Chapitre 3 : Le Collège Smelting
Comme il l'avait promis, Dumbledore amena les affaires de Jellal chez les Dursley peu de temps après. Au début de la semaine suivante, les trois garçons furent inscrits au Collège Smelting, où Vernon avait également fait ses études, et le couple les emmena en ville pour acheter leurs fournitures scolaires.
Ils passèrent le temps qu'il restait avant la rentrée dans le jardin, où Harry, sous la direction du plus âgé, s'entraînait à maîtriser sa magie, avec Dudley comme spectateur.
Lorsqu'arriva la rentrée, le garçon aux cheveux bleus s'était parfaitement intégré à la famille Dursley, et le duo formé par Harry et Dudley était devenu un trio.
Le jour J, le couple déposa les trois enfants devant les grilles du Collège Smelting. Lorsqu'ils passèrent le portail, tous les regards se tournèrent vers eux. Ils n'étaient pas en retard mais le plus âgé d'entre eux avait des cheveux pour le moins atypiques, ce qui ne manquait pas d'attirer l'attention, dans cet établissement où tout semblait être fait pour ne surtout pas dévier de la norme.
Si bien qu'avant la fin de la journée, tandis que le trio découvrait l'établissement et ses professeurs, la nouvelle que l'un des nouveaux de cette année avait des cheveux d'un bleu éclatant remonta jusqu'aux oreilles du chef d'établissement. Lequel convoqua aussitôt l'élève incriminé.
Accompagné de ses deux amis, le garçon se présenta au bureau comme demandé. Harry et Dudley attendirent dans le couloir.
À l'intérieur, le principal interrogea son élève. Pourquoi avait-il jugé utile de se teindre les cheveux en bleu dès la rentrée ? Le garçon fut incapable de répondre à la question qui lui était posée. Comment expliquer qu'il s'agissait là de sa couleur naturelle ? L'adulte ne le croirait jamais ! La suite lui donna raison puisque le principal, prenant son absence de réponse pour de l'insolence, composa le numéro inscrit dans son dossier.
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À Privet Drive, Petunia profitait d'être seule à la maison pour faire le ménage quand elle entendit sonner le téléphone, dans le couloir de l'entrée. Elle stoppa son activité pour aller répondre :
- Allo ?
- Allo. Mr Dursley ?
- Je suis sa femme, Pétunia. Vernon est absent, il est au travail. Vous êtes ?
- Oliver Williamson, principal du Collège Smelting.
La mère de famille pensa aussitôt à une bêtise de l'un des garçons, peut-être un incident en rapport avec la magie de glace de Harry. Elle l'encouragea cependant à continuer :
- Que se passe-t-il ?
Mais ne s'attendait pas à ce qu'il l'accuse pratiquement d'avoir élevé un délinquant :
- Vous devriez mieux surveiller vos garçons, madame, ainsi que leurs fréquentations. Figurez-vous que l'un d'eux à eu l'audace de se présenter en cours avec des cheveux d'un bleu éclatant ! Le jour de la rentrée, qui plus est ! N'a-t-il donc aucune idée de l'image qu'il donne de notre établissement ?
Bien qu'intérieurement révoltée par les insinuations de son interlocuteur, Pétunia n'en restait pas moins la femme d'un chef d'entreprise, et savait se tenir en société. Elle répondit donc :
- Ah oui, Jellal… Veuillez l'excuser, il vient d'arriver à la maison. Il n'a pas encore eu le temps de prendre ses marques. Toutefois, je peux vous assurer que ce genre d'incident ne se reproduira plus.
- J'espère. Ce serait vraiment fâcheux pour la suite de ses études qu'il soit catalogué comme un mauvais élève dès sa première rentrée au collège.
- En effet.
Ils raccrochèrent simultanément et Pétunia retourna à son ménage tandis que le principal se tourna vers sa dernière "victime" en date, à qui il dit sur un ton contrairé :
- Tu peux y aller, jeune homme.
