Bonjour à tous,
Après un prologue court, un premier chapitre un peu long pour bien se mettre dans l'ambiance.
J'espère que vous l'aimerez !
jdvslxv : Merci pour ton gentil commentaire, j'espère que la suite te plaira tout autant ;)
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Hermione s'étira paresseusement dans son lit. Le rayon du soleil perçait déjà les rideaux de sa fenêtre. Somnolant, elle s'assit sur le rebord et d'une main hasardeuse, elle coupa son réveil. Après une bonne douche bien chaude, elle se dirigea vers son armoire à vêtements et choisit une jolie robe d'été fleurie. Elle ajusta ses cheveux indisciplinés en hauteur, de façon à ce qu'elle ne transpire pas de la nuque. La journée s'annonçait belle et caniculaire.
Elle ouvrit ses volets et mit brièvement son nez dehors pour admirer le jardin. L'air des matins d'été était tellement plaisant. Elle ferma les yeux et respira profondément. Elle s'abreuva des odeurs douces des multiples fleurs qui s'épanouissaient sous sa fenêtre et du gazon fraîchement coupé. À chaque fois, la jeune femme remerciait silencieusement sa mère d'avoir autant la main verte et son père à tondre la pelouse tôt, sans quoi ses vacances auraient été bien plus maussades. Elle était moins enthousiaste des petites bêtes qui envahissaient sa chambre !
- Bonjour ma chérie ! Tu descends ? l'interpella Jean Granger.
- On est allé chercher des viennoiseries, on en a rapporté pour toi ! ajouta Paul Granger.
Elle chassa un moucheron qui lui tournait autour des yeux, puis les baissa. Ses parents étaient déjà sur la terrasse de la maison. Ils prenaient toujours le petit déjeuner de bonne heure, profitant des heures les plus fraîches de la journée. Elle s'agrippa au rebord de la fenêtre et s'écria :
- Oui, j'arrive !
Elle referma la fenêtre et son visage s'assombrit aussitôt. Il ne lui restait qu'une semaine. Une pauvre malheureuse petite semaine. Elle fixa la case entourée sur le calendrier exposé au mur de sa chambre. Le 30 juillet 1997. Et si elle se trompait ? Et si c'était une mauvaise idée ? Ses pensées allèrent dans tous les sens, si bien que maintenant, elle hésita. Elle poussa un soupir en secouant la tête. Finalement, elle opterait pour un simple t-shirt blanc et un short en jean.
…
Bien qu'il fut six heures du matin, Drago descendit prendre son petit déjeuner. Il prit bien soin de contourner le salon, par une petite porte dérobée. Depuis que les Mages Noirs avaient désigné le Manoir Malefoy comme un lieu de rassemblement, cette salle était constamment réquisitionnée par et pour eux. Ils y mangeaient, faisaient des réunions, partageaient d'autres moments de « convivialité ». Quant au Seigneur des Ténèbres, Il ne les gratifiait de Sa présence dans le salon que pour les grandes nouvelles, souvent pour annoncer des traques aux Sang-de-Bourbes. Le reste du temps, Il s'isolait dans le cabinet de lecture de Lucius, au grand désarroi de celui-ci.
Drago pouvait donc être sûr que personne ne viendrait l'ennuyer là où il se rendait.
Il ouvrit doucement la porte et se retrouva dans la cuisine, baignée dans une délicieuse odeur mélangée de viennoiseries à peine sorties du four et de café fumant. Il se fit un chemin entre les Elfes de Maison qui s'activaient déjà malgré l'heure matinale, et se dirigea d'un pas décidé vers le fond de la pièce. Là se trouvait une petite table carrée en bois de genévrier, remplie de victuailles. Drago s'approcha de sa mère déjà installée, plongée dans la lecture d'un roman sorcier, une cuillère à la bouche et un bol de porridge à moitié vide devant elle. Narcissa descendait régulièrement dans la cuisine tôt le matin, impatiente de terminer son livre de la veille, souvent un polar avec un cliffhanger insoutenable. Elle était encore dans son peignoir vert foncé, les cheveux ramenés en un chignon négligé, quelques mèches rebelles recouvrant ses yeux. Préférant lire, Narcissa n'avait encore pas dormi de la nuit. Drago eut un sourire amusé : en public, elle s'évertuait à ressembler à l'épouse Sang-Pur parfaite, mais ici, elle savait qu'elle pouvait se laisser aller. Aucun Mangemort n'oserait entrer : qui voudrait être vu avec des Elfes de Maison ?
