La porte d'entrée de la maison s'ouvrit et un chien gris jaillit en aboyant et en sautillant partout. Un enfant déboula à sa suite, d'environ six ans.
— Sois rentré pour le déjeuner ! s'exclama une femme de l'intérieur de la maison.
— Oui, maman ! répondit le garçon.
Le chien jappa puis l'enfant quitta le jardin en rigolant. Il manqua heurter une charrette et le conducteur le houspilla, mais il se contenta de s'excuser en rigolant et rejoignit d'autres enfants de l'autre côté de la rue.
— Et la porte ! s'exclama alors la femme.
Abandonnant ce qu'elle faisait, elle s'approcha du seuil et posa une main contre le panneau de bois. Elle regarda les environs avec un sourire, soupira puis retourna dans la maison en fermant la porte après elle. Elle termina de ramasser les reliefs du petit-déjeuner, déposa les bols dans l'évier et pompa de l'eau par-dessus. Elle se pencha alors en avant avec un grognement et posa une main sur son ventre arrondi recouvert d'un grand tablier blanc plein de poches.
— Les combats de boxe, ce sera pour plus tard, d'accord ? dit-elle. Il n'y a pas assez de place, là-dedans... Rendors-toi.
Elle caressa l'étoffe un moment, soupira et reprit la vaisselle. Par la fenêtre, elle capta alors un mouvement et sourit en reconnaissant le grand cheval noir de son mari. Elle s'empara de son tablier pour se sécher les mains et sortit sur le perron comme l'homme mettait pied à terre devant le portillon. Il conduisit le cheval par la bride jusqu'à la grange et elle s'approcha de la grande porte.
— Tu ne devrais pas être debout... lui reprocha-t-il en la découvrant.
— Et comment je m'occupe de ton fils, si je reste couchée ? demanda Belle avec un sourire.
Gaston secoua la tête, amusé. Il détacha six faisans de sa selle et les tendit à un petit homme qui venait d'entrer dans la grange par une autre porte.
— Tu t'en occupes ? demanda-t-il.
— Bien sûr ! Tu veux les vendre cher ?
— Prends ce que le boucher te donnera, répondit Gaston. Trois jours de chasse pour six faisans, c'est vraiment très peu.
LeFou opina, sourit à Belle puis jeta les animaux morts sur son épaule et s'en alla en sifflotant. Belle posa une main sur son ventre et Gaston s'approcha d'elle pour l'embrasser.
— Je suis désolé de te laisser seule avec le petit si longtemps à chaque fois... Il peut se passer tellement de choses en trois jours !
— Ne t'en fais pas, tu seras là pour la naissance. Tu as bien encore deux ou trous semaines.
Gaston sourit et se pencha pour déposer un baiser sur le ventre renflé. Belle lui caressa les cheveux ; il commençait à grisonner alors qu'il avait à peine trente ans. Ils avaient vécu tellement de choses ensemble aussi !
— Cinq ans, dit-elle alors. Il y a cinq ans, tu me demandais de t'épouser et je te rejetais... Il m'aura fallu neuf mois pour réfléchir, te laisser refaire une demande... Et là, nous trouvons Joseph dans les bois, sale, affamé et abandonné... Je n'aurais jamais cru que tu accepterais que nous nous en occupions...
— Je n'étais pas d'accord au début, tu as raison, mais cet enfant avant trois ans l'époque et personne ne l'a réclamé pendant les deux semaines qu'il a passées chez nous... Il est bien mieux avec nous qu'à l'orphelinat !
Belle rigola. Joseph était un bébé qui marchait à peine quand ils l'avaient trouvé errant dans les bois séparant le village de la ville en contrebas de la cascade. Ils revenaient tous deux d'être allés annoncer leur mariage au couple de vieux qui avaient sauvé la vie de Gaston, quand Philibert avait renaclé et refusé d'avancer. Gaston avait alors tenté de le tirer par la bride, mais rien à faire, le gros percheron était campé sur ses jambes. Ne comprenant pas ce qui oui arrivait, pensant à un ours ou un loup, Gaston avait alors passé les environs au peigne fin et était alors tombé, roulé en boule entre les racines d'un arbre, un bébé. Il l'avait ramené à Belle qui avait été surprise, et ils étaient ensuite rentrés au village pour s'occuper de lui. Par la suite, les hommes de Gaston avaient retrouvé le couple mort dans une ravine, leur chariot renversé avec toutes leurs affaires, déménageant sans doute au village.