Le garçon ne se le fit pas dire deux fois et déguerpit aussitôt. Dans le couloir, il retrouva ses amis, qui commençaient à trouver le temps long.
La journée se déroula heureusement sans autre incident et lorsque les trois enfants quittèrent l'établissement à la fin de leurs cours, la voiture parentale les attendaient devant la grille. Après avoir mis leurs sacs de cours dans le coffre, ils s'installèrent à l'arrière et le trajet jusqu'à Privet Drive se fit en silence.
Arrivés, ils récupérèrent leurs sacs et coururent dans la maison. Ils eurent à peine mis les pieds à l'intérieur que Pétunia intercepta le plus âgé :
- Jellal !
L'adolescent aux cheveux bleus se tourna vers elle et demanda, inquiet d'avoir fait une bêtise :
- Oui madame ?
- Pour commencer, tu vas sans doute rester ici un moment alors appelles moi par mon prénom. Ensuite, viens me voir s'il te plaît.
Il s'approcha d'un pas hésitant, se demandant à quelle sauce il allait être mangé. Voyant son inquiétude, Petunia expliqua :
- Tu dois sans doute savoir que votre chef d'établissement a appelé à la maison, aujourd'hui ?
Vernon, pas au courant, jeta un regard interrogateur à sa femme, et suspicieux à ses fils, se demandant probablement lequel des deux avait fait une bêtise. Pétunia lui résuma donc la situation, à savoir que le principal avait téléphoné pour se plaindre que l'un des garçons avait les cheveux d'une couleur inappropriée pour un établissement scolaire. Elle continua en disant qu'après avoir réfléchi à la question pendant une bonne partie de la journée, elle était parvenue à la conclusion que le mieux était encore de lui teindre les cheveux en brun. Ainsi, il passerait inaperçu au collège et il serait plus facile de le faire passer pour un membre de la famille, Harry et Dudley ayant tous deux les cheveux foncés.
Les bienfaits de cette décision se firent sentir dès le lendemain, puisque le principal téléphona pour féliciter Petunia d'avoir réussi à « recadrer » le jeune homme.
Les semaines suivantes défilèrent sans incidents. Grâce à la présence des deux autres à ses côtés pour l'aider à étudier, Dudley réussissait à maintenir ses notes à un niveau correct. Elles n'étaient, certes, pas aussi bonnes que celles de ses amis mais il n'était pas considéré comme un cancre comme cela aurait pu être le cas si les choses s'étaient passées autrement.
Les garçons furent toutefois heureux lorsqu'arrivèrent les vacances d'octobre. Pendant deux semaines, ils allaient pouvoir souffler et avoir d'autres préoccupations que leurs études.
Entre les entraînements de Harry, leurs devoirs et les moments de détente, la rentrée arriva bien trop vite à leur goût.
La veille, Dumbledore vint leur rendre visite afin de savoir si ça se passait bien pour son protégé et fut content de constater que celui-ci s'était parfaitement intégré à sa nouvelle famille. Il resta un moment pour prendre des nouvelles de tout le monde et, cette fois, accepta l'invitation à dîner de Pétunia.
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Quelques semaines plus tôt
Après avoir déposé Jellal chez les Dursley, Albus Dumbledore revint à Poudlard. Il était face à un second problème : comment allait-il expliquer l'absence de Harry Potter à la rentrée ? Il savait que le retour du « Survivant » dans le monde magique était attendu par la totalité de la population. S'il avait jusque là refusé de dire où il avait placé le jeune garçon, c'était pour qu'il ait une enfance normale et ne soit pas harcelé par les journalistes qui voudraient à tout prix interviewer celui qui les avaient débarrassés de Lord Voldemort. Il était également le seul à savoir que James et Lily, n'étaient pas les parents biologiques du jeune magicien, puisqu'il était celui qui avait trouvé l'enfant et le leur avait confié, mais ne savait pas d'où Harry était originaire.
Il savait qu'un jour où l'autre, il devrait annoncer au jeune garçon qu'il avait été adopté mais ne savait pas comment aborder le sujet.
