Chapitre 2: Une magie différente

Les rêves cessèrent brusquement à ce moment-là. Était-ce parce que Grey avait enfin trouvé un lieu qu'il pouvait qualifier de foyer et des gens qui étaient ce qu'il avait de plus proche d'une véritable famille ? Harry ne le sut jamais, mais toujours est-il qu'il n'aurait pas de nouvelles du jeune garçon avant de nombreuses années.

Harry savait que ses parents biologiques étaient des sorciers. Si bien que lorsqu'il fêta son onzième anniversaire et ne reçut pas la lettre de l'école où Pétunia lui avait dit que Lily avait fait ses études, il ne se posa tout d'abord pas de questions et supposa que sa lettre avait simplement du retard, ou qu'elle s'était perdue.

Cependant, près de deux semaines plus tard, il dut se rendre à l'évidence : il y avait un problème. Le mois d'août allait bientôt entrer dans sa troisième semaine, alors pourquoi n'avait-il toujours pas de lettre ?

Il eut la réponse dans la soirée du quinze août, lorsque, en plein milieu du repas, quelqu'un frappa à la porte. Vernon alla ouvrir en se demanda qui pouvait bien venir les voir à une heure pareille. Les gens n'avaient-ils donc aucune notion de politesse ?

La porte s'ouvrît sur un homme d'une centaine d'années environ. Vernon en oublia aussitôt son mécontentement. Il n'était, certes, pas toujours des plus civilisés mais on lui avait inculqué le respect dû aux aînés. Si bien qu'il invita l'homme à entrer et lui proposa de les attendre dans le salon afin qu'ils puissent discuter autour d'un verre.

La famille se dépêcha de finir son repas et tandis que Vernon allait rejoindre leur invité au salon, Petunia et les enfants desservaient la table et remplissaient le lave-vaisselle. Ils retrouvèrent ensuite les deux hommes, la femme portant un plateau contenant cinq verres, une bouteille de bon vin et deux briques de jus de fruits et une assiette de gâteaux qu'il restait du goûter des garçons. Harry demanda à Petunia, en désignant les boissons et les viennoiseries :

- On peut ?

- Bien sur, mon chéri, mais ne vous gavez pas trop où vous ne pourrez pas dormir ce soir.

Les deux enfants acquiescèrent et se servirent, puis Vernon s'adressa au vieil homme qui n'avait rien manqué de l'échange :

- Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?

- Mon nom est Albus Dumbledore. Mes collègues et moi-même sommes très inquiets de ne pas avoir reçu de réponse à la lettre d'admission de Harry.

Aux regards qu'échangèrent ses hôtes, Dumbledore comprit que quelque chose n'allait pas et décida d'en avoir le cœur net :

- Il y a un problème ?

Ce fut Vernon qui répondit :

- C'est-à-dire qu'en fait… Harry n'a pas reçu la lettre de votre école…

- Vous êtes sûrs ?

Vernon commença à s'énerver :

- Évidemment ! Je m'en souviendrais, si un hibou avait fait irruption dans ma cuisine !

Dudley intervint :

- Papa, calme toi, c'est pas la peine de t'énerver pour si peu.

Puis, s'adressant à Harry :

- Tu devrais peut-être lui montrer ce que tu sais faire, p'tit frère, c'est peut-être pour ça que tu as pas reçu la lettre de l'école de tata Lily ?

Dumbledore se sentit complètement exclu de l'échange de regard qui suivit, tandis que les trois autres se demandaient comment ils avaient pu ne pas l'envisager. Harry demanda donc au vieil homme :

- Je vais vous montrer mais papa et maman seront pas contents si je le fais dedans alors on va aller dehors.

