21 juin 1988 (Altaïr a 11 ans, donc un peu plus d'un an plus tard)
Altaïr se préparait à passer une nouvelle nuit dans les cachots sombres du manoir lorsqu'il fut surpris par Cygnus. C'était la première fois que l'homme le regardait en plus d'un mois. Cependant, il ne semblait pas encore prêt à lui adresser la parole, se contentant de le suivre dans les couloirs sombres.
Une fois arrivée dans les cachots, Altaïr s'approcha de la troisième porte, là où se trouvait une cage métallique à l'intérieur de la petite pièce humide. Contrairement à ses précédents tuteurs, Cygnus ne l'avait pas autorisé à agrandir la pièce ou la nettoyer. Ce fut seulement lorsqu'il fut enfermé dans la cage et la porte verrouillée derrière lui que Cygnus s'adressa enfin à lui.
« Connais-tu le filtre lunaire ? »
A ces mots, les yeux d'Altaïr s'écarquillèrent. Évidemment qu'il connaissait ce filtre, tous les lycanthropes le connaissaient. Il symbolisait pour eux à la fois l'espérance d'une vie meilleure, mais aussi l'impossible et le fantasme.
Cygnus sortit alors d'une des poches de sa lourde robe une petite fiole contenant une substance épaisse dont la couleur argentée était parcourue de zébrures ambrées. Altaïr ne put quitter du regard cette substance qui paraissait magnifique à ses yeux malgré qu'il en connaisse la dangerosité.
Altaïr étant un lycanthrope depuis l'âge de trois ans, sa santé s'était rapidement dégradée, les cicatrices liées aux transformations s'étaient multipliées et son regard s'était peu à peu voilé de tristesse, de honte et de douleur. Avoir cette potion sous les yeux lui rappelait douloureusement qu'il existait peut-être une solution à certains de ces problèmes. Pourtant les risques que cela représentait le refroidirent rapidement. Sa main qui s'était alors tendue vers la fiole s'abaissa dans un geste brusque. Son regard remonta vers le visage de Cygnus et ce dernier ne semblait pas heureux de cette décision.
Le philtre lunaire était un breuvage extrêmement dangereux pour son buveur. Les rares lycanthropes ayant réussi à se le procurer et tenté de le consommer s'étaient vus mourir, perdre l'usage d'un ou de plusieurs membres ou encore devenir fou.
Bien sûr, certains chanceux avaient réussi à surpasser tout cela et se portaient aujourd'hui en excellente santé. Mais Altaïr n'oubliait pas que selon les ouvrages qu'il avait lu à ce sujet, sur la petite centaines de loups-garous ayant tenté l'expérience sur les deux cents dernières années dans toutes l'Europe, seul sept d'entre eux avaient survécus et dont cinq regrettaient amèrement leur choix à cause d'effets secondaires bien pire que la mort. Les deux derniers étaient décédés de vieillesse depuis quelques années et n'avaient laissé aucun témoignage de l'expérience derrière eux.
« Dans cet état, tu n'es qu'une honte pour notre famille. Si l'on découvre que tu es un lycanthrope, que penses-tu qu'il va t'arriver ? Tu seras chassé de la Noblesse tout comme des centaines d'autres l'ont été. Mais si tu prends cette potion, ton statut de lycanthrope complet imposera le respect et la peur. Personne n'osera s'en prendre à toi de peur que tu te souviennes d'eux lors de tes transformations. Alors on va faire les choses autrement, bois cette potion ou tu ne quitteras pas ces cachots en vie. » ordonna froidement l'homme, levant de sa main droite sa baguette et visant en plein cœur Altaïr.
Considérant que si peu importe son choix, c'était la mort qui l'attendait, alors il préférait que cette dernière soit constructive. Prenant une grande inspiration, il attrapa la fiole d'une main et la déboucha de l'autre. Il ne prit pas le temps de réfléchir plus longtemps et l'avala cul sec jusqu'à la dernière goûte malgré le goût ignoble de la substance. Quelques minutes plus tard, il s'évanouit à même le sol.
De l'autre côté des barreaux, Cygnus l'observait se tordre de douleur et débuter sa transformation malgré son inconscience. Il ne quitta à aucun moment la forme évanouie du regard, espérant à chaque minute s'écoulant que la suivante verrait le réveil d'Altaïr avec le contrôle de son loup. Cependant il lui fallut attendre deux bonnes heures supplémentaires avant que le garçon esquisse son premier mouvement mais à sa plus grande détresse, ce ne fut pas à cause de la réussite de la potion mais à cause d'une douleur fulgurante qui tirait chacun des muscles de son visage et déchirait sa gorge en cris de détresse.
Les traits de Cygnus se déformèrent alors en une grimace colérique. Il avait payé cette foutue potion des centaines de Galions. De plus, trouver un maître potionniste prêt à garder le secret de l'héritier de la famille Black, à mettre sa vie en danger et à sacrifier sept mois de son existence pour se consacrer à la confection d'une seule potion était extrêmement rare. Heureusement pour lui, grâce aux gobelins et leurs nombreuses connexions il avait fini par trouver un tel potionniste. Et tous ces efforts pour quels résultats ? Pour réaliser que ce foutu gamin était en train de tout faire foirer.
Le garçon, sous sa forme lupine, se tordit de douleur sur le sol pendant plus d'une heure supplémentaire. Bientôt ces gémissements furent accompagnés d'un saignement de nez, ou plutôt de museau. Ses griffes entaillèrent le haut de son crâne alors qu'il essayait visiblement de faire diminuer la douleur et la fièvre qui martelait son crâne.
Lorsqu'Altaïr reprit conscience, il fut surpris de ne pas reconnaître les lieux l'entourant. Ce n'était pas sa chambre, il ne sentait pas son tapis duveteux sous lui. A la place, il se tenait dans une grotte sombre qui semblait sans fin. Du bout des doigts, il voulut toucher le mur de pierre à sa droite, cependant il ne parvint jamais à achever son geste. Un grondement sourd s'élevait derrière lui et Altaïr le connaissait parfaitement, c'était le grognement d'un loup.
