Chère Amandine,
Il faisait si chaud dans la forêt que même dormir à l'extérieur était un calvaire. Il n'y avait pas d'air, aucune baisse de température significative et le feuillage des arbres n'empêchait même pas les rayons brûlants de gorger la terre en journée.
Dans sa tanière, Étoile de Feu avait l'impression de coller aux parois et au sol sous lui. Et pourtant, il était seul ! Tempête de Sable lui avait dit qu'elle était désolée mais qu'elle ne supportait plus d'haleter toute la nuit dans cet espace confiné. Elle l'avait donc laissé se retrancher au fin fond de la grotte, là où la pierre était la plus fraîche, et était sortie pour dormir dehors.
Mais Étoile de Feu se disait que ça ne changeait probablement pas grand-chose. L'air était si chaud ! D'un pas pesant, le félin roux se leva et décida de sortir. Il avait besoin de se rafraîchir un peu et il savait parfaitement qui il allait amener avec lui. p as sa compagne, mais son meilleur ami, Plume Grise. Le maton ardoise broyait du noir depuis quelques jours. Il pensait sans doute à tous les chats qu'il avait perdus depuis si longtemps et qui lui manquaient.
Étoile de Feu le retrouva étendu dehors sous les rayons de la lune et le réveilla d'un gentil coup de museau dans le flanc.
« Viens avec moi, lui murmura-t-il. J'ai besoin d'aller me tremper les pattes dans le lac.
-Ce n'est pas moi qui t'en voudrais, soupira Plume Grise, qui avait encore plus chaud avec son épaisse fourrure. Il fait encore plus étouffant ici que dans le ventre d'un monstre du Chemin du Tonnerre.
-Tu n'es jamais monté dans le ventre d'un monstre, lui rappela Étoile de Feu, les moustaches frémissantes, en le poussant vers la sortie.
-Et toi oui, peut-être ?
-Bien sûr, ça arrive aux Bipèdes de transporter leurs chats à l'intérieur. »
Les deux amis ne dirent rien de plus durant leur marche à travers les bois. Une fois parvenus au lac, Étoile de Feu plongea doucement le bout de ses pattes rousses dans l'eau, tapota les galets au fond et se coucha sur le ventre, ronronnant sous la douce fraîcheur. Il roula ensuite sur le dos et éclaboussa Plume Grise, qui recula quand une goutte lui atterrit sur la truffe.
« Quel chaton tu fais ! s'exclama-t-il. Je croyais que le Clan des Étoiles t'avait doté des qualités de gravité et de sagesse indispensables à un chef ?
-C'est le cas, rétorqua son ami. C'est pour ça que je t'ai traîné ici. Et je serai toujours un peu un chaton avec toi, Plume Grise. »
Le matou ardoise ne répondit pas, visiblement ému. Il vint se coucher dans l'eau peu profonde avec son ami et joua avec lui à se rouler sur les galets et à l'asperger avec ses pattes et sa queue. Une fois que la fatigue les eus rattrapés, ils quittèrent la plage de galets et s'étendirent sous les fourrés proches pour finir leur nuit.
Bisous,
Daisy.
