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Ton nom tatoué sur ma peau

Anaïs Grimbert, élève de deuxième année à la prestigieuse école d'Auguste Armand, avait tout ce dont elle pouvait rêver. Elle avait des parents qu'elle aimait et qui l'aimaient, une meilleure amie super sur qui elle pouvait toujours compter et un petit-ami qu'elle adorait également élèves ici. et d'excellentes notes. La seule petite chose qui entachait cette vie parfaite était le prénom de Lisandro gravé sur son poignet droit. C'était celui de son âme sœur mais en vingt ans de vie elle n'avait croisé le moindre garçon portant se prénom alors elle avait finit par renoncer. Elle était tombée amoureuse d'Enzo, ils étaient bien ensemble et c'était tout ce qui comptait. Ils avaient eu leur lot de hauts et de bas comme tous les couples mais ils étaient solides et heureux.

Pourtant, malgré cette certitude, Anaïs connaissait depuis quelques temps un petit souci. En effet, depuis qu'elle avait été nommée maître d'hôtel, une position très prestigieuse qui la rendait responsable de la salle de restaurant du Double A et qui faisait d'elle la supérieure de tous les autres élèves qui y travaillaient. Le seul à qui elle devait rendre des comptes était monsieur Inesta son professeur de salle et le responsable de ses problèmes. Il était arrivé en septembre à l'école sans que cela ne bouleverse la vie de la petite brune,mais depuis qu'il lui avait confié ce poste, ils passaient beaucoup de temps tous les deux. Alors cause ou hasard, il était la dernière personne à laquelle elle pensait avant d'aller se coucher et la première lorsqu'elle se réveillait. L'homme d'une quarantaine d'années à l'accent hispanique était très séduisant et son cœur s'emballait lorsqu'elle était près de lui. Elle avait décidé d'ignorer son trouble de toutes ses forces et se focaliser sur sa relation avec Enzo. Elle était amoureuse de lui, alors son fantasme de l'élève qui craque sur son mentor allait vite disparaître elle en était certaine.

Un soir, alors qu'elle venait de terminer d'étudier à la bibliothèque et se rendait en direction de sa chambre lorsqu'elle entendit Rose Latour appeler quelqu'un:

"Lisandro, Lisandro"

Anaïs se stoppa net, quelqu'un ici à l'institut Auguste Armand s'appelait donc ainsi. Cette conversation ne la concernait nullement, elle le savait mais,la curiosité était trop forte, elle devait (et surtout elle voulait) découvrir qui portait le nom de sa moitié. Elle fit demi-tour et se rapprocha discrètement des deux individus. Elle se plaça de manière à ne pouvoir être vue. L'homme lui tournait le dos mais même ainsi elle su qu'il s'agissait de son professeur de salle, l'objet de ses songes, le seul et unique monsieur Inesta. Elle n'en revenait pas, il se prénommait Lisandro. Elle aurait menti si elle avait prétendu qu'elle n'y avait jamais pensé, après tout il était espagnol et dès qu'il parlait c'était un peu de l'Espagne qui s'échappait avec les mots qu'il prononçait. Oui elle y avait pensé mais elle n'avait jamais pu apercevoir ses poignets et avait finit par se dire que c'était ridicule puisque vingt ans les séparaient. Elle ne s'attarda pas plus, elle avait eu son renseignement le reste de la discussion ne la concernait pas.

Les jours suivants elle n'arrêta pas de repenser à sa découverte et fut tentée de lui en parler en privé plusieurs fois sans que l'occasion ne se présente et surtout sans qu'elle ne s'en sente le courage. De plus sa relation avec son petit-ami était tendue, il lui avait piqué une crise de jalousie à cause qu'elle et monsieur Inesta avaient connu une panne de voiture et n'avaient pas donné de nouvelles (ils ne s'étaient pas rendus compte en marchant qu'ils avaient retrouvés du réseau). Le fait qu'Enzo les ai surpris assis très proche, conjugué aux sous-entendus de Charlène faisaient douter son amoureux. Anaïs avait beau lui répéter encore et encore qu'ils ne s'étaient rien passés entre elle et leur professeur, il n'arrivait pas à la croire. Ils venaient d'ailleurs de se disputer lorsque monsieur Inesta se rapprocha d'elle.

"Tout va bien Anaïs?, lui demanda-t-il une fois qu'Enzo fut parti en cuisine.

-Oui ne vous en faîtes pas, c'est un peu tendu entre nous par rapport à l'autre jour mais ce n'est rien cela va vite s'arranger, répondit-elle.

-Je m'en veux, c'est de ma faute tout cela, j'aurais dû gérer la situation autrement, regretta-t-il.

Alors qu'elle allait lui dire qu'il n'y était pour rien et lui demandé si elle pourrait lui parler en privé après le service mais n'en eu pas l'occasion puisqu'ils furent interrompus par une femme qui était derrière lui.

-Lisandro.

-Fanny!, s'exclama-t-il en se retournant et découvrant l'identité de celle qui venait de prononcer son prénom.