Drago s'installa auprès d'elle. Il lui servit une tasse de café, tout en en mettant dans sa propre tasse. Narcissa reposa sa cuillère et, sans lever les yeux de son roman, lui demanda :
- Tu le bois sans sucre aujourd'hui ?
- Vu le semblant de nuit que j'ai passé, je ne préfère pas en altérer l'amertume.
Sa mère posa alors son livre sur la table en le retournant pour ne pas perdre sa page, puis regarda Drago dans les yeux. Son regard était si perçant qu'il avait chaque fois le mérite de le désarçonner.
- Encore une nuit blanche ? soupira-t-elle.
- Hmm… marmonna le jeune homme en détournant le regard sur les Elfes de Maison autour de lui.
- Je t'en prie Drago, ne te ferme pas. Pas à moi.
- Où est Père ?
- Drago…
- …
Elle se pencha vers lui, lui prenant doucement la main et lui murmura calmement :
- Tu as de bonnes raisons de lui en vouloir, mais sache qu'il n'avait pas le choix.
Il se retourna vers elle, plongeant ses yeux gris brumeux dans les siens.
- Pas le choix ? Pas le choix ?! s'énerva Drago à voix basse pour ne pas attirer l'attention des Mangemorts en train de déjeuner de l'autre côté du mur. Vous vous moquez de moi ! Tout ce qui arrive c'est de SA faute ! On a toujours le choix !
Il enleva rageusement sa main de celles de sa mère et la passa nerveusement dans ses cheveux. Ses efforts pour avoir l'air coiffé réduits à néant.
- Ce… ce n'est pas aussi simple, mon fils, bégaya Narcissa. Ton père a dû faire face à des choix difficiles pour ne pas no…
- S'il ne L'avait pas rejoint, Lui, on en serait pas là aujourd'hui ! Regarde la famille Greengrass ! Regarde les Zabini ! Ils n'ont pas eu besoin de Le rejoindre pour être respectés et craints et pourtant, ce sont des Sang-Pur !
- Ils n'ont pas des générations de Mages Noirs dans leur famille, rétorqua sa mère. Ton père a toujours fait - ce que sa famille lui a inculqué. Ton grand-père Abraxas avait une éducation très stricte envers Lucius, tu devrais t'estimer heureux vu les circonstances !
- Oh oui, je suis parfaitement heureux d'avoir intégré les Mangemorts à l'âge honorable de 16 ans ! dit-il crispant sa main droite la manche gauche de sa chemise. Et Père, à quel âge les a-t-il rejoints ? Au berceau, je présume ?!
Drago sentait les larmes qui commencèrent à monter, à tel point qu'il se mordit l'intérieur des joues pour ne pas les faire sortir. En aucun cas il ne devait montrer un déluge de sentiments en face de sa mère, il ne le pouvait pas. Mais sa voix rauque et cassée le trahissait. Il eut du mal à déglutir, sa gorge le brulait terriblement.
- Drago ! Ne sois pas insultant ! répliqua froidement Narcissa. Ton père s'est sacrifié pour que tu ne manques de rien ! Tu devrais avoir honte d'émettre de tels jugements à son propos !
C'en était trop. Cette dernière phrase le fit bondir de sa chaise, renversant son café. Il ne voyait plus rien, tout se noyait. Il repoussa violemment la table et se dirigea vers la porte dérobée d'un pas rapide, en bousculant sûrement un ou deux Elfes au passage. Il la claqua brusquement derrière lui, rien à faire s'il faisait sursauter les idiots entassés dans le salon ! Il se dirigea droit vers l'escalier et monta les marches deux par deux, puis s'engouffra dans sa chambre avec fracas. Il l'insonorisa avec un sort et, dos à la porte, se laissa glisser jusqu'au sol en prenant sa tête dans ses mains. Il hurla silencieusement.
…
Hermione passa une partie de la matinée allongée sur un transat du jardin, bien à l'ombre sous un parasol, à lire une nouvelle fois l'Histoire de Poudlard. Elle avait demandé à ses parents de pouvoir faire des activités avec eux, mais ils avaient insisté pour qu'elle profite de ses vacances.
- Tu devrais rester ici te reposer au lieu de vouloir bouger partout avec nous, lui avait dit sa mère.
