Genre : UA, Fluff, Romance MxM, Post arc Sanctuaire, Post arc Hadès, Identité secrète, Relation secrète.
.
Note Auteur :
Cette fic est un défi que m'a lancé Maryn sur mon groupe FB.
Je suis loin de l'histoire que j'avais d'abord prévu mais j'avais envie de quelque chose tout doux pour une fois.
Bonne lecture à vous !
.
. .
L'inconnu de la forge
.
Shun connaissait par coeur le Sanctuaire. À force d'y déambuler, par temps de paix ou de guerre, il avait appris à repérer tous les raccourcis et à reconnaître tous les visages des habitants. Ce fut pour cette raison que Shun s'arrêta net durant son tour de garde dès qu'il aperçut un inconnu. Cette zone aurait normalement dû être déserte. Même lui n'y venait que par conscience professionnelle, car peu de patrouilles s'aventuraient jusqu'ici. Les temples se trouvaient à l'opposé et seule une forge en ruine marquait le secteur. Alors pourquoi un étranger s'y promenait ? Et plus important encore : comment avait-il fait pour arriver là-bas ?
« Eh ! Vous ! » cria-t-il en se précipitant vers l'intrus. « Qui êtes-vous ? C'est un terrain privé ! »
L'homme ne répondit pas. En se rapprochant, le chevalier d'Andromède se confirma mentalement qu'il ne s'était pas trompé en interpellant l'autre. Il n'y avait nulle chance qu'il puisse oublier une tête pareille. L'inconnu avait des traits assez bruts qui lui donnaient un aspect sévère. Une touffe de cheveux flamboyants d'un orange rougeâtre se hérissait sur sa tête telles les épines d'un hérisson.
« J'ai été mandaté », indiqua finalement l'homme nullement dérangé d'être dévisagé.
« Mandaté pour quoi ? »
« Nous sommes près d'une forge. Je suis forgeron », dit l'inconnu avec un sourire narquois, tout en posant sur le sol l'enclume qu'il transportait avec une facilité déconcertante.
Shun cligna confusément des paupières puis un rouge d'embarras embrasa ses joues en constatant la logique de la déclaration.
« Je... Je vais voir si vous avez l'autorisation de rester. Ne bougez pas d'ici. »
Se retournant, Shun partit à grands pas vers les temples. Le dos tourné, il ne vit pas l'expression pleine d'amusement que lui adressa le nouveau venu. Il manqua également le claquement de doigts de ce dernier qui rasa toutes les autres herbes des environs.
.
OoooO
.
Le rôdeur n'en était pas vraiment un.
Après une demande d'audience urgente, Shun avait entendu Saori lui confirmer qu'un forgeron avait bien été recruté pour un projet secret. Elle lui avait même fait jurer sur le nom d'Athéna qu'il n'en parlerait à personne d'autre. N'ayant aucun choix face à un ordre direct, Shun avait obéi.
Sa curiosité avait cependant redoublé. Il n'avait pas le droit de parler du forgeron, mais rien ne l'empêchait d'aller parler au forgeron.
Reprenant le chemin de l'ancienne forge, Shun n'était pas prêt pas à voir que le bâtiment avait retrouvé une certaine jeunesse. Quid des herbes hautes, du bois pourri et des pierres effondrées ? En moins de trois heures, l'atelier était devenu méconnaissable. Ce n'était pas impeccable ni neuf. Juste fonctionnel, ouvert sur l'extérieur et sécurisé.
Shun ne s'attendit pas non plus à ce que le forgeron se promène torse nu dans l'atelier. Grands, larges, les muscles tendus et brillants sous la transpiration. Shun s'avoua que c'était tout à fait... captivant. C'était presque comme regarder Aldébaran lorsque ce dernier s'entraînait. Seule l'atmosphère changeait : Aldébaran dominait par sa force brute tandis que cet homme laissait échapper une impression de force tranquille. Comme un volcan attendant son heure.
« J'ignorais que j'avais droit à une surveillance rapprochée », se moqua le forgeron en le saluant de la main.
Shun se racla la gorge, consterné d'avoir été surpris alors qu'il reluquait quelqu'un. Était-ce sa faute si un régal pour les yeux s'exposait devant lui ?
