Hello !
On approche du dénouement, mais je vous réserve encore quelques petites surprises en route :) Ça fait un moment que je n'ai pas posté et ce chapitre me sert un peu de transition pour la suite, donc il peut être un peu court et frustrant, mais vu que j'ai des idées pour la suite et que je suis enfin en vacances, le prochain ne devrait pas tarder )
Enjoy !
En arrivant chez Kise, Kuroko a la surprise d'y découvrir Himuro et Momoi, assis autour de la table basse du petit salon, la mine sérieuse. Qu'est-ce que cela peut signifier ? Il s'approche et prend place tandis que Kise lui sert un café.
« Bien, maintenant que tout le monde est réuni, il est temps de mettre au point notre plan d'attaque ! » annonce le blond en se donnant des airs de capitaine de gendarmerie.
Kuroko cligne des yeux en le regardant d'un air interrogateur, et Kise s'explique :
« Momoi-chan et Murocchi mènent la même enquête que nous… Mais tout comme nous, jusqu'à maintenant, ils ont fait chou blanc… »
Kuroko observe les deux autres enquêteurs l'un après l'autre.
« Vous n'avez récolté aucun indice ? Sous-entendu ? Lapsus ?
— Rien ! C'est tellement frustrant ! se lamente Momoi.
— Et pourtant, nous sommes convaincus, comme vous, qu'il s'est passé quelque chose l'été dernier, ajoute Himuro.
— Finalement, les seuls éléments concrets dont on dispose, c'est cette histoire d'hôtel-spa en montagne, dit Kuroko.
— Oui, où ils auraient pris la formule couple pour profiter du menu… réfléchit Momoi, le menton dans la main. Quelles sont vos hypothèses à ce sujet ?
— Que l'atmosphère romantique a révélé une attirance et des sentiments sous-jacents, dit Kise.
— Que la passion a pris le dessus et que la nuit a été brûlante », déclare tranquillement Kuroko.
Himuro sourit :
« Dans tous les cas, ça les a sans doute rapprochés, vu tous les mystères qu'ils en font. Mais sont-ils en couple actuellement ?
— Parfois on dirait que oui, parfois on dirait que non, c'est à n'y rien comprendre ! s'exclame Kise.
— Il faut les espionner, pas le choix, assène Momoi.
— On surveille leurs téléphones ? s'enthousiasme Kise.
— On surveille TOUT ! » s'emporte Momoi, sourire sadique aux lèvres.
Mais Himuro n'a pas l'air convaincu. Il fronce les sourcils, son seul œil visible lançant des éclairs tandis qu'il fixe obstinément la table basse. Finalement, son expression s'adoucit et il relève la tête :
« Je sais ce qu'on va faire. Ça demande pas mal de discrétion et de doigté. Alors écoutez bien… »
Une heure plus tard, Kuroko rentre chez lui. En attendant la mise en œuvre du véritable « plan d'attaque », il a été chargé de transmettre toute information qui lui semblera pertinente. Quand il rejoint l'appartement, il entre discrètement dans l'espoir de surprendre quelque chose de ce qui se passe dans le salon.
Un peu déçu, il constate qu'Aomine et Kagami sont sagement assis sur le canapé, en train de dévorer leur repas en regardant un match de basket. Il prend place entre eux sans même que les deux autres ne s'en aperçoivent.
« Qui gagne ? » demande-t-il en regardant l'écran.
Les deux fauves bondissent en manquant de renverser leurs précieux bols et le couvrent d'insultes sans répondre à sa question. Kuroko hausse les épaules et pioche de la nourriture dans le plat posé sur la table basse.
« T'étais où, d'abord ?! le rabroue Aomine tandis qu'il reprend le cours de son repas.
— Chez Kise-kun.
— Hm… Tu traînes tout le temps avec lui ces temps-ci. Et j'aime pas ça… Vous manigancez quelque chose !
— Tu es paranoïaque, Aomine-kun, une manifestation caractéristique d'un sentiment de culpabilité.