Finalement, le jour de la rentrée, pour expliquer l'absence de Harry, il avait opté pour une semi-vérité : il avait dit que le fils Potter n'avait jamais reçu sa lettre de l'école.
Évidemment, suite à cela, Fudge, le nouveau ministre, n'avait pas manqué de venir lui demander des comptes, tout comme le professeur McGonagall. A la seconde, il avait choisi de révéler la vérité, la jugeant assez fiable pour garder celle-ci pour elle-même. Le ministre, quand à lui, avait eut droit à une explication des plus banales, puisqu'il lui avait dit que d'avoir vaincu Lord Voldemort une dizaine d'années auparavant semblait avoir privé le jeune Potter de sa magie.
La bonne nouvelle, c'était que l'explication avait été assez convaincante aux yeux du dirigeant de l'Angleterre sorcière pour que ce dernier ne pose pas de questions. La mauvaise, c'était que ledit ministre avait exigé de lui qu'il annonce publiquement que Harry Potter n'irait pas à Poudlard, et qu'il donne la raison de cette absence. Il justifia cela en disant qu'il estimait que la population avait le droit de savoir que leur héros n'avait plus de magie.
Dumbledore refusa net. Il répliqua :
- Vous savez aussi bien que moi à quel point l'opinion publique est versatile. Si on annonce publiquement que Harry n'ira pas à Poudlard parce qu'il n'a plus de magie, la population pensera que le Survivant les à laissés tomber. De plus, Harry n'a que onze ans. Il mérite d'avoir une scolarité normale, loin des journalistes et autres parasites.
Fudge s'accorda un moment de réflexion puis finit par céder :
- C'est d'accord. Gardez cette information pour vous si vous le souhaitez.
Il était assez intelligent pour savoir qu'avec son influence, le directeur de Poudlard pouvait sans problème ruiner sa carrière politique.
Ce fut donc un Dumbledore satisfait qui repartit à Poudlard cette fois là.
Plusieurs semaines s'écoulèrent, jusqu'au 31 octobre. Ce jour là, le vieil homme rendit visite aux Dursley afin de s'assurer que le jeune garçon qu'il leur avait confié s'était bien intégré à la famille. Il fut rassuré de constater que c'était le cas et décida qu'il était temps d'avouer à Harry que les Potter n'étaient pas ses parents biologiques.
Après avoir dîné avec eux, il prit l'enfant à part et commença :
- Harry… J'ai quelque chose à te dire… Tout d'abord, pardonne moi de ne pas te l'avoir dit plus tôt mais je ne savais pas comment aborder le sujet.
Le jeune garçon, loin d'être idiot, demanda devant le trouble du plus âgé :
- Que se passe-t-il Mr Dumbledore ?
- Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais lorsque nous nous sommes rencontrés, je t'ai dit que je ne savais pas pourquoi tu n'utilisais pas le même type de magie que tes parents biologiques ?
L'enfant acquiesça et le vieil homme continua :
- Et bien… Ce n'est pas tout à fait vrai. Enfin… Il est vrai que je ne sais pas pourquoi ta magie est différente de la nôtre. Mais la vérité, c'est que James et Lily Potter ne sont pas tes parents biologiques.
Après quelques secondes d'hésitation, Harry demanda :
- Et vous savez… Qui sont mes vrais parents ?
- Non. Il y a un peu plus d'une dizaine d'années, le matin du 31 juillet 1981, un bébé d'environ un an est apparu dans mon bureau. Ce bébé, Harry, c'était toi. Je m'estimais trop âgé et j'avais trop de responsabilité pour élever convenablement un enfant, alors j'ai pris la décision de te confier à un couple d'amis à moi.
- Les Potter ?
- Oui. Ils voulaient un enfant mais avaient appris quelques mois plus tôt qu'ils ne pourraient jamais en avoir alors ça m'a semblé être la meilleure solution pour tout le monde. À ce moment-là, je ne pouvais évidemment pas prévoir qu'il ne leur restait que trois mois à vivre.