Prenant son courage à deux mains, Shun s'avança pour rejoindre l'inconnu. Il avait après tout une curiosité à nourrir.
« Être ici ne fait certainement pas partie de vos devoirs, chevalier. »
« Ayant dû interrompre ma mission, je souhaite maintenant terminer ma patrouille. Ce secteur est le seul que je n'ai pas pu vérifier. »
Le forgeron lui lança un regard attentif, comme s'il savait que la zone ne faisait pas partit des tours de garde. Alors, Shun se força à garder un visage inébranlable. Il n'aimait pas mentir, mais c'était la seule excuse à laquelle il avait pensé pour rester ici.
« Je m'en moque tant que je ne suis pas dérangé pendant mon ouvrage. Cependant, j'espère que vous aurez une meilleure excuse pour justifier votre présence la prochaine fois. »
Shun oublia complètement la justification qu'il voulait dire lorsque le forgeron lui sourit avec malice. Tout le visage de l'homme se décontractait et resplendissait quand il souriait. Shun sentit une chaleur s'accumuler sur ses joues et sur son cou.
Cette enquête allait véritablement être compliquée.
.
OoooO
.
Deux semaines plus tard, Shun avait bien avancé sur son objectif. Le forgeron se nommait Hétos (mais vu comment ce dernier souriait à chaque fois que Shun l'appelait, le chevalier était presque certain qu'il devait s'agir d'un faux nom) et refusait de donner son âge, affirmant qu'il était trop vieux pour s'en soucier.
À chaque fois que Shun venait à la forge, Hétos y travaillait consciencieusement. Le forgeron adorait inventer de nouvelles choses, surtout si on lui disait que c'était impossible. Shun ne l'avait jamais vu quitter le l'atelier pour se reposer, pourtant Hétos restait aussi frais et vif qu'à leur première rencontre. Cela renforçait encore le mystère autour du forgeron et peut-être que ce n'était plus l'unique raison pour laquelle Shun venait le voir tous les jours. C'était juste que malgré son travail, Hétos prenait toujours le temps de discuter. L'homme avait du mordant dans ses propos prouvant qu'il avait traversé un grand nombre d'injustices et de difficultés. Cependant Hétos n'était pas amer face à la vie. Il avait le sourire facile chaque fois qu'ils se voyaient et Shun était complètement enchanté de l'écouter plaisanter malgré la chaleur suffocante de la forge.
C'est pourquoi Shun se trouva à se diriger vers la forge dès la fin de son service de garde. Serrant le panier-repas qu'il transportait, Shun se força à ignorer ses doutes. C'était la première fois qu'il emmenait de la nourriture à la forge et d'après ce qu'il avait compris, Hétos était du genre à considérer que se sustenter n'était pas une priorité face au travail. Cela aurait presque pu être normal si Hétos n'était pas constamment en train de travailler durant la journée.
Comme il s'y attendait, il trouva Hétos frappant quelque chose sur son enclume et d'après la chaleur de l'air, la forge devait fonctionner depuis un long moment.
« Hétos ? Je t'ai apporté ton repas », indiqua Shun en restant à l'entrée de l'atelier.
Les sons du marteau se turent.
« Mon repas ? » répéta Hétos en mettant à refroidir dans une bassine un morceau de métal argenté.
Shun cligna des yeux, pas sûr d'avoir reconnu un casque. Avant qu'il ne se penche plus sur la question, Hétos le rejoint.
« Qui te dit que je ne me nourris pas ? » dit Hétos, essuyant la sueur de son front.
« Si tu ne le veux pas, tu n'as qu'à le dire », souffla Shun intimidé par leur proximité.
Les cheveux retenus en arrière, Hétos n'était vêtu que d'un pantalon et d'un lourd tablier de forgeron. Shun n'arriva pas à définir si l'apparence de son amant était sa plus grande joie ou plutôt le désespoir de sa raison. Comment pouvait-il ainsi résister à l'appel de pensées impures ?
« Je vais manger ce repas », déclara Hétos après un silence contemplatif.
Effleurant longuement la main de Shun, Hétos prit le panier-repas et alla s'asseoir directement sur l'herbe.
Shun sentit son coeur battre plus vite. Le toucher avait été aussi court que chaud.