Ses parents étaient sortis faire des courses d'appoint à une petite supérette de quartier, située à quelques kilomètres de la maison. Ils adoraient marcher depuis toujours, ils en avaient pris l'habitude depuis longtemps, avant même sa naissance quand ils vivaient en France. Alors depuis qu'ils habitaient à Londres, ils avaient mis au point un chemin rodé pour passer dans les coins les plus agréables de la capitale. Ils faisaient de grands détours, mais ils ne voulaient manquer pour rien au monde la traversée du parc au centre de la ville. Ils le parcouraient à chaque fois et ils ne s'en lassaient jamais.
Hermione avait déjà fait ces espèces de « randonnées citadines », comme elle les appelait, avec eux pendant ses vacances. Elles étaient épuisantes, mais il y avait toujours une récompense à la fin qui la motivait. En été, c'était une glace.
Elle se souvient qu'elle en avait parlé à ses amis. Ron lui avait jeté un regard incrédule. Pourquoi faire des kilomètres à pied en plein été jusqu'à un magasin, alors qu'elle peut simplement y aller en transplanant ? À ce moment-là, Harry avait fixé son meilleur ami avec un air amusé. Il lui avait avoué que les Dursley l'envoyaient parfois faire des courses loin de chez eux comme punition. Harry était persuadé que son oncle et sa tante voulaient qu'il se perde en chemin.
Ce joyeux souvenir lui fit lever les yeux au ciel en esquissant un sourire.
Hermione n'arrêtait pas de penser qu'elle aurait dû partir avec ses parents, il fallait qu'elle profite d'eux avant qu'elle ne s'en aille ! La jeune femme culpabilisait tellement qu'elle ne parvenait pas à se changer les idées. Elle n'arrivait plus à se concentrer sur son livre. Elle poussa un gros soupir, le referma lourdement et le posa sur une petite table, à côté de son verre de jus de fruits. Elle perdit son regard dans le vide.
Ses parents rentrèrent quelques minutes plus tard.
- Coucou Mione ! On t'a rapporté une surprise pour ce midi ! s'enthousiasma Paul, le sourire jusqu'aux oreilles.
- Oh Papa, c'est trop gentil ! Tu n'aurais pas dû ! se précipita Hermione en lui tendant les bras.
- Attends, ne me fais pas de câlin Mione, j'ai beaucoup transpiré sous cette chaleur…
- Oui, tu as tellement transpiré que tu m'as cassé les oreilles pendant tout le trajet ! râla la mère d'Hermione.
- Mais c'est la vérité ma chérie ! On n'aurait pas dû partir aussi tard dans la matinée, on aurait évité la chaleur.
- Qui est-ce qui voulait absolument voir ses mails avant de partir et qui nous a fait perdre un temps fou ?
- Je devais absolument voir si internet fonctionnait bien aujourd'hui. Ça n'avait pas marché hier.
- Enfin, Paul ! Tu sais tout autant que moi que ce truc met des plombes à charger ! Rien qu'une page, ça prend combien de temps ? 30 minutes au moins ?
- Rooooh ! Tu exagères, ça n'excède pas les 10.
- Oui et bien, c'est les 10 minutes de trop ! Sans compter que ton vieux coucou est tellement lent !
- Mon ordinateur fonctionne très bien et c'est tout ce qui compte. Désolé de te l'apprendre, mais une meilleure machine coûte trop cher !
- Fonctionne très bien ? On dirait qu'il va décoller à chaque fois que tu l'allumes ! Ou passer l'aspirateur. - - S'il pouvait faire ça, il serait bien plus utile !
- Hilarant. S'il fait du bruit, c'est que le ventilateur intégré tourne bien. Sans ça, cette machine ferait brûler toute la maison. Pas sûr que tu aimerais qu'on soit transformé en saucisses pour barbecue !
- On l'est déjà, vu que ta splendide machine nous fait monter la température à l'intérieur de la maison d'au moins 5 degrés !
- Bla-bla-bla. Je rends les armes, ta mauvaise foi me fait disjoncter la boite crânienne.
Le père d'Hermione disait toujours ça quand il n'avait plus rien à répliquer. C'était parti pour au moins 10 minutes à ronchonner dans son coin.