Parfaitement conscient qu'il ne pourrait fuir face à la rapidité impressionnante de l'animal, le garçon préféra se tourner doucement vers cette dernière en baissant légèrement la tête en signe de soumission. A cause de l'obscurité des lieux et du pelage ébène de l'animal, il ne put qu'apercevoir le regard rougeoyant de la bête et ses crocs acérés. Déglutissant difficilement, Altaïr tenta une approche pacifique en parlant doucement à la bête, cependant cela ne semblait pas fonctionner le moins du monde.
Comprenant que ses paroles ne faisaient qu'agacer davantage le loup sauvage, Altaïr se tut subitement et plongea son regard anthracite dans celui rubis de son opposant. Etrangement, il ne trouva pas cela étrange de rencontrer un loup aux yeux rouges, alors qu'ils étaient habituellement ambres. Il supposa que c'était à cause de la magie.
Prenant une grande inspiration, le garçon leva doucement une paume face à la tête de l'animal et se concentra pour y faire venir sa magie. Il n'y était jamais parvenu en étant conscient, cependant cela fonctionnerait peut-être dans son esprit, du moins l'espérait-il. Il savait ce qu'il avait à faire, c'était écrit dans de nombreux livres, cependant il était conscient que cela ne serait pas simple.
Son énervement face à cet humain trop audacieux ne faisait que croître au fil des minutes. Le loup était à la fois curieux de rencontrer son humain, c'était la première fois qu'il venait le rencontrer ici, mais aussi agacé de deviner pourquoi il était là. Son humain voulait le soumettre et il y arriverait. Un enfant n'avait pas les mêmes peurs qu'un adulte et par conséquent, sa naïveté et confiance infantile pourrait lui permettre de ne pas le craindre suffisamment. De plus, le garçon n'avait absolument rien à perdre puisque dans tous les cas, s'il échouait c'était la mort qui l'attendait.
Alors que Altaïr tendait sa main face à la tête de la bête depuis deux longues minutes, cette dernière perdit patience et tenta de se jeter sur le garçon. Ce dernier réussit tant bien que mal à éviter les crocs de l'animal bien qu'il fut griffé sur une dizaine de centimètres sur le long de sa cuisse gauche alors qu'il faisait dos à la bête pour tenter de s'en écarter. Bien qu'il fut dans son esprit, la douleur lui paraissait quant à elle incroyablement réaliste.
Remarquant que l'odeur du sang ne faisait qu'exister encore davantage le loup, Altaïr s'efforça de mettre de côté sa peur et sa douleur pour se concentrer de toutes ses forces sur sa magie. Au moment où le loup allait une nouvelle fois se jeter sur lui, un déclic se fit en lui et la magie s'échappa par vague de sa paume toujours tendue à plat face à la bête. Lorsque cette dernière entra en contact avec la fourrure sombre de l'animal, ce dernier s'écroula sur le sol humide en gémissant.
Altaïr quant à lui plaça un genou sur le museau de la bête et un autre juste à l'arrière de sa tête tout en veillant à ce que sa main reste en contact avec l'animal. Aussitôt, un autre type de bataille s'engagea, chacun essayant de tirer sur la magie de l'autre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une seule trace dans le corps de l'opposant.
Altaïr était déjà heureux de ne pas s'être fait dévorer tout cru, cependant il ne comptait pas non plus laisser le contrôle de son corps, de son esprit et de sa magie à son adversaire. Alors il puisa au plus profond de ses maigres ressources la force de vaincre le loup et après une rude bataille, il y parvint. Le loup était soumis, sans plus aucune trace de magie en lui et son esprit complètement vidé de son instinct animal. Altaïr lui avait tout volé et en quelque sorte, il s'en voulut.
Cependant ils savaient tous deux que désormais, le loup vivrait à travers lui, ressentirait ce qu'il toucherait, sentirait ce qu'il reniflerait et goûterait ce qu'il mangerait. Le loup n'était plus cantonné à une nuit pas mois, mais à plusieurs petits moments de vie, bien que cela soit à travers un autre.
Altaïr reprit soudainement connaissance. Il fut surpris de remarquer que malgré que la nuit n'était pas achevée, il avait repris sa forme humaine. Cependant son soulagement ne fut que de courte durée. Bien que le loup ne soit désormais plus une menace, son corps allait devoir accepter la présence d'une nouvelle source de magie en lui et cela, il ne pouvait l'influencer, seulement espérer qu'il survive à cette nouvelle épreuve.
La douleur se fit de plus en plus grande, lui arrachant des cris de douleur, brisant petit à petit sa voix et tordant ses membres dans des angles impressionnants. Cependant rien ne pourrait le soulager. Il se devait de supporter en attendant de découvrir s'il allait survivre à cette dernière épreuve.
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Lorsqu'il reprit connaissance, Altaïr était toujours allongé sur le sol froid de son cachot. Peu à peu, les derniers évènements lui revinrent en mémoire. Euphorique d'avoir réussi à surmonter son loup, il tenta de se relever pour vérifier qu'il était en un seul morceau, cependant son corps se rappela rapidement à lui.
Étouffant un nouveau gémissement de douleur, il retomba lourdement à même le sol. Chaque parcelle de son corps le faisait atrocement souffrir, ses muscles étaient horriblement courbaturés, la nouvelle cicatrice ornant sa cuisse le tiraillait, son sang battait follement dans ses tempes et cela n'arrangeait en rien sa douloureuse migraine.
Altaïr appela difficilement le nom de Cygnus, espérant que l'homme allait l'aider. Cependant ce dernier se contenta de lui lancer un regard satisfait avant de disparaître. Ce fut seulement après plusieurs minutes d'effort intense qu'Altaïr réussit à parler suffisamment fort et distinctement pour appeler l'elfe de Cygnus. Bien qu'ayant habituellement pour ordre de l'ignorer, cette fois-ci le vieil elfe eut l'autorisation de l'aider.