— Hein ?! s'exclame la panthère en le regardant avec des yeux ronds. Pourquoi je me sentirais coupable ?
— À toi de me le dire, Aomine-kun. »
C'est peut-être un peu trop rentre-dedans, après tout, Kuroko est censé se contenter de l'espionnage… Mais il ne peut pas s'empêcher de provoquer un peu son ami.
« Rah, c'est bon ça va, je ferai tourner la machine demain… » marmonne le brun.
Ce n'était pas la réponse qu'il espérait, mais Kuroko saisit l'occasion qui se présente à lui :
« Tu as oublié ? Trop occupé, j'imagine. C'est vrai qu'avec Kagami-kun à la maison…
— Hé ! C'est pas moi qui l'empêche de faire ses tâches ménagères ! proteste le rouge.
— N'empêche que vous passez tout votre temps ensemble, remarque Kuroko. Peut-être que vous aussi vous mijotez quelque chose.
— N'importe quoi ! » répondent les deux fauves avec une synchronicité et un entrain suspects, arrachant un sourire à Kuroko.
Mais les autres ne semblent pas le remarquer, reprenant aussitôt le cours de leur repas comme s'ils espéraient noyer le poisson. Ou alors, ils ont déjà oublié cette conversation, c'est toujours difficile à dire avec eux.
Kuroko hausse les épaules et se fait discret de nouveau. Il doit rester patient. Comme s'il écrivait réellement une thèse sur les fauves. À l'affût comme un chercheur sur le terrain. Aussi, pendant tout le repas, il observe comment ses deux lumières interagissent entre elles. Mais il a comme l'impression que sa présence, aussi intangible soit-elle, est un élément perturbateur. Inconsciemment au moins, les fauves savent qu'il est là. Et il ignore toujours pourquoi ils se méfient tant, mais il va très bientôt le découvrir, il en est certain.
Fatigué, il se retire dans sa chambre. Après avoir enfilé son pyjama, content d'avoir pour lui tout seul le lit ce soir, il s'installe confortablement sous sa couette, bien calé contre les oreillers.
C'est bizarre, ces temps-ci je pense à la prophétie de la cuillère de Kise, comme quoi Midorima lui aurait prédit qu'une petite cuillère changerait le cours de son existence. Comment une chose aussi insignifiante qu'une cuillère peut-elle changer le cours d'une existence ? Peut-être l'astrologie de Midorima-kun est-elle au fait de la théorie du chaos, qui prône l'instabilité fondamentale des systèmes complexes. Et si la vie n'est pas un système complexe, alors je ne sais pas ce que c'est !
Avez-vous parfois le sentiment de passer des semaines entières de votre vie sans être vous-mêmes ? Je connais bien ce sentiment et j'ai l'intuition tenace que c'est exactement ce que sont en train de vivre Kagami-kun et Aomine-kun. Ils sont comme d'habitude, mais en plus pâles, plus effacés, plus incertains, comme s'ils survolaient leur propre vie. Je sais comme c'est douloureux… Frustrant. Comme ça épuise intérieurement jusqu'à ce qu'on ait carrément envie de tout casser. Parce que oui, ça m'arrive à moi aussi. Je ne sais pas pourquoi… Je suis de plus en plus persuadé qu'il y a quelque chose en eux qui est comme mal placé dans la réalité, ou plutôt, à cheval entre plusieurs réalités. Entre le possible et le manifeste. Il faut que je les aide à le voir.
Est-ce que je suis bien placé pour parler ? Peut-être pas. On est tous bloqués par nos propres paramètres moraux, la façon dont on se perçoit soi-même, dont on croit que les autres ont de nous-mêmes. On s'interdit des dizaines de choses par jour pour respecter une charte de vie factice. On se donne des ordres contre-productifs tout ça pour garder une image stable et cohérente de soi et du monde. On n'ose pas affronter le chaos. La réalité brillante, vive, beaucoup plus pure, qui existe au-delà de nos illusions qui nous ensommeillent, quand elles ne nous paralysent pas. Ça paraît abstrait ? Je parle de toutes les fois où on se dit « je suis incapable de », « je n'oserais jamais », « c'est pas pour moi », « j'ai déjà fait mon choix », « j'ai des responsabilités », ou même « je sais ce que je fais ». Toutes les fois où on s'intime au calme, alors qu'on devrait chercher comment exploser.