Harry acquiesça. Étrangement, contrairement à ce que l'on aurait pu penser au vu des révélations de ce dernier, il n'en voulait pas au directeur de Poudlard. Sans doute parce que l'homme avait fait ce qui lui semblait être le mieux compte tenu des circonstances de l'époque et que, grâce aux décisions prises par Dumbledore à ce moment là, l'enfant avait au final gagné une famille.
Dumbledore, de son côté, avait conscience des conséquences désastreuses qu'aurait pu avoir la décision qu'il avait prise de confier l'enfant aux Dursley - il n'avait après tout aucune certitude que Petunia saurait mettre sa jalousie de côté pour élever son neveu - mais décida de ne pas en parler à Harry. Après tout, pourquoi aborder ce qui aurait pu arriver quand tout se passait pour le mieux ?
Finalement, le directeur de Poudlard repartit après avoir passé une partie de la soirée avec eux.
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Harry eut beaucoup de mal à s'endormir et passa une bonne partie de la nuit à réfléchir aux révélations faites par Dumbledore. Les cours reprirent le lendemain avec la matière que Harry haïssait du plus profond de son âme : le sport. Contrairement à Dudley, dont le gabarit imposant en refroidissait plus d'un, et à Jellal, qui arborait constamment un air renfermé en public et dissuadait les quelques courageux qui avaient osé lui adresser la parole, Harry était petit et mince, ce qui faisait de lui la cible de tous les ballons perdus durant ces cours. Heureusement pour lui, quiconque tentait de lui envoyer un ballon dans la figure se mettait aussitôt les deux autres à dos. Mais même sans cela, à l'inverse de son frère, Harry n'avait jamais été sportif. Lui était plus intellectuel que manuel.
Les semaines s'écoulèrent paisiblement jusqu'aux vacances de Noël. Avec le mois de décembre, arrivèrent les premières neiges et Harry se sentit dans son élément, bien plus que durant le reste de l'année. Mais très vite, un autre sujet accapara les conversations : Noël. Petunia voulait faire les choses en grand pour le premier Noël - et peut-être le seul - que Jellal passerait avec et son mari ne trouva rien à y redire. Au cours des derniers mois, tous deux s'étaient beaucoup attachés au garçon aux cheveux bleus, au point d'en arriver à le considérer comme leur fils, au même titre que Harry et Dudley. Que le plus âgé n'ait rejoint la famille qu'à la fin de l'été ne changeait rien à l'affection qu'ils lui portaient tous et le couple savaient qu'ils seraient très triste lorsque viendrait pour le garçon le moment de rentrer chez lui.
Vernon et Pétunia savaient qu'avec le réveillon viendrait un problème de taille. S'ils avaient jusque là réussi à s'épargner la présence de la soeur du premier depuis qu'ils avaient recueilli Harry, plus exactement, ils avaient refusé de la voir après qu'elle ait insinué qu'ils auraient eu meilleur temps d'envoyer le petit garçon à l'orphelinat lorsqu'elle l'avait rencontré pour la première fois. Cette année-là, Marge avait insisté pour venir passer avec eux la semaine qui séparait Noël de la nouvelle année et ils n'avaient pas pu la convaincre de changer d'avis. Le problème résidait dans le fait que la femme ne savait pas que le fils Potter vivait toujours chez eux et qu'ils avaient peur qu'elle s'en prenne à lui en le voyant.
Tous deux savaient que si une telle situation venait à se produire, ils prendraient aussitôt le parti de leur fils et n'hésiteraient pas une seconde à faire repartir Marge par le premier train.
Les premiers jours de vacances furent consacrés à la décoration de la maison et du sapin. Les garçons s'en donnèrent à cœur joie et passèrent leurs journées dehors, à enchaîner les batailles de boules de neiges. Harry, déjà nettement avantagé par son insensibilité au froid, avait interdiction d'utiliser ses pouvoirs dans ces moments là.