L'enfant se leva et lui fit signe de le suivre. Le directeur s'exécuta tout en notant que le jeune garçon semblait considérer Vernon et Pétunia comme ses véritables parents. Le couple et leur fils biologique suivirent le duo jusqu'au jardin, à l'endroit même où, près de trois ans plus tôt, Harry avait sauvé Dudley d'une chute mortelle. Si, depuis le temps, la glace avait fondu, la branche brisée, elle, était toujours au sol, éternel vestige d'une journée qui aurait pu connaître une issue des plus tragiques.

Harry, comme lorsqu'il s'entraînait, écarta les jambes afin de conserver son équilibre, lança son bras gauche en avant et tenta tant bien que mal de contrôler le jet de glace qui sortit de sa main. Il se tourna ensuite vers le vieil homme et lui dit :

- Ma magie à moi s'est toujours présentée sous cette forme là.

- C'est étrange… Je n'avais encore jamais vu cela… À moins que… C'est peut-être la même chose…

L'enfant demanda :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Il y a quelques mois, j'ai rencontré un jeune garçon qui devait avoir une douzaine d'années environ. Comme il avait l'air un peu perdu, je lui ai posé quelques questions. Qui il était, d'où il venait… Ce genre de choses.

- Il a dit quoi ? demanda le jeune garçon avec une sincère curiosité

- Et bien… Sa réponse m'a parue étrange mais je sentais qu'il disait la vérité… Il m'a dit s'appeler Jellal, et venir d'un monde où la magie prends différentes formes. Que la bas, ses utilisateurs sont qualifiés de mages, et que certains utilisent une magie de type élémentaire. À en voir la tienne, j'en conclus qu'il disait vrai. Mais ce qui est étrange, c'est que James et Lily, tes parents biologiques, étaient des sorciers anglais. Alors pourquoi ta magie est-elle différente de la leur ?

Personne n'avait la réponse à cette question. Dumbledore eut alors une autre idée. Il leur proposa d'organiser une rencontre avec ce garçon. Ainsi, Harry pourrait apprendre à maîtriser sa magie et aider le nouvel arrivant à se familiariser avec l'Angleterre. Les Dursley acceptèrent, et Harry fut impatient de pouvoir parler à quelqu'un qui pourrait répondre aux questions qu'il se posait. Et tous furent d'accord pour dire qu'il n'était pas envisageable, dans ces conditions, d'envoyer Harry à Poudlard.

Après cela, Dumbledore repartit, déclinant l'invitation de Petunia à rester dîner et s'excusant de les avoir dérangés. Il précisa qu'il les recontacterais sous peu pour régler les détails de la rencontre. Les garçons, qui avaient choisi de dormir dans la même chambre quand ils en avaient eu l'âge, allèrent ensuite se coucher.

Toutefois, les deux enfants passèrent une bonne partie de la nuit à parler de la visite qu'ils venaient d'avoir. Si bien que le lendemain, ils furent contents d'être en vacances et de pouvoir faire la grasse matinée.

Il fut donc décidé que puisque Harry pouvait pas intégrer Poudlard, il irait au collège Smelting avec Dudley. Lequel, qui avait toujours beaucoup de mal à lire et à écrire, fut enchanté de pouvoir continuer de compter sur l'aide de son frère dans ses études.

Ce ne fut qu'une semaine avant la rentrée que Dumbledore revint les voir. En début de matinée, alors que les différents membres de la famille émergeaient à peine, le directeur de Poudlard se présenta à leur porte, accompagné cette fois d'un jeune garçon.

Vernon les fit entrer et hurla :

- Tuney ! Les enfants ! Dumbledore est revenu !

Quelques secondes après cet appel, Petunia arriva de l'étage tandis que deux garçons trempés de la tête aux pieds déboulaient d'un couloir. Vernon soupira en les voyant dans cet état. Sa femme s'adressa aux enfants :

- Harry, Dudley, allez vous changer ce n'est pas une tenue pour recevoir des invités.

Les deux garçons revinrent peu après, vêtus d'une chemise blanche et d'un jean. Leurs cheveux humides donnaient l'impression qu'ils sortaient de la douche. Et ils avaient visiblement réussi à discipliner ceux de Harry, ce qui, Dumbledore le savait, tenait du miracle.