Dès que Hétos prit une première bouchée d'un des sandwichs apportés, Shun se ragaillardit et alla s'installer près de lui. Fier de lui, il fixa le ciel, réfléchissant déjà aux prochains paniers-repas qu'il pourrait faire.
Doucement un bras se posa autour de sa taille, provoquant l'apparition d'une délicieuse rougeur sur les joues de Shun. Un sourire taquin se forma sur les lèvres d'Hétos face à la réaction que son geste venait de provoquer. Ne disant rien, le forgeron continua à manger d'une main tandis que l'autre continuait à dessiner des cercles sur la hanche de Shun.
.
OoooO
.
Deux mois et demi passèrent ainsi.
Shun grogna de mécontentement en se rappelant qu'il devait faire un tour de garde supplémentaire ce soir. Il avait été heureux de prendre le tour de Misty pour que ce dernier puisse aller à un rendez-vous, mais Shun n'avait pas pensé plus loin. Maintenant, il ne pouvait que constater que sa décision allait écourter sa visite du jour auprès d'Hétos.
« J'ai quelque chose pour toi. »
Trop perdu dans ses pensées, Shun sursauta et se mit en position de défense avant même de comprendre ce qui venait d'être dit.
« Je... Désolé », s'excusa-t-il promptement alors que sa chaîne nébulaire avait formé un bouclier autour de lui.
Occultant la chaîne qui les séparait, Hétos tendit la main vers Shun pour montrer une dague bien aiguisée.
« C'est un cadeau pour fêter ce jour comme il se doit », indiqua le forgeron.
Fronçant les sourcils, Shun pencha la tête d'un côté puis de l'autre, tentant de comprendre ce que ce jour avait de spécial.
« Nous sommes... le 14 février », murmura Shun en se souvenant que c'était la raison pour laquelle Misty cherchait un remplaçant.
Hétos roula des yeux.
« En effet », souligna-t-il.
« C'est une fête pour les couples ou pour déclarer son amour. »
« Je sais. »
« Mais... non, je ne comprends pas. »
Shun regarda de nouveau la dague avec plus d'attention, soulignant du regard les chaînes stylisées sur le manche et les petites pierres vertes incrustées qui avaient la même couleur que ses yeux. Déboussolé, Shun ne put s'empêcher de sentir une bulle d'espoir grandir dans sa poitrine.
La main toujours tendue, Hétos regarda le ciel puis marmonna quelque chose sur "de fausses informations" et "cupidon" avant de se pincer l'arête du nez.
Son expression était celle d'un profond agacement, mais lorsqu'il baissa les yeux vers Shun, seuls de la tendresse et un brin d'inquiétude étaient visibles.
« Je pense pourtant suivre la bonne démarche pour un cadeau de courtoisie. C'est comme ça que font les gens ici, non ? Dois-je changer de cadeau ou abandonner ? » termina-t-il s'attendant pratiquement à un rejet direct.
« Un cadeau de courtoisie », répéta sans y croire Shun.
« Oui », grinça nerveusement Hétos.
Ce fut cependant suffisant pour que Shun devine que son camarade était également embarrassé. Hétos voulut déposer la dague sur son établi, mais Shun l'arrêta en lui prenant le poignet.
« Est-ce que c'est une déclaration pour me courtiser ? » demanda le chevalier d'Andromède.
« Je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre » rétorqua Hétos.
Il ne comprenait vraiment pas pourquoi Shun avait autant de mal à comprendre son intention.
Shun remua de nouveau la tête de cette manière mignonne qu'Hétos avait identifiée comme le signe que Shun était perdu dans ses pensées.
Hétos était au comble de l'inquiétude lorsque Shun haussa un sourcil peu impressionné et croisa les bras sur sa poitrine.
« Il te suffisait de me le demander d'abord. »
« Demander quoi ? » interrogea Hétos au summum de la confusion.
« De sortir avec toi ! » s'exclama Shun en levant les bras au ciel. « Contrairement à l'endroit où nous sommes, je ne suis pas vieux jeu. »
Hétos cligna des yeux puis rit brusquement, surprenant Shun.