Peut-être qu'Aomine-kun et Kagami-kun ont juste besoin d'un détonateur. Dans ce cas, je me ferais un plaisir d'assumer ce rôle.
Kuroko bâille et referme son ordinateur. C'est bien assez de réflexions pour la journée. Il éteint la lumière de chevet et remonte sa couverture jusqu'au menton, fermant les yeux pour s'endormir quelques minutes plus tard.
Le lendemain, il se réveille avec une seule chose en tête : mettre en place le plan préparé par Himuro, et dont il doit reconnaître l'aspect redoutable. Il y a beaucoup de facteurs de risque qui pourraient tout ficher à l'eau, mais ils ont leurs chances. Encore à moitié endormi, il ouvre sa messagerie pour mettre au point les derniers détails avec sa team.
Une heure plus tard, Kuroko sort finalement de son lit. Prêt à passer à l'action. Innocemment, il annoncera qu'il gagné un séjour pour deux. Et qu'il ne peut pas y aller parce qu'il a un entretien d'embauche sur lequel il fonde de grands espoirs. Ce qu'il ne dira pas en revanche, c'est qu'il s'agit d'une formule couple, tout comme celle qu'Aomine et Kagami ont choisie l'été dernier. En effet, quoi de mieux pour vérifier leur théorie que de reconstituer la même situation afin de tester leurs hypothèses ? La reproductibilité, c'est la clé de toute expérience scientifique réussie. Et bien sûr, il ne mentionnera pas non plus que Momoi, Himuro, Kise et lui auront également réservé dans le même hôtel….
C'est déterminé qu'il fait son entrée dans la cuisine. Kagami y est seul, il est encore trop tôt pour Aomine. Kuroko se surprend à ronger son frein, lui qui n'est pourtant pas d'un naturel impatient. Pourquoi se passionne-t-il autant pour cette histoire, après tout ? Kise doit déteindre sur lui. Il s'installe paisiblement au comptoir de la cuisine après s'être servi son café, et quand Aomine fait enfin son apparition, il fait mine de s'être soudain rappelé quelque chose, et il débite son discours préalablement répété sous la couette.
Comme prévu, les fauves réagissent favorablement après l'annonce du menu dans cet hôtel que leur intelligence collective est parvenue à trouver : des spécialités du monde entier, le tout en buffet à volonté. Ils ont dû faire un investissement significatif pour payer ce séjour à leurs amis, le leur étant plus modeste, mais tous espèrent que ça aidera à débloquer la situation. Ils savent aussi que c'est une décision tout à fait déraisonnable financièrement parlant, et peut-être un tout petit peu trop intrusive ? Mais l'heure n'est plus aux pincettes et au simple espionnage. L'heure est au dénouement !
Aussi, c'est avec un soulagement bien dissimulé que Kuroko reçoit l'accord des deux fauves. Dans quelques jours, l'affaire sera dans le sac. Tout est réuni pour que leur plan fonctionne : un hôtel à l'extérieur de la ville, mais accessible facilement en train, la mer, la suite 'romantique', le soin en institut à deux, et bien sûr le dîner. Qui en réalité n'est pas un buffet à volonté mais un service à table dans une salle privative, ou presque, puisque celle-ci reste ouverte sur la salle principale afin que la fine équipe puisse surveiller leurs deux suspects. Le week-end prochain, ils auront toutes leurs réponses. Et même si les deux fauves flairent la supercherie, aucune chance qu'ils résistent à ce dîner gastronomique. Du moins, Kuroko l'espère…