Le matin du 24, tandis que les garçons étaient réquisitionnés pour aider Pétunia en cuisine, Vernon prit sa voiture pour aller chercher sa sœur à la gare. Il s'écoula un peu plus d'une heure avant qu'ils n'entendent du bruit dans l'entrée. Une voix bourrue retentit :
- Où est mon neveu préféré ?
Dudley lança un regard interrogateur à sa mère, qui lui fit signe qu'il pouvait y aller. L'enfant cessa ce qu'il faisait et alla rejoindre sa tante :
- Bonjour, tante Marge.
La femme se tourna vers lui et lui fit un sourire qui sembla faux au jeune garçon, surtout lorsqu'elle lui répondit d'une voix mielleuse à souhait :
- Bonjour mon Duddy d'amour.
Elle le prit ensuite dans une étreinte digne d'un ours adulte qui manqua de l'étouffer. Il s'en dégagea brusquement lorsqu'il commença manquer d'air et accepta de bonne grâce le billet que lui donna sa tante. En cuisine, la mère de famille ne put repousser plus longtemps l'échéance et alla dans l'entrée. Elle embrassa son mari, qu'elle n'avait pas eu le temps de voir avant son départ pour la gare, étant déjà aux fourneaux lorsqu'il était parti. Aucun des deux ne manqua le regard dégouté que lança la femme devant leur… démonstration d'affection. Elle salua sa belle sœur d'un ton froid que cette dernière lui rendit. Pétunia fut toutefois soulagée de constater que leur invitée semblait n'avoir pas emmené son molosse, contrairement à son habitude. En effet, depuis un incident survenu durant l'enfance des garçons, Harry avait la phobie des chiens.
Quelques années plus tôt, un jour où il était rentré seul de l'école, le chien de l'un de leurs voisins lui avait couru après jusqu'à ce qu'il entre dans la maison, donnant au jeune garçon la peur de sa vie et une phobie des chiens qui ne l'avait jamais quitté. Depuis ce jour, à chaque fois qu'il en croisait un, il était figé sur place, les jambes incapables de bouger, jusqu'à ce que l'animal ne soit plus dans son champ de vision.
Heureusement pour Harry, Marge ne s'intéressa qu'à Dudley, si bien que Jellal et lui purent passer la journée à aider Petunia en cuisine. En revanche, ils ne revirent pas le troisième garçon de la journée. À chaque fois que Dudley avait voulu retourner dans la cusine, sa tante l'en avait empêché, disant que cuisiner n'était pas « un truc d'homme » et reprochant même à son frère la façon qu'il avait d'éduquer son fils.
Notamment sur le fait que ce dernier ne deviendrait pas un homme si son père le laissait vaquer à des occupations « de femmelette », dixit Marge. Vernon se retint très difficilement de laisser éclater sa fureur et de la renvoyer chez elle. De quel droit se permettait-elle de juger ses méthodes d'éducation, elle qui n'avait jamais eu d'enfants !?
Cependant, le soir arriva trop vite au goût des deux autres jeunes de la maison, qui n'eurent cette fois d'autre choix que de se montrer. Lorsqu'elle vit Harry, le regard de Marge s'assombrit et elle lâcha un :
- Alors vous l'avez gardé… J'espère au moins qu'il sait se rendre utile ?
Ce à quoi Vernon répondit sur un ton trop calme pour quiconque le connaissait un minimum :
- Harry est un membre de cette famille.
Marge allait répliquer, lorsque son regard se posa sur Jellal, qui était jusque-là resté en retrait. Elle aboya :
- Et celui là, c'est qui ? Un autre… chien errant - dans sa bouche, l'expression sonnait comme une insulte - que vous avez recueilli ?
Ce à quoi Pétunia répondit :
- Jellal passe les vacances à la maison, c'est un ami des garçons.