« Je suis désolé. Je suis juste tellement content. Je ne suis pas très fort côté romance, mais accepterais-tu de sortir avec moi ? »
« Oui », confirma Shun en s'emparant de la dague sans la moindre hésitation. « Mais tu sais, ce n'est pas vraiment mon arme de prédilection. »
Hétos ne s'offusqua pas de dernière la remarque. Après tout, il voyait bien que Shun gardait la main serrée sur le pommeau de la dague. Il tendit alors la main pour la refermer autour de celle de Shun, tenant ainsi ensemble l'arme.
« Je pourrais t'apprendre. »
« J'en serais vraiment reconnaissant », murmura Shun en sentant ses joues se réchauffer. « Et demain, je t'emmènerai diner », termina-t-il de plus en plus rouge sous le regard plein de tendresse d'Hétos.
« C'est décidé alors », fredonna ce dernier, bienheureux en voyant Shun ranger soigneusement la dague à sa ceinture.
.
OoooO
.
Leur premier rendez-vous se déroula de façon décontractée et intime. Shun avait souri avec plaisir durant toute la soirée tandis qu'Hétos avait gardé les yeux écarquillés, plein de curiosité alors qu'il était conduit vers une petite échoppe spécialisée dans les grillades.
« C'est surprenant », avait admis Hétos en engloutissant une énième brochette de viande et de poisson. « Comment as-tu su que j'aimais ce qui était bien grillé ? »
« Tu es heureux dès que tu es proche d'une source de chaleur, encore plus lorsqu'il y a des flammes. C'était le seul endroit qui rassemblait ces caractéristiques », répondit Shun en faisant signe au serveur pour les resservir.
Heureusement qu'il avait apporté assez d'argent avec lui, songea le chevalier. Hétos avait véritablement un appétit gargantuesque.
.
OoooO
.
Les jours suivants, Shun avait dû redoubler de ruse pour esquiver les autres chevaliers et gardes du Sanctuaire. Beaucoup d'entre-eux voulaient échanger leurs tours de garde avec lui. Cette situation fut un dur rappel pour Shun, lui prouvant qu'auparavant il consacrait l'entièreté de son temps libre pour servir le Sanctuaire.
Il lui fallut attendre une semaine avant que tout le monde comprenne qu'il n'était plus disponible. Depuis, il recevait beaucoup de sourires complices et entendait beaucoup de commérages à son égard. Heureusement, aucune rumeur ne s'approchait de la vérité.
Shun avait mis à bon escient ce temps gagné pour rencontrer Hétos. Sa décision avait grandement été récompensée au cours de leur quatrième rendez-vous lorsque Hétos l'avait enfin embrassé.
Tout se passait donc comme dans un rêve pour Shun. Sauf concernant les cadeaux que lui offrait Hétos. Après la dague, il avait reçu un lot de bijoux avec des effets de défense ou d'attaque doublés. Shun n'avait pas honte de dire qu'il en avait été effrayé : n'importe quelle divinité serait prête à tout pour avoir de tels trésors. Y avait-il quelque chose qu'Hétos ne pouvait pas concevoir avec ses mains ?
Shun avait bien entendu refusé ces offrandes. Cela avait eu pour conséquence de bouleverser Hétos et depuis ce moment la forge était restée éteinte.
« Je sais que créer représente tout pour toi. Après tout, t'éloigner de la forge est un challenge à part entière. Tu me combles d'affection et d'amour, mais je suis un chevalier : je ne peux pas me couvrir de bijoux même si ceux-ci peuvent m'aider. Seules mon armure et ta dague ont la priorité. »
Shun fut rassuré lorsqu'un sourire éclatant adoucit l'expression faciale d'Hétos.
« Tu as la dague sur toi ? »
« Oui, sous mon pantalon. »
Quand Hétos se mit à rire, Shun réalisa la double connotation de ce qu'il venait de dire. Il fit de son mieux pour ne pas trop rougir, sans grand succès à en juger par la chaleur sur ses joues.
« Vraiment ? » demanda le forgeron avec un regard appréciateur.
« Idiot. La dague est attachée à ma cheville », souffla Shun en frappant doucement Hétos sur le torse.
Souriant toujours, Hétos souleva le tissu du pantalon de Shun et dévoila la fameuse dague.
« Tu la portes tout le temps », fredonna Hétos en se blottissant contre le cou de Shun.