L'elfe de maison lui apporta quelques potions de soin qu'il l'aida à avaler. Ils attendirent dans un silence pesant que ces dernières fassent enfin effet afin de pouvoir déplacer Altaïr des cachots vers sa chambre. Ce ne fut qu'une vingtaine de minutes plus tard que le garçon put enfin se redresser malgré la présence d'une légère douleur persistante dans ses membres. Cependant ce n'était rien comparé à la précédente. L'elfe agrippa son bras et les fit transplaner sur le lit de l'enfant. Le choc de l'atterrissage, bien qu'amortit par le matelas, vola un gémissement à Altaïr.
Le vieil elfe fit apparaître sur sa table de nuit un chocolat chaud accompagné de jus de citrouille, d'œuf et de bacon avant de disparaître. Finalement, peut-être qu'il s'inquiétait tout de même pour lui, songea Altaïr. Après plusieurs longues minutes, Altaïr se décida finalement à quitter son lit pour opter pour un bain chaud.
Il versa dans la baignoire deux doses de potion régénératrice et une pour détendre ses courbatures pour ensuite laisser couler de l'eau jusqu'à ce qu'elle soit bien pleine. A peine sa peau fut-elle en contact avec l'eau médicinale que toutes ses crispations disparurent et un soupir de soulagement lui échappa. Finalement, il était si bien installé ici qu'il finit par s'endormir en position assise dans l'immense baignoire. Heureusement que divers sortilèges le protégeait de la noyade, le maintenait donc à flot et continuait à conserver l'eau à une température idéale.
Ce ne fut que près de trois heures plus tard qu'il sortit de son état de somnolence. L'esprit encore embrumé par la fatigue, il sortit de son bain et s'enroula dans le peignoir chaud laissé un peu plus tôt par un des elfes de la maison.
Trop épuisé pour raisonner davantage, Altaïr retourna dans sa chambre et s'effondra sur son lit pour plusieurs longues heures de sommeil bien méritées.
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Encore une fois, Altaïr se réveilla à cause de la douleur qui le transperçait de part en part. Depuis qu'il avait absorbé son loup, ses nuits étaient devenues très courtes à cause de tous les changements physiques qui se déroulaient dans son corps. Les transformations étaient nombreuses et douloureuses.
Tout d'abord il commença par souffrir au niveau des yeux pendant plusieurs nuits et parfois même la journée, sa vision devenant de plus en plus nette et précise malgré l'obscurité constante de la pièce. Ce fut ensuite au tour de ses gencives de le faire souffrir, nuit après nuit il dut supporter la perte de chacune de ses dents pour laisser place à des plus pointues, tranchantes et puissantes.
Enfin il y avait ce problème de taille qui ne cessait d'augmenter d'un ou deux centimètres chaque nuit, lui donnant l'impression que sa peau et ses os étaient étirés dans tous les sens. Heureusement pour lui ce calvaire n'avait duré qu'une dizaine de jours, passant d'une taille légèrement supérieure à la moyenne de 1m42 à une taille exagérément grande pour son âge de 1m55. Apparemment un lycanthrope complet se devait d'être plus impressionnant que ses semblables dont la plupart étaient déjà plus grands que la majorité des sorciers. La preuve, son parrain dépassait largement son père qui mesurait pourtant 1m80.
Par la suite, il eut de nombreuses courbatures et douleurs musculaires. Un loup complet d'Amérique du Sud avait un jour écrit qu'il avait réussi à se mesurer en termes de force pure avec un vampire. Altaïr avait toujours été admiratif de cela. Bien qu'il eût toujours été plus forts que la moyenne comme tout lycanthrope, il savait aussi qu'un simple humain pourrait l'égaler s'il décidait de se mettre sérieusement à la musculation. Son corps devait donc se préparer à l'accroissement de sa puissance musculaire.
Sa dernière épreuve fut la pousse de nouveaux ongles, plus épais et pointus que les précédents. Après un test, il put même couper sa peau avec seulement une légère pression de son index sur celle-ci. Il se fit la réflexion qu'il devrait faire attention à les couper régulièrement désormais.
C'est ainsi que près de trois semaines plus tard, Altaïr put enfin passer sa première nuit depuis longtemps dans un sommeil profond grâce à une potion de sommeil-sans-rêve et à la fin de ses transformations physiques.
Le lendemain de sa première nuit complète, Altaïr se dirigea machinalement vers la salle de bain afin de faire sa première toilette depuis bien longtemps. Habituellement il se contentait de se laisser nettoyer par l'un des elfes de la maison tandis qu'il restait allongé, trop effrayé à l'idée qu'un de ses mouvements provoque une nouvelle source de douleur.
Lorsque son regard croisa son reflet dans le miroir, Altaïr ne put empêcher un petit cri de surprise de lui échapper ainsi que de laisser tomber par terre la serviette qu'il venait de prendre en main pour essuyer son visage humide. Il lui fallut une bonne dizaine de secondes avant de se remettre du choc.
Juste en face de lui, se tenait un garçon aux cheveux noirs et au regard carmin. Comment se faisait-il que le miroir puisse renvoyer cette image de lui alors qu'il avait les cheveux châtains de son grand-père Fleamont et les mêmes yeux anthracites que sa mère bien que les siens furent cerclés d'ambre.
Cela ne pouvait être lui, c'était impossible. Soudain il fit la connexion entre l'amélioration de sa vue et la nouvelle teinte de ses iris. Mais pourquoi son loup avait-il dû avoir les yeux rouges et non ambre comme le reste des siens. Il devina également que le changement de la couleur de ses cheveux était également dû à l'absorption de cette magie lupine appartenant à une créature au pelage noir.
Le choc était rude pour Altaïr, lui qui était si fier de partager ses cheveux bruns avec son défunt papy qui l'avait protégé jusqu'à sa mort, ne possédait plus rien en commun avec lui. Si seulement il avait pu hériter de son grain de beauté sur la tempe ou encore de sa tâche de naissance sur la hanche. Si seulement cela n'avait pas uniquement été ses cheveux.
De plus, son regard gris était la seule chose qui pouvait lui rappeler sa mère dont il ne se souvenait plus. Soudain son reflet lui devint insupportable. Son poing s'abattit sur le miroir qui lui faisait face tandis qu'un cri de rage s'échappait de ses lèvres.