- Mouais…
Marge ne semblait pas convaincue, d'autant qu'elle ajouta :
- Ce garçon n'à pas de parents ? Noël est une fête de famille, à la base. Et je ne suis pas sûr que quelqu'un qui à des cheveux bleus pétants soit une bonne fréquentation pour un enfant… Et puis Jellal ? C'est quoi ce prénom ? Je suis sûre que ça doit venir d'un pays étranger…
Vous n'imaginez même pas à quel point, pensa Harry. Il se fit la réflexion qu'elle en ferait une attaque, si elle savait d'où vient leur invité. Son père répondit :
- Ses parents sont en voyage d'affaires.
Marge ne sembla que très moyennement convaincue par cette réponse mais ne fit heureusement aucune autre remarque. Le repas se déroula aussi bien que possible, à savoir que Marge se contenta de lancer des regards méprisants à Harry et Jellal et ne leur fit aucune remarque désobligeante. Il fallait dire que, même si les deux garçons étaient excités, Dudley l'était au moins autant qu'eux et que rappeler à l'ordre les deux premiers l'aurait obligé à faire de même pour son neveu, ce à quoi elle ne pouvait se résoudre.
Si la situation resta tendue mais calme tout au long du repas, les choses se gâtèrent alors que ce dernier touchait à sa fin. En effet, Marge, très fortement alcoolisée, sembla avoir oublié ce que lui avait dit son frère en début de repas au sujet de la place de Harry dans la famille, puisqu'elle aboya à l'enfant :
- Garçon ! Va en cuisine chercher et ramène le dessert !
Harry ne bougea pas. Marge pris cette absence de réaction pour de l'insolence et s'adressa à son frère :
- Tu ne lui à pas appris où était sa place, à ce que je vois…
L'homme se tourna vers sa sœur et demanda, méfiant :
- Qu'est-ce que tu insinue, Marjorie ?
Cette dernière ne remarqua pas la menace sous-jacente, où sembla en tout cas ne pas y prêter attention, au vu de ce qu'elle répondit par la suite. Elle aurait dû se rappeler que Vernon ne l'appelait par son prénom complet que lorsqu'il était vraiment en colère. Sa réponse fut donc la suivante :
- Que je trouve que ce garçon prends un peu trop ses aises dans cette maison. Dois-je te rappeler ce qu'étaient ses parents !?
Alors que Vernon allait se mettre à hurler sur sa sœur, l'air se refroidit brusquement. Tout ceux qui connaissaient l'existence des pouvoirs de Harry se tournèrent vers lui. Le jeune garçon se leva, ses yeux émeraudes brillants d'une colère mal contenue, et dit d'une voix glaciale :
- N'insultez plus jamais mes parents. Les Potter ont donné leur vie pour que je puisse vivre. Et votre frère et sa femme m'ont recueilli et élevé comme leur propre fils. Je fais partie de cette famille, au même titre que vous ou Dudley.
Marge allait répliquer lorsqu'elle comprit, au vu des visages fiers qu'affichaient Dudley et ses parents, que les autres membres de la famille Dursley partageaient tous le point de vue de Harry. Elle ouvrit la bouche puis la referma, choquée de voir même son propre frère se ranger à l'avis de celui qu'elle même avait toujours considéré comme un parasite. Elle resta sans voix lorsque Vernon lui dit :
- Je crois qu'il vaut mieux que tu rentres chez toi et que tu ne reviennes plus ici. On à accepté de faire un essai parce que tu as insisté mais force est de constater que ce n'était pas une bonne idée.
Sous le choc de ce qu'il venait de lui dire, Marge ne réagit pas lorsque son frère l'obligea à se lever et envoyer Dudley chercher sa valise dans la chambre d'amis. Ce ne fut que lorsque Vernon l'obligea à monter en voiture tandis qu'il mettait sa valise dans le coffre qu'elle comprit ce qu'il était en train de faire. Et qu'elle se mit à lui hurler dessus, en disant qu'il n'avait pas le droit de la chasser ainsi et qu'elle se vengerait.