La différence de taille entre eux était flagrante alors que le forgeron se retrouvait presque plié en avant. Shun voulut s'en moquer, mais des mains sur ses fesses le stoppa.
« Hétos ! », gémit-il en enroulant ses bras autour des épaules d'Hétos lorsque ce dernier le souleva.
Si Shun manqua son tour de garde et marcha étrangement le lendemain, personne ne sut que ce fut à cause d'un forgeron passionné maniant son marteau avec une puissance impressionnante.
.
OoooO
.
Shun s'arma de courage. Il n'aurait pas dû être aussi nerveux. Ce n'était pas la première fois qu'il allait apporter quelque chose à Hétos et ce dernier en avait toujours été content. Tout irait bien.
Il avait passé des semaines à s'assurer que c'était la meilleure chose qu'il pourrait offrir à Hétos. Alors, pourquoi se sentait-il prêt à faire marche arrière vers sa chambre ?
« Shun ? »
Le chevalier se tendit, agrippant la boîte qu'il tenait avec tant de pression qu'il faillit y faire des trous. Il n'arrivait plus à imaginer sa vie sans Hétos et voulait tellement que cette relation fonctionne que le stress était pire que sa nervosité avant une guerre sainte.
« Est-ce que tout va bien ? » s'alarma Hétos en quittant sa forge pour rejoindre Shun à l'extérieur.
Il avait remarqué que Shun était en retard pour leur rencontre journalière et l'avait attendu près de l'entrée.
« C'est pour toi ! », cria presque Shun en tendant la petite boîte qu'il avait failli écraser.
Hétos haussa un sourcil, intrigué. Il prit la boîte et l'ouvrit lentement. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il comprit ce qui s'y cachait.
Shun s'inquiéta lorsque Hétos resta silencieux. Cela faisait des jours qu'il hésitait entre ce cadeau et l'idée d'offrir de nouveaux outils de forge. S'était-il trompé ?
« Ce sont des mailles de ta chaine ? » demanda enfin Hétos en touchant les deux chaînons avec révérence.
« Oui. C'est mon cadeau de courtoisie. Je me suis informé sur les cadeaux de courtoisie et j'ai découvert que moi aussi je devais en faire un pour montrer mon sérieux dans notre relation. Cela m'a pris du temps parce que je ne trouvais pas ce qui pourrait convenir et je ne suis pas aussi fort pour créer manuellement quelque chose. Alors j'ai demandé à la constellation d'Andromède et elle m'a permis de séparer deux maillons. C'était la seule chose qui me représente parfaitement, mais qui peut aussi être utile à un forgeron chevronné et- », Shun se coupa alors qu'un doigt se posa sur ses lèvres.
« Merci ! » lui dit Hétos avec un sourire si éclatant que Shun se sentit fondre.
Visiblement il avait choisi le bon cadeau.
Il oublia toute sa tension lorsque le doigt sur ses lèvres fut remplacé par des lèvres gercées qui l'embrassèrent longuement.
.
OoooO
.
Cinq autres mois s'écoulèrent, partagés entre leurs missions quotidiennes et leurs rencontres amoureuses. Hétos avait pratiquement fini sa commande et était allé la présenter à Athéna. Shun n'avait jamais vu le résultat de ce long travail. Bien qu'il voulût en savoir plus, Shun s'interrogeait surtout sur "l'après" de sa relation avec le forgeron. Est-ce qu'Hétos restera à la forge ? Allait-il partir ? Rompre ? Ou est-ce que leur amour résistera à la distance ?
« Qui Ikki devra tuer ? », demanda doucement Jabu en voyant Shun presque effondré sur une chaise de la salle de repos des gardes.
« Personne. Je réfléchis », marmonna Shun avant de retomber sans ses pensées.
Il ignora la salle des gardes se remplissant et manqua une partie du résumé de l'audience survenu le matin dans le temple principal. Il tiqua en entendant les mots "forgeron", "catastrophe" et "prochaine Guerre sainte" être prononcés.
« Vous exagérez. Hétos est juste un civil donc pas de guerre prévue », déclara-t-il agacer par les paroles de ses camarades.
Jabu haussa un sourcil, regarda Misty comme pour vérifier qu'il n'avait pas subi une hallucination auditive, puise se tourna vers Shun.