Rapidement, un autre poing rejoignit le premier et ses phalanges furent bientôt en sang, des morceaux de verre transperçaient sa peau fine et des éclats parcouraient le sol. Ne faisant pas cas de cela, Altaïr fit simplement demi-tour et rejoignit sa chambre, sur le chemin il marcha sur quelques débris de glace, cependant il n'y fit une nouvelle fois pas attention.
« Derry ! » l'elfe apparut devant lui en un pop sonore, cependant ce dernier n'eut même pas le temps de s'incliner devant son jeune maître que les ordres retentirent. « Je veux que tu nettoies la salle de bain. Apporte-moi une pince à épiler, du désinfectant, des compresses et de l'antiseptique. Et ensuite je veux que tu me coupes les cheveux. Je t'attends ici. » ordonna-t-il en s'affalant sur le tapis onéreux de sa chambre, le tintant doucement de carmin.
Le jeune elfe s'exécuta rapidement et ne tarda pas à revenir auprès de son jeune maître. Ce dernier remarqua immédiatement les mains tachées de sang du garçon et se précipita à ses côtés.
« Derry a nettoyé la salle de bain, alors Derry va maintenant soigner Altaïr Black Monsieur.
- Non Derry, je veux que tu coupes mes cheveux. J'ai besoin de m'occuper les mains, je vais me débrouiller tout seul. »
Bien qu'il était évident pour Altaïr que l'elfe de maison mourrait d'envie de lui venir en aide, ce dernier ne broncha pas et sortit une paire de ciseaux afin de couper ces cheveux selon les ordres que lui donnaient au fur à mesure son jeune maître.
Altaïr commença par verser l'antiseptique en grande quantité sur ses blessures, puis il désinfecta soigneusement la pince à épiler avant de commencer à retirer les premiers morceaux de miroir de sa main droite. C'est dans ces moments-là qu'il était heureux d'être ambidextre.
Plus il avançait dans sa tâche et plus la douleur dominait sa colère. Puis il réalisa ce que représentait ces changements physiques pour lui et que surtout, ces derniers étaient définitifs. Une première larme coula le long de sa joue, venant se perdre dans le tapis duveteux, rapidement suivi d'une seconde, elle-même suivit par une autre et cela jusqu'à ce qu'il finisse par fondre en larmes. Derrière lui, l'elfe posa délicatement sa main squelettique sur son épaule.
Ici, personne n'aimait beaucoup le jeune Black, pourtant lui ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils se ressemblaient beaucoup. Ils devaient obéir au maître, ne pas se faire remarquer et si c'était le cas, ils se faisaient punir. Pourtant Altaïr était un sorcier, alors pourquoi le maître le considérait-il comme un elfe, ça Derry ne pouvait pas le comprendre.
Sentir la main enfantine du garçon se resserrer autour de la sienne comme à une bouée de sauvetage fit comprendre à l'elfe qu'il avait bien agi. Ce simple geste semblait déjà faire si plaisir au garçon, qu'il ne put s'empêcher de l'entourer doucement de ses bras fins, lui offrant une étreinte réconfortante le temps de quelques instants. A cet instant, Altaïr ressemblait enfin à un garçon de son âge, plein de doute, de tristesse, d'incertitude et effrayé par ce monde trop grand pour lui.
Derry se promit alors de toujours soutenir son jeune maître. Peu importait si pour cela il devait trahir maître Cygnus dans son dos.
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20 juillet 1988 (Altaïr a 11 ans)
Altaïr était incroyablement satisfait pour la première fois depuis très longtemps.
La veille, Cygnus l'avait jeté dans la forêt en lui ordonnant de contrôler suffisamment son loup pour ne pas quitter les bois. Il voulait constater de ses propres yeux que le filtre avait correctement fonctionné.
Paniqué à l'idée de ne pas réussir à garder le contrôle sur le loup, Altaïr ne put pourtant rien faire face à la volonté et la baguette de son tuteur. Alors il se résigna à peut-être ne jamais se réveiller le lendemain. Il suffisait d'un seul campeur, villageois ou sorcier pour que les Aurors débarquent sur place et l'abattent à vue.
Pourtant, tout s'était très bien déroulé. Bien qu'il ne s'agissait pas réellement de contrôle, le loup était cependant influencé par ses souhaits. Ainsi, il ne s'était pas approché une seule fois de l'extérieur de la forêt, restant profondément terré dans les bois.
De plus, pas une seule nouvelle blessure ne parcourait son corps. Certes, la transformation restait extrêmement douloureuse et les courbatures d'avoir couru toute la nuit ne partirait pas aussi facilement. Mais d'un autre côté, cela lui faisait beaucoup de bien de ne pas se réveiller à côté d'une mare de sang.
Pourtant la joie fut de courte durée. A peine avait-il rejoint le manoir qu'Altaïr fut intercepté par Cygnus. Adieu l'espoir de pouvoir profiter d'une bonne douche chaude et peut-être même d'une sieste avant ses leçons du matin. Et bonjour la prise de tête dès le réveil.
Le sorcier le guida jusqu'à la bibliothèque dans un silence religieux. Une fois arrivée à destination, ce dernier attrapa une petite pile de livres qu'il avait préparé la veille pour son pupille. Altaïr les scruta quelques instants en fronçant des sourcils. Il était incertain quant à l'utilisation que son tuteur voulait qu'il en fasse.
« Ce sont les bases pour aller étudier à Durmstrang. Je compte sur toi pour connaître les bases du russe et de l'estonien avant ton départ. Tu as un mois et dix jours.
- Durmstrang. » murmura Altaïr comme s'il n'y croyait pas.
« Les leçons du matin et du soir seront annulées pour que tu puisses te concentrer sur les langues. Un ami viendra s'assurer que ton niveau soit suffisant d'ici deux semaines. »
Puis Cygnus quitta la pièce, abandonnant derrière lui Altaïr et ses dictionnaires. Le garçon porta son regard sur les ouvrages avant de les jeter avec brusquerie sur la table, comme si ces derniers l'avaient brulé.