Pendant deux semaines ensuite, Belle avait guetté le facteur, ayant passé une annonce dans le journal de la grande ville, mais personne ne s'était manifesté ; elle avait donc obtenu l'autorisation de l'adopter officiellement et Gaston l'y avait encouragée.
— Je suis content que tu aies quand même revu ta décision et que tu m'aies donné une seconde chance, même si la première fois a été plutôt humiliante pour le fier-à-bras que je suis, dit-il alors en délestant son cheval de son harnachement. Pourtant, j'ai toujours l'impression qu'il me manque un passage de cette période, mais j'ai beau chercher je ne vois pas quoi...
— Moi aussi, j'ai cette drôle d'impression, mais apparemment, nous sommes les seuls... Mon père me dit que j'affabule et tous nos amis ne voient pas de quoi je parle.
Gaston haussa une épaule et Belle lui proposa de rentrer à la maison et lui servit une chope de bière ; alors qu'elle allait la déposer sur la table, elle se plia brusquement en deux et la chope tomba sur le sol dans un bruit sourd en répandant son contenu.
— Chérie ! s'exclama Gaston en bondissant de sa chaise.
Appuyée d'une main sur l'évier, les doigts crispés, Belle serra son autre main sous son imposant ventre. Elle souffla alors et se redressa lentement.
— C'était quoi ? Une contraction ? s'inquiéta aussitôt Gaston. Assieds-toi...
Il lui prit les épaules et la posa sur la chaise la plus proche. Il ramassa ensuite la chope de métal et alors qu'il jetait une serpillère pour éponger la bière répandue sur le plancher, Belle lâcha un cri en se pliant. La seconde suivante, une flaque se formait sous chaise.
— C'est bon, je vais chercher le médecin, décida le chasseur.
— Trouve Joseph et donne-le à mon père.
— Tu peux rester toute seule ?
— Ça va aller, je ne suis pas sur le point d'accoucher ensecore, mais tâche de vite rentrer pour ne pas louper la naissance de ton... Oh, merde ! Fils ! File, Gaston !
Gaston grimaça, Belle ne jurait jamais, d'ordinaire, elle devait donc vraiment souffrir... Il opina, il savait sa femme forte, elle avait un solide caractère et une patience à toute épreuve. Il avait donc le temps de chercher son fils, de le confier à Maurice, puis de rentrer sans que la jeune femme ne se sente abandonnée.
Remerciant sa carrure, Gaston traversa le village à grande enjambée en contournant la rue principale afin d'éviter d'ameuter tout le monde. Il déboula chez le seul médecin et l'homme le regarda d'un air effaré derrière ses lunettes loupes. Cela rappela quelque chose à Gaston, mais il s'ébroua.
— Belle... Bébé... ahana-t-il.
— Marianne ! aboya le médecin.
Gaston sursauta ; une femme apparut alors, bien en chair, avec un sac dans une main, enfilant un manteau de l'autre.
— Les eaux ? demanda-t-elle.
— Il y a quelques minutes, répondit Gaston.
— Alors on y va. Elle n'est pas encore près d'accoucher, mais je veux m'en assurer.
— Les femmes primipares peuvent mettre jusqu'à vingt-quatre heures pour accoucher, dit alors le médecin.
— Quoi ?!
— Je t'explique en route, répondit Marianne.
Gaston opina et ils quittèrent le cabinet du médecin et retraversèrent le village dans l'autre sens. Arrivés à l'ancienne maison de Maurice, un cri les interpella et Marianne se hâta de franchir le portillon.
— Je suis là ! s'exclama-t-elle.
— Oh, Marianne, merci... souffla Belle, accoudée à l'évier.
— Viens t'allonger, proposa la sage-femme.
Belle secoua aussitôt la tête, mâchoires crispées. Elle soupira ensuite et indiqua le sol.