« Je ne sais pas qui est Hétos. Nous parlons d'Héphaïstos, le dieu des forges, qui est venu voir Athéna ce matin concernant les réparations et améliorations de certaines armures. »
Shun déglutit difficilement.
« Hétos... » murmura-t-il, mais dans le silence de la pièce tous l'entendirent. « Le dieu des forges ? Comment ?! »
« Shun, je sais qu'en ce moment tu passes moins de temps avec nous, mais tout le Sanctuaire sait qu'Athéna a fait appel à Héphaïstos puisqu'elle s'en plaint depuis trois mois. Cependant personne n'a vu où le dieu travaille. D'ailleurs, pourquoi l'appelles-tu Hétos ? »
« Je... Depuis que je l'ai rencontré. Nous... Nous passons beaucoup de temps ensemble », admit Shun, mortifié.
Misty siffla d'admiration.
« Cela expliquerait pourquoi Athéna s'est énervée. Héphaïstos devait finir sa mission dès la fin du premier mois. Mais étrangement son ouvrage a été retardé jusqu'à aujourd'hui. Visiblement le dieu avait bien d'autres occupations ici. »
Sous la gêne, Shun se leva brusquement et quitta la pièce avant que ses camarades envisagent de lui poser d'autres questions.
.
OoooO
.
« Tu m'as menti ! » cria Shun quand il arriva devant la forge, surprenant Hétos- non, Héphaïstos.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? » questionna Hétos.
Il mit de côté son marteau, poussa plus loin le métal sur lequel il travaillait pour être libre de venir envelopper le chevalier dans ses bras. Shun soupira de frustration. L'envie de se détendre dans cette étreinte était difficile à surmonter.
« Tu m'as menti » réaffirma Shun en s'éloignant légèrement. « Tu es Héphaïstos, le dieu des forges. »
« Eh bien, oui », confirma le dieu. « Mais je ne sais pas quand j'aurais pu te mentir. »
« Tu m'as dit que tu t'appelais Hétos ! » s'exclama Shun.
Il se sentait tellement offensé qu'il devait se retenir pour ne pas aller gifler le dieu.
« Hétos est mon surnom. »
« Tu ne m'as pas dit que tu étais un dieu ! »
Héphaïstos fronça les sourcils devant la colère de son amant.
« Tu ne me l'as pas demandé », répondit-il. « Je n'essayais pas de te tromper. J'étais en fait sûr que tu le savais après notre première rencontre puisque tu es allé voir Athéna. Je pensais qu'elle te l'avait dit. Je te respecte et t'aime plus que je n'aurais jamais cru aimer ma femme. »
Sous le choc, Shun sentit son souffle se couper. C'était dans des moments pareils qu'il regrettait de ne pas connaître la mythologie des autres dieux. Après tout, la fondation Kido ne promouvait que le culte d'Athéna.
« Tu. Es. Marié ? », arriva-t-il à prononcer en butant sur chaque mot.
« Oui. »
« Pourtant tu me courtises comme si tu voulais que l'on vive ensemble. »
« Oui. Je ne sais pas où est le problème. »
Shun ferma les yeux, accablé. Il résista à l'envie de cacher son visage pour pleurer. Vraiment, à quoi s'était-il attendu ? Cette histoire était trop belle pour être vraie. Pourtant, il ne comprenait pas pourquoi Héphaïstos irait jusqu'à simuler une véritable parade nuptiale. Pourquoi un dieu irait si loin, si cela n'avait été qu'une plaisanterie ? Surtout sachant qu'ils partageaient déjà quotidiennement un lit. Shun lui avait déjà offert son coeur, ses mailles gorgées de cosmos. Que pouvait vouloir de plus le dieu face à lui ?
Ces interrogations étaient les seules choses qui empêchaient Shun de partir pour ne jamais revenir près de la forge.