Il la prit dans ses bras et elle répondit à cette étreinte. Les deux semblaient contents de se retrouver et ils avaient oublié la présence de la petite brunette. Celle-ci attendit patiemment que l'opportunité d'entrer dans la conversation se présente.

-Monsieur Inesta, voulez-vous que je conduise madame à sa table?, proposa-t-elle poliment.

-Ah Anaïs, je vous présente Fanny, c'est une vieille amie.

-Une vieille amie, tu appelles ce qu'il y avait entre nous de l'amitié, s'amusa la cliente. Lisandro a été mon premier grand amour, ajouta-t-elle en se tournant vers la jeune femme derrière le comptoir.

Cette dernière afficha le sourire le plus hypocrite qu'elle pu, cela ne faisait pas cinq minutes qu'elle la connaissait et elle la détestait déjà. Anaïs contourna le meuble qui la séparait des deux autres personnes et conduisit celle qui était venue se restaurer jusqu'à sa table, avant que son enseignant reprenne le relais afin de conseiller son amie.

L'élève de deuxième année s'éclipsa, en dissimulant du mieux qu'elle pu son agacement et revint se positionner derrière le comptoir. Elle frottait énergiquement le dessus du mobilier devant elle sans quitter du regard son professeur en train de flirter avec cette femme.

-Qui c'est?, la questionna Salomé en se rapprochant d'elle.

-Fanny quelque chose, une ex d'Inesta, répondit son amie sans la regarder.

-Ah, je vois...

La blonde savait que sa meilleure amie éprouvait des sentiments à l'égard de l'homme mûr et elle vit bien que la scène à laquelle elles assistaient agaçait fortement la brunette.

-Tu vois quoi?

-La raison pour laquelle tu la fusilles du regard.

-Je ne la fusille pas du regard, je suis juste agacée parce qu'en tant qu'enseignant il devrait nous superviser, pas se comporter ainsi durant un service et surtout pas devant nous, ce n'est pas professionnel, répliqua-t-elle.

-Après c'est assez calme, il a le droit d'en profiter un peu, il ne fait rien de mal.

-Même, il est supposé surveiller ce que l'on fait, c'est son travail, insista Anaïs les yeux fixés sur la table pour un placé à quelques mètres d'elle.

-Anaïs, tu ne penses pas que c'est parce que tu es morte de jalousie que tu dis ça?

-Moi jalouse, n'importe quoi, tu m'as saoulé j'ai des trucs à faire, râla la brunette avant de partir d'un pas furieux.

Salomé la regarda s'éloigner pestant des paroles incompréhensibles, son amie ne pu retenir un sourire, elle avait visé juste et cela avait vexé sa meilleure amie. La journée se termina et elle retrouva Anaïs qui l'attendait.

-Contente de voir que tu n'es plus énervée, remarqua-t-elle soulagée.

-Je suis désolée pour toute à l'heure, je n'aurais pas dû te parler comme ça, s'excusa son amie.

-C'est oublié, tu étais contrariée, cela peut arriver à tout le monde, j'aurais réagi de la même manière si j'avais vu le mec sur lequel j'ai craqué avec une autre fille, assura-t-elle.

-C'est un peu plus compliqué que ça.

-Comment ça?

Anaïs resta silencieuse un moment, cherchant ses mots afin d'expliquer ce qui la rendait aussi agressive depuis quelques temps.

-Monsieur Inesta, commença-t-elle.

-Oui monsieur Inesta et bien?

-Il s'appelle Lisandro, expliqua-t-telle.

La blonde fut choquée pendant quelques secondes, elle comprit pourquoi son amie était bizarre ces derniers jours. Anaïs lui raconta comment elle l'avait découvert.

-Tu penses que c'est lui le Lisandro tatoué sur ton avant-bras, devina Salomé.

-Je me dis que ce n'est pas un hasard, en plus on s'entend super bien tous les deux, on a la même passion de la salle et que les sentiments que j'ai développé pour lui en sont la preuve.

-Les sentiments que tu as développé pour lui, attends, attends mais je pensais que ce n'était qu'un simple coup de cœur, s'étonna l'autre élève.

-Au début oui mais maintenant c'est plus que ça...Je m'endors en pensant à lui, je me réveille en pensant à lui, je me demande ce qu'il fait, avec qui il est...

-Je ne pensais pas que c'était si fort.

-C'est une véritable torture, il m'obsède, cela m'épuise, avoua-t-elle d'une voix lasse.

-Tu comptes faire quoi?, lui demanda la blonde

-Je n'en sais rien du tout, et je n'en plus de l'autre meuf qui lui tourne autour.

Anaïs revoyait les tentatives de séduction de l'ex de son professeur et la colère qu'elle avait éprouvé remontait.

-Si j'étais toi j'irais lui en parler, lui conseilla sa meilleure amie.

-Vraiment?