Hermione sourit d'un air amusé, mais il se transforma vite en une petite moue triste. Elle était souvent agacée quand ses parents se chamaillaient, mais plus maintenant. Elle profitait de leur présence à chaque instant, même si cela devait signifier être témoin de leurs mésententes taquines.
- Tout va bien Hermione ?
Décidément, elle ne pouvait rien cacher à sa mère.
- Tout va bien Maman. Je me demandais juste ce que Papa avait pris pour le déjeuner.
- Oh et bien rien d'extraordinaire, des pizzas surgelées. Et vu la chaleur, elles ont dû bien dégeler, elles seront meilleures comme ça.
- Je vais t'aider à les préparer ! s'enthousiasma Hermione.
Il fallait juste qu'elle les sortent des cartons et les mettent dans le four. Même si sa tâche était simple et rapide, elle ne souhaitait plus rester seule. Elle voulait partager des moments avec ses parents le plus possible. Le temps passait si vite.
Elle se mit sur le comptoir de la cuisine et ouvrit les boites. Avec un brin de mélancolie, elle leva la tête pour contempler le jardin par la fenêtre, profitant de la vue apaisante qu'il lui offrait.
Absorbée, la jeune femme ne vit pas les yeux qui l'observaient derrière la haie, à quelques mètres d'elle.
…
Drago dormait toujours sur le sol de sa chambre, la tête posée sur ses jambes, quand on frappa énergiquement à sa porte.
- Drago, dans le salon. Sois présentable. Tu as trente minutes.
Il se réveilla dans un soubresaut, les yeux dans le vague.
- Mince, quelle heure est-il ?
Sans attendre de réponse, sa mère s'éloigna dans le couloir, faisant résonner ses escarpins sur le parquet.
Ses larmes avaient séché sur son visage, Drago sentait sa peau se craqueler au moindre mouvement. Il avait perdu tellement d'eau qu'il avait mal à la tête. Le jeune homme s'y prit à plusieurs fois avant d'arriver à se dresser sur ses jambes. Il tituba en direction de sa salle de bain de sa chambre et se dirigea vers le lavabo. Son corps lui faisait tellement souffrir qu'il se tenait difficilement au-dessus de la bassine en porcelaine. Le reflet de son visage faisait peur, ses yeux rouges ressortaient nettement en raison de son teint livide. De là partaient d'énormes cernes noirs qui se creusaient jusqu'au milieu des joues. Ses lèvres étaient gercées et saignaient par endroit. Pitoyable.
Il décida finalement de prendre une douche, il n'en avait eu nulle envie, mais si sa mère avait précisé qu'il devait être « présentable », c'est qu'il serait attendu. À l'aide de sa baguette, Drago essaya de camoufler les traces de fatigue comme il put et enfila des vêtements propres. Contrairement à ce matin, il ajusta sa coiffure avec soin, puis tenta de décrisper son dos tout tendu par les positions inconfortables dans lesquelles il avait dormi plus tôt. Il se força à se tenir droit, bombant son torse. Puis il prit une grande inspiration et sortit de sa chambre en regardant droit devant lui. Il ne voulait pas avoir l'air d'un petit enfant apeuré qui fixait ses pieds.
Lorsqu'il pénétra dans le salon du Manoir, tous les regards se tournèrent vers lui. Il n'eut pas bien le loisir de voir qui était assis autour de l'interminable table en bois massif que son père se plaça devant lui, lui barrant la route. Il avait les yeux tombants avec les cheveux indisciplinés. Drago se demanda combien de temps lui aussi n'avait pas dormi, pris de douche ou encore changé de vêtement.
- Mon cher fils, l'accueillit Lucius en le serrant contre lui, sa canne à pommeau à tête de serpent dans la main.
Il était mal rasé et tout son être empestait l'alcool, au point où Drago sentait une remontée acide qui commençait à frayer son chemin dans sa trachée. Ignoble.
- Père, répondit le jeune homme dans un rictus.
- Le Seigneur des Ténèbres te fait l'immense privilège de le rejoindre dans Son bureau pour un entretien privé. Fais honneur à la famille Malefoy et…
Il se rapprocha de l'oreille de son fils et lui murmura :
- …ne nous déçois pas cette fois. Ta tante y veillera. Mieux vaut elle que cet abruti de Severus.
Drago devint blême.