— Prends une couverture et attrape-le... Il est juste là...
— Déjà ?! s'exclama Gaston, planté à la porte de la maison. Mais tu avais dit que...
— Le travail est sans doute plus avancé que je ne le pensais ! répondit la sage-femme en plissant le nez.
Belle voulut répondre, mais un flot de liquide inonda soudain le sol de dalles et Gaston eut un haut-de-cœur. Il se détourna aussitôt en annonçant qu'il allait chercher son fils ; aucune des deux femmes ne lui répondit. Attrapant un drap, Marianne enveloppa ses bras dedans et s'agenouilla derrière Belle, les bras tendus entre ses jambes. Elle sentit alors une tête dans sa main et la laissa avancer doucement jusqu'à ce qu'un poids se dépose dans ses bras avec un bruit peu ragoûtant. Elle ramena ensuite ses bras contre elle ; la seconde suivant, un puissant vagissement résonnait dans la maison.
— Bonjour, toi ! s'exclama Marianne en enveloppant le nourrisson. Oh, que tu es vigousse !
Elle se mit à le frotter énergiquement, posé sur ses genoux, et Belle s'agenouilla à son tour, épuisée. Elle s'adossa ensuite au meuble et Marianne lui tendit son bébé avant d'aller récupérer son matériel pour couper le cordon ombilical.
— C'est une fille, dit-elle en souriant.
— Oh, Seigneur, merci ! soupira Belle. Je n'aurais pas pu endurer trois hommes à la maison !
Deux têtes apparurent soudain à la porte restée ouverte et Belle sourit à ses voisines.
— On a entendu un bébé ? demanda l'une d'elles.
— Tout frais à l'instant ! s'exclama Marianne. Et maintenant... libéré de sa mère !
Un bruit de ciseaux se fit entendre et les deux femmes entrèrent doucement comme Marianne déposait une couverture sur les jambes tremblantes de Belle. Celle-ci grogna soudain et tendit le bébé vers l'une des femmes qui s'en empara et s'éloigna aussitôt en gazouillant. Marianne récupéra alors une bassine et la posa sous la couverture qui recouvrait Belle. Un bruit humide se fit entendre quelques instants plus tard et la femme se détourna avec la bassine. Elle vérifia du bout des doigts que la masse sanguinolente qui s'y trouvait était complète, puis elle enveloppa le tout dans un sac en tissu et se releva.
— Tu es sûre de n'avoir pas ressenti de douleurs avant maintenant ? demanda-t-elle.
— Pas une seule à part des coups de pied... Pourquoi ?
— Parce qu'une femme qui accouche de son premier bébé ne le délivre que très rarement en deux heures... C'est plutôt vingt-quatre heures en général.
Belle grimaca puis haussa les épaules.
— Je dois avoir un ange gardien, alors ! s'esclaffa-t-elle.
— Ah c'est malin... soupira Marianne.
Elle déposa la bassine contenant le placenta puis se releva.
— Gaston ira l'enterrer dans les bois, dit alors Belle. Sa mère dit que ça porte chance au bébé...
— Ces croyances du passé n'ont jamais été vérifiées, répondit Marianne. Mais s'il le pense, c'est que ce doit être vrai, il suffit de regarder le bonhomme...
Belle sourit, le visage pâle et les cheveux humides. Marianne l'aida ensuite à se relever et la conduisit dans sa chambre. Elle l'aida à enfiler sa robe de nuit et à se laver, puis à se mettre au lit et sa voisine lui rendit sa fille.
— Maman ! s'exclama soudain un petit garçon. Mam-...
— Chut ! le coupa Marianne. Maman doit se reposer, d'accord ?
— Viens, approche, sourit Belle en tendant le bras. Viens voir ta sœur, Joseph...
— Une fille ?! s'exclama l'enfant. Berk !
Toutes les femmes explosèrent de rire et le petit garçon rougit violemment. Il s'approcha néanmoins de sa mère et observa la petite chose rouge et froissée qu'elle tenait dans son bras.
— Elle est pas belle... marmonna-t-il, bougon.