-Tu n'est pas obligée de lui avouer ce que tu ressens pour lui, tu pourrais simplement lui demander quel est le prénom inscrit sur son poignet droit. Imagine que ce n'est pas le tiens, tu sauras qu'il s'agit d'un autre Lisandro, Tu pourras passer à autre chose et reprendre ta relation avec Enzo.

-S'il refuse je fais quoi ou s'il accepte et que je lis mon prénom, je fais quoi?, l'interrogea-t-elle.

-Tu veux savoir ou pas?

-Bien sûr...

-Alors tu n'as pas le choix, il faut que tu lui poses la question sinon cela va continuer de te torturer l'esprit. Anaïs, tu dois savoir, je me doute que c'est angoissant mais tu verras tu te sentiras mieux, je te le promets, affirma-t-elle.

-Je n'en suis pas certaine, murmura-t-elle."

Quelques jours après Anaïs s'attarda à la fin du service, elle attendit que tout le monde soit parti et rejoignit son enseignant dans l'arrière-salle. Elle vérifia discrètement qu'ils étaient seuls avant de signaler sa présence par un léger toussotement. Il se tourna vers elle, étonné de la voir ici et surtout qu'elle paraissait l'attendre.

"Anaïs, nous avions rendez-vous? se renseigna-t-il.

-Non pas vraiment, mais il fallait que je vous vois.

Le ton préoccupé de son élève l'interpella, c'était une élève sérieuse et douée, il se demandait ce qui pouvait bien la troubler.

-Je vous écoute.

Elle prit une profonde inspiration, se répéta mentalement une dernière fois ce qu'elle voulait dire avant de se lancer.

-Je voudrais savoir quel est le prénom tatoué sur votre poignet droit?

-Je ne pense pas que cela vous regarde, fit-il remarquer d'une voix autoritaire.

-Je sais que cela dépasse le cadre professionnel mais il faut que je sache s'il vous plaît, insista-t-elle.

-Cette information ne vous regarde pas, maintint-il.

-J'ai votre prénom gravé sur ma peau et cela me rend folle, je pense à vous tout le temps, nuits et jours, je me demande ce vous faîtes avec qui vous parlez.

Elle se rapprocha de lui, elle lui avait tout avoué ou presque, elle n'avait plus rien à perdre. Il ne bougea pas, troublé par cette confession et par le regard qu'elle posait sur lui, elle posa ses mains sur son torse sans le quitter des yeux.

-Ça ne vous fait pas ça à vous aussi?

-Anaïs s'il vous plaît.

Il était figé, il savait qu'il devait la repousser, reprendre son rôle de professeur et mettre un terme à ce moment qui était en train de lui faire perdre pied. Elle était là, à quelques centimètres de lui, ses yeux bleus plongés dans les siens, attendant sa réponse, désireuse de savoir si tout comme elle, il éprouvait une forte attraction. Elle sentait son trouble et voyait à quel point il luttait contre lui-même, il ne manquait pas grand-chose pour qu'il craque.

-Lisandro, murmura-t-elle d'une voix sensuelle."

Il ne tint plus et l'embrassa fougueusement, il oublia que ce qu'ils faisaient n'était pas déontologique et que si quelqu'un les surmenait il allait se faire renvoyer il n'y avait aucun doute là-dessus, surtout avec Teyssier comme directeur et Antoine et Guillaume des membres de l'équipe pédagogique avec qui il avait eu des ennuis. Il avait eu une brève aventure avec la femme du premier et en début d'année il avait donné une bonne droite au second suite à un malentendu. Pourtant, malgré les risques qu'ils encouraient il ne parvenait pas à se raisonner, il ne pouvait pas détacher ses lèvres de celles dont il avait rêvé si souvent ces dernières semaines.

Anaïs ne pouvait y croire, elle était en train d'embrasser son professeur, et ce qui était encore mieux c'était qu'il avait été initiateur du baiser. Elle ne pensait plus à rien, juste au contact entre leur deux corps, elle redoutait le moment où ils allaient devoir se séparer. Elle craignait qu'il regrette et la rejette. Elle ne le voulait pas, elle voulait être avec lui et elle se moquait éperdument des conséquences.

Une fois que Lisandro s'éloigna pour reprendre sa respiration, rouvrit les yeux quelques secondes avant ceux de la petite brune et lorsque celle ci les ouvrit elle sourit, heureuse mais nerveuse. Il baissa le regard et elle fronça ses sourcils intriguée avant de comprendre ce qu'il voulait lui montrer. Elle inclina légèrement la tête vers le bas,elle repoussa délicatement la chemise et la veste qui composaient l'uniforme de son enseignant et sourit une seconde fois en découvrant son prénom gravé. C'était donc bien lui son Lisandro et cela la rendait folle de joie. Elle remonta à son tour sa manche droite et il sourit à son tour, très content de voir son propre prénom.

Leur relation était interdite, ils allaient avoir des ennuis mais à cet instant ni l'un ni l'autre ne s'en souciaient. Demain était un autre jour et ils comptaient bien profiter de celui-là.