Il refusait d'y croire, Cygnus n'avait pas pu lui faire cela. Thomas et lui s'étaient promis de se retrouver à Poudlard d'ici quelques années et maintenant, tout tombait à l'eau à cause de ce vieux sorciers décrépis. Sa seule occasion de revoir son petit-frère avant d'atteindre la majorité, et donc de pouvoir se déplacer comme il l'entendrait, venait de disparaître sous ses yeux en seulement quelques secondes.
Cygnus avait un don incroyable pour détruire sa vie petit à petit. Lui retirant chaque petit instant de bonheur du quotidien dès qu'il en avait l'occasion. Altaïr sentait une haine vorace envers cet homme bouillonnée en lui. Soudain, cette pièce lui semblait trop petite et étouffante. Sa respiration s'accéléra et sa vision se rétrécit.
Il n'en pouvait plus, il avait l'impression de pouvoir exploser à n'importe quel instant et cela le torturait de l'intérieur. Puis, sa main attrapa le premier objet qu'il lui tomba sous la main et le jeta contre la porte par laquelle Cygnus venait de passer. L'encrier éclaboussa le sol et les murs, mais cela Altaïr n'en avait cure. Il réitéra l'opération, lançant chaises, livres, plumes et parchemins à travers la salle.
Libérer ainsi ses pulsions et la haine qu'il accumulait depuis des mois et des mois le vida rapidement de ses forces et bientôt, il s'écroula contre le pied de son bureau. Altaïr tatta sa surface pour attirer à lui le plus petit des livres que Cygnus lui avait confié. Ironiquement, il s'agissait des seuls bouquins qui n'étaient pas passés entre ses mains colériques.
Peut-être que finalement, les choses étaient mieux ainsi. De toute façon, jamais un Potter et un Black ne pourrait être ami, la trahison de Sirius Black en était bel et bien la preuve. Il valait certainement mieux pour Thomas que leur chemin ne se croise pas avant un long moment.
Maintenant qu'il y songeait plus longuement, Thomas n'avait que quatre ans la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Peut-être même qu'il ne se souvenait pas de lui, qu'il ne savait même pas qu'il avait un grand-frère.
Etrangement, cette pensée le soulagea tout autant qu'elle lui brisait le cœur. Il n'était pas de bonne fréquentation, Altaïr en avait conscience.
Oui, il en était convaincu. Passer sa scolarité à Durmstrang n'était peut-être pas une si mauvaise idée finalement.
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1er septembre 1988 (Altaïr a 11 ans, 1ère année à Durmstrang)
Altaïr venait d'arriver dans sa nouvelle école et il n'avait qu'une envie : rejoindre son dortoir. Il avait tout d'abord dû subir l'horrible sensation que provoquaient les portoloins internationaux pour ensuite passer de longues heures dans le bateau qui l'avait conduit jusqu'à l'école. Le seul point positif à ce voyage fut qu'il eut le temps de relire toutes les notes qu'il avait pris sur les livres que Cygnus lui avait recommandé d'étudier pour sa rentrée.
Par moment, il posait ses parchemins pour observer un peu le paysage. Altaïr adorait la nature et il aurait pu rester des heures à regarder l'étendue d'eau devant lui. Mais il savait aussi que son estonien était loin d'être parfait et cela était bien plus important que de regarder le paysage. Au moins, contrairement au russe, l'estonien utilisait l'alphabet latin et cela lui facilitait quelque peu les choses.
C'est lors d'un de ses moments d'observation qu'il put assister au décollage du bateau qui se mit à voler dans les airs pour survoler des terres. Altaïr essaya de retenir la localisation de leur atterrissage du mieux qu'il le put, peut-être qu'ainsi il pourrait se situer sur une carte. Cependant, le garçon ne se faisait pas d'illusion et se doutait qu'il ne serait pas aisé de localiser cette école si secrète.
Le bateau atterrit finalement dans un lac entouré par la forêt. Les élèves commencèrent à marcher en direction d'un clocher qui dépassait des arbres un peu plus loin. Altaïr les suivit et ajusta son pas à quelques élèves qui semblaient être nouveaux, comme lui. Il ne connaissait personne et n'avait vraiment pas envie de se perdre.
Il ne fallut qu'une dizaine de minutes aux étudiants pour atteindre les remparts de l'école. Altaïr aperçut du coin de l'œil un regroupement d'élèves et en s'en approchant, il remarqua que ses derniers s'attroupaient autour d'un professeur qui se tenait sur une estrade.
L'homme se fit rapidement entendre grâce à un puissant Sonorus, ainsi tous les élèves pouvaient l'entendre. Le sorcier se présenta comme étant le professeur Georgiev, il serait le responsable de leur filière cette année en plus d'être un potionniste et le professeur principal de ce qui serait la classe 1.
Georgiev montra du doigt la lourde porte de fer qui gardait la forteresse et qui était surmonté par le long clocher qu'Altaïr avait vu un peu plus tôt. Le professeur leur en expliqua le fonctionnement et c'est avec surprise que le jeune Black vit les élèves des années supérieures marcher droit sur la porte et passer à travers. Altaïr se fit la réflexion que ce mécanisme était semblable à celui de la voie 9 ¾ pour atteindre le Poudlard Express.
« Seuls les étudiants et le personnel de Durmstrang peuvent passer ses barrières. Toute personne extérieure à l'école sera immédiatement ligotée et envoyée au ministère estonien.» Précisa tout de même le professeur.
Une fois à l'intérieur de la forteresse, la froideur des lieux frappa immédiatement Altaïr. Le bâtiment principal était magnifique mais les pierres sombres, presque noires, qui le constituaient le rendaient terriblement sinistre. Bien que cela le fasse d'autant plus ressortir, Altaïr trouvait que les bâtiments presque blanc qui l'entouraient atténuaient tout de même l'aspect tyranique du château. Le garçon se fit même la remarque que par temps de brouillard, le bâtiment principal devait ressembler à un château hanté.