Celui qui accompagnait Dumbledore avait des cheveux bleu ciel et des yeux kaki. Il portait un t-shirt noir tout simple, une veste à manches longues marron, un pantalon kaki et des chaussures grises. Il avait également un tatouage sur le visage. Comme l'avait dit le directeur de Poudlard, il semblait un peu plus âgé que Harry et Dudley. Il avait l'air profondément mal à l'aise, et le couple Dursley devina qu'il ne devait pas être habitué à voir du monde. Petunia pris les choses en main :

- Dites les garçons ?

- Oui maman ? répondirent Harry et Dudley

- Vous voulez bien faire visiter la maison à votre camarade ?

Il ne fallut pas leur en demander plus pour qu'ils partent en entraînant le plus âgé avec eux. Dumbledore se rappela de la démonstration de Harry lors de sa dernière visite, et de la prophétie que lui avait faite le professeur Trelawney, peu après celle concernant Lord Voldemort et un enfant né à la fin du mois de juillet. Était-il possible que Harry soit cet « enfant des deux mondes » dont parlait la prophétie ? Après tout, il utilisait une magie de glace. Il hésitait à en parler aux Dursley. Et s'ils ne le croyaient pas ? Ou lui demandaient de partir ?

Le couple remarqua son trouble et Pétunia lui demanda :

- Quelque chose ne va pas ? Vous avez l'air ailleurs.

Il décida d'être honnête avec eux :

- Il y a une dizaine d'années environ, j'ai été témoin d'une prophétie. Si je vous en parle, c'est parce que la démonstration de Harry l'autre jour m'y a fait repenser et que je me dis qu'elle le concerne peut-être. Voilà ce qu'elle dit :

Il sera né dans un monde,

Mais élevé dans un autre

Utilisateur d'une magie faite de glace,

Son enfance sera ponctuée de rêves

Lorsque l'enfant des deux mondes en découvrira la signification,

Son horizon s'élargira,

Un frère de sang se révélera à lui,

Tous deux rendus orphelins par des monstres,

Seule l'union de leurs forces pourra sauver ce qu'ils chérissent le plus

Et j'aurais une autre requête à vous soumettre, ajouta-t-il ensuite .

- Laquelle ?

- Accepteriez-vous d'héberger le jeune Jellal le temps qu'il rentre chez lui ? D'après ce qu'il m'à dit, sa magie à lui lui permet de « détecter » les passages entre nos deux mondes, mais qu'il ne savait pas quand serait le prochain. Je comprendrais parfaitement que vous refusiez, ne vous inquiétez pas, je ne vous impose rien.

Vernon échangea un regard avec sa femme, puis demanda :

- Où ira-t-il, si nous refusons ?

- Je ne sais pas encore. Je lui trouverais une famille qui l'inscrira dans un collège moldu.

- Je vois…

Au regard déterminé qu'elle lui lança, Vernon compris que Pétunia avait déjà pris sa décision, et la laissa l'annoncer à leur invité :

- Nous accueillerons ce jeune homme jusqu'à ce qu'il rentre chez lui, et si besoin nous le scolariseront dans le même collège que nos garçons.

- Bien.

À ce moment les enfants revinrent. Le garçon aux cheveux bleus semblait ravi de sa visite et les adultes furent soulagés qu'elle se soit bien passée. Le professeur expliqua à son protégé ce qui s'était dit en leur absence, tandis que les Dursley faisaient de même avec Harry et Dudley.

Les trois garçons furent heureux d'apprendre qu'ils allaient pouvoir rester ensemble un peu plus longtemps, et les deux plus acceptèrent sans problème de faire une place à leur aîné dans leur chambre.

Dumbledore repartit peu après, en disant qu'il reviendrait leur amener les affaires du jeune garçon d'ici quelques jours.