…
L'après-midi, Hermione avait entraîné ses parents à la piscine municipale. Elle avait tellement insisté qu'ils s'étaient mutuellement regardés, incrédules, puis l'avaient fixée tous les deux avec les sourcils froncés : ils savaient que leur fille n'aimait pas se baigner. Chaque fois qu'ils l'avaient convaincue à venir avec eux, Hermione restait au bord de l'eau chlorée, sur sa serviette, à lire la pile de livres qu'elle avait préparée. La jeune femme avait dû donc user de stratagèmes et d'excuses pour pouvoir les persuader qu'il n'en était que cette fois-ci, elle voulait vraiment nager avec eux.
Elle en avait quand même embarqué un avec elle au cas où. On ne change pas ses habitudes en un claquement de doigts ! Et puis si elle n'avait rien pris, ses parents se seraient doutés de quelque chose. Hermione se méfiait beaucoup de la perspicacité de sa mère. Cette dernière remarquait le moindre détail des lignes de son visage et analysait très bien ses attitudes. Sûrement un trait de famille répandu, qu'Hermione a elle-même hérité. La jeune femme devait donc faire de son mieux pour ne pas éveiller les soupçons.
Après avoir tâté la température de l'eau qu'Hermione jugea trop froide pour le moment, ses bonnes résolutions s'envolèrent. Elle s'était allongée sur sa serviette, en pleine lecture.
- Juste quelques chapitres et je les rejoins, se persuada-t-elle intérieurement.
Soudain, elle et son livre étaient trempés.
- Allez Mione ! rouspéta son père, appuyé sur le rebord du bassin. Tu ne nous as pas suppliés d'aller à la piscine pour lire toute l'après-midi !
- Laisse-la tranquille ! Tu vois bien qu'elle préfère bouquiner, souffla la mère de Hermione derrière son mari.
- Enfin ma chérie… dit-il en se retournant vers elle. On n'est pas venu à la piscine pour juste en profiter de la fraîcheur de l'eau rien que tous les deux…
- Tu sais très bien qu'elle n'aime pas l'eau. Ce n'est pas une nouveauté.
Hermione éclata de rire en voyant ses parents à nouveau se chamailler.
- C'est bon, j'arrive.
- Ha !
Un sourire victorieux se dessina sur le visage de son père, se retournant vers sa femme d'un air triomphant, les mains sur ses hanches.
- Dieu qu'ils sont pénibles… soupira dans un murmure la mère d'Hermione en levant les yeux au ciel.
Jean s'agaçait quand sa fille lui donnait tort en se rangeant du côté de Paul, elle savait qu'Hermione faisait ça juste pour lui faire plaisir. Mais au fond d'elle, elle était heureuse qu'elle soit aussi proche de son père.
Avant de rejoindre la piscine, la jeune femme regarda furtivement autour d'elle et fit tourner sa baguette discrètement pour sécher son livre.
Elle ne vit pas que son plongeon le mouilla à nouveau.
…
Quand Drago ouvrit doucement la porte du bureau de son père, il remarqua tout de suite qu'Il avait changé les meubles de place.
Il avança avec prudence, il espérait ne pas faire craquer ce parquet maudit qui hurlait à chacun de ses pas. Et puis, comment oublier ses propres cris ? Drago les entendit à nouveau, ils retentissaient encore entre ces murs imprégnés de poussière, émise par le velours des fauteuils, mélangée à celle de la moisissure des pages des livres. Cette pièce était comme un vieux grenier humide où l'on aurait enfermé des bibelots maléfiques, un endroit qu'on voulait ensevelir, profondément hanté par la souffrance.
Lucius le convoquait ici à chacune des bêtises de son fils ou juste par méchanceté pure, quand il souhaitait satisfaire ses envies sadiques. Retenir l'emplacement des meubles et des objets était l'unique moyen pour Drago de trouver une échappatoire à son esprit lorsque son corps était maltraité.
Il jeta un rapide coup d'œil à la pièce. Plus aucun tableau de la famille n'était accroché au mur. La grande bibliothèque style Empire en bois d'ébène n'était plus pleine à craquer de livres, sans doute que seuls ceux de Magie Noire ont été épargnés. Traditionnellement placé devant elle, le bureau Louis XVI en hêtre avait été positionné à côté de la fenêtre, face à l'entrée. Plus loin, en face de la cheminée, se trouvait originellement un petit salon privé, composé d'un canapé et de nombreux fauteuils baroques en hêtre noir et velours vert sombre, avec une table basse centrale du même acabit. Le Seigneur des Ténèbres n'en avait gardé qu'un seul, le plus majestueux et travaillé, pour en faire sa chaise de bureau. Seul demeurait encore l'immense tapis couleur crème foncée, dont les flammes du foyer en révélaient les traces d'usures, dévoilant l'emplacement exact des anciens meubles du salon.