Altaïr ne put observer plus longtemps le paysage car le professeur pénétrait déjà dans le château. Seules quelques torches dévoilaient un passage à travers la noirceur des lieux, les élèves marchaient en rang et ne parlaient pas vraiment. Altaïr commençait doucement à comprendre les raisons qui avaient poussé Cygnus à l'envoyer ici plutôt qu'à Poudlard. Les règles semblaient bien plus strictes ici et bien que quelques groupes semblaient se former lorsqu'ils s'assirent à leur table, aucun élève n'osa élever la voix plus haut qu'un chuchotement.
Chaque tables semblaient être faites sur mesures pour accueillir pile le bon nombre d'élèves, d'ailleurs, ceux-ci semblaient être assis par année. Étrangement, il n'y avait que quatre cents derniers années alors qu'ils devaient dépasser de loin le millier de nouveaux venus. De plus, ce nombre diminuait au fur et à mesure que les élèves devenaient plus âgés.
Altaïr s'assit tout au bout de sa table en espérant qu'à cette place, les personnes autour de lui comprendraient qu'il voulait être seul. Ici au moins la différence de taille avec les autres élèves ne se voyait plus vraiment et cela lui permit de se détendre quelque peu. Il s'était vraiment senti gêné face au regard apeuré d'une petite première année qui faisait plus d'une tête et demie de moins que lui. C'est dans ces moments-là qu'il haïssait ses héritages lycanthropes.
Rapidement, le directeur se leva et fit un petit discours de bienvenue.
« Bienvenue à toutes et à tous pour cette nouvelle année à Durmstrang. Je souhaite tout d'abord me présenter aux nouveaux élèves. Je suis le directeur de cette école, Igor Karkaroff, et l'un des professeurs de duel de cet établissement pour les dernières années. Maintenant que ceci est fait, parlons du règlement. »
À ses mots, le regard froid de l'homme se posa sur la table des dernières années, lorsque ceci essayèrent de se faire plus petits, un sourire cruel et jaunâtre étira ses lèvres.
« Il n'est pas interdit de faire de la magie en dehors de vos cours. En revanche, l'utilisation de la magie dite noire est strictement prohibée. Si vous avez la stupidité de désobéir à cette règle, essayez de ne pas vous faire attraper, même si c'est peine perdu. Et surtout, ayez une bonne excuse sinon vous serez renvoyé ou irez en prison si vous êtes en dernière année et majeur. Je fais généralement ce discours aux premières années, mais il semblerait que les plus âgés aient aussi besoin de se rafraîchir la mémoire, comme chaque année. Pour finir, vous trouverez sur votre lit un livre contenant tout ce que vous devrez savoir sur cette école, son fonctionnement, ses règles, votre emploi du temps et un plan. Sachez que vous serez incapable de dévoiler quoi que ce soit sur cette école et que si vous essayer, certaine information capitale serons effacé de votre mémoire. Maintenant, je vous souhaite un bon appétit. »
L'homme se rassit et même dans cette position, il dominait ses collègues à cause de sa grande taille, cette dernière était d'autant plus flagrante de par sa minceur. Malgré qu'il n'avait qu'une quarantaine d'années, ses cheveux étaient déjà grisonnants, certainement dû au stress d'être tout d'abord professeur puis directeur.
Les élèves attendirent que Karkaroff entame son repas pour commencer le leur. Si pendant les premières minutes, un lourd silence pesait sur la salle, des chuchotements et discussions posées se firent rapidement entendre aux tables des plus âgés pour finalement se répandre dans toute la pièce. Altaïr qui pensait être tranquille déchanta rapidement en entendant un garçon à sa droite lui parler bien trop énergiquement. Heureusement pour Altaïr, ou pour l'autre, il s'arrêta rapidement de parler en constatant que son interlocuteur ne le regardait même pas.
À la fin du repas, Georgiev, le même professeur qui les avait accompagnés à travers le château, les guida cette fois-ci jusqu'à leur dortoir. Là, Altaïr découvrit que chaque année vivait dans un autre bâtiment qui se modifiait au fil des années en fonction de l'évolution du nombre d'élèves de son année. Tous les bâtiments étaient les mêmes, mais Georgiev leur expliqua que des sortilèges modifiaient ces derniers de l'intérieur afin de correspondre aux effectifs de chaque promotion.
Le bâtiment des première année faisait ainsi quatre étages vu de l'extérieur mais en était réellement composé d'une quinzaine. Au rez-de-chaussée et au premier sous-sol se trouvaient deux immenses salons composés de nombreux canapés, poufs, fauteuils, de dix grandes cheminées et de quelques tables basses. Les tourelles quant à elles comportaient de petites bibliothèques afin de permettre aux étudiants de faire leur devoir en paix. Chacune d'elles étaient réservées à deux matières maximum et plusieurs tables étaient disposées en leur centre.
Dans les étages supérieurs, il y avait les dortoirs. Altaïr retint une grimace de dégoût en découvrant qu'en plus de ne pas pouvoir choisir son lit, ces derniers ne possédaient aucun rideau ou paravent afin de les séparer les uns les autres. Pire encore, il s'agissait de lit superposé. A quoi bon était-ce utile de payer cette école des milliers de Gallions si c'était pour finir dans un lit encore moins luxueux que ceux de Poudlard. Altaïr avait lu à de nombreuses reprises l'Histoire de Poudlard et savait très bien à quoi leurs dortoirs ressemblaient.
Le garçon grimpa les escaliers jusqu'à découvrir la porte où les enfants dont les noms commençant par B étaient installés. Il découvrit avec une certaine angoisse qu'en plus d'être au dernier étage, il avait le lit au fond du dortoir et donc juste à côté d'une fenêtre donnant sur le vide. Si de l'extérieur, le bâtiment ne faisait pas plus de quatre étages, il en était tout autrement de l'intérieur ou Altaïr ressentait très bien la dizaine d'étages inférieurs. Heureusement qu'il n'était pas sur le lit du dessus.
