jetant un sortilège de sommeil pour qu'enfin tout cesse. Le mobilier retomba sur le sol et le garçon s'effondra sur son lit.

La jeune infirmière qui s'était occupée de lui un peu plus tôt s'approcha de lui pour le coucher correctement sur son lit, le couvrir de ses draps. Elle essuya à l'aide d'un mouchoir ses joues et son nez. Elle planta dans son bras une seringue suite aux indications du médecin présent afin de lui injecter un peu de potion de sommeil-sans-rêve.