Il ne l'écouta pas et conduisit jusqu'à la gare. Il descendit avec elle, l'obligea à récupérer sa valise et resta derrière elle jusqu'à ce qu'elle ait pris son billet de retour. Il l'accompagna jusqu'au quai puis resta jusqu'à ce qu'elle monte dans le train. Lorsqu'elle se plaignit qu'elle n'était plus une gamine, il répondit :
- Je veux te voir partir de mes propres yeux.
Il la poussa ensuite dans le train et resta sur le quai jusqu'à ce que l'engin ne soit plus visible. Ce fut seulement à ce moment là qu'il regagna sa voiture et rentra chez lui. Lorsqu'il retrouva sa femme et les garçons dans le salon, il annonça avec fierté :
- J'ai mis Marge dans le train. On va pouvoir finir ce repas en paix.
Un intense soulagement se lut sur tous les visages et Harry dit, penaud :
- Je suis désolé d'avoir provoqué tout ça…
Vernon s'accroupit devant lui et posa ses deux mains sur les épaules du jeune garçon. Il lui dit d'une voix étonnamment douce, qui contrastait étrangement avec sa voix habituelle :
- Ce n'est pas à toi de t'excuser, mon grand. C'est de sa faute, pas de la tienne.
L'homme se tourna vers sa femme et ajouta :
- Nous n'aurions pas dû l'inviter.
Cette dernière acquiesça. Après cela, ils repassèrent à table pour finir leur repas de Noël. Ils purent ainsi terminer de manger en paix. Exceptionnellement, les enfants eurent même le droit de veiller tard.
Le lendemain, ils firent tous la grasse matinée. Une fois que l'effervescence de Noël fut passée, les garçons durent attaquer une partie moins festive des vacances : leurs devoirs. Ils purent compter sur l'aide des deux adultes, ce qui leur facilita grandement la tâche.
Ils passèrent la soirée du nouvel an en famille. Ils ne firent, cette fois, pas l'erreur d'inviter Marge et la soirée se déroula pour le mieux. La sœur de Vernon les appela toutefois au moment où ils allaient passer à table. Ce fut lui qui répondit lorsque le téléphone sonna. En reconnaissant la voix de Marge à travers le combiné, Vernon, sceptique mais pensant qu'elle appelait pour s'excuser du comportement qu'elle avait eu à Noël, la laissa parler. Lorsqu'il constata que ce n'était pas le cas et qu'elle ne semblait même pas s'en vouloir, il lâcha :
- La prochaine fois que tu appelleras, il y à intérêt que ce soit pour t'excuser.
Elle répliqua :
- Tant que vous considérerez un parasite comme un membre de la famille, ça ne risque pas d'arriver.
- Alors dans ce cas, on à plus rien à se dire. Adieu Marjorie.
Il raccrocha et retourna auprès de sa famille. Sa femme demanda :
- C'était qui ?
Vernon expliqua que Marge venait d'appeler et raconta ce qu'ils s'étaient dit. Il conclut :
- Maintenant, elle ne nous embêtera plus.
La soirée se passa sans incident et, comme pour Noël la semaine précédente, les garçons eurent le droit de veiller jusqu'au passage à la nouvelle année.
Les enfants virent la rentrée arriver trop vite à leur goût et, pourtant, un lundi matin, Vernon les déposa tous les trois devant l'entrée du collège. Les semaines s'écoulèrent sans incident jusqu'aux vacances de Pâques, et les jeunes purent souffler pendant deux semaines. Mais à nouveau, ils ne virent pas le temps passer et, déjà, ce fut la rentrée. Heureusement, entre temps, le printemps s'était
installé pour de bon et les froides températures de l'hiver avaient laissé place aux beaux jours, annonçant l'arrivée de plus en plus imminente de l'été.
Avec l'été, approchait également la fin de l'année scolaire et la perspective de passer deux mois à se tourner les pouces. Harry comptait profiter de l'été pour s'entraîner à la magie. Lors de l'une de ses visites, Dumbledore leur avait expliqué que les sorciers mineurs n'avaient pas le droit de pratiquer la magie en dehors de l'école. Le jeune garçon se félicita de ne pas avoir cette contrainte, sa magie à lui étant différente de celle des sorciers.