— Dans quelques jours, elle sera un beau bébé tout potelé ! répliqua Marianne. Les bébés qui viennent de naître ne sont jamais très beaux, tu sais, Joseph, c'est normal, il n'y a pas beaucoup de place dans le ventre de maman, mais une fois dehors, ils deviennent de magnifiques garçons ou de superbes filles, comme ton papa et ta maman !
Le petit garçon sourit ; il tourna alors la tête et Gaston apparut à l'entrée de la chambre avec Maurice derrière lui. Celui-ci s'approcha de sa fille et l'embrassa sur le front une longue seconde pour la féliciter. Le vieil homme annonça ensuite qu'il allait s'occuper de Joseph jusqu'à ce quelle ait récupéré ses forces et le petit garçon comprit aussitôt, fit un bisou à sa mère puis conduisit son grand-père dans sa chambre pour qu'ils préparent un sac.
— Viens voir ta fille, Gaston, dit alors Belle.
— Une fille ? J'ai une fille ?
— Oui ! Mais te t'avises surtout pas à lui mettre un fusil dans les mains ! s'exclama Marianne.
Gaston rigola et s'assit sur une chaise près du lit. Les deux voisines indiquerent alors aller préparer le repas, et Marianne entreprit de faire un peu de ménage pour faire disparaître le sang et les autres fluides qui recouvraient les dalles de la cuisine.
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Assise au soleil avec sa fille dans un landeau près d'elle, Belle appréciait les derniers jours de l'automne. Dans quelque temps, il allait faire froid, la neige allait tomber en abondance et comdamner le village à se calfeutrer.
Un gazouillis tira la jeune femme de ses pensées et en tournant la tête vers sa fille, elle la vit agiter les mains vers le haut. À trois mois, le bébé commençait à beaucoup remuer, mais elle faisait régulièrement ce même geste qu'elle faisait pour indiquer à sa mère ou à son père qu'elle voulait être prise dans les bras.
Intriguée, Belle l'observa un moment, soudain, l'enfant laissa retomber ses bras et s'endormit. Belle rentra le menton.
— Mais ?
Elle vérifia que le bébé dormait bel et bien, soudain prise d'une frayeur, et une fois qu'elle se fut assurée de cela, elle regarda autour elle. Soudain, elle remarqua une femme sous l'arbre qui poussait au centre de la cour depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvenait.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.
— On m'appelle la Fée, répondit la femme en inclinant la tête. Je suis contente de voir que tu as réussi à reprendre ta vie en mains, Belle.
— Reprendre ma vie ? Est-ce que nous nous connaissons ?
La Fée esquissa un sourire.
— Dans une autre vie, répondit-elle.
— Quoi ? Ça veut dire quoi ?
— Qu'il fut un temps, pas si lointain, où nous nous connaissions, effectivement, mais les choses ont fait que tu ne t'en souviens plus...
Belle fronça les sourcils et se leva lentement.
— Qu'est-ce que vous racontez ? Mon mari est dans la grange, s'il nous entend...
— Lui aussi, il me connaissait...
Belle déglutit et secoua la tête. Soudain, un souvenir lui revint à l'esprit et elle ferma les yeux un instant avant de reporter son attention sur la femme.
— C'est vous... souffla-t-elle alors. C'est vous qui avez fait en sorte que nous nous rencontrions, Gaston et moi ?
— En quelque sorte...
Belle secoua la tête à nouveau.
— Ça suffit ! dit-elle alors. Arrêtez avec vos énigmes ! Qui êtes-vous et que faites-vous sur ma propriété ?
— Je te l'ai dit, je suis la Fée et je ne suis pas hostile. Tu m'as connue durant un temps passé que tu as désormais oublié, ton mari aussi, mais ne t'en fais pas, tout va bien. Tu es mariée à l'homme que tu as toujours aimé, même s'il n'est pas le meilleur choix, mais vous êtes heureux et cette petite fille le sera tout autant.
— J'ai aussi un fils...