Drago devina la raison de ces changements, le Seigneur des Ténèbres voulait faire grande impression à quiconque pénétrait dans le bureau, refusant à ses ouailles la moindre envie de s'assoir en sa présence. Il était Le Seul qui comptait parmi eux.
Il regardait le jardin embrumé à travers la fenêtre de la pièce. La pluie battait toujours fortement contre les vitres.
- Bonjour Drago, dit-Il d'une voix doucereuse.
Il se tourna lentement vers lui, joignant ses longs doigts fins.
- Je dois dire que j'ai beaucoup réfléchi depuis ton… échec de ces derniers mois.
Drago déglutit et se mit à regarder ailleurs, comme quand il était plus jeune et qu'il se retrouvait dans ce bureau, en face de son père. C'était par pur réflexe, il ne put s'en empêcher. Il se autoflagella et se traita mentalement de faible, d'incapable. Finalement, il ressemblait plus à son géniteur qu'il ne voulait l'admettre. Rien qu'un lâche.
- Endoloris !
D'un coup, le jeune homme s'écroula par terre, le corps plié en deux. La douleur fut si aiguë qu'il avait eu l'impression que des milliers de lames gelées venaient le poignarder toutes en même temps. Sa migraine avait centuplé d'intensité, sa tête était sur le point d'exploser.
Un silence pesant s'en suivit.
Drago était au sol, allongé sur le côté recroquevillé, le visage crispé, à l'agonie, le souffle court. Son cœur tambourinait violemment dans sa poitrine. Sa souffrance faisait s'étirer le temps : les secondes devenaient des minutes, les minutes se changeaient en heures.
- Endoloris !
La douleur s'amplifia, le bureau disparut. Il se sentait maintenant nu, le corps entièrement lacéré, plongé dans une mer de glace dont les vagues lui griffèrent violemment le visage, l'empêchant de respirer. Le sel s'incrusta partout et brûla les centaines de plaies ouvertes. Puis il se noya, l'eau gelée entra dans ses oreilles, la pression lui fit exploser ses tympans, de sang coulait. Un acouphène assourdissant se déclencha et le rendit sourd.
Il était à nouveau étendu sur le sol du bureau de son père. Il avait tellement mal qu'il ne se sentait plus. Son corps disparaissait, seule restait sa souffrance.
- Ton ingéniosité avec l'armoire à disparaître a cependant retenu toute mon intention, reprit le Seigneur des Ténèbres.
Drago s'assit faiblement, meurtri. Le Seigneur des Ténèbres se trouva maintenant juste en face de lui. Le jeune homme fixa Ses pieds blancs, jonchés de veines, les ongles noirs et incarnés. Il se releva avec difficulté.
Comme un charognard qui se délectait de la terreur de sa proie, Le Seigneur des Ténèbres se mit à tourner doucement autour de lui, puis lui siffla rapidement :
- Il faut croire que je me suis… fourvoyé. Je pensais que tu étais comme Lucius, un lâche sans cervelle. Un imbécile qui n'arrive même pas à supprimer de simples mioches. Bien que tu ne l'aies pas éliminé, tu as tout de même réussi à piéger cette vermine de Dumbledore.
Puis il se rapprocha de son oreille et rajouta à voix basse dans un rictus effroyable :
- C'est pourquoi je t'octroie une nouvelle chance de me servir.
Drago accueillit cette nouvelle complètement tétanisé. Ainsi, Il lui donnait une autre chance, Il voulait prolonger son supplice, au lieu de l'achever. Puis, sa réflexion s'arrêta nette et son corps lui rappela sa douleur, ses jambes lui permirent à peine de tenir debout. L'adrénaline le persuada que s'il bougeait d'un centimètre, Il allait le tuer.
Le Seigneur des Ténèbres regagna l'immense fauteuil en velours vert et fit élégamment un geste de sa baguette. La porte de la pièce s'ouvrit violemment.
- Vous m'avez fait demander, Maître ? demanda une voix de femme.