La mauvaise qui accompagnait l'approche de la fin d'année était l'arrivée des examens. Si ce ne fut qu'une formalité pour Harry et Jellal, Dudley eut beaucoup plus de mal. Il passa de justesse, et uniquement parce que les deux autres l'avaient aidé à réviser.
Le soir de l'arrivée des résultats, Vernon et Pétunia emmenèrent les garçons dans un bon restaurant pour fêter leur réussite et leur passage dans l'année supérieure. Ils n'eurent pas à se préoccuper de rentrer tôt, les vacances d'été commençant quelques heures plus tard.
Le lendemain matin, Harry se leva tard. Lorsqu'il descendit dans la cuisine, il trouva son petit déjeuner sur la table et s'installa à sa place. Les deux autres le suivirent rapidement. Une fois qu'ils eurent fini, les trois garçons allèrent enfiler un maillot de bain et filèrent dans le jardin.
Ils partagèrent la journée entre les entraînements de Harry et les jeux dans la piscine que le couple avait installée pour les vacances. Le soir, Vernon fit un barbecue et ils mangèrent dehors. La première semaine des vacances se déroula sans problème mais au milieu de la deuxième, alors que les enfants jouaient dans le jardin, un vent violent se leva et de gros nuages noirs apparurent, comme si une tempête se préparait. Harry en fut étonné, sachant que la météo prévoyait un temps radieux pour toute la semaine. Jellal se redressa d'un seul coup et cria :
- Une Anima !
Les deux autres enfants se tournèrent vers lui d'un air interrogateur. Le plus âgé expliqua rapidement :
- C'est de cette façon que je suis arrivé dans votre monde. Allez vite vous mettre à l'intérieur !
Harry et Dudley s'exécutèrent sans discuter et coururent à l'intérieur de la maison. Sans savoir pourquoi, tous deux sentaient qu'ils devaient obéir au plus âgé sans discuter. Ils virent ce qui se passa ensuite depuis le salon, à travers la baie vitrée. Ils étaient tellement absorbés par l'extérieur qu'ils n'entendirent pas leurs parents arriver derrière eux.
Tous les quatre virent la plus grosse tornade qu'ils aient jamais vue se diriger droit vers la maison. Le garçon aux cheveux bleus attrapa l'un des bâtons qu'il avait toujours sur le dos et tenta de la repousser. Il y parvint difficilement mais fut tout de même aspirer vers la tornade. Il se retourna et fit un signe de main aux habitants du 4, Privet Drive qui l'observaient à travers la vitre puis disparut dans une lumière dorée, ne laissant derrière lui que des résidus de ladite lumière.
Harry et Dudley eurent les larmes aux yeux de voir partir celui qui, pendant près d'une année, avait été comme un frère pour eux. Il leur fallut plusieurs minutes pour réaliser qu'il était parti puis ils éclatèrent en sanglots. À ce moment là, les deux garçons sentirent chacun une main se poser sur leur épaule. Ils se retournèrent, en larmes, et se jetèrent dans les bras de leurs parents qui les y accueillirent en ayant eux-mêmes du mal à se retenir de pleurer.
Ce soir là, l'ambiance fut des plus morose au sein du 4, Privet Drive. Bien évidemment, tous les quatre savaient que Jellal était simplement rentré chez lui mais le garçon avait partagé leur vie pendant un an et cela les rendait triste de le voir partir.
Ils dormirent tous ensemble pour la première fois depuis longtemps, la fois précédente datant du jour où Harry avait parlé à ses parents des rêves qu'il faisait depuis l'enfance.
Le lendemain, l'ambiance ne fut pas beaucoup plus joyeuse. Il fallut plusieurs jours à Harry et Dudley pour retrouver leur joie de vivre mais tous deux savaient qu'ils n'oublieraient jamais Jellal.