Altaïr déballa rapidement ses affaires et les rangea dans l'armoir mit à sa disposition à côté du lit et rangea sa mâle sous le lit en laissant de la place pour que la fille qui occupait le lit du dessus puisse en faire de même avec la sienne. Il songea rapidement qu'il était étrange pour une école aussi stricte de laisser les deux sexes ensembles. Cependant Altaïr n'y réfléchit pas plus longtemps puisqu'il imaginait simplement que les professeurs s'étaient dit qu'avec aussi peu d'intimité, les élèves ne pourraient rien faire de toute façon.
Voyant qu'aucun élève n'avait encore fini de déballer ses affaires et que la plupart d'entre eux discutaient bruyamment, Altaïr décida d'aller à la douche. Certainement qu'il y serait seul et cela l'arrangeait bien. Les toilettes et les douches étaient situées de l'autre côté de l'escalier, à droite pour les filles et à gauche pour les garçons.
En poussant la porte des douches, Altaïr fut satisfait de découvrir qu'elles étaient toutes séparées par des pans de bois et offraient donc un minimum d'intimité à leurs occupants. Il se lava rapidement avant de rejoindre son lit. Il trouva alors sur sa table de nuit une lettre à son nom et un livret intitulé « Tout ce qu'il faut savoir sur Durmstrang». Plusieurs autres enfants tenaient des livrets similaires et Altaïr supposa qu'ils étaient apparus pendant son absence.
Le nouvel étudiant prit tout d'abord la lettre et découvrit qu'il s'agissait d'un emploi du temps pour la semaine à venir. Apparemment, la première semaine serait consacrée à des examens censés dévoiler leur niveau. À la fin de cette semaine, les élèves seront répartis dans une trentaine de classes d'un peu moins de cinquante élèves pour les heures théoriques et vingt-cinq pour les travaux pratiques.
Ces classes seront remaniées pour correspondre à l'évolution des étudiants et leurs effectifs diminueraient chaque année. Ainsi, ils ne seraient plus que quarante par classe en deuxième année, puis trente jusqu'à la cinquième année et enfin plus que vingt jusqu'à la fin de leur scolarité.
Lorsqu'il eut fini la lettre, Altaïr se saisit du livre et l'entama. Il découvrit ainsi qu'un couvre-feu était imposé aux élèves à vingt-et-une heures et qu'il y avait une extinction des feux à vingt-deux heures jusqu'à la sixième année. Cela n'arrangeait pas vraiment Altaïr qui allait devoir s'éclipser régulièrement pour les pleines lunes. Il espérait seulement que les professeurs ne vérifiaient pas que tous les élèves rentrent tous les soirs mais qu'il s'agissait plutôt de sanction si on était pris hors des dortoirs à ses heures là.
Au moins, les élèves pouvaient se déplacer dans l'école comme ils le souhaitaient, bien qu'il soit interdit de sortir de l'air du parc, de la forêt et du lac qui constituaient les kilomètres alentours. Cette liberté de mouvement lui serait plus qu'utile lors des pleines lunes.
Cygnus avait voulu garder le secret de sa condition, même auprès du personnel de l'école. Il revenait donc à son pupille de trouver en complète autonomie un moyen de se transformer chaque mois sans éveiller aucun soupçon. Grâce au règlement intérieur de Durmstrang, Altaïr supposait qu'il pourrait facilement passer ses pleines lunes dans les bois.
Le garçon continua de lire les règles de l'école et découvrit qu'une sortie à la ville magique la plus proche était organisée chaque mois. Cela le ravit, lui qui n'avait jamais le droit d'aller nulle part avec Cygnus. Ça lui ferait du changement. Un autre point positif était que la magie était autorisée dans les couloirs, à la bibliothèque ou encore dans les dortoirs, du moment que cela était dans le but de pratiquer ses cours. Des sanctions pouvaient cependant être prises si on se faisait prendre en train de se bagarrer, bien entendu.
Plus loin, Altaïr put découvrir que de nombreux cours étaient enseignés aux premières années, bien plus qu'à Poudlard. Il y avait donc métamorphose, potion, histoire, sortilège, défense, théorie de la magie noire, théorie sur les créatures magiques, entraînement physique, botanique et des langues. Pour ces dernières, chaque élève devait choisir entre l'estonien, l'anglais ou le russe.
L'école accueillait majoritairement des sorciers provenant d'Europe de l'Est mais aussi des pays nordiques comme la Finlande ou la Norvège. De ce qu'il avait perçu des conversations pendant le repas, Altaïr n'avait pas l'impression que d'autres élèves britanniques étudiaient ici. Il avait seulement entendu deux petites filles se disputer en espagnol, ou bien était-ce du portuguais. Il ne savait pas vraiment, Altaïr ne parlait aucune des deux langues. Autrement, il n'avait perçu que de l'estonien, du polonais, de l'ukrainien, du russe, du tchèque, du bulgare et autres langues slaves ou plus rarement nordiques.
La plupart des élèves étudiants à Durmstrang appartenaient aux familles constituant l'élite de leurs pays. Les Sangs-Mêlés et les Moldus étudiaient dans d'autres écoles répartis sur le continent et dont le fonctionnement ressemblait davantage à Poudlard. La plupart d'entre eux étaient destinés à cette école depuis leur enfance et apprenaient donc l'estonien dès le plus jeune âge. Ces enfants choisiraient donc certainement l'anglais ou le russe pour les cours. Cela ne leur serait pas utile d'étudier une langue qu'ils parlaient déjà couramment et qui pouvait presque être considérée comme maternelle. Altaïr supposa donc qu'ils ne seraient pas nombreux à choisir l'estonien.
Il y avait également quatre options disponibles dès la première année comme combat sans magie, runes, arithmancie simple et astronomie. Cependant il ne pouvait choisir au maximum que deux d'entre elles et devrait se prononcer avant la fin de la semaine. Altaïr hésitait à sélectionner astronomie, les Black étant des adeptes de cette matière depuis des décennies, cela pourrait lui assurer une note facile. D'un autre côté, les trois autres options l'intéressaient aussi beaucoup. De toute façon, même s'il ne suivait pas l'une des options, il pourrait tout de même demander à en faire les examens de fin de semestre.