— Je sais, sourit la Fée. Je veille sur vous depuis des années, dit-elle ensuite. C'est moi qui ai guidé Joseph vers vous, cette nuit-là, et qui ait effrayé Philibert pour qu'il refuse de continuer sa route. J'ai assisté, impuissante, à la mort de ses parents, pris en chasse par des loups... Ils l'ont épargné, pourquoi, je l'ignore, mais je savais que vous alliez revenir par là, alors j'ai conduit l'enfant jusqu'à vous, je savais que vous vous en chargeriez. Je ne pensais pas que vous iriez jusqu'à le garder, cependant...
Belle passa sa langue sur ses lèvres. Sans savoir pourquoi, elle croyait aux paroles de cette étrange femme.
— Vous...
— Oui, ma chérie ?
— Pourquoi est-ce que nous avons oublié ?
La Fée pencha la tête, son sourire disparut et elle serra les lèvres.
— Si je te le dis, les choses redeviendront comme avant... Vous avez beaucoup souffert pour avoir cette vie, cela n'a pas été de tout repos et vous effacer la mémoire à été un choix difficile, mais je l'assume, car je sais que ce fut une bonne décision alors. J'en ai la preuve juste là...
Belle baissa les yeux sur sa fille. Malgré ses trois mois, elle n'avait toujours pas de prénom et Belle eut alors une idée et se mordit la lèvre.
— Quel est votre véritable nom, Madame ? demanda-t-elle.
— Je n'en ai pas... Pourquoi ?
— Ma fille n'a pas de prénom encore et si j'en crois ce que vous me dites, alors c'est grâce à vous qu'elle est venue au monde. Je voudrais la nommer en votre honneur.
La Fée déglutit.
— Les mortels ne sont pas censés connaître les noms des créatures magiques... dit-elle, soudain embarrassée. S'ils le connaissent, ils peuvent nous contrôler... Je suis flattée, Belle, mais je ne veux pas te donner mon nom.
— Alors choisissez-en un, n'importe lequel et ma fille le portera.
La Fée demeura silencieuse puis sembla réfléchir un instant avant de reporter son attention sur Belle qui avait posé une main sur le rebord du landau.
— Erynne, fit-elle soudain.
— Erynne ? C'est joli, cela signifie-t-il quelque chose ?
— Non, pas particulièrement, mais c'est un joli prénom, non ?
Belle sourit puis opina. Elle se pencha sur le landau, glissa son index dans le poing de sa fille et sourit de nouveau.
— Bonjour, Erynne... dit-elle doucement. C'est un magnifique prénom, merc-...
Belle se figea en regardant autour d'elle. La Fée n'était plus là et il n'y avait aucune trace de sa présence. Soudain, un petit éclair de lumière attira l'œil de la jeune femme qui observa se broder tout seul, le prénom du bébé sur la couverture qui le recouvrait.
— Belle ? À qui tu parles, chérie ? demanda soudain Gaston en apparaissant.
— À notre fille, répondit la jeune femme. Je viens de lui trouver un prénom.
— Ah oui ? Lequel ?
— Gaston, je te présente ta fille, Erynne LeGume, souffla Belle en agitant doucement la main de bébé endormi.
— Erynne ? C'est joli, d'où cela vient-il ?
— Je ne sais pas...
Gaston sembla alors remarquer le nom brodé sur la couverture de sa fille.
— Et ça, c'est quoi ?
Belle sourit.
— Si je te dis que c'est le cadeau de naissance d'une magnifique fée des bois qui est venue me voir, tu me crois ?
Gaston cligna, perplexe ; Belle lui sourit puis elle proposa qu'ils se fassent un petit goûter rien que tous les deux, profitant du fait que Joseph soit encore à l'école. Gaston accepta et rentra le landau dans la maison en gazouillant avec sa fille ; Belle se retourna au moment de fermer la porte et observa le jardin, mais point de trace de la fée, cependant elle savait qu'elle était là, quelque part, et qu'elle allait veiller sur eux jusqu'à la fin de leur vie.
Doucement, la jeune femme sourit puis rentra quand Gaston l'appela et referma la porte après elle. Elle songea alors que oui, ils avaient oublié un pan de leur vie, mais que non, ils n'avaient pas besoin de le connaître, que leur vie était parfaite comme ça.
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FIN