Drago se retourna lentement et la dévisagea. Ses pupilles n'arrivèrent pas à comprendre qui était cette femme. Il détermina qu'elle avait une quarantaine d'années, avec une tignasse de longs cheveux bruns, bouclés, qui tombaient en cascade sur ses épaules. Quelques mèches obstruaient ses yeux. Il vit à sa démarche qu'elle ne lui prêtait aucune intention.
- Aaah Bellatrix, entre. Je voulais t'assigner une nouvelle mission.
Drago tressaillit.
Bellatrix referma la porte derrière elle, se plaça à côté de son neveu et s'inclina grossièrement.
- Comme tu le sais, Drago ici présent a déjà failli en laissant Severus tuer Dumbledore. Mais… commença le Seigneur des Ténèbres, puis se leva. Drago a réussi malgré tout la mission qui lui avait été confiée. Il est parvenu à créer un passage, te permettant de rejoindre le château avec d'autres de tes acolytes. Ainsi, il a piégé Dumbledore qui a… chuté lamentablement. Il nous a démontré qu'il avait un certain… potentiel.
Il se plaça devant la Mangemort, la domina de sa hauteur et ajouta :
- Ma très chère Bellatrix, tu vas aider ton bien-aimé neveu à éradiquer la moindre parcelle de lâcheté qui l'empêche de complètement me servir. Je ne veux pas d'un deuxième… Lucius sur les bras
- Maître, avec tout mon respect, vous m'aviez déjà assigné à une mission de… de dératisation. Dans ses conditions, il me sera… difficile d'éduquer mon neveu à… souffla-t-elle, toujours inclinée.
- Ne discute pas mes ordres, Bellatrix, je ne les répéterai pas ! l'interrompit-Il d'un ton acide. Use de tous les moyens que tu jugeras bons, mais fais-le.
Puis, Il se dirigea à nouveau vers la fenêtre sans se retourner et cria :
- Je ne veux plus vous voir !
…
Drago était en nage, le souffle court, le cœur sur le point de lâcher, il n'arrivait pas à marcher sans s'appuyer contre le mur. Le salon était encore plein de monde, mais le jeune homme ne prêtait pas attention aux personnes qui l'entouraient, trop occupé à reprendre ses esprits.
- EH OH Drago ! Reviens parmi nous !
Il sursauta, se rendant compte que le visage de sa tante était à quelques centimètres à peine du sien.
- Quoi ? grogna Drago.
- Quouââ ? l'imita Bellatrix en bêlant. Hey mon bébé chat, faudra que tu me colles aux basques maintenant, on va plus se quitter. On va faire de petites virées en famille, rien que toi et moi. Tu verras, j'te promets que ça sera sympa. »
Elle fut prise d'un fou rire, Drago la regarda faire, interdit. Elle sautilla en tournant sur elle-même, applaudissant des mains et percuta sans le vouloir sa sœur, qui venait tout juste de les rejoindre.
- Oh coucou Cissy ! 'Faut croire que j'suis la marraine de ton Fifi maintenant !
Narcissa haussa un sourcil, furieuse. Elle lui prit le bras et celui de son fils et les emmena dans une pièce plus calme, à l'abri des regards et des oreilles indiscrets. Elle ferma violemment la porte et se tourna vers sa sœur.
- Bon. Tu vas m'expliquer ce qu'il se passe maintenant ? Pourquoi étiez-vous convoqués dans Son bureau ?
- Oh fais pas la tête Cissy. Le Seigneur des Ténèbres veut que Drago s'endurcisse un peu. Il faut croire que le tempérament de ton cré… cher mari à un peu déteint sur ton Fifi, et ça ne Lui a pas échappé.
La mère de Drago n'aimait pas quand sa sœur se moquait de Lucius, mais ne le releva pas. Elle devait savoir ce que le Maître projetait pour lui.
- Mais soit fière de lui, Il sait qu'il a de grandes capacités, il faut juste qu'il les laisser… exploser !
- Que veux-tu dire ? se décomposa Narcissa.
- Je vais devoir lui apprendre quelques p'tits trucs pour éradiquer la vermine, gloussa Bellatrix dans un sourire perfide.
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Pas possible pour Drago d'avoir des vacances tranquilles D:
J'espère que ça vous a plu. N'hésitez pas à me mettre un petit commentaire :)
A bientôt pour la suite !