A partir de sa troisième année, il pourrait choisir entre d'autres options comme alchimie, duel, pratique avec les créatures magiques, magie de l'esprit, runes, arithmancie avancée, magie de soin ou encore divination. Là, il pourrait en sélectionner autant qu'il le souhaitait, même si en choisir plus de trois était fortement déconseillé.
L'année était découpée en deux semestres bien que le premier ne dure que quatre mois, de septembre à décembre. Le second irait de janvier à juin. Ces semestres sont composés de plusieurs contrôles dans chaque matière, mais ces derniers ne constitueront qu'un cinquième de sa note. Le reste de la note finale viendra de deux examens finaux, un avant les vacances de Yule et l'autre à la fin de l'année scolaire.
Pour les deux premières années, les vingt pourcents des élèves ayant les résultats les plus faibles seront renvoyés à chaque examen. Pour les deux années suivantes, ce ne serait plus que les trentes moins bons. Puis de la cinquième à la dernière année, ce ne serait plus que ceux n'ayant pas la moyenne, donc moins d'une dizaine d'élèves généralement.
Ceci expliquait le peu d'élèves à la table des septièmes années comparées à celle des nouveaux arrivants. Lorsqu'un élève ratait un examen, il était redirigé vers une école partenaire de Durmstrang située en Russie, là-bas, il suivait un cursus plus simple. Durmstrang n'était pas une école d'élite sans raison. Altaïr déglutit difficilement en réalisant qu'il avait à peu près trente pourcents de chance d'être parmi les élèves terminant leur cursus ici.
Finalement, Altaïr feuilleta rapidement les dernières pages du petit livre avant de décider qu'il était temps de dormir. Certains de ses camarades s'étaient déjà endormis malgré que les lumières n'étaient toujours pas éteintes, tandis que d'autres discutaient encore joyeusement.
Altaïr regarda sa montre, il était 21h59, plus qu'une minute avant l'extinction des feux. Le garçon observa par la fenêtre et à l'instant où les chandeliers s'éteignirent dans la pièce, le reste des bâtiments furent également plongé dans le noir.
Cette nuit-là, Altaïr ne parvint pas à dormir, ou alors très peu. Il était bien loin du silence assourdissant du manoir de Cygnus. Ici les élèves chuchotaient dans l'obscurité, d'autres reniflaient dans leur sommeil et même les plus calmes dont la respiration ralentissait déjà empêchaient Altaïr de s'endormir. Il percevait chaque bruit comme s'il était produit au creux de son oreille et cela le maintenait éveillé malgré son horrible fatigue.
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9 septembre 1988
Altaïr reçut son emploi du temps en même temps que ses notes d'examen le lundi matin de la semaine suivant la rentrée. Contrairement à Poudlard, les notes n'étaient pas données grâces à des lettres, mais grâce à un nombre allant de zéro à cent pour les examens finaux et de zéro à vingt le reste de l'année. Altaïr était plutôt satisfait de ses résultats, aucune de ses notes ne descendait en dessous de quatre-vingts-quinze. Cependant, la beuglante de Cygnus qui lui avait explosé au visage alors qu'il se trouvait dans . Apparemment un Black ne pouvait qu'atteindre la perfection.
Préférant ne pas repenser à cela, Altaïr se pencha rapidement sur son emploi du temps. En le lisant, il comprit rapidement que le nombre important de matières avait pour conséquences de créer de longues journées. Ainsi, il avait cours tous les jours de huit heures à dix-sept heures avec une pause d'une heure trente à midi, sauf les mercredis et samedi où il terminait à midi.
Cependant, il avait lu dans le livre confié par l'école que pour ne pas trop surcharger les élèves, les professeurs se consultaient afin de ne pas tous donner de grosses dissertations à écrire la même semaine. De plus, le travail personnel semblait être favorisé aux devoirs écrits. Cela passerait certainement par lire des livres ou faire des recherches sur les cours. Ainsi, seuls les enfants les plus appliqués et autonomes ressortiront du lot. Altaïr ne s'inquiétait pas trop d'une surcharge éventuelle, étant naturellement un bon travailleur.
En plus de tout cela, Altaïr allait devoir continuer à travailler son estonien. Lorsqu'il avait discuté avec Gibbon, l'ami de Cygnus qui lui avait fait travailler son russe et son estonien, cela ne lui avait pas semblé si compliqué. Cependant Altaïr n'avait pas réalisé à ce moment-là que son professeur parlait intentionnellement lentement et avec des mots simples.
Ici les professeurs ne s'occupaient pas de savoir si leurs élèves comprenaient chacun de leurs mots et ses camarades non plus ne prenaient pas de pincettes avec lui. D'autant plus que leurs accents ne rendaient pas les choses plus aisées. Tout comme les élèves, les professeurs étaient parfois des enseignants étrangers et ne parlaient pas tous un estonien parfait. Le seul point positif dans tout cela était qu'à l'écrit, Altaïr avait bien moins de difficultés, surtout en lecture. Étudier dans ses manuels et ceux de la bibliothèque était donc tout à fait à sa portée et cela le soulageait quelque peu.
Finalement, lui faire apprendre des dictionnaires entier n'était pas la pire des idées qu'avait eu Cygnus.
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NDA février 2022
Je n'aime pas du tout ce chapitre, surtout le passage avec le filtre lunaire et celui sur le fonctionnement de Durmstrang. Mais il me fallait une excuse pour rendre Altaïr unique au sein des loups-garous et c'est tout ce que j'ai trouvé. Et surtout, j'ai des idées pour lesquelles cela sera utile plus tard, alors il faut bien que j'introduise ça à un moment donné. J'espère que le passage dans son esprit où il "combat" le loup n'était pas trop mauvais. Ça doit faire dix fois que je le réécris et il ne me plaît toujours pas.
Et puis je n'aime pas du tout d'écrire les lieux, je déteste ça. On peut se dire que comme j'aime écrire, j'ai une bonne imagination, mais pas du tout. J'ai beaucoup de mal à me représenter les lieux, les personnages et un peu tout en fait. J'ai une page word avec toutes les caractéristiques de chacun de mes personnages parce que je ne sais jamais à quoi il ressemble (même Altaïr/Harry parfois et ça, c'est la honte ^^').