« Est-ce que tu te moques de moi ?! Je suis un mortel et toi un dieu. Nos durées de vie sont totalement différentes. Et... Et tu es déjà marié ! »
« Uniquement parce qu'on ne peut pas divorcer sous la surveillance d'Héra. Nous vivons chacun nos vies et Aphrodite est en couple avec Arès depuis des siècles », commença à expliquer Héphaïstos. « Shun, tu es le premier à faire flamber mon coeur avec tant de passion. Tu étais sincèrement intéressé par moi et à mon écoute. Tu n'as jamais été agacé que j'attache tant d'importance à mon travail et je peux compter sur une main le nombre de personnes -divinité- comprises qui sont aussi compréhensibles à mon égard. Quand je suis avec toi, je me sens tellement heureux. Ma forge brûle encore plus chaudement en harmonie avec mon coeur amoureux. Je t'aime. »
Malgré les mots doux, l'irritation de ces dernières découvertes était très vive. Shun prit de profondes respirations pour s'efforcer à réfléchir posément à ses prochains mots.
À sa surprise, Hétos s'agenouilla devant lui, inclina la tête puis prit l'une des mains de Shun pour la porter à son front incliné en signe de soumission et d'acceptation. Shun se figea en comprenant que le dieu mettait son sort entre ses mains.
De longues minutes passèrent avant que le chevalier d'Andromède ne prenne la parole :
« Je me sens stupide de ne pas avoir compris qui tu étais. Visiblement, nous ne parlons pas assez des choses capitales. Cela devra être rectifié. »
« En continuant d'être un couple ? » questionna d'une petite voix Héphaïstos, plus anxieux qu'il ne l'ait jamais admis. Perdre Shun était définitivement une situation à laquelle il ne voulait pas songer.
Les lèvres de Shun se contractèrent. Il devait fournir un effort pour ne pas rire en voyant les yeux de chiot suppliants que lui adressait le dieu. Avec la carrure volumineuse d'Héphaïstos, l'action devenait plus décalée que mignonne.
« Toujours comme un couple », acquiesça-t-il. « Mais tu n'es pas entièrement pardonné. »
Hétos se releva.
« Tu es toujours en colère ? » chercha-t-il à savoir après s'être raclé la gorge pour garder un semblant de contenance.
Honnêtement, il comprenait parfaitement que Shui ait pu se sentir lésé par tout cela. Cependant Héphaïstos était aussi déterminé à se rattraper.
« Oui », indiqua Shun avec sérieux. Il dévisagea Hétos, le regardant pâlir, avant d'ajouter avec un sourire moqueur : « Juste un peu. »
Il y avait encore des choses qui devraient se régler entre-eux mais cela viendra plus tard. Actuellement, Shun voulait juste pouvoir de nouveau profiter du bonheur qu'il avait ressenti depuis qu'il était tombé amoureux du forgeron.
Héphaïstos eut un petit soupir soulagé puis se mit à rire en comprenant qu'il venait de faire face au côté revanchard de Shun. Apaisé, il posa ses bras autour de la taille de Shun et s'empressa de l'embrasser à plusieurs reprises sur le visage.
« Tu es incroyable, tu sais. Si magnanime, si parfait », dit Héphaïstos en se penchant pour pouvoir contempler la rougeur qu'arborait le visage de Shun avant de le tirer dans un baiser fougueux. « Tu es à moi. Tout comme il n'y a personne d'autre dans mon coeur. »
Puis il attira Shun dans un baiser profond et passionné, ne se reculant que parce qu'il voulait voir le visage plein de luxure de Shun.
« Sauf ta femme, » souffla Shun, à bout de souffle à cause du baiser, mais ne perdant pas de vu le problème le plus pressant.
Héphaïstos grogna contre son épaule.
« Uniquement jusqu'à ce que j'arrive à contraindre ma mère d'annuler mon mariage avec Aphrodite pour t'épouser », affirma le dieu.
« Bien. Car je t'aime aussi et je n'aurais pas aimé qu'il en soit autrement », déclara à son tour Shun d'un air sérieux.
Héphaïstos se redressa immédiatement et le regarda avec tant d'espoir et d'adoration que Shun se demanda si son coeur allait éclater sous le bonheur et l'amour qu'il ressentait.
.
OoooO
.
Dans son temple sur l'Olympe, Aphrodite poussa un cri de triomphe en regardant l'interaction de son mari -bientôt ex- et du chevalier qui avait réussi à faire fondre un coeur d'acier.
Le pas sautillant et vêtue de sa nuisette la plus sexy, elle se téléporta dans les appartements privés d'Arès. Elle aussi avait droit à sa dose de bonheur.
Fin !
