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— Dick, tu m'emmènes ?
Dickinson a mis en sourdine son côté casanier et a insisté auprès de Tochiro pour être intégré à l'équipe d'investigation. Jouer les rats de bibliothèque au « Département de Préservation Historique » de cette maudite planète ne l'enchante guère, mais il se sent curieusement responsable de Tadashi. Peut-être parce que le gamin lui rappelle son fils.
— Pas sûr que ce soit une bonne idée, marmonne-t-il.
Tadashi lui renvoie un regard de chien battu à faire s'attendrir les pierres. Dick grommelle, joue le vétéran bougon, pense encore à son fils.
— Tu cales tes pas dans les miens et tu ne fais rien sans que je ne te le dise, cède-t-il.
Le garçon se fend d'un salut militaire ridiculement impeccable.
— Chef, oui chef ! répond-il avec un enthousiasme mal contenu.
Dick retient un sourire. Le gosse ne mérite pas ce qui lui arrive. Personne à bord n'a eu une vie facile. Tadashi ne s'est jamais trop épanché sur les difficultés qu'il a traversées et qui l'ont conduit à embarquer sur l'Arcadia, mais même si son enfance était déjà bien cabossée, est-il juste de lui voler le peu qu'il lui en reste ?
— Non, fait Kei Yuki lorsque Dick arrive dans le hangar avec Tadashi sur les talons.
— Je m'en occupe, Miss, réplique-t-il. Je le cadrerai de près, y'aura pas de problème.
Il n'ajoute pas « et puis c'est quand même le principal concerné ». Il n'en a pas besoin, il le voit dans les yeux de la jeune femme. Elle fait « hmpf ». Elle n'ajoute rien de plus.
Ils sont cinq dans le glisseur banalisé qui les emmène vers la ville. Gwenig est un intello de première, sûrement le meilleur choix pour des recherches bibliographiques. Astéria… Dick réussit à ne pas grimacer. Astéria est une chieuse de première… mais sûrement le meilleur choix pour dénicher la petite bête, si petite bête il y a.
Au final ils n'ont pas trop l'air de pirates, se dit Dick. Malgré tout, leur groupe hétéroclite ne ressemble pas du tout à « des étudiants chercheurs en histoire spatiale appliquée » tels que les a présentés Miss Kei à l'accueil du bâtiment.
On ne les questionne pas, et la préposée derrière le comptoir à l'entrée les laisse passer sans même un regard. Étrange, mais Dick considère que ce n'est pas son job d'être parano. C'est le boulot du capitaine, ça… Il pince les lèvres, se demande si le capitaine est toujours parano dans son état, s'assombrit.
Planète de